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EuropaNova « L’Europe d’Après – 1989-2009-2029 : une génération s’engage » Mardi 3 mars 2009 Amphithéâtre Emile Boutmy – Sciences Po Rapport Laboratoire pour une Europe concrète

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EuropaNova

« L’Europe d’Après – 1989-2009-2029 : une génération

s’engage »

Mardi 3 mars 2009

Amphithéâtre Emile Boutmy – Sciences Po

Rapport

L a b o r a t o i r e p o u r u n e E u r o p e c o n c r è t e

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Convention « l’Europe d’après », 1989-2009-2029 : Une génération s’engage. Au surlendemain du Conseil européen extraordinaire du 1er mars, une génération qui a vécu la chute du mur fait des propositions concrètes pour sortir de la crise et lance une réflexion continentale sur la responsabilité des Européens face aux défis économiques et financiers, démocratiques, géopolitiques et climatiques du monde qui vient. Nous connaissons aujourd’hui un contexte de crise économique et financière, de crise climatique, de tensions géopolitiques fortes qui amènent à s’interroger sur la responsabilité des Européens comme apporteurs de solutions et d’approches multilatérales pour une meilleure gouvernance mondiale Il s’agit également du vingtième anniversaire de la chute du mur et de la réflexion prospective pour les vingt ans qui viennent dans le cadre du groupe de réflexion sur l’avenir de l’Europe et auquel la génération de 1989 doit naturellement être associée. Enfin, les échéances européennes et mondiales importantes à venir sont celles du G20 à Londres, le sommet du 60ème anniversaire de l’OTAN1 en avril, les élections européennes en juin et le sommet climatique à Copenhague en décembre prochain. Enjeux de cette convention

- Montrer l’engagement d’une génération dont le premier grand événement politique a été la chute du mur et qui a une responsabilité particulière dans l’accélération de la construction d’une Europe plus politique et mieux intégrée.

- Apporter dès maintenant des propositions concrètes pour le débat public.

- Lancer de manière plus large une réflexion portant sur « les Européens face au

principe de responsabilité » qui se poursuivra lors du Colloque « Pour un monde équitable » du 9 mai à Paris et à l’occasion des 3èmes Etats Généraux de l’Europe fin 2009. Cette réflexion ouverte donnera lieu à un rapport de la société civile au Conseil européen de mars 2010 ainsi qu’une contribution au groupe de réflexion sur l’avenir de l’Europe

1 Organisation du Traité de l’Atlantique Nord : /www.nato.int.

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Introduction : sondage EuropaNova- Touteleurope.fr- CSA Analyse par Stéphane Rozès, Directeur Général de l’Institut CSA2 et Cynthia Fleury, Présidente d’EuropaNova Introduction de la soirée par Cynthia Fleury Dans un contexte de crise globale, cette convention a pour objet de mettre en lumière les « fils fondateurs », comme on pourrait les appeler, de la génération de 1989. En effet, les solutions à la crise actuelle ne peuvent être strictement nationales, il faut donc une véritable Europe politique et intégrée pour y apporter des réponses. Le sondage de l’institut CSA que nous avons réalisé en partenariat avec Touteleurope.fr3 montre que les français se sentent assez bien représentés de manière générale en Europe. Il y a une prise de conscience du rôle des députés européens et des qualités politiques de ceux-ci. Les français ne veulent plus de gloire nationale recyclée au Parlement européen, leur préférence va à l’intérêt européen et sa défense dans le monde. Nous observons donc une certaine mutation des consciences, un apprentissage de la solution européenne, et du sens du compromis. Les français ont pris conscience du rôle de l’Europe. Analyse et Conclusions du sondage par Stéphane Rozès Ce sondage est collectif, avec des thématiques volontairement choisies en amont des élections européennes, au moment où les choix des têtes de liste se font au sein des partis politiques. Le but était de dresser le profil attendu des représentants européens, et de rendre compte des premières réactions de ce qu’attendent les français de l’Europe face à la crise. La Présidence française de l’Union européenne a en effet permis aux citoyens de regarder l’Europe comme un objet utile. Il ne s’agit en aucun cas de reconduire les débats autour du Traité constitutionnel. Tout d’abord, on note la difficulté des français à avoir un avis déterminé par rapport à leurs représentants européens. Ils sont 50% à considérer que les députés français au Parlement européen accomplissent assez bien (47%) ou très bien (3%) leurs missions. Les jeunes sont les plus critiques à l’égard des députés européens. Ils sont paradoxalement les plus pro-européens mais leur insatisfaction est la plus grande. Il y a une contradiction chez eux entre le désir d’Europe et une déception à l’égard de l’Europe réelle. Plus généralement, les français attendent de leurs représentants d’être des députés européens « européens ». La Présidence française de l’Union européenne a projeté les français sur les enjeux européens. Ils veulent des députés européens expérimentés, et compétents. L’autre raison que nous pouvons y voir est que les individus vont très probablement rentrer dans une période de rigorisme à l’égard de leurs représentants : il y a une demande de traçabilité des candidats, et la dimension européenne des députés est clairement mise en avant. Concernant le Président de la Commission européenne, les français sont d’avis que celui-ci doit porter la question européenne, et être capable de défendre les intérêts de l’Europe dans le monde. Il faut qu’il ait une bonne connaissance des institutions et qu’il puisse défendre l’intérêt commun européen. De plus, les français attendent une meilleure coordination des politiques nationales des États membres. Face à la crise, on note le souhait que les Etats-membres de l’Union

2 http://www.csa-fr.com/accueil.asp 3 http://www.touteleurope.fr/

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favorisent la coordination de leurs politiques économiques (39%) ou les solutions à l’échelle nationale (33%), davantage que des politiques européennes communes (20%). Ce qui ressort de manière générale de cette étude est que ceux qui vont vers des solutions nationales ne sont pas forcément anti-européens. Les français ont besoin d’incarnation européenne, mais la crise réactive les inquiétudes. Il y a une distorsion entre ce qu’ils attendent de l’Europe et l’Europe réelle. Si aucune solution n’est apportée par l’Europe, il risque d’y avoir un repli national.

Retour sur la chute du mur, le 9 novembre 1989 Appartenir à la génération de 1989, celle qui a vécu la chute du mur, c’est d’abord avoir vécu ce moment en ayant conscience de l’importance de l’évènement. Nos différents invités ont tous en commun d’avoir le souvenir d’un épisode exceptionnel dans l’histoire de l’Europe et qui allait changer beaucoup de choses dans sa construction. Christian Mandl (Entrepreneur et fondateur de SkyEurope4) et Guillaume Klossa (Président du Conseil scientifique d’EuropaNova, conseiller spécial de Jean-Pierre Jouyet durant la Présidence française de l’Union européenne), tous deux en pleine séance du Parlement européen des jeunes5, l’un au Luxembourg, l’autre en Grèce à Thessalonique, ont vécu en temps réel la chute du mur. Ils se souviennent avec émotion de ce moment, vécu comme une source d’espoir, de questionnement face à ce monde nouveau qui s’ouvrait, en ayant conscience que cela représentait un grand pas en avant pour l’unité européenne et pour une Allemagne réunifiée. De manière générale, nos invités se souviennent de la chute du mur comme d’une journée extraordinaire, marquante, en prenant parfois la mesure de ce qui se passait quelques jours après, ou de manière progressive. Gaëtane Ricard Nihoul (Secrétaire Générale de Notre Europe) souligne en outre son étonnement que cet évènement ait pu passer de manière inaperçue pour toute une catégorie de citoyens, et elle y voit la responsabilité des leaders politiques de l’époque qui n’ont pas su en faire une vrai moteur, une fierté pour un objectif qui grandisse l’Union européenne. Enfin, Sandro Gozi (Député du Parlement italien, et chef du groupe du Parti Démocrate dans la Commission des politiques communautaires) en tant qu’européen convaincu, a évoqué sa grande joie pour la Chute du mur, et pour l’Europe de l’est, mais a également ajouté sa petite inquiétude pour la construction européenne. Le chemin après la chute du mur va-t-il s’interrompre ? Le chemin ne s’est pas interrompu, bien au contraire, l’Europe a continué de grandir, elle fait face maintenant à de nouveaux défis, c’est une Europe élargie qui se doit d’être un acteur du monde de demain.

4 SkyEurope Airlines est la principale compagnie aérienne à bas coûts en Europe centrale. http://www.skyeurope.com 5 http://www.pejfrance.org/

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Table ronde 1 : Faire face à l’urgence européenne 2009: Dix propositions pour sortir de la crise et préparer l’Europe de demain Une soirée animée par Guillaume Borie, Président du Parlement européen des Jeunes

Les propositions et les débats Quelle appréciation feriez-vous sur la manière dont l’Union Européenne a réagi face à la crise cet été, et quels enseignements en tirez-vous pour aujourd’hui ou demain ?

Guillaume Klossa, pour une véritable incarnation européenne Jean-Pierre Jouyet6 a défini la Présidence Française de l’Union européenne comme une « présidence de gestion de crises ». En effet, les européens ont été obligés de gérer collectivement une série de crises très différentes et très graves (la crise géorgienne, la crise économique et financière, le paquet énergie-climat notamment). La présidence française de l’Union européenne a été véritablement incarnée, portée par un vrai patron, un chef qui tient les rennes. Propositions - Un vrai Président de l’Union européenne, avec une vraie procédure d’investiture. Il faut fusionner le Président de la Commission européenne avec celui du Conseil de l’Union européenne. - Impulser une coordination, et être capable de penser une stratégie collective pour mettre en œuvre une action concertée (par exemple sur la TVA, les investissements publics dans le domaine du développement durable, les industries numériques, ou encore les industries de santé). - Solidarité : nous avons une monnaie unique mais elle n’est pas accompagnée d’un mécanisme de solidarité. Cette monnaie nous a permis de nous protéger de la crise, mais elle est menacée. Il nous faut donc une institution stable pour la gérer, un véritable fond monétaire européen. Nous devons mettre en place un prêt européen à taux zéro pour la mobilité des étudiants.

6 Haut fonctionnaire et homme politique français : Depuis le 15 décembre 2008 il est le président de l'Autorité des marchés financiers, auparavant il était, en tant que ministre d'ouverture, secrétaire d'État chargé des Affaires européennes.

Quels sont les moyens à consacrer à la relance économique, qu’en est-il du couple franco-allemand ? Il faut impulser une coordination en Europe. Les domaines prioritaires sont notamment le développement durable, la régulation économique et financière, les relations Europe-USA, etc. Il faut également introduire des prêts à taux zéro pour la mobilité des étudiants. L’Europe a besoin d’un leadership, celui-ci peut-être représenté à l’initiative du couple franco-allemand.

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Thomas Klau7, d’une Europe de la coordination à une Europe de la communauté Le couple franco-allemand est nécessaire, mais il est insuffisant. Quand il fonctionne bien, c’est un laboratoire d’idées, de synthèse entre deux grands pays de l’Union européenne qui incarnent des traditions ainsi que des réflexes économiques et politiques importants. La crise doit trouver une véritable réponse européenne, sinon les réflexes protectionnistes des États membres reviendront (tels les mouvements nationaux de protection de l’industrie nationale des banques, ou de l’automobile par exemple). Ces réflexes constituent une vraie menace pour le marché intérieur et pour l’Europe. Il faut donc mettre en place une contre tendance : un appel à la coordination accompagné d’un accord de principe sur les mesures à prendre. C’est le rôle de la Commission européenne. Nous sommes aujourd’hui dans une Europe de la coordination, non dans une Europe de la communauté, nous sommes à mi-chemin entre des réflexes nationaux et une logique de la coordination. L’enjeu aujourd’hui en Europe est le dépassement. Nous avons d’ores et déjà des signes encourageants. Quoiqu’en disent les Traités, les déclarations allemandes récentes ont prouvé un engagement politique pour empêcher l’Europe de se disloquer sous le coup de la spéculation. Propositions - L’Europe doit renouer avec une politique communautaire. - Créer un véritable emprunt européen. Dans certains pays, le parlement a un vrai pouvoir budgétaire. Il faudrait associer les commissions budgétaires des parlements nationaux aux délibérations des ministres européens. Matthieu Pigasse8, vers une convergence des politiques économiques et une véritable solidarité européenne Le sommet européen du premier mars a montré une solidarité bilatérale mais pas européenne. Nous avons pu être les témoins d’une absence de décisions sur la relance. Propositions - Renforcer l’union franco-allemande. Elle représente un moteur pour l’Europe. Nous devrions fusionner les dettes françaises et allemandes pour un seul trésor franco-allemand. C’est une décision éminemment politique. Cela suppose la création d’une véritable communauté de biens et de patrimoine au sein de ce couple, avec une convergence des politiques monétaires, fiscales et économiques. Un seul vote de financement pour ces deux idées est nécessaire. La volonté politique est primordiale pour cela, il faut avoir de l’ambition, mais cela paraît possible techniquement. - Faire entrer la livre sterling dans la zone Euro. C’est un sujet sensible. Le moment est venu, car l’Angleterre est touchée très durement par la crise hypothécaire et financière. Cela constituerait un avantage pour les anglais d’entrer dans la zone Euro en terme de stabilité économique et financière. Il faut également renforcer le poids de l’Europe financière, renforcer la convergence des politiques économiques en Europe. - Elaborer un plan de soutien aux pays d’Europe de l’Est, qui traversent une crise de confiance sans précédent. En effet, les investisseurs étrangers vendent les actifs qu’ils

7 Directeur au European Centre for Foreign Relations (ECFR) (ALL) 8 Vice-président Europe de la Banque Lazard, auteur du « Monde d’après » (FR)

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avaient achetés dans ces pays, il y a donc une crise bancaire, une crise de change, et une crise économique très dure. Certains pays européens sont très exposés (l’Autriche par exemple). La Banque Centrale Européenne doit intervenir pour soutenir et renflouer les banques de l’Europe de l’est. Avant le déjeuner-sommet du premier mars, les pays entrants depuis 2004 se sont vus à part pour discuter entre eux des enjeux de ce sommet, avec des désaccords importants. Peut-on dire qu’il existe une situation de fracture entre les pays d’Europe de l’est et de l’ouest ? La crise n’est-elle pas en train d’ébranler cette réunification amorcée dès l’après 1989 ? Christian Mandl, pour une action commune et un vrai leadership au niveau européen Les pays d’Europe de l’est ne doivent pas être tous mis dans le même groupe, ils ont eu des développements différents, des problèmes différents, des dynamiques différentes. Les considérer comme une seule zone qui ait les mêmes problèmes est une erreur. Les pays de l’est veulent des solutions au cas par cas, car c’est essentiellement la Hongrie et la Lettonie qui sont très affectés par la crise. Les pays d’Europe de l’est sont membres de l’Union à part entière, ils ont les mêmes droits que les pays d’Europe de l’ouest. La crise est avant tout mondiale. Il faut donc une mondialisation des organes de régulation mondiaux, avec le principe de subsidiarité9 qui s’applique. L’Union européenne est le meilleur exemple de gouvernance internationale, grâce notamment au principe de solidarité que nous appliquons, et pas uniquement le principe de charité. Propositions - Un vrai budget européen : aujourd’hui il est inférieur à 1% du PIB européen, et nous avons une euro zone avec seize politiques budgétaires et une politique monétaire. Il faudrait doubler ou tripler le budget européen avec des politiques de redistribution, pour créer un fédéralisme budgétaire. - De vrais partis européens avec des listes transnationales, des projets politiques à l’échelle européenne, et des élections le même jour dans toute l’Union. Il est nécessaire qu’elles influencent la nomination du Président de la Commission. Nous assistons actuellement à une régression de la présidence de la Commission. Il faut lui donner un vrai leadership, avec quelqu’un qui ait le courage de faire face aux chefs d’États. - Développer une communauté européenne de l’énergie, et assurer une indépendance énergétique avec des sources d’approvisionnement différentes. Nous devons être solidaires avec les pays d’Europe de l’est.

9 Le principe de subsidiarité est une maxime politique et sociale selon laquelle la responsabilité d'une action publique, lorsqu'elle est nécessaire, doit être allouée à la plus petite entité capable de résoudre le problème d'elle-même.

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Débat avec le public

Pourquoi augmenter le budget européen ? Vers quels types de priorités l’augmentation de ce budget irait?

Christian Mandl Il faut augmenter le budget européen afin d’avoir un gouvernement économique européen qui gère de manière effective la monnaie européenne. On ne peut pas se permettre d’avoir seize politiques budgétaires. Il faut se donner les moyens de faire de la relance et de la solidarité. Par exemple, un transfert des prélèvements, sans alourdir l’impôt serait une solution: une taxe sur les mouvements financiers (même minime). Le principe de subsidiarité s’appliquerait aux politiques de l’énergie, de l’éducation, de la santé, du numérique etc. Au contraire, d’autres politiques pourraient être redescendues à l’échelon national ou régional (la PAC10 par exemple). L’Europe avance aujourd’hui grâce à la volonté d’action des chefs d’États et de gouvernements, mais ce n’est pas institutionnalisé. Le budget européen permettrait d’institutionnaliser cette relance. En renforçant le budget européen, nous renforcerions le pouvoir de la Commission européenne.

Un autre exemple : les américains vont investir sur la croissance verte et l’énergie du futur de manière fédérale. En Europe, chaque État va consacrer des millions pour inventer l’économie de demain. Il faut une vraie force européenne pour conserver le leadership européen. Nous avons une autoroute à construire collectivement. Il y a un danger actuellement de décrochage des pays d’Europe de l’est qui n’ont pas intégrés la zone euro. On observe donc une offensive de certains de ces pays pour se raccrocher à cette zone. Or, notre zone euro n’est pas encore assez intégrée, nous sommes très loin d’une zone monétaire optimale. Que pensez-vous de ce danger de décrochage, « élargissement contre approfondissement » dans la zone euro ? Matthieu Pigasse Les monnaies d’un certain nombre de ces pays décrochent. Ils demandent à ce que les critères d’accession de la zone euro soient facilités. Il faudrait limiter les fluctuations de leur monnaie et les faire bénéficier de la stabilité de la zone euro. Ce n’est malheureusement pas possible actuellement car la convergence économique n’est pas suffisante. Il est urgent d’agir face à l’asphyxie des systèmes bancaires de ces pays, la Banque Centrale Européenne doit injecter du capital pour soutenir les monnaies de ces

10 Politique agricole commune

Guillaume Klossa Le budget européen est comme une enveloppe à se partager, il n’est pas pensé par rapport à des besoins collectifs. Il faut donc changer l’approche de réflexion sur le budget. Par exemple, les gazoducs transeuropéens qui sont en cours de construction actuellement coûtent très chers et sont en concurrence. Ils sont fondés sur des budgets nationaux alors qu’il faudrait une véritable stratégie européenne.

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pays le temps qu’ils puissent entrer dans la zone euro. Ce qui compte, c’est la solvabilité financière d’un pays déterminé. Il faut intervenir, sinon leur économie va s’effondrer.

Christian Mandl Il n’y a plus vraiment de banques d’Europe de l’est (elles sont autrichiennes, italiennes et françaises), ce sont des filiales de banques d’Europe de l’ouest. Il y a eu une privatisation dans le domaine bancaire. Il faut renforcer la solidité de la zone euro, mais les critères de Maastricht définis très peu de temps après la chute du mur ne reflètent pas du tout les besoins des pays de l’est. Demander à ces pays d’avoir une inflation réduite va contre ce qu’ils sont capables de faire. Ce n’est pas adapté à leur situation, et cela pose un vrai problème.

Il existe un grand danger pour les peuples qui ne sont pas encore intégrés dans l’Union (Ukraine, Géorgie, Moldavie) et qui sont sous influence de la Russie car elle tente de reconquérir son orbite ancienne (par la volonté de Vladimir Poutine). L’exemple des pipelines russes sous la baltique et la mer noire et les chantages envers les anciens membres de l’URSS est flagrant. L’Union européenne brade l’Europe de l’Est. Il faut au contraire développer une stratégie vis-à-vis de ce comportement qui est choquant. Quelles réformes voyez-vous pour l’Europe, pour son économie ? Pensez-vous qu’une convergence entre les systèmes politiques, et les performances économiques est possible?

En terme de coordination : nous avons aujourd’hui une monnaie unique mais pas de fiscalité harmonisée, ni d’harmonisation sociale. Si on ne se lance pas dans une non-concurrence au niveau européen, nous n’avancerons pas (évasion fiscale très importante). L’Europe doit éviter les délocalisations, et avoir une efficacité économique réelle, c’est un point de départ pour une harmonisation européenne.

Thomas Klau La crise est mondiale, économique, européenne, et elle va devenir politique. Il ne faut pas faire l’erreur d’oublier ce que deviennent les pays limitrophes de l’Union (Ukraine par exemple) qui seront touchés encore plus durement que les États Membres. Ce serait une catastrophe pour l’Europe s’il y avait une implosion en Ukraine. Ce scénario serait potentiellement pire que la guerre en Géorgie de l’été passé. Nous devons mettre en œuvre une solidarité qui ne se limite pas à l’intérieur des frontières de l’Union. Cette solidarité doit s’appliquer également à l’Europe de la défense pour la développer. Par ailleurs, il est aussi nécessaire d’harmoniser la fiscalité pour le futur de l’Europe. Enfin, la constitution de listes transnationales pour les élections du Parlement européen est essentielle, notamment afin de contrôler la politique de la Commission européenne. Tant que le Traité de Lisbonne ne sera pas entré en vigueur, nous ne pourrons pas dépasser la logique de coordination brouillonne de ces derniers mois. La crise a créé un sursaut fédérateur, un espoir pour que le Parlement Européen exerce un pouvoir beaucoup plus fort sur la politique européenne. Nous devons passer d’une logique où les députés européens représentent leur pays au Parlement à une logique où ils représentent une mouvance politique en tout premier lieu. Nous devons construire un véritable espace politique européen avec une alternance droite/gauche, pour apporter des réponses communes à la crise. Il faut politiser ce débat.

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Christian Mandl Notre indépendance énergétique pas rapport à Moscou est primordiale. Il y a une hypocrisie totale autour du nucléaire. Le nucléaire est important, et connaît différentes approches en Europe : celle-ci fait pression sur les États limitrophes pour qu’ils arrêtent leur production de nucléaire sans pour autant les aider. Il faut donc donner une indépendance énergétique aux pays de l’est avec des standards européens. Par ailleurs, il faut aider non seulement les banques d’Europe de l’est mais aussi l’économie réelle, le secteur de la santé, de l’éducation, de la création d’entreprises, pour ensuite leur permettre d’entrer dans la zone euro. Sur la fiscalité européenne, l’harmonisation n’est pas forcément évidente par rapport aux pays d’Europe de l’est. Il ne faut pas mettre un frein au dynamisme des pays. Enfin, l’Europe de la défense doit également être développée. Nous ne sommes plus les partenaires privilégiés des États-Unis par exemple. Nous sommes un petit continent qui vieillit, il faut qu’on devienne autosuffisants au niveau de notre défense.

Matthieu Pigasse La crise est globale, nous n’en sortirons qu’ensemble et de manière solidaire. Il faut stabiliser l’économie, restaurer la confiance dans le système financier (ne pas opposer l’économie financière à l’économie réelle), mettre en place des instances européennes de coordination, lutter contre toutes les formes de protectionnismes nationales qui créent des distorsions de concurrence.

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Table ronde 2 : Inscrire l’Europe dans une dynamique politique

1989 – 2009 - 2029 : Quels enseignements tirer des 20 dernières années de construction européenne pour les 20 ans qui viennent ?

Les propositions et les débats La crise est-elle en train de mettre de côté d’autres questions, notamment les enjeux du développement durable ?

Joaquin Muñoz11, l’environnement : un enjeu primordial pour l’Europe de demain Le Forum social mondial qui a eu lieu à Belém au Brésil (en tant qu’alternative au Forum économique mondial à Davos en Suisse) a permis de proposer des alternatives. Beaucoup de discussions se sont tenues sur la réforme du système financier, les paradis fiscaux et leurs effets pervers. La thématique de Belém était les peuples de l’Amazonie, à savoir l’enjeu environnemental qui nous concerne tous pour éviter un déboisement excessif et chaotique. Une marche des populations amazoniennes réunissant 120000 personnes a été organisée à cette occasion. Proposition - Bien intégrer l’activité humaine dans l’environnement. La question environnementale n’a pas été oubliée, notamment avec la mise en œuvre d’engagements ambitieux (conférence à Copenhague en fin d’année, une prise de position politique est nécessaire au niveau européen). Sandro Gozzi, pour un véritable espace politique européen

Nous devons penser à ce que nous étions dans le passé et ce que nous serons à la fin de ce siècle afin de nous intégrer beaucoup plus par rapport au reste du monde. Le 21ème siècle sera multipolaire. L’Europe doit développer une nouvelle approche de la puissance et doit avoir plus de flexibilité au fur et à mesure qu’elle se développe. 11 Directeur général de Max Havelaar (ESP)

Il faut dépasser les murs qui séparent la politique intérieure et extérieure de l’Union européenne. Nous devons également trouver une nouvelle mentalité au niveau du leadership. Ce qui manque à l’Europe est la politisation pour être un acteur international, car à l’heure actuelle il n’y a pas de démocratie réelle, ni de véritable espace politique. Il faut créer un lien émotionnel entre les citoyens et l’Europe pour qu’elle soit puissante. Cette thématique de puissance pose en outre un problème de fond: l’Europe est née pour la nier, pour dépasser la guerre, dépasser une certaine utilisation de la puissance. Aujourd’hui elle doit repenser ce rapport à la puissance pour être acteur des puissances civiles et militaires. C’est une question de mentalité politique.

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Propositions - Construire un nouveau régionalisme politique, économique avec notre voisinage. C’est la question de nos rapports avec les pays voisins, pour pouvoir établir une véritable zone de stabilité. C’est fondamental pour que l’Europe soit crédible. Nos rapports à la frontière doivent être appréhendés différemment. Celle-ci est un lieu de rencontres et de coopération. La même notion doit être appliquée avec nos pays voisins. - Flexibilité des groupes des pays d’avant-garde - Exploiter beaucoup plus les potentiels de nos politiques communes pour agir sur la scène internationale (l’euro). Nous avons un problème de l’identité collective européenne ? quel est le rôle des médias par rapport à cela?

Ivan Štefunko12, pour une identité européenne des médias La représentation passe par de véritables médias européens. Propositions - Donner une identité, un poids aux médias en Europe. Les citoyens doivent savoir comment l’Europe les influence par secteur et profession. Les médias nationaux doivent être formés à l’Europe. On ne peut pas avoir une réelle identité européenne sans rencontrer les européens. - Quelle serait l’Europe sans l’Europe ? La monnaie par exemple reflète l’attachement pratique à l’Europe. Une journée sans l’Europe nous permettrait de comprendre mieux ce que fait l’Europe pour les citoyens au quotidien. - Elire des européens aux élections européennes, mais pas seulement des représentants de nos pays. Les institutions sont l’échec majeur de ces 20 dernières années. Il faut développer notre capacité à les réformer. Comment cet enjeu institutionnel peut-il permettre de répondre à ce déficit démocratique dont souffre l’Europe ? Gaëtane Ricard Nihoul, revenir au projet initial de la construction européenne Il y a un paradoxe important actuellement : le Parlement européen a augmenté ses pouvoirs tandis que la participation aux élections européennes diminue. Propositions - Une politisation des débats européens est absolument nécessaire dans les vingt prochaines années. Il est paradoxal que la participation aux élections européennes s’effondre depuis leur existence alors que les pouvoirs du Parlement n’ont cessé d’augmenter. C’est un véritable paradoxe. Quelle Europe veut-on ? Quelle orientation politique, idéologique ? Le débat démocratique est nécessaire pour savoir quelle orientation politique et idéologique nous voulons donner à l’Union européenne. Le Comité d’orientation de Notre Europe a d’ailleurs fait une proposition en ce sens il y a dix ans déjà : chaque grande famille politique européenne devrait présenter un candidat à la présidence de la Commission européenne. Il est fondamental que les citoyens connaissent à l’avance le président de la Commission qu’ils vont élire en allant voter. Cette idée n’est à l’heure actuelle pas mise en œuvre. Les grands partis politiques

12 Entrepreneur, directeur du réseau des portails EurActiv (SLK)

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européens devraient proposer un candidat à la présidence de la Commission qui incarnerait alors un projet dans lequel les citoyens pourraient se reconnaître. - Le projet de l’Europe est, comme Jacques Delors l’a exprimé : « une fédération d’Etats nations ». Le Royaume-Uni ces vingt dernières années a gagné la bataille sémantique (« Union »), alors que le projet initial était clairement un projet fédéraliste (déclaration Schuman) : le mot « fédération » qui était pourtant utilisé par les pères fondateurs est devenu un mot tabou. Il faut des compétences plus claires pour l’Union européenne. L’État nation a encore une belle vie devant lui, mais il faut savoir parler de cela sans tabous. Débat avec le public

On valorise l’expérience européenne mais aussi locale (comme le montre le sondage). Il y a un désir d’ancrage local des élus européens. Il faudrait une harmonisation entre l’aspect européen, l’aspect national et le local. Il ne faut pas oublier l’Europe culturelle, l’Europe des valeurs. L’Europe est-elle capable de faire de son ancrage humaniste un vecteur politique important ? Concernant la ratification à l’unanimité. Nous pensons nationalement. Il faut tendre vers des figures locales qui seraient proches de l’Europe.

Gaëtane Ricard Nihoul L’ancrage local est important. Il ne faut pas tomber dans le piège d’une certaine élite européenne qui connaît déjà les figures européennes. Il faut au contraire des figures proches des citoyens, connues. Les vingt prochaines années doivent refléter un vrai courage politique. Il faut arriver à penser les institutions européennes de manière globales. Joaquin Muñoz Nous devons donner une dimension politique à l’Europe. Dans les vingt prochaines années, une incarnation politique est essentielle notamment pour le développement durable, l’énergie et le transport. L’Europe doit pourvoir incarner nos valeurs et se projeter dans la durée. Les promesses actuelles restent sans ambitions politiques fortes ni moyens. Il faut traiter des problèmes globaux à l’origine de la construction européenne. Sandro Gozzi Le moratoire sur la peine de morts à l’ONU13, la Cour pénale internationale, les engagements pris en terme de lutte contre changement climatique montrent que l’Europe du « soft power » existe. Il faut à présent développer le « hard power », et cela demande beaucoup de changements, d’implication et incarnation politique. Nous avons en effet vingt-sept armées, dix-neuf forces aériennes, dix-huit forces navales. Cependant nous n’avons toujours pas assez d’influence. Yvan Štefunko Pour ce qui est du changement climatique, les États Unis vont certainement revenir en première ligne avec le nouveau gouvernement en place. Nous pensons trop

13 Organisation des Nations Unies

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nationalement en Europe, et nous allons être dépassés. Les vingt prochaines années doivent être celle d’un vrai leadership européen. Les médias ne parlent pas d’Europe, les politiciens non plus, sauf lors de grandes crises. Nous traitons de sujets trop nationaux, même quand ils sont européens au départ. Nous avons une responsabilité par rapport à cela. La ratification du Traité de Lisbonne est beaucoup trop longue : un référendum paneuropéen serait-il la solution ? Nous avons pour l’instant vingt-sept espaces publics nationaux Un média européen existe actuellement : Euronews. Cette chaîne devrait être beaucoup plus développée. Il faudrait que les journaux nationaux donnent des informations sur les autres pays en Europe, l’Europe du quotidien accessible à tous. Yvan Štefunko Comment voir les Pays d’Europe centrale et orientale (PECO) comme des alliés, et non des ennemis? La France ne fait pas au mieux pour créer un partenariat avec les PECO. Ces pays sont ouverts à l’économie française, mais quand il y a un problème, la France reprend ses investissements14. Il faut repenser la politique européenne. La France parle toujours de son propre rayonnement dans l’Union, mais pas du rayonnement de l’Union elle-même dans le monde. Gaëtane Ricard Nihoul La ratification du Traité de Lisbonne prouve que nous sommes dans une impasse aujourd’hui, c’est donc une question à aborder sérieusement. Une première réforme serait que les ratifications se passent en même temps. Il faut également repenser le mode de ratification : un référendum européen pourrait être la solution. De plus, faut-il maintenir l’unanimité dans une Europe à vingt-sept et plus ? Les vingt prochaines années doivent être marquées par le courage politique, il faut briser les tabous. Nous ne donnons pas aux citoyens des objectifs institutionnels clairs, nous faisons du bricolage. Nous avons du mal à ancrer nos résultats lors des présidences de l’Union européenne dans des vraies décisions institutionnelles. Il faut penser les institutions de manière globale, les rendre explicite pour les citoyens. Joaquin Muñoz Voter aux élections est très important. Il faut faciliter le leadership qui manque à l’Europe, agir, réfléchir pour que l’Europe soit exemplaire en terme de leadership. Il faut également une incarnation politique en terme de développement durable. Il ne faut pas manquer l’étape de prendre le leadership face aux États Unis en matière de développement durable. Sandro Gozzi Pour ce qui est de la participation citoyenne, un vrai référendum européen et une même période d’élections sont indispensables. Les partis politiques doivent présenter leurs candidats à la Présidence de la Commission. Nous avons besoin d’un véritable saut qualitatif démocratique pour mobiliser les électeurs.

14 A l’exemple de Gaz de France

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Par ailleurs, il n’y a pas de médias européens car il n’y a pas un espace politique européen, ni de véritables décideurs politiques européens. Les médias traitent des questions européennes avec un regard national. Les Conseils européens sont reflétés dans les médias avec des points de vue nationaux. L’espace médiatique et politique est à développer. Euronews n’est pas assez dynamique, nous ne mobiliserons pas avec ce genre de télévision. Les siècles passés étaient ceux de l’Etat nation, le 21ème siècle doit être celui de l’intégration régionale. L’Union européenne reste la réponse démocratique à cela, il nous faut plus de courage, et plus de leadership européen. Conclusion

L’Europe ne pourra sortir de la crise que si elle se coordonne et est solidaire. Une relance forte avec un vrai leadership européen passant par une réforme institutionnelle est indispensable pour l’Europe de demain. Un repli national pour faire face aux défis mondiaux n’est certainement pas une réponse efficace, et ne permettra pas à l’Europe d’être une puissance significative pour l’avenir.

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Biographies de participants

Sandro Gozi 40 ans, Sandro Gozi est l’un de ces hauts fonctionnaires qui a fini par épouser une carrière politique. Conseiller au cabinet de Romano Prodi à la présidence de la Commission européenne, il a suivi son mentor à la présidence du Conseil italien, en tant que conseiller pour les Affaires européennes, après avoir lui-même gagné son siège au Parlement. Il est également professeur visiteur au Collège d’Europe de Bruges et maître de conférences à l’Institut d’Études Politiques de Paris en politiques extérieures de l’Union européenne. Il a écrit un livre en 2007, dénonçant les attaques incessantes dont les institutions européennes font l’objet : « Non, ce n’est pas la faute à Bruxelles ! »

Thomas Klau 47 ans, directeur au European Centre for Foreign Relations (ECFR), (ALL) Né en France, il a suivi un cursus scolaire à Versailles et Oxford avant de poursuivre ses études d’histoire et de philosophie à l’Université de Heidelberg et Tübingen. Journaliste spécialisé dans les affaires européennes et la politique internationale, Thomas Klau a rejoint le European Centre for Foreign Relations en Juillet 2007 en tant que Directeur éditorial et Chef du bureau parisien de l’organisation. Il a notamment travaillé pour l’AFP à Paris et “Le Matin de Paris”. IL s’est ensuite installé à Frankfort puis à Bruxelles où il a travaillé comme correspondant politique pour « European Voice » et comme correspondant pour l’Union européenne pour le « Börsen-Zeitung ». En 2000, il a aidé au lancement du “Financial Times Deutschland”, en tant que chef du bureau à Bruxelles du journal (2000-2005) et correspondant à Washington (2006-2007). Il écrit toujours une tribune dans ce journal à l’heure d’aujourd’hui. Avec Jean Quatremer, il est l’auteur d’un livre sur les négociations qui ont abouti à l’Union monétaire « Ces hommes qui ont fait l’Euro » (Paris 1999). IL a été un commentateur fréquent des affaires européennes pour de nombreuses organisations récentes et a présidé ou participé a de nombreux débats publics sur l’Europe et la politique internationale.

Guillaume Klossa 36 ans , Conseiller auprès du secrétaire d’Etat français pour la présidence française de l’Union européenne. Fondateur et président du Conseil scientifique d’EuropaNova Créateur à 15 ans d’Euro’92 , 1er magazine lycéen européen, il participe en 1989 aux premières sessions du Parlement européen des Jeunes. Cadre dirigeant, journaliste, éditorialiste européen de Métro et animateur de l’émission « Face à Alain Minc » sur Direct 8, il fonde en 2002 EuropaNova comme un collectif de citoyens. Président exécutif et bénévole de 2003 à 2007, il crée avec Gaétane Ricard-Nihoul, Sylvie Goulard et Jacques Delors les « Etats généraux de l’Europe », le rendez-vous annuel de la société civile européenne. Enseignant, il a publié avec Stéphane Rozès « L’identité à l’épreuve de l’Europe », Commentaire n°121. En mai 2007, Jean-Pierre Jouyet le choisit comme conseiller spécial dans la perspective de la présidence française de l’Union européenne.

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Début 2009, il succède à Enrico Letta à la tête du Conseil scientifique d’EuropaNova avec une mission : conduire une réflexion continentale sur « les Européens face au principe de responsabilité ». La Convention « l’Europe d’Après » lance cette réflexion.

Christian Mandl 34 ans, Entrepreneur, fondateur de SkyEurope Autrichien élevé à Bruxelles, jeune entrepreneur, Christian Mandl a créé en 2001 en Slovaquie SkyEurope Airlines, qui s’est très vite affirmée comme une des 1ères compagnies d’Europe centrale. Il a alors à peine 25 ans ! Cinq ans plus tard, la compagnie a transporté plus de cinq millions de passagers. Ce jeune homme calme qui court le monde, reste fondamentalement attaché au projet européen : « J’ai toujours été fasciné par l’Europe, mais une Europe divisée n’est pas une Europe importante », juge-t-il. Il vit aujourd’hui entre Barcelone et Bratislava.

Joaquin Munoz 35 ans, Dirige l’association Max Havelaar Espagnol, ancien consultant en stratégie, Joaquin Munoz a fait le choix du commerce équitable et du développement durable. Il dirige Max Havelaar France depuis 2007. En 2008, il publie « Commerce équitable : 20 réponses pour agir » pour expliquer de façon simple et pédagogique. Il était, il y a peu, le représentant mondial de Max Havelaar au Forum Social Mondial à Belem au Brésil.

Il participe à des débats en France comme en Europe sur le développement durable et l’engagement des décideurs économiques et politiques. Avec EuropaNova, Max Havelaar France lancera le 9 mai la Convention « Pour un monde équitable » dans le prolongement de la conférence « L’Europe d’après ».

Gaëtane Ricard Nihoul 36 ans, Secrétaire générale de Notre Europe De nationalité belge, Gaëtane est diplômée de l'Université de Liège en science politique et administration publique et titulaire d'un master et d'un doctorat en politique européenne de l'Université d'Oxford. Ses recherches ont porté sur la formation des politiques publiques au sein de l'Union européenne et en particulier sur la politique d'éducation. De 1999 à 2002, elle a été responsable de l'équipe "affaires européennes et internationales" du Cabinet d'Isabelle Durant, Vice-Première Ministre et Ministre de la Mobilité et des Transports au sein du gouvernement belge. Elle a, notamment, assumé des tâches de coordination pendant la présidence belge du Conseil de l'Union européenne. Conseillère pour les questions institutionnelles, elle a été chargée de représenter la Vice-Première Ministre dans la délégation belge pour la Conférence ministérielle de l'OMC à Seattle et la Conférence Intergouvernementale. Elle a, à ce titre, participé aux Conseils européens de Biarritz, Nice et Laeken et au groupe de travail du gouvernement belge pour la Déclaration de Laeken. Gaëtane Ricard-Nihoul a ensuite rejoint la Commission européenne à la Direction Générale Education et Culture, dans

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l'Unité Politique Audiovisuelle. Membre du Secteur Relations Extérieures, elle s'est occupée des négociations d'adhésion avec les 13 pays candidats dans le domaine audiovisuel, des relations avec les Balkans occidentaux et les pays du Sud de la Méditerranée. Elle a également été responsable de la coordination d'un groupe inter-services sur le dialogue interculturel et du suivi des travaux de la Convention dans le domaine culturel. En avril 2004, elle a rejoint Notre Europe, laboratoire de pensées dédié à l’unité européenne, fondée par Jacques Delors, présidée par Tommaso Padoa Schioppa, avec Pascal Lamy comme président d’honneur, comme conseillère du président, puis comme Secrétaire générale. Elle est l’une des co- fondatrices des « Etats Généraux de l’Europe », le grand rendez-vous annuel de la société civile européenne.

Matthieu Pigasse 41 ans, Vice-président Europe de Lazard frères Français, ancien conseiller de Dominique Strauss-Kahn, il devient en 2002 associé gérant de Lazard frères. Engagé européen, il est administrateur d’EuropaNova depuis 2007 et vient de publier avec Gilles Finchelstein « Le monde d’après » aux éditions Plon. Il y analyse la crise et fait des propositions pour en sortir. Il souligne la nécessité d’une Europe mieux intégrée et plus politique. Rarissime dans les débats publics jusqu’à la publication de son essai, sa participation à la Convention « L’ Europe d’après » est une première.

Ivan Štefunko Slovaque, 32 ans, entrepreneur, Ivan est directeur d’un media en ligne sur l’Union européenne. Ayant vécu en Algérie avec ses parents, il étudie les sciences politiques et les questions européennes en Slovaquie et en France (Sciences Po, Paris). Juste après ses études, il s’engage quelques années en politique et devient leader du mouvement de jeunesse socialiste en Slovaquie. Après cette expérience, il entame un parcours dans les médias et devient directeur de l’hebdomadaire politique et culturel Slovo. Il comprend vite que le futur des médias, c’est l’Internet, voyant monter en flèche les lecteurs en ligne. Dans la foulée, Ivan lance des projets Internet dans différents pays européens, chacun projet devenant leader dans la catégorie et le pays dans lequel il est lancé. Ivan Stefunko est aujourd’hui directeur du réseau des portails EurActiv présent dans 10 pays européens avec 650 000 lecteurs. « Ce travail permet de vivre en même temps mes passions, l’Internet et l’Union européenne» affirme le jeune homme.

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Partenaires

Remerciements Nous tenons à remercier chaleureusement les intervenants de cette convention pour avoir bien voulu participer et apporter des propositions concrètes pour lancer cette réflexion indispensable à l’avenir de la construction européenne.

Un grand merci également à tous nos partenaires pour leur soutien à nos projets, ainsi qu’à Sciences Po et tout spécialement Nathalie Massoni pour son accueil et son aide à la préparation de la Convention.