Parcours ThémaTique

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Parcours ThémaTique l’objeT, l’esPace eT le sPecTaTeur : disPosiTifs d’inTeracTions © FRAC Centre - 12 rue de laTour Neuve 45000 Orléans - 02 38 62 52 00 - [email protected] - http://www.frac-centre.fr 1

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Parcours ThémaTique

l’objeT, l’esPace eT le sPecTaTeur :disPosiTifs d’inTeracTions

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l’objet, l’espace et le spectateur : dispositifs d’interactions

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« L’énigme tient en ceci que mon corps est à la fois voyant et visible ».MauriceMerleau-Ponty,L’Oeiletl’Esprit(1988)

Que cela soit dans le contexte d’une exposition, dans l’espace public ou pour elles-mêmes, les œuvres entretiennent un rapport fort avec l’espace et le spectateur, provoquant chez lui un événement mental, de l’ordre de la réception. Certains artistes, cherchant à mettre ce rapport au centre de leur travail, ont mis en place des dispositifs d’interactions permettant différents types d’échanges, de participation, de modifica-tion, voire de création, entre le spectateur et l’oeuvre qui va bien au-delà de l’activité purement psychologique.Ce qui fait œuvre est alors la configuration qui réunit l’objet, l’espace et le spectateur dans un dialogue qui produit en temps réel une œuvre d’art unique.

Depuis la Renaissance, l’art se plaît à mettre en scène ses propres outils de saisie et de retranscription du monde : trompe-l’œil, anamorphoses.. les ruses sont nombreuses pour impliquer le regardeur dans l’intimité et le message de la toile, (Les Ambassadeurs, de Hans Holbein). À partir des années 1960, certains artistes et architectes présents dans la collection du FRAC Centre posèrent la question du mouvement et de la vision, des dispositifs optiques et d’interactions vis-à-vis d’un spectateur qu’ils veu-lent désormais actif.

L’interactivité en art est liée au domaine des sciences et techniques ainsiqu’auconceptdeprogrammation:elleexistedepuislesautomatesduquat-trocento, voire des statues articulées antiques. Mais c’est au XXème sièclequ’uneconceptualisationdel’interactivitéestapparuequi,pardenouveauxprocédésmécaniques, essaiedeplacer le spectateur dansun rôle actif,unrôlecréatif.

Onpeutdistinguerdeuxregistresdel’interactivité:celleavecunagenthu-main et celle avec un agent environnemental. Les mobiles animés par lesmouvementsdel’air,conçusparAlexanderCalderdanslesannéestrente,lapremière Tour spatiodynamique, cybernétique et sonoredecinquantemètresdehautexposéeàParisauSalondesTravauxPublics,construiteen1954parNicolasSchöffer,témoignentdecettevolontédefaireinteragirlesartsavecunespace.L’environnementdevientunélémentde l’œuvre,aumêmetitrequelesautresélémentsquilacomposent.L’interventionhumaineestrecherchéeenpeinture,commedansl’artoptique(ouOpArt)desannéessoixante,quijouesurdesillusionsoptiquesetledé-placementduspectateur.Enarchitecture,desdispositifsoptiquesetsenso-rielssontégalementmisenplaceetjouentaveclaperceptiondel’observa-teur.L’art interactifcinétiquequantà luiengagelespectateurdansuneinterac-tionphysiqueetdirecteavecl’œuvre,lerendantacteurdel’œuvreencoursderéalisation.Enfin,lesartsinteractifsétantliésàlamachineetàlatechnologie,ilssesontconsidérablementdéveloppésavecl’avènementdel’informatique.Lenumé-riqueenartetenarchitectureouvrealorsàunenouvelle interactionentrel’espaceetlespectateur.

L’interactivité en art

UgoLaPietra,Casquesonore,1968(Immersions,1967-70)

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Danslesannées1960,l’architectureradicaleenItalieabordel’espacecommeun « environnement » interactif. L’œuvre ou le projet architectural se don-nentcommedesmécanismesàactiver.Les«Immersions»deUgo La Pietrasontainsidesdispositifs sensorielsquimodifientnotreperceptionde l’en-vironnement.Dessphèreslumineuses,descasquessonores,diffusantdelamusiqueetdestextessubversifs,invitentlepublicdansdesespacesd’expé-rimentationaudiovisuelle.Lespectateurn’yestjamaispassif,ilinteragitavecces«instruments»enactionnantlui-mêmel’installation,commeavecColpo di vento(1970-71)oùdesjetsviolentsd’oxygèneluisontpropulsésauvisage.Ces Immersions étant conçues comme des répliques de la réalité urbaine,l’objectifestdepermettreàl’individudeprendreconsciencedelaréalitéalié-nanteetdereconquérirunpouvoird’action.

La«(...)fascination pour l’idée de vivre dans des espaces en action qui changent à la manière de nuages, de recourir à des dispositifs qui étendent les dimensions habituelles et révèlent de nouveaux domaines psychiques et physiques » estce qui préoccupe les architectes de Coop Himmelb(l)au en 1968 lorsqu’ilsconçoiventlaVilla Rosa.Cettehabitationcomportantnotammentune«uni-tédepulsation»(dotéed’unlitpivotant,projection,programmesonore,etd’odeurs),entendadapterl’architectureànosrêvesetnosémotionslesplusprofonds.

En2007, l‘agenced’architecturePhilippe Chiambaretta/PCA construitunenouvelle façadepour leCentredeCréationContemporainedeTours,com-poséedeplusde150 lamesdeplexiglaschacuneéclairéespardesdiodeslumineuses,quistrientverticalementlafaçade.Insaisissable,entension,auxlimitesflouesetflexibles,lafaçadesolliciteleregardduspectateurpourre-constituermentalement,parunjeudelignesetdestrates,laformeetlama-tièrevirtuelledelafaçade.

Dispositifs d’interactions sensorielles

UgoLaPietra,Colpo di vento(Coupdevent)1970

CoopHimmelb(l)au,Villa Rosa,1967

L’implicationactive,souvent ludiqueduvisiteurdans l’œuvre,peutreposersursonaspectsocial,voirepolitique.La«socialisation de l’art»estpourFranckPopperàl’originedel’artcinétiqueetinviteàconstruireunenouvellerelationentrel’oeuvred’artetsonspectateur.Cedernierintervientdemanièreactive,psychologiquement et physiquement, dans l’environnement artistique quiluiestproposé.

Nicolas Schöffer, en 1956, présente la sculpture cybernétique autonomeCYSPsurlascèneduThéâtreSarahBernhardtetquelquesmoisplustarddansunballetdeMauriceBéjart.Dotéedecapteurs,lastructureréagitauxmou-vementsdesdanseurs,àlalumièreetausonparlesdéplacementsetmouve-mentsdesformescolorées.

AvecAlice House,deuxmaisonsindividuellesreliéesparunepasserellesouple,Didier Fiuza Faustinomontrentcomment lesespaces, lesbâtimentset lesobjetssontdesinterfacesentrelecorpsindividueletlecorpscollectif(celuidelaville).L’architecturerésulted’unparcoursetd’uneexpérienceducorpsenmouvement,desescontraintesphysiques,politiquesetdesonexplora-tion«topomorphique».Lapasserelleestunespacequisensibilisel’individuàsonpropredéplacement,ceciafinqu’ilprenneconsciencedesoncorps,desonenvironnementetdecepassaged’unétatàunautre.

Le cinétisme : l’objet et le spectateur en mouvement dans l’espace

DidierFiuzaFaustino,Alice House, habitat concept,1999

Philippe Chiambaretta/PCA, façade du Centre de Création Contemporaine de Tours,2007,

NicolasSchöffer,sculpture,1953

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Lespossibilités technologiquesoffertespar l’ordinateurà lafindesannées1980afaitémergerdenouvellesenvies,denouveauxconcepts.L’idéelan-cée par Nicolas Schöffer de capter des événements de la vie et du mondepourlestransformerentempsréelàfaitsonchemin:l’oeuvreestdevenueunespacesensible,opérantunetranscriptionsimultanéedecesphénomènesdynamiques.

Anticipant la révolution numérique et l’utilisation des nouvelles techno-logies,Ugo La Pietraélaboreunprojetdecelluled’habitationconnectantespace privé et tissu urbain par le biais d’instruments de communicationetd’information.La Casa telematica, (1971),enregistredesinformationsso-nores,lesmettantensuiteàdispositiondechacun,tandisqu’unecabineindi-viduellepermetd’envoyerdesmessagesaudiovisuelsrediffusésensuitesurdesécransplacésdanslaville.Cesmicrostructuress’affranchissentdelabar-rièrequeposel’objetentrenousetlaréalitépourallerversuneparticipationetuneperceptiondirectedelaréalité.

LePavillondel’Eaudouceetinstallationinteractive,appeléFresh H20 eXPO,etconstruitàZeeland,auxPays-Basen1993-97parNox,répondauxsollici-tationsetmouvementsduvisiteurpar laprésenced’unesériedecapteursconnectésàunerangéedelampeselles-mêmesreliéesàunsystèmesonore.Systèmedynamiqueàl‘intérieurduquelsedéroulentenpermanencedesin-teractionsentreutilisateurs,environnementetbâtimentvial’informatique,ils’agit d’une des premières réalisations d’architecture interactive. L’architec-turesedonnecommeune«machineabstraiteetmachinique»,unsystèmedynamique en perpétuelle transformation, à laquelle répond le Pavillon de l’Eau Saléede ONL (Oosterhuis_Lénard).Achevéen1997,ilillustreleconceptd’architecture«e-motive»,où,entempsréel,laconfigurationdesstructuresetleurperceptionparl’usagersontsanscessestimuléesàlafoisréellementetvirtuellement.

L’interactivité et les nouvelles technologies :

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UgoLaPietra,Maison télématique :la cellule d’habitation1971-72

Nox,PavillonH2O,1994

ONL (Oosterhuis_Lénard), Pavillon de l’eau salée,1997