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Parasitoses hépatiques
Charlotte BOUZBIB
DES HGE, 13 avril 2013
Amoebose hépatique
Agent pathogène = Entamoeba histolytica : Protozoaire unicellulaire Homme majoritairement, ≈ 480 millions dans le monde 10% formes invasives graves, 40 à 100000 décès/an
Physiopathologie : Infection plus fréquente chez :
Hommes de 18 à 50 ans Consommation d’alcool Pratiques sexuelles orales et anales
Contamination de l’eau et des aliments par déjections humaines Invasion de la paroi colique+++ (sd dysentérique, ulcérations en coup d’ongle,
abcès en bouton de chemise) Effraction dans la microcirculation avec diffusion dans le système porte (+/-
diffusion aux poumons, au cerveau…) Adhésion à la paroi des capillaires hépatiques, destruction parenchymateuse
centrifuge : abcès Evolution défavorable en l’absence de traitement
Amoebose hépatique
Clinique : Incubation de quelques jours à années Début progressif +/- Dysentérie amibienne (absente dans 60%) Abcès amibien hépatique :
Fièvre en plateau à 39-40°C Hépatomégalie douloureuse, lisse et constante Sd phrénique
Complications : Rupture d’abcès Compression des voies biliaires (10%) Fistulisation (plèvre +++)
Amoebose hépatique
Diagnostic positif :BHC peu perturbé, pas d’ictèreSyndrome inflammatoire +++ (HLPN, CRP ↑↑)
EPS souvent négatif, surtout si pas de dysentérie
Sérologie +++ (S 90%) Imagerie (écho/TDM) : lobe droit +++
Amoebose hépatique
Traitement : Amoebicide tissulaire : Métronidazole 10 à 14 j Puis, 3 jours après la fin du traitement, amoebicide de
contact : Tiliquinol (INTETRIX©) 10 j Traitement symptomatique
Ponction si > 6-10 cm ou si évolution non satisfaisante (persistance fièvre ou douleurs) : pus « chocolat », pas de germe
Pronostic : 5% rechute
EPS à 3 reprises à S3-S4 pour vérifier l’absence de portage digestif chronique
Echinococcose hydatique
Agent pathogène = Echinococcus granulosus : Larve de tænia (tube dig. du chien) 1 des plus dangereuses pour l’Homme (hôte accidentel, impasse
épidémiologique)
Physiopathologie : Anthropozoonose cosmopolite, zones d’élevage, bassin
méditerranéen (Maghreb ++) Paroi digestive > système porte > rétention tissulaire (foie 50-60%,
poumons 30-40%, autres 10%) : développement très lent d’un kyste hydatique
Echinococcose hydatique
Clinique : Longtemps asymptomatique en l’absence de
complications : découvertes fortuites ++ (écho, calcifications sur ASP)
Hépatomégalie isolée, indolore, bien tolérée Autres atteintes (pulmonaires, cérébrales,
oculaires) Complications :
Rupture (VB, péritoine, plèvre) : choc anaphylactique par relargage de liquide hydatique avec multiples larves échinococcose secondaire
Surinfection : abcès Compression VBP (rare) ou organes adjacents (VCI)
Echinococcose hydatique
Diagnostic positif : BHC le plus souvent normal Hyperéosinophilie (phase d’invasion ;
kyste fissuré = urgence chirurgicale) Sérologie +++ (faux négatifs si kyste ancien,
calcifié) Imagerie +++ (TDM > écho) :
Kyste hypodense bien limité avec paroi épaisse, pas de réhaussement
CholangioIRM si suspicion de communication biliaire
CI à la ponction à visée diagnostique
Anapath : Kyste formé de 2 membranes : Interne (proligère), origine des vésicules filles Externe (hyaline), entourée d’une coque
fibreuse
Echinococcose hydatique
Traitement :Curatif :
Chirurgical +++ avec destruction des scolex par de l’eau oxygénée
En alternative : PAIR (ponction-aspiration-injection-réaspiration) sous échographie
Albendazole en association Surveillance ++ : risque de récidive
Préventif : Déparasitage des chiens Eviction de la promiscuité avec les chiens
Echinococcose alvéolaire
Agent pathogène = Echinococcus multilocularis Petit tænia de 3-5 mm dans l’intestin du renard Zoonose endémique en Amérique du Nord et Europe
de l’Est, N-E France et Massif Central Rare mais grave
Physiopathologie : Homme = hôte accidentel Ingestion de fruits contaminés pardes renards ou chiens parasités Tumeur à diffusion racémeuse envahissante
comprimant et diffusant dans les canaux biliaires et dans les vaisseaux intrahépatiques, d’évolution lente
Echinococcose alvéolaire
Clinique :Longtemps asymptomatique (> 1 an)Atteinte hépatique dans 90% (70% foie droit)Tableau pseudo-tumoral du foie :
Douleurs abdominales hautes, à prédominance gauche
Hépatomégalie dure Ictère rétentionnel « Métastases » à distance (cérébrales,
pulmonaires, osseuses…)
Echinococcose alvéolaire
Diagnostic positif : Hyperéosinophilie inconstante, VS et CRP
élevées, cholestase ictérique Imagerie : peu spécifique
Masse souvent unique, de grande taille, hétérogène, à contours irréguliers
Plages nécrotiques irrégulières pseudo-liquidiennes
Envahissement biliaire et vasculaire Sérologie +++ PBH (non nécessaire) :
Masse infiltrante avec multiples vésicules périphériques macroscopiques
Central : fibrose et calcifications (= cavités parasitaires anciennes et non fertiles)
Périphérie : vésicules parasitaires récentes et fertiles avec réaction granulomateuse péri-parasitaire (contours irréguliers)
Echinococcose alvéolaire
Traitement :Curatif :
Exérèse chirurgicale (souvent hépatectomie droite)
Anti-helminthique à large spectre : albendazole au long cours
Transplantation hépatique rare
Préventif : Ne pas manger ou toucher les aliments souillés
par des selles de canidés
Distomatose (= douve du foie)
Agent pathogène = Fasciola hepatica Nematode de 15-30 mm de long (VB des herbivores) Egypte, Iran, Argentine ; rare en France (S-O,
Lyon) mais cosmopolite
Physiopathologie : Hôtes définitifs : ovins et bovins (Homme = accidentel) Contamination par les crudités sauvages Migration dans la cavité péritonéale Perforation de la capsule de Glisson Invasion des VBIH et VBEH Ponte des œufs, émission dans les selles
Distomatose
Clinique : Phase d’invasion (migration trans-hépatique des douvules,
S1-S4) : ≈ hépatite infectieuse +/- allergie Asthénie, fièvre, prurit, arthro-myalgies Douleurs abdominales diffuses, troubles du transit
Phase d’état (vers adultes dans VB, M3) :Souvent asymptomatique ou fruste
Sinon, après une amélioration transitoire : Coliques hépatiques, angiocholite, cholécystite,
pancréatite aiguë Poussées d’ictère rétentionnel Cirrhose biliaire secondaire
Distomatose
Diagnostic positif : Hyperéosinophilie modérée (maximale à
S10), syndrome inflammatoire Sérologie + EPS (phase d’état)
Imagerie : granulomes hypodenses irréguliers,
+/- calcifiés, sous-capsulaires +++, en « anneaux olympiques » ou « chapelet »
Anatomopathologie : Granulomes éosinophiles formés après passage
du parasite Lésions d’obstruction biliaire secondaires à la
présence des parasites adultes dans les voies biliaires
Distomatose
Traitement :Curatif :
Triclabendazole 10mg/kg en 1 prise unique
(à renouveler si inefficacité)
Préventif : Individuel : éviction du cresson sauvage
dans l’alimentation (lavage insuffisant) Collectif : éducation sanitaire et surveillance
sanitaire des cressonnières industrielles
Schistosomose (bilharziose) Agents pathogènes :
S. mansoni (Afrique+++, Amérique) S. japonicum (Asie)
Physiopathologie : Infestation (Homme non exclusif) lors d’un contact avec des
eaux contaminées Traversée des épithéliums des parois vasculaires et des organes
creux : signes hémorragiques Rétention intra-tissulaire : formation de granulomes bilharziens
Clinique :Phase d'invasion (voyageur) > Toxémique > Phase d'état (migrant)
asymptomatique +++ jusqu'à HTP
Schistosomoses
Diagnostic positif : Hyperéosinophilie (phase d’invasion +++)
Perturbations BHC, anictérique Sérologie +++ EPS à partir de M2-M3 (parfois -)
Œuf de S. japonicum
PBH : Granulomes =
Œufs +/- calcifiés avec infiltrat d’histiocytes et de PNE
Prolifération du tissu conjonctif Nécrose
Bloc présinusoidal Fibrose dans les espaces périportaux
gangue scléreuse autour des vaisseaux = « sclérose en tuyau de pipe »
Schistosomoses
Traitement : Curatif :
1 à 2 prises de Praziquantel 40mg/kg en 1 jour Reprise du traitement à doses plus fortes si évolution
non satisfaisante
Préventif : Education sanitaire : prévention de la contamination
des plans d’eau par selles et urines, lutte contre les mollusques vecteurs
Individuellement : pas de baignade en eaux stagnantes
Conclusion
Les parasitoses hépatiques sont rares en France (mais potentiellement graves) et de diagnostic difficile : fréquemment asymptomatiques ou avec une clinique peu spécifique.
Le diagnostic positif repose essentiellement sur les sérologies spécifiques.
Le traitement consiste en l'utilisation d'anti-parasitaires, +/- exérèse chirurgicale.
La surveillance évolutive est nécessaire pour traiter les nombreuses rechutes.