Paralysé

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PARALYSÉ.

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il y a des fois comme ça.

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PARALYSÉ.

Tu es paralysé.

Enfin c'est un bien grand mot, mais l'univers autour de toi est différent de celui que tu connaissais.Cela fais maintenant bien dix minutes que du est là allongé sur ce lit, à n'avoir rien d'autre à faire qu'à penser.

Et souffrir aussi.

Mais avec le temps la souffrance s'apaiseIl y a au moins une chose que tu as comprise ce soir, allongé sur ce lit, c'est peut importe l'effort que tu vas faire, tu va ressentir une profonde douleur.

Et pas de celle qui arrive un petit feu, fait mal un coup et qui s'en va.

Plutôt de celle qui arrive d'un coup, que tu prends en pleines dents et que tu ressent pendant longtemps.Parfois, tu penses qu'elle à disparu, mais un mauvais geste de ta part et elle revient de plus belle.

Et tu te dis :- Pourquoi il a fallu que je tente encore le coup ?

Mais de toute façon, tu ne l'aurai pas tenté ce coup, tu serai encore là, immobile, les bras étendus de chaque coté de ton corps mou.

C'est fou comme dix minutes peuvent te permettre de penser.De toute façon tu n'as rien d'autre à faire.Alors tu repenses au passé.C'est plus simple à imaginer le passé, étant donné que tu l'as déjà vécu.

M'enfin.

Donc, tu penses au passé.Et c'est vrai que à cet instant, bloqué sur ce lit, perdu dans tes pensées, tu te dis que l'on n'imagine pas la chance que l'on a.

Hier tu étais là, avec toutes les possibilités devant toi, et tu ne faisais rien.Du coup, tu as perdu ce que tu avais, alors qu'on fond, sans mentir, tu y tenais hein ?Et maintenant tu ne l'as plus et tu te rends compte de ce que tu as perdu.

Et tu ne peux plus revenir en arrière.

Tu ne peux plus avancer d'ailleurs non plus, mais ça, c'est une autre histoire.Et ça en fait de lʼhistoire à penser.Et il y à celle-ci qui te reviens.Mais tu ne t'en rappelles plus trop, et oui, tu as même déjà oublié que ta mémoire te faisait défaut.

Alors tu tends le bras, pour atteindre ce bouquin que tu gardes très précieusement.

D'ailleurs tu ne sais pas réellement pourquoi il est précieux pour toi.

Tu l'as déjà lu, pas relu mais seulement quelques passages, qui t'ont plus, émus, touché, fait rire ou juste fais rêver.

Mais tu tends ce bras tant bien que mal, et tu souffres de ne pas pouvoir atteindre ce que tu veux quand tu le veux, mais tu as déjà appris que la vie était ainsi faite.

Alors quitte à souffrir pour ce qu'on aime, autant le faire quand l'envie nous en prend.

Plus que quelques centimètres et tu auras atteins ton but.

Tu es complètement bloqué mais tu as une idée en tête et tu veux y arriver.De toute façon, tu ne peux rien faire d'autre.

A part penser.Mais ça fait peut-être tout aussi mal.

Voilà tu l'as entre tes mains.Tu es heureux et tu as mal en même temps.Bizarre.Un peu sadomasochiste sur les bords ?Non pourtant.Enfin tu ne crois pas.Bref.

Tu peux enfin ouvrir ce livre.Il a une histoire à raconter et raconte une histoire aussi.Tu le tiens enfin ce précieux bouquin.Il glisse entre tes doigts crispés par l'attente et l'effort, mais tu ressens toutes les courbures de la couverture, les plis crevasses, trous et autres bosses.

Tu le caresses encore.Et puis il s'ouvre à toi.Comme une fleur qui viendrait de comprendre que son heure est enfin venue.Que c'est le bon moment, celui où le soleil n'est pas trop chaud pour lui bruler ses pétales toutes fraiches, et celui où il n'est pas trop tard.Celui où les abeilles n'ont pas déjà butiné à n'en plus pouvoir et que tu restes seule avec ton nectar, prêt à être offert, mais que personne ne veut gouter.Et comme fait par hasard, comme la fleur, il s'ouvre au bon moment, au bon endroit.

Et tu le relis.- Et qu'est ce qui est arrivé à la fille cachée dans ton cœur?- Elle n'est jamais revenue, alors je l'ai reconstituée à partir des merveilleux souvenirs qu'elle m'a laissés et des graines de rêves qu'elle a semées un peu partout en moi avant son départ. J'ai pétri un bout d'ombre à son image, comme Gepetto avec Pinocchio, mais en version amoureuse, sauf que je ne suis jamais parvenue à lui redonner vraiment vie. Mais elle m'éclaire encore, et parfois, elle me brûle pour que je ne l'oublie pas.- La mienne fait ce genre de trucs aussi !

Et toi tu trouves ça beau.En fait sans plus mais tu aimes cette histoire, parce qu'elle te rappelle la tienne, même si ça n'a rien à voir.

C'est étrange comment les souvenirs fonctionnent.Tu voudrais pouvoir oublier tout ce mal que tu endures, mais au bout d'un moment, quand tu es presque arrivé au but, tu tentes encore une fois le coup.Et tu adores ça.Tu regrettes de ne pas l'avoir fait avant parce que ça fonctionne bien.Mais ce nʼest pas ton histoire.Alors ça ne fini pas pareilEvidement.

Tu es un peu comme ça toute façon.Tu écoutes les histoires des gens et tu te les racontes à nouveau à ta façon.

Donc tu es allongé, sans pouvoir bouger, et tu te racontes des histoires.À ton avis, est-ce mieux de se raconter des histoires plutôt que de s'en faire raconter ?

En tout cas c'est apaisant.Surtout que tout ce temps passer là commence à te rompre un peu le moral.

C'est comme ce paquet de chips que tu as mal ouvert.

Tu te dis au début que ça ira, que le temps que tu le finisse il n'auras pas le temps de détériorer plus.Mais tu as tort.

Cette petite déchirure que tu as faite sur le coté, va s'agrandir à chaque fois que tu vas aller plonger ta main dedans pour attraper une chips, et plus tu avancera, plus tu devras aller profond dans le paquet de chips, plus la fente s'agrandir jusqu'à le couper en deux.

Et là tu viens de faiblir.

Tu fais tous ces efforts depuis tout à l'heure pour ne plus ressentir la douleur qui gronde au fond de toi mais comme pour le paquet de chips, tu as eu le temps d'oublier, d'oublier la fêlure que tu à en toi, et tu fait la faute.

Le petit dernier truc qui va te faire souffrir encore, pour un bon moment.

Tu n'as pus qu'à repartir à zéro.

Comme quoi on est tous en carton.