Paplar, Route du Rock été - 2009

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Dimanche 16 Août 009 La Route du Rock Le magazine du festival

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Paplar, Route du Rock été - 2009

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Dimanche 16 Août 009

La Route du Rock

Le magazine du festival

Laetitia Shériff sort son billet

Devenir quelqu’un d’autre — Ma défini-tion de la performance, à mon niveau. La

transformation qui s’opère quand nous nous retrouvons en des lieux qui nous inspirent, qui

nous portent, nous coupent du quotidien. L’étudiant bûcheur, notre banquier cravaté, la petite sœur, le geek

solitaire... L’espace de quelques jours, tous se retrouvent festivaliers, une « parenthèse enchantée », comme moi je suis bombardée rédactrice en chef invitée de Paplar. Un bien grand mot quand on a l’occasion de se rendre compte de ce qu’est un rédacteur en chef : «C’est toi qui a écrit tout ça ?». Question récurrente entendue durant ces trois jours à La Route du Rock. La vérité vraie, pour ceux qui auraient des doutes, la team Paplar m’a appris

deux-trois trucs : ce qu’est un chapo, un intertitre, un Pastis au Quezac, un surtitre, une lettrine (des mala-dies en fait) et tout ce que j’aime, travailler en sifflotant (des bières). Tout est fait comme par magie, au premier abord. Mais non. Chacun a son rôle ou risque d’en avoir un autre. Une trousse à maquillage et l’inspiration à la mode « ma tante Ginette esthéticienne », ça donne des garçons inspirés qui ne peuvent pas s’empêcher de se prendre pour Jacques Tardi.Cet hiver, pour la Collection du même nom, j’ai remplacé au pied levé Gang Gang Dance à la Route du Rock. J’ai envoyé mes Siciliens s’occuper des prochains groupes programmés au festival pour leur piquer leur place.I will be back, bitch !

Day Three

Les femmes sont-elles l’avenir du rock ? Avouez que la question est aussi stupide que de se demander si le short en lycra reviendra un jour à la mode. En attendant, les femmes sont-elles l’avenir du rock ? La réponse est bien évidemment peut-être. Flashback ? Provocation, féminisme, poncifs et bigoudis... La — seule — conférence de presse de la journée, c’était avec Peaches, l’une des seules punkettes à souvent dépasser les burnes dans un monde foncièrement poilu. À la question « Proposez-vous des fiches cuisine, des cadeaux, des trucs pour faire ses vêtements soi-même lorsqu’on n’a plus assez d’argent, après avoir payé sa place, pour s’acheter un album ? », Peaches ne s’encombre pas des convenances habituel-les, Peaches propose au journaliste un guide pour s’in-

sérer un tampon dans le cul. Convenez que cela change des réponses habituelles, des « joies de la tournée pour dépasser les frontières » et des « je suis très content d’être là parce que le public applaudit entre les morceaux ». Non. Peaches n’est finalement pas une femme, c’est une star ; le terme exact qui rassemble dans un même sac étoilé. À ceux qui veulent casser du ukulélé et des histoires de rè-gles douloureuses, Peaches oppose ce qu’elle a de plus cher : son corps de quarantenaire que le débat homme femme mode d’emploi n’atteint plus. Une autre preuve ? À force de se toucher les parties, Peaches pourrait bien un jour tous les fédérer, des plus petits aux plus glands.

BESTER L.

– Peaches –

– Betterave –

À La Route du Rock, on n’écoute pas de la soupe, on en mange. Midi et soir au catering. La dernière fois qu’on a parlé nourriture dans ces colonnes, on a reçu des lettres d’insultes. Après. Au bureau. Là au moins, on est sûr de ne pas en recevoir, de courriers incen-diaires, tellement qu’elle est la bonne la nourriture. Cer-tes, le catering ne concerne que quelques centaines de personnes sur les milliers de festivaliers que nous sommes, que vous êtes. Mais pourquoi ne pas ren-dre un hommage appuyé aux cuisiniers du festival... Les pauvres cuistos, les pauvres bénévoles qui œuvrent

au service des artistes et des techniciens, ce sont tout de même les seuls à ne pas avoir chopé d’acouphènes vendredi soir. Trop affairés à servir ceux qui se produi-sent sur scène, ils ne voient rien du festival. Ou si peu. Un bout de concert à une heure du matin, un morceau de balance en milieu d’après-midi. « Thank you !» a lan-cé hier Jamie Hince, guitariste de The Kills, aux deux énervées en tablier qui hurlaient, gesticulaient, après le service du midi. Les diverses soupes du cuisto sont tel-lement bonnes qu’elles nous feraient presque aimer la betterave. Pour dire.

Chapeau bas

St Vincent

St Vincent, une référence religieuse ?Il n’y a pas de connotation religieuse liée aux apôtres… C’est tout simplement le nom de mon arrière grand-mère à qui j’ai voulu ren-dre hommage..

Maître de cérémonie sur scène, tu considères tes concerts comme une messe?C’est une métaphore religieuse ça ! Oui, si je pouvais, je donnerais l’ostie au public et je leur ferais même boire le vin !

Les musiques de film constituent pour toi une certaine in-fluence. Quelle B.O. retient en ce moment ton attention ?Je regarde un film sur Dimitri Chostakovitch, un compositeur rus-se. Je m’intéresse principalement aux symphonies qu’il a écrites lors de l’opposition au régime stalinien.

Tu joues souvent seule, mais l’avenir de St Vincent pourrait-il passer par un groupe ?La plupart du temps, un groupe m’accompagne sur scène, mais exceptionnellement je n’ai pas pu faire venir mes musiciens sur la Route du Rock.

Parfois on te compare à Andrew Bird, qui sera présent ici-même sur la scène de la Route du Rock, un peu avant Grizzly Bear que, paraît-il, tu affectionnes également… Tu restes ?Malheureusement je ne verrai ni Andrew Bird, ni Grizzly Bear… Je dois rentrer sur New-York. Mais j’ai dernièrement rencontré les membres de Grizzly Bear en Suède. J’ai aussi croisé Andrew Bird en tournée… Finalement, nous nous croisons beaucoup sur nos tournées respectives.

Annie Clark, alias St. Vincent, nous a offert quelques minutes après son concert mené de main de

maître hier, sur la grande scène du fort de Saint-Père.

Tout festivalier qui se respecte se doit de repartir avec au moins trois ou quatre disques des labels indés. Près de dix structures partagent leur passion de la musique avec le « fan ». Ici l’Internet n’est pas roi, Hadopi non plus d’ailleurs. Objets bien réels, galettes noires ou en couleur, fanzines made in huile de coude, occases immanquables, t-shirts en édition limitée… Chacun trouve son compte dans cette histoire. Vicious Circle y côtoie l’un des publics les plus fans du label. « Parfois, des festivaliers viennent nous poser des colles sur nos groupes », confesse Laurent. Des artistes qui jouent l’après-midi même sur la plage et hop, c’est des ventes en plus. Des dédicaces de ses idoles et hip, c’est toute une structure qui y trouve son compte. Farouchement indépendants, ces acti-vistes du disque, du livre, du fanzine « cultivent le rock et l’amour », comme le rappelle Virginie de Discobabel. En trois jours de festival, c’est un véritable speed-dating qui gagnerait à se prolonger tout au long de l’année. Et une formidable source de motivation pour des gens qui finalement n’œuvrent pas tout seul dans le coin.

Labels présents : Platinium, Vicious Circle, Cornflakes Zoo, Bordeaux Rock, Ideal Crash, Dead Bees, Monopsone, Sonic Records, Talitres, Kütu Folk, Les Boutiques Sonores, 2000 records, Range ta chambre, Effervescence, Pan Pan, Another Records, Discobabel.

Label musique

RUNNING GAGOui, c’est presque un running gag. Invités pour suppléer The Horrors, les petits gars de Snowman ont failli ne pas venir eux non plus vendredi soir. Bloqués à Calais, la faute à une courroie de transmis-sion défaillante... Fan de Michael Schumacher, Ayrton Senna et Alain Prost réunis, Yann, un des runners, a dû s’employer pour aller récupérer la joyeuse troupe dans la Manche. Huit cents kilomètres, aller-retour. Le groupe a fini par ar-river sur le site du fort de Saint-Pè-re à 2h29, pour monter sur scène à 2h30.

RUNNeR toUjoURS...Autre runner mis à l’honneur hier, Erwann. Infirmier dans le civil, le jeune homme a eu l’insigne hon-neur de planter une seringue dans les fesses d’Alison Mosshart. La chanteuse de The Kills, malade hier, a tout de même eu le cran de monter sur scène après la pi-quouse.

ZÉRo ZÉRo SePt..Le groupe Four Tet, qui clôturait la soirée d’hier, a participé à la réa-lisation de Quantum of Solace, le dernier James Bond.

#1. Bikini Machine. #2.Pyramide. #3. Vous en voulez ?. #4. Je suis pas là.

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#5. Futur fan de Peaches ? #6.Je suis blonde et alors !? #7. Alison Mosshart s’ennuie, 15h37. #8. Arial.

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Rédacteurs en chef / Sylvain Chantal et Jerome Taudon – Invitée / Laetitia Shériff – Graphisme / Gregg Bréhin – Journalistes / Jean-Paul Kevin, Bester Langs – Photos / DoTheAndyGibbon, Mathieu Jouen – Thanks / Alban, les Templé Brothers et toute l’équipe de La Route du Rock, Manu Vales. – Imprimerie Microlynx – Mail / [email protected] magazine Paplar bénéficie du soutien du Conseil Régional des Pays-de-la-Loire et du Conseil Général de Loire-Atlantique.

Carte blanche à Dominique A