PANORAMA DE PRESSE -...
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PANORAMA DE PRESSE
25/06/2015 12h28
CCE SNCF - Quotidien
Panorama réalisé avec Pressedd
SOMMAIRE
VIE ECONOMIQUE ET SOCIALE(9 articles)
jeudi 25 juin 2015
Grèce : la tension jusqu'au bout (694 mots)
Le Premier ministre grec, Aléxis Tsípras, et le président de la Commissioneuropéenne, Jean-Claude Juncker. Jusqu'au bout,…
Page 7
jeudi 25 juin 2015
L'Allemagne, destination préférée des capitaux qui fuient laGrèce (735 mots)
L'argent continue de sortir de Grèce, rendant prégnante la question de la mise enplace d'un contrôle des capitaux. Selon d…
Page 9
jeudi 25 juin 2015
La scandaleuse politique grecque de l'Europe (2047 mots)
Le résultat des élections en Grèce exprime le choix d'une nation dont une largemajorité se met en position défensive face …
Page 10
jeudi 25 juin 2015
En Grèce, les retraités refusent de finir aux antiquités (1552 mots)
La vie dure parfois longtemps, mais ce n'est pas forcément une bénédiction.A 90 ans, Daniel Koutsokostas en est bien consc…
Page 13
jeudi 25 juin 2015
Chômage : les chiffres s’affolent (468 mots)
POUR MAI DERNIER, une seule chose est sûre : le chômage a continué soninexorable ascension avec un total de 3,55 millions de frança…
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jeudi 25 juin 2015
La Cour des comptes craint une dérive des dépenses (935 mots)
L'institution identifie un risque de dépassement compris entre 1,8 et 4,3 milliardscette année sur le budget de l'É…
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jeudi 25 juin 2015
Austérité : la Cour des comptes en veut plus (546 mots)
En bon père la Rigueur, Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes,a (res) sorti le fouet, hier, lors de la pr…
Page 19
jeudi 25 juin 2015
Loi Macron : les sénateurs se posent en défenseurs desprofessions réglementées (789 mots)
Retour au Sénat. Après le débat avorté en deuxième lecture à l'Assembléenationale – le premier ministre ayant fait usage d…
Page 20
jeudi 25 juin 2015
Code du travail, un pavé dans la mare (1910 mots)
Trop épais, trop complexe, le code du travail ? Depuis plusieurs années déjà, lepatronat dénonce une législation française…
Page 21
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE(2 articles)
jeudi 25 juin 2015
Les régions déçues de la réforme territoriale (674 mots)
C'est la dernière fois qu'ils sont réunis en congrès avant les élections régionalesde décembre, et ils ont bien du mal à …
Page 25
jeudi 25 juin 2015
Ressources des régions : le plan du gouvernement (464 mots)
Les présidents de région espéraient l'intervention du Premier ministre ce jeudi àRouen à l'ouverture de leur congrès. Il ne viendra pas. E…
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POLITIQUE DES TRANSPORTS(2 articles)
jeudi 25 juin 2015
L'Association des sociétés françaises d'autoroutes (ASFA)vante le modèle de la concession (1029 mots)
L'Association des sociétés françaises d'autoroutes (ASFA) vante le modèle de laconcession L'Association des sociétés franç…
Page 28
jeudi 25 juin 2015
Ecotaxe : on achève bien les portiques (2106 mots)
On saura d'ici à quelques mois quelle part des 160 portiques sera finalementdémontée, laissant augurer …
Page 30
TRANSPORT FERROVIAIRE(2 articles)
jeudi 25 juin 2015
Jacques Auxiette claque la porte de SNCF Réseau (94 mots)
Transport : le président de la région des Pays de la Loire, Jacques Auxie… Page 34
jeudi 25 juin 2015
La SNCF s'attaque au chantier de la gare du Nord (830 mots)
La gare du Nord a confié son plan de restructuration à Jean-Michel Wilmotte. Ci-dessus…
Page 35
TRANSPORT URBAIN ET MOBILITÉ(5 articles)
jeudi 25 juin 2015
Le gouvernement sommé d'interdire UberPOP (828 mots)
L'appel à la grève devrait se traduire par de nombreux rassemblements ce matin,notamment à Paris. …
Page 38
jeudi 25 juin 2015
A Marseille, la « guerre » des taxis contre UberPop (758 mots)
marseille De notre correspondante …Page 40
jeudi 25 juin 2015
Uber fait le plein d’apprentis chauffeurs (554 mots)
MÊME PAS PEUR ! Au lendemain de la mise au point du ministre de l’Intérieur,Bernard Cazeneuve, qui a rappelé qu’« UberPop est en si…
Page 42
jeudi 25 juin 2015
La loi peut-elle empêcher le service UberPop ? (463 mots)
« Personne ne conteste la possibilité pour les États de légiférer sur le maraudage,c'est-à-dire sur la possibilité ou non…
Page 43
jeudi 25 juin 2015
Perturbations sur les routes et sur les rails (234 mots)
Journée compliquée dans les transports et principalement sur les routes. Les55 000 taxis français sont appelés aujourd’hui à cesser le travail. …
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TRANSPORT FLUVIAL ET MARITIME(2 articles)
jeudi 25 juin 2015
MyFerryLink : le bras de fer entre Eurotunnel et la ScopSeaFrance devrait se poursuivre (440 mots)
La poursuite de l'épreuve de force entre Eurotunnel et la Scop SeaFrance sur lesort des bateaux de MyFerryLink paraissait …
Page 46
jeudi 25 juin 2015
Ports de Paris engage un lourd programme d'investissements(462 mots)
Malgré une activité qui baisse depuis deux ans, Ports de Paris, l'établissementpublic ges…
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TRANSPORT AÉRIEN(1 article)
jeudi 25 juin 2015
Aéroport de Toulouse : le président de l'actionnaire chinois enfuite (208 mots)
Infrastructures : Mike Poon, le président du consortium chinois Casil Europe(Shandong Hi-Speed Group et fonds FPAM) qui a racheté à l'Eta…
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VIE ECONOMIQUE ETSOCIALE
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Grèce : la tension jusqu'au boutLes nouvelles demandes du FMI ont compliqué l'obtention d'un accord.Les chefs d'Etat et de gou-vernement voulaient rester en retrait.
N° 21966jeudi 25 juin 2015
Page 7694 mots
MONDE—SOMMET EUROPÉEN
Le Premier ministre grec, Aléxis
Tsípras, et le président de la Com-
mission européenne, Jean-Claude
Juncker. Jusqu'au bout, les négo-
ciations entre la Grèce et ses
créanciers auront été électriques.
Jusqu'au bout, les négociations entre
la Grèce et ses créanciers auront été
électriques. Alors que les concessions
faites dimanche soir par Athènes
avaient semblé ouvrir la voie à un ac-
cord, l'horizon s'est à nouveau as-
sombri mercredi. Tout l'après-midi,
Aléxis Tsípras s'est enfermé dans le
siège de la Commission européenne
avec les représentants de l'ex-troïka
(Jean-Claude Juncker pour l'exécutif
européen, Mario Draghi pour la BCE,
Christine Lagarde pour le FMI) ainsi
que Jeroen Dijsselbloem, président
de l'Eurogroupe, pour essayer une
nouvelle fois de rapprocher les points
de vue. Une tentative avortée, si bien
que la réunion qui suivait des mi-
nistres des Finances de la zone euro
- les seuls à même de sceller un ac-
cord - a tourné court dans la soirée.
A peine une heure, le temps pour Je-
roen Dijsselbloem de leur expliquer
les raisons du blocage persistant. Du
coup Aléxis Tsipras et les représen-
tants des créanciers se sont renfer-
més dans la foulée toute la nuit pour
tenter de débloquer la situation. A la
suite de quoi l'Eurogroupe est censé
se réunir à nouveau ce jeudi à 13
heures.
« Ils y passeront le temps qu'ils
veulent, mais il faut qu'ils trouvent
un accord par eux-mêmes », préve-
nait avant l'Eurogroupe une source
européenne. Les chefs d'Etat et de
gouvernement n'avaient en effet au-
cune envie de voir ce dossier resurgir
sur leur table lors du sommet pro-
grammé ces jeudi et vendredi. « La
réunion de lundi a permis de donner
un élan politique, mais elle ne pou-
vait pas tout régler. Il n'y a pas
d'alternative politique à un règle-
ment technique de cette affaire »,
souligne un diplomate européen.
Position intransigeante
Ce règlement technique est d'autant
plus dur à obtenir que les créanciers
ne sont pas forcément sur la même
ligne. Mardi, il apparaissait ainsi que
la Commission européenne était plu-
tôt satisfaite des propositions faites
par la Grèce dimanche soir. Mais le
FMI n'était pas de cet avis, et cette
position intransigeante a semblé
contaminer les exigences de l'ex-
troïka formulées mercredi. « Le FMI
juge que la Grèce a beaucoup trop in-
sisté sur les hausses de taxes, et pas
assez sur les coupes dans les dé-
penses », explique un proche des né-
gociations.
Cela explique que l'ex-troïka ait fi-
nalement exigé d'Aléxis Tsípras qu'il
renonce purement et simplement à
nombre de ses mesures. Parmi elles,
la taxe exceptionnelle de 12 % sur les
entreprises réalisant un bénéfice de
500.000 euros au moins, ou les fortes
hausses de cotisations patronales
pour les pensions. Sur cette question
des retraites, les créanciers sont à
nouveau montés au front, deman-
dant de nouvelles concessions,
comme l'avancement à 2022 du pas-
sage à 67 ans de l'âge de départ à la
retraite et la fin progressive d'ici à
2017 de l'aide aux retraités les plus
pauvres. L'ex-troïka voulait égale-
ment des coupes plus franches dans
le budget de la défense. En revanche,
les points de vue s'étaient rapprochés
sur les problèmes de TVA, le taux ré-
duit sur l'électricité (13 %) ne consti-
tuant plus un casus belli.
Le Premier ministre grec, Aléxis Tsí-pras, et le président de la Commissioneuropéenne, Jean-Claude Juncker. Jus-qu'au bout, les négociations entre la
Grèce et ses créanciers auront été élec-triques. Photo : Photo Sipa
Ces nouvelles demandes formulées à
l'instigation du FMI n'ont rien arran-
gé aux relations déjà antagonistes
entre Aléxis Tsípras et Christine La-
garde. « Cette position étrange cache
deux éventualités : soit elles (ces ins-
titutions) ne veulent pas d'accord,
soit elles servent des intérêts parti-
culiers en Grèce », a lancé le Premier
ministre grec dans la matinée de
mercredi, visant implicitement un
FMI et une Christine Lagarde jugés
intransigeants.
Bureau de Bruxelles ■
↑ 7
par Renaud Honoré
Tous droits réservés Les Echos 2015
7C78D59E517a800F60225E061B01B16F5799E24ED9F3484CA067CCA
Parution : Quotidienne
Diffusion : 125 172 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2014
Audience : 560 000 lect. - © AudiPresse One 2014↑ 8
L'Allemagne, destination préférée des capitaux qui fuient la Grèce
1,5 milliard d'euros ont encore été retirés des banques hellènes lundi
jeudi 25 juin 2015Page 29
735 mots
LE MONDE ECO ET ENTREPRISE
L'argent continue de sortir de Grèce,
rendant prégnante la question de la
mise en place d'un contrôle des ca-
pitaux. Selon des informations du
Monde, 1,5 milliard d'euros ont en-
core été retirés des comptes en
banque grecs, lundi 22 juin, sur fond
d'inquiétudes sur l'avenir de la Grèce
et une sortie de la zone euro. Des ca-
pitaux qui vont massivement se réfu-
gier en Allemagne.
Les retraits de lundi s'ajoutent aux
records établis la semaine précé-
dente, dont, selon des sources
concordantes, 2 milliards d'euros
vendredi 19 juin. Ces chiffres, té-
moins d'un bank run(panique ban-
caire) qui ne dit pas son nom, sont
utilisés par les créanciers de la Grèce
comme un argument de négociation
dans le bras de fer engagé avec
Athènes pour lui arracher un accord
sur un compromis « argent contre ré-
formes ».
Ces retraits n'en sont pas moins
spectaculaires et risquent surtout
d'achever d'affaiblir les banques hel-
lènes, déjà fragilisées par la crise éco-
nomique et accablées de mauvaises
créances. " A ce niveau, ces transferts
d'argent sont dangereux pour le sys-
tème bancaire, confirme une source
proche des autorités de régulation
européennes. Le contrôle des capitaux
devient une option à étudier très sé-
rieusement. " Au total, plus de 80 mil-
liards d'euros auraient quitté la Grèce
depuis janvier 2010.
Pour mesurer cette fuite des capi-
taux, fondée sur la peur d'un retour
à la drachme et d'une dévalorisation
brutale des patrimoines, il faut se ré-
férer au système de paiement dit
« Target 2 », qui joue un rôle central
dans le bon fonctionnement du mar-
ché financier et monétaire de l'euro.
Ce système assure le règlement des
opérations des banques centrales. Il
exécute aussi, en temps réel, les
paiements entre banques commer-
ciales des différents pays, qui dé-
tiennent toutes des comptes ouverts
auprès de leur banque centrale na-
tionale. Ces paiements sont réglés en
monnaie de banques centrales. Les
transferts d'argent des particuliers
d'un pays à l'autre passent donc, eux
aussi, par ce tuyau.
Records
En résumé, dans ce système, tout se
voit, y compris les fuites de capitaux
que peut subir un pays. Ainsi, dans
« Target 2 », Athènes et sa banque
centrale affichent aujourd'hui un
solde débiteur de près de 110 mil-
liards d'euros. Un record, selon les
experts, qui n'avait pas été atteint
lors des précédents épisodes de crise
qu'a connus le pays, en 2010, avant
le premier plan de sauvetage, puis en
2012 lors de la restructuration de la
dette publique détenue par les créan-
ciers privés.
A titre de comparaison, le déficit grec
dans « Target 2 » s'établissait autour
de 40 milliards d'euros à l'automne
2014. En réalité, il n'a cessé de
s'alourdir depuis que l'attention, en
Europe, s'est portée sur les élections
à Athènes et la possible victoire de
Syriza, confirmée en janvier.
Ces retraits d'argent sont le fait de
particuliers de toutes catégories so-
ciales et d'entreprises. Mais les trans-
ferts à l'étranger sont, pour leur part,
évidemment effectués par les Grecs
les plus aisés, les plus modestes
conservant leurs espèces chez eux.
L'observation des soldes (débiteurs et
créditeurs) dans « Target 2 » montre
que l'Allemagne est la première des-
tination choisie par les Grecs pour
mettre leur argent à l'abri, de ma-
nière tout à fait légale. Un choix qui
pourrait s'expliquer à la fois par la
taille du pays et par son attrait.
Viennent ensuite la France, les Pays-
Bas, le Luxembourg, mais aussi, hors
de la zone euro, le Royaume-Uni. Les
transferts d'argent constituent sou-
vent un premier pas avant l'achat de
biens à l'étranger, notamment immo-
biliers. Mais il arrive que ces trans-
ferts soient provisoires. En adoptant
une politique capable de convaincre
les citoyens grecs les plus aisés,
Athènes aura une chance de rapatrier
les capitaux enfuis.
Anne Michel■
Tous droits réservés Le Monde 2015
DC7B95B8507a1101D0A75B16A10481355569914789A54989FF65043
Parution : Quotidienne
Diffusion : 273 111 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2014
Audience : 2 174 000 lect. - © AudiPresse One 2014↑ 9
La scandaleuse politique grecque de l'Europe
Une véritable politique européenne consisterait à effacer une partie de la dette grecque.Car ce pays a le droit de prendre un nouveau départ, tout comme l'Allemagne le fit en1954. Ce n'est pas aux banquiers, mais aux citoyens de prendre les décisions qui
concernent l'Europe
jeudi 25 juin 2015Page 16
2047 mots
EDITORIAL - ANALYSES
Le résultat des élections en Grèce
exprime le choix d'une nation dont
une large majorité se met en position
défensive face à la misère sociale
aussi humiliante qu'accablante pro-
voquée par une politique d'austérité
imposée au pays de l'extérieur. Le
vote proprement dit ne permet au-
cune ergoterie : la population rejette
la poursuite d'une politique dont elle
a subi l'échec brutalement et dans sa
propre chair. Fort de cette légitima-
tion démocratique, le gouvernement
grec tente de provoquer un change-
ment de politique dans l'eurozone.
En agissant ainsi, il se heurte aux re-
présentants de dix-huit autres gou-
vernements, qui justifient leur refus
en se référant froidement à leur
propre mandat démocratique.
On se rappelle ces premières ren-
contres où des novices arrogants por-
tés par l'exaltation de leur triomphe
se livraient à une joute ridicule avec
les gens bien installés, qui réagis-
saient tantôt avec les mimiques pa-
ternalistes du bon tonton, tantôt
avec une sorte de dédain routinier :
chacune des deux parties se targuait
de jouir de l'habilitation accordée par
leur « peuple » respectif, et répétait
cette antienne comme des perro-
quets.
C'est en découvrant à quel point la
réflexion qu'ils menaient à l'époque,
et qui reposait sur le cadre de l'Etat-
nation, était d'un comique involon-
taire, que l'opinion publique euro-
péenne tout entière a compris ce qui
manque vraiment : une perspective
permettant la constitution d'une vo-
lonté politique commune des ci-
toyens, capable de poser au cœur de
l'Europe des jalons politiques qui au-
ront de réelles conséquences. Mais le
voile qui masquait ce déficit institu-
tionnel n'est pas encore réellement
déchiré.
L'élection grecque a introduit des
grains de sable dans le mécanisme
bruxellois : en l'occurrence, ce sont
les citoyens eux-mêmes qui ont dé-
cidé de l'urgente nécessité de propo-
ser une politique européenne alter-
native. Il est vrai qu'ailleurs, les re-
présentants des gouvernements
prennent ce genre de décisions entre
eux, selon des méthodes technocra-
tiques, et évitent d'infliger à leurs
opinions publiques nationales des
sujets qui pourraient les inquiéter.
Si les négociations engagées à
Bruxelles en vue d'un compromis
n'aboutissent pas, c'est sans doute
plutôt parce que les deux parties
n'attribuent justement pas la stérilité
des débats au vice de construction
dans les procédures et les institu-
tions, mais au mauvais comporte-
ment de leur partenaire. Certes, la
question de fond est l'obstination
avec laquelle on s'accroche à une po-
litique d'austérité qui, non seulement
s'attire le plus souvent les critiques
des milieux scientifiques internatio-
naux, mais a eu des conséquences
barbares en Grèce, où elle s'est ache-
vée sur un échec manifeste.
Dans le conflit de base, le fait qu'une
partie souhaite provoquer un chan-
gement de cette politique tandis que
l'autre refuse obstinément de
s'engager dans aucune espèce de né-
gociation politique,révèle toutefois
une asymétrie plus profonde.
Il faut bien comprendre ce que ce re-
fus a de choquant, et même de scan-
daleux. Le compromis n'échoue pas à
cause de quelques milliards de plus
ou de moins, pas même à cause de
telle ou telle clause du cahier des
charges, mais uniquement en raison
d'une revendication : les Grecs de-
mandent que l'on permette à leur
économie et à une population exploi-
tée par des élites corrompues de
prendre un nouveau départ en effa-
çant une partie de leur passif – ou
en prenant une mesure équivalente,
par exemple en prononçant sur cette
dette un moratoire dont la durée dé-
pendrait de la croissance. Au lieu de
cela, les créanciers continuent de ré-
clamer la reconnaissance d'une mon-
tagne de dettes que l'économie
grecque ne permettra jamais
d'apurer.
Notons-le bien, personne ne conteste
qu'un effacement partiel de la dette
soit inévitable à court ou à long
terme. Les créanciers continuent
donc en toute connaissance de cause
à réclamer la reconnaissance for-
↑ 10
melle d'un passif dont le poids est,
dans les faits, impossible à porter. Il
y a peu de temps encore, ils persis-
taient même à défendre la revendica-
tion littéralement fantasmagorique
d'un excédent primaire de plus de 4
%. Celui-ci a certes été abaissé à un
seuil de 1 %, qui demeure irréaliste ;
mais jusqu'ici, il est impossible de
trouver un accord – dont dépend le
destin de l'Union européenne – parce
que les créanciers exigent le main-
tien d'une fiction.
Bien entendu, les « pays créditeurs »
ont des raisons politiques de
s'accrocher à cette fiction qui per-
met, à court terme, d'ajourner une
décision désagréable. Ils redoutent
par exemple un effet de dominos
dans d'autres « pays débiteurs » ; et
Angela Merkel n'est pas sûre de sa
propre majorité au Bundestag. Mais
quand on mène une mauvaise poli-
tique, on est bien forcé de la réviser
d'une manière ou d'une autre lors-
qu'on se rend compte qu'elle est
contre-productive.
D'un autre côté, on ne peut pas non
plus faire porter la faute d'un échec
sur une seule des deux parties. Je ne
peux dire si le procédé tactique du
gouvernement grec repose sur une
stratégie réfléchie ni juger de ce qui,
dans cette attitude, relève des
contraintes politiques, de
l'inexpérience ou de l'incompétence
du personnel en charge des affaires.
Je n'ai pas suffisamment
d'informations sur les pratiques
usuelles ou sur les structures sociales
qui s'opposent aux réformes pos-
sibles.
Ce qui est manifeste, en tout cas,
c'est que les Wittelsbach n'ont pas
construit un Etat qui fonctionne. De
telles circonstances difficiles ne
peuvent toutefois pas expliquer
pourquoi le gouvernement grec com-
plique singulièrement la tâche de
ceux qui tentent, même parmi ses
sympathisants, de discerner une
ligne dans son comportement erra-
tique. On ne voit aucune tentative ra-
tionnelle pour former des coalitions ;
on se demande si les nationalistes de
gauche ne s'accrochent pas, tout de
même, à une représentation quelque
peu ethnocentrique de la solidarité,
s'ils restent uniquement dans la zone
euro pour des motifs relevant de la
simple sagesse – ou si leur perspec-
tive dépasse tout de même le cadre
de l'Etat-nation.
La revendication d'un effacement
partiel des dettes, qui constitue la
base continue de leurs négociations,
ne suffit pas en tout cas pour que
l'autre partie ait au moins confiance
dans le fait que le nouveau gouver-
nement n'est pas comme les précé-
dents – qu'il agira avec plus d'énergie
et de manière plus responsable que
les gouvernements clientélistes qu'il
a remplacés.
Mélange toxique
Alexis Tsipras et son parti Syriza au-
raient pu développer le programme
de réformes d'un gouvernement de
gauche et « ridiculiser » ainsi leurs
partenaires de négociation à
Bruxelles et Berlin. Amartya Sen a
comparé la politique d'austérité im-
posée par le gouvernement allemand
à un médicament contenant un mé-
lange toxique d'antibiotiques et de
mort-aux-rats. Le gouvernement de
gauche aurait parfaitement eu la pos-
sibilité, dans l'esprit où l'entendait le
Prix Nobel d'économie,
d'entreprendre une décomposition
keynésienne de la mixture de Merkel
et de rejeter systématiquement
toutes les exigences néolibérales ;
mais dans le même temps, il aurait
dû rendre crédible son intention de
lancer la modernisation d'un Etat et
d'une économie qui en ont grand be-
soin, de se lancer dans une meilleure
répartition des charges, de combattre
la corruption et la fraude fiscale, etc.
Au lieu de cela, il s'est cantonné dans
un rôle de moralisateur – unblame
game. Compte tenu des circons-
tances, cela a permis au gouverne-
ment allemand d'écarter d'un revers
de main, avec la robustesse de la
Nouvelle Allemagne, la plainte justi-
fiée de la Grèce sur le comportement
plus malin, mais indigne, qu'avait
adopté le gouvernement Kohl au dé-
but des années 1990.
La faible performance du gouverne-
ment grec ne change rien au scan-
dale : les hommes politiques de
Bruxelles et Berlin se refusent à en-
dosser leur rôle d'hommes poli-
tiqueslorsqu'ils rencontrent leurs col-
lègues athéniens. Ils en ont certes
l'allure, mais, lorsqu'ils parlent, ils le
font exclusivement dans leur rôle
économique, celui de créanciers.
Qu'ils se transforment ainsi en zom-
bies a un sens : il s'agit de donner
à la procédure tardive de déclaration
d'insolvabilité d'un Etat l'apparence
d'un processus apolitique, suscep-
tible de faire l'objet d'une procédure
de droit privé devant des tribunaux.
Car cela ayant été fait, il est d'autant
plus facile de nier une coresponsa-
bilité politique. Notre presse s'amuse
du fait que l'on ait renommé la « troï-
ka » – et il s'agit effectivement d'une
sorte de tour de magicien.
Mais ce qu'il exprime, c'est le vœu lé-
gitime de voir le visage des hommes
politiques surgir malgré tout derrière
le masque des financiers. Car ce rôle
est le seul dans lequel ils peuvent
avoir à rendre des comptes pour un
échec qui s'est traduit par quantité
d'existences gâchées, de misère so-
ciale et de désespoir.
Intransigeance
Pour mener ses douteuses opérations
de secours, Angela Merkel a fait
d'emblée monter le Fonds monétaire
international dans le bateau. Cet or-
ganisme est compétent pour les dys-
fonctionnements du système finan-
cier international ; en tant que théra-
peute, il en assure la stabilité et agit
↑ 11
donc dans l'intérêt général des inves-
tisseurs, tout particulièrement des
investisseurs institutionnels. En tant
que membres de la « troïka », les ins-
titutions européennes ont fait cause
commune avec cet acteur-là, si bien
que les politiques, pour autant qu'ils
agissent au titre de cette fonction,
peuvent se replier dans le rôle
d'agents opérant dans le strict res-
pect des règles et auxquels il n'est
pas possible de demander des
comptes.
Cette dissolution de la politique dans
la conformité au marché peut peut-
être expliquer l'insolence avec la-
quelle les représentants du gouver-
nement allemand, qui sont sans ex-
ception des personnes de haute mo-
ralité, nient leur coresponsabilité po-
litique dans les conséquences so-
ciales dévastatrices qu'ils ont pour-
tant acceptées en tant que leaders
d'opinion au sein du Conseil euro-
péen, lorsqu'ils ont imposé le pro-
gramme d'économies néolibéral.
Le scandale dans le scandale, c'est
l'intransigeance avec laquelle le gou-
vernement allemand assume son rôle
de meneur. L'Allemagne doit
l'impulsion qui lui a permis de
connaître l'ascension économique
dont elle se nourrit encore au-
jourd'hui à la générosité des nations
de créanciers qui, lors de l'accord de
Londres, en 1954, ont rayé d'un trait
de plume à peu près la moitié de ses
dettes.
Cela étant dit, l'essentiel n'est pas
l'embarras moral, mais le noyau poli-
tique : les élites politiques en Europe
n'ont plus le droit de se dissimuler
derrière leurs électeurs et d'esquiver
les alternatives devant lesquelles
nous place une communauté moné-
taire politiquement inachevée. Ce
sont les citoyens, pas les banquiers,
qui doivent avoir le dernier mot sur
les questions touchant au destin eu-
ropéen.
L'assoupissement post-démocratique
de l'opinion publique est aussi dû au
fait que la presse a basculé dans un
journalisme d'encadrement, qui
avance main dans la main avec la
classe politique et se soucie du bien-
être de ses clients.
Par Jürgen Habermas ■
Tous droits réservés Le Monde 2015
1773B5FB5F7a2C0930605E96C90D213952F96342B9FA484B6D7846B
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REPORTAGE
En Grèce, les retraités refusent de finir aux antiquités
Mobilisés contre une nouvelle baisse de leurs pensions, les « papous » appellent AléxisTsípras à résister aux exigences des créanciers. Mais l'évolution démographique jouecontre eux.
N° 10605jeudi 25 juin 2015
Pages 16-171552 mots
MONDE
L a vie dure parfois longtemps,
mais ce n'est pas forcément une
bénédiction. A 90 ans, Daniel Kout-
sokostas en est bien conscient. Lui
qui s'est engagé très jeune dans les
rangs de la Résistance à l'occupation
nazie en Grèce,« avec la conviction
que le combat était juste », explique-t-
il aujourd'hui d'une voix tremblante.
La victoire en 1944 fut de courte du-
rée : la sanglante guerre civile qui a
suivi, s'est achevée par la défaite des
communistes, principale force de la
Résistance grecque. «J'ai dû fuir la
Grèce, nous étions traqués. Pendant
vingt-sept ans j'ai vécu en Pologne avec
le statut de réfugié politique. Je n'ai pu
revenir dans mon pays qu'en 1976», ra-
conte le vieil homme au dos voûté,
qui a dû travailler jusqu'à 72 ans,
« cotisant à la sueur de [son] front pour
une retraite décente ».
Sans savoir que de nouveaux sacri-
fices s'imposeraient.« Avec l'austérité,
ma retraite a été diminuée de 25% et je
ne gagne plus que 600 euros par mois.
Qui peut vivre avec si peu ? Dans les
anciens pays de l'Est peut-être, pas en
Grèce où la vie est chère. Autour de
moi, je ne vois que des gens qui
s'épuisent à survivre, des entreprises
qui ferment leurs portes », énumère le
nonagénaire, en soufflant bruyam-
ment.
La peur d'une « nouvelle capitula-
tion »
Appuyé sur une canne, il s'efforce ce
jour-là de marcher sans faillir au mi-
lieu d'un impressionnant cortège de
crinières blanches. Mardi, les « pa-
pous », les grands-pères, étaient dans
la rue à Athènes. Pour manifester
contre l'accord en gestation entre la
Grèce et ses créanciers qui leur faisait
craindre une « nouvelle capitulation ».
Il y avait de la défiance dans les re-
gards, des accents belliqueux, même
si le cortège progressait lentement,
s'arrêtant plusieurs fois pour per-
mettre aux moins vaillants de pour-
suivre cette marche à travers le
centre d'Athènes. Une foule de
vieux : c'est aussi l'un des visages de
la Grèce qui compte 2,6 millions de
retraités sur 11 millions d'habitants.
Le paiement de leurs pensions pèse
pour plus de 16% dans le PIB du pays,
un record en Europe. Aujourd'hui,
tout le monde en Grèce s'accorde à
reconnaître qu'il y a eu des abus :
les 130 caisses de retraites ont déjà
été ramenées à 30 et le nouveau gou-
vernement s'est finalement engagé à
mettre un terme aux retraites antici-
pées. Sauf que les créanciers du pays,
Bruxelles et le Fonds monétaire in-
ternational, exigent plus. Renonçant
un jour à imposer la fin des retraites
anticipées dès juillet pour accepter
une solution progressive à partir de
janvier 2016, avant de revenir à la
charge pour réclamer à nouveau une
baisse des retraites.
Les vieux sont bien au cœur des dif-
ficiles négociations entre la Grèce et
ses créanciers. Mais un gouverne-
ment anti-austérité, le premier élu
en Europe, peut-il imposer de nou-
veaux sacrifices à une catégorie so-
ciale au poids électoral considérable,
et qui après avoir déjà beaucoup don-
né (les retraites ont été diminuées
jusqu'à 44 % dans certains cas depuis
cinq ans), joue un rôle de filet protec-
teur dans un pays où 60 % des jeunes
sont au chômage ? Pour Syriza, arrivé
au pouvoir en janvier, bardé de slo-
gans d'espérance, la manifestation
des cheveux blancs a dû être vécue
comme un crève-cœur : lassée des
« fausses promesses qui ne sont que des
paroles », comme l'affirme une vieille
dame aux vêtements usés, la foule ne
cachait pas sa méfiance face à une
coalition de gauche soupçonnée de
finir, elle aussi, « par trahir le petit
peuple », scande un syndicaliste.
«Nous ne voulons pas simplement que
le gouvernement résiste aux pressions
des créanciers. Nous voulons qu'il ef-
face les mesures d'austérité des précé-
dents gouvernements. Ils nous ont sai-
gnés pour rien ! Le pays est de plus en
plus endetté et la pauvreté ne cesse de
croître», soulignait mardi Yiorgos
Anagnostopoulos, petit bonhomme
au visage ridé. Un peu plus loin, le se-
crétaire général du KKE, le Parti com-
muniste grec, Dimitris Koutsoumbas,
savourait le retour en grâce de sa for-
mation d'obédience stalinienne,
pourtant laminée lors des derniers
scrutins, en accordant des interviews
aux télés étrangères pour appeler à
« une confrontation finale avec
Bruxelles et le grand capital ».
↑ 13
« Je ne sais pas comment font les
gens qui ne prennent pas de cal-
mants »
Dans les rangs de Syriza aussi, la
grogne monte, même si personne
n'ose contester le leadership d'Aléxis
Tsípras. Reste que le gouvernement,
dirigé par le plus jeune Premier mi-
nistre que la Grèce ait connu depuis
plus d'un siècle, a déjà avalé bien des
couleuvres, renonçant notamment
au retour du Smic à 710 euros, ou au
rétablissement du 13e mois de re-
traite, dans l'interminable bras de fer
avec ses créanciers auquel a été sus-
pendu le destin du pays depuis jan-
vier. « On vit dans une incertitude to-
tale. Je ne sais pas comment font les
gens qui ne prennent pas de cal-
mants », soupire un cinéaste, lui aussi
à la retraite, attablé à la terrasse d'un
café de la rue Skoufa, au centre
d'Athènes. Il rappelle d'un ton an-
xieux que Wolfgang Schäuble,
l'intransigeant ministre allemand des
Finances, aurait prédit un contrôle
des capitaux et la fermeture des
banques grecques cette semaine.
La rumeur fait sourire Kostas Vergo-
poulos, économiste grec réputé, atta-
blé un peu plus loin. « Si on suit les
médias, il y a effectivement de quoi
s'affoler. Or non seulement il n'y a eu
jusqu'à présent ni panique bancaire ni
contrôle des capitaux, mais les retraits
bancaires sont proportionnellement
moins importants qu'en 2012. Et la se-
maine dernière le gouvernement a
même récolté 1,3 milliard d'euros grâce
à un emprunt d'Etat avec un taux
d'intérêt de 2,7 % », rappelle-t-il, aga-
cé par les discours alarmistes sur les
prévisions de croissance de
l'économie grecque. «Même à 0,2 %,
ces prévisions ne sont pas si mauvaises.
Elles sont proches de celles pour la
France qui ne subit pourtant pas la
même asphyxie financière, et même
meilleures que celle de l'Espagne, mar-
tèle l'économiste, qui défend les pro-
positions du gouvernement grec. Ils
ont réussi à présenter un programme
de réformes qui taxe davantage les
riches, alors que les précédents gouver-
nements frappaient les plus pauvres.»
Les négociateurs grecs ont notam-
ment proposé un impôt de solidarité
qui s'appliquera plus lourdement aux
hauts revenus, ainsi qu'un impôt sur
les entreprises qui font plus de 500
000 euros de bénéfices. « Et c'est
Aléxis Tsípras, non ses interlocuteurs,
qui a suggéré de diminuer de 200 mil-
lions le budget militaire », souligne
encore Kostas Vergopoulos.
Mais les retraités ne voient, eux, que
le verre à moitié vide : leurs pensions
sont peut-être provisoirement sau-
vées, mais leur revenu réel va baisser
avec l'augmentation des impôts et
notamment une cotisation inédite
pour le système de santé. «C'est un
impôt qui doit permettre de restructu-
rer un système de santé exsangue et
qui, cette fois-ci, ne sera pas avalé par
le remboursement des intérêts de la
dette», plaidait mercredi depuis
Bruxelles Euclide Tsakalotos, le né-
gociateur grec.
Le pire est à venir
« Pour financer les retraites, le gouver-
nement propose 1,8 milliard de taxes
supplémentaires. Mais si on veut vrai-
ment les sauver, il faut relancer
l'économie, avoir plus d'actifs qui co-
tisent, alors que la récession a été ac-
centuée par les licenciements et les
coupes dans les salaires et les pen-
sions », explique de son côté un haut
fonctionnaire du ministère de la Sé-
curité sociale qui travaille« nuit et
jour » à la restructuration du système
de retraites.
Derrière son bureau, envahi de gra-
phiques et de statistiques, il ne cache
pourtant pas que le pire est à venir :
« A l'horizon 2022, la génération du
baby-boom, celle des années 60 arrive-
ra à l'âge de la retraite. Comment alors
pourra-t-on assumer la hausse brutale
des cotisations ? Ce n'est pas qu'un
problème grec, il s'imposera aussi à
d'autres pays européens et notamment
à l'Allemagne, qui a elle aussi une po-
pulation vieillissante », souligne-t-il.
Reste, pour la Grèce, le fardeau de la
dette. Les remboursements sont pré-
vus jusqu'en 2052. Un horizon bien
lointain et inaccessible pour les « pa-
pous » prêts à entrer en résistance. ■
par Maria Malagardis
Tous droits réservés Libération 2015
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Chômage : les chiffres s’affolent
Emploi. Sacré pataquès, hier. Les pouvoirs publics étaient incapables de donnerle nombre exact de chômeurs supplémentaires en mai. Une chose est sûre : lahausse continue.
jeudi 25 juin 2015Édition(s) : Edition Principale
Page 9468 mots
ECONOMIE—ECONOMIE
P OUR MAI DERNIER, une seule
chose est sûre : le chômage a
continué son inexorable ascension
avec un total de 3,55 millions de
français concernés. Un record, encore
un. Pôle emploi a, une fois de plus,
enregistré une nouvelle hausse du
nombre de demandeurs d’emploi
sans activité (la fameuse catégorieA,
l’indicateur qui est pris en compte
pour mesurer le chômage). Mais de
combien, 7 000, 10 000 ou 16 200 ?
C’est là toute la question.
Voici le pire cauchemar des statisti-
ciens du ministère du Travail : une
anomalie qui rend les sacro-saints
chiffres mensuels du chômage non
interprétables… Le scénario vient
précisément de se jouer dans une des
tours nichées près du quai André-Ci-
troën, à Paris (XV e), où se
concoctent, à l’abri des regards, ces
données statistiques hautement sur-
veillées.
L’histoire d’un couac
« Imaginez ce qui peut se passer
quand on appelle les services du mi-
nistre du Travail, 48 heures avant la
publication officielle pour expliquer
cela… » confie une source proche du
dossier. Selon les calculs des ordina-
teurs des agents de la Dares
(l’administration chargée de fournir
chaque mois les données statistiques
officielles du ministère), le nombre
de demandeurs d’emploi inscrits en
catégorie A aurait crû de 16 200. Des
chiffres plus mauvais qu’attendu
« en raison d’une procédure inhabi-
tuelle qui rend la donnée statistique
non comparable aux mois précédents
et donc non interprétable », a estimé
dans un français peu compréhensible
du grand public François Rebsamen,
le ministre du Travail, dans un com-
muniqué.
Les esprits chagrins y verront une
raison de plus pour contester la véri-
té toute relative de ces chiffres obser-
vés pourtant comme le lait sur le feu
par le gouvernement et les médias.
L’explication de ce véritable casse-
tête pour non-initié risque pourtant
de décevoir les complotistes. Car
c’est l’histoire d’un couac du genre
du bug SFR d’août 2013, qui avait eu
alors l’effet inverse (une baisse in-
expliquée du nombre de chômeurs).
Les statisticiens en chef ont été aler-
tés en début de mois. Ils ont noté des
tendances inhabituelles dans la pé-
riode d’actualisation du mois de
mai 2015 — située entre le 2 e et le
12 e jour ouvré du mois — pendant
laquelle les chômeurs sont censés
pointer. Selon un document interne
à la Dares, « un niveau inhabituelle-
ment faible d’actualisations » a été
observé à l’issue de la traditionnelle
relance faite une fois auprès des de-
mandeurs d’emploi par SMS ou sur
messagerie vocale, pour qu’ils
n’oublient pas. Du coup, deux re-
lances supplémentaires ont été
faites, entraînant un certain nombre
de retardataires à se déclarer. Sans
cet événement exceptionnel, la
hausse de mai aurait été deux fois
moindre, jure la Dares : entre
7 000 et 10 000 pour la catégorie A
(sans aucune activité). D’ailleurs,
seuls 160 000 chômeurs ont été ra-
diés pour défaut d’actualisation en
mai, contre 200 000 en moyenne les
mois précédents… CQFD. ■
par Catherine Gasté
Tous droits réservés Le Parisien 2015
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La Cour des comptes craint une dérive des dépensesL'institution identifie un risque de dépassement compris entre 1,8 et 4,3 milliards cette année sur lebudget de l'État, notamment sur la défense.
N° 22045jeudi 25 juin 2015
Pages 18-19935 mots
L'ÉVÉNEMENT
FINANCES PUBLIQUES Année après
année, rapport après rapport, la Cour
des comptes enfonce le même clou.
En insistant, avec raison jusqu'ici, sur
les risques de dérapage du déficit pu-
blic. Didier Migaud, le premier pré-
sident de l'institution, n'a pas dévié
de sa ligne, mercredi, en présentant
son rapport sur la situation et les
perspectives de finances publiques.
Ses coups de semonce commencent
d'ailleurs sérieusement à irriter le
gouvernement.
Sans surprise, la Cour est loin d'être
impressionnée par le bilan de 2014.
Interrompant la tendance observée
depuis 2010, le déficit de l'ensemble
des administrations publiques - État,
Sécurité sociale et collectivités lo-
cales - s'est à peine réduit, passant de
4,1 % du PIB à 4 %, alors que la loi de
finances initiale prévoyait 3,6 %. Un
niveau bien plus élevé que celui de la
moyenne de l'Union européenne (2,9
%).
Certes, les dépenses ont progressé de
façon plus modérée que par le passé.
Ce qui laisse de marbre la Cour, car
le résultat traduit, selon elle, l'impact
de deux éléments exceptionnels.
D'une part, la baisse plus marquée
que d'habitude au cours d'une année
d'élection municipale de
l'investissement public local. Et
d'autre part, la réduction de la charge
des intérêts de la dette, en raison de
la faiblesse des taux d'intérêt.
Autre critique, l'effort est à relativi-
ser lorsqu'on regarde ce qui est réa-
lisé chez nos voisins. Les dépenses
ont ainsi « continué d'augmenter » en
volume (hors inflation) depuis 2010,
observent les sages. Alors que, sur la
même période, elles ont baissé en Al-
lemagne, en Espagne, en Italie ou au
Royaume-Uni.
Échaudée, la Cour tire du coup la
sonnette d'alarme pour cette année.
Bien que l'objectif de réduction du
déficit public (3,8 % du PIB) soit «
modeste » dans ce contexte de début
de reprise économique, sa réalisation
n'est pas pour autant « acquise ». Côté
recettes, les risques paraissent « li-
mités », même si la cession des fré-
quences hertziennes de l'armée pour
2,1 milliards pourrait ne pas avoir
lieu cette année, mais en 2016. Plus
préoccupants, « les objectifs
d'évolution des dépenses publiques se-
ront difficiles à atteindre, en particulier
s'agissant de l'État et des collectivités
locales ».
Concernant l'État, les tensions sont
« plus fortes » qu'en 2014, selon la
Cour, qui évalue le risque de déra-
page des dépenses entre 1,8 et 4,3
milliards cette année. Il porte princi-
palement sur la défense - le dépas-
sement des opérations militaires à
l'étranger devrait à nouveau être si-
gnificatif - , mais aussi sur les mis-
sions « travail et emploi » (nouveaux
contrats aidés, emplois d'avenir…) ou
« solidarité et insertion » (allocation
aux adultes handicapés, RSA-activi-
té…).
De même, avertit Didier Migaud, le
net ralentissement de la progression
des dépenses locales prévu pour 2015
n'est « pas assuré ». Il faudrait pour
cela que la baisse des dotations de
l'État aux collectivités territoriales se
traduise par une moindre hausse des
dépenses de fonctionnement et par
un nouveau recul important de
l'investissement. À en croire les élus
locaux, qui s'en désolent, la
deuxième condition semble toutefois
plausible… À l'arrivée, le respect des
3,8 % est « possible » mais supposera
un pilotage particulièrement « strict
», martèle Didier Migaud. Même en
cas de réussite, cet ajustement serait
insuffisant pour contenir la dette, qui
continuerait à aug-menter, passant
de 95,6 % du PIB l'an passé à 97 %.
Pour la suite, la tenue des engage-
ments de déficit en 2016 (3,3 %) et
2017 (2,7 %) paraît encore plus diffi-
cile à la Cour, puisqu'elle repose sur
un « objectif nettement plus ambitieux
» de stabilisation en volume des dé-
penses publiques (hors charge de la
dette).
Sans compter l'épée de Damoclès
d'une possible augmentation des
taux d'intérêt. Selon l'Agence France
Trésor, pour le seul périmètre de
l'État, un point de hausse de tous les
taux d'intérêt entraînerait 2,4 mil-
liards de charge d'intérêts supplé-
mentaires cette année, 5,3 milliards
en 2016 et 7,4 milliards en 2017. Des
montants loin d'être anecdotiques…
↑ 16
Didier Migaud, premier président de laCour des comptes. Photo : MARMARA/
LE FIGARO
Cette nouvelle charge de la Cour n'a
pas plu au gouvernement. La situa-
tion des finances publiques est « plus
flatteuse » que ce qui transparaît dans
le rapport, réagit l'entourage de Mi-
chel Sapin, le ministre des Finances.
En se focalisant sur le recul de
l'investissement local et la charge de
la dette l'an dernier, « l'analyse de la
Cour propose une analyse incomplète
qui minore les résultats obtenus en ma-
tière de maîtrise de la dépense publique
», écrit-il dans sa réponse à
l'institution. « Ce gouvernement n'a
pas à rougir de sa gestion des finances
↑ 17
ENCADRÉS DE L'ARTICLE
publiques », poursuit un conseiller,
qui rappelle que la hausse des dé-
penses publiques de l'an dernier (+
0,9 %) est la plus faible jamais enre-
gistrée hors crédit d'impôt. ■
par Cy-
rille Pluyette £@CyrillePluyette
La prévision de déficit sera plus difficile à atteindre si l'inflation est plus faible ou les taux plus élevés que prévu
DIDIER MIGAUD“
Tous droits réservés 2015 Le Figaro
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Parution : Quotidienne
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Audience : 1 539 000 lect. - © AudiPresse One 2014↑ 18
RIGUEUR
Austérité : la Cour des comptes en veut plusDans son rapport sur les finances publiques, la Cour alerte sur un dérapage en 2015 et appellel'état et les collectivités à réaliser les 21 milliards de coupes dans les dépenses promis à Bruxelles.
jeudi 25 juin 2015Page 11
546 mots
SOCIAL-ECO
E n bon père la Rigueur, Didier
Migaud, premier président de la
Cour des comptes, a (res) sorti le
fouet, hier, lors de la présentation du
rapport sur la situation et les pers-
pectives des finances publiques. De-
vant les députés, puis devant la
presse, le représentant des sages a
alerté sur les « risques réels » de dé-
rapage des dépenses publiques en
2015 qui, selon la Cour, serait com-
pris entre 1,8 et 4,3 milliards d'euros.
Sont mises en cause « principalement
les missions travail et emploi, solida-
rité et insertion, et défense ». Et la
Cour de demander « une intensifica-
tion des réformes structurelles et des
efforts d'économies » en cours
d'année, afin de parvenir aux 21 mil-
liards de coupes drastiques dans les
dépenses promis à Bruxelles. Pas une
seule fois dans son rapport, la Cour
des comptes ne fait le lien entre les
politiques d'austérité qu'elle pro-
meut et les dépenses sociales supplé-
mentaires qui en découlent, comme
l'augmentation du nombre de bénéfi-
ciaires du RSA-activités, des alloca-
tions insertion, des contrats aidés
Elle relève que la faible inflation a
réduit l'impact de mesures
d'économies, comme celle consistant
à sous-indexer les retraites sur la
hausse des prix. L'institution pointe
deux autres « risques » de dérapage :
la non-livraison des navires Mistral à
la Fédération de Russie qui va entraî-
ner un remboursement conséquent
ou encore le report à 2016 de la vente
pour 2,1 milliards d'euros des fré-
quences hertziennes. Après l'état, la
Cour s'en prend aux collectivités :
« La nette modération des dépenses
locales prévue, qui repose sur un ra-
lentissement des dépenses de fonc-
tionnement et une nouvelle baisse
marquée des dépenses
d'investissement, n'est pas assurée »,
souligne-t-elle. L'institution estime
que les 8 milliards de crédits gelés
par le gouvernement pour 2015 afin
de faire face aux dépenses imprévues
ne serviront qu'en partie à compen-
ser cet éventuel dérapage. En avril,
le ministre des Finances, Michel Sa-
pin, a annoncé, avec le programme
de stabilité, des mesures supplémen-
taires à hauteur de 4 milliards
d'euros, dont 3,4 milliards d'euros
d'économies sur les dépenses : un
milliard d'euros ponctionné dans le
domaine de la santé et de la protec-
tion sociale, 1,2 milliard d'euros via
une plus faible charge d'intérêts sur
la dette publique, et 700 millions
d'euros de coupes dans les dépenses
ministérielles, parmi lesquelles 59,8
millions sur les infrastructures de
transports écologiques et durables ou
encore 26 millions sur la solidarité
internationale et l'aide au développe-
ment. Si la Cour des comptes incite
les collectivités et l'état à limiter
leurs dépenses d'investissement en
2016 et 2017, elle reconnaît tout de
même qu'« une hausse de
l'investissement public a générale-
ment des effets favorables à court
terme sur l'activité économique et
supérieurs à ceux d'une augmenta-
tion des autres dépenses publiques
ou d'une réduction des prélèvements
obligatoires ».■
par Clotilde Mathieu
Tous droits réservés L'Humanité 2015
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Loi Macron : les sénateurs se posent en défenseurs des professionsréglementées
Le projet de loi du ministre de l'économie sera à nouveau examiné au Sénat à partir du 30 juin
jeudi 25 juin 2015Page 11
789 mots
FRANCE
Retour au Sénat. Après le débat
avorté en deuxième lecture à
l'Assemblée nationale – le premier
ministre ayant fait usage de l'article
49-3 de la Constitution avant même
l'ouverture de la discussion en séance
–, le projet de loi sur la croissance et
l'activité repasse entre les mains des
sénateurs. Mais le texte qui leur re-
vient, même s'il intègre une partie de
leurs amendements adoptés en pre-
mière lecture, a largement été re-
composé à la main de la commission
spéciale de l'Assemblée et du gouver-
nement.
De quoi braquer la majorité sénato-
riale de droite qui, à l'issue des 210
heures de débat en commission et en
séance en première lecture au Sénat,
nourrissait l'espoir qu'un sort plus fa-
vorable serait réservé à ses proposi-
tions. C'était du moins ce pour quoi
militaient le président du Sénat, Gé-
rard Larcher, le président du groupe
UMP – devenu depuis Les Républi-
cains (LR) –, Bruno Retailleau, et le
président de la commission spéciale,
Vincent Capo-Canellas (UDI), contre
l'avis d'une partie de leurs troupes,
tentée par une opposition plus fron-
tale.
Les groupes LR et UDI devaient donc
se positionner sur l'attitude qu'ils
adopteraient en deuxième lecture
avant la reprise des travaux de la
commission, mardi 23 juin. Certains,
à droite, étaient en effet partisans de
couper court au « dialogue » en adop-
tant d'entrée une motion de rejet. Ils
n'ont pas été suivis. " Il ne s'agit pas
de s'appliquer le 49-3 à nous-mêmes,
explique M. Retailleau. On a obtenu
un certain nombre d'avancées mais
qu'on juge totalement insuffisantes. Le
Sénat va reprendre ce que l'Assemblée
n'a pas pu faire. "
Marges de manœuvre étroites
Munis de ce mandat visant à mener le
débat à son terme – la discussion en
séance commencera le 30 juin, elle
est prévue pour durer cinq jours –,
les membres de la commission ont
auditionné, mardi, le ministre de
l'économie, Emmanuel Macron. Le
ministre a centré son propos sur les
nouveautés et les modifications ap-
portées en deuxième lecture à
l'Assemblée, détaillant les points
d'accord, d'accord partiel ou de
désaccords avec le Sénat. « Profitons
de ce nouvel examen pour parfaire ce
projet de loi. Un texte législatif n'est
jamais vitrifié, jamais figé », a-t-il
conclu, assurant vouloir « préserver
l'esprit de dialogue et de respect qui a
présidé lors de nos débats précédents ».
Dans les faits, les marges de
manœuvre sont cependant étroites.
Il est clair que, sur les mesures
concernant le droit du travail, il n'est
pas question pour le gouvernement
de bouger le « point d'équilibre » ar-
rêté avec sa majorité à l'Assemblée.
« Pour nous, l'équilibre a été trouvé, il
n'y aura pas de remise en cause », ex-
plique le cabinet de M. Macron. Sur
le volet des professions réglemen-
tées, en revanche, il se dit prêt à dis-
cuter « sur la base d'amendements qui
sécuriseraient le dispositif mais pas
pour réduire l'ambition ».
« Macron a rendez-vous avec le Sénat
sur les professions réglementées. Il de-
vrait saisir cette occasion pour avancer
sur les notaires car il est encalminé sur
cette question. Un dialogue a été enta-
mé, il faut vraiment bouger », défend
M. Capo-Canellas. " Sur les notaires,
nous nous battrons jusqu'au bout, ren-
chérit M. Retailleau. Les professions
réglementées ont été les boucs émis-
saires, un marqueur de gauche pour
faire avaler aux électeurs de gauche des
mesures libérales. "
Après l'audition du ministre, la com-
mission a adopté conformes une cen-
taine d'articles restant en discussion.
Un peu plus de 180 amendements
ont été adoptés, principalement sur
les professions juridiques. Ainsi les
sénateurs souhaitent que l'Autorité
de la concurrence délivre un avis
simple, non contraignant, sur
l'élaboration de la carte de libre ins-
tallation des notaires, des huissiers
et des commissaires-priseurs. Ils
veulent également poser quelques li-
mites à la possibilité pour les avocats
de plaider au-delà du barreau dont
ils ressortent. « Nous avons essayé de
rédiger des amendements qui puissent
ensuite être retenus par l'Assemblée »,
assure M. Capo-Canellas, déterminé
à faire du deuxième passage au Sé-
nat« une lecture utile quoi qu'il ar-
rive ».
P. Rr■
Tous droits réservés Le Monde 2015
C87E95755DEa420CF01A51362002B13A5199894F390441B0AEAB198
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DÉBAT
Code du travail, un pavé dans la mare
Robert Badinter et Antoine Lyon-Caen invitent, dans l'essai « le Travail et la Loi »,à refonder le droit social. « Libération » a confronté un des auteurs à un syndicaliste et uneavocate.
N° 10605jeudi 25 juin 2015
Pages 20-211910 mots
FRANCE
T rop épais, trop complexe, le
code du travail ? Depuis plu-
sieurs années déjà, le patronat dé-
nonce une législation française obèse
et absconse. Alors que le gouverne-
ment a mis en place une commission
chargée de réfléchir à la hiérarchie
des normes entre la loi et la négocia-
tion collective, deux éminents ju-
ristes, un ancien ministre de la Jus-
tice, Robert Badinter, et un profes-
seur émérite à l'université Paris-X-
Nanterre, Antoine Lyon-Caen, pro-
posent dansle Travail et la Loi (1) une
refonte totale de notre droit social.
Au lendemain de la publication des
derniers chiffres du chômage (lire
aussi page 13), Libération a organisé
un débat entre l'un des auteurs, An-
toine Lyon-Caen, Alexandra Sou-
meire, l'avocate des ex-salariés de
Continental, et le coresponsable de
l'union syndicale Solidaires Eric Bey-
nel.
Pouvez-vous nous présenter rapide-
ment votre ouvrage ?
Antoine Lyon-Caen : C'est un petit
opuscule que Robert Badinter et moi-
même avons commencé à élaborer en
septembre, sur la base d'un double
constat. D'abord, la très grande diffi-
culté pour ceux qui sont destinataires
du code du travail de l'appréhender.
Non pas de manière littérale - il n'est
pas mal écrit -, mais de comprendre
comment le mobiliser. A la fois pour
les salariés, afin qu'ils puissent
s'approprier la loi qui les concerne,
mais aussi pour les petits entrepre-
neurs, à qui l'on fait croire, à tort ou
à raison, que ce code serait pour eux
source de tracas et de complexité.
Second point : nos gouvernants, de-
puis trente ans, sont convaincus que
le droit du travail est responsable du
chômage et que, pour changer les
choses, il faut changer la loi, en sur-
chargeant les textes de missions éco-
nomiques et sociales. Et bien sûr, à
chaque fois, c'est un échec. Face à ce
double diagnostic, nous avons donc
pensé qu'il fallait redonner un sens à
notre droit du travail, en énonçant,
à droit constant, cinquante grands
principes. Principes qu'il faudra en-
suite décliner de façon législative, via
le Parlement, ou conventionnelle,
c'est-à-dire par la négociation entre
partenaires sociaux. Si l'on est
d'accord sur les principes, leur décli-
naison est moins compliquée.
D'autant qu'ils laissent une vraie
place au juge pour les interpréter. A
noter, enfin, que nous n'avons pas
couvert l'ensemble du droit du tra-
vail. Nous avons laissé de côté ce que
l'on appelle les relations profession-
nelles [droit de grève, liberté syndi-
cale…, ndlr], pour lesquelles il existe
des principes constitutionnels, mais
aussi la formation professionnelle -
maquis très compliqué - ou encore
les juridictions du travail.
Il y a effectivement de gros trous,
comme par exemple sur le Smic…
A.L.-C. : Il y a bien mieux ! Nous
avons inscrit que « chaque salarié a
droit à un salaire qui lui assure une vie
libre et digne ». C'est beaucoup plus
important que le salaire minimum,
qui est une notion technique. Et la
déclinaison légale de ce principe
merveilleux, c'est justement le Smic.
Alexandra Soumeire : Vous dites
que cet ouvrage serait un moyen de
lutter contre l'« inintelligibilité » du
code du travail, ce qui suppose un
travail de simplification. Mais simpli-
fication suppose, comme vous l'avez
dit, que cela soit fait à « droit
constant ». Or, ce qui est proposé,
c'est une réduction drastique du code
du travail, au profit, notamment, de
la convention collective, de branche
ou de terrain, ou très épisodique-
ment, de la loi. Autrement dit, alors
que le code du travail garantit des
droits, vous le remplacez par des
principes, en renvoyant ensuite à une
négociation collective de branche,
très hypothétique par nature. On l'a
vu avec le « pacte de responsabilité »,
qui a accordé une baisse de cotisa-
tions sociales aux entreprises, mais
sans contrepartie, ensuite dans les
négociations de branches, en termes
d'emploi… Cette substitution est in-
égalitaire, puisque la convention col-
lective de branche suppose des dif-
férences suivant les métiers. Même
inquiétude pour l'employeur. Car le
code du travail, par nature, fixe des
règles moins susceptibles
d'interprétation. Or plus vous le ré-
duisez, plus vous augmentez le rôle
du juge, ce qui est source
d'incertitude pour l'entrepreneur qui
↑ 21
ne connaîtra pas, à l'avance,
l'interprétation qui en sera faite. Je
ne crois pas que la simplification sé-
curise l'entrepreneur, qui sera sou-
mis au pouvoir du juge et à la négo-
ciation.
Eric Beynel : Ce qui m'étonne, moi,
c'est d'abord le contexte. Vous avez
commencé à rédiger ce livre au mois
de septembre, et il arrive pile au mo-
ment de la discussion de deux projets
de loi importants que sont les textes
Macron et Rebsamen. Vous sortez
aussi ce livre alors que vous faites
partie de la commission « Com-
brexelle » mise en place par Rebsa-
men, qui a pour mission de réfléchir
« à la place donnée à l'accord collectif
par rapport à la loi dans le droit du tra-
vail en France ». Bref, même si vous
dites qu'il n'y a pas eu de commande
de la part de l'exécutif, mon expé-
rience de syndicaliste m'incline à
croire que des livres ou des rapports
de ce type n'arrivent pas par hasard.
Qui plus est dans un contexte de ré-
duction globale des droits des tra-
vailleurs.
A.L.-C. : Ce n'est pas notre objectif.
E.B. : Vous avez aussi indiqué, en le
regrettant, que le code du travail
était souvent présenté comme un
frein à l'emploi. Or l'ouvrage débute
en parlant d'une grave maladie so-
ciale qui serait le chômage. Ce qui,
au passage, est une réalité. Puis se
concentre sur les petits entrepre-
neurs, présentés comme incapables
de comprendre la complexité du
droit. Autrement dit, en le simpli-
fiant, on pourrait résorber le chô-
mage. Mais est-ce que pour suppri-
mer les accidents on simplifierait le
code de la route ?
A.L.-C. : Si l'on s'interdit d'écrire
parce qu'on risque d'apparaître - à
tort - comme les porte-parole d'untel
ou untel, alors on n'écrit jamais. Pour
nous, c'était un devoir citoyen. Ni
Robert Badinter ni moi-même ne
sommes à la recherche de quoi que ce
soit. C'est vraiment un livre de per-
sonnes libres, et je ne pense pas que
les ministres ou Jean-Denis Com-
brexelle [ancien directeur général du
travail, ndlr] aient eu connaissance
de la teneur du livre avant sa paru-
tion. Ou alors, cela voudrait dire qu'il
y a eu des fuites… Je ne voudrais pas
que, par vos réactions, vous empê-
chiez un débat qui est nécessaire, qui
permette au droit du travail de re-
trouver sa dignité.
A.S. : On peut toujours faire œuvre
de simplification, sur les seuils so-
ciaux, par exemple, ou sur
l'organisation du code qui renvoie,
sur un même sujet, tantôt à la loi,
tantôt aux décrets, donc pas au
même endroit. Mais je reste dubita-
tive sur la réduction du nombre
d'articles. Si vous passez de 3
000 pages à 50 articles, il y a comme
présupposé une baisse des garanties.
A.L.-C. : C'est exactement ce contre
quoi ce livre s'élève ! Contre l'idée
que plus vous avez de pages, plus
vous êtes protégé ! Vous pensez que
l'on perd quelque chose quand on
maigrit… Moi je pense que l'on peut
gagner du muscle.
Il y a aussi des gros changements,
comme la fin de la durée légale…
A.S. : En effet, sous prétexte de sim-
plification, vous remettez en cause
les 35 heures, puisque vous parlez
désormais de durée « normale » du
travail - et non plus « légale » - dé-
finie par chaque branche profession-
nelle. Cela veut dire qu'une conven-
tion collective pourrait instaurer les
39 heures et une autre les 37 heures.
A.L.-C. : Depuis la loi de 2008, on
peut déjà fixer, par accord collectif,
une durée « normale », qui ne soit pas
35 heures. On ne fait que reprendre
le droit existant.
A.S. : La convention collective peut
fixer une durée de 39 ou 37 heures,
mais le déclenchement des heures
supplémentaires reste à partir de
35 heures. Si vous supprimez la durée
légale, le déclenchement des heures
sup ne se fera pas à partir du même
seuil suivant les branches de métiers.
E.B. : Autre point contestable : par-
mi les principes qu'il vous semble im-
portant de codifier, vous mettez la
rupture conventionnelle. Or dans la
majorité des cas, elle n'est pas choi-
sie par les salariés. En
l'institutionnalisant, vous allez à
l'encontre des intérêts des tra-
vailleurs.
A.L.-C. : Encore une fois, il s'agissait
d'exhumer, à partir du droit actuel,
les principes essentiels. Il y a diffé-
rents modes de rupture du contrat de
travail, dont la rupture convention-
nelle. On ne va pas refaire l'histoire
de la rupture amiable, mais elle
existe depuis longtemps. Le méfait
de la loi est peut-être de l'avoir ren-
due civilisée. Et donc attractive pour
l'employeur, puisque la rupture
conventionnelle lui permet de mettre
fin à tout contentieux possible, mais
aussi pour certains salariés qui se
disent : « Quitte à partir, je pré-
fère… »Notre tâche n'était pas de
transformer le droit positif. Cela au-
rait été un autre exercice, plus mili-
tant. Notre livre est d'abord un tra-
vail citoyen.
E.B. : Vous actez aussi l'évaluation
des salariés. Or, c'est un des princi-
paux facteurs de dégradation des si-
tuations de travail. Pourquoi l'édicter
comme un principe ? Par ailleurs,
pourquoi avoir choisi de définir la pé-
riode d'essai par le terme « raison-
nable » et non pas par une durée ?
A.L.-C. : La question, pour le juriste,
est la suivante : doit-on être réaliste
ou pas ? Doit-on partir des faits pour
essayer de réfléchir à ce qu'est le
↑ 22
droit ? Ma réponse est oui.
L'évaluation est une pratique qui
existe. Je préfère l'encadrer plutôt
que de n'en rien dire. Sur la période
d'essai, nous nous sommes dit que ce
qui est important, c'est de fixer une
durée « raisonnable ». Mais il est pos-
sible que, sur ce point, il y ait besoin
d'une déclinaison législative.
L'idée récurrente, dans votre livre,
c'est de donner plus de place à la né-
gociation collective ?
A.L.-C. : Non, il n'y a pas
d'affirmation d'une prééminence de
l'accord collectif.
Nombre de thèmes sont néanmoins
renvoyés à la négociation collective.
Or, on peut se demander s'il est lé-
gitime d'accorder autant de pouvoir
à des partenaires sociaux parfois peu
représentatifs…
A.L.-C. : S'il y avait un accord sur des
grands principes, la négociation col-
lective pourrait être plus forte, moins
chaotique.
(1) Le Travail et la Loi, éd. Fayard, 80
pp., 8 €. ■
par Luc Peillon, Amandine Cailhol
Recueilli par Amandine Cailhol et
Luc Peillon Photos Julien Mignot
Tous droits réservés Libération 2015
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AMÉNAGEMENT DUTERRITOIRE
↑ 24
Les régions déçues de la réforme territorialeLes présidents de régions, presque tous socialistes, sont réunis en congrès aujourd'hui à Rouen.Parmi les sujets à l'ordre du jour, la loi sur la nouvelle organisation territoriale, qui avait pourambition de renforcer les compétences des régions et qui les a fortement déçus.
jeudi 25 juin 2015Page 9
674 mots
FRANCE—RUBRIQUE
C 'est la dernière fois qu'ils sont
réunis en congrès avant les
élections régionales de décembre, et
ils ont bien du mal à cacher leur dé-
ception. La réforme territoriale,
conduite par le gouvernement avec la
volonté de renforcer le rôle de cet
échelon, notamment en matière de
développement économique et
d'aménagement du territoire, est se-
lon eux loin de tenir ses promesses.
Alain Rousset, président socialiste de
la région Aquitaine et de
l'Association des régions de France
(ARF), n'a jamais caché en effet qu'il
n'était pas particulièrement deman-
deur d'une fusion des régions, impo-
sée par Manuel Valls, et qu'il
s'inquiète de l'émergence de métro-
poles fortes empiétant sur leurs pré-
rogatives. Surtout, il ne peut que
constater que la loi portant Nouvelle
organisation territoriale de la Répu-
blique (« Notre »), qui devait clarifier
les compétences entre collectivités,
a perdu au fil des lectures entre les
deux Assemblées son ambition ini-
tiale. « Nous étions prêts à assumer
le rôle majeur que souhaitait nous
confier le projet présenté par le pré-
sident de la République. Les travaux
du Parlement ne l'ont pas permis »,
commente-t-il.
« Les réformes territoriales, on sait
comment elles entrent au Parlement
mais on ne sait jamais comment elles
en ressortent », constate un vieux
routier de l'Assemblée nationale. En
2003, l'acte 2 de la décentralisation
porté par Jean-Pierre Raffarin, « en-
tré régionaliste au Parlement, en est
ressorti départementaliste », ex-
plique Éric Giuily, ancien conseiller
de Gaston Defferre et auteur d'un
livre sur le millefeuille territorial (1).
À l'époque, la loi voulait déjà consa-
crer la prééminence de la région en
matière de développement écono-
mique sur les autres collectivités.
Elle s'était heurtée au principe
constitutionnel de non-tutelle d'une
collectivité sur l'autre, mais aussi à
la forte résistance des présidents de
conseils généraux.
Cette fois encore, le département,
dont le premier ministre avait pour-
tant annoncé la disparition au début
de l'année, devrait ressortir intact de
son examen parlementaire. Au fil des
lectures du texte, qui revient la se-
maine prochaine à l'Assemblée na-
tionale, le transfert aux régions des
compétences en matière de routes,
de collèges et de transports scolaires
a été abandonné. De même, le tou-
risme devrait rester une compétence
partagée entre la région et le dépar-
tement. Tout comme le sport et la
culture. Alain Rousset a par ailleurs
échoué à obtenir pour les régions la
décentralisation, à titre expérimen-
tal, du placement des chômeurs.
En fin de compte, « nous gardons la
compétence exclusive en matière
d'aides aux entreprises », explique le
président de l'ARF, qui aurait souhai-
té « obtenir plus de décentralisation
de l'État afin de transposer le modèle
allemand fondé sur le couple
régions-PME qui est un succès pour
la création d'emplois ».
Les régions espèrent toutefois obte-
nir gain de cause sur la question des
finances. Le président de l'ARF a tou-
jours considéré que la force des ré-
gions résidait moins dans leur taille
que dans leurs moyens. « Le rapport
entre le budget des régions françaises
et celui des régions allemandes est de
1 à 10 », relevait déjà l'année dernière
l'économiste Nicolas Bouzou. L'ARF
demande pour cela des ressources fi-
nancières propres – notamment une
part plus importante de la cotisation
sur la valeur ajoutée des entreprises
qui a remplacé la taxe profession-
nelle –, alors que les régions dé-
pendent aujourd'hui à 90 % de dota-
tions de l'État dont la baisse est pro-
grammée jusqu'en 2018. ■
par Céline Rouden
(1) Pour en finir (vraiment) avec
le millefeuille territorial. Éd. de
l'Archipel, 2015.
Tous droits réservés La Croix 2015
6A7555BD503a0601D0E154365C0C81D355C97940D9A040033BC30F9
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Audience : 480 000 lect. - © AudiPresse One 2014↑ 25
Ressources des régions : le plan du gouvernementA l'horizon 2017, les conseils régionaux capteraient 55 % de la CVAE.Des économies seront faitessur les transferts de compétences.
N° 21966jeudi 25 juin 2015
Page 6464 mots
FRANCE—COLLECTIVITÉS LOCALES
L es présidents de région
espéraient l'intervention du Pre-
mier ministre ce jeudi à Rouen à
l'ouverture de leur congrès. Il ne
viendra pas. En déplacement en Co-
lombie, Manuel Valls ne s'avancera
pas sur les ressources dont dispose-
ront ces collectivités pour financer
leurs nouvelles compétences écono-
miques à partir de janvier prochain.
Alain Rousset, président de
l'Aquitaine et de l'Association des ré-
gions de France, profitera donc du
congrès pour renouveler ses deside-
rata. A savoir, obtenir 70 % de la
contribution sur la valeur ajoutée des
entreprises (CVAE), une taxe
d'autant plus attrayante qu'elle pro-
gresse en moyenne de 2,5 % par an.
L'ARF réclame par ailleurs les 600
millions d'euros d'aides actuellement
distribuées aux TPE par les départe-
ments. Alain Rousset propose enfin à
l'Etat de flécher 700 millions d'argent
frais vers les PME-ETI pour créer
60.000 emplois de plus. Des exi-
gences que d'autres associations
d'élus jugent jusqu'au-boutistes.
Mais le durcissement des positions
s'explique par la perspective des
élections régionales, la négociation
finale en juillet de la réforme des
compétences des régions et
l'imminence des cadrages du projet
de loi de finances 2016.
L'Etat ne fera qu'une moitié de ce
chemin. D'après deux sources au
gouvernement, si le Parlement confie
comme prévu en 2017 aux régions la
responsabilité des transports interur-
bains et scolaires ainsi que la gestion
des ports, elles pourront compter sur
le budget correspondant de 4 mil-
liards d'euros. Cette somme corres-
pond à 25 % de l'impôt local écono-
mique prélevé sur les entreprises et
dont les départements touchaient la
moitié jusqu'ici. Les régions, qui re-
cevaient un quart de la CVAE, comme
les communes, capteraient donc, en
2017, 50 % de cette taxe.
Dégager des économies
pour l'aide aux
entreprises
Le gouvernement pourrait en outre
abonder ces transferts avec une par-
tie des dépenses économiques ac-
tuelles des départements (1,6 mil-
liard d'euros). Selon nos informa-
tions, une enveloppe de 400 à 700
millions d'euros serait envisagée dès
2016 pour alimenter les futures aides
régionales aux TPE. Soit environ 5 %
de CVAE en plus (et donc un total de
55 %). Charge aux régions de dégager
des économies pour financer l'aide
aux entreprises.
L'Etat laissera aux départements une
partie du reliquat de ce qu'ils rece-
vaient pour compenser la hausse des
prestations sociales. Ils conserve-
raient aussi pendant un an la cen-
taine de millions d'euros consacrée à
leurs agences de développement éco-
nomique. Le reste du reliquat contri-
buera aux économies budgétaires. ■
par Matthieu Quiret
Tous droits réservés Les Echos 2015
927DD5A95E1a2B0DD0FB58261109A10456D9B042C97249301135177
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POLITIQUE DESTRANSPORTS
↑ 27
L'ASSOCIATION DES SOCIÉTÉS FRANÇAISES D'AUTOROUTES (ASFA) VANTE LE MODÈLE DE LA CONCESSION L'ASSOCIATIONDES SOCIÉTÉS FRANÇAISES D'AUTOROUTES (ASFA) ORGANISAIT HIER UN COLLOQUE INTITULÉ "LES CONCESSIO
L'Association des sociétés françaises d'autoroutes (ASFA) vante le modèle de laconcession
N° 23383jeudi 25 juin 2015
Page 141029 mots
FAITS ET TENDANCES— [AUCUNE]
L 'Association des sociétés
françaises d'autoroutes (AS-
FA) vante le modèle de la conces-
sion
L'Association des sociétés françaises
d'autoroutes (ASFA) vante le modèle
de la concession
L'Association des sociétés françaises
d'autoroutes (ASFA) organisait hier
un colloque intitulé « Les conces-
sions, un modèle d'avenir ». Alors
qu'un protocole d'accord mettant fin
à de longs mois de crise sur les tarifs
des péages et la rentabilité de ces so-
ciétés, a été signé en avril entre l'Etat
et les concessionnaires, l'ASFA n'a
pas caché sa volonté de mieux com-
muniquer sur le modèle économique
de ses membres. « Ces derniers mois,
nous avons constaté le fossé entre le
modèle tel qu'il est fantasmé par ses
détracteurs, et tel qu'il est vécu par
ses acteurs. Il s'agit donc de mieux
communiquer. Ce colloque est une
première pierre à cette communica-
tion », a indiqué le délégué général
de l'ASFA Jean MESQUI.
Comme nous l'annoncions (cf. CE du
23 juin), lors de l'assemblée général
de l'ASFA qui se tenait également
hier, le mandat à la présidence de
l'association de M. Pierre COPPEY,
directeur général délégué de Vinci,
président de Vinci Autoroutes et de
Vinci Concessions, a été prolongé
d'un an.
« Le débat a été très intense en
France et a mélangé des choses très
différentes. Les concessionnaires
sont du côté du long terme et du très
long terme, alors que la puissance
publique est de plus en plus court-
termiste. Le consommateur l'est en-
core plus, surtout quand on lâche,
comme l'Autorité de la concurrence,
le mot » rente « , qui est très mal per-
çu », a souligné lors de ce colloque,
M. André AUTRAND, managing di-
rector au sein d'Edmond de Roth-
schild Asset Management. Ce rapport
de l'Autorité de la concurrence publié
en septembre, qui soulignait une
rentabilité exceptionnelle des
concessionnaires comprise entre 20
et 24 %, a depuis été remis en cause
par de nombreux acteurs.
« Ce débat a mis en lumière une
question pédagogique : quels sont les
bons concepts pour évoquer la tra-
jectoire financière d'un concession-
naire ? », a noté pour sa part M. Fran-
çois POUPARD, directeur des infra-
structures, des transports et de la
mer au ministère de l'Ecologie, du
Développement durable et de
l'Energie. Une question sur laquelle
s'est penché lors de ce colloque M.
Bertrand JACQUILLAT, professeur
émérite des universités, président
d'honneur d'Associés en Finance/Dé-
troyat. « Les concessionnaires ont
des marges très importantes, mais un
taux de rotation des actifs très faible.
Le produit des deux donne la renta-
bilité du capital investi », a-t-il dé-
veloppé, soulignant que « les conces-
sionnaires ont des rentabilités qui se
justifient sur le plan économique et
sont en phases avec les autres sec-
teurs ». Selon M. JACQUILLAT, la
rentabilité d'une concession ne peut
se mesurer « à un instant donné, sans
regarder le passé et le futur. Le cash
flow est négatif au début, puis il y a
un équilibre, et ensuite il devient très
positif. Il faut regarder la rentabilité
sur l'ensemble de la durée de vie » de
la concession, a-t-il développé.
Nécessité d'une stabilité juridique
pour les investisseurs
La dimension juridique des conces-
sions a été également largement évo-
quée lors de ce colloque. Selon M.
POUPARD, le récent bras de fer entre
Etat et concessionnaires a « mis en
lumière les difficultés qu'on peut
avoir à gérer le temps long des
contrats historiques peu adaptables à
l'évolution de la conjoncture ». Cer-
tains acteurs ont posé lors de cette
crise, la question du déséquilibre des
pouvoirs entre Etat concédant et
concessionnaires, qui bénéficieraient
de contrats très protecteurs. Selon M.
Sylvain DURANTON, expert trans-
port et infrastructures au Boston
Consulting Group (BCG), « c'est de
toute façon la puissance publique qui
décide de ce qui est construit, et qui
décide qui paye, les usagers, les col-
lectivités… Dans un système de
concession qui marche bien, c'est
bien la puissance publique qui garde
la main ».
Cette stabilité juridique est d'autant
plus importante qu'elle rassure les
investisseurs. « C'est un point auquel
ils sont sensibles. Ils sont également
attentifs au respect des conditions
économiques préalables qui ont pré-
sidé à leur engagement dans un pro-
jet », a souligné M. AUTRAND.
« L'économie moderne ne se fait pas
en vase clos. Les investisseurs, s'il y
a de mauvais signes émanant d'un
pays, ils passent au pays suivant », a-
t-il ajouté.
M. David AZEMA, ancien directeur
général de l'Agence des participa-
↑ 28
tions de l'Etat (APE), chairman « glo-
bal infrastructure group » de Bank of
America Merrill Lynch et vice-chair-
man « global corporate and invest-
ment banking » pour l'Europe, le
Moyen-Orient et l'Afrique, a quant à
lui souligné certaines faiblesses de
l'Etat dans son rapport au modèle des
concessions ou partenariats public-
privé (PPP). « Le discours politique
n'est pas porté avec beaucoup de
clarté. Dès qu'une concession ou un
PPP dévie, c'est tout le système qui
est critiqué », a-t-il affirmé, marte-
lant lui aussi qu'il faut « une stabilité
et une prévisibilité du cadre juridique
et du comportement de la puissance
publique ». Autre difficulté selon lui,
contrairement à d'autres pays, « en
France, il n y a pas de lieu qui ait pris
le leadership sur la gestion et la né-
gociation de ces contrats de conces-
sion. C'est éclaté entre différents mi-
nistères ». ■
Tous droits réservés Correspondance Economique 2015
F0796547586aBA03C0ED5046380ED18857A96D4C09B745812E68339
Parution : Quotidienne
↑ 29
Ecotaxe : on achève bien les portiquesHuit mois après avoir torpillé définitivement les portiques prévus pour la taxe poids lourds, parcrainte d'un blocus des routiers, le gouvernement prépare leur démantèlement partiel. Mais lesprochaines régionales ne hâtent pas le processus.
N° 21966jeudi 25 juin 2015
Page 132106 mots
ENQUÊTE—INFRASTRUCTURES
On saura d'ici à quelques mois
quelle part des 160 portiques sera
finalement démontée, laissant au-
gurer d'une ardoise supplémen-
taire de 7 millions d'euros au
maximum pour l'Etat.
Le réseau routier français n'est pas
près de se débarrasser des portiques
écotaxe, ces rutilants perchoirs à oi-
seaux qui ont coûté entre 600.000 et
1 million d'euros pièce, et qui n'ont
jamais connu d'autre utilité depuis
l'enterrement de la « taxe poids
lourds », en octobre dernier. Car le
démantèlement de ces carcasses
d'aluminium bourrées
d'électronique, officiellement à
l'ordre du jour, s'annonce décidé-
ment aussi confus et laborieux que le
fut toute la saga de cette taxe fan-
tôme, depuis son adoption en 2009.
En théorie, tout roule : le ministère
de l'Ecologie et des Transports a bou-
clé fin avril un appel d'offres portant
sur « la dépose, le transport et le sto-
ckage des dispositifs déployés pour la
mise en place du système écotaxe »,
et devrait désigner prochainement
des prestataires privés pour ce mar-
ché complexe, qui nécessitera des
engins de levage et des travaux noc-
turnes. Sur le papier, il s'agit de dé-
monter 160 portiques sur tout le ter-
ritoire (173 avaient été installés par
l'Etat, mais une bonne dizaine, van-
dalisés en Bretagne et aux alentours
pendant la révolte des « bonnets
rouges », sont déjà hors circuit). A ce-
la s'ajoutent bien d'autres éléments
à remiser, comme les 230 bornes de
contrôle automatique disposées le
long des routes secondaires, 400 ter-
minaux de paiement par carte ban-
caire, les 718.000 boîtiers électro-
niques GPS installés dans les ca-
mions français ou étrangers, 986
panneaux, sans oublier le démontage
du centre informatique (770 ser-
veurs) de l'ex-société Ecomouv', ins-
tallée à Metz, dont les 190 salariés
ont reçu leur lettre de licenciement.
Démontage à la
demande
Dans les faits, pourtant, l'Etat a choi-
si de se hâter lentement. Est-ce
l'approche des élections régionales,
en décembre prochain ? Le contrat de
démontage s'échelonnera en réalité
sur deux années pleines, alors que,
depuis un an déjà, la moitié des por-
tiques étaient déjà voués à la fer-
raille : en juin 2014, dans une recu-
lade qui ne sera pas la dernière, l'Etat
avait considérablement réduit le ré-
seau routier visé par l'écotaxe, le ra-
menant de 15.000 à 3.800 kilomètres
de routes, et mettant hors jeu de ce
fait quelque 80 portiques électro-
niques.
Surtout, l'exécutif renvoie la balle
dans le camp des collectivités territo-
riales, sur le thème « si vous le sou-
haitez, on démontera ces installa-
tions »… lesquelles sont pourtant gé-
néralement placées sur le routier na-
tional non concédé. C'est donc peu
dire que les départements ne se
sentent pas concernés par ce symbole
de gabegie. « Tout le monde s'en
fiche, les élus n'ont pas envie de re-
mettre le doigt sur des mesures im-
populaires », avance Bertrand Pan-
cher, député UDI de la Meuse, qui
considère que l'on devrait réutiliser
ces portiques pour d'autres usages
routiers.
Dans la plupart des régions sondées,
grands axes de transit routier comme
le Nord, la Moselle, la Drôme ou la
Gironde, la réponse est la même :
« Ce n'est pas de notre ressort, tout
est géré par l'Etat et, à notre connais-
sance, le démontage n'a pas com-
mencé », dit-on à l'unisson. Exemple,
dans la Direction interdépartemen-
tale des routes (DIR) Nord, qui
compte 16 portiques, de l'Oise jus-
qu'au Pas-de-Calais, « il n'est pas
question de démontage ». Quant aux
possibilités de réemploi, qui avaient
été brandies par Ségolène Royal
(comptage du trafic, repérage de voi-
tures volées, message météo…), les
idées semblent lentes à émerger.
« Ces portiques sont des structures
trop légères pour recevoir des pan-
neaux à messages variables »,
regrette-t-on dans l'une des DIR, le
bras armé de l'Etat en région. En Ile-
de-France, région largement pour-
vue, la DIR se refuse à communiquer,
mais certains élus commencent à ju-
ger qu'il serait dommage de jeter le
bébé avec l'eau du bain.
Politiquement parlant, l'Etat aura
bien du mal à boucler quoi que ce
↑ 30
soit actuellement avec des régions en
fin de bail, dont la plupart ont vo-
cation à changer sensiblement leurs
frontières. « Comment discuter du
démontage avec des territoires qui
n'existent pratiquement plus ? Il faut
que les nouveaux exécutifs régionaux
s'installent, et voir dans quelle escar-
celle tomberont les futures rede-
vances », ajoute Bertrand Pancher.
En attendant, le gouvernement est
surtout pressé de boucher les trous
sur le plan financier pour pousser ses
divers projets d'infrastructures de
transport. Et de pérenniser les expé-
dients improvisés en octobre. Alain
Vidalies, secrétaire d'Etat aux Trans-
ports (dont les services se re-
tranchent dans un mutisme com-
plet), doit se prononcer sur les mo-
dalités retenues, suite à un groupe de
travail ad hoc qui s'est réuni pour la
dernière fois mercredi soir. En toute
logique, il devrait reconduire à partir
de janvier 2016 la surtaxation du car-
burant de 4 centimes : à l'automne,
il avait été décidé, d'une part,
d'alourdir de 2 centimes par litre la
fiscalité de gazole (TICPE) pour les
camions comme pour les automo-
biles et, d'autre part, d'annuler « ex-
ceptionnellement » une exonération
de 2 centimes par litre accordée aux
professionnels de la route.
Un double ersatz qui permettait de
renflouer à hauteur de 330 millions
d'euros le budget de l'Agence de fi-
nancement des infrastructures de
transport (Afitf). Celle-ci, faute de
voir la couleur de l'écotaxe éternelle-
ment repoussée, commençait à vivre
à crédit et accumulait les retards de
paiement vis-à-vis de RFF, le ges-
tionnaire des infrastructures ferrées,
selon son président, le député Phi-
lippe Duron. Avantage de la recon-
duction des « + 4 centimes » : être
relativement invisible pour les usa-
gers. Inconvénient notoire : les semi-
remorques étrangers qui traversent
la France sans ravitailler peuvent ai-
sément échapper à cette surtaxe,
alors qu'ils participent comme les
autres à la dégradation du réseau na-
tional (un camion équivaut au pas-
sage de 1.000 voitures).
On saura d'ici à quelques mois quellepart des 160 portiques sera finalementdémontée, laissant augurer d'une ar-doise supplémentaire de 7 millions
d'euros au maximum pour l'Etat. Pho-to : Photo Hervé Ronne/Réa
Autre solution examinée récemment,
mais défendue par le seul syndicat
professionnel Otre : une « vignette
dématérialisée » pour les poids
lourds de plus de 7,5 tonnes, qui
frapperait plus équitablement les vé-
hicules étrangers que la surtaxe de 4
centimes. Mais comme son nom ne
l'indique pas, ce droit d'usage impli-
quait « non seulement de garder les
portiques écotaxe, mais même
d'étoffer leur parc, puisqu'elle
s'appliquerait sur la totalité du ré-
seau routier », selon Nicolas Paulis-
sen, délégué général de la FNTR. Il
aurait en outre fallu créer une nou-
velle structure ad hoc, réminiscence
d'Ecomouv', pour une facture de 50
millions, selon lui. On comprend que
le gouvernement n'ait pas été très
inspiré à l'idée de revenir sur cette
route politiquement minée…
Survivances régionales
Condamnées au niveau national, les
potences d'aluminium, livrées par le
groupe nantais Lacroix Signalisation,
semblent pourtant bien parties pour
survivre sous forme de réminiscences
régionales. En Alsace, les élus se
battent en ce sens, non sans résultat.
« Les six portiques installés en Alsace
ne seront pas démontés, c'est décidé.
François Hollande, en visite à Stras-
bourg fin avril, nous l'a confirmé »,
relate Eric Straumann, le nouveau
président du Conseil départemental
du Haut-Rhin (Les Républicains), qui
veut mettre fin au sempiternel pro-
blème local : les camions étrangers
qui sillonnent depuis 2005 le corridor
alsacien, pour couper à la taxe côté
allemand. « Nous avons 1.500 poids
lourds par jour sur nos routes, et ça
progresse sans cesse, posant des gros
problèmes locaux », fulmine l'élu.
Son idée pour la facturation ?
S'appuyer sur le système allemand
Toll Collect, marginalement détenu
par le français Cofiroute (Vinci).
Pourtant, bénédiction élyséenne ou
non, la feuille de route tarde : les
réunions avec l'Etat sont reportées
régulièrement, et aucun courrier offi-
ciel n'a encore scellé cette exception
régionale, reconnaît Eric Straumann.
Car d'autres régions, comme la Lor-
raine ou Champagne-Ardenne, pour-
raient suivre à leur tour le chemin du
« non-démontage », conformément
aux prochains contours des « super-
régions ».
Justifiées ou non, ces entorses à la
mise sous cocon des mouchards élec-
troniques font des vaguelettes, jus-
qu'à l'autre bout de la France. L'idée
même d'une écotaxe régionale ?
« C'est un mauvais coup pour
l'économie bretonne, car même si la
région Bretagne refusait de voter
cette nouvelle taxe, les transporteurs
bretons risquent d'y être assujettis
dans les autres régions de France »,
osait récemment Marc Le Fur, député
(Les Républicains) des Côtes-
d'Armor. Plus sérieusement, « l'idée
même de voir réapparaître une éco-
taxe régionale est inacceptable. Cela
va créer des distorsions de concur-
rence », selon Nicolas Paulissen de la
FNTR. Pas facile de trouver le bon ré-
gime fiscal, alors qu'en France le
transport routier de marchandises
« pèse » 37.700 entreprises à la situa-
tion fragile et fait vivre 396.000 sala-
riés…
↑ 31
ENCADRÉS DE L'ARTICLE
Les points à retenir
Après plusieurs années d'inutilité, le gouvernement a lancé un appel d'offres pour le démontage et le stockage
des ex-portiques écotaxe.
Quelque 160 portiques, dont 138 en état de marche, sont encore installés en France.
Tous ne seront pas démontés, des régions comme l'Alsace, voire Lorraine et Champagne-Ardenne, veulent lever
une taxe locale.
Le gouvernement n'est pas pressé : il se donne deux ans pour ce grand ménage.
Loin de ces tergiversations, le sys-
tème allemand de taxation des poids
lourds, instauré dès 2005, monte lui
en régime. Et répond bien au double
objectif énoncé en vain par les gou-
vernements Ayrault, puis Valls : re-
porter le prix de l'entretien des
routes du contribuable vers les gros
utilisateurs, et favoriser un usage
plus rationnel du réseau routier.
C'est ainsi que la « LKW-Maut » sera
appliquée à compter du 1er juillet à
1.100 kilomètres de routes supplé-
mentaires, puis sera réclamée à
l'automne aux camions dès 7,5
tonnes, contre 12 tonnes et plus jus-
qu'ici. De plus, la Suisse, l'Autriche
ou la République tchèque ont mis en
oeuvre les mêmes dispositifs
« pollueur-payeur ».
« Etat neuf, jamais
servi »
On saura donc d'ici à quelques mois
quelle part des 160 portiques sera fi-
nalement démontée, laissant augurer
d'une ardoise supplémentaire de 7
millions d'euros au maximum pour
l'Etat. Soit l'épaisseur du trait par
rapport aux 800 millions déjà enga-
gés pour la rupture du contrat avec
la société Ecomouv', et au regard du
trou financier imposé à l'Afitf, qui,
heureusement pour elle, vit aussi des
redevances domaniales ou du jackpot
des radars routiers.
Le danger, finalement, serait surtout
de prendre une mesure à contre-
temps. « Avant de démonter, on au-
rait dû se poser la question de la stra-
tégie, tranche le député Bertrand
Pancher. Le modèle de transport de
demain, c'est de faire financer les
usagers, et moins les contribuables.
Cette solution des portiques, elle va
forcément revenir : la vérité, c'est
que si l'on veut arriver à 800 millions
ou 1 milliard d'euros de recettes par
an, on aura à terme les deux for-
mules : la pérennisation de la surtaxe
et le système des péages. Surtout si
l'on remet dans la corbeille des pro-
jets pharaoniques comme la ligne
Lyon-Turin ou le canal Seine-Nord. »
Loin de ces débats, le secrétaire
d'Etat aux Transports, Alain Vidalies,
a déjà fixé le prix qu'il compte tirer
de l'arsenal de lasers, caméras et ré-
cepteurs radio « état neuf, jamais ser-
vi » qu'il compte mettre bientôt à
l'encan : 50 millions d'euros si tout va
bien. Un raisonnement de bon père
de famille ou de roi du vide-grenier,
c'est selon. ■
par Denis Fainsilber
Tous droits réservés Les Echos 2015
A379653050Ba6E0CB0B65AF6960551A85969874EC9504179020AE41
Parution : Quotidienne
Diffusion : 125 172 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2014
Audience : 560 000 lect. - © AudiPresse One 2014↑ 32
TRANSPORT FERROVIAIRE
↑ 33
N° 21966jeudi 25 juin 2015
Page 1694 mots
INDUSTRIE & SERVICES—EN BREF
Jacques Auxiette claque la porte de SNCF Réseau
Transport : le président de la région des
Pays de la Loire, Jacques Auxiette, a an-
noncé ce mercredi qu'il démissionnait du
conseil d'administration de SNCF Réseau
(ex-RFF), où il siégeait depuis novembre
2012. Il entend protester contre le report
d'au moins deux mois, pour « raisons de
sécurité », de la réouverture de deux lignes
TER vers des stations balnéaires de la ré-
gion, qui était initialement prévue le 5
juillet. ■
par Lionel Steinmann
Tous droits réservés Les Echos 2015
9275B5DF502aD30230625E368D07A1BD53D9E64709D04E84E15C4D7
Parution : Quotidienne
Diffusion : 125 172 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2014
Audience : 560 000 lect. - © AudiPresse One 2014↑ 34
La SNCF s'attaque au chantier de la gare du Nord
Des centaines de millions d'euros de travaux sont prévus d'ici à 2023.
N° 22045jeudi 25 juin 2015
Page 21830 mots
ENTREPRISES
La gare du Nord a confié son plan derestructuration à Jean-Michel
Wilmotte.Ci-dessus, le futur terminalEurostar. Photo : WILMOTTE & ASSO-
CIÉS ARCHITECTES
TRANSPORTS La course contre la
montre est commencée. Le chantier
ouvre cette année pour se terminer
en 2023. La gare du Nord se fera une
beauté pour les Jeux olympiques si
Paris l'emporte. JO ou pas, la pre-
mière gare d'Europe a besoin d'un sé-
rieux coup de jeune. Ouverte au pu-
blic en 1864, c'est la plus ancienne
gare de Paris, classée aux Monu-
ments historiques depuis 1975. Fré-
quentée aujourd'hui par plus de 700
000 voyageurs (dont 80 % TER et
RER), la gare du Nord a pourtant peu
d'atouts. Elle a mal vieilli. Elle est
aussi sous-dimensionnée par rapport
au trafic et handicapée par un envi-
ronnement très contraint. Un conflit
personnel entre les barons James de
Rothschild et Georges-Eugène
Haussmann l'a privée d'un vrai parvis
qui en aurait facilité l'accès.
Doubler la taille du
terminal Eurostar
« La gare du Nord n'est pas au rendez-
vous de son siècle », reconnaît Anne
Hidalgo, maire de Paris. Entre les
bus, les taxis et les voitures particu-
lières, la circulation est un vrai casse-
tête. Plus embêtant, c'est une porte
d'entrée peu reluisante pour Paris.
Pour un habitué de l'Eurostar (3 %
du trafic la gare), le standing de la
gare parisienne - avec ses nombreux
mendiants et ses vespasiennes pro-
visoirement installées sur le parvis -
est à des années-lumière de celui de
Saint-Pancras, à Londres. Côté sécu-
rité, un commissariat de police, ou-
vert jour et nuit, a fini par être instal-
lé à l'intérieur de la gare en 2014.
C'est pour redresser la barre que la
SNCF, avec la Mairie de Paris, vient
de lancer son énorme chantier. Il
s'agit bien sûr d'améliorer l'accueil et
le service, mais aussi d'augmenter
son chiffre d'affaires, tout en gérant
la croissance du trafic, d'environ 5 %
par an. Guillaume Pepy, président de
la SNCF, parle de plusieurs centaines
de millions d'euros au total.
Pour gagner de la place, la grande ré-
volution est attendue à partir de
2018. « Notre idée est d'agrandir la
gare du Nord pour qu'il y ait à la fois
un terminal banlieue, un terminal in-
ternational, un terminal Eurostar, une
zone départs et zone arrivées, il faut
que la gare respire », explique
Guillaume Pepy. Une passerelle qui
surplombera les quais doit être ins-
tallée pour accéder directement sur
les voies. Le plus grand défi sera de
mener à bien ces transformations,
tout en assurant la continuité du tra-
fic.
« Cette année, nous investissons 330
millions d'euros pour rénover et déve-
lopper nos gares et 2,2 mil-liards d'ici
à 2020, précise Patrick Ropert, direc-
teur général de Gares & Connexions.
À elle seule, la gare du Nord coûtera
74 millions d'euros entre 2015 et 2018,
principalement pour doubler la taille
du terminal de l'Eurostar et rénover
l'espace banlieue. Nous travaillons ac-
tuellement à chiffrer la phase de 2018
à 2023, imaginée par Jean-Michel Wil-
motte. »
33 boutiques
Dès cette année, le hall d'accès au
RER doit être réaménagé, et les quais
des RER B et D, datant de 1970, ré-
novés. Une galerie marchande de 33
boutiques ouvrira en décembre, avec
de grandes enseignes comme Sepho-
ra, Mango, Casino, Kiko, Mexx, Naf
Naf, Celio, Jeff de Bruges, Undiz,
Desi-gual, Yves Rocher, Camaieu,
Hema, mais aussi Paul et Costa Cafe.
Une brasserie du chef triplement
étoilé Thierry Marx, qui servira 600 à
700 couverts par jour, ouvrira début
2016.
Jean-Michel Wilmotte a aussi imagi-
né un Train Blanc, dans l'esprit du
restaurant le Train Bleu de la gare de
Lyon. « En 2014, les commerces dans
nos gares ont rapporté 172 millions
d'euros. L'ambition est de doubler cette
contribution, en huit ans », promet Pa-
trick Ropert. Un hôtel cinq étoiles est
également envisagé, en étages, dans
l'Étoile du Nord, l'ancien hôtel des
Rothschild. ■
par Mathilde Visseyrias <mvissey-
↑ 35
ENCADRÉS DE L'ARTICLE
LA GARE DU NORD EN CHIFFRES SOURCE : SNCF
700 000 voyageurs transitent par la gare du Nord chaque jour
2 100 trains par jour
74 millions d'euros seront consacrés à la rénovation de la gare du Nord entre 2015 et 2018
Tous droits réservés 2015 Le Figaro
2b7bd58f51ba0303109d5ae6b10a91ad5f291a41991b4fcd31b4e76
Parution : Quotidienne
Diffusion : 314 144 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2014
Audience : 1 539 000 lect. - © AudiPresse One 2014↑ 36
TRANSPORT URBAIN ETMOBILITÉ
↑ 37
Le gouvernement sommé d'interdire UberPOPLes chauffeurs de taxi lancent ce jeudi une « grève nationale illimitée ».Les déclarations ministé-rielles sur l'illégalité du service ne leur suffisent pas.
N° 21966jeudi 25 juin 2015
Page 16828 mots
INDUSTRIE & SERVICES—TRANSPORT
L'appel à la grève devrait se
traduire par de nombreux rassem-
blements ce matin, notamment à
Paris.
La colère des taxis contre les chauf-
feurs UberPOP, ces conducteurs
amateurs qui utilisent l'application
de la start-up américaine Uber pour
les concurrencer, a pris ces derniers
jours des airs de guérilla urbaine, et
le gouvernement croise les doigts
pour que la mobilisation de la pro-
fession ce jeudi ne donne pas lieu à
de nouveaux dérapages. Pas moins de
douze syndicats et organisations pro-
fessionnelles appellent en effet à une
« grève nationale illimitée » pour exi-
ger des pouvoirs publics
l'interdiction d'UberPOP. A Paris, le
mot d'ordre devrait se traduire par
des rassemblements dans la matinée
gare du Nord, gare de Lyon, gare
Montparnasse, Porte Maillot, à la Dé-
fense, ainsi qu'aux aéroports de
Roissy-Charles-de-Gaulle et d'Orly.
« Nous n'appelons pas à des opéra-
tions escargots car nous ne voulons
pas gêner la population », explique
Didier Hogrel, le président de la Fé-
dération nationale des taxis, qui
n'exclut pas toutefois des initiatives
isolées de ce type.
Pour limiter la mobilisation, les pou-
voirs publics ont pris les devants.
Mardi, le ministre de l'Intérieur, Ber-
nard Cazeneuve, avait assené
qu'UberPOP se trouvait « en situation
d'illégalité absolue » et annoncé que
les contrôles seraient durcis. « Nous
allons rehausser le niveau de la ré-
ponse pénale […] en passant à des ré-
ponses plus dures se traduisant par
des déferrements au parquet et par
des saisies de véhicules », a assuré
François Molins, le procureur de la
République de Paris.
Cette sévérité affichée ne devrait
toutefois pas suffire à calmer les
taxis. Car ce n'est pas la première fois
que le gouvernement agite des me-
naces contre la start-up américaine.
Mi-décembre 2014, le porte-parole
du ministère de l'Intérieur avait an-
noncé une interdiction pure et
simple d'UberPOP au 1er janvier.
Mais les procédures lancées depuis
sont toujours en cours. Par ailleurs,
plusieurs préfets ont pris des arrêtés
pour interdire le service dans leurs
départements (Gironde, Bas-Rhin,
Nord, Bouches-du-Rhône…), mais
cela n'a manifestement pas dissuadé
les automobilistes UberPOP de conti-
nuer à travailler. Résultat, certains
chauffeurs de taxi veulent faire la po-
lice eux-mêmes et tendent des guet-
apens à ceux qu'ils accusent de faire
du taxi clandestin, dégradant les vé-
hicules et molestant les conducteurs.
A Lyon, un client UberPOP aurait
même été passé à tabac.
L'appel à la grève devrait se traduirepar de nombreux rassemblements cematin, notamment à Paris. Photo :
Photo Thibault Camus/AP/Sipa
Publicité gratuite
« Ces agissements ne sont pas accep-
tables et doivent être fermement
condamnés , mais ils traduisent le
désespoir des taxis, avance Yann Ri-
cordel, directeur général des Taxis
Bleus. On parle d'ubérisation de
l'économie, mais, avec UberPOP,
c'est d'une uberpaupérisation dont il
s'agit. Si le gouvernement veut sortir
de ce climat délétère, la seule solu-
tion est un arrêt immédiat de
l'application, et non plus seulement
de poursuivre ceux qui l'utilisent.
D'autres pays ont su le faire en Eu-
rope. » Une revendication que par-
tagent les syndicats de taxis.
Uber, pendant ce temps-là, engrange
la publicité gratuite que lui occa-
sionne cette polémique, poursuit
sans ciller ses sessions de recrute-
ment et propose même une nouvelle
offre UberPOP à ses chauffeurs pro-
fessionnels (lire ci-dessous). Crai-
gnant de voir ces derniers être « les
grands bénéficiaires de la grève des
taxis », Yves Weisselberger, le fonda-
teur de SnapCar, une application
pour véhicules de transport avec
chauffeur (VTC), déplore lui aussi la
concurrence déloyale faite par Uber-
POP.■
par Lionel Steinmann
↑ 38
ENCADRÉS DE L'ARTICLE
Les décisions qui ont crispé les taxis
L'exaspération des taxis se cristallise autour d'UberPOP, mais elle a été alimentée ces dernières semaines
par plusieurs décisions qui ont débouché sur un sentiment de ras-le-bol.
Le 4 juin, le gouvernement a par exemple confirmé la création, malgré l'opposition d'une partie de la pro-
fession, d'une tarification au forfait pour desservir les aéroports parisiens, à partir de mars 2016. En contre-
partie, les pouvoirs publics avaient instauré une voie dédiée aux taxis et aux bus sur l'A1 et l'A6 pour relier
ces aéroports à Paris. Mais le tribunal administratif de Montreuil a jugé cette disposition illégale le 8 juin,
donnant à l'affaire un air de marché de dupes, même si le gouvernement s'est pourvu en cassation.
Par ailleurs, le 26 mai, le Conseil constitutionnel a donné aux VTC la possibilité de facturer leurs courses à
l'heure et au kilomètre, un mode de facturation jusqu'à présent réservé aux taxis.
Sur un plan plus pratique, les taxis sont très remontés contre l'interdiction, d'ici à quelques jours, des kits
oreillettes Bluetooth pour les conducteurs
Tous droits réservés Les Echos 2015
8274C595597a380620595836FD0E512D5159E043F98641C205985F0
Parution : Quotidienne
Diffusion : 125 172 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2014
Audience : 560 000 lect. - © AudiPresse One 2014↑ 39
A Marseille, la « guerre » des taxis contre UberPopDénonçant une concurrence déloyale, les professionnels manifesteront massivement ce matindans la Cité phocéenne. Ils réclament la désactivation de l'application pour smartphone qui meten relation directe des passagers et des chauffeurs particuliers.
jeudi 25 juin 2015Page 17
758 mots
ECONOMIE—RUBRIQUE
M arseille
De notre correspondante
« Cela va être la guerre ». En une
phrase, Farouk résume l'état d'esprit
des taxis marseillais. Comme la ma-
jorité des 1 115 taxis phocéens, ce
chauffeur de 39 ans qui travaille sera
en grève dans le cadre de la journée
d'action nationale contre de
l'application pour smartphone Uber-
Pop qui met en relation directe pas-
sagers et chauffeurs particuliers.
« Au vu de l'ampleur du sujet, la mo-
bilisation sera très très forte », pro-
nostique Gilles Alonzo, vice-pré-
sident du syndicat Alliance taxi 13.
Dans les stations, ces derniers n'ont
pas de mot assez durs envers cette
application jugée « illégale » par le
gouvernement en vertu de loi Thé-
venoud qui réserve, depuis octobre
2014, le transport routier à titre oné-
reux aux chauffeurs de taxi et aux
voitures de transport avec chauffeur
(VTC).
Condamné en octobre dernier par le
tribunal correctionnel de Paris, Uber
a fait appel de la décision concernant
UberPop et maintient ce service dans
l'attente de la décision, attendue à la
rentrée, du Conseil constitutionnel
saisi d'une question prioritaire de
constitutionnalité.
Dans la Cité phocéenne où UberPop
a lancé son service le 8 juin, la ten-
sion est vive. Le jour même, des taxis
avaient bloqué l'accès à l'hôtel où des
candidats chauffeurs étaient atten-
dus. Pour éviter des troubles à l'ordre
public, la préfecture a annulé une se-
conde réunion analogue.
Dès le 10 juin, la préfecture des
Bouches-du-Rhône a édicté un arrêté
préfectoral interdisant cette activité
et mis en place un plan de contrôle
du site, fermé le 10 mais rouvert le
13. « Il y a un tout petit nombre de
voitures. Le site est confidentiel. Il ne
se développe pas », expliquait mardi
soir le préfet des Bouches-du-Rhône,
Michel Cadot, conscient que « les
chauffeurs de taxi ne seront pas plei-
nement rassurés tant qu'ils n'auront
pas la certitude absolue que ce sys-
tème ne se développe pas dans le
pays ».
Depuis le 10 juin, les dix agents af-
fectés au contrôle ont interpellé « 15
à 20 % du petit nombre de chauf-
feurs » inscrits sur l'application Uber-
Pop, selon Michel Cadot. Ils seraient
moins de 20, chômeurs ou salariés en
quête de revenus et poursuivis « pour
travail illégal ».
« Le préfet a pris des mesures rapides
mais il n'agit que sur les consé-
quences, pas les causes », tempère
Rachid Boudjema, secrétaire général
du syndicat des taxis marseillais. « Le
préfet vide l'océan avec une petite
cuillère », soupire Fabrice, stationné
sur le Vieux-Port, taxi depuis deux
ans. Cet homme de 42 ans s'est en-
detté sur sept ans pour payer les 120
000 EUR que lui a coûté sa licence
professionnelle et assume 2 000 EUR
mensuels de charges.
« Les chauffeurs UberPop n'ont pas
de carte professionnelle. Ils n'ont pas
de formation ni assurance spécifique
et ne paient pas de charges sociales.
C'est du travail au noir légalisé », en-
rage Fabrice qui craint de voir ces
chauffeurs « casser les prix ».
Déguisé en faux client, il a sollicité
un chauffeur UberPop avec plusieurs
collègues taxis. « On a immobilisé sa
voiture et appelé les policiers pour
qu'ils l'interpellent. On a agi en ci-
toyens constatant une infraction »,
se défend Fabrice. Une dizaine de
chauffeurs UberPop ont été ainsi
« interpellés » par des artisans taxis.
Gilles Alonso « comprend et ne
condamne pas : les chauffeurs sont
à bout et excédés par cette concur-
rence de particuliers soumis à aucune
charge. Nos fédérations tirent la son-
nette d'alarme depuis un an et demi
sans réponse du gouvernement. » Les
taxis réclament que ce dernier désac-
tive définitivement l'application.
« Ou au moins jusqu'à la rentrée, une
fois le terrain juridique clarifié, selon
Rachid Boudjema. Tant que celle-ci
sera disponible, il y aura des automo-
bilistes en quête d'un complément de
revenu. Si l'application n'est pas
désactivée, le mouvement sera re-
conduit et on va en arriver à des pro-
↑ 40
blèmes de violence car la tension est
réelle et palpable. »
Pour Arnaud, il y a urgence : « Plus
on attendra, plus il y aura de chauf-
feurs UberPop et plus ils seront diffi-
ciles à déloger », craint ce chauffeur
de 28 ans. ■
par Corinne Boyer
Lire aussi page 4.
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4870D570582a9C0AB05C52466F0FA1AF52F9C545090C47BC9A3B29A
Parution : Quotidienne
Diffusion : 93 149 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2014
Audience : 480 000 lect. - © AudiPresse One 2014↑ 41
Uber fait le plein d’apprentis chauffeurs
TRANSPORT. A Paris et en province, les taxis manifestent aujourd’hui contre UberPop,service très décrié de mise en relation entre particuliers et clients. Pendant ce temps, lescandidats affluent au siège parisien de la société Uber.
jeudi 25 juin 2015Édition(s) : Edition Principale
Page 10554 mots
ECONOMIE—ECONOMIE
M ÊME PAS PEUR ! Au
lendemain de la mise au point
du ministre de l’Intérieur, Bernard
Cazeneuve, qui a rappelé qu’ « Uber-
Pop est en situation d’illégalité abso-
lue », l’application américaine qui
met en relation des chauffeurs parti-
culiers et des clients n’a pas réduit
son rythme de recrutement. Au
contraire.
Hier, au siège d’Uber France, à Paris
(XIX e), coincé entre l’Urssaf et le tri-
bunal de police, ultime pied de nez
à l’Etat, les candidats pour devenir
chauffeurs se comptent par dizaines.
Dans la salle installée au rez-de-
chaussée du bâtiment, où l’on vient
déposer son dossier ou s’informer sur
« l’application de la colère », on fait
la queue comme à la Sécurité so-
ciale : un panneau lumineux an-
nonce le nom du candidat et le nu-
méro de guichet vers lequel se diri-
ger. L’attente dure moins de cinq mi-
nutes. Là, un jeune employé d’Uber,
tout sourire, look décontracté, ordi-
nateur Apple dernier cri vissé devant
lui, répond aux questions. Est-ce que
le service UberPop est illégal ? « Pas
du tout. On n’a jamais été condamné.
On attend le mois de septembre pour
savoir ce que le Conseil constitution-
nel dira. »
Le discours est rodé, presque forma-
té. Et si les forces de l’ordre
m’arrêtent et saisissent ma voiture
est ? « Ce qui est interdit, c’est la
maraude. En tant que chauffeur
UberPop, vous répondez à une réser-
vation. Mais si vous êtes arrêté, ne si-
gnez pas le procès-verbal. Quant à la
saisie de la voiture, cela n’arrive ja-
mais. De toute façon, en cas de pro-
blème, envoyez-nous un mail, on
s’occupe de tout. »
Vingt-quatre heures après l’annonce
de Bernard Cazeneuve de renforcer
les contrôles de police pour dénicher
les chauffeurs UberPop, ces réponses
semblent bien affirmatives… Pour-
tant, derrière moi, le flux de candi-
dats ne tarit pas. Le profil est souvent
le même. Des jeunes chômeurs ou à
l’emploi précaire, et parfois des sala-
riés appâtés par la promesse de ga-
gner de quoi arrondir leurs fins de
mois.
Selon le jeune employé d’Uber, je
peux espérer des revenus de 18 € à
25 € par heure, une fois les 20 % pré-
levés par UberPop. « L’application
marche très bien. La demande est en
train d’exploser », vante-t-il, en-
thousiaste. Quant à l’obligation de
déclarer cet argent, il explique que
« jusqu’à 7500 € ce n’est pas néces-
saire. Au-delà, il faut vous inscrire en
tant qu’autoentrepreneur ». A
l’écouter, tout semble facile. Il suffit
de s’inscrire sur Internet, fournir une
photocopie de sa pièce d’identité, de
son permis de conduire, de son casier
judiciaire, de sa carte grise ainsi que
de son assurance voiture. Pour le vé-
hicule, il doit être âgé de moins de
dix ans. Ajoutez à cela une formation
de quarante-cinq minutes sur le Net,
signez le contrat et le tour est joué.
Et pour ceux qui hésiteraient encore
à franchir le pas, des témoignages
sont accrochés un peu partout dans
la pièce. Ainsi, une ancienne salariée,
licenciée économique, dit avoir « re-
trouvé confiance en elle grâce à
UberPop ». Quant à savoir ce qu’il
faut faire en cas de démêlés avec les
chauffeurs de taxi, la réponse est
claire : « Restez courtois et compo-
sez le 17. » Des policiers qu’Uber
connaît bien. Depuis plusieurs jours,
une fourgonnette des forces de
l’ordre assure sa sécurité à quelques
mètres du siège. ■
Paris (XIXe), hier. Dans la salle où l’onvient déposer son dossier ou
s’informer, les candidats attendent queleur nom et le guichet vers lequel sediriger s’affiche sur le panneau lumi-
neux. (LP/Philippe de Poulpiquet.)
par Vincent Vérier
Tous droits réservés Le Parisien 2015
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Parution : Quotidienne
Diffusion : 148 220 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2014↑ 42
ÉTIENNE WÉRY AVOCAT AUX BARREAUX DE PARIS ET DE BRUXELLES, SPÉCIALISTE DES TECHNIQUES DE L'INFORMATION
La loi peut-elle empêcher le service UberPop ?Les taxis appellent aujourd'hui à des mouvements à travers la France pour protester contrel'application UberPop. Le gouvernement juge cette activité illégale et multiplie les contrôles. Se-lon l'avocat Étienne Wéry, on ira sans doute davantage vers une régulation européenne que versune interdiction.
jeudi 25 juin 2015Page 4
463 mots
ECONOMIE—RUBRIQUE
« Personne ne conteste la possibilité
pour les États de légiférer sur le ma-
raudage, c'est-à-dire sur la possibili-
té ou non de rouler dans les rues et
de prendre des clients au vol, ou sur
la sécurité des passagers en obligeant
les chauffeurs professionnels à être
qualifiés et inscrits officiellement..
Mais cela s'arrête là. Les pouvoirs pu-
blics ne peuvent et ne veulent sans
doute pas limiter l'usage du covoitu-
rage entre particuliers. Or c'est sur ce
terrain que se positionne UberPop.
Dans les faits, la loi considère que les
chauffeurs d'UperPop exercent au
quotidien un travail illégal de taxi ou
de VTC puisqu'ils ne rentrent pas
dans le cadre juridique de ces profes-
sions. Pourtant, en tant que particu-
lier, j'ai le droit de prendre chaque
matin l'un de mes voisins et de le
transporter en échange d'une partici-
pation aux frais.
De la même manière, ce n'est pas
parce que je vends de temps en temps
un objet sur un site Internet que je
me transforme en brocanteur profes-
sionnel qui doit payer des taxes ou
une patente.
Je connais des chauffeurs d'UberPop.
Certains sont des filous, qui per-
çoivent par ailleurs des allocations
chômage, mais transportent toute la
journée des clients. D'autres sont de
véritables militants écologistes qui
estiment qu'UberPop est une forme
de covoiturage et limite la circulation
automobile. Pour les juges, il sera
donc parfois difficile de trancher car
ils devront prendre en considération
une importante somme d'éléments.
Ce sera encore plus difficile en ce qui
concerne la société Uber elle-même
qui, en principe, bénéficie d'un cadre
européen dans lequel les services de
la société d'information sont libres à
condition qu'on n'assiste pas à une
violation massive du droit du travail.
Il est probable que cela se termine
par une décision de la Cour de justice
européenne de Luxembourg, qui de-
vra définir le cadre juridique de ce
service controversé.. On assiste en
effet à un certain nombre de déci-
sions contradictoires dans des États
membres.
En fait, je crois que les États com-
prendront qu'il sera plus simple et
plus sain de réguler l'activité et de
trouver des compromis avec Uber,
comme certains politiques le pensent
en Belgique, que de l'interdire. Et ce-
la concerne aussi nombre de secteurs
dont le modèle économique est bou-
leversé par les nouvelles technolo-
gies, des transports à l'énergie en
passant par le logement ou les livrai-
sons. »■
par Recueilli Par Michel Waintrop
Lire aussi page 17
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17797555598a6A0CD0CA51C6A403A16A58C93B45E9634D73E236D49
Parution : Quotidienne
Diffusion : 93 149 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2014
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Perturbations sur les routes et sur les rails
jeudi 25 juin 2015Édition(s) : Paris, Oise, Seine et Marne Sud, Seine et Marne Nord,
Yvelines…Page 10
234 mots
ECONOMIE—ECONOMIE
J ournée compliquée dans les
transports et principalement sur
les routes. Les 55 000 taxis français
sont appelés aujourd’hui à cesser le
travail. Dans toutes les grandes ag-
glomérations, de Lille à Nice, en pas-
sant par Paris, Lyon, Marseille, Tou-
louse ou Bordeaux et Strasbourg, les
accès aux gares et aux aéroports de-
vraient être fortement perturbés. Se-
lon les syndicats, en Ile-de-France,
les aéroports de Roissy (Seine-Saint-
Denis) et d’Orly (Val-de-Marne),
mais aussi les gares du Nord (X e), de
Lyon (XII e) et de Montparnasse de-
vraient être particulièrement impac-
tés. En outre, des rassemblements
sont prévus à la porte Maillot (XVI
e) et sur la place Denfert-Rochereau
(XIV e). Les chauffeurs de taxi pro-
testent contre la concurrence jugée
déloyale exercée par l’application
américaine UberPop et par les VTC
(une voiture de transport avec chauf-
feur, commandée à l’avance).
Huit TER sur dix
« On veut que le gouvernement
prenne des décisions fortes, insiste
Karim Asnoun de la CGT-Taxis,
comme la désactivation de
l’application UberPop. » Par ailleurs,
hier, la CGT-Taxis a annoncé qu’elle
avait cité à comparaître Uber, qui
gère UberPop, devant le tribunal cor-
rectionnel de Paris, pour exercice
illégal de l’activité d’exploitant taxi.
Enfin, sur les rails, l’appel à la grève
de la CGT-Cheminots devrait légère-
ment perturber le trafic en région,
avec 8 TER sur 10. Sur le reste du ré-
seau, les trains devraient rouler nor-
malement, notamment sur les
grandes lignes et en région pari-
sienne. La CGT demande une aug-
mentation de salaire de 10 %.■
Tous droits réservés Le Parisien 2015
9671f55859daa404d0345196eb0311df5949114b89e147c049a8aa9
Parution : Quotidienne
Diffusion : 229 637 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2014
Audience : 2 451 000 lect. - © AudiPresse One 2013/2014↑ 44
TRANSPORT FLUVIAL ETMARITIME
↑ 45
LA POURSUITE DE L'ÉPREUVE DE FORCE ENTRE EUROTUNNEL ET LA SCOP SEAFRANCE SUR LE SORT DES BATEAUX DE MY-FERRYLINK
MyFerryLink : le bras de fer entre Eurotunnel et la Scop SeaFrance devrait sepoursuivre
N° 23383jeudi 25 juin 2015
Page 22440 mots
LES FEMMES, LES HOMMES ET LES AFFAIRES— [AUCUNE]
La poursuite de l'épreuve de force
entre Eurotunnel et la Scop Sea-
France sur le sort des bateaux de My-
FerryLink paraissait inévitable hier,
au risque de nouveaux blocages des
liaisons transManche.
La compagnie maritime danoise
DFDS Seaways, dont Eurotunnel en-
tend privilégier l'offre, a annoncé
qu'elle comptait reprendre 202 des
quelque 645 employés de la Scop
SeaFrance (570 en France, 75 en An-
gleterre) dans son projet de reprise
de deux des trois bateaux de MyFer-
ryLink. L'offre a été immédiatement
qualifiée d'« inacceptable » par le se-
crétaire général du Syndicat Mari-
time Nord, ultra majoritaire au sein
de la Scop, Eric VERCOUTRE. « Ce
matin, la Scop a déposé sa propre
offre qui garantit 570 emplois, avec
l'aval de la région Nord/Pas-de-Ca-
lais et du département du Nord », a
fait valoir ce dernier.
Le syndicaliste qui avait promis le
matin même qu'en cas d'échec de la
reprise par la Scop « l'été serait
chaud », et que les blocages du Tun-
nel sous la Manche et du port de Ca-
lais mardi n'avait été qu'un « en-
cas », a indiqué à l'AFP qu'une lettre
ouverte allait être adressée au pré-
sident de la République François
HOLLANDE. M. VERCOUTRE a aussi
annoncé pour samedi une grande
manifestation de soutien -- sans blo-
cage du port et du tunnel -- à la Scop
SeaFrance. La région Nord/Pas-de-
Calais a pour sa part annoncé qu'elle
mettrait 10 millions d'euros sur la
table pour soutenir l'offre de la Scop
SeaFrance.
Eurotunnel a déjà indiqué avoir signé
avec DFDS un contrat de location
avec option d'achat en 2017 de deux
de ses trois navires (le Rodin et le
Berlioz) à compter du 2 juillet. Mais
cette solution, selon des sources
proches du dossier, risquait de dé-
boucher sur le licenciement de près
de 500 des 600 employés de la Scop
œuvrant chez MyFerryLink, qui ex-
ploitait les bateaux. Le gouverne-
ment français avait demandé mardi
à Eurotunnel de « travailler à une
meilleure solution » pour permettre
« la reprise de davantage de sala-
riés ». Dans un communiqué hier ma-
tin, Eurotunnel a cependant douché
tous les espoirs, répétant que son
choix de reprise était fait, en dépit du
soutien apporté par les institutions
politiques et quelles que soient les
nouvelles offres déposées. ■
Tous droits réservés Correspondance Economique 2015
FC7B651C597a8B07E08E5A766E09B15D55A90541692E4F0A71BC945
Parution : Quotidienne
↑ 46
Ports de Paris engage un lourd programme d'investissementsLe port va aussi bénéficier des crédits de l'Etat et des régions.
N° 21966jeudi 25 juin 2015
Page 21462 mots
INDUSTRIE & SERVICES—TRANSPORTS
Malgré une activité qui baisse depuis
deux ans, Ports de Paris,
l'établissement public gestionnaire
d'une soixantaine de plates-formes
logistiques en région parisienne, in-
vestit lourdement. Il vient d'adopter
son plan stratégique 2015-2020, le-
quel prévoit 175 millions d'euros
d'investissements en cinq ans. Le
précédent portait sur 120 millions,
sur lesquels 108 ont été dépensés.
Sous l'effet de la crise du BTP, le tra-
fic est passé de 22,6 millions de
tonnes en 2012 à 20,7 millions de
tonnes en 2014, « sur lesquels près
de 12 millions de tonnes de granu-
lats », rappelle Antoine Berbain, di-
recteur du développement. Pour au-
tant, le port a une très bonne raison
de continuer à miser sur le secteur
du bâtiment et des travaux publics :
les chantiers du métro du Grand Paris
vont en effet générer 40 millions de
tonnes de déblais ; il faudra aussi
acheminer les matériaux nécessaires
à la construction tant des tunnels que
des logements et bureaux prévus.
Effet réseau
Ces perspectives justifient la
construction dans les Yvelines de
Port Seine Métropole Ouest, un com-
plexe de 100 hectares dédié au BTP
du Grand Paris. Il absorbera 110 mil-
lions d'euros sur les 175 millions du
plan d'investissement. Les autres dé-
penses doivent permettre à Ports de
Paris de développer ses activités liées
aux éco-industries et à la logistique
urbaine.
Le trafic de conteneurs, notamment,
devrait être dopé par l'appartenance
du port au GIE Haropa, avec les ports
de Rouen et du Havre. Le traitement
de 130.000 conteneurs EVP l'an der-
nier confirme les installations de
Gennevilliers comme l'une des portes
d'accès au marché de grande
consommation de la région pari-
sienne.
Ports de Paris devrait aussi profiter
de la dynamique de l'Axe Seine.
L'Etat, les deux régions de Norman-
die et l'Ile-de-France signent ce jeudi
à Rouen un contrat de projet inter-
régional Etat-régions de la vallée de
la Seine. Celui-ci vise à améliorer les
infrastructures ferroviaires, fluviales
et portuaires nécessaires au dévelop-
pement d'Haropa. « Pour la première
fois, tous les acteurs ont parlé de la
même voix et cela permet de déblo-
quer 1 milliard d'euros
d'engagements d'ici à 2020 », s'est fé-
licité le président de la région Haute-
Normandie, Nicolas Meyer-Rossi-
gnol, lors d'une table ronde organisée
par Les Echos Events.
Quant au Canal Seine Nord Europe,
il ne fait toujours pas l'unanimité des
trois ports, mais le gouvernement
vient de franchir une nouvelle étape
vers sa réalisation. ■
par Dominique Malécot
Tous droits réservés Les Echos 2015
CB7165C157FaD70C90F159166506D14A524904419923486C2550E18
Parution : Quotidienne
Diffusion : 125 172 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2014
Audience : 560 000 lect. - © AudiPresse One 2014↑ 47
TRANSPORT AÉRIEN
↑ 48
Aéroport de Toulouse : le président de l'actionnaire chinois en fuite
N° 21966jeudi 25 juin 2015
Page 20208 mots
INDUSTRIE & SERVICES—EN BREF
I nfrastructures : Mike Poon, le
président du consortium chinois
Casil Europe (Shandong Hi-Speed
Group et fonds FPAM) qui a racheté à
l'Etat 49,99 % des parts de l'aéroport
de Toulouse en avril pour 308 mil-
lions d'euros, est en fuite depuis la
mi-mai, a révélé le journal « South
China Morning Post » de Hong Kong.
Mike Poon est le PDG du fonds FPAM
de Hong Kong, actionnaire du loueur
d'avions CALC. Mike Poon a démis-
sionné de la présidence de CALC, de
même que son directeur financier, à
la suite d'une enquête pour corrup-
tion de la justice chinoise à
l'encontre de la compagnie China
Southern Airlines, cliente de CALC.
FPAM a indiqué hier n'être « pas af-
fecté par l'enquête en cours sur la
compagnie aérienne. Mike Poon
garde la présidence de FPAM comme
de Casil. Il n'y a aucun impact ni sur
l'activité, ni sur la gouvernance, ni
sur l'actionnariat » de l'aéroport.
Mais à Toulouse, le collectif contre
la privatisation s'est déclaré « inquiet
sur l'influence de ce groupe dans
notre ville ».■
par Laurent Marcaillou
Tous droits réservés Les Echos 2015
A77BF5E75DAa310880A15B562905D1215ED98248B940467E8D40B47
Parution : Quotidienne
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