PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

34
PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU

Transcript of PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

Page 1: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

PANCREATITE CHRONIQUE

Professeur Fabien ZOULIM

HOTEL DIEU

Page 2: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

I. DEFINITION ET CLASSIFICATION DES

PANCREATITES

• 1. Les pancréatites aiguës– Famille de lésions qui peuvent affecter le

pancréas ou les tissus péripancréatiques : œdème, nécrose, nécrose graisseuse, nécrose hémorragique.

– La plupart de ces lésions est en général réversible.

Page 3: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

– La nécrose hémorragique pancréatique et péripancréatique peut être à l ’origine de pseudokystes nécrotiques.

– L ’infection de pseudokystes peut donner lieu à un abcès.– Causes :

• Extrapancréatiques :– Lithiase biliaire.– Cathétérisme endoscopique de la papille– Chirurgie.– Traumatisme…

• Intrapancréatiques :– Pancréatite chronique qui peut se compliquer au début de poussées de

pancréatique aiguë.

Page 4: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

• 2. Les pancréatites chroniques– Fibrose pancréatique avec perte du parenchyme

exocrine puis endocrine et lésions des canaux pancréatiques.

• Pancréatite chronique calcifiante.

• Pancrétite obstructive.

• Fibrose diffuse.

Page 5: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

ETIOLOGIE DES PANCREATITES CHRONIQUES

• 1. Alcoolisme chronique.– Facteur étiologique majeur dans les pays

développés.– Relation entre la quantité d ’alcool et le risque

de développer une pancréatite chronique, mais cette relation n ’est pas linéaire indiquant des sensibilités individuelles différentes?

– La durée de la consommation est aussi un facteur important.

Page 6: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

– Facteurs nutritionnels :• Régime hyperprotidique.

• Lipides : effet en V avec un risque fort pour les régimes pauvres en lipides et aussi pour les régimes hyperlipidiques.

– Le tabagisme augmente le risque.– Alcool + nutrition + tabac : effet synergique sur

le risque de pancréatite chronique.

Page 7: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

• 2. Pancréatite chronique juvénile tropicale.– Touche les deux sexes.– Atteint les enfants et adolescents ne

consommant pas d ’alcool.– Facteur commun : la malnutrition protido-

lipidique.– Zone géographique la plus typique : sud de

l ’Inde.– Parfois, association de malnutrition et

d ’alcoolisme : Afrique du Sud, Brésil.

Page 8: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

• 3. Autres causes.– Pancréatite chronique héréditaire : pathologie

autosomale dominante à pénétrance variable.– Hyperparathyroïdite (hypercalcémie).– Radiothérapie abdominale.– Mucoviscidose.– Dans 10 % des cas : idiopathique.

Page 9: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

III. PHYSIOPATHOLOGIE

• 1. Formes anatomocliniques– Pancréatite chronique calcifiante

• Évolution en quelques années vers l ’apparition de calcules pancréatiques calcifiés visibles sur l ’ASP.

• Présence dans les canaux pancréatiques de précipités protéiques formés d ’une protéine fibrillaire.

• Intensité des lésions canalaires :– Atrophie de l ’épithélium.– Sténose, dilatations qui sont à l ’origine de kystes et

pseudo-kystes par rétention.

Page 10: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

– Pancréatite obstructive• Due à un obstacle préexistant sur le canal.

• Distribution homogène des lésions en amont de l ’obstacle.

• Préservation relative de l ’épithélium et de la forme des canaux.

• Rareté des précipités protéiques et des calculs.

– Formes fibrosantes diffuses• Se rencontrent dans les pays en voie de développement,

dans l ’hypertriglycéridémie, l ’hémochromatose...

Page 11: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

• 2. Conséquences.– Possibilité de soufflure du canal pancréatique à l ’origine de

kystes intrapancréatiques par rétention.– Ceux-ci peuvent grossir et se rompre dans le tissu

pancréatique : pseudokyste par rétention.– Kystes et pseudokystes peuvent s ’infecter : abcès (en

particulier après un cathétérisme endoscopique de la papille).

– Les pseudokystes par rétention sont souvent confondus avec les pseudokystes nécrotiques qui peuvent faire suite à une poussée de pancréatite aiguë compliquant la maladie.

Page 12: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

• 3. Pathogénie : lithogénèse pancréatique– La maladie est due à l ’apparition de lithiase qui est à

l ’origine de lésions des canaux excréteurs.– Il s ’agit de précipités protéiques formés de protéine

fibrillaire et contenant des critaux de carbonate de calcium.– Au contact de ces précipités, la membrane basale des canaux

disparaît puis la cellule canalaire s ’atrophie.– Les précipités et calculs qui en dérivent sont formés de :

• carbonate de calcium• PSP : protéine stabilisatrice du pancréas (forme dégradée et

insoluble)

Page 13: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

• Précipitation du carbonate de calcium :– La PSP est le stabilisateur empêchant la cristallisation.

– La PSP est diminuée dans les formes alcooliques dans le suc pancréatique et dans les cellules acineuses du pancréas.

• Précipitation des protéines :– Marque le début de la maladie.

– L ’hydrolyse trypsinique de la PSP sécrétoire donne naissance à une forme dégradée non soluble qui précipite dans la lumière de l ’acinus.

Page 14: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

IV. CLINIQUE

• 1. Caractères cliniques– La douleur est presque constante.– La stéatorrhée et le diabète sont présents chez

un patient sur deux.– Calcifications dans plus de 50 % des cas.

Page 15: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

• 2. La douleur– Douleur épigastrique le plus souvent.– Parfois dans l ’hypochondre droit ou gauche.– Souvent transfixiante irradiant dans le dos.– Déclenchée par repas riche en graisses et/ou en alcool.– Durée : plusieurs heures.– Sensible à l ’aspirine.– Impossibilité de rester en décubitus dorsal +++

• Attitude antalgique en « chien de fusil  »

• Syndrome douloureux d ’origine rétropéritonéale

Page 16: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

– Mécanisme de le douleur :• Augmentation du volume de la glande dans la

capsule.

• Hyperpression canalaire.

• Inflammation des terminaisons nerveuses et englobement par la sclérose.

– Diagnostic différentiel : cancer du pancréas

Page 17: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

• 3. Amaigrissement.– Présent dans 2/3 des cas.– Permet d ’affirmer l ’organicité de le douleur.– Au début de la maladie, elle est davantage liée à

l ’intensité et à la fréquence des crises douloureuses qu ’à la malabsorption.

Page 18: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

• 4. Diabète et stéathorrée.– Généralement absents à la phase de début.

– Parfois perturbation de l ’hyperglycémie provoquée.• Diabète : complication tardive.

– 80 - 90 % de la glande doit être atteinte.

– Destruction des îlots de Langerhans

– Le traitement est difficile car il y a perte simultanée d ’insuline et de glucogan diabète instable.

• Stéatorrhée.– Apparaît lorsque le débit de lipase est effondré (<10 %)

– Les repas riches en graisse s ’accompagnent de diarrhée ou de stéatorrhée vraie.

• 5. L ’examen clinique. Il est en général pauvre et s ’attachera à retrouver des signes d ’éthylisme.

Page 19: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

• 6. Les complications– Pseudokystoses

• Surviennent dans 20 % des cas.• Douleur épigastrique• Peuvent entraîner une compression des organes de voisinage

– Duodénum sténose digestive

– Cholédoque ictère

– Vaisseaux splénique HTP segmentaire splénique varices oesophagiennes hémorragie digestive

• Physiopathologie pression intracanalaire rupture canalaire extravasation du liquide

pancréatique

Page 20: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

– Saignement intrakystique• Diagnostic au scanner• Le pseudokyste a un contenu liquidien hypodense• En cas d ’hémorragie intrakystique, le contenu devient hyperdense.

– Sténose duodénale. de taille de la tête du pancréas.

– Pseudokyste.

– Ou processus inflammatoire de la portion céphalique.

• Compression du 2ème et 3ème duodénum.• Symptomatologie de la sténose du pylore : douleur et intolérance alimentaire

(vomissements).

– Sténose du cholédoque• Poussée inflammatoire céphalique• Fibrose de la tête du pancréas• Pseudokyste de la tête.

Page 21: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

– Très souvent, il s ’agit du diagnostic d ’un ictère nu diagnostic différentiel : cancer de la tête du pancréas.

– Ascite pancréatique• Par fissuration d ’un pseudokyste ou rupture

canalaire. Le liquide pancréatique fuse dans la cavité

abdominale.– Douleur variable.

– Distension abdominale.

– Cachexie.

– Ponction d ’ascite : Amylases

– Lipases

Page 22: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

– Épanchement pleural.• Rupture canalaire le liquide pancréatique fuse dans le thorax.• Dyspnée.• Radiographie thoracique : épanchement pleural gauche• Ponction pleurale : amylases

– Fistule pleuropancréatique.

– Thrombose de la veine splénique.• Compression locale par pseudokyste et fibrose.• Apparition de varices gastriques, oesophagiennes et parfois

coliques.• Risque : hémorragie digestive.

Page 23: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

– Masse pancréatique• Diagnostic difficile avec le cancer du pancréas• Echographie, scanner et échoendoscopie ne permettent pas de trancher.• La cytoponction si elle est négative n ’élimine pas le cancer du

pancréas• Parfois nécessité d ’intervention chirurgicale

• Pathologies associées– Terrain éthylo-tabagique : toujours rechercher :

• Hépathopathie alcoolique.• Cancer de l ’eosophage.• Cancer ORL.• Manifestations cliniques générales de l ’éthylisme chronique.

Page 24: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

V. EXAMENS COMPLEMENTAIRES

• 1. Démarche diagnostique– Suspicion de pancréatite chronique. Les techniques

d ’imagerie permettent dans 70-90 % des cas (échographie + scanner).

– Scanner• Anomalies canalaires.• Calcifications pancréatiques• Atrophies• Visualisation de la queue du pancréas (souvent masquée

par les gaz en échographie.

Page 25: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

– CPRE : doit être envisagée dans un 2ème temps.• Technique invasive.

• Plus sensible que le scanner et l ’échographie pour la mise en évidence de lésions intracanalaires.

– Test à la sécrétine.• Peut parfois déceler une forme discrète de pancréatite

chronique lorsque les examens morphologiques sont négatifs.

– La place de l ’échoendoscopie dans les formes débutantes est à préciser.

Page 26: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

• 2. Tests enzymatiques.– Bilan sanguin

lipases et amylases au cours d ’une poussée de pancréatite aiguë sur une pancréatite chronique.

• Le plus souvent, le malade est vue en dehors d ’une poussée aiguë et les taux d ’enzymes pancréatiques sont normaux.

– Dosage local des enzymes• Pleurésie• Ascite taux d ’amylase • Pseudokyste

Page 27: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

– Tests fonctionnels• Test à la créatinine.

– Principe : stimulation par un repas ou injection IV de sécrétine : [cl] et [bicarbonates] dans le suc pancréatique.

– Sonde à double canal positionnée dans le duodénum :» Une orifice à hauteur de l ’ampoule de Vater» Un orifice dans l ’estomac

– Recueil en situation basale (1 heure) :– Injection de sécrértine IV

» débit pancréatique» bicarbonates

– Test sensible, relativement spécifique de l ’insuffisance pancréatique mais pas de son étiologie ([bicarbonates] < 80 meq/ml).

Page 28: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

– Injection de cholecystokinine en IV• Stimule les sécrétions enzymatiques (lipases, trypsine, chimotrypsine)• Ces deux tests sont inconfortables et donc peu utilisés.

– Test au bentiromide• Administration orale de bentiromide

– La chymotrypsine leclive en acide para aminobenzoïque (PABA)

– Dosage du PABA urinaire

• Test peu sensible et peu spécifique car perturbé par :– Médicaments,

– Gastrectomie,

– Pathologie intestinale,

– Hépatopathie,

– Insuffisance rénale.

Page 29: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

E xp lo ra tion d 'u n e s té a to rrh é e

C P R E

E ch oen d oscop ie

S can n er

E ch og rah ie

A S P

p an c ré as

Tes t resp ira to ire

Tes t d e S ch illin g

D -xylose

fon c tion

B iop s ie d u g rê le

Tran s it d u g rê le

m orp h o log ie

In tes tin g rê le

S té a to rrh é e

Page 30: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

• Examens morphologiques– ASP

• Mise en évidence de calcifications.

• Au niveau de la tête ou de la queue (le corps du pancréas se projette au niveau du rachis).

• Fréquence 40 %

• Se rencontrent dans la pancréatite chronique alcoolique, mucoviscidose, hyperparathyorïdie, pancréatite tropicale.

– Échographie :• Taille de la glande

• Collections liquidiennes (pseudokyste, ascite…)

• Dilatations canalaires (Wirsung)

• Lithiases intracanalaires.

• Pancréas hyperéchogène ou hétérogène

Page 31: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

• Permet la ponction à l ’aiguille fine :– kyste amylases– masse pancréatique diagnostic différentiel avec un cancer du pancréas

– Analyse cytologique• Si positive : cancer du pancréas• Si négative : n ’élimine pas le cancer du pancréas

– Scanner• Tête du pancréas : peut être , parfois atrophique• Parfois aspect pseudotumoral difficile à distinguer d ’un adénocrcinome.• Calcifications intracanalaires• Dilatation du canal de Wirsung en général irrégulière• Pseudokystes

Page 32: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

– Echoendoscopie• Tête du pancréas

– Parenchyme hétérogène

– Calcifications hyeprdenses

– Cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique (CPRE)• Permet d ’évaluer la sévérité et l ’étendu des lésions.• Recherche d ’un pseudokyste, d ’une pathologie biliaire, d ’un

processus néoplasique.

– Forme débutante (lésions précoces de pancréatite chronique)• Altérations des ramifications du canal principal : dilatations et

rétrécissements de leurs jonctions avec le canal principal• Wirsung : parfois trajet tortueux ou caractère rigide

Page 33: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.

– Forme modérée• Canaux secondaires : distribution irrégulière, tortueux, déformés par

des dilatations kystiques localisées

• Wirsung : dilaté, tortueux, zone de rigidité pariétale sténoses courtes.

– Forme sévère• Wirsung : dilation diffuse ou sténose multifocales associées à des

dilatations en chapelet («aspect en collier de perles »)

• canaux secondaires : dilatés et borgnes

– Autres aspects• Sténose canalaire localisée : doit faire suspecter un adénocarcinome.

• Lithiase avec dilatation du canal de Wirsung en amont

Page 34: PANCREATITE CHRONIQUE Professeur Fabien ZOULIM HOTEL DIEU.