Palimpsestes

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Les réseaux professionnels trans- méditerranéens, créés par la société civile sont nombreux. Mais, peu soutenus par les pouvoirs publics, ils restent dispersés. Pourtant leur rôle de régulateur pourrait accélérer le rapprochement des deux rives de la Méditerranée. Il est donc nécessaire de définir les modalités d’une meilleure prise en compte de ces réseaux par les institutions européennes et d’établir les objectifs de leur coordination. Les réseaux professionnels transméditerranéens L’Institut de prospective économique du monde méditerranéen, IPEMED, est une association reconnue d’intérêt général, créée en 2006. Think tank promoteur de la région méditerranéenne, il a pour mission de rapprocher par l’économie, les pays des deux rives de la Méditerranée. Il est indépendant des pouvoirs politiques dont il ne reçoit aucun financement. IPEMED est dirigé par Jean-Louis Guigou et Radhi Meddeb. Conseiller éditorial: Akram Belkaïd. Conseiller scientifique: Pierre Beckouche. Communication: Véronique Stéphan. Réalisation : Patricia Jezequel, Alain de Pommereau Impression : CPI Imprimerie France Quercy N°1 JANVIER 2011 Palimpsestes INTRODUCTION Des initiatives foisonnantes mais dispersées .............. 2 I Les réseaux professionnels, outils de la régulation internationale ............................................................. 2 II L’intégration par les réseaux dans l’espace baltique, une réussite éclatante ................................................ 4 III Les réseaux et l’UE : les limites de l’approche top-down 6 IV L’étonnante dynamique de la société civile euro-méditerranéenne ................................................ 7 V Le réseau Euromed Postal, un cas d’école en Méditerranée ......................................................... 8 CONCLUSION Promouvoir un nouveau modèle d’intégration régionale ............................................... 10 Amal Chevreau et Maxime Weigert

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Les réseaux professionnels transméditerranéens

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Les réseaux professionnels trans -méditerranéens, créés par la sociétécivile sont nombreux. Mais, peusoutenus par les pouvoirs publics,ils restent dispersés. Pourtant leur rôlede régulateur pourrait accélérerle rapprochement des deux rives dela Méditerranée. Il est donc nécessairede définir les modalités d’une meilleureprise en compte de ces réseaux parles institutions européennes et d’établirles objectifs de leur coordination.

Les réseaux professionnelstransméditerranéens

L’Institut de prospective économique du monde méditerranéen, IPEMED, est une association reconnue d’intérêt général, créée en 2006.Think tank promoteur de la région méditerra néenne, il a pour mission de rapprocher par l’économie, les pays des deux rives

de la Méditerranée. Il est indépendant des pouvoirs politiques dont il ne reçoit aucun financement. IPEMED est dirigé par Jean-Louis Guigouet Radhi Meddeb. Conseiller éditorial : Akram Belkaïd. Conseiller scientifique : Pierre Beckouche. Communication : Véronique Stéphan.

Réalisation : Patricia Jezequel, Alain de Pommereau Impression : CPI Imprimerie France Quercy

N ° 1 J A N V I E R 2 0 1 1

Palimpsestes

INTRODUCTION

Des initiatives foisonnantes mais dispersées .............. 2

I Les réseaux professionnels, outils de la régulationinternationale ............................................................. 2

II L’intégration par les réseaux dans l’espace baltique,une réussite éclatante ................................................ 4

III Les réseaux et l’UE : les limites de l’approche top-down6

IV L’étonnante dynamique de la société civile euro-méditerranéenne ................................................ 7

V Le réseau Euromed Postal, un cas d’école en Méditerranée ......................................................... 8

CONCLUSION Promouvoir un nouveau modèle d’intégration régionale ............................................... 10

Amal Chevreau et Maxime Weigert

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I N T R O D U C T I O N

Des initiativesfoisonnantesmais dispersées

epuis le lancement duprocessus de Barcelone en 1995et en partie grâce à lui, ungrand nombre d’initiatives de la

société civile tissent des réseauxtransméditerranéens decoopération et de solidarités multiples, dans laplupart des activités économiques, sociales etculturelles. Impliquant aussi bien des collectivitésterritoriales que des groupements professionnelssectoriels, ces réseaux fonctionnels(1) sont animéspar l’intérêt commun que trouvent leurs membresà organiser leur activité à l’échelle régionale, endehors du champ d’action des États. D’unecertaine manière, leur action s’inscrit dans une tradition, plurimillénaire en Méditerranée, destructuration de l’espace par l’échange, queFernand Braudel a habilement mise en lumière(2).Mais aujour d’hui, faute d’une impulsion politiquesuffisante, ces initiatives foisonnantes restentdispersées, et leurs intentions largement ignoréespar les pouvoirs publics en charge de larégionalisation.

Structuré en cinq points, ce texte a pour objectifde montrer en quoi la mauvaise valorisation desgroupements d’intérêt professionnels estpréjudiciable à l’intégration euro-méditerranéenne.Le premier point est consacré au rôle des réseauxfonctionnels dans la régulation internationale, etplus particulièrement dans la régulation régionale.Le deuxième point livre une brève analyse de lamanière dont ces réseaux ont contribué àl’intégration des pays baltes montre quel type decomplémentarité existe entre la société civile et lesÉtats dans les processus de régionalisation. Letroisième point explique en quoi la manière dontl’Union européenne envisage l’implication desréseaux dans la construction de la régioneuropéenne élargie limite considérablement leurinfluence, potentiellement importante, surl’intégration euro-méditerranéenne. Le quatrièmepoint donne un aperçu de la dynamique de la sociétécivile en Méditerranée. Le dernier point fait unzoom sur l’expérience de l’Euromed Postal.

L’exemple de ce réseau des opérateurs postaux de laMéditerranée montre à la fois la capacité régulatricedes groupements professionnels euro-méditerranéenset leurs difficultés, sans soutien des pouvoirspublics, à mener à bien les projets de coopération.

I Les réseaux professionnels, outils de la régulationinternationale

à partir du xie siècle après j.c., l’émergence,partout en Europe, de villes de plus de 10000 habi-tants et le développement des marchés locaux etrégionaux ont conduit les artisans et les marchandsspécialisés à se regrouper, afin de mieux défendreleurs intérêts auprès des pouvoirs municipaux. Pen-dant plusieurs siècles, ces corporations, qui portaientle nom de métier, de guilde ou de hanse, ont servide cadre à une organisation en réseau, au seinduquel drapiers, tisserands, épiciers ou autres orfè-vres échangeaient leurs techniques, leurs ouvriers etleurs clients, à travers des zones d’influence de plusen plus étendues. Soucieux de valoriser sans cesseleur savoir-faire, les membres des corporations ontprogressivement pris en charge la réglementation deleur profession et de ses pratiques, par exemple encontrôlant la qualité des ouvrages et des produits pro-posés sur les marchés – avec l’attribution, dans cer-

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(1) On peut établir une distinction entre les réseaux organiques, qui désignentle tissu des relations non intentionnelles au sein d’une communauté (lesdiasporas par exemple) et les réseaux fonctionnels, qui désignent les réseauxcréés à des fins précises, tels les regroupements professionnels dont il estquestion ici. Cf. Jocelyne Césari (dir.), La Méditerranée des réseaux, Paris, Maison -neuve et Larose, Maison méditerranéenne des sciences de l’homme, 2002.

(2) À ce sujet, voir l’analyse éclairante de Michel Casteigts, «Territorialités ettemporalités en Méditerranée, la leçon de Braudel», in Union pour laMéditerranée, histoire d’un futur, Colloque Gret, 2009.

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Carte de la Ligue Hanséatique.Active du XIIe au XVIIe siècle, cetteassociation de marchands eut un

rôle dominant au niveau commercial,puis politique. Elle tissait un réseauentre les villes de l’Europe du Nord.

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tains cas, de véritables «labels» corporatifs – et enexcluant du réseau ceux qui violaient les règles éta-blies par les maîtres de la corporation. La ligue han-séatique, association de marchands allemands fon-dée au xiie siècle et devenue, au fil des siècles, lacommunauté des grandes villes de la mer Baltique,est l’extension «internationale» la plus fameuse dece système corporatif, dont elle a montré à la fois lafonctionnalité et le rôle dans le développement ducommerce européen. Bien sûr, l’avènement enEurope, après la Révolution française, d’un État fort,centralisé, et garant des intérêts de la nation aentraîné la disparition des corporations,dont l’influence et l’emprise sur l’économiene pouvaient plus être tolérées, ne serait-cequ’au nom de la liberté d’entreprise qui pré-valait à l’heure de la révolution industrielle.

Compte tenu des mutations de l’organi-sation territoriale, politique et économiquedu monde depuis le Moyen-Âge, il estimpossible d’établir une filiation entre lescorporations médiévales et les associationsprofessionnelles postérieures comme, parexemple, les syndicats ou les réseaux professionnelsdont il est question ici. En revanche, l’histoire de cesassociations corporatives et de leur influence sur lavie économique révèle que les réseaux ont toujoursconstitué un espace de régulation complémentairede celui du pouvoir central, que celui-ci ait été denature féodale, impériale ou, plus tardivement, éta-tique. Qu’en est-il aujourd’hui de cette régulation parles réseaux professionnels, c’est-à-dire de leur capa-cité à assurer le bon fonctionnement de l’activité autitre de laquelle les membres qui les constituent s’as-socient ? Pour y répondre, il convient d’expliquer enquoi les réseaux, en tant qu’associations d’individusou d’organisations d’individus, et l’État, en tant quefigure institutionnelle universelle du monde contem-porain, sont bien deux cadres de régulation distincts.

s’agissant de régulation, de réglementation etde gestion des activités, la différence principale entreles deux modes d’organisation que sont l’État et leréseau peut se résumer de la manière suivante :l’État, qui est fondé sur un système hiérarchique,dont l’organisation est confiée à l’administration,opère dans un espace institutionnel, délimité par sesfrontières. Les réseaux, qui sont fondés sur la soli-darité et sur la communauté d’intérêts entre égaux,

opèrent quant à eux dans un espace fonctionnel quine coïncide pas nécessairement avec le découpageterritorial de l’État, c’est-à-dire dans un espace quin’est pas soumis aux contraintes de la centralisationet de la délimitation administrative. Cela signifie queles relations s’ordonnent de manière verticale dansl’espace institutionnel – du haut vers le bas, pourainsi dire –, et de manière horizontale dans l’espacefonctionnel – sur un même niveau(3). Ainsi, alors quela solidarité nationale est souveraine dans l’espaceinstitutionnel de l’État, les rapports qui s’établissentdans l’espace fonctionnel des réseaux peuvent être

fondés sur des liens non nationaux commel’amitié, la religion, l’ethnie, le métier, etc.Associant des personnes ou des organisa-tions de personnes qui ne sont pas forcé-ment unies par la nationalité, les réseauxprésentent donc l’avantage de ne pas êtretraversés par les frontières nationales etadministratives des États, et sont, de ce fait,particulièrement favorables à la coopérationtransnationale. Or, si l’espace institutionnelest un espace politique, contrôlé par un

pouvoir politique, l’espace économique est assuré-ment un espace fonctionnel qui transcende les fron-tières. C’est pour cette raison que l’organisationtransnationale en réseau peut jouer un rôle majeurdans l’intégration économique d’une région, notam-ment en Méditerranée où les États entretiennent desrelations conflictuelles.

la potentialité régulatrice des réseaux fonc-tionnels se trouve renforcée par l’absence d’inter-médiaire vertical entre les acteurs du réseau. Au plusprès du terrain, ces acteurs sont en effet les mieuxplacés pour repérer les problèmes entravant ou limi-tant le fonctionnement de leur activité et pour défi-nir, avec leurs homologues, les moyens de remédieraux situations problématiques. Ainsi, dès lors qu’ilsdeviennent transnationaux et qu’ils assurent uneconnexion directe entre professionnels de pays dif-férents, les réseaux professionnels constituent lecadre le plus pertinent pour élaborer la régulationd’une activité à l’échelle d’une région intégrant lespays concernés.

La coopération transnationale des acteurs du

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3(3) Cela n’empêche pas, bien évidemment, qu’il existe une hiérarchie interneau sein des réseaux.

Les réseauxont toujoursconstituéun espacede régulationcomplémentairede celui dupouvoir central.

Dès qu’ils deviennent transnationaux et qu’ils assurentune connexion directe entre professionnels de paysdifférents, les réseaux constituent le cadre le pluspertinent pour élaborer la régulation d’une activité.

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réseau, motivée par l’intérêt que chacun trouve à élar-gir son champ d’action à l’échelle régionale, entraîneun nivellement vers le haut de l’ensemble de l’acti-vité. Les professionnels du Nord et du Sud se fontainsi les «agents anonymes»(4) d’un processus de régio-nalisation fondé sur l’intérêt économique ou collectif,et qui se met en œuvre en souplesse, indépendam-ment des impulsions et des blocages politiques.L’exemple de la coopération des pays riverains de lamer Baltique illustre d’une manière significative laplus-value que peuvent apporter les réseaux de soli-darité à tout projet d’intégration régionale.

II L’intégration par les réseauxdans l’espace baltique,une réussite éclatante (5)

les pays riverains de la mer Baltique,qui sont associés dans le cadre du Conseildes États de la mer Baltique(6) (cemb), for-ment un ensemble régional dont lemodèle de coopération est généralementtenu pour l’un des plus aboutis au monde.L’entrée de la Pologne et des pays baltesdans l’Union européenne, à l’occasion del’élargissement de 2004, a d’ailleurs mon-tré à quel point cette sous-région était inté-grée – aujourd’hui, la Russie est le seulpays baltique qui ne soit pas membre del’UE. Pourtant, après la chute du rideau defer, lorsque les pays de la rive occidentaleet ceux de la rive orientale ont décidé derelancer leur coopération, le défi de l’inté-gration semblait difficile à relever. D’unepart, les écarts de développement entre les deux rivesétaient considérables, et le projet d’intégrationrequerrait au préalable le rattrapage économique etsocial des territoires orientaux. D’autre part, la lignede fracture géopolitique qu’avaient laissée quaranteannées de guerre froide risquait, au moins par réma-nence, de peser sur le dialogue régional. C’est doncen dépit de ces difficultés que la région s’est enga-gée sur la voie de la coopération, avant même qu’il nesoit question d’intégrer les anciennes Républiquessoviétiques dans la communauté européenne.

Dès la fin des années 1980, il est apparu essentielaux États riverains de la Baltique de coopérer à la ges-tion de l’espace maritime partagé. Mais, confrontés

au vide institutionnel qui les désunissait après lachute de l’urss, ces pays étaient tenus d’inventer leurpropre cadre de coopération régionale, dans lequelpuissent être traités les problèmes spécifiques de l’es-pace baltique (pollution marine, pêche, sécurité civile,tourisme régional, etc.). Dans la mesure où il étaitnécessaire de pouvoir inclure la Russie, il fallait desurcroît que ce cadre n’ait pas de prétention supra-nationale. Le choix a donc été fait de promouvoir unecoopération décentralisée par les réseaux, qui sem-

blait la solution la plus appropriée aucontexte régional.

Ainsi, si la formation du cemb, en1992, a fourni à la région son organismede coopération étatique, c’est en fait unemultitude de canaux de coopération créésdans les années 1990. Ce ne sont pas seu-lement les pays qui se sont associés, maiségalement la plupart des acteurs privés etinstitutionnels de la région : douanes,ports, universités, opérateurs énergé-tiques… Sous l’impulsion des États rive-rains, de l’Union européenne(7) et dedivers organismes régionaux, et avec leurappui institutionnel et financier(8), unemultitude de réseaux transbaltiques ontété mis en place dans les secteurs écono-

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Dès 1991, l’Union des villesde la Baltique a joué un rôle

majeur dans la modernisa -tion des villes anciennement

soviétiques. Ici, Tallinn,capitale de l’Estonie.

(4) Cf. Jocelyne Césari (dir.), Les Anonymes de la mondialisation, revue Cultureset Conflits n°33-34, Paris, L’Harmattan, 1999.

(5) On s’appuie ici sur la thèse de Pascal Orcier, Les recompositions territorialesdans la région de la Baltique orientale (Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie),sous la direction de Violette Rey, ENS-LSH, 2009.

(6) Font partie du Conseil : l’Allemagne, le Danemark, l’Estonie, la Finlande, laLettonie, la Lituanie, la Norvège, la Pologne, la Suède et la Russie. La Norvègeet l’Islande, qui ne bordent pas la mer Baltique, sont associées au CEMB entant que pays de la zone d’influence nordique. La Commission européenne estégalement membre du CEMB.

(7) Notamment par le biais des fonds Feder et Interreg.

(8) En réalité, les réseaux de coopération font le plus souvent l’objet d’unpartenariat public-privé. C’est le cas, par exemple, du réseau Basrec, qui estdédié au développement du marché énergétique de la Baltique. Formé par desorganismes publics du secteur énergétique et des opérateurs privés, ce réseauest financé à moitié par les premiers, à moitié par les seconds.

Carte ces pays baltes.

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miques, environnementaux et sociaux. Cette straté-gie a conduit à la création de plus de 300 organisa-tions régionales qui, aujour d’hui, quadrillent commeune toile d’araignée l’espace baltique(9).

pour comprendre l’apport de ce maillage dans leprocessus d’intégration de l’ensemble baltique, le casde la coopération entre les villes offre un exempleéclairant. Comme le rappelle l’histoire de laligue hanséatique, l’association des villes dela mer Baltique est une pratique ancienne.Bien que mise à mal par le gel du commercetransbaltique pendant la guerre froide, cettetradition s’est perpétuée durant la deuxièmemoitié du xxe siècle, notamment à travers unsystème de jumelage(10) et par la création, en1980, d’une association internationale desvilles de la Nouvelle Hanse. C’est la chute del’urss qui a permis de relancer dans la régionune coopération interurbaine de grandeenvergure. Dès 1991, une centaine de villes sesont associées pour former l’Union des villes de laBaltique (ubc)(11), dont la création a consolidé lesréseaux de jumelage existants. Cet organisme a jouéun rôle majeur dans la reconnexion des rives de laBaltique et dans le rattrapage des villes anciennementsoviétiques en matière d’urbanisme, de transport etde valorisation du patrimoine touristique. Dans cha-cun de ces domaines, la coopération a consisté dansl’organisation de rencontres et d’ateliers thématiques,et dans la coordination de stages de formation àl’étranger pour les fonctionnaires municipaux, cesstages ayant favorisé le transfert de compétences d’unpays à l’autre, à l’échelle des villes(12).

Dans le même temps, les conférences annuellesde l’ubc ont servi de cadre à la mise en place de co -opérations commerciales, tandis que l’organisationde foires et d’événements sportifs et culturels a per-mis d’accroître les échanges et les mobilités entre lesvilles impliquées. Ces canaux interurbains ont éga-lement favorisé des coopérations nouvelles, qui se

sont appuyé sur les réseaux existants. C’est le caspour les universités de la région, qui ont créé desprogrammes d’échanges entre villes jumelles et quise sont associées au sein du Baltic University Pro-gramme, auquel prennent part 225 instituts d’en-seignement supérieur.

le réseau décentralisé des villes de l’ubc a forte-ment contribué à l’intégration des pays riverains dela mer Baltique, car elle a permis de réduire les écartsde développement et de renforcer la cohésion terri-toriale au niveau des villes principales, c’est-à-diredes principaux pôles économiques et culturels dechaque pays. Si cette stratégie s’est avérée efficace,c’est également parce qu’elle a influé sur la Politiquede voisinage de l’UE. En effet, les principales villes de

la région faisant partie de l’association desgrandes villes européennes (Eurocities), illeur a été possible d’exercer du lobbying àBruxelles, et de faire attribuer des finance-ments communautaires aux projets de coo-pération régionale qu’elles avaient déjà iden-tifiés et qu’elles savaient être prioritaires. Il aainsi été possible d’entreprendre des actionsciblées et efficaces, permettant de débloquerles situations qu’il était urgent et stratégiquede déverrouiller. En d’autres termes, lesréseaux interurbains ont défini les objectifsprécis de l’intégration régionale, avant que

l’Union européenne ne donne les moyens de les réa-liser, à travers l’attribution de différents finance-ments communautaires (Interreg, Eurorégion, Feder).

Cette complémentarité des réseaux et de l’UnionEuropéenne, qui a permis, en l’occurrence, d’accé-lérer le développement des villes et d’accroître leséchanges interurbains de toutes sortes, a produit deseffets comparables dans la plupart des secteurs éco-nomiques et sociaux où des réseaux de coopérationtransnationale avaient été mis en place. Le fait que la

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(9) Céline Bayou, «États Baltes : indépendances, dépendances et interdé pen -dances économiques», in Inalco, Association France-Estonie, Association France-Lettonie, Estonie, Lettonie, Lituanie, dix ans d’indépendance recouvrée, Paris,Muséum d’Histoire naturelle, musée de l’Homme, 11-12 octobre 2001, p. 55.

(10) Par exemple, Saint-Pétersbourg, anciennement Leningrad, est jumeléeavec Hambourg depuis 1957, avec Rotterdam depuis 1966.

(11) Acronyme de l’anglais Union of the Baltic Cities.

(12) Anaïs Marin, « Les vraies fausses capitales de la mer Baltique », Regardssur l’Est, avril 2004 ; [en ligne] http://www.regard-est.com/home/breve_contenu.php?id=462.

Réseau fondé en 1986,Eurocities comprend130 villes en Europe.L’association s’est réunieen novembre 2010à Saragosse (Espagne).

300 organisa -tionsrégionalesquadrillentaujour d’huicommeune toiled’araignéel’espacebaltique