Palestine N°53

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TRIMESTRIEL N°53 – JUILLET/AOÛT/SEPTEMBRE 2012 – DÉPÔT BRUXELLES X – AGRÉATION P401130 palestine BULLETIN DE L’ASSOCIATION BELGO-PALESTINIENNE / WALLONIE-BRUXELLES ASBL Belgique/België P.P. Bruxelles X 1/1624 SOMMAIRE Dossier BDS, quoi de neuf ? > 3 – 8 L’été en prison > 10 Colonisation tous azimuts > 12 Situation d’urgence dans la vallée du Jourdain > 14 Racisme ordinaire > 17 Tous les matins des centaines et des centaines de travailleurs s’écrasent contre les grilles du check-point de Bethlehem. Pour arriver à l’heure au travail, ils n’ont d’autres choix que d’arriver très tôt. Ainsi, certains commencent à faire la queue vers 3h du matin… © Fredo Bahd

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Bulletin de l’association belgo-palestinienne juillet/aout/septembre 2012 AU SOMMAIRE: Dossier BDS, quoi de neuf ? > 3 – 8 L’été en prison > 10 Colonisation tous azimuts > 12 Situation d’urgence dans la vallée du Jourdain > 14 Racisme ordinaire > 17

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TRIMESTRIEL N°53 – JUILLET/AOÛT/SEPTEMBRE 2012 – DÉPÔT BRUXELLES X – AGRÉATION P401130

palestineBULLETIN DE L’ASSOCIATION BELGO-PALESTINIENNE / WALLONIE-BRUXELLES ASBL

Belgique/BelgiëP.P.

Bruxelles X1/1624

SOMMAIREDossier BDS, quoi de neuf ? > 3 – 8L’été en prison > 10Colonisation tous azimuts > 12Situation d’urgence dans la vallée du Jourdain > 14Racisme ordinaire > 17

Tous les matins des centaines et des centaines de travailleurs s’écrasent contre les grilles du check-point de Bethlehem.

Pour arriver à l’heure au travail, ils n’ont d’autres choix que d’arriver très tôt. Ainsi, certains commencent à faire la queue vers 3h du matin…

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Au Proche-Orient, la paix et la coexistence pacifique dans le respectdes normes internationales, des droits des gens et du droit international ont de toute évidence été rangées au placard desbonnes intentions pour faire place aux confrontations muscléeset aux déclarations belliqueuses.

Pendant que les pétromonarchies du Golfe, en particulier l’Arabiesaoudite et le Qatar, financent et arment « l’armée de libération syrienne » et des mercenaires de tout genre censés débarrasserla Syrie du Dr Folamour-Assad, les Occidentaux, du haut du sièged’arbitre qu’ils se sont attribué, condamnent un régime certes for-tement critiquable mais jusqu’il y a peu régulièrement fréquenté.

Dans le même temps, c’est l’œil en coin qu’ils autorisent M. Netanyahou et son très populiste gouvernement à menacer l’Irand’une intervention préparée de longue date.

D’aucuns pourraient croire qu’il s’agit là d’une sorte de dysfonc-tionnement ou de désordre dans la communauté internationale.Or, cela fait maintenant des années que le plan du «Greater Mid-dle East » avait été présenté par l’administration de M. G.-W. Bush.Ce plan voulait clairement mettre un terme aux atermoiementsdes Européens jugés incapables de gérer les rapports entre les27 pays du pourtour méditerranéen. C’est en novembre 1995 àBarcelone que les 27 avaient élaboré les accords euro-méditer-ranéens de Barcelone, dits Euromed.

La nouvelle configuration made in USA entend reposer sur un modèle qui s’éloigne une fois pour toutes de la vision nassérienneou panarabe conçue après les indépendances des années 60.

Le «Greater Middle East » entend pacifier le Proche et Moyen-Orient à l’aune des intérêts stratégiques des États-Unis. Les pétromonarchies, Israël et la Turquie se sont vu attribuer un rôledéterminant dans cette configuration. Ceux qui ne peuventaccepter ces modèles, déjà qualifiés de « modérés » en Occident,devront céder la place comme ce fut le cas en Irak et depuis dansbien d’autres pays.

L’assassinat de Yasser Arafat, récemment évoqué par la presse,ne s’inscrit-il pas dans ce même plan ?

Ces politiques, tant celle des Européens au sein de l’Euromedque le « Greater Middle East » américain, n’ont fait que margina-liser la cause palestinienne sur la scène internationale. Cette marginalisation est mise chaque jour à profit par Israël et sesgouvernants successifs pour étendre son emprise sur les terri-toires palestiniens par les interventions et l’occupation militaires,la colonisation, la répression, l’enfermement sans cesse crois-sant des Palestiniens par un processus de bantoustanisation etle démantèlement de tous les actifs palestiniens qui pouvaientconcourir à la création d’un hypothétique État de Palestine.

Seuls un appui à la résistance palestinienne, une action constantepour rappeler aux responsables politiques des États européens etdes Nations Unies leurs obligations au regard du droit internatio-nal et du droit humanitaire, des actions de solidarité – notammentle mouvement Boycott, Désinvestissement & Sanctions mais aussiles missions en Palestine – et le soutien direct aux populations victimes de la répression permettront de combattre le sociocidequi est aujourd’hui en cours en Palestine.

palestine no 53Comité de rédaction Marianne Blume, Ouardia Derriche,

Nadia Farkh, Pierre Galand, Katarzyna Lemanska, Julien Masri,Christiane Schomblond, Gabrielle Lefèvre,

Hocine Ouazraf, Nathalie Janne d’Othée.Association belgo-palestnienne / Wallonie-Bruxelles asbl

Siège social rue Stévin, 115 à 1000 BruxellesSecrétariat quai du Commerce 9 à 1000 Bruxelles

tél. 02 223 07 56 / fax 02 250 12 63 / [email protected]

IBAN BE30 0012 6039 9711 / BIC GE BABE BBGraphisme Dominique Hambye & Élise Debouny

VOUS AVEZ DITÉtat

de Palestine?par Pierre Galand, Président

palestine 02 ÉDITO

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palestine 03 DOSSIER BDS

DOSSIER

BDS quoi

de neuf ?

L’actualité liée à la reconnaissance du cercle BDS à l’ULB remet à l’ordre du jour la question du boycott. À cette occasion, le présent dossier explore les arguments pour le boycott académique, de la labellisation des produits des colonies, et passe également en revue les récentes victoires du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions dans le monde.

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palestine 04 DOSSIER BDS

La polémique autour de la reconnaissance ducercle BDS de l’ULB a relancé le débat surle boycott académique. Il était doncopportun de refaire le point.

La première initiative de la société civile en faveur du boycott des institutions académiques israéliennes est apparue face à la violencede la répression lors de la deuxième Intifada. Lancé en Angleterre,l’appel fut publié dans le Guardian le 6 avril 2002 et signé par 120membres de corps académiques européens et israéliens. Dans le butd’unifier et de renforcer les initiatives de boycott académique mais aussiculturel, des professeurs et intellectuels palestiniens lancent en 2004 laPalestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel(PACBI). Ses lignes directrices servent aujourd’hui encore de fil rougeaux campagnes de boycott académique d’Israël. Ainsi, l’appel BDS,publié l’année suivante, prend pour modèle l’appel de la PACBI.

QUELLES SONT LES REQUÊTES DE LA PACBI?Les universitaires et intellectuels palestiniens appellent leurs collèguesde la communauté internationale à boycotter toutes les institutions universitaires et culturelles israéliennes en raison de leur complicitédurable et de leur contribution directe au maintien, à la défense et àla justification de l’oppression coloniale exercée sur le peuple pales-tinien : déni d’Israël de sa responsabilité dans la Nakba et refus de reconnaître le droit au retour des réfugiés, occupation militaire et colonisation du territoire palestinien depuis 1967, mise en place d’unsystème légal de discrimination raciale et de ségrégation à l’égarddes Palestiniens d’Israël. L’appel PACBI, tout comme l’appel BDS par la suite, définissent toujours clairement des limites dans le temps au boycott : les mesuresde sanction non violente doivent être maintenues jusqu’à ce qu’Israëlse conforme à son obligation de reconnaître le droit inaliénable desPalestiniens à l’autodétermination et respecte entièrement les prescritsdu droit international, et pas au-delà.

POURQUOI UN BOYCOTT GÉNÉRAL?Parce qu’il n’est jamais arrivé qu’une institution académique israé-lienne dénonce ou s’oppose à l’occupation, la colonisation et l’apar-theid israéliens. Toutes, sans exception, bien qu’à des degrés divers,

– coopèrent avec l’appareil militaire et sécuritaire israélien et l’assistentdans le développement des outils et technologies utilisés pour com-

mettre des violations des droits de l’Homme et du droit international. Iln’est pas rare que des membres du corps académique occupent despostes à responsabilité au sein de l’armée ou d’entreprises d’armement.

Et/ou– discriminent les étudiants palestiniens en octroyant un traitementprivilégié aux étudiants qui ont effectué ou qui effectuent leur servicemilitaire. Il s’agit, par exemple, de bourses d’études, de rétributionspour avoir participé à une action militaire, d’aménagement d’horaireou de programme et/ou d’accès au logement. La discriminations’exerce également au travers de la répression des activités politiquesdes unions des étudiants palestiniens et des restrictions qui sont im-posées à leur liberté d’association.

Et/ou– enseignent, sans aucun travail critique, l’histoire « officielle » israé-lienne, ignorant de ce fait sciemment la vérité historique et la mémoiredes Palestiniens. En diffusant ainsi ce qui sert à justifier la politique israélienne d’occupation, de colonisation et de répression, ces institu-tions participent à la propagande gouvernementale. Il faut cependantrendre ici hommage aux très rares universitaires israéliens qui se sontopposés à la politique israélienne et qui ont remis en cause le dis-cours narratif officiel.

QUI EST VISÉ PAR LE BOYCOTT ACADÉMIQUE?Le boycott académique ne vise pas les individus du fait de leur na-tionalité mais les institutions israéliennes du fait de leur implicationdans l’occupation. Comme le souligne PACBI, « une simple affiliationà une institution académique israélienne n’est pas une condition suf-fisante pour appliquer le boycott ».

LE BOYCOTT: UNE ARME ANTISÉMITE?Le boycott académique s’inscrit dans la campagne BDS et rejettedonc fermement toute forme de racisme et donc l’antisémitisme. Ilne vise en aucun cas les Juifs, ni les Israéliens en tant que Juifs maisl’État d’Israël et les organismes/institutions complices de sa politiquecoloniale et répressive envers les Palestiniens.

Le boycott DES INSTITUTIONS ACADÉMIQUES ISRAÉLIENNES

par Katarzyna Lemanska

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– L’université de Haïfa s’enorgueillit d’avoir mis en place un partena-riat privilégié avec l’armée israélienne par le biais du programme «Ha-vatzalot » destiné à former le futur leadership de l’armée et durenseignement au travers d’un programme de 3 ans qui allie entraî-nement militaire intensif, bachelier en études sur le Moyen-Orient etcours sur le renseignement et le commandement militaires.

– L’université Ben-Gourion octroie des avantages spéciaux non seule-ment aux étudiants réservistes mais aussi (sous certaines conditions)à leur conjoint: possibilité de reporter des examens ou des travaux,bourses, cours d’été, tutorats. Durant l’opération « Plomb durci », aucours de laquelle 1400 Palestiniens, en majorité des civils, ont perdula vie, les étudiants réservistes de l’université se sont vu octroyer unebourse journalière additionnelle.

Ces exemples ne sont pas exhaustifs. Ils illustrent néanmoins le faitque les institutions académiques israéliennes ne sont pas des acteursneutres ou apolitiques. Bien au contraire, ils fonctionnent commerouages indispensables d’un système complexe où les discrimina-tions ethniques sont institutionnalisées, l’histoire est un instrument depropagande, la société est militarisée et les appareils militaire et sé-curitaire dépendent étroitement des innovations technologiques descentres de recherche des institutions académiques et des entreprises.L’État, l’enseignement, l’armée, l’industrie militaire et sécuritaire sontautant de pièces d’un puzzle, profondément imbriquées et intercon-nectées. Il est indéniable que les universités israéliennes sont à lapointe de la recherche dans de nombreux secteurs qui relèvent aussidu domaine civil mais sommes-nous prêts à fermer les yeux sur le rôlecrucial que jouent par ailleurs ces institutions dans l’oppression d’unpeuple afin de bénéficier de la recherche qu’elles produisent? Choisir c’est renoncer disait Gide... C’est le prix de l’engagement.

LE BOYCOTT : UNE ENTRAVE AUX LIBERTÉS ACADÉMIQUES?Certains rejettent le boycott académique en ce qu’il enfreindrait les libertés académiques. Ils semblent évacuer la question des libertésacadémiques des institutions et des professeurs palestiniens. Si l’onpart de la prémisse que la liberté académique des Israéliens et celledes Palestiniens se valent, n’est-il pas justifié de limiter momentanémentles libertés des uns afin que ces mêmes libertés soient rétablies pourles autres? Par ailleurs, les libertés académiques constituent un sous-ensemble dans l’ensemble des droits et des libertés fondamentales.N’est-il pas défendable de limiter momentanément ce sous-ensemblesi cela doit contribuer au rétablissement de l’ensemble lui-même?

EXEMPLES PATENTS D’IMPLICATION DES UNIVERSITÉS– Une partie des campus universitaires de l’université hébraïque deJérusalem est située à Jérusalem-Est et ce, en violation du droit in-ternational.

– L’institut Technion et Elbit Systems (la plus importante entreprise israélienne privée d’armement) ont inauguré, en 2008, un centre derecherche conjoint. En janvier 2011, Technion a signé avec Israel Aerospace Industries (la plus grosse société publique d’armement)un accord sur 5 ans qui définit les modalités de participation de celle-ci dans un programme consacré au génie informatique lancé parTechnion. Les ingénieurs de Technion ont également travaillé avecRafael Advanced Defense System (qui complète le podium) sur leprojet de «Dôme de fer », un système de défense aérienne qui inter-cepte les roquettes de courte portée.

– L’université de Tel Aviv est à la fois impliquée dans le développe-ment matériel de l’infrastructure technologique utilisée par l’armée israélienne et dans l’élaboration théorique de la doctrine que celle-cimet en œuvre. Son Institut d’études pour la sécurité nationale a no-tamment contribué à l’élaboration de la doctrine sur l’usage dispro-portionné de la force et le ciblage des infrastructures civiles appliquéeà Gaza. MAFAT, le centre de recherche de l’armée, a financé, en2008, 55 projets conjoints avec l’université.

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palestine 06 DOSSIER BDS

Deux universités israéliennes offrent un programme de hasbara (littéralement explication

et non information). L’université de Haïfa propose des cours, « Ambassadors online», destinés aux étudiants

israéliens tandis que ceux de l’université de Tel Aviv, « Ambassadors’ Club », s’adressent aux étudiants étrangers.

Universités israéliennes

FABRIQUES DE PROPAGANDE (HASBARA)?

par Marianne Blume

ÉTUDIER LA PROPAGANDE OU EN FABRIQUER ?Qu’on étudie la propagande à l’université est une bonne idée. Ainsi,à l’ULB, Anne Morelli analysait avec ses étudiants les « Principes élémentaires de propagande de guerre » pour déconstruire avec euxla propagande et aiguiser leur esprit critique. Dans les universités israéliennes, l’optique est différente. Ainsi, le syllabus de « Ambas-sador online » (http://shagririm.haifa.ac.il/) recense les informationsdonnées par les médias internationaux sur le conflit israélo-palesti-nien pour identifier celles jugées « hostiles ou non objectives ». Parla suite, il s’agit de donner aux étudiants des outils pour les contrer(arguments, utilisation de vidéos, participation active aux forums dediscussion ou à Wikipedia, etc.). Les cours ne sont pas politiques,dit le directeur du programme, mais « nous mettons en valeur la narration sioniste ». Néanmoins s’il croit bon d’ajouter qu’il n’est pas« Im Tirzu » (une organisation d’extrême droite sioniste qui a notammentpréconisé de renvoyer tous les professeurs qui avaient un discourspost-sioniste), on est en droit de s’interroger.

ACADÉMIQUE OU POLITIQUE ?C’est ce que fait Yossi Gurvitz sur +972 Magasine. Et ses remarquessont pertinentes. D’abord, il passe en revue les orateurs invités.Outre des porte-parole du Premier ministre ou de l’armée, outre des colonels, on retrouve dans les deux programmes un certain Neil Lazarus. Présenté comme conseiller externe du ministre des Affairesétrangères, c’est le gars qui a posté une vidéo, au moment de la flottillepour Gaza, dans laquelle il prétendait avoir été rejeté par les organisa-teurs du fait de son homosexualité. Un modèle d’honnêteté intellec-tuelle donc. Il a fait de la hasbara sa profession et va donner des cours

aux USA et au Canada pour soutenir les étudiants dans la défensed’Israël. On y retrouve aussi Itamar Marcus, un colon extrémiste, mana-ger de « Palestinian Media Watch », ex-vice-président du « Central Fundfor Israel », une ONG américaine qui finance la colonisation, « Im Tirzu »et « Honenu » (une autre ONG d’extrême droite). C’est lui qui avait menéla campagne mensongère contre les manuels scolaires palestiniens. Ensuite, il épingle les sponsors et soutiens de ces programmes. Le programme de l’université de Haïfa est soutenu par le ministère dela Propagande et de la Diaspora (Yuli Edelstein, Likoud, colon acti-viste de Neve Daniel) et celui de l’université de Tel Aviv est appuyé parle ministère des Affaires étrangères (Avigdor Lieberman, Israel Beite-nou, extrême droite). Le ton est donné. Si on ajoute la collaborationde l’université de Tel Aviv avec « Stand with Us », une organisation dedroite américaine, pro-israélienne, on peut se figurer la ligne politiquedes cours. Quant à l’université de Haïfa, elle bénéficie du soutien de l’Union des étudiants, qui offre 2 000$ à des étudiants pour faire,depuis leur chambre, de la hasbara online et qui, avec l’Agence juive,forme et envoie des « missionnaires » de par le monde pour com-battre la « délégitimation » d’Israël (voir Electronic Intifada).

ÉDUCATION OU DRESSAGE ?Que ce soit dans les écoles primaires ou secondaires, les enfants et lesjeunes Israéliens sont soumis à un endoctrinement quotidien. Le livrede Nurit Peled (Palestine in Israeli School Books: Ideology and Propa-ganda in Education, 2012) en donne des exemples éclairants. Riend’étonnant dès lors à ce que des universités proposent ouvertement descours en propagande. Au risque de rappeler de mauvais souvenirs.

POUR QUE CESSE L’IMPUNITÉ CAMPAGNE EN FAVEUR D’UN EMBARGO MILITAIRE CONTRE ISRAËLComment un pays qui occupe illégalement un territoire depuis plus de quarante ans, ne respecte pas les décisions des Nations Unies, qui est accusé en2009 de crimes de guerre par l’ONU, comment cet État peut-il aujourd’hui être l’un des principaux acteurs du marché mondial des armes?Israël est un des principaux producteurs, exportateurs et importateurs d’armes de la planète. Parce qu’il entretient des relations privilégiées avec l’Unioneuropéenne et l’OTAN, son accès à des armes de destruction massive, parfois illégales, et à l’arme atomique ne suscite aucune inquiétude chez ses alliés américains, européens et belges.Un dossier de Vrede vzw, Vredesactie et Intal servira de matériau au lancement d’une campagne en faveur d’un embargo militaire contre Israël. Alorsqu’un tel embargo est décrété par l’Union européenne contre plus de 20 pays, nous proposons de l’élargir à Israël pour mettre un terme au laxisme età l’impunité dont ce dernier jouit en matière d’armement. Cette campagne exigera la cessation du commerce des armes entre la Belgique et Israël et lacessation de la collaboration scientifique entre les universités belges et les entreprises d’armement et de sécurité israéliennes.

Contactez-nous pour rejoindre la campagne : [email protected]

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Je boycotte, tu boycottes, il boycotte… Mais cela a-t-ilvraiment un impact? Y a-t-il des institutions ou des États

qui désinvestissent? Et les sanctions, c’est pour quand? Petit tour des avancées du mouvement BDS ces derniers mois…

travaille avec quelque 580 supermarchés en Suisse et des grandessurfaces en Autriche et en France.

Danemark Le ministre des Affaires étrangères, Villy Soevndal, adécidé de mettre en place un système de labellisation spécial pour lesproduits provenant des colonies qui, ajoute-t-il, sont illégales au regarddu droit international. «C’est une démarche qui montre clairement auxconsommateurs que ces biens-là sont produits dans des conditionsque le gouvernement danois, ainsi que d’autres gouvernements euro-péens, refusent. Et il appartient ainsi aux consommateurs de déciders’ils veulent ou non acheter ces biens ». Cette labellisation sera obliga-toire pour les fruits et légumes mais facultative pour les autres produits.

Afrique du Sud Le ministre du Commerce et de l’Industrie, le DrRob Davies, a publié, le 10 mai 2012, un avis dans la Gazette du Gouvernement dans lequel il déclare : «J’ai l’intention de notifier unavis relatif à(...) la loi sur la Protection des consommateurs(...) pourexiger des commerçants en Afrique du Sud qu’ils ne marquent pasincorrectement les produits provenant des Territoires palestiniens occupés (TPO), comme étant des produits venant d’Israël ». (GGNo.35328 Notice 379 of 2012) Le ministre a expliqué « vouloir permettre aux Sud-Africains qui ne soutiennent pas Israël, mais soutiennent les Palestiniens, d’identifier ces produits ».

DESINVESTISSEMENTNorvège Le ministre des Finances norvégien a sorti du Fonds global des pensions du gouvernement (GPFG, un des fonds de pensions les plus importants en Europe) l’entreprise Shikun & Binuipour la raison qu’elle construit des colonies illégales à Jérusalem-Est. Ce même gouvernement avait déjà désinvesti d’Elbit, d’Africa Israel Investments, de Danya Cebus et de deux autres compagniesde construction israéliennes.

Disney, USA Abigail Disney, descendante d’un des fondateurs dela compagnie Disney, se défait de ses parts des investissements fami-liaux dans la compagnie Ahava. Elle a justifié sa décision en déclarantqu’Ahava opérait dans les Territoires occupés dont elle exploitait les res-sources naturelles. Elle a ajouté qu’elle accorderait un montant équiva-lent à des organisations qui oeuvrent à mettre fin à l’occupation illégale.

TIAA-CREFF, USA TIAA-CREF (Teachers Insurance and AnnuityAssociation – College Retirement Equities Fund) est une entrepriseaméricaine d’assurances et de fonds de placements. L’entreprise assure plus de 3 millions de personnes et 15000 institutions éducatives,médicales, laboratoires de recherches, écoles privées, associations àbut non lucratif, ... Elle a décidé de retirer de son portefeuille les actionsCaterpillar, Inc. d’un montant de 72 943 861 dollars.

BOYCOTT, DÉSINVESTISSEMENT,

SANCTIONS:

victoires!BOYCOTTAlice Walker, USA L’auteur, qui a connu la ségrégation auxÉtats-Unis et est membre du Tribunal Russell sur la Palestine, a refuséla réédition de son livre « La Couleur Pourpre » en Israël. Elle s’en est expliquée dans une lettre : « Il ne m’est pas possible de vous yautoriser (à publier mon livre « La Couleur Pourpre » en Israël) en cemoment pour la raison suivante : comme vous le savez sans doute,l’automne dernier, le Tribunal Russell sur la Palestine s’est réuni enAfrique du Sud et a jugé qu’Israël se rendait coupable d’apartheid etde persécution du peuple palestinien, tant à l’intérieur d’Israël quedans les Territoires occupés. Les témoignages que nous avons entendus, d’Israéliens et de Palestiniens (j’y étais en tant que juriste),étaient accablants. » (courrier publié sur le site Palestinian Campaignfor the Academic and Cultural Boycott of Israël, et dont la véracité aété confirmée par l’agent littéraire d’Alice Walker).

Maires et conseillers municipaux, Afrique du Sud Invités par la SA-Israel Forum, le groupe d’élus de la province de KwaZulu-Natal a renoncé au voyage, sur base des informations dumouvement BDS sud-africain. Celui-ci avait alerté l’opinion publique surles véritables activités de leurs hôtes israéliens, à savoir fournir du matériel de construction pour le Mur de l’annexion, ainsi que deséquipements pour les check-points dans les Territoires palestiniensoccupés. Par ailleurs, Ebrahim Ebrahim, le ministre adjoint aux Rela-tions internationales et à la Coopération d’Afrique du Sud, a fermementdéclaré:« Étant donné la politique israélienne à l’égard des Palestiniens,nous déconseillons aux Sud-Africains de se rendre en Israël».

BOYCOTT DES PRODUITS DES COLONIES Co-Op, Londres Une des plus grandes chaînes britanniques desupermarchés, Co-Op, qui n’achetait plus de produits des colonies depuis 2009, a élargi le boycott en rompant ses liens avec quatre sociétés qui s’approvisionnaient dans les colonies, ce qui représenteun volume de ventes de 430000 euros. Par ailleurs, la chaîne déclareque ce n’est pas un boycott d’Israël et qu’elle achètera à d’autres sociétés, non compromises avec les colonies.

Universités, Grande-Bretagne Les universités de Glasgow etDundee en Écosse ont réussi à mettre fin au contrat de fourniture d’eaude la marque Eden sur leurs campus. Eden Springs UK appartient etest dirigée entièrement par Mayanot Eden qui vole l’eau du Golan occupé et la met en bouteilles dans la colonie illégale de Katzrin.

LABELLISATIONMigros, Suisse Migros, une des plus grandes chaînes suisses desupermarchés va informer ses clients si des produits proviennent decolonies israéliennes. La porte-parole du groupe précise qu’il ne s’agitpas de boycott mais de respect du choix des consommateurs. Migros

Alice Walker

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d’Afrique en raison de leur origine et des conditions dans lesquellesils sont produits, de la même manière, on peut prévoir qu’il y aura desconsommateurs pour boycotter les produits fabriqués dans les terri-toires occupés, par l’exploitation d’une main-d’œuvre palestiniennebon marché, dont les seules possibilités d’emploi se trouvent dansles colonies.

Les propriétaires d’usines et les agriculteurs israéliens dans les terri-toires occupés se disent concernés par leurs travailleurs palestinienset font valoir qu’un boycott pourrait porter atteinte à la source de revenus de leurs employés. Leurs protestations bien-pensantes etmoralisatrices ne sont qu’une tentative cynique de tromper l’opinionpublique. Si les colonies et les forces d’occupation avaient été retiréeset si les terres sur lesquelles ces entreprises ont surgi avaient étérendues à leurs propriétaires, les travailleurs palestiniens auraient eudes sources de revenus bien plus respectables.

Le boycott des produits des colonies est justifié, il n’y a pas d’autrequalificatif. Au titre de service à ses citoyens, chaque gouvernementdans le monde devrait au minimum demander la labellisation de cesproduits.

Par ailleurs, c’est en fait l’absence d’une telle labellisation qui peutconduire à un boycott global de tous les produits bleu et blanc. Aprèstout, comment un consommateur danois ou sud-africain peut-il savoirsi l’avocat qu’il achète n’a pas été cultivé sur le sol palestinien?

Ceux qui veulent acheter des produits illégaux devraient acheter des articles Bagel & Bagel, des toilettes faites par Lipsky, des cosmétiquesfabriqués par Ahava, des champignons de Tekoa ou du vin de Psagotvoire des Hauteurs du Golan. Ceux qui veulent consolider et renforcerl’entreprise de colonisation n’ont qu’à acheter ces produits et en profiter.

Mais ceux qui veulent faire un petit geste de protestation contre cetteentreprise inique sont invités à la boycotter et à s’abstenir d’en acheterles produits. Pour ma part, je continuerai à lire les petits caractères surchaque produit. Les citoyens du monde ont aussi ce droit.

Ce droit ? Non, ce devoir.

Je n’achète pas les marchandises qui proviennent des colonies et jene le ferai jamais. Selon moi, ce sont des biens volés, et comme pourtous les biens volés, j’essaye de ne pas en acheter. Dorénavant, peut-être que les Sud-Africains et les Danois ne les achèteront pas non plus.En ce moment, leurs gouvernements ont demandé que les produits descolonies soient signalés comme tels, pour ne pas tromper les consom-mateurs. De même que, par le passé, on n’éprouvait pas le besoin d’étiqueter les marchandises des colonies britanniques comme étantdes produits britanniques, de même, il n’est nul besoin d’indiquer Israël sur les produits des colonies israéliennes. Celui qui veut soutenirl’entreprise coloniale israélienne peut en acheter. Celui qui est contrepeut les boycotter. C’est aussi simple et aussi nécessaire que cela.

Israël, qui boycotte les plages de Turquie et le Hamas, aurait dû être le premier à comprendre cela. Au lieu de quoi, on a entendu deshurlements déchirants et des reproches indignés. Jusqu’ici, pascontre les Danois, qui sont sympathiques, mais contre les Sud-Africains, qui le sont moins à nos yeux. La décision a été qualifiée de «mesure à caractère raciste» par le porte-parole du ministère desAffaires étrangères et cela, en se référant au pays qui a mené la guerrecontre le racisme la plus courageuse de l’histoire de l’humanité.

Oui, la nouvelle Afrique du Sud peut donner à Israël une leçon deguerre contre le racisme. Et, oui, Israël peut donner au monde uneleçon de racisme. Israël a une fois de plus prouvé que son arrogance(chutzpah) ne connaît aucune limite: de tous les pays, c’est Israël quiaccuse, de tous les pays, l’Afrique du Sud d’être raciste ! Y a-t-il riende plus ridicule? (…)

De toute évidence, il y a longtemps qu’on aurait dû prendre une tellemesure afin de permettre au consommateur intelligent et engagé des’y retrouver. Il y a longtemps également qu’un boycott des produitsdes colonies aurait dû intervenir pour montrer la voie aux citoyensrespectueux du droit. Pour nous, ce n’est pas uniquement une prisede position politique ou morale : il s’agit d’une question de respect du droit international. Un produit fabriqué dans les colonies est un produit illégal, comme le sont les colonies elles-mêmes. De lamême manière qu’il y a de plus en plus de consommateurs dans lemonde qui n’achèteront pas de produits fabriqués dans des ateliers clandestins en Asie du Sud, pas plus que les «diamants du sang»

palestine 08 DOSSIER BDS

Labelliser les produits en provenance des colonies : il y a longtemps qu’une telledémarche aurait dû apparaître commeévidente pour montrer le chemin au consommateur engagé.

LE BOYCOTT DES COLONIES

est justifiépar Gideon Levy (Haaretz 24 mai 2012) – traduction M.B.

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Ces derniers mois, le mouvement des grévistes

de la faim palestiniens dans les geôles israéliennes

a enfin permis d’attirer l’attention de l’opinion publique internationale

sur leur situation. D’aucuns parlent aujourd’huid’une « internationalisation » de la question.

palestine 09 PRISONNIERS PALESTINIENS

L’INTER-NATIONALISATION

DE LA QUESTION

des prisonniers palestiniens

par Hocine Ouazraf

fait dire à John Dugard, ancien Rapporteur spécial des Nations Uniessur la situation des droits de l’Homme dans les Territoires palestiniensdepuis 1967 « qu’Israël ne reconnaît pas ceux qui se livrent à desactes de résistance ni comme combattants, ni comme protestatairescar leur conférer le statut de prisonniers politiques reviendrait à donnerde la légitimité à la cause qui les motive. Ils sont donc désignés commecriminels de droit commun ou détenus pour des raisons de sécuritéou, plus souvent, comme « terroristes ». Israël n’est pas disposé àautoriser que les prisonniers politiques qui répondent à la définitiondu combattant soient considérés comme des prisonniers de guerrecar conférer ce statut reviendrait à admettre qu’il existe un conflit entrel’État d’Israël et un peuple qui exerce son droit à disposer de lui-même et à la création d’un État ».

PORTER LA QUESTION DEVANT LES INSTANCESONUSIENNES Les conditions de détention des prisonniers palestiniens, en particulierdes mineurs, et les privations imposées à ces derniers ont amené laLigue arabe, l’Autorité palestinienne et Khaled Mechaal, le leader duHamas, à appeler à la tenue d’une réunion d’urgence de l’Assembléegénérale des Nations Unies sur ce dossier. Dans un rapport datant dejuillet 2012, Richard Falk, Rapporteur spécial sur la situation des droitsde l’Homme, invite le Conseil des droits de l’Homme des NationsUnies à mettre sur pied une commission d’enquête sur les conditionsde détention des prisonniers palestiniens dans les prisons israé-liennes, à l’instar de celle créée par le Conseil des droits de l’Hommedes Nations Unies en vue d’enquêter sur les colonies de peuplementisraéliennes. Par ailleurs, s’agissant des détenus mineurs, RichardFalk s’inquiète du recours de plus en plus fréquent à leur isolementcellulaire par les autorités carcérales israéliennes comme méthodede pression.

Des noms tels que Khader Adnan, Hana Shalabi et Mahmoud Sarsakont permis à des milliers de détenus de «sortir» de l’ombre et, commele souligne Ameer Makhloul : « il devient impossible que le systèmeinternational continue d’esquiver ses responsabilités ou d’être deconnivence avec le parti dominant pour usurper les droits d’une victime plus faible », rejoint sur ce point par Mohammad Barakeh, député à la Knesset, pour qui « il est insensé que la communauté internationale parle de la paix sans aborder la question des militantspalestiniens qui croupissent dans les prisons israéliennes ».

LA QUESTION DU STATUT JURIDIQUE DES PRISONNIERS PALESTINIENS Devant le refus persistant des autorités israéliennes de reconnaitreaux prisonniers palestiniens le statut de prisonniers de guerre, le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestiniensoutient que l’Assemblée générale des Nations Unies devrait soumet-tre à la Cour internationale de Justice une demande d’avis consultatifvisant à clarifier le statut juridique des prisonniers palestiniens. Israëla toujours soutenu que les principes du droit international humani-taire ne s’appliquaient pas aux Territoires palestiniens – en particulierla IVe Convention de Genève « relative à la protection des personnesciviles en temps de guerre », adoptée le 12 août 1949 – arguant dufait que la Palestine ne serait pas un État. Or, cette position ne résistepas à l’analyse des articles portant sur le champ d’application desprincipes consacrés dans la IVe Convention. En effet, l’article 4 de ladite Convention fait des Palestiniens des bénéficiaires de la pro-tection consacrée par ce texte conventionnel. Il dispose que : « Sontprotégées par la Convention les personnes qui, à un moment quel-conque et de quelque manière que ce soit, se trouvent, en cas deconflit ou d’occupation, au pouvoir d’une partie au conflit ou d’unepuissance occupante dont elles ne sont pas ressortissantes ». Ce qui

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L’ÉTÉ en prisonpar Julien Masri

palestine 10 L’ÉTÉ EN PRISON

Le 6 juin, un peu après trois heures du matin, l’armée israélienne investit le domicile de Nabil Al-Raee. Son épouse, Micaela Miranda témoigne : « J’ai vu des soldats qui sautaient par-dessus la barrière etentraient dans le jardin de la maison. Ils ont demandé mon mari et je leurai demandé pourquoi; c’est mon droit de savoir et c’est chez moi. Lessoldats ont répondu qu’ils n’allaient pas me le dire. Puis ils ont pris Nabil,l’ont mis dans une jeep de l’armée, ont démarré et sont partis. Noussommes très inquiets parce que nous ne savons ni où ni pourquoi ilsl’ont emmené». Il a été conduit au centre d’interrogatoire de Jalameh,en Israël et ce, en violation du droit international qui interdit l’incarcéra-tion d’un résident d’un territoire occupé en dehors de celui-ci.

Le 6 mai dernier, alors qu’il rentrait vers 2 h du matin chez lui dans lecamp de réfugiés de Aida, près de Bethléem, Mohammed Al Azzeh,que tout le monde surnomme Musa, croise une patrouille israéliennequi l’arrête aussitôt. Incarcéré au centre de détention militaire d’Ofer,il est accusé par les soldats de la patrouille de leur avoir jeté despierres, accusation démentie par les caméras de vidéosurveillancedu Lajee Center. Musa anime l’unité médias dans ce centre qui propose des activités culturelles à la jeunesse du camp de réfugiés.C’est là qu’il a réalisé plusieurs courts-métrages illustrant, au traversde témoignages concrets, le quotidien sous occupation israélienne.Il a été libéré le 13 mai suivant.

L’été, pas de répit pour les Palestiniens. L’occupant nepart jamais en vacances; chaque semaine apporteson lot d’agressions, d’incarcérations, de destructions. Malgré la libération négociéed’un millier de prisonniers politiques palestiniens contre celle d’un soldatisraélien l’an dernier, la politiqueconstante d’arrestations de civils palestiniens n’apas cessé, loin de là.

«Sherut Batei Sohar » [SBS] :service de gestion des prisons

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le plus souvent pour un interrogatoire de plusieurs heures, parfoispour une incarcération de quelques jours. Les enfants sont enlevésdans la rue par les forces spéciales ou arrêtés au domicile familial,créant ainsi un climat permanent d’insécurité totale.

BEIT OMMAR, RECORD D’ARRESTATIONS DE MINEURSSont en première ligne aussi les enfants du village palestinien de BeitOmmar, près d’Hébron. En 2011, 370 mineurs d’âge de ce village ontété arrêtés, ce qui correspond approximativement à la moitié des arrestations de mineurs pour tout le territoire occupé. MohammedAhmed Abu Hashem avait 15 ans lorsqu’il a été arrêté en avril 2012sans aucune charge contre lui. Un dispositif de 14 véhicules militaireset trois véhicules des services de renseignement débarquent en pleinenuit pour une fouille du domicile familial. La famille a l’habitude: le pèrede Mohammed ainsi que quatre de ses frères (dont un plus jeune quelui) ont déjà été arrêtés. Lui-même avait déjà été arrêté précédemment;sa famille a dû débourser 2 000 shekels pour le libérer après quatre moisd’incarcération. La nuit de son arrestation, deux autres mineurs, TareqJamal Khalil Abu Maria, 17 ans et Badran Jalal Badran Abu Ayash, 15ans, ont aussi été arrêtés. De janvier à août 2012, 60 adolescents duvillage sont déjà passés par les prisons israéliennes, dont HamoudaJamal Abu Hashim, 13 ans, Malik Jawad Za’aqiq, 15 ans, arrêtés le 11juin et Jehad Halawe, 14 ans, arrêté le 10 juillet à trois heures du matin.

Les forces d’occupation ou la police israélienne harcèlent de la mêmemanière les jeunes mineurs de la vieille ville d’Hébron, des villages de Bil’in ou Ni’lin à l’ouest de Ramallah. Ces arrestations quasi quotidiennes créent un climat particulièrement pernicieux pour le développement de jeunes adolescents vivant déjà sous occupation.Les amendes que doivent payer leurs familles afin de les faire libérer représentent souvent une charge très lourde dans un contexte écono-mique déjà difficile. Ces arrestations servent parfois à faire pressionsur un membre de la famille qui se livre à des activités politiques ou culturelles qui déplaisent à l’occupant. Certains mineurs ont fait état depressions afin de les faire travailler pour les renseignements israéliens.Loin d’être des cas isolés, des dérapages inévitables, ces faits tradui-sent une volonté délibérée de destruction du tissu social palestinien,politique qui se projette dans l’avenir puisqu’elle s’attaque aux jeunesgénérations palestiniennes. Ce n’est donc pas un hasard si, très souvent, les mineurs sont arrêtés sans qu’aucune charge ne pèsecontre eux. Quant aux autres, les accusations sont invariablement lesmêmes : jets de pierres contre les soldats, les colons, le Mur.

C’est contre cette politique délibérée de destruction de l’enfance quedes adultes ont lutté et luttent encore, malgré le harcèlement et lesagressions de l’occupant, dans des centres et des organisations qui,d’Hébron à Jénine, en passant par Jérusalem, sont soutenus par desindividus et des organisations du monde entier. Ce sont le Freedomtheatre, le Madaa creative center, le Lagee center et beaucoup d’autresque chacun d’entre nous peut soutenir via leurs partenaires belges.

LE THÉÂTRE DE LA LIBERTÉNabil est le directeur artistique du Freedom Theatre, un théâtre fondéà la mémoire d’Arna Mer et de son travail auprès des enfants du campde réfugiés de Jénine. L’un des co-fondateurs du théâtre, le fils d’Arna,Juliano Mer-Khamis, a été assassiné le 4 avril 2011 non loin de là. Bienque prise en charge conjointement par la police et par les rensei-gnements israéliens, l’enquête n’a jamais abouti. En revanche, plusde la moitié des employés du théâtre, dont Nabil lui-même, ont étéconvoqués pour interrogatoire. Lors de descentes, des soldats ontbrisé les fenêtres du théâtre et dégradé des équipements. Pour Jonatan Stanczak, directeur du théâtre, « ils savent qu’ils auraient pusimplement appeler au téléphone Nabil qui serait venu répondre àtoutes leurs questions ou préoccupations. Cela s’est déjà produit tantde fois par le passé que je ne vois qu’une seule explication : un harcèlement continu exercé par l’armée israélienne sur les employésdu Freedom Theatre et leurs familles. »

Le 29 juillet, suite aux négociations avec le tribunal devant lequel il aété déféré, Nabil a dû plaider coupable pour des accusations fan-taisistes d’achat de cigarettes et de promenades en voiture en 2010avec Zakaria Zubeidi, l’un des co-fondateurs du théâtre, ainsi qued’avoir répondu à l’une de ses questions sur la présence de l’arméeisraélienne dans le camp de réfugiés. Or ce dernier, recherché parIsraël pour ses activités politiques, avait bénéficié d’une amnistie en2007. Nabil a donc été condamné pour avoir aidé quelqu’un qui étaitdéjà amnistié ! Zakaria Zubeidi, quant à lui, a été arrêté le 13 mai parl’Autorité palestinienne et détenu à Jéricho, dans le cadre des suitesde l’agression du gouverneur de Jenine, Kadura Mousa.

Arrestations arbitraires et actes de vandalisme ciblent également d’autres organisations palestiniennes du territoire occupé qui travail-lent, elles aussi, avec une jeunesse privée de tout espace de loisirs,d’exploration culturelle ou de liberté comme le Madaa creative center,à Silwan. Mais les autorités israéliennes ne visent pas uniquement le démantèlement de ces structures ; les enfants eux-mêmes font l’objet d’arrestations et d’incarcérations, au mépris non seulement de tout sentiment humain mais aussi de leurs droits fondamentaux.

À Silwan précisément, les enfants, parfois très jeunes, sont la cibleprivilégiée des attaques de colons mais aussi des soldats israéliens.Le 10 juin, des agents israéliens camouflés ont kidnappé MohammedAshour, un enfant de 11 ans, originaire de Ras El Amoud. Lorsque sa famille a demandé les raisons de ce kidnapping, la police leur arépondu que l’enfant était détenu «pour enquête». Le 28 juillet, Mohammed Zidani, 14 ans, est sommé de se présenter au centre d’interrogatoire de la prison Maskubiye. Il avait déjà été arrêté lorsd’une descente de police au domicile familial, en compagnie de sonfrère aîné Amer, 17 ans, avant d’être relâché dans l’après-midi, sonfrère ne l’ayant été que quatre jours plus tard.

Les arrestations d’enfants, dès l’âge de 10 ans, sont très fréquentesà Silwan et dans les quartiers environnants (Ras el Amoud, At Tur,...)

Ces faits traduisent une volonté délibérée de destruction

du tissu social palestinien.

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Après un conflit de plusieurs semaines avec le Premier ministre israélien Netanyahou, trente familles de colons installées dans la colonie

de Bet El, au nord de Ramallah, ont déclaré, le 20 juin 2012, avoir décidé de s’en aller. Une victoire des mouvements

contre la colonisation? C’est malheureusement loin d’être le cas: en contrepartie, en effet, Netanyahou a promis

de construire 300 unités de logement dans d’autres colonies de Cisjordanie, selon les termes

de sa proposition faite le 6 juin 2012. Il en va ainsi en Cisjordanie occupée.

Le mouvement de colonisation ne cesse de s’accélérer.

Colonisation TOUS AZIMUTS

par Julien Masri

palestine 12 COLONISATION TOUS AZIMUTS©

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pourtant de droits supérieurs à ceux de la majorité palestinienne. Loinde sa vocation première de préservation d’un espace, le parc natureldevient instrument de l’emprise coloniale d’Israël sur Jérusalem-Estet de l’exacerbation du conflit. À Beit Hanina comme dans d’autres colonies (à Hébron par exemple),les colons font valoir un droit de propriété datant d’avant 1948 : leurprésence serait légitime puisque ces terrains ou ces maisons appar-tenaient à des Juifs avant la création d’Israël. Cet argument repré-sente pourtant une menace pour l’un des piliers de la politiqueisraélienne depuis le nettoyage ethnique de 1947-1948 : le refus catégorique du droit au retour des réfugiés palestiniens dans leurspropriétés. Cette contradiction est résolue dans les faits grâce à ladiscrimination pratiquée sur une base ethnico-religieuse, un systèmequ’on ne peut appeler autrement qu’apartheid.

RENDRE IMPOSSIBLE LA SOLUTION À DEUX ÉTATSLe but de la politique de colonisation du gouvernement israélien leplus à droite de l’histoire de ce pays est clair : annihiler toute possibi-lité de fonder un État palestinien entre le Jourdain et la Méditerranéeet confiner autant que possible la population palestinienne dans des réserves. Le harcèlement des villageois et des Bédouins par lescolons participe de cette politique de confinement. Dans la vallée duJourdain, dans les villages autour de Naplouse ou dans la régiond’Hébron, les villageois font face aux agressions régulières des colonsisraéliens : vol de matériel agricole ou d’animaux, incendies de cultures,de mosquées et de véhicules, passages à tabac, tirs d’armes à feu.

La ceinture de colonies qui coupe Jérusalem du reste de la Cisjor-danie ne cesse de s’élargir, comme à Har Homa ou à Gilo. Dans laville qui doit devenir, en cas d’accord de paix sur la base de deuxÉtats, la capitale palestinienne, avait été posé au cours des dernièresnégociations le principe de laisser les colonies sous souveraineté israélienne, les quartiers palestiniens devant être remis aux Palesti-niens. Même cette option, pourtant contraire au droit international(selon lequel Israël ne dispose d’aucun droit sur le territoire palesti-nien occupé et qui ne reconnaît pas l’annexion de la partie orientalede la ville) est combattue avec virulence par le gouvernement de Netanyahou. Car en plus de créer de nouveaux points de frictionsdans des quartiers tranquilles, le développement de ces nouvellescolonies, plantées au cœur des quartiers palestiniens, rendrait impossible l’application de ce principe minimal à Jérusalem.

Alors que les démêlés des USA et des Européens avec l’Iran ou la Syrieoccupent le devant de la scène médiatique, le gouvernement israélienappuie sérieusement sur l’accélérateur de la colonisation: régulière-ment, des déclarations relatives à la construction de centaines d’uni-tés de logement ou à la création de nouveaux points de colonisation,surtout autour et dans Jérusalem, montrent la volonté manifeste d’ungouvernement de colons d’imposer comme priorité nationale nonla paix avec les Palestiniens mais l’anéantissement délibéré de toutterrain d’entente avec eux.

EXTENSIONS ET LÉGALISATIONS DE COLONIES VONT BON TRAIN…Si un quartier de la colonie de Bet El, construit sur un terrain palestinienprivé, va probablement être bientôt évacué, de nombreuses autres colonies poursuivent leur extension. De la création d’un vaste com-plexe touristique colonial à Silwan à la construction de 130 unités delogement sur la colline de Gilo (annoncée en décembre 2011), enpassant par la publication d’un appel d’offres pour plus de 800 uni-tés de logement dans la colonie de Har Homa, entre Jérusalem et Bethléem, en avril 2012, le gouvernement israélien ne cesse deconstruire dans le territoire palestinien occupé.

En échange du déplacement de caravanes installées par des colonssur une colline, le gouvernement israélien a légalisé l’avant-poste deRamad-Gilad, au sud de Naplouse. Le 24 avril 2012, ce sont les colonies de Bruchin et Rechelim, toujours près de Naplouse, et cellede Sansana, dans l’extrême Sud de la Cisjordanie, qui ont été légali-sées. Cette décision est apparue comme le résultat d’un marchandagesuite à l’évacuation d’une maison palestinienne occupée par des colons à Hébron. Un changement de statut qui n’a aucune valeur auregard du droit international, celui-ci considérant toutes les coloniesisraéliennes comme illégales, indépendamment de la façon dont ellessont considérées par le gouvernement israélien. À chaque fois, ce qui est présenté comme une concession des colons sert en fait àdynamiser davantage encore l’emprise coloniale sur la Cisjordanie.

CRÉATION DE NOUVELLES COLONIES AU CŒUR DES QUARTIERS PALESTINIENSMais il y a plus. Récemment, les extensions de colonies se sont dou-blées d’un phénomène nouveau depuis les années 90 : la création denouveaux points de colonisation. Pour la première fois depuis les années 90, de nouvelles colonies sont créées ex nihilo. Le 2 avril2012, le maire israélien de Jérusalem annonce la création de la colonie de Kidmat Zion dans le quartier palestinien d’Abou Dis. Le 18avril, un bâtiment a été confisqué au profit de colons israéliens dansle quartier palestinien de Beit Hanina. Avec l’extension de la coloniede Shimon HaTsadik dans le quartier de Sheikh Jarrah, le plan desautorités israéliennes est clair : déstructurer les quartiers palestiniensde l’intérieur en y imposant la présence de colons.

AUTORITÉ DES PARCS NATIONAUX ET DROIT DE PROPRIÉTÉ D’AVANT 1948 À LA RESCOUSSE À Jérusalem encore, un autre aspect de l’entreprise coloniale est àl’œuvre. Des terrains non construits sont progressivement confiés parles autorités municipales à l’Autorité des parcs nationaux. Ce phéno-mène, qui ne touche que la partie orientale de la ville (situés majoritai-rement autour de la vieille ville et à Sheikh Jarrah, ces parcs nationauxforment une boucle qui coupe totalement la vieille ville des autresquartiers palestiniens), représente une menace puisqu’il bloque toutepossibilité de développement urbain palestinien à Jérusalem-Est, qu’ilinterdit aux propriétaires palestiniens l’usage de leurs terres (tout enévitant leur expropriation), et qu’il les consacre au profit des citoyensisraéliens, une minorité dans la partie orientale de la ville, qui jouit

Pour la première fois depuis les années 90, de nouvelles

colonies sont créées ex nihilo.

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Ce mois de juillet, Oxfam International a rendu public un nouveau rapport intitulé « Au bord du gouffre. Les colonies israéliennes et leur impact

sur les Palestiniens dans la vallée du Jourdain ». Si l’ONG analysede manière approfondie la situation de la région, c’est que la

situation des Palestiniens y est catastrophique et ne faitqu’empirer de jour en jour. Récemment, un rapport des

chefs de missions de l’UE à Jérusalem avait déjà attiré l’attention sur le délaissement des

territoires de la Zone C. Le rapport d’Oxfamne fait qu’en confirmer les conclusions

tout en mettant le focus en particuliersur la vallée du Jourdain.

palestine 14 VALLÉE DU JOURDAIN

de nouvelles infrastructures palestiniennes. Ces dernières années,94% des demandes de permis de construire introduites ont été reje-tées. Cela ne laisse d’autre choix aux Palestiniens que de construiresans permis. Et, comme le relève Oxfam, les Israéliens procèdent à ladestruction de toute infrastructure, même « vitale », dont ils décou-vrent qu’elle a été édifiée sans permis.

En outre, Israël impose des restrictions à la circulation des popula-tions de la vallée du Jourdain. Toujours selon Oxfam, la région estparticulièrement isolée du fait des nombreux check-points, en plusdes zones militaires, des réserves naturelles, des barrages routiers,des tranchées et des murs de terre, imposés aux Palestiniens.

… ET RÉDUITE À LA PROLÉTARISATION FORCÉEFace aux petites exploitations familiales palestiniennes, les coloniesde la vallée du Jourdain pratiquent une agriculture intensive qui bé-néficie de subventions du gouvernement israélien ainsi que d’unaccès facilité aux marchés nationaux et internationaux. Le gouverne-ment israélien a mis en place un réseau routier séparé permettantaux colons de rejoindre aisément Israël. Le rapport d’Oxfam relèveen outre que les colons bénéficient d’un accès gratuit aux ports etaux aéroports israéliens.Limités dans leur accès à la terre, à l’eau et aux marchés, de nom-breux Palestiniens n’ont plus de moyens de subsistance. Ils sont alorsobligés de quitter leur famille et leur exploitation pour chercher del’emploi ailleurs en Cisjordanie ou de travailler comme main-d’œuvredans les colonies. Parfois, ils se retrouvent à travailler la terre mêmequ’on leur a confisquée. De plus, leurs conditions de travail dans lescolonies sont déplorables, bien en dessous du minimum requis en Israël. L’Autorité palestinienne a appelé les Palestiniens à éviter detravailler dans les colonies mais n’a, selon Oxfam, trouvé aucuneautre alternative à proposer.

SITUATION D’URGENCE

dans la vallée du Jourdain

par Nathalie Janne d’Othée

UNE POPULATION SOUS PRESSIONLa vallée du Jourdain a été occupée par Israël en 1967. Auparavant,elle comptait quelque 300000 habitants. Aujourd’hui, elle n’en compteplus que 53000 (Rapport Maan Development Center, To exist is to resist. Save the Jordan Valley, 2010). La population est constammentmise sous pression; elle voit son accès à la terre et à l’eau se réduirejour après jour. Or, composée essentiellement d’agriculteurs et d’éle-veurs, ces restrictions sont pour elle d’autant plus désastreuses.

Le rapport d’Oxfam fait état du fait que quelque 86% des terres de lavallée du Jourdain tombent sous la juridiction des conseils régionauxdes colonies. Si l’on y ajoute l’impact d’autres types de restrictions frap-pant les Palestiniens, ceux-ci ne peuvent plus exploiter sans entravesque seulement 6% des terres de la vallée.

En ce qui concerne l’accès à l’eau, l’accord intérimaire d’Oslo allouaitune part quatre fois plus grande de l’aquifère montagneux aux Israé-liens. Ce déséquilibre permit le développement de l’agriculture israé-lienne tandis que celui de l’agriculture palestinienne en fut d’autantfreiné. Selon l’ONG israélienne B’tselem, 69% de l’eau en provenancede Cisjordanie commercialisée par la compagnie israélienne deseaux, Mekorot, est extraite de puits israéliens forés dans la vallée duJourdain. Souvent construits en amont des sources palestiniennes,ces puits ont pour conséquence de les tarir. Ne bénéficiant pas del’accès à l’eau courante – même si les tuyaux des réseaux de fourni-ture des colonies traversent leurs terres – les paysans palestiniensde la vallée sont obligés, pour approvisionner leurs citernes, d’ache-ter de l’eau à la compagnie, à un prix parfois cinq fois plus élevé quecelui de l’eau du réseau.

Située à 90% en Zone C, la vallée du Jourdain est donc en grandepartie sous administration civile et militaire complète des Israéliens.Abusant de son pouvoir, Israël restreint drastiquement la construction

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LA PROBLÉMATIQUE DES TERRITOIRES DE LA ZONE CLes problèmes de la vallée du Jourdain sont caractéristiques des ter-ritoires de la Zone C en général. Selon les accords d’Oslo, l’autonomiede la Zone C était prévue pour 1999, date prévue pour la conclusion del’accord final. La Cisjordanie devait passer progressivement sous lecontrôle de l’Autorité palestinienne. Mais les développements politiquesont paralysé la dynamique d’Oslo et laissé les choses en l’état, avectout pouvoir aux Israéliens sur les territoires de la Zone C, soit 60% desterritoires palestiniens.

Le rapport des chefs de mission de l’UE à Jérusalem fin 2011 sou-lignait déjà l’importance de cette zone pour la viabilité du futur Étatpalestinien. Riche en ressources aquifères et en terres arables, etpeu peuplée, cette zone est en effet essentielle pour le développe-ment économique et démographique de la Palestine. C’est pour lesmêmes raisons qu’Israël a entrepris de coloniser intensivementcette zone, l’objectif central de l’occupation étant d’accaparer lemaximum de terres avec le minimum de Palestiniens.

Outre les effets de la mainmise d’Israël, le rapport des chefs de missionde l’UE à Jérusalem dénonçait un manque cruel d’investissement del’Autorité palestinienne mais aussi des donateurs internationaux dansla Zone C. Le rapport encourageait ces acteurs à s’impliquer davan-tage dans la Zone C, répondant ainsi à l’objectif final d’Oslo. L’invita-tion semble avoir été entendue par l’Autorité palestinienne qui met enplace des programmes de développement dans certains villages. L’UEa laissé entendre qu’elle soutiendrait ces initiatives. Amira Hass, dansun article, met en lumière ce qu’elle analyse comme une « Intifada dezone » et se demande jusqu’où l’AP et l’UE seront prêtes à aller face àIsraël (A zoning Intifada, Haaretz, 13 août 2012).

Pour Israël, se retirer de la vallée du Jourdain ne semble en effet pasà l’ordre du jour. Au contraire, le rapport d’Oxfam montre qu’en mai2011, l’État israélien a entrepris de gonfler le volume de terres arableset d’eau disponible pour les colons afin d’augmenter la populationisraélienne dans la région. Les colonies de la vallée du Jourdain ontceci de particulier qu’elles exploitent les terres non à des fins de peu-plement mais dans un but de rentabilité agricole. Le gouvernement israélien vise donc désormais à consolider sa présence dans la régionen en favorisant le peuplement. Un autre fait marquant souligné par lerapport d’Oxfam est que 64% des Israéliens ignorent que la vallée duJourdain fait partie des territoires palestiniens occupés et non d’Israël.Sachant que, pour relier Jéricho à Jérusalem, il faut à peine une demi-heure par la route des colons, des incitations à s’y installer peuvent rapidement faire mouche auprès de la population israélienne.

L’IMPLICATION DE L’UELes derniers développements mettant en avant un investissement del’Autorité palestinienne dans les territoires de la Zone C sont encou-rageants. Un bras de fer va plus que probablement s’engager là-dessus entre Israël et l’Autorité palestinienne. Le soutien de l’UE sera dès lors essentiel. Au-delà des déclarations vides, l’UE et sesÉtats membres doivent non seulement exercer de réelles pressionssur l’État d’Israël afin qu’il stoppe l’expansion de ses colonies en Cisjordanie, mais aussi soutenir et promouvoir le développement dela population et des infrastructures palestiniennes dans la Zone C.Sinon, il est peu probable que les choses évoluent positivement.

13%

87%

UTILISATION DES TERRES > Seuls 6 % de la surface de la vallée du Jourdain peuvent être développés par des Palestiniens.

Les colons israéliens ne représentent que 13% de la population – vivant dans des colonies en violation du droit.

Source : Oxfam

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Depuis 2007, des centaines de touristes, surtout des Juifsaméricains, reçoivent chaque été une brève initiation théorique aumaniement des armes à feu, suivie d’une séance de tirs encadrée pardes instructeurs du camp d’entraînement Caliber 3. Ce camp de tir est situéen Cisjordanie, près de la colonie d’Efrat, dans le bloc des colonies de Gush Etzion qui s’étendent au sud de Jérusalem jusqu’aux faubourgs nord de Hébron.

Le calme relatif qui prévaut en Cisjordanie ces dernières années a permis à ces stages privésde devenir une des principales attractions touristiques de la région. D’ailleurs, des familles entières,femmes et enfants compris, y participent. Le Conseil régional du Gush Etzion soutient Caliber 3 en reprenant ses coordonnées dans ses brochures touristiques.

Tel que décrit sur son site internet, le programme que Caliber 3 offre aux touristes « allie les valeurs du sionisme àl’excitation et au plaisir de tirer » : les touristes pratiquent le tir sur des cibles en carton dites « terroristes». « L’essentiel ici n’estpas de tirer sur des cibles mais d’apprendre comment nous luttons au quotidien pour protéger l’État juif », explique cet ancien soldat. Le contact avec de vrais soldats de la lutte antiterroriste confère un label d’authenticité à tout le programme. Le guide du camp, qui fait la démonstration de la meilleure façon de capturer un assaillant et présente une grande variété de fusils et de ceintures d’explosifs, aurait fait partie du commando de l’opération d’Entebbe en 1976. Effet garanti sur l’auditoire !

Honenu s’occupe de la défense en justice d’activistes de l’extrême droite radicale qui ont maille à partir avec la justice et aide leursfamilles. À titre d’exemple, elle a défendu Jack Tytell, un colon extrémiste qui a tué de sang-froid deux Palestiniens et a posé des

bombes, notamment contre l’historien Ze’ev Sternhell. Honenu a aussi aidé financièrement la famille de l’assassin de Rabin,Yigal Amir. L’organisation porte systématiquement secours à tous les colons qui s’en prennent aux Palestiniens et à leurs

biens. C’est elle aussi qui a permis la libération des rabbins de Yitzhar qui ont déclaré licite le fait de tuer les bébéset les enfants des « ennemis d’Israël car il est clair qu’ils nous porteront préjudice lorsqu’ils auront grandi ».

Son président, un colon de la colonie de Kyriat Arba, s’oppose au système judiciaire car, déclare-t-il, les institutions israéliennes persécutent les Juifs vu le lobby « d’organisations antisémites

financées à l’extérieur, principalement en Europe. »

Quant à son représentant auprès des prisonniers, un colon de la colonie de Yitzhar,il est considéré par le Shin Bet lui- même comme un danger pour la sécurité

de l’État. Placé en détention administrative –ce qui est exceptionnel pour unJuif –, il lui a été à plusieurs reprises interdit de se déplacer et même

d’entrer en Cisjordanie.

Malgré cela, Honenu est exemptée d’impôts, un privilègedont jouissent seulement 3800 ONG sur les 15000

ONG israéliennes.

«PORTRAIT D’UNE ORGANISATION»

HONENU par Marianne Blume– Fondation > 2001– Statut > ONG d’éducation et de défense légale– Sponsor principal > Central Fund of Israel, une ONG américaine pro-colons– But annoncé1. fournir une assistance économique et légale « aux Juifs en détresseet/ou détenus et/ou arrêtés et/ou incarcérés et/ou faits prisonniers vu la situation sécuritaire et/ou leur intention de travailler au bien d’Israël ». 2. Assistance, aide sociale et économique, réhabilitation spirituelle et psychologique des prisonniers et de leurs familles.– Fondateur et président > Schmuel Medad– Représentant auprès des prisonniers > Ariel Gruner

TOURISME EN ISRAËL: STAGES DE TIR SUR CIBLES

TERRORISTES par Christiane Schomblond

palestine 16 BRÈVES

Page 17: Palestine N°53

Le racisme, la xénophobie ou le traitementinhumain des réfugiés ne sont pas

des phénomènes propres à Israël.Loin de là. Cependant, en Israël,

le racisme a ses justificationsidéologiques propres.

palestine 17 RACISME

RACISME ORDINAIRE ET IDÉOLOGIE

SIONISTE

“ La chasse aux nègres est ouverte“

par Marianne Blume

se livreraient à des actes criminels dont des viols, insinuant quebeaucoup de femmes violées n’osent pas porter plainte parcequ’elles auraient contracté le Sida… Et pour la bonne (?) bouche, lePremier ministre Benyamin Netanyahou lui-même a déclaré qu’il de-vait choisir «entre humanitarisme et sionisme». Et dès lors, il se pro-nonce pour l’expulsion mais « de façon humaine et juive ». Bien sûr.

LES « INFILTRÉS » : RETOUR DES VIEUX DÉMONS D’ISRAËLLe terme « infiltré » remonte à la guerre de 47-49. Interdisant le retourde tous les Palestiniens chassés de leur terre, Israël a désigné ainsiprincipalement ceux d’entre eux qui tentaient de revenir chez eux. LaLoi pour la prévention de l’infiltration (1954) permet ainsi l’emprison-nement et l’expulsion des « infiltrés » qui, dans le meilleur des cas,sont déférés devant un tribunal militaire (!). Appliquer aujourd’hui ceterme aux réfugiés, aux clandestins arrivés en Israël met en évidencele lien entre le racisme anti-africain et l’idéologie de l’État d’Israël. Ceque les déclarations de Netanyahou et Eli Yishaï confirment pleine-ment. Avant même la manifestation, Netanyahou avait déclaré : «Lephénomène de l’infiltration illégale à partir de l’Afrique est extrême-ment grave et menace les fondements de la société israélienne, lasécurité nationale et l’identité nationale».Et que sont les fondements de la société israélienne et de l’identité nationale si ce n’est la prétention à être un État juif pour les seuls Juifs?Le rejet du non-juif est une composante essentielle d’Israël : il n’y aqu’à observer le sort réservé aux Palestiniens citoyens israéliens, dontles Bédouins. Ou encore celui réservé à la main-d’œuvre étrangère appelée par Israël. Quant à Elie Yishaï, il explique que les opérations deratissages pour attraper les illégaux ne sont pas à proprement parlermenées contre les « infiltrés » mais destinées à « préserver la naturejuive et sioniste de l’État d’Israël ».

CONCLUSION Qu’on le veuille ou non, l’État d’Israël est un État raciste. Non parcequ’il y a des racistes notoires en son sein, non parce que des partisracistes y participent au gouvernement mais parce que le racismeest le corollaire de sa définition sioniste d’État juif pour les seuls Juifs.

POGROM À TEL AVIVLe 23 mai, organisée par le Likoud dans un quartier défavorisé du sudde Tel Aviv, une manifestation anti-demandeurs d’asile africains dégé-nère en pogrom (ce sont notamment les mots de Yair Lapid, ancienjournaliste vedette et fondateur d’un nouveau parti centriste). Aux crisde «Nous voulons l’expulsion des Soudanais» ou « Infiltrés, sortez denotre pays», la foule s’en est prise violemment à tout Africain qui pas-sait par-là; elle a attaqué des conducteurs et a vandalisé des magasinsappartenant à des Africains. Ces démonstrations de racisme ne sontpas nouvelles : jets de cocktails Molotov, incendies volontaires, insulteset attaques physiques, refus de louer sont et restent le quotidien desquelque 60000 demandeurs d’asile que compte Israël (34000 vien-nent d’Erythrée, 16000 du Soudan et 2000 du Sud-Soudan).

LES RESPONSABLES POLITIQUES ALIMENTENT LE FEULes demandeurs d’asile trouvent surtout refuge dans les quartierspauvres de Tel Aviv ou d’Eilat. Dans ces quartiers, vivent une majoritéde Juifs issus des pays arabes, eux-mêmes soumis au « racismeinter-juif » (Askhenazes/Sépharades). Aussi ceux-ci sont-ils la proiefacile de la droite et de l’extrême droite, comme partout ailleurs.Le discours des responsables politiques est édifiant. Pour Miri Regev,Likoud, ex-porte-parole de l’armée, les Soudanais sont «un cancerdans notre corps». Ronit Tirosh, membre de Kadima, affirme, quantà lui, que tous les « infiltrés africains» doivent être déportés. DannyDanon (Likoud), lui, parle ouvertement d’expulsion des « infiltrés » car« Ils ont établi un État ennemi avec Tel Aviv pour capitale». Mofaz n’estpas en reste ; pour lui, les migrants ne sont pas des réfugiés : « Ilsviennent illégalement pour travailler et font du tort à Israël. »

At least but not last, le ministre de l’Intérieur en charge de l’immigration,Eli Yishaï (président du Shass) demande l’expulsion de tous les « in-filtrés » et proclame qu’Israël, qui est un État juif, ne peut se suiciderau nom de la démocratie ou des résolutions de l’ONU. Ce n’est pasla première fois que Yishai exprime en public des sentiments racistesà l’encontre des Africains. D’après lui, ceux-ci devraient s’abstenird’avoir des enfants et sinon devraient être renvoyés dans leur pays.Il joue aussi sur les peurs : la plupart des réfugiés africains en Israël

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palestine 18 LIVRES/FILM

Nurit Peled-Elhanan est professeure delangue et de pédagogie à l’Université hébraïque de Jérusalem. Elle est membred’une association qui réunit des familles israéliennes et palestiniennes endeuilléespar le conflit : en 1997, sa fille de 13 ans aété tuée lors d’un attentat suicide palestinien.Lauréate du Prix Sakharov 2001, elle estmembre fondatrice du Tribunal Russell surla Palestine.

Nurit Peled-Elhanan a examiné les princi-paux livres scolaires israéliens d’histoire,de géographie et d’éducation civique – tous autorisés par le ministère de l’Éducation – pour y découvrir les figuresde représentation des Palestiniens. Sonanalyse fine et extrêmement fouillée faitl’objet du livre ; sa conclusion est que lesmanuels scolaires incitent à la haine et préparent les jeunes Israéliens, à la veillede leur service militaire obligatoire, à devenirviolents envers les Palestiniens, cruels etindifférents à leur souffrance.

On n’y parle pas de « Palestiniens » saufpour évoquer les menaces (démogra-phique et sécuritaire) qu’ils représentent.On les appelle « les Arabes » ; ce sont desêtres vils, criminels, incapables de progrès.« Les seules représentations sont celles deréfugié, paysan primitif et terroriste. Pas dePalestinien médecin, enseignant, ingénieurou exploitant agricole moderne».

Une place particulière est faite à la narrationdes événements historiques de 1948. Lemeurtre de Palestiniens est présentécomme nécessaire à la survie de l’État juif.Il faut en voir le côté positif, à long terme:ainsi, le massacre de Deir Yassin a provo-qué une fuite massive d’Arabes d’Israëlmais c’est ce qui a permis l’installationd’un État juif, avec une majorité juive. Les manuels tentent de pérenniser la domination d’Israël sur la Cisjordanie. Les cartes géographiques « oublient » les frontières entre Israël et les Territoires palestiniens occupés ; la Cisjordanie yporte les noms bibliques de Judée et Samarie. Une carte de Jérusalem, titrée « la capitale historique du peuple juif » nereprend aucun site palestinien. D’autrescartes omettent des villes arabes cléscomme Nazareth ou des villes mixtesarabes et juives comme Acre-Akka-Akko.

Les manuels scolaires avancent enfin nombre d’arguments pour justifier l’état decitoyens de seconde zone des Arabes israéliens (1/5 de la population). C. S.

livresPALESTINE IN ISRAELISCHOOL BOOKS: IDEOLOGY AND PROPAGANDAIN EDUCATION Nurit Peled-Elhanan, I.B. Tauris, 2012,268 pages

UN ÉTAT COMMUNENTRE LE JOURDAIN ET LA MER Éric Hazan et Eyal Sivan, La Fabrique,2012 / « État commun. Conversation potentielle », film réalisé par Eyal Sivan

« Un État commun entre le Jourdain et lamer » : ce livre court (60 pages) est un essaiengagé pour «en finir avec l’idée de la parti-tion [de la Palestine-Israël] et la remplacerpar celle du partage de ce pays ». Les auteurs y défendent la théorie que l’optionà deux États n’est pas une solution réalistemais un discours qui vise en fait à maintenir le statu quo. Celui-ci profiteraitnon seulement aux dirigeants israéliens etoccidentaux, mais aussi à l’Autorité palesti-nienne et aux dirigeants des États arabes.Hazan et Sivan prônent l’idée que la nais-sance d’un véritable État palestinien n’estpas réalisable et qu’à long terme, un Étatjuif viable n’est pas envisageable non plus.Pour eux, l’État commun, dont ils rappellentqu’il s’agit d’ailleurs d’un projet très ancien,est « la seule solution réaliste et réalisablecar elle correspond à la situation actuelledans le pays ».

Le lecteur ne sera peut-être pas entièrementconvaincu par le raisonnement des auteurs.Mais leur argumentation est solide et étayéepar de nombreux faits. Ce qui fait de ce petitlivre un outil de réflexion précieux pour tousceux qui sont attachés à la cause d’unepaix juste entre Palestiniens et Israéliens. Un document filmé (DVD) de plus de deuxheures, réalisé par Eyal Sivan, est joint à celivre. Il réunit, en les croisant, les réflexionssur ce projet d’État commun. de femmeset d’hommes palestiniens et israéliens engagés. Ces réflexions nous incitent à approfondir encore notre questionnementsur l’avenir de la Palestine-Israël. M.S.

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Aborder le conflit israélo-palestinien sous unangle inédit, voilà le défi auquel se sont li-vrées Véronique Bontemps et Aude Signoles,respectivement anthropologue vivant entrePalestine et Jordanie et politologue spécia-liste de la question israélo-palestinienne,enseignante-chercheuse à l’université deGalatasaray en Turquie. L’approche retenue,en ce qu’elle articule une réflexion sur lesvécus des Palestiniens sous occupation,permet en quelque sorte de dépasser les limites de la littérature existante sur le conflitisraélo-palestinien. En effet, pour les deuxauteures, il ne s’agit pas ici de discuter destenants et aboutissants de ce conflit dans sadimension géopolitique internationale, maisd’envisager un questionnement, à la foisplus large et plus circonstancié, sur les effetsde cette guerre sur le quotidien des Palestiniens. Au travers de plusieurs portraits(un ingénieur, un chauffeur, un conseiller municipal,…), Aude Signoles et VéroniqueBontemps analysent les conséquences néfastes de l’occupation sur la mobilité desPalestiniens et leur économie. Le tout agrémenté de textes retraçant l’évolution ducontexte politique palestinien, apportantainsi au lecteur l’éclairage nécessaire à lacompréhension des entretiens personnelsproposés au travers des portraits. Le livreoffre aussi plusieurs encadrés définissantde manière didactique les termes (Intifada,Mur de séparation, check-points, routes de contournement,…) relatifs au conflit israélo-palestinien. H.O.

VIVRE SOUS OCCUPATIONQUOTIDIENS PALESTINIENSVéronique Bontemps-Aude Signoles,Ginkgo éditeur, 2012, 125 pages(Collection de près, de loin)

LE FILS DE L’AUTRERéalisé par Lorraine Levy, 2012

film

Joseph a 18 ans et vit à Tel Aviv. Il doit faireson service militaire. Les examens médicauxqu’il doit subir dans ce but révèlent ungroupe sanguin différent de celui de sesparents. L’énigme est rapidement résolue :il y a eu un échange de bébés à la nais-sance. Orit, la mère de Joseph, est partieavec l’enfant de Leila. Leila, elle, a élevéYacine, l’enfant d’Orit. La révélation de la ju-daïté de Yacine changera-t-elle ses relationsavec son entourage ? De son côté, Josephse retrouve dans un vide identitaire: non juif,il est rejeté par sa communauté mais ne sesent pas Arabe pour autant.Joseph et Yacine semblent chacun avancerà tâtons dans une trame digne d’une tragé-die grecque, à la recherche de leur identité.Mais au-delà des enfants échangés eux-mêmes, les familles doivent également tisser de nouveaux liens, trouver chacuneun nouveau modus vivendi.

Le drame prend d’autant plus de profondeurdans le contexte du conflit israélo-palestinienet pose également des questions sur lesstigmatisations respectives et réciproquesdes deux communautés. On peut se réjouirdu fait que, contrairement à certains filmsqui abordent le conflit, Lorraine Levy faitévoluer ses personnages dans un décoroù la réalité de l’occupation n’est pas occultée, même si elle n’est pas spécifi-quement exposée pour elle-même.

Ce film permet en outre au public de dé-couvrir un nouveau talent du cinéma belgeen la personne de Mehdi Dehbi.

N.J.O.

Vous désirez aider des étudiants palestiniens?Vous comprenez et parlez un peu l’anglais ?Vous avez une expérience en gestion financière?Vous vous débrouillez en informatique (Word, mail)?Vous avez un peu de temps?

Si vous répondez oui à l’une ou plusieurs de ces questions,l’asbl HOPE vous fait signe!

Ayant pour mission d’octroyerdes bourses de parrainage à des étudiant(e)s palestinien(ne)s en difficulté financière, Hope leur permetde poursuivre avec succèsleurs études universitaires. En cinq années d’existence,HOPE a ainsi fourni 130 subventions semestrielles, et aide actuellement 24 étudiant(e)s dans les Universités Al Quds à Jérusa-lem-Est et AAUJ à Jénine.

Si vous impliquer dans HOPE vous intéresse, contactez avant le 15 octobre :A. [email protected] 81 33 40 ou F. JADOUL [email protected] 45 41 85

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