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BUS & CAR TOURISME DE GROUPE Date : AVRIL 16 Pays : France Périodicité : Mensuel Page de l'article : p.56-59 Journaliste : Dominique de La Tour Page 1/4 POLOGNE3 7383347400508 Tous droits réservés à l'éditeur Par l'Oder alléchée... Pologne Jusqu'au 17 décembre prochain, Breslau - alias Wroctaw - sera capitale culturelle européenne. Plus que jamais, la belle silésienne des rives de l'Oder va vivre l'écartèlement entre nostalgie hanséatique et patriotisme polonais, européanité et culte de l'exil. Texte et photos Dominique de La Tour P ourquoi le français s entête t il a donner aux étrangères leur nom en version on gmale sachant qu a Varanasr" (Benares), a Bijaya" (Bougie) a Guangzhou (Canton), on n a aucun complexe a nommer notre capitale Peerus, Bans, Pangi ou Panj * Grand coureur d Europe, Napoleon a rendu familier le nom Breslau qu on prononçait breslo Pourquoi des lors I appeler Wrodaw, qui plus est, avec ce I barre que personne ne sait articuler ? Tout ça pour decouvrir, au bout du compte, qu'on ne dit pas "vrodave" maîs vrotsouaf ' Un surnom consternant Le politiquement correct cache toujours le triste ou l'inavouable, on va bientôt I apprendre En at tendant, au X e siecle, la future ca pitale de Silesie fait son nid dans les roseaux de I Oder Sur un cha pelet d îles aux arbres charges de gui, des familles slaves tirent profil du surprenant reseau fluvial d Eu rape centrale, assurant I import export entre sud et nord, dc Prague a Stettin, puis de Milan a Breme Le sel gemme se vend pas mal Aussi le plomb et les metaux pre deux, le ventre d ecureuil et les fourrures les plus cotées Un port se construit, Wroctaw, qui joue a saute ruisseau sur le gué des 12 îles quon observe au jourdhui Mlynska, ile des Moulins de\ émis minoteries, Stodowa, celk du mail, Piaskou. a, celle du sable La plus vaste reste celle du Dôme (Tumski) entendez la cathedrale, dédiée a Jean Baptiste dont la tête coupée trône au milieu du pla leau des armoiries municipales Avec ses deux flèches plaquées de vert de gns, le Dome rivalise avec d'autres sanctuaires, nourris par le particularisme de quartier qu tns taure toute structure en archipel Ainsi Sainte Hisabeth, plus riche que la cathedrale même, Sainte Croix, composee de deux nefs ri vales posées I une sur lautre, No tee Dame des Sables qui se restreint sur la largeur pour donner a sa voûte le trompe I oeil d une illusion optique on craignait sans doute que monter plus n entraîne I cnil sèment dans le sol aqueux Malgre ses efforts pour faire on ginal, la cite n a pas échappe au surnom consternant de toute cite qui jongle avec canaux et bras de riviere Venise polonaise Encore lui a t on epargne I Amsterdam **** lis • ïïi slave ' ou les "Canaries de l'Oder Cet ordre disperse a justifie la construction de 120 ponts, tabliers peints par le Street art, dentelles de fer boulonnées brinquebalant sous les trams Annee culturelle ou pas, ils offrent un cadre original et miroitant au festival Jazz sur I Oder (mi-mai a mi-juin) qui anime les greves, les quais et les ponts eux mêmes Men2016, cet ensemble sera jusqu en août scene de spectacles, pour Smging Europe, qui mettra a I unisson les voix de milliers de chanteurs amateurs et professionnels Soutanes et points cardinaux Au XIII e siecle, alors que l'Furope n est qu une mosaique de fiefs trm- glee par une pyramide de féodaux en armes ou en soutane, le droit de Magdebourg accorde a de nom breuses villes une autonomie Cest
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Page de l'article : p.56-59Journaliste : Dominique de LaTour
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POLOGNE3 7383347400508Tous droits réservés à l'éditeur
Par l'Oder alléchée...Pologne Jusqu'au 17 décembre prochain,
Breslau - alias Wroctaw - sera capitale culturelle
européenne. Plus que jamais, la belle silésienne
des rives de l'Oder va vivre l'écartèlement entre
nostalgie hanséatique et patriotisme polonais,
européanité et culte de l'exil.
Texte et photos Dominique de La Tour
P ourquoi le françaiss entête t il a donneraux étrangères leur
nom en version on
gmale sachant qu a
Varanasr" (Benares), a Bijaya"(Bougie) a Guangzhou (Canton),on n a aucun complexe a nommer
notre capitale Peerus, Bans, Pangiou Panj * Grand coureur d Europe,
Napoleon a rendu familier le nomBreslau qu on prononçait breslo
Pourquoi des lors I appeler Wrodaw,
qui plus est, avec ce I barre que
personne ne sait articuler ? Tout
ça pour decouvrir, au bout du
compte, qu'on ne dit pas "vrodave"
maîs vrotsouaf '
Un surnom consternantLe politiquement correct cache
toujours le triste ou l'inavouable,on va bientôt I apprendre En attendant, au Xe siecle, la future capitale de Silesie fait son nid dansles roseaux de I Oder Sur un cha
pelet d îles aux arbres charges de
gui, des familles slaves tirent profil
du surprenant reseau fluvial d Eurape centrale, assurant I import
export entre sud et nord, dc Prague
a Stettin, puis de Milan a Breme
Le sel gemme se vend pas malAussi le plomb et les metaux pre
deux, le ventre d ecureuil et les
fourrures les plus cotéesUn port se construit, Wroctaw, qui
joue a saute ruisseau sur le gué
des 12 îles quon observe au
jourdhui Mlynska, ile des Moulinsde\ émis minoteries, Stodowa, celk
du mail, Piaskou. a, celle du sable
La plus vaste reste celle du Dôme(Tumski) entendez la cathedrale,
dédiée a Jean Baptiste dont latête coupée trône au milieu du pla
leau des armoiries municipales
Avec ses deux flèches plaquées de
vert de gns, le Dome rivalise avec
d'autres sanctuaires, nourris par
le particularisme de quartier qu tns
taure toute structure en archipelAinsi Sainte Hisabeth, plus richeque la cathedrale même, SainteCroix, composee de deux nefs ri
vales posées I une sur lautre, Notee Dame des Sables qui se restreintsur la largeur pour donner a savoûte le trompe I oeil d une illusion
optique on craignait sans doute
que monter plus n entraîne I cnil
sèment dans le sol aqueuxMalgre ses efforts pour faire on
ginal, la cite n a pas échappe au
surnom consternant de toute cite
qui jongle avec canaux et bras de
riviere Venise polonaise Encorelui a t on epargne I Amsterdam
****lis• ïïi
slave ' ou les "Canaries de l'Oder
Cet ordre disperse a justifie laconstruction de 120 ponts, tabliers
peints par le Street art, dentelles
de fer boulonnées brinquebalant
sous les trams Annee culturelleou pas, ils offrent un cadre original
et miroitant au festival Jazz sur
I Oder (mi-mai a mi-juin) quianime les greves, les quais et lesponts eux mêmes Men2016, cetensemble sera jusqu en août scenede spectacles, pour Smging Europe,qui mettra a I unisson les voix de
milliers de chanteurs amateurs etprofessionnels
Soutanes et pointscardinauxAu XIIIe siecle, alors que l'Furope
n est qu une mosaique de fiefs trm-
glee par une pyramide de féodaux
en armes ou en soutane, le droitde Magdebourg accorde a de nombreuses villes une autonomie Cest
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une premiere victoire des classescommerçantes sur I enkystementdes castes de barons et d archevêques Celle qu on appelle a presentBreslau est parmi les bénéficiairesElle se réveille cite libre Par dessusle marche, membre envie de laconfederation commerciale desmers et des fleuves la HanseHanseatique, autrichienne, prussienne, grand allemande Breslaus est germanisée Pour six sièclesDans la Pologne actuelle, on reconnaît toujours ces cites affranchues a leur rynek, nom slave quia I origine, désigne le marchecomme, d ailleurs, agora en grecet forum en latin ' Ce rynek ci traceun grand carre de demeures baroques, vertes, jaunes bleues, rougesang ou -vermillon, dotées de façades en pointe, en cloche, a podium a fresques dorées ou graffitenoir et blanc Une longue fontainede verre, une autre en forme dburson, et des figurines rabelaisiennes
se cachent dans les recoins de laplace, qui fait la ronde autour d undouble hôtel de ville le RatuszLe mot porte en filigrane I allemandRathaus mame Forme de deuxbâtiments que scinde une ruelle,le Ratusz forme un brillant lienssonnage de balcons ornes de pignons flamboyants, d horloges astronomiques ou de cadrans debeffroi distribuant jour et nuitI heure aux points cardinaux C estsur ce point de rendez vous millenaire de la vie patncienne, devenuentre temps zone pietonniere, quele 16 janvier dernier s est tenue lacérémonie d ouverture de I anneeculturelle europeenne, quand 1400artistes dont 30 marionnettes ,et des dizaines de milliers de figurants déguises ont fièrementpresente les anecdotes et légendesles plus curieuses de leur patric silesienneDe Brême a Munich, tout Rathausa une brasserie en fond de cave
Celle dia, la Piwmca Swidmcka,semble tirée d un bouquin de Guslave Dore lanternes de fer, stallessculptées, murs enlumines d ammaux de la Dame a la Licorne oudu Roman de Renan Dans cesdix salles bruyantes, on verse labiere de Schweidmtz (la bourgadevoisine) meilleure que la localeGoethe, Chopin, Bismarck ont apprecie, comme Eichendorff poelede la Silesie perdue et Fallersleben,le Rouget de Lisle allemand a quiI on doit le Deutschland uber alles
Célébrer la défaite deNapoleonAccotée au Rynek la place au Sel(Floc Solny) forme un autre espacequadrangulaire Avec I apparitiondes glacières puis du frigo, le sel aete déloge par les kiosques et tablesdes marchands de fleurs quimeublent les episodes sentimentauxdes riverains Les ecolos et le icunepublic y achètent de temps a autre
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Pour ceux quiaiment les chiffresLe Zoo de Wrodaw existedepuis 150 ans et rassembleplus de 5000 animaux.
Dans les piscines del'Afrykarium il y a 15 millionsde litres d'eau (l'équivalentde 100 baleines et 3000éléphants adultes).
Depuis plus de trois ans, lesrendez-vous françaisexistent, presque chaquevendredi, au salon de thé K2.
Dans la ville ondénombre 255 nains.
Wrodaw possèdeplus de 100 ponts
À Wrodaw se trouvele plus hautgratte-ciel de Pologne- Skytower - quimesure 212 m.
28 capitales se trouvent àmoins de deux heures etdemie de Wrodaw en avion.
Wroclaw a battu le record duplus grand nombre deguitaristes jouant en mêmetemps, il y a eu 5018participants!
À l'aéroport de Wrodawpassent environ troismillions de passagerschaque année.
Wrodaw compte exactement633 105 habitants, dont plusde 135 DOO sont étudiants.
une couronne, un bouquet, pour
aller les déposer à Store Jatki, em-placement des abattoirs moyen-
âgeux : des figures de bronze gran-deur nature s'y dressent, à lamémoire des porcs, chèvres, mou-tons, lapins et volailles sacrifiés àl'appétit des habitants, montres dudoigt par la mode anti-viande. Lesboucheries ont pourtant cédé la
place à des marchands de tableaux,vendant vues et estampes figéessur un passé hors d'atteinte.
Pour retrouver l'atmosphère et les
égosillements des ventes à la criée,il faut aller à Hala Targowa, l'im-mense marché qui résonne de toutesa charpente vertigineuse et ellip-
tique. Non loin de l'Oder setrouve aussi une autre
voûte remarquable, la
longue salle d'apparatde \Aula Leopoldina.
Sa débauche rococo sefait en douce, à l'inté-
rieur de l'Université ; mais
on repère aisément le bâti-
ment, près de cette statue fessued'escrimeur, son fleuret pour tout
habit. Il évoque les vieilles corpo-rations étudiantes qui se défiaient
ici, s'affrontant au sabre, joues et
front seuls exposés, pendant qu'uncarabin se préparait à recoudre les
plaies - si possible grossièrement,que la cicatrice reste en souvenir !
Comme monument notable s'élève
aussi le grand magasin Fettih, antre
du shopping 1930 : son arrogantglobe terrestre de six mètres a étéfoudroyé par un ciel jaloux. Unbunker anti-aérien a aussi étéconverti aux happenings les plus"tendance", et en périphérie, le Bo-
robudur industriel de la Halle du
Centenaire (Hala Stulecia) assembleses rouelles cristallines à la façond'une pièce montée. En novembre,
ses 9000 places seront rempliespar le One Love Sound, tour d'ho-rizon de la world music.
Cynique jeu de billardClasse au Patrimoine mondial delunesco, révolutionnaire pour sonrecours au béton en 1913, la halle
a été construite par le PrussienMax Berg, vaguement sur le modèledu Panthéon de Rome, pour com-
mémorer le centenaire de la victoiredes coalisés sur Napoléon. Au bout
de jolies rues à oriels, on tombesur les remparts, en dents de scieet frangés d'eau : des crémaillères
de terre qu'escaladent péniblementles cygnes, c'est ce qui reste de
"l'imprenable Breslau" du XVIIIe
siècle. Des gondoles sont louéesjuste à côté, prétexte pour les amou-
reux timides, et excellente attraction
pour les touristes quand le tempsest de la partie.
En 1813, la ville s'était mobiliséecontre l'invasion française. Motd'ordre : "Lepeuple se lève, la tem-
pête se déchaîne". Le mot d'ordre
inventé par le poète-martyr Theo-dor Kôrner est repris cent trenteans plus tard par Goebbels : en
pleine contre-offensive soviétique,le ministre de la Propagande réunit190 000 soldats comme... figurants,qu'il fait défiler dans les rues de
Breslau en tenue de 1813, sous lescaméras de Veit Harlan - sinistre
réalisateur du JuifSuss.
On voulait galvaniser la populationdu Reich contre l'Armée rouge.
Les slogans ronflants n'obtiendront
que deux choses : Breslau ruinée
à 70%, et l'épisode le plus tragiquede l'histoire régionale - un doubleexode, qui frappera non seule-ment la population allemande, j
mais aussi la polonaise-Car dès 1945, Staline décide d'an-nexer Lvov à l'Ukraine.
Ses 250 DOO habitants polonais
La halle HalaTargowadevant le zoo.
Le grand magasin Feniks.
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(60% de la population) sont expuises vers cette Breslau rebaptisée«Wroclaw», capitale de la voivodiede Basse-Silesie Par un effet debillard, les migrants prennent laplace des 300 DOO Allemands (90%de la population), 300 DOO Ver-
tnebene ("déplaces ) qui, comme12,5 millions d autres, sont expro-priés des républiques populaires"vers la RDAEn parallèle, il faut dégermaniser'Breslau La propagande socialisteinsiste sur son passe polonais LaGoethestrasse et la Zeppehnslrasse
sont débaptisées Les statues deKaisers et de feld maréchaux par
tent a la fonte, remplacéespar des héros polo
nais que lesUkrainiens ontdéboulonne aLvov Dansles mêmestrains transite
le contenu deI Ossolmeum, bi-
bliotheque de 6000manuscrits reunis parI érudit Osbolmski,peinture de l'histoire
tragique et fluctuante de laPologne On peut aujourdhuiI admirer au bord du fleuve,
dans I ancien college jésuite couleur sang de bceufWroclaw réceptionne encore cettepeinture panoramique, contantsur 114 rn de périmètre la batailledeRaclawice Enl794,lmdependantiste polonais Tadeusz Kosciuszko essaye contre le tsar la tactique apprise en Amérique, lorsqu ilguerroyait contre I Anglais avec lestroupes de Franklin a couvert, lespartisans polonais font feu sur leslignes russes marchant au tambour,bientôt taillées a revers par despaysans armes de faux Moscouapprécie peu le rappel de cette déculottée II faudra attendre la finde I emprise soviétique pour songera déployer, dans son support cir-culaire, ce tresor patriotique - expulse, lui aussi, de Lvov
S'approprier la villeLes nouveaux arrivants n'ont pasle choix interditsde retour,
ils font un mariage de raison aveccette cite réduite a des tas de bnques
dont il faut se défaire pour reconstruire Varsovie, déclarée priontaire Ordre est quand mêmedonné de restaurer les monumentsgothiques associes à l'époque polonaise maîs de laisser par terrele baroque des Habsbourg On ntrésout pas la crise du logementavec des eglises Passant outre, onfinit par restituer les logementsgermaniques Oui, les bannis deLvov rebâtissent Breslau commes ils en étaient les auteurs - étincelled amour dans I union forcée Harengs a la creme, soupe de farmeet quenelles qui ont donne leurnom a une porte de la ville, deviennent leurs nouvelles spécialités,qui n interdisent pas d entretenirles bonnes recettes du pays natal'Jusqu'en decembre prochain, leprojet Wroclaw Lwow" raconteles Lens des deux cites avec exposet réalisations communes Pour54 evenements, I Union europeennea contribue pourlOOmillionsdeuras Ici, tout le monde espère sixmillions de visiteurs de plus mêmesi on sait que Cracovie, capitaleculturelle en 2000, avait dû secontenter d un petit bond de 10%'L inauguration de «WuWa2»conclura l'année une cite modele,conçue par une quarantaine d architectes locaux,en toute ecologic et diversité sociale'tta cette occa-sion, les Alle-mands reviennent,demandant timidementapres la maison de leur enfance,
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