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    Louis GalloisCommmissaire Gnral lInvestissement

    Rapport au Premier ministre5 novembre 2012

    Commissariat

    Gnral

    lInvestissement

    PACTE

    POUR LACOMPTITIVITDE LINDUSTRIE

    FRANAISE

    Rapporteurs adjoints :Clment Lubin,

    Pierre-Emmanuel Thiard

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    INTRODUCTION : UN PACTE DE CONFIANCE ................................................................................3

    1re PARTIE LA COTE DALERTE EST ATTEINTE ...........................................................................7

    1. Un vritable dcrochage ..........................................................................................................................................9

    2. Un cercle vicieux prix/hors prix bien identifi .................................................................................................10

    3. Des causes structurelles .......................................................................................................................................11a. Le premier bloc de handicaps concerne la recherche, linnovation et la formation,

    mal articules avec lindustrie...................................................................................................................11b. Le deuxime bloc concerne des flux de financement insuffisamment

    orients vers le tissu industriel .................................................................................................................12c. Le troisime bloc de handicaps porte sur la faiblesse de la structuration

    et de la solidarit industrielles...................................................................................................................13d. Enfin, le dialogue social est insuffisamment productif.

    Le march du travail fonctionne mal......................................................................................................13

    4. Le redressement est possible : la France a des atouts forts quelle doit valoriser ...............................14

    2e PARTIE UNE AMBITION INDUSTRIELLE : LA MONTE EN GAMME....................17

    1. La priorit linvestissement : un choc de confiance ...................................................................................20a. Assurer un environnement favorable linvestissement en France :

    reconnaissance, stabilit, visibilit...........................................................................................................20b. Le choc de comptitivit : un choc de confiance ..............................................................................22

    2. Le cot de lnergie : un atout prserver.......................................................................................................24

    3. La monte en gamme : de linnovation lexportation .................................................................................25

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    Sommaire

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    3e PARTIE LA STRUCTURATION ET LA SOLIDARIT DU TISSU INDUSTRIEL :

    FAIRE TRAVAILLER LES ACTEURS ENSEMBLE ..............................................29

    1. Faire crotre le nombre dETI ................................................................................................................................31

    2. Renforcer la solidarit des filires industrielles..............................................................................................32

    3. Dvelopper les solidarits territoriales ..............................................................................................................34

    4e PARTIE LES LEVIERS DE LA POLITIQUE INDUSTRIELLE ............................................35

    1. Une formation rpondant aux besoins de lindustrie .....................................................................................37a. La formation initiale : rapprocher le systme ducatif et les entreprises ....................................37

    b. La formation continue : dvelopper les formations qualifiantes et diplmantes.......................382. Un financement dynamique pour lindustrie ....................................................................................................40

    3. Le Commissariat Gnral lInvestissement :linstrument de ltat au service de la prparation de lavenir ...................................................................42

    5e PARTIE POUR UNE POLITIQUE INDUSTRIELLE EUROPENNE.............................45

    1. Une stratgie industrielle europenne trop gnrale et lacunaire.............................................................47

    2. La politique de recherche les grands programmes au servicede linnovation et de lambition europennes..................................................................................................48

    3. La politique de la concurrence au service de la comptitivit....................................................................494. La politique commerciale extrieure au service de louverture quitable ........................................50

    5. La politique montaire extrieure au service de la croissance ..................................................................50

    6e PARTIE POUR UN NOUVEAU PACTE SOCIAL .....................................................................53

    1. La concertation sur le financement de la protection sociale.......................................................................56

    2. La ngociation sur les Institutions Reprsentatives du Personnel (IRP) ..................................................56

    3. La ngociation sur la scurisation de lemploi ................................................................................................57

    4. Un Pacte Social ........................................................................................................................................................58

    CONCLUSION ........................................................................................................................................................59

    PRINCIPALES PROPOSITIONS DU RAPPORT ...............................................................................61

    ANNEXES ...................................................................................................................................................................65

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    Introduction

    Un pacte de confiance

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    Tous les indicateurs le confirment : la comptitivit de lindustrie franaise rgresse depuis

    10 ans et le mouvement semble sacclrer. La diminution du poids de lindustrie dans lePIB franais est plus rapide que dans presque tous les autres pays europens ; le dficitcroissant du commerce extrieur marque nos difficults la fois vis--vis des meilleuresindustries europennes et face la monte des mergents.

    La perte de comptitivit industrielle est le signe dune perte de comptitivit globale delconomie franaise1. Car lindustrie ne se dveloppe pas en vase clos : elle dpend desautres secteurs de lconomie, des services et de lnergie en particulier ; elle dpend delcosystme cr par les politiques publiques, de la dynamique des dpenses et des recettespubliques, ou du fonctionnement des services publics, des grandes infrastructures, commede lappareil de formation et de recherche ou du march du travail. Cette perte decomptitivit est, pour une large part, lorigine des dsquilibres des finances publiques

    comme du chmage ; elle limite notre marge de manuvre en Europe et dans le monde ; ellemenace notre niveau de vie et notre protection sociale ; elle rduit la capacit de croissancede lconomie.

    Lindustrie et les services qui lui sont associs sont cls dans cette affaire : cest eux qui sontles plus directement exposs la concurrence internationale ; cest sur eux que repose lepoids du commerce extrieur. Lemploi dans lindustrie est plus qualifi que la moyenne et ila un effet multiplicateur plus fort sur les autres emplois2. Lindustrie porte une trs large partde la recherche et de linnovation, ainsi que des gains de productivit. Les pays les plusindustrialiss sont ceux qui rsistent le mieux la crise. La reconqute de la comptitivitindustrielle doit donc tre considre comme la priorit conomique de notre pays : elleconditionne tout le reste. Cette priorit notamment par rapport aux secteurs abrits doit

    se traduire dans les politiques publiques. Do notre proposition qui surplombe celles,plus spcifiques, du prsent rapport :

    Toute nouvelle disposition lgislative ou rglementaire significative, toute nouvellepolitique lance par ltat devrait tre accompagne dun document prcisant sonimpact sur la comptitivit industrielle et les moyens den rduire les effets ngatifsventuels.

    Pour reconqurir sa comptitivit, la France devra accomplir des efforts, manifester unegrande persvrance dans laction. Cela prendra du temps mme si de premiers rsultatspeuvent tre obtenus assez rapidement. Cela suppose un fort consensus au sein de lacommunaut nationale sur la ncessit de cette reconqute et de leffort ncessaire ; chacun

    doit avoir le sentiment que leffort est justement partag, comme en seront justementpartags les bnfices lorsquils apparatront. Cela suppose aussi une confiance dans lacapacit russir et une confiance dans lengagement des diffrentes composantes de lasocit. Cest donc un pacte de confiance que le pays doit nouer avec lui-mme.

    Lobjet du prsent rapport, au-del du diagnostic, est de proposer un ensemble de mesurescohrentes, servant de base un pacte entre tous les acteurs de la reconqute industriellede la France.

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    1- Nous adoptons la dfinition de la comptitivit retenue par le Conseil conomique, social et environnemental (CESE) La comptiti-

    vit est la capacit de la France amliorer durablement le niveau de vie de ses habitants, et leur procurer un haut niveau demploiet de cohsion sociale, dans un environnement de qualit. Elle peut sapprcier par laptitude des territoires maintenir et attirer lesactivits, et par celle des entreprises faire face leurs concurrentes.

    2- Un emploi industriel gnre 3 ou 4 emplois hors industrie.

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    1re partie

    La cote dalerteest atteinte

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    1. Un vritable dcrochage

    Le dcrochage de lindustrie franaise, qui sest amorc dans les annes 1970 sest acclrau cours de la dernire dcennie, notamment par rapport lAllemagne, mais aussi parrapport la Sude ou lItalie. Toutes les analyses rcentes convergent vers un mme constat3:lindustrie franaise atteint aujourdhui un seuil critique, au-del duquel elle est menace dedstructuration.

    Q La part de lindustrie (hors construction) dans la valeur ajoute totale, en France4, estpasse de 18 %, en 2000, un peu plus de 12,5 %, en 2011, nous situant dsormais la 15eplace parmi les 17 pays de la zone euro, bien loin de lItalie (18,6 %), de la Sude (21,2 %)ou de lAllemagne (26,2 %).

    Q Lemploi industriel (hors construction) sest galement continuellement dgrad : il estpass de plus de 26 % de lemploi salari total en 1980 (5,1 millions de salaris) 12,6 %,en 2011 (3,1 millions de salaris), la France perdant ainsi plus de 2 millions demploisindustriels en 30 ans. Laccroissement de la concurrence trangre, celle des pays europenscomme celle de plus en plus prsente des pays mergents, expliquerait entre un tiers et lamoiti de ces destructions demplois sur la priode rcente (2000-2007)5.

    Q Laffaiblissement de lindustrie franaise se traduit par des pertes de parts de marchconsidrables lexportation : en Europe, premier dbouch commercial de la France(58,4 % des exportations en 2011), la part de march des exportations franaises est passede 12,7 %, en 2000, 9,3 %, en 20116. Sur la mme priode, les exportations intracommu-nautaires de lAllemagne ont progress de 21,4 % 22,4 %.

    Globalement, le solde de la balance commerciale est pass dun excdent de 3,5 milliardsdeuros en 2002 un dficit de 71,2 milliards deuros (soit 3,5 points de PIB), en 20117.La balance hors nergie tait de + 25,5 milliards deuros en 2002, elle est de 25,4 milliardsdeuros, en 20118.

    Cette situation se rpercute sur le dficit public et lendettement de notre pays. La perte decomptitivit a ainsi des consquences majeures sur lconomie franaise.

    Les drames industriels, que la presse voque tous les jours, meuvent juste titre lopinionpublique et lui donnent le sentiment que lindustrie fout le camp et, pire, que cestirrmdiable.

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    3- En particulier les rapports de la Confrence nationale de lindustrie (CNI) Ensemble, rindustrialiser la France pour la croissance et lemploiet Les dterminants de la comptitivit de lindustrie franaise (2011).

    4- Ensemble des activits NACE, source Eurostat.

    5- DG Trsor, Le recul de lemploi industriel en France de 1980 2007 : quelle ralit ? in Trsor co n77, 2010.

    6- Source Eurostat.

    7- Calculs mission partir des donnes Douanes, DG Trsor Donnes FAB-FAB.

    8- Calculs mission partir des donnes Douanes, DG Trsor Donnes CAF-FAB.

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    2. Un cercle vicieuxprix/hors prix bien identifi

    Lindustrie franaise na pas une spcialisation internationale sectorielle trs diffrente decelle de lAllemagne. Mais hormis certaines niches, elle est plutt positionne, la diffrencede son concurrent dOutre-Rhin, sur le milieu de gamme en matire de qualit etdinnovation. Elle a peu de facteurs diffrenciants et elle est de ce fait trs expose laconcurrence par les prix, alors mme que ses cots sont relativement levs lexceptiondu cot de lnergie par rapport aux autres pays europens. Pour la mme raison, elle a t

    particulirement sensible la hausse de leuro tout au long de la dcennie coule.Elle se retrouve ds lors prise en tau entre :

    Q dune part, lindustrie allemande positionne sur un segment de gamme suprieur et qui,de ce fait, est moins sensible au facteur prix9. Dj protge par le niveau de gamme de sesproductions, lAllemagne a fait de surcrot des efforts significatifs sur les cots, notammentpar le transfert dune partie des charges sociales sur la fiscalit et une politique demodration salariale au long de la dcennie. Il convient nanmoins de prciser que lesactivits de services ont t largement drgules ; elles offrent des salaires trs bas quiparticipent la comptitivit globale mais seraient, juste titre, jugs inacceptables enFrance10. Cela a permis lindustrie allemande de conforter ses marges, daccrotre ses

    investissements et ainsi son avantage comparatif ;Q lautre extrmit, des pays mergents, mais aussi certains pays dEurope du Sud ou

    de lEst, qui bnficient de cots unitaires de production plus faibles que lindustriefranaise. Ceux-ci leur permettent de renforcer leur comptitivit-prix et/ou dinvestir pour leur tour monter progressivement en gamme. Il nest pas ncessaire de dvelopper plusavant ce point sagissant de la Chine ou de la Core du Sud dont les capacitstechnologiques sont, chaque jour, plus impressionnantes ; mais le processus est galementengag pour lInde, le Brsil, le Mexique, la Pologne, la Rpublique Tchque ou, dsormais,lEspagne.

    Confronte cette double et grandissante concurrence, lindustrie franaise a t conduite

    prserver sa comptitivit-prix au dtriment de sa comptitivit hors-prix : afin deconserver des prix comptitifs, les industries franaises ont t contraintes de rogner leursmarges11, qui ont baiss de 30 % 21 %12 sur la priode 2000-2011, alors quellesprogressaient de 7 points en Allemagne13. Cette volution a eu pour consquence dedgrader leur taux dautofinancement (64 % en France en 2012 contre 85 % en 2000 etprs de 100 % en moyenne dans la zone euro14). La productivit globale des facteurs napas progress en France au cours de la dernire dcennie du fait de linsuffisance

    9- Llasticit des exportations aux prix est de 0,5 en Allemagne, 0,44 en Italie et 0,8 en France (source Natixis).

    10- LAllemagne compte 6,8 millions de salaris pauvres qui touchent moins de 8,5 euros de lheure et 2 millions qui touchent 4 euros delheure ou moins.

    11- Entendues comme le rapport entre lexcdent brut dexploitation (EBE) et la valeur ajoute brute.

    12- Source INSEE, pour les industries manufacturires.13- Source Eurostat, pour les mmes industries manufacturires.

    14- Source Datastream, INSEE, Natixis.

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    dinvestissements de productivit (lquipement numrique des entreprises et la robotisation

    sont clairement en retard15

    ) et dinnovation dans le processus de production16

    . Pour lesmmes raisons, les entreprises franaises ont perdu du terrain sur les facteurs hors prix innovation, qualit, service par rapport aux meilleures industries europennes. Lindustriefranaise ne parvient pas, sauf exception (luxe, aronautique, nuclaire, pharmacie, certainsproduits agroalimentaires,), monter en gamme.

    3. Des causes structurelles

    Cette prise en tenaille , particulirement sensible depuis la fin des annes 90, na pu se

    raliser que parce que notre industrie faisait face des faiblesses structurelles. Les facteursmacroconomiques sont essentiels, notamment le poids de la fiscalit li au niveau levdes dpenses publiques. Le fonctionnement dfectueux du march des services marqupar le poids des professions rglementes gnre galement des surcots pour lindustrie.Le millefeuille administratif et la superposition des structures dconcentres (tat) etdcentralises, le culte de la rglementation, coupl avec son instabilit, constituent un vraihandicap. Tous ces lments ont t identifis, notamment dans les rapports Attali sur lacroissance17 dont nous partageons un grand nombre de prconisations non reprises ici pourne pas faire doublon . Nous dvelopperons ci-dessous plus prcisment les faiblessesspcifiques lindustrie.

    a. Le premier bloc de handicaps concerne la recherche,

    linnovation et la formation, mal articules avec lindustrie

    Q En 2010, les dpenses de R&D en France ont reprsent 2,24 % du PIB. La France demeureparmi les pays les plus actifs de lOCDE en matire de R&D publique. En revanche, ladpense de R&D des entreprises franaises a reprsent seulement 1,4 % du PIB. Mme enhausse par rapport lanne 2008, les dpenses de R&D restent infrieures celles desentreprises allemandes, finlandaises ou sudoises sur la mme priode (respectivement1,9 %, 2,7 % et 2,3 % du PIB18). La diffrence de poids de lindustrie dans le PIB dans cespays nexplique quune partie de lcart. Les crdits publics de soutien la R&D sontproportionnellement moins orients vers le dveloppement conomique que chez nosprincipaux comptiteurs. 5,4 % des entreprises industrielles allemandes ont bnfici dunfinancement public au titre de la R&D, en 2008, contre 1,4 % des entreprises industriellesfranaises19. Le Crdit Impt Recherche (CIR), dont les effets positifs sont reconnus, joueun rle dcisif pour modifier cette situation dfavorable.

    11

    15- 34 500 robots industriels, avec une moyenne dge leve, sont en service en France, contre 62 000 en Italie et 150 000 en Allemagne.

    16- Le renouvellement demeure le principal motif de linvestissement des entreprises, avec une moyenne de 26 % sur vingt ans, audtriment de la modernisation (source CPCI, 2009). Les investissements productifs lis linnovation (corporels et immatriels, ) necouvrent pas le besoin correspondant dans lindustrie, estim 5 fois le cot de la R&D (M.Giget, CNAM 2011).

    17- J. Attali, Rapport de la Commission pour la libration de la croissance franaise : 300 dcisions pour changer la France,janvier 2008et J. Attali, Une ambition pour dix ans Rapport de la Commission pour la libration de la croissance, octobre 2010.

    18- Donnes OCDE, base Main Science and Technology Indicators.

    19- Institut Thomas More Politique Industrielle, analyse comparative France-Allemagne (avril 2012).

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    Q La formation initiale, hors celle des ingnieurs qui demeure un point fort, nest pas

    suffisamment oriente vers les besoins de comptences de lindustrie. Lexistence detensions sur lemploi dans de nombreux secteurs industriels, atteste de linadquationentre loffre de formation et les besoins de lindustrie, tant au niveau de la formationinitiale que de la formation continue.

    Q Limage de lindustrie associe des conditions de travail souvent caricatures, lapollution et au risque sur lemploi se dgrade, comme son attractivit auprs des jeunes,jusquaux ingnieurs. Plus gnralement, lentreprise est mal reconnue comme lieu decration de richesses.

    b. Le deuxime bloc concerne des flux de financement

    insuffisamment orients vers le tissu industriel

    Q Les entreprises industrielles souffrent, en France, plus que les autres entreprises decertaines difficults daccs au crdit20. La rarfaction du crdit mme si les taux restentbas touche actuellement plus directement le financement de la trsorerie alors mmeque le crdit interentreprises reste dfavorable aux fournisseurs. Les nouvelles rglesprudentielles (Ble III) pseront invitablement sur loffre de crdit des banques.

    Q Mais la principale proccupation pour lavenir concerne lvolution du financement enfonds propres. Signe proccupant, la collecte de capital investissement rgresse : ellereste de moiti infrieure ce quelle tait avant la crise (6,4 milliards deuros levs en 2011contre 12,7 milliards deuros en 2008), freinant la croissance des PME, notamment chez lesacteurs innovants.

    Des outils ont t mis en place par les pouvoirs publics notamment les dispositifs de garantieet de quasi-fonds propres proposs par OSEO. Comme le Fonds Stratgique dInves -tissement, ces mcanismes utiles ne compensent que partiellement le recul des financementsprivs.

    Les rgles daffectation de lpargne dite rglemente (livret A et livret de dveloppementdurable, dit LDD) garantissent le flchage dun montant minimal dpargne vers lesentreprises21. Lessentiel de cette pargne, particulirement abondante en France, estcependant mobilise vers le financement du logement social (part dite centralise aufonds dpargne de la Caisse des dpts et consignations). Elle est, pour le moment,

    excdentaire22.

    Sagissant plus prcisment des actifs grs par les socits dassurance, en principeadapts aux financements de long terme et reprsentant des montants considrables (1 680milliards deuros fin 201023), seule une fraction limite finance les socits non financiresfranaises (110 milliards deuros, soit un peu plus de 5 %24) et pratiquement rien ne va versles PME et ETI non cotes. Les rgles de Solvency II se sont, en outre, traduites par un retraitmassif des compagnies dassurance du march des actions.

    20- Statistiques Banque de France.

    21- Les banques doivent consacrer au financement des PME au moins 80 % des fonds non centraliss au fonds dpargne de la Caissedes dpts et consignations, soit 85,6 milliards deuros fin 2009.

    22- Source P. Duquesne, rapport sur la rforme de lpargne rglemente, septembre 2012.23- Rapport 2011 de lObservatoire du Financement des Entreprises.

    24- Rapport 2011 de lObservatoire du Financement des Entreprises.

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    c. Le troisime bloc de handicaps porte sur la faiblesse

    de la structuration et de la solidarit industrielles

    Lindustrie franaise est partage entre :

    Q dune part, de grandes entreprises vocation internationale qui ralisent une partcroissante de leurs activits hors de France pour des raisons de marchs, de cots oudaccs des ressources technologiques ;

    Q dautre part, de nombreuses PME. La France a une capacit de cration dentreprisesapprciable, mais ces entreprises narrivent pas grandir.

    Les fameuses entreprises de taille intermdiaire (ETI) industrielles capables dinnover, de

    dvelopper de nouveaux produits, et de les exporter, qui font la force du tissu industrielallemand ou italien, sont en nombre trs insuffisant sur notre territoire. Elles ne structurentpas le tissu industriel. Il faudrait thoriquement doubler leur nombre actuellement de lordrede 1300 dans lindustrie pour tre au standard europen (celui de lAllemagne, de lItalie,ou mme de la Grande Bretagne).

    Q Le tissu industriel est insuffisamment solidaire. En conomie de march, il est normalque les entreprises ne puissent se faire des cadeaux entre elles, mais elles peuventreconnatre des intrts communs et collaborer. Elles ne le font pas suffisamment en France la diffrence, l aussi, de lAllemagne ou de lItalie. Toutes les entreprises qui fournissentdes groupes franais et des groupes amricains ou allemands disent constater la diffrence.Les filires, sauf exception, ne fonctionnent pas comme telles : les relations entre les grands

    donneurs dordre, leurs fournisseurs et les sous-traitants sont souvent dgrades, en touscas, insuffisamment explicites et organises ; elles nidentifient pas les intrts communs.

    Il en est de mme des solidarits territoriales : elles sexpriment encore trop peu, mme siles ples de comptitivit constituent une avance significative dans ce sens.

    Q Il convient dajouter que les dlocalisations ont trop souvent port en France surlensemble des processus industriels concerns, la diffrence dautres pays qui ont suconserver sur leur sol les lments les plus critiques de ces processus (segments de hautetechnologie, assemblage). Limpact dstructurant de ces dlocalisations sur les filiresindustrielles en a t amplifi.

    d. Enfin, le dialogue social est insuffisamment productifLe march du travail fonctionne mal

    Le dialogue social en France prouve de relles difficults aborder suffisamment tt lesproblmes lis aux bouleversements que connaissent les entreprises et leur environnement.Les postures lemportent sur lcoute rciproque ; un climat de mfiance sinstalle tropsouvent et interdit la recherche en commun de solutions aux problmes de lentreprise. Leschanges sur la stratgie, souvent formels, ne prennent pas de consistance. Les pays quirussissent sont pourtant ceux o le dialogue social est porteur de dynamiques favorables lentreprise et ses salaris.

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    Le march du travail fonctionne globalement mal. Le contrat dure indtermine est jug

    trop rigide par les entreprises et il est contourn par le dveloppement de contrats quinoffrent pratiquement aucune protection (CDD, intrim, contractuels in situ, sous-traitancesdiverses) et qui ne crent quun lien trs prcaire entre lentreprise et le salari. Ple emploilui-mme prouve de relles difficults faire face la dgradation de lemploi et est trsinsuffisamment articul avec les structures de formation.

    4. Le redressement est possible :la France a des atouts forts

    quelle doit valoriserSi le diagnostic prcdent prsente la situation durgence dans laquelle se trouvelconomie franaise, la dsindustrialisation peut tre combattue.

    Tout dabord, parce que dautres pays europens russissent : lAllemagne bien sr, maisaussi la Sude ou lItalie du Nord peuvent galement nous inspirer. Nous ne croyons pas auxmodles exportables en bloc mais certainement aux bonnes pratiques que nous pouvonsreprendre et adapter.

    Ensuite, parce que la France prsente de nombreux atouts, dont nous devons mieux prendreconscience.

    Q Ce sont en premier lieu des ples dexcellence mondiaux: lindustrie culturelle, le luxe, lapharmacie, lindustrie aronautique et arospatiale, lindustrie nuclaire, le tourisme.Lindustrie franaise a encore de solides positions. Ce sont galement de grands groupespuissants plus nombreux quailleurs. Beaucoup dnigrs, ils constituent cependant unavantage dcisif dans la comptition internationale : les 200 premires entreprisesfranaises25 emploient 28 % des salaris des secteurs marchands26. Elles ralisent 62 % dela recherche industrielle et 50 % des exportations.

    Q La France, contrairement aux ides reues, est une terre dmergence de PME innovantes,souvent rvles par le programme des Investissements dAvenir et par les projetscollaboratifs des ples de comptitivit. La cration dentreprises est plus active en Franceque chez la plupart de nos voisins. Le problme des PME est de grandir sans se faire racheter,soit par les grands groupes franais (moindre mal), soit, de plus en plus souvent, par desgroupes ou des fonds trangers parfois prdateurs.

    Q La recherche franaise est reconnue mondialement. Certes, elle reste insuffisammentarticule avec le tissu productif, mais sa prsence trs haut niveau, sur un large spectre,en fait un pilier de lconomie de la connaissance. Nos ingnieurs et nos personnelstechniques sont bien forms et sont apprcis ltranger. Il y a en France un acquisdexprience et de comptence industrielles qui reste considrable.

    25- Source INSEE, anne 2009 - Un tissu productif plus concentr quil ne semblait , mars 2012.

    26- Hors agriculture et activits financires.

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    Q La productivit horaire du travail en France est encore une des plus fortes dEurope

    mme si sa croissance ralentit de manire proccupante27

    . Cet avantage est par ailleurscompens de manire ngative par la faiblesse du couple dure du travail tauxdemploi qui cote cher et limite la croissance potentielle de lconomie28.

    Q Le prix de lnergie lectrique pour lindustrie est relativement bas en France et reprsenteun avantage quil est primordial de prserver.

    Q Les infrastructures et les services publics sont de qualit : ils constituent ce titre unfacteur dattractivit et de productivit. Nous insistons, en particulier, sur tout ce quiconcerne la logistique des entreprises et la qualit des infrastructures de transports. Ellesjouent dsormais un rle dcisif pour lactivit industrielle, de plus en plus clate.

    Q La qualit de vie en France est enfin un des atouts de notre pays quil ne faut pas sous-estimer pour la localisation des activits industrielles.

    Avec de tels atouts, il ny a aucune raison que la France ne puisse pas russir lareconqute de sa comptitivit industrielle. Aucune fatalit ne nous condamne ladsindustrialisation. Notre pays a toutes les capacits tre une terre dindustrie, dslors quil se mobilise sur cet objectif.

    15

    27- Le ralentissement des gains de productivit du travail par tte en France est continu au cours des deux dernires dcennies: 1979-1989 : + 1,5 % ; 1990-1999: +1,1 % ; 2000-2008: + 0,8 %. Source Eurostat.

    28- En 2009, le taux demploi de la France reste infrieur de 6 points celui de lAllemagne, mais il est surtout infrieur de 15 points chezles jeunes (15-24 ans) et de 18 points chez les seniors (55-64 ans).

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    2e partie

    Une ambition industrielle :la monte en gamme

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    Lindustrie franaise doit sortir dune spcialisation internationale insuffisamment diffrenciequi la prend dans la tenaille des industries haut de gamme dun ct et des industries bas cots de lautre. Elle ne pourra le faire quen montant en gamme et en travaillant sursa structure de cots pour dgager les marges ncessaires. Trois axes guideront notredmarche tout au long de ce rapport :

    Q Jouer la monte en gamme, linnovation et la productivit ;Q Sappuyer sur ce qui marche ;Q Renforcer les partenariats et les synergies entre tous les acteurs de lindustrie.

    Nous ne ferons pas, dans le cadre de ce rapport, de prconisations sectorielles. Non pasque des choix ne doivent pas tre faits et des actions sectorielles menes, mais nousconsidrons que de telles prconisations mritent un dbat large que la CNI pourrait prendreen charge. Nous ajoutons, pour tre plus clair, quil ny a pas, notre avis, de secteur dpassds lors que lon met de linnovation, de la technologie, de la qualit et du service dans lesproduits. De nombreuses entreprises, dans les secteurs les plus traditionnels, le dmontrent.

    La ncessaire monte en gamme suppose un effort considrable de productivit, dinnova-tion, de qualit et de service. Il faut rompre le cercle vicieux o une faible spcialisationinternationale en niveau de gamme entrane de faibles marges et de faibles investissementsqui leur tour entrainent une faible spcialisation ! Il faut engager un processus olinvestissement rduit progressivement notre exposition la concurrence par les prix. Toutne se rsume pas linvestissement. Nous verrons que cela suppose galement unestructuration plus dynamique de notre tissu industriel. Mais, linvestissement est clairementla cl et donc la priorit.

    Le consensus sur une telle politique nest pas acquis, mme si elle est notre avis, adapte la priode. Une politique de la demande soutiendrait probablement mieux la croissance trs court terme selon les modles de simulation, mais se traduirait, du fait des lacunes deloffre franaise, par une forte pousse de limportation29 et du dficit extrieur ; elle nerglerait en rien notre problme de comptitivit et de croissance potentielle. Une politiquecentre sur loffre soutient la croissance court terme par les consommationsintermdiaires quelle gnre et par son impact sur les anticipations des agents conomiques,

    impact sous-estim par les modles. Elle accroit videmment la croissance potentielle moyen terme, alors mme que la faiblesse de cette dernire est un handicap majeur delconomie franaise.

    Cette politique requiert la participation de tous les acteurs entreprises, partenaires sociaux,tat, collectivits territoriales et le soutien de lopinion publique. Elle devra tre explique.Le consensus ne pourra natre que dune vision partage et de la conviction que chacunrecueillera les fruits de cette politique grce une croissance plus forte et mieux rpartie.

    19

    29- Llasticit des importations la demande intrieure est trs leve en France (1,4 moyen terme ; donnes INSEE). Une augmen-tation de la demande intrieure de 1 % se traduit par une augmentation des importations de 1,4 % moyen terme (et mme 1,6 % court terme).

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    1. La priorit linvestissement :un choc de confiance

    a. Assurer un environnement favorable linvestissement en France :

    reconnaissance, stabilit, visibilit

    Les chefs dentreprises ont souvent le sentiment dtre clous au pilori ; ils ont besoindtre reconnus pour leur contribution au dveloppement de lconomie. Ils veulent quonleur fasse confiance. Il appartient ltat de crer cette confiance. Elle constitue une partieessentielle du climat dont dpend la dcision dinvestir. Ils ont galement besoin ils lerptent chaque fois quon les interroge de stabilit et de visibilit long terme et plusglobalement dun cosystme accueillant .

    La France a une rputation bien tablie de sur-rglementation et plus encore dinsta-bilit de la rglementation.

    Lindustrie doit agir et ragir de plus en plus rapidement. Tout doit tre fait pour simplifier,clarifier, rduire les dlais, parallliser les procdures. Ce devrait tre un objectif majeur pourtoutes les administrations, pour tous les Ministres. Aucune institution ne devrait tre cre

    sans quune autre ne soit supprime. Aucun rglement dict sans quun autre nedisparaisse. Le Commissaire la simplification devrait voir sa capacit agir substan-tiellement renforce, le plus en amont possible de la dcision et porter une attentionspcifique lacclration des procdures. Il faudra une belle persvrance et un engagementpolitique au plus haut niveau pour lutter contre la mare rglementaire (47 textes nationauxet europens sur la gestion des dchets en huit mois !) et ce qui est vcu comme du harclement .

    Concernant la stabilit, nous proposons que, pour montrer sa dtermination :

    1reproposition :

    ltat sengage ne pas modifier cinq dispositifs, au moins, au cours du Quinquennat :- le crdit impt recherche- les dispositifs dits Dutreil favorisant la dtention et les transmissions dentreprises- la contribution conomique territoriale (68 modifications de la taxe professionnelle en 35 ans !)- les incitations sociales aux jeunes entreprises innovantes, rtablies leur niveau de 2010.- les dispositifs en faveur de linvestissement dans les PME, notamment lIR PME30

    et lISF PME 31 (annonce du Prsident de la Rpublique la Remise des Prix de lAudaceCrative le 20/09/2012).

    30- Impt sur le Revenu - PME.

    31- Impt de Solidarit sur la Fortune - PME.

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    Pour investir, les entreprises ont galement besoin devisibilit sur lavenir ; elles ne peuvent

    tre exclusivement soumises aux impratifs souvent de court terme des marchsfinanciers ; en premier lieu, le poids des actionnaires dans les entreprises doit tre quilibr,en privilgiant ceux qui jouent le long terme et en donnant la parole aux autres partiesprenantes de lentreprise. Ceci nous conduit faire les propositions suivantes :Q le droit devote double serait automatiquement acquis aprs deux ans de dtention des

    actions, lAssemble Gnrale ne pouvant le remettre en cause qu la majorit des 2/332 ;Q le seuil de dtention des actions entranant automatiquement le lancement dune OPA

    serait abaiss de 30 20 ou 25 % pour lutter contre les prises de contrle rampantes etdstabilisantes ;

    Q un quilibre des points de vue plus favorable au long terme au sein des conseilsdadministration ou conseils de surveillance des entreprises dune certaine taille

    (entreprises de plus de 5 000 salaris) serait assur par la prsence, au-del des actionnaireset du management, dau moins 4 reprsentants des salaris (sans dpasser le tiers desmembres). Ils auraient, comme les autres administrateurs, voix dlibrative, y compris dansles comits des conseils. Ils seraient, bien sr, soumis lobligation de confidentialit. Undes administrateurs de ce collge, pourrait tre extrieur lentreprise et nomm par lesyndicat le plus reprsentatif. La France rejoindrait ainsi les 12 pays europens qui ont misen place la reprsentation des salaris dans les organes de gestion des entreprises privesdune certaine taille.

    2eproposition :introduire dans les Conseils dAdministration ou de Surveillance des entreprises de plusde 5 000 salaris, au moins 4 reprsentants des salaris, sans dpasser le tiers des membres,avec voix dlibrative, y compris dans les comits des conseils.

    Ltat lui-mme doit jouer un rle de stratge, dclaireur de lavenir.

    Un renforcement et une meilleure coordination des structures dintelligence conomiqueet deveille technologique paraissent ncessaires. La France a une vritable faiblesse dansce domaine souvent sous-estim. De mme, les entreprises doivent tre mieux protges descyber-attaques qui deviennent un problme majeur pour les industries de haute technologie

    Le projet de cration dun Commissariat la Prospective, lieu dexpertise et de dialoguesocial sur les grands enjeux de socit doit tre soutenu ; ce Commissariat qui remplaceraitle CAS33, pourrait avoir la responsabilit de coordonner les travaux de la CNI34 et desdiffrents conseils danalyse et de prospective35. La CNI, qui a su ouvrir un vritable dialoguesur lindustrie, devrait voir ses moyens renforcs pour jouer pleinement son rle stratgique,notamment vis--vis des filires. Elle pourrait galement recevoir une mission concernantlapprciation de limpact des diffrents systmes daides lindustrie travers lesvaluations ralises par les corps de contrle et dinspection. Elle aurait mettre desrecommandations sur ce sujet.

    21

    32- Connu ltranger sous le nom de loyalty shares , ce systme est dj utilis par certaines entreprises en France. Il serait ainsignralis.

    33- Conseil dAnalyse Stratgique.

    34- Confrence Nationale de lIndustrie.

    35- Conseil dOrientation pour lEmploi, Conseil dOrientation des Retraites, Conseil dAnalyse conomique, Conseil National du Dve-loppement Durable.

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    En sappuyant sur ces expertises, ltat doit donner sa vision de lavenir, exprimer ses

    priorits et indiquer les moyens quil est prt y consacrer. La visibilit de laction publiqueest essentielle pour les entreprises. Nous suggrons dailleurs que les mesures que leGouvernement sapprte prendre concernant la comptitivit fassent lobjet dun vritableprogramme scand dans le temps. Ce seront autant de repres pour les entreprises. Chaqueprsentation de Loi de Finances devrait tre accompagne dune mise en perspective delappareil productif tablie sur la base des travaux du Commissariat la Prospective.

    3eproposition :crer un Commissariat la Prospective, lieu dexpertise et de dialogue social.Accompagner chaque Loi de Finances dun rapport sur la situation de lappareil productif

    fond sur les travaux du Commissariat.

    b. Le choc de comptitivit : un choc de confiance

    Les prvisions concernant linvestissement industriel pour 2013 sont proccupantes : la baissede linvestissement, telle quon peut la pressentir, pserait sur la croissance et accrotrait encorele retard de lindustrie franaise. Certes, ces prvisions sont, pour partie, lies aux faiblesperspectives de croissance franaise et europenne ; mais elles rsultent aussi dinterrogationsdes chefs dentreprise quil convient de lever. Nous croyons, pour cela, devant lurgence, quilfaut crer un choc . Seul un choc, ressenti comme tel, nous parat capable de crer laconfiance que nous voquions plus haut et de relancer ainsi, rapidement, une dynamiquedinvestissement. Ce choc de comptitivit est, en fait, un choc de confiance .

    Q Dans ses modalits, il rpondrait un double objectif. Il dchargerait dabord le travaildans lentreprise du poids du financement dune partie des prestations sociales,notamment de celles de solidarit, en le reportant sur la fiscalit et la rduction de la dpensepublique. ce titre, il nous parat, tt ou tard, incontournable. Ce serait dailleurs une mesuredharmonisation avec la plupart des pays europens. Plus aucun argument ne milite en faveurdun systme tabli dans un tout autre contexte en 1946, qui pnalise le facteur travail dansles entreprises, alourdit leurs comptes et pse donc sur lemploi. Le second objectif rpond lurgence : il sagit, dans une priode critique, dapporter un ballon doxygne aux

    entreprises pour linvestissement et damorcer la monte en gamme.La rduction des charges sociales a un impact direct et rapide sur les marges dexploitationdes entreprises et donc sur leur capacit dautofinancement. Notre prfrence va un chocsur une anne. Si les contraintes des finances publiques ou la volont de limiter limpact surla demande des mnages limposaient, il ne faudrait pas, notre sens, aller au-del de laralisation sur deux ans, sinon on courrait un risque de dilution.

    Q Nous proposons donc de transfrer une partie significative des charges sociales delordre de 30 milliards deuros, soit 1,5 % du PIB vers la fiscalit et la rduction desdpenses publiques.

    Plusieurs calibrages sont possibles en fonction des objectifs et des ressources disponibles.Le chiffre de 30 milliards vise concilier une masse critique suffisante pour crer une

    rupture , les contraintes dune conjoncture dprime et la capacit dabsorption dusystme fiscal dans un dlai court.

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    Ce volume reprsente la moiti de la perte de marge des entreprises depuis 2001.

    Le transfert porterait dans une proportion de lordre de 2/3 1/3 sur les cotisations patronales(prestations familiales et une partie des prestations maladie) et salariales36.

    Q Les allgements effectus depuis 20 ans ont concern les plus bas salaires et ont, pourcette raison, trs peu impact directement lindustrie qui se situe des niveaux dermunration plus levs. Pour atteindre de manire privilgie lindustrie et les services haute valeur ajoute qui lui sont lis (bureaux dtudes, ingnierie, informatique, conseils),il conviendrait que le transfert de charge porte sur les salaires jusqu 3,5 fois le SMIC(dgressivit autour de ce niveau). Dans ces conditions, 35 % de lavantage cr iraitdirectement vers lindustrie et les services haute valeur ajoute associs37. Le resteconcernerait les autres activits dont on a vu, en Allemagne, quelles soutenaient aussi la

    comptitivit globale de lconomie, notamment les transports et la logistique, la construction,les services gnraux aux entreprises (scurit, nettoyage)

    4eproposition :crer un choc de comptitivit en transfrant une partie significative des charges socialesjusqu 3,5 SMIC de lordre de 30 milliards deuros, soit 1,5 % du PIB vers la fiscalitet la rduction de la dpense publique.Ce transfert concernerait pour 2/3 les charges patronales, et pour 1/3 les charges salariales.

    Q Il appartiendra la concertation prvue sur le financement de la protection sociale

    dexaminer dans quelles conditions ce transfert peut tre organis et quelles ressourcesfiscales de substitution peuvent tre mobilises.

    Sans prjuger ce dbat, on peut indiquer les voies possibles et les fiscalits mises contri-bution. On ne pourra pas faire lconomie de lutilisation dun impt large assiette.Certes, la hausse de certains taux intermdiaires de la TVA (hors produits de premirencessit) devrait tre envisage (5 6 milliards deuros). Il en est de mme de la fiscalitcologique (taxe carbone), de la fiscalit immobilire, du rexamen de certaines niches etde lventuelle taxation des transactions financires (2 3 milliards deuros au total). Mais,si on ne peut pas faire appel au taux normal de la TVA38, la plus grande part devra provenir probablement de lordre des 2/3 du relvement de la CSG, soit lquivalent de 2 points(20 22 milliards deuros). La rduction hauteur de 10 milliards des cotisations salariales

    rduit de manire significative limpact de ce relvement sur le pouvoir dachat des salariset donc sur la demande des mnages39.

    23

    36- Nous ne formulons pas de prconisation sur le choix entre les cotisations chmage et les cotisations vieillesse, laissant cette question lapprciation des partenaires sociaux.

    37- Activit spcialises, scientifiques et techniques.

    38- 1 point de taux normal de TVA (19,6 %) reprsente 6,5 milliards deuros ; un point de taux intermdiaire (7 %) reprsente 1,25 milliardsdeuros.

    39- Le solde net pour les contributeurs de la CSG est de 12 milliards deuros (22 milliards de hausse de CSG 10 milliards de baisse decotisations salariales), reparti part gale entre les salaris (qui sont concerns hauteur de 16 milliards deuros par la hausse de la

    CSG mais bnficient de lintgralit des 10 milliards de baisse des cotisations salariales) et les autres contributeurs. Si le choc est tal sur deux ans, limpact annuel est de 3 milliards pour les salaris et de 3 milliards pour les autres contributeurs. Cet impactest loin dtre ngligeable mais il est au moins, pour partie, compens sur le plan macroconomique par la stimulation de linvestis-sement et ses effets sur la croissance.

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    La rduction de la dpense publique devra tre mise contribution pour prendre, terme,

    pour une part, le relais de la fiscalit. Elle ne peut se substituer cette dernire court termemais doit tre engage et cadence, car elle permet moyen terme, de rduire la pressionfiscale et donc de soutenir la comptitivit. Il conviendra de laborder dans ces troisdimensions tat, collectivits territoriales et Scurit sociale.

    Q En tout tat de cause, le produit du choc de comptitivit doit tre clairement orientvers linvestissement et linnovation, et non utilis, pour des distributions de dividendes assez gnreuses dans la priode rcente au moins pour les grandes entreprises40 oudes augmentations de salaires, aussi lgitimes soient-elles. Cest la raison pour laquelle cechoc doit seffectuer dans un cosystme clairement incitatif linvestissement et linnovation. Il est donc li la mise en uvre des autres mesures proposes dans cerapport. Pour privilgier lautofinancement, une nouvelle hausse de la taxe sur les dividendes

    ne parat pas souhaitable au-del de celle du PLF 2013 ; nous proposons donc, dune part,une baisse limite de limpt sur les socits pour les bnfices rinvestis et, dautrepart, une taxation des rachats dactions41. Un dialogue social ouvert sur lutilisation dece supplment permettra chacun, dans la transparence, de prendre ses responsabilits.Nous proposons donc quune information spcifique sur le volume et lutilisation dusupplment de marge ainsi cr soit fournie au comit dentreprise et discuter en sonsein loccasion de la prsentation du budget de lentreprise.

    2. Le cot de lnergie :

    un atout prserverLe faible cot de lnergie, compar aux autres pays europens, est un atout pour lindustriefranaise. Il fait partie des lments qui soutiennent la marge des entreprises et donc leurcapacit investir. Cest ce qua compris lAllemagne qui sattache maintenir le cot duKilowatt-heure pour les lectro intensifs un niveau gal celui de la France, alors quesa facture lectrique globale est sensiblement plus leve et saccrot encore.

    Q Dans la transition nergtique qui sengage, il est essentiel que cet atout, li audveloppement de la filire lectrique, ne soit pas perdu. Au-del des indispensablesconomies dnergie et de lamlioration des rendements nergtiques, le dveloppementdes nergies renouvelables simpose dans tous les pays ; ces nergies devront sinsrerdans le mix nergtique dans des conditions qui ne renchrissent pas le cot de lnergiepour lindustrie. Ce nest pas acquis et leffort de recherche doit tre poursuivi dans cesens. Il serait dailleurs souhaitable sur ce sujet que la coordination soit sensiblementrenforce entre les entreprises nergtiques franaises (ltat en est souvent actionnaire etpeut donc y veiller) et leurs quipementiers.

    Q Lvolution du parc nuclaire doit tenir compte de lnorme capital investi et du fait quilest largement amorti, mme si des travaux de maintenance importants sont prvus. Le cotdu kilowatt-heure quil procure est un vritable avantage comparatif. La dure dexploitation

    40- Depuis 2007, les versements de dividendes par les socits du CAC 40 sont rests globalement stables (autour de 40 milliards deurospar an) malgr la forte volatilit des bnfices.

    41- Les rachats dactions suivis dannulation visent faire monter le cours de laction et peuvent sassimiler des distributions de divi-dendes. Les rachats dactions se sont levs au total 7,5 milliards deuros en 2011 pour les socits du SBF 120.

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    des centrales devrait relever en fait de lapprciation de lASN42 sur leur tat et sur les

    mesures prises pour retarder leur vieillissement.Q Dans la plupart des scenarii de transition nergtique, la part du gaz augmente ou ne se rduit

    pas moyen terme. Nous plaidons pour que la recherche sur les techniques dexploitationdes gaz de schiste soit poursuivie. La France pourrait dailleurs prendre linitiative de proposeravec lAllemagne43 ses partenaires europens un programme sur ce sujet. Lexploitation dugaz de schiste soutient lamorce de rindustrialisation constate aux tats-Unis (le gaz y estdsormais 2 fois et demi moins cher quen Europe) et rduit la pression sur sa balancecommerciale de manire trs significative.

    5eproposition :mener les recherches sur les techniques dexploitation des gaz de schiste.

    3. La monte en gamme :de linnovation lexportation

    Lexportation

    Devant le dficit de notre commerce extrieur, la progression de lexportation est unepriorit nationale. Notre indpendance et le niveau de vie des Franais en dpendent.Dans cet esprit, des progrs paraissent possibles rapidement, notamment pour faire jouer lessynergies du Club France. Nous proposons quatre orientations :

    Q lalignement des conditions de crdit et des garanties export, en volume, quotit ettaux sur le meilleur niveau constat dans les pays avancs et la cration dun prteurdirect public. En effet, les conditions actuelles ne sont plus totalement comptitives ;

    Q la concentration de leffort de soutien sur les entreprises dj exportatrices ou celles quimontrent leur capacit exporter durablement. Elles auront un effet dentranementnaturel sur les autres entreprises. Il peut tre linverse dangereux et inefficace de pousser artificiellement sur les marchs trangers pour faire nombre des PME qui ny sont passuffisamment prpares44 ;

    Q la mise en place dune structure permanente de coordination des actions au niveaunational Ubifrance, CCI, Douanes, Conseillers du Commerce Extrieur(comme la war room a pu le faire pour les grands contrats) anime par le Ministre du CommerceExtrieur, et rgional, sous lgide des Rgions ;

    Q lincitation aux groupements des offres des entreprises moyennes et la mutualisationde leurs moyens lexportation.

    25

    42- Autorit de Sret Nuclaire.

    43- LAllemagne vient de dcider dengager un dbat sur les techniques dexploitation des gaz de schiste : 7 e des 10 priorits duprogramme prsent le 17 aot 2012 par le Ministre de lenvironnement, M. Altmaier.

    44- Cour des comptes, Le soutien public aux entreprises exportatrices , insertion au rapport public annuel 2011.

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    Les grands groupes publics et privs, quant eux, devraient tre appels certains le font

    dj avec succs45

    soutenir les entreprises de leur filire lexportation, par des actionsde portage et en leur ouvrant leur rseau ltranger. Ils concrtiseraient leur engagementdans des chartes spcifiques (voir plus loin).

    6eproposition :aligner les conditions de crdit et des garanties export, en volume, quotit et tauxsur le meilleur niveau constat dans les pays avancs et crer un prteur direct public.

    Nous ajoutons que tout ce qui concerne les brevets et plus largement la protection de laproprit intellectuelle, ainsi que les normes, joue un rle important de soutien lexport.La France doit tre plus active et surtout sexprimer dune voix unique sur ces sujets dans lesenceintes europennes et internationales (CEN/CENELEC, ISO/CEI46), o notre prsence estparfois insuffisante.

    * *

    Mais lon nexporte que ce que les clients veulent acheter ! Ladaptation de loffre franaiseaux marchs trangers et leurs volutions est la cl ; elle ne peut se faire nous le rptons que vers le haut, vers la monte en gamme. Plus dinnovation, plus de qualit, plus deservice qui permettront didentifier le made in France et den faire une rfrence. Destudes rcentes confirment que les entreprises innovantes exportent plus que celles quininnovent pas et que leurs exportations croissent plus rapidement47.

    La recherche et linnovation

    Leffort de recherche franaise est significatif. On a vu que ctait un de nos atouts. Ilconstitue le socle de linnovation. Ds lors, nous proposons que la recherche publique etle soutien linnovation soient budgtairement sanctuariss comme lest lducation. Ilsprparent lavenir. Sagissant de la recherche prive, les dispositifs existants le CrditdImpt Recherche (complt dans le PLF 2013 par un crdit Innovation pour les PME), lesoutien aux jeunes entreprises innovantes (remis au niveau de 2010), les actions dOSEO,ou le soutien aux ples de comptitivit devront tre prservs dans la dure (la question

    du financement des fonds propres des entreprises innovantes sera voque dans la troisimepartie de ce rapport).

    7eproposition :sanctuariser le budget de la recherche publique et celui du soutien linnovation sur la duredu quinquennat.

    45- Comme EDF avec Vanatome, ou Schneider Electric avec Auxel.

    46- CEN : comit europen de normalisation, CENELEC : comit europen de normalisation lectrotechnique (normes lectriques), ISO :organisation internationale de normalisation, CEI : commission lectrotechnique internationale (normes lectriques).

    47- Par exemple Oso, Le lien innovation-exportation, avril 2010 et Direction gnrale des douanes, Les entreprises se dclarant inno-vantes sont plus performantes lexportation in tudes et clairages n 26, octobre 2011.

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    Lobjectif est de permettre la recherche prive de rattraper son retard par rapport celle

    des pays les plus innovants et de conduire les PME et les ETI intgrer plus de technologieavance et dinnovation dans leurs process industriels et dans leurs produits.

    Q En outre, les dispositifs de soutien la recherche industrielle devraient tre systmati-quement conditionns la coopration entre les grands groupes et leurs sous-traitantset fournisseurs, comme certains le prvoient dj.

    Q Enfin, nous proposons que soit cr lquivalent du SBRI britannique (Small BusinessResearch Initiative) ou du SBIR amricain (Small Business Innovation and Research) quiorientent une partie de la commande publique vers des innovations ou des prototypeslabors par des PME. Un objectif pourrait tre fix la part des innovations dans les achatscourants de ltat : 2 %48 parat raisonnable au dpart, une partie de ce montant (15 %)porterait sur les activits de dmonstration et dexprimentation pralables la complte

    industrialisation (par exemple, prototype dquipement dune nouvelle chambre dhpitalou dmonstration de nouvelles technologies de traitement des eaux).

    8eproposition :crer un mcanisme dorientation de la commande publique vers des innovationset des prototypes labors par des PME : objectif de 2 % des achats courants de ltat.

    Mais la question la plus dcisive pour lindustrie franaise est probablement dinten-sifier et dacclrer la collaboration entre les diffrents acteurs structures publiquesde recherche, entreprises, grands groupes, ETI, entreprises innovantes et le transfert dela recherchevers linnovation et ses applications industrielles. Le problme est dsormaisbien identifi, les barrires parfois idologiques sestompent ; des instruments se mettent enplace ; il faut sappuyer sur ces progrs pour amplifier le mouvement.

    Les Investissements dAvenir jouent un rle essentiel cet gard : soutien aux InstitutsCarnot, mise en place des socits dacclration du transfert de technologies (SATT),cration des Instituts de Recherche Technologique (IRT) et leurs quivalents pour lnergiedcarbone. Il faut certainement veiller simplifier ce qui peut ltre et sappuyer sur ce quiexiste : par exemple, les succs du CEA sur plusieurs technologies gnriques qui peuventtre dmultiplis en relation avec les Instituts Carnot, ou lexistence de certaines structuresde valorisation de la recherche au niveau rgional. Mais il est essentiel de maintenir la

    dynamique de mise en place des entits nouvelles qui comblent dvidentes lacunes.Il en est de mme des ples de comptitivit dont le bilan effectu rcemment est globalementpositif49. Ces structures permettent des dialogues et des cooprations qui nexistaient pasauparavant : la baisse du FUI (Fonds Unique Interministriel), destin financer leurs projetscollaboratifs de R&D, devrait tre corrige dans les prochains budgets. Lindustrialisation desprojets issus des ples de comptitivit devrait galement tre encourage (voir plus loin, lefinancement des entreprises innovantes).

    27

    48- 2,5 % est le taux retenu aux tats-Unis et en Grande-Bretagne, aprs une monte en puissance sur plusieurs annes.

    49- Rapport de lvaluation de la deuxime phase de la politique des ples de comptitivit confie au consortium Bearing Point-Erdyn-Technopolis ITD, juin 2012.

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    3e partie

    La structurationet la solidarit du tissuindustriel : faire travaillerles acteurs ensemble

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    Nous lavons indiqu plus haut : le faible nombre dentreprises de taille intermdiaire (ETI)comme la faible solidarit entre entreprises sont des carences relles de lindustrie franaise.Elles psent, bien sr, sur notre comptitivit industrielle en nous privant du dynamisme desETI comme des synergies dont bnficient nos concurrents allemands ou italiens beaucoupplus solidaires.

    1. Faire crotre le nombre dETI

    Les raisons pour lesquelles les PME franaises grandissent trop rarement pour devenir devritables ETI sont multiples : dabord le manque de fonds propres, mais aussi les obstaclesjuridiques et fiscaux (fiscalit de la transmission dentreprises et des plus-values, seuilsfiscaux et sociaux multiples), le manque de soutien des donneurs dordres parfois tentsdailleurs de les racheter, la crainte des entrepreneurs de prendre les risques associs augrossissement de leurs entreprises (embauches de personnel, perte de contrle si uneouverture du capital est ncessaire, capacit grer), lattirance de certains jeunesentrepreneurs pour les gains associs la vente de leur entreprise Il ny a donc pas desolution unique ce problme, mais un faisceau dinitiatives publiques favorables lacroissance des PME. Lenvironnement fiscal est bien sr essentiel pour favoriser la prise de

    risque lie la croissance de lentreprise. Nous proposons ici un nombre limit de mesuressignificatives qui peuvent changer les comportements et les anticipations en montrant ladtermination positive de ltat :Q stabilisation des dispositifs Dutreil, dj mentionne plus haut ;Q cration, au sein de la BPI, dun produit constitu dactions de prfrence sans droit devote (bnficiant en contrepartie dune rmunration privilgie), pour faire face desbesoins de fonds propres pour des entreprises en croissance dont les propritaires veulentgarder le contrle ;

    Q cration et dotation, galement dans le cadre de la BPI, de fonds dinvestissement sectorielsdestins favoriser les rapprochements dentreprises (type Aerofund dans laronautiqueou FMEA50 pour lautomobile) ;

    Q modification de lvaluation fiscale dune entreprise cote en cas de transmission pourramener cette valuation celle dexperts agrs et non plus la valeur boursire qui nereprsente souvent pas la valeur relle de lentreprise ;

    Q prennisation des dispositifs de lissage des seuils51 fiscaux et administratifs mis en place titre exprimental par la LME, en 2008, pour limiter et taler leur impact ;

    31

    50- Fonds de mordernisation des quipementiers de lautomobile.51- Les entreprises atteignant les seuils de 9, 10, 19 et 20 salaris sont confrontes des surcots financiers et administratifs souvent

    dissuasifs. Par exemple, il ressort (source INSEE, analyse n2 de dcembre 2011) que pour les entreprises de 19 salaris, la probabilitde franchir le seuil de 20 salaris serait suprieure de 9 points en labsence de discontinuit (i.e. effet de seuil) dans la lgislation.

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    Q dveloppement de laccompagnement (mentorat) et de la formation des dirigeants

    dentreprise en relation avec les coles de management et les chambres consulaires52

    . Ilsagit en particulier de rompre lisolement des chefs dentreprises et de leur apporter unecapacit de diagnostic stratgique, financier, technique ou managrial.

    9eproposition :

    crer, au sein de la BPI, un produit constitu dactions de prfrence sans droit de vote(bnficiant en contrepartie dune rmunration privilgie).

    Cest la conjonction de ces mesures, auxquelles sajoutent, bien entendu, tous les dispositifsde soutien aux PME (financements, soutien linnovation et lexportation, commande

    publique) qui peut permettre ltat dimpulser une dynamique de croissance desentreprises. Un quivalent du Small business act donnerait un cadre de cohrence cette politique sans utiliser le vecteur lgislatif si cela nest pas ncessaire et creraitlcosystme de croissance que nous recherchons. Ce serait le pendant public du PactePME, initiative qui runit grands groupes et PME pour amliorer leurs relations.

    10eproposition :laborer un quivalent du Small Business Act , comme cadre de cohrence des dispositifsen faveur de la croissance des PME.

    2. Renforcer la solidarit des filiresindustrielles

    La solidarit des filires est dabord de la responsabilit des entreprises qui les composent.Cest, en particulier, laffaire des grands groupes qui en sont les ttes de pont et desorganisations professionnelles qui les fdrent.

    Q Cependant des dispositifs peuvent pousser les acteurs dvelopper leurs synergies et leurscooprations ; ils devront tre renforcs. En particulier, lobligation dassocier lesfournisseurs et les sous-traitants aux actions des grands groupes ds lors quilsbnficient daides de ltat ; le lancement de grands programmes du type de ceuxsoutenus par les Investissements dAvenir peut tre loccasion de tels rapprochements (parexemple, lavion du futur, la voiture du futur, les hydroliennes, lhpital numrique). Nousavons vu galement que des structures de coopration type IRT ou ples de comptitivit conduisent les grands groupes, les ETI et PME travailler ensemble. Enfin, la BPI devraavoir une politique de filire, pour ses activits de fonds propres, ventuellement traversdes fonds spcialiss (voir plus loin).

    52- Exemple de l'association de l'Entente des gnrations pour l'emploi et l'entreprise (EGEE) regroupant plus de 2 400 anciens cadresdirigeants, ingnieurs, chefs d'entreprise qui ont choisi de consacrer une partie de leur temps au bnvolat socio-conomique, dansle cadre de la transmission inter-gnrationnelle des savoirs et de l'exprience.

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    11eproposition :

    conditionner les soutiens de ltat aux actions des grandes entreprises leur capacit y associer leurs fournisseurs et sous-traitants.

    Q La CNI a mis en place des Comits stratgiques de filire. Ces comits sont des lieuxdlaboration de stratgies communes et de dialogue social. Ils permettent tous lesacteurs de sexprimer et de dfinir ensemble les orientations des filires. Ils jouent donc unrle essentiel dans lmergence de ces dernires. Pour mieux rpondre aux attentes quilssuscitent, les comits de filires doivent tre dots de certains moyens danalyse etdexpertise (ce nest pas le cas actuellement) et voir leur gouvernance renforce.

    12eproposition :renforcer la gouvernance et les moyens des comits de filires de la CNI.

    Sagissant des entreprises, le renforcement des organisations professionnelles (parexemple, le GIFAS ou la Plateforme automobile en cours de mise en place) apparatncessaire. Elles doivent squiper pour jouer un rle beaucoup plus oprationnel destructuration des filires.

    Mais le dveloppement de ces dernires ne peut faire lconomie dun investissement etdune prise de responsabilit des grands groupes publics et privs :Q pour les groupes publics, ltat doit fixer des objectifs sur la base des propositions des

    entreprises et vrifier que les politiques sont correctement mises en uvre ;Q les groupes privs dploient des stratgies mondiales mais ils veulent garder leurs racines

    en France. Ils ont un rle cl jouer dans la structuration des filires; il est possible de faireappel au patriotisme de leurs dirigeants ; dautant plus que lintrt long terme de cesgroupes est de disposer, sur le sol national, dun tissu de fournisseurs et sous-traitantsdynamiques et comptitifs. Nous sommes persuads quun tel appel sera entendu.

    Les grands groupes devraient proposer des chartes dans lesquelles ils sengageraient mener des actions propres renforcer la comptitivit de leur filire : par leur politiquedachat, bien sr, en linscrivant dans une vision long terme, mais aussi par la mise disposition des structures de formation, par le conseil en management et le soutien

    technique, le soutien lexportation, la mise en place de plateformes informatiquescommunes (plateforme dachat par exemple) ou le soutien au regroupement de fournisseurs.Rien de tout cela ne va lencontre des stratgies des grands groupes les groupesallemands ou amricains en font la dmonstration. Tout cela renforce, au contraire, laconvergence dintrts entre les groupes et leur filire et leur comptitivit globale.

    Les Comits de filires de la CNI sont les lieux appropris pour valuer et stimuler cesprocessus.

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    3. Dvelopper les solidarits territorialesLes notions de proximit et dancrage gographique sont dcisives pour les PME et les ETI.Le succs des ples de comptitivit auprs des industriels, leur apptit pour les IRT lemontrent. Des synergies territoriales fortes existent. Elles compltent les synergies de filiresqui ont parfois elles-mmes des dclinaisons locales. Pour cette raison, nous ne proposonspas de rduire le nombre de ples de comptitivit, mais dajuster leur pilotage leurdimension: ltat devrait assumer la responsabilit premire en coopration avec lesRgions concernes des ples mondiaux ; les autres ples pourraient utilement tre pilotspar les Rgions en coopration avec ltat53.

    Dans ce sens, les structures que nous venons de citer ples de comptitivit, IRT , cellesquaniment les chambres rgionales consulaires ou les syndicats professionnels doivent tresoutenues et leurs actions mises en cohrence au niveau des territoires. Le rle des Rgionssera dcisif cet gard. Elles consacrent des moyens croissants au secteur productif. Noussuggrons quune comptence forte de coordination des actions de soutien public lindustrie leur soit reconnue dans la troisime tape de la dcentralisation.

    Enfin, les Rgions auront prendre linitiative certaines lont dj fait dorganiser lencessaire dialogue social sur les stratgies de dveloppement industriel rgional, au-delde ce que font dj les CESER54.

    13eproposition :donner aux Rgions la responsabilit de coordonner laction des diffrentes structuresrgionales en charge de promouvoir linnovation et le dveloppement de lindustrie,ainsi que danimer le dialogue social.

    ,

    53- Recommandation du rapport Bearing Point-Erdyn-Technopolis ITD de juin 2012 sur lvaluation des ples de comptitivit op. cit.

    54- Conseils conomiques, sociaux et environnementaux rgionaux.

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    4e partie

    Les leviers de la politiqueindustrielle

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    Nous insisterons sur trois dentre eux : la formation, le financement et le rle du CommissariatGnral lInvestissement.

    1. Une formation rpondantaux besoins de lindustrie

    La rgression de la France dans les classements PISA est, lvidence, un sujet deproccupation. Nous ne traiterons pas ici de ce sujet majeur mais nous voulons souligner quelducation est la base de la comptitivit dun pays. Elle mrite une priorit absolue. Nousnous concentrerons ici sur limpact de lappareil et des politiques de formation sur lindustrie.Avec une remarque prliminaire : lenseignement technique et professionnel ne bnficietoujours pas, en France, de la priorit quil mrite mme si les Rgions ont fait un effortconsidrable dinvestissement dans les lyces. Les moyens allous sont encore insuffisantset limage de cet enseignement, au moment de lorientation des jeunes, nest pas valorise.Cela impacte directement lattractivit et lemploi industriels. La diffrence avec lAllemagneest ici massive : elle explique, sans aucun doute, une part significative de lcart decomptitivit entre les deux pays.

    a. La formation initiale : rapprocher le systme ducatif et les entreprises

    De nombreux industriels se plaignent de ne pas trouver les personnels dont ils ont besoin,en dpit dun chmage lev. Cela rsulte pour partie nous lavons dj not duneinadquation persistante entre loffre de lducation Nationale et les besoins des entreprises.Le Service Public de lOrientation55 oriente trop souvent en fonction des places disponibleset pas assez en fonction des besoins. Le dialogue entre le dispositif denseignement etlindustrie est lui-mme trs insuffisant. Cependant, les mentalits voluent des deux cts;cela doit permettre de renforcer ce dialogue, de manire efficace.

    Nous proposons que les entreprises soient associes la gouvernance de lenseignementtechnique et professionnel au niveau des tablissements (Conseil dadministration), desRgions (tablissement des cartes de formation) et au niveau national. Les accords-cadresde partenariat entre lducation Nationale et les fdrations professionnelles devraient trevigoureusement encourags. Il conviendrait de multiplier des initiatives analogues dans lesUniversits. Les grandes coles tirent en effet une partie de leur force de la proximit avecles entreprises. Les visites et les stages denseignants et dlves tous niveaux actuellementtrop peu frquents, permettraient une meilleure connaissance de lentreprise et de son rledans la socit. Leur nombre doit tre sensiblement accru.

    37

    55- La loi du 24 novembre 2009 a cr un droit pour toute personne tre conseille, informe, accompagne en matire dorientationprofessionnelle . Ce droit doit tre effectif.

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    14eproposition :

    systmatiser la prsence des entreprises dans la gouvernance de lenseignement techniqueet professionnel au niveau des tablissements (Conseils dadministration), des Rgions(tablissement des cartes de formation) et au niveau national.

    Paralllement, il appartiendra aux entreprises de dvelopper leurs actions dapprentissageet de professionnalisation56 : nous proposons un objectif de doublement du nombre desformations en alternance sur le quinquennat. Cela relve la fois de linitiative desentreprises elle doit tre encourage et contractualise et du rle des organismescollecteurs de la taxe dapprentissage. Des progrs significatifs ont t raliss dans ce sens,ils concernent en particulier lenseignement suprieur (un quart des formations en

    apprentissage57). Il conviendrait maintenant de faire de lapprentissage une voie attractivepouvant tre choisie tous les niveaux de formation. Cela suppose, dune part, que lonprenne des mesures pour faciliter la recherche par les jeunes candidats dune entreprisedaccueil et, dautre part, quon aborde les problmes cruciaux du transport et du logementdes apprentis. Enfin, les expriences particulirement riches de structures associantformation initiale et formation continue devraient tre multiplies dans les lycesprofessionnels et techniques comme dans les Universits. Les Investissements dAvenirpourraient dailleurs renforcer leur soutien ce type dopration.

    15eproposition :

    doubler le nombre de formations en alternance sur la dure du quinquennat.

    b. La formation continue : dvelopper les formations qualifianteset diplmantes

    Comme pour la formation initiale, il ne sagit pas ici de traiter dans sa globalit la questionextrmement complexe de la formation continue, qui engage, chaque anne, plus de30 milliards deuros58. Une valuation de ladquation de cet effort massif aux objectifs quilse fixe nous parat ncessaire. Limportance du sujet, notamment au regard des problmesdemploi, justifie un dbat national large. Nous nexaminerons ici que les rorientationsventuelles lies lobjet de ce rapport.

    Deux volutions paraissent ncessaires.

    Q La premire concerne le dveloppement de formations qualifiantes et diplmantes, oucelles donnant lieu desvalidations des acquis de lexprience (VAE) reconnues hors delentreprise. Lobjectif est dviter que la carrire des salaris ne se joue, en fait, quaumoment de la formation initiale. Il sagit ici daccrotre le potentiel des salaris, leur

    56- Les deux participants de lalternance.

    57- 26,1 % des apprentis en 2011 (ducation nationale, Repres et rfrences statistiques 2012).

    58- La dernire valuation de la dpense globale de formation professionnelle, tablie pour lanne 2009, fixait un montant de 31,3 Mds (cf. DARES Analyses n 82, novembre 2011 et G. Larcher, La formation professionnelle : clef pour lemploi et la comptitivit, avril 2012).

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    employabilit et leur capacit grer des mobilits choisies ou lies aux volutions ou aux

    difficults des entreprises o ils travaillent. Cela suppose que lon aille contre-courantdune volution historique vers le raccourcissement des priodes de formation, celle-citant de plus en plus focalises sur ladaptation des salaris leur poste de travail et demoins en moins sur le dveloppement de leurs capacits. Il devrait tre demand auxpartenaires sociaux de ngocier un compte individuel de formation, crdit soit audbut de la vie active, soit chaque anne, et attach non au statut, mais la personne. Lecong individuel de formation et le droit individuel la formation seraient alors fusionns.

    Lobjectif, pour tout salari, dune progression dau moins un niveau de qualification aucours de sa vie active a t reconnu59 ; il convient maintenant de passer lacte .

    16e

    proposition :demander aux partenaires sociaux de ngocier les modalits de mise en uvre dun compteindividuel de formation, crdit soit au dbut de la vie active, soit chaque anne,et attach non au statut, mais la personne.

    Q La seconde orientation concerne le renforcement de leffort de formation vers lessalaris les moins qualifis pour accrotre leur capacit dvoluer dans et hors delentreprise. Ils travaillent souvent dans des PME o la formation continue est difficile mettre en uvre. Les Rgions, dans leurs comptences de dveloppement conomique etde formation professionnelle et en sappuyant sur les partenaires sociaux, pourraient jouer

    un rle plus actif pour faciliter et organiser ces formations en relation avec les organismescollecteurs.

    Nous ne voudrions pas clore ces dveloppements sur la formation sans voquer la culturescientifique et technique. La formation initiale des jeunes doit, plus quelle ne le faitactuellement, les conduire sorienter vers les mtiers de lindustrie. Nous avons vu que lesformations techniques ont une image peu valorise dans le secondaire. Les grands enjeux dela science sont insuffisamment explicits. La curiosit technique sestompe. Plus graveencore, la notion mme de progrs technique est trop souvent remise en cause traversune interprtation extensive sinon abusive du principe de prcaution et une descriptionunilatrale des risques du progrs, et non plus de ses potentialits. Le principe de prcautiondoit servir la prvention ou la rduction des risques, non paralyser la recherche ; il doit,

    au contraire, la stimuler. Fuir le progrs technique parce quil prsente des risques nousexpose un bien plus grand risque : celui du dclin, par rapport des socits mergentesqui font avec dynamisme le choix du progrs technique et scientifique, tout en ntant pasplus aveugles que nous sur les ncessaires prcautions.

    Retrouver le got et loptimisme de la science et de la technique est une responsabilitmajeure que partagent tous les acteurs de la socit : responsables politiques, mdias, corpsintermdiaires, entreprises, enseignants. Ltat doit, quant lui, impulser le mouvement etfdrer les initiatives.

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    59- Article L 6111-1 du code du travail.

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    2. Un financement dynamiquepour lindustrie

    Ble III et Solvency II modifient les conditions de financement des entreprises. Ces rformesmajeures vont conduire la dsintermdiation du crdit et au retrait des compagniesdassurance du march des actions. Il est essentiel que les transitions soient assures et, siles nouvelles rgles prudentielles ne peuvent tre assouplies, que les dlais ncessaires leur mise en uvre ordonne, soient allongs. Sagissant du crdit, deux volutions serontncessaires, hors la BPI qui sera voque plus loin.

    Q Il faudra dabord faciliter laccs des ETI et des PME aux marchs financiers. Il revient auxbanques de crer les instruments ncessaires et de proposer des regroupementsdentreprises pour accder au march obligataire.

    Q La seconde volution concerne le crdit interentreprises. Par sa masse, il est cinq foissuprieur au crdit bancaire de trsorerie. Les exigences de la loi de modernisation delconomie de 2008 sont trop souvent contournes, notamment par des intentions decommandes confirmes trs tardivement, pour retarder la date du dclenchement des dlaisde paiement. Les fournisseurs hsitent aller devant les tribunaux contre leurs clients. Ildevrait tre confirm aux Commissaires aux Comptes quils doivent obligatoirement joindre leur avis sur les comptes de lentreprise le rapport prvu et trop souvent absent sur le

    crdit interentreprises (crdit client et crdit fournisseur). Une concertation des acteurspermettrait de normer les informations fournir. Des sanctions administratives(DGCCRF60) devraient tre prvues en cas de manquement. Le poste de mdiateur desrelations interentreprises mrite dtre maintenu et ses capacits denqute renforces.

    17eproposition :confirmer aux Commissaires aux comptes quils doivent obligatoirement joindre leur avissur les comptes de lentreprise, un rapport sur le crdit interentreprises. Prvoir des sanctionsadministratives (DGCCRF) en cas de manquement aux rgles sur les dlais de paiement.

    Le renforcement des fonds propres des entreprises est videmment essentiel poursoutenir linvestissement dans une priode de crdit plus rare. Il suppose que lpargne soitoriente vers des placements longs et risque, et les placements longs vers lindustrie. Cestle complment indispensable du choc de comptitivit . Nous proposons :Q que la dure des contrats dassurance vie soit allonge par une adaptation de leur

    rgime fiscal et que, par les mmes moyens, les contrats en units de compte (c'est--direinvestis en actions), actuellement trs minoritaires, ou les contrats diversifis crs en2005 soient avantags par rapport aux contrats dits en euros (placements essentiellementobligataires) ;

    60- Direction Gnrale de la Concurrence, Consommation et Rpression des Fraudes.

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    Q que les compagnies dassurance soient conduites investir une faible part de leurs actifs

    de lordre de 2 % dans des socits non cotes (elles y ont t incites mais ne sy sontpas tenues). La liquidit des placements devrait tre assure une certaine chance. Lesplacements seffectueraient plutt dans le cadre de fonds spcialiss. Ltat devraitdailleurs inciter directement les collecteurs dpargne proches de lui (la CNP, la Prefon,les Caisses des Retraites gres par la Caisse des Dpts (IRCANTEC), le fonds de rservedes retraites, la CADES61) tre plus actifs dans ce domaine ;

    Q que les PEAsoient, pour partie, rorients vers les PME et les ETI (ils sont, pour une largepart, investis dans les grandes valeurs de la cote), grce un avantage fiscal, pourdboucher sur unvritable PEA-PME, comme la annonc le Prsident de la Rpubliquele 20 septembre 2012 ;

    Q que le capital investissement pour les entreprises innovantes, notamment travers les

    FCPI62

    et les FIP63

    , soit soutenu par la stabilit de son rgime fiscal a minima ou plutt,par laugmentation des plafonds de versement des pargnants. Encourager paralllementune dure plus longue de placement (10 ans) doit permettre de financer les investissementspatients dont les PME ont besoin.

    Le dveloppement de lactionnariat dans les PME et les ETI doit plus gnralement sinscriredans un cadre fiscal supportable pour un placement risque et qui ne soit pas pnalisantpar rapport dautres placements plus confortables comme limmobilier, dont la fiscalitpourrait tre releve.

    18eproposition :

    allonger la dure des contrats dassurance vie par une adaptation de leur rgime fiscal ;avantager fiscalement les contrats en units de compte (c'est--dire investis en actions)et les contrats diversifis par rapport aux contrats dits en euros (placements essentiellementobligataires).

    La BPI se met en place. Elle peut constituer un instrument dcisif de financement des PMEet des ETI dans une priode de retrait relatif des banques. Laction dOSEO, en matire decrdit, est apprcie par les industriels, comme par les banquiers. Il importe de ne pas perdreses atouts proximit, ractivit. Larrimage des financements bancaires est efficace etprotecteur mme si des exceptions, clairement limites, pourraient tre apportes ceprincipe. Le financement par ltat de linnovation (volet ex-Anvar) doit tre prserv, envolume, au sein de la BPI.

    Sagissant des fonds propres, il convient de renforcer la capacit de co-financement de laBPI entre fonds publics et fonds privs travers France Investissement pour soutenir lesentreprises ayant de forts besoins dinvestissement au moment de lindustrialisation deleurs innovations. Les Investissements dAvenir pourraient participer la dotation des fondshbergs par France Investissement. Le doublement des capacits de la BPI dans ce domaineest prvu dici 2020 ; nous proposons de lacclrer et de le raliser en 5 ans, sur la dure duquinquennat.

    41

    61- Caisse damortissement de la dette sociale.

    62- Fonds communs de placement dans linnovation.

    63- Fonds dinvestissment de proximit.

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    19eproposition :

    doubler en cinq ans la capacit de France Investissement (BPI) dvelopper des partenariatspublic-priv dans le domaine du capital-investissement pour soutenir les entreprises ayantde forts besoins dinvestissement au moment de lindustrialisation de leurs innovations.

    La BPI devrait plus gnralement accepter, elle aussi, des dures de retour sur investissementplus longues. Elle aura sengager pour que certains de nos fleurons technologiques nesoient pas rachets par des entreprises trangres et devrait pour cela pouvoir dtenir desparticipations majoritaires temporaires lorsque lintrt national le justifie. Nous rappelonsgalement notre prconisation de cration dactions de prfrence, qui permettraientdintervenir sans droit de vote au capital des PME et des ETI. La BPI, enfin, devra squiper

    pour mettre en uvre soit directement, soit par les fonds quelle gre, les priorits de lapolitique industrielle et technologique, notamment, le financement de grands programmesdinnovation, la structuration des filires et la diffusion des technologies gnriques etdu numrique dans les entreprises.

    3. Commissariat Gnral lInvestissement :linstrument de ltat au service

    de la prparation de lavenirLa politique technologique, celle qui prpare lavenir, est clairement interministrielle.Linnovation prend une place grandissante dans les stratgies de comptitivit des paysavancs. Les politiques qui la soutiennent dpassent les clivages entre administrations etdoivent conduire au dialogue de toutes les parties prenantes : Universits, organismes derecherche et de transfert de connaissance, BPI, entreprises. Le Commissariat Gnral lInvestissement, administration de mission, peu nombreuse, dote de cadres de haut niveauvenant aussi bien du secteur priv que de lAdministration, sous la tutelle du Premier ministre,a montr sa capacit animer la diversit des acteurs du dveloppement technologique et

    les rapprocher. Nous proposons que ce rle soit confirm et probablement renforc pourprendre en compte la priorit du redressement comptitif.Q Cela suppose dabord, que le dispositifsoit valu et amlior, dans le sens de lasimplification et de lacclration des procdures.

    Q Il conviendrait, bien sr, que ses financements soient r-abonds le moment venu, quandses ressources actuelles seront toutes engages.

    Au-del de son action gnrale en faveur de la recherche et de linnovation, le CGI pourraittre porteur de trois priorits techniques et industrielles qui nous paraissent dcisives :Q le dveloppement et la diffusion des technologies gnriques (numrique et micro-lectronique, photonique, nanotechnologies, biotechnologies, matriaux, systmes) quisont vitales pour toutes les industries. Nous insistons sur ce point : il ny a pas dindustriedpasse ; il y a des technologies dpasses !

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