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    CARACTRISATION ET DISCOURS DIRECT :LE CAS DE PLANGON

    Koen DE TEMMERMAN 1

    RSUM Dans une perspective qui allie des lments de la thorie littraire moderne

    sur la caractrisation des personnages des concepts dj prsents dans larhtorique antique, le personnage de Plangon est analys travers les discoursdirects qui lui sont prts et que lauteur considre comme une techniquemtonymique de caractrisation. Aprs une brve esquisse qui situe cettetechnique de caractrisation dans son contexte, il sintresse aux prescriptions delthope dans les traits rhtoriques anciens, puis applique les concepts

    dvelopps au personnage de Plangon pour arriver dresser delle un portraitplus quilibr, corrigeant les thses antrieures.

    ABSTRACT In a perspective which combines elements of modern literary theory on

    characterization with concepts already present in rhetoric, the characterPlangon is analysed through direct speech, which the author considers to be atechnique of characterization. After a quick outline which situates this techniqueof characterization in its context, instructions for ethopoia in ancient treatiseson rhetoric are discussed, and applied to the concepts developed in thecharacter of Plangon, to provide a more balanced portrait of her, correcting

    previous theses.

    1. Lauteur est Aspirant du Fonds de la Recherche Scientifique, F.W.O. Vlaanderen, Flandre,Belgique.

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    INTRODUCTION

    En discutant le style lgant (oiJ glafuroi; lovgoi) dans son trait Peri; eJ rmhneiva" ( Du style ) 2, Dmtrios attire lattention sur limportance du discoursdirect dans la caractrisation du Cyclope dans lOdysse . La menace quil adresse Ulysse (manger tous ses compagnons, et Ulysse lui-mme la fin :Ou\tin ejgw; puvmaton e[domai, tou;" de; loipou;" prwvtou"3) est pour Dmtrios le procdtechnique le plus important quHomre mette en uvre pour caractriser le Cyclopecomme un tre affreux (deinovn) :

    ouj ga;r ou{tw" aujto;n ejnevfhnen deino;n ejk twn a[llwn, o{tan duvo deipnh' / eJtaivrou", oujd ajpo; tou qureou h] ejk tou` rJopavlou, wJ" ejk touvtou tou

    ajstei>smou, dans aucune autre vocation Homre ne la fait aussi terrifiant niquand il fait son dner de deux compagnons, ni quand il est question de sa portede pierre ou de sa massue , que par ce trait desprit4

    Dans ce passage, Dmtrios nexplicite pas seulement limportance du discoursdirect pour la caractrisation du personnage littraire ; il oppose aussi ce procd dautres techniques de caractrisation, comme la caractrisation travers les actions(o{tan duvo deipnh` / eJtaivrou" ) et la caractrisation travers lesetting (ajpo; tou qureou h] ejk tou` rJopavlou ).

    linstar de Dmetrios, je considrerai dans cet article le discours directcomme technique de caractrisation. Aprs une brve localisation de cette techniquede caractrisation, je concentrerai mon attention sur les prescriptions de lthope

    dans les traits rhtoriques anciens. Ensuite, jappliquerai les concepts dveloppsau personnage de Plangon dans le roman de Chariton.

    CARACTRISATION ET DISCOURS DIRECT

    Bien que lanalyse des personnages dans des romans spcifiques et leurclassification aient beaucoup retenu lattention des chercheurs, on constate encore,sur le plan thorique, une pnurie de la recherche systmatique et mthodologiquesur la caractrisation du personnage littraire5. En 2002, Rimmon-Kenan rappelleson observation de 1983, en soulignant que le personnage romanesque souffre dunerflexion thorique systmatique insuffisamment approfondie :

    2. Dmtrius, Peri; eJ rmhneiva" , 128-186. Je renvoie ldition de Chiron 1993.3. Ces paroles, que Dmtrios attribue au Cyclope, dvient lgrement du discours direct du Cyclope

    dans lOdysse 9, 369-70 :Ou\tin ejgw; puvmaton e[domai meta; oi|s eJtavroisi// tou;" d a[llou"provsqen: to; dev toi xeinhvi>on e[stai.

    4. Du Style , 130. La traduction est celle de Chiron 1993.5. Cf. Hamon 1972, p. 86 ; Janssens 1989, p. 46.

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    Whereas the study of the storys events and the links among them has beendeveloped considerably in contemporary poetics, that of character has not.Indeed, the elaboration of a systematic, non-reductive but also non-impressionistic theory of character remains one of the challenges poetics has notyet met6.

    Dans la perspective dune approche systmatique du personnage littraire, madmarche sappuyera sur quelques prmisses de la smiotique littraire, quiconsidre le texte comme un ensemble de signes, dans lequel un codeur transmet unmessage un dcodeur. Bien que cette ide soit prsente en germe chez Lotman7,cest Mukarovsky qui dcrit le mieux la valeur smiotique des uvres dart8.

    Philippe Hamon, quant lui, nous prsente une approche smiotique du

    personnage tout fait similaire. Sappuyant sur les travaux de Saussure, il considrele personnage littraire comme :

    une sorte de morphme doublement articul, manifest par un signifiantdiscontinu, renvoyant un signifi discontinu, et faisant partie dun paradigmeoriginal construit par le message [...]9.

    Le signifiant du personnage est pour Hamon, en tout premier lieu, sadnomination ( savoir quel nom ou quel pronom est employ pour rfrer uncertain personnage). Comme le signifi du signe linguistique, le signifi dupersonnage se divise entre le sens et la signification. Et comme lasignification dunsigne dpend de sa relation avec les autres signes de lnonc, la signification dupersonnage dpend de sa relation avec les autres personnages dans luvre littraire.Je concentrerai mon attention sur lesens : le personnage, qui est pour le lecteur, audbut de sa lecture, un morphme vide , obtient graduellement son sens.10

    Cette notion de personnage littraire comme une entit graduellementcaractrise pendant la lecture est un point de dpart acceptable pour une analysesystmatique de la caractrisation. ce propos, je dfinis la caractrisation comme

    6. Rimmon-Kenan 2002, p. 2. Des assertions similaires se trouvent, entre autres, dans Ewen 1971,p. i ; Fladen-Muller 1994, p. 2-3 ; Frow 1986, p. 227 ; Jouve 1992, p. 103 ; Ducrot, Todorov 1972,p. 286 : La catgorie de personnage est, paradoxalement, reste lune des plus obscures de lapotique.

    7. Lotman 1977, p. 12-18 ; Van Loon 1979, p. 78.8. Mukarovsky 1974, p. 146 : Jedes Kunstwerk ist einautonomes Zeichen, das sich zusammensetzt

    aus 1. dem materiellen Werk, das die Bedeutung eines sinnlichen Symbols hat; 2. aus demsthetischen Objekt, das im Kollektivbewusstsein wurzelt und die Stelle der Bedeutunginnehat; 3. aus dem Verhltnis zur bezeichneten Sache, das nicht auf eine besondereunterschiedliche Existenz hindeutet [...], sondern auf den Gesamtkontext der sozialen Phnomene(Wissenschaft, Philosophie, Religion, Politik, Wirtschaft usw.) einer bestimmten Umwelt.

    9. Hamon 1972, p. 96.10. Hamon 1972, p. 98-99 : petit petit .

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    lactivit dun narrateur (primaire ou interne) qui attribue (graduellement) descaractristiques un personnage. Dautre part, limage du personnage que le lecteurse construit au cours de la lecture sur la base de ces caractristiques graduellementattribues, peut tre appele le portrait du personnage.

    Nanmoins, une critique que lon pourrait faire du point de dpart dHamonserait quil ne faut pas uniquement prendre en compte la dnomination dunpersonnage pour en examiner la caractrisation. Jinclurais tous les lments qui sefondent sur une relation mtonymique ou mtaphorique avec le personnage dans lacatgorie quHamon appelle celle des signifiants du personnage 11 . Mieke Bal etRimmon-Kenan suggrent dinventorier ces lments comme techniques decaractrisation 12, mais ce nest quen 2001 quils ont t catgoriss comme

    mtonymiques et mtaphoriques par Herman et Vervaeck. Je suis leurclassification des techniques de caractrisation 13.Dans la caractrisation directe 14, un personnage est caractris directement

    par lnonc dun narrateur, que ce soit le narrateur primaire ou un narrateurinterne 15. La caractrisation indirecte comprend deux catgories de techniques.Premirement, il y a des techniques mtonymiques , qui sont des techniques fondessur une relation de contigut avec le personnage. On range ici les actions, lesparoles, lapparence et le setting du personnage. Deuximement, les techniquesmtaphoriques , fondes sur une ressemblance avec le personnage caractris. Jeclasserais ici, entre autres, la caractrisation au moyen de comparaisons, dexempleset de renvois intertextuels.

    11. Corblin 1983, p. 199, lui aussi limite la catgorie des signifiants (ou des dsignateurs ) desdnominations et des priphrases : Quest-ce quun personnage dans un roman ? Dabord unesuite dexpressions qui rfrent la mme chose, cest--dire la mme chose quune expressionantrieure du texte : noms propres, pronoms, groupes nominaux dfinis et dmonstratifs . Alorsque Hamon 1972, p. 108, considre le milieu du personnage, son apparence, ses objets, ses actionset des renvois intertextuels au personnage comme des renforcements du signifi construit par lessignifiants (dnominations), je vois ces lments plutt comme des signifiants eux-mmes qui

    contribuent tous aux signifis du personnage.12. Bal 1990, p. 102-104, Rimmon-Kenan 2002, p. 59-71.

    13. Herman, Vervaeck 2002, p. 73-75.

    14. La division entre caractrisation directe et caractrisation indirecte est prsente dans les crits deEwen 1971, p. ii ; Bal 1990, p. 102-104 ; Rimmon-Kenan 2002, p. 59-71.

    15. Bien que je sois conscient que Rimmon-Kenan 2002, p. 60, entend par caractrisation ce que jappelle le portrait , je ne suis pas daccord avec sa dfinition, qui limite la caractrisationdirecte dpendant du narrateur de lnonc caractrisant : Such naming of a characters qualitiescounts as direct characterization only if it proceeds from the most authoritative voice in the text .

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    PRESCRIPTIONS DE LTHOPE DANS LES TRAITS RHTORIQUES

    Dans ce qui va suivre, je ferai porter ma rflexion sur le discours direct. Sonrle de technique mtonymique de caractrisation a t anticip dans la rhtoriqueancienne par lthope, le progymnasma qui est discut, entre autres, dans les traitsrhtoriques dAelius Thon, du Ps. Hermogne, dAphthonius et de Nicolaus. Ces progymnasmata jouaient un rle central dans le systme dducation depuis lepremier sicle ap. J.-C.16, et ils ont incontestablement exerc une influence impor-tante sur la littrature impriale17. cet gard, le rsultat de ce que Kennedyappelle laletteraturizzazione de la rhtorique18 peut mon avis tre dcrit commela retoricalizzazione de la littrature. La prsence de certains de ces progymnasmata

    dans le roman grec a t dmontre, entre autres, par Consuelo Ruiz-Montero etAlain Billault.19 Aphtonius dfinit lthope comme suit :

    Hqopoiiva ejsti; mivmhsi" h[qou" uJpokeimevnou proswvpou, lthope est lareprsentation de lethos dun personnage donn20.

    Aelius Thon, qui appelle cet exercice une prosopope , donne unedfinition plus dtaille, en considrant les conditions quune thope bien-construite doit remplir :

    Proswpopoii? a ejsti; proswvpou pareisagwgh; diatiqemevnou lovgou"oijkeivou" eJautw` / te kai; toi`" uJpokeimevnoi" pravgmasin ajnamfisbhthvtw", la

    prosopope est lintroduction dune personne qui prononce des parolesappropries elle-mme et au sujet donn, en dehors de toute controverse[...]21.

    Le Ps. Hermogne, quant lui, insiste sur limportance descirconstances danslthope :

    16. Cf. Kennedy 1999, p. 27.

    17. Cf. Cizek 1994, p. 236-241 ; Cichocka 1992 ; Kennedy 1983, e.a. 53 et 143. Aelius Thon explicitelimportance des progymnasmata dans la littrature contemporaine : 70, 24-32 (dans Patillon

    1997a) :tau ta me;n ou\n pareqevmhn, ouj nomivzwn me;n a{panta ei\nai pa`sin ajrcomevnoi" ejpithvdeia,ajll i{na hJmei" eijdwmen, o{ti pavnu ejsti;n ajnagkai` on hJ twn gumnasmavtwn a[ skhsi" ouj movnon toi`" mev llousi rJ htoreuvein, aj lla; kai; ei[ ti" h] poihtw`n h] logopoiw`n h] a[ llwn tinw`n lov gwn duvnamin ejqev lei metaceiriv zesqai. [Esti ga; r tau`ta oiJonei; qemevlia pavsh" th`" twn lovgwn ijdeva", kai; wJ" a]naujtav ti" uJpavghtai th / tw`n nevwn yuch` /, ajnavgkh to;n aujto;n trovpon kai; ta; meta; tau`ta sumbaivnein.

    18. Kennedy 1999, p. 127-130.19. Billault 1979 ; Ruiz-Montero 1991.20. Aphthonius,Progymnasmata , 44, 20-21 dans Spengel 1854. Ma traduction.

    21. Aelius Thon 115, 12 -14. La traduction franaise est celle de Patillon 1997a.

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    Pantacou` de; swvsei" to; oijkeion prevpon toi " uJpokeimevnoi" proswvpoi" te kai; kairoi` ": a[llo" me;n ga;r nevou lovgo", a[llo" de; presbuvtou, a[llo" de; geghqovto", a[llo" aj niwmevnou, tu respecteras parfaitement les qualits propresqui conviennent aux personnages et aux circonstances donns ; autres sont eneffet les paroles de la jeunesse, autres celles de la vieillesse, autres celles de la

    joie, autres celles de la tristesse 22.

    De plus, Thon prescrit que lthope doit saccorder aussi au narrataire dudiscours :

    Prw ton me;n toivnun aJpavntwn ejnqumhqh`nai dei` tov te tou` levgonto" provswponoJpoiovn ejsti, kai; to; pro;" o}n oJ lovgo", thvn te parousan hJlikivan, kai; to;nkairovn, kai; to;n tovpon, kai; th;n tuvchn, kai; th;n uJpokeimevnhn u{lhn, peri; h|" oiJ

    mevllonte" lov goi rJhqhvsontai, il faut avant tout considrer la qualit dulocuteur et celle du destinataire, lge quils ont, le moment, le lieu, la conditionet la matire donne comme thme au discours 23.

    UNE DAME FORT ACTIVE : PLANGON

    Finalement, je montrerai comment les discours directs prts au personnage dePlangon dans le roman de Chariton correspondent certains aspects de cesprescriptions. De plus, je tiendrai compte dautres techniques de caractrisation pouren arriver un portrait pondr.

    Selon la monographie de Johannes Helms sur la caractrisation dans le romande Chariton, le personnage de Plangon met en scne deux ensembles decaractristiques importantes : dune part, elle est intelligente, ruse et souple (shrewd , cunning and versatile 24), et dautre part elle est compatissante etattentionne ( compassionate and considerate 25).Cette reprsentation des choses nest pas tout fait correcte. Dans sa caractrisationdirecte de Plangon, le narrateur primaire nest pas si subtil que Helms lui-mme :Plangon est dite une dame fort active ( zw /on oujk a[prakton , 2, 2, 1), dune

    22. Ps. Hermogne, Progymnasmata , 21, 7-9 (Rabe). La traduction franaise est celle de Patillon1997b. La distinction entre lethos et le pathos comme deux aspects du caractre dune personne est

    prsente dans la dfinition de Nicolaus, Progymnasmata , Spengel 1856, p. 489 : hjqopoiiva ejsti; lovgo" aJrmovzwn toi" uJpokeimevnoi", h\qo" h] pavqo" ejmfaivnwn h] kai; sunamfovtera. [...] tauvth/ ga ;rh|qo~ ha vqou~ diafevrei: oi| on eij levgoimen, o{ti poivou" a]n ei[poi lovgou" deilo;" ejpi; mach ;n mevllwnejxievnai, tou kaqovlou toi`" deiloi`" prosovnto" h[qou" frontiou` men. eij de; lejgoimen, poivou" a]nei[poi lovgou" tuco; n Agamevmnwn eJlw;n th;n Ilion h] Andromavch pesovnto" Ektoro", dwvsei th;neujporivan ta; pavqh ta; nun genovmena.

    23. Aelius Thon 115, 22-25.

    24. Helms 1966, p. 95.

    25. Helms 1966, p. 97.

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    nature adroite (fuvsei ga;r h\n ejntrechv", 2, 6, 5) et dune malice servile que Callirho ne peut mme pas imaginer (Kallirov h [...] panourgiva" a[peiro"doulikh`", 2, 10, 7). Quand jajoute que le mme terme est utilis par le narrateur-focalisateur primaire pour caractriser le brigand Thron26 et que celui-ci meurt surla croix Syracuse et reoit ainsi une punition bien mrite, le jugement dunarrateur lui-mme est clair : il caractrise Plangon directement plutt comme lesclave ruse que comme la servante attentionne .

    Les passages o Plangon est caractrise travers ses actions sont rares, et ilsconfirment tous cette caractrisation27. Pour une caractrisation plus colore dupersonnage de Plangon, qui montre comment la ruse fonctionne, cest lacaractrisation travers le discours qui forme la technique par excellence.

    Les passages qui amnent Helms caractriser Plangon commecompas-

    sionate , sont six discours directs de lesclave28. Je suggrerais que lethos decompassion que Plangon construit travers ses discours directs nest que le fruitdune attitude compose vis--vis de la narrataire, Callirho.

    Premirement, je mattarderai sur lescirconstances des discours de Plangon.Le Ps. Hermogne nous informe que loccasion(kairov") est un lment auquel lediscours doit convenir. Sur ce point, Plangon, qui est caractrise comme une nourrice sophiste par Alaux et Ltoublon29, est une vraie experte. Lacirconstance la plus importante pour elle est sans doute la mission quelle a reue deson matre Dionysios, savoir convaincre Callirho de lui cder (2, 6, 4-5).

    Avant de recevoir cette mission, elle prononce seulement deux discours directs(tous les deux ladresse de Callirho). Toutefois, ces discours renferment aussi destraces de la ruse de Plangon. Premirement, ces deux discours directs de Plangoncontiennent des prolepses sa future mission, quelle ne reoit quen 2, 6, 4-5. Dansce passage, Dionysios demande Plangon de faire souvent son loge devantCallirho (ejpaivnei me par aujth` / pollavki" ), ce que Plangon a dj fait dans sesdeux premires conversations avec Callirho30. Deuximement, ds la premireconversation avec Callirho, Plangon russit gagner la confiance de la jeunefemme31. Lefficacit de ces discours est prouve par le passage 2, 3, 9, o Plangon

    26. Chariton, 1, 7, 1 ; 1, 13, 2 ; 3, 3, 12 ; 3, 3, 17.27. Idem , 2, 6, 5 ; 2, 7, 6 ; 2, 8, 2 ; 2, 8, 7 ; 2, 10, 3.

    28. Idem , 2, 2, 1 ; 2, 8, 6 (Helms indique 2, 8, 5-6), 2, 10, 1-2 ; 2, 10, 3-4 ; 2, 10, 6-7 ; 2, 11, 6. Helms1966, p. 97-98. De ces six discours, deux tmoignent mon avis de la ruse pltot que de lacompassion (2, 2, 1, et 2, 10, 1-2).

    29. Alaux, Ltoublon 2001, p. 78.30. Chariton, 2, 2, 1 (Dionuvsio" gavr, oJ despovth" hJmwn, crhstov" ejsti kai; filavnqrwpo": eujtucw" se

    h[gagen eij" ajgaqh;n oJ qeo;" oijkivan) et 2, 2, 5-6 (mavlista de; ej phvkoo" Dionusivw/: ejkei`no" oujdevpoteparh lqen aujthvn).

    31. La dnominationw\ tevknon parmi les premires paroles que Plangon adresse Callirho estindicative de cette tentative.

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    est dj perue par Callirho comme familire ( oujk e[blepen [...] th;n sunhvqhPlaggovna 32), bien que ces deux discours et le bain de Callirho aient t, jusquce point, les seuls contacts entre les deux femmes.

    Le moment o Plangon reoit la mission que lui assigne son matre est marqupar le narrateur laide dun passage qui fait comprendre au lecteur que Callirho atort de considrer Plangon comme une amie familire :

    2, 6, 5 : paragenomevnh toivnun pro;" th;n Kallirovhn, o{ti me;n kekevleustaiqerapeuvein aujth;n oujk ejmhvnusen, ijdivan de; eu[noian ejpedeivknuto: kai; to ; ajxiovpiston wJ" suvmboul o" h[qelen e[cein, elle [ i.e. Plangon] alla donc passerson temps auprs de Callirho, o bien loin de rvler quelle tait ses petitssoins sur ordre, elle ne lui tmoignait quune sympathie de femme femme : elle

    dsirait gagner sa confiance en la conseillant.

    Je pense que la traduction de Molini ne traduit pas la finesse de cette phrase.En employant le verbe ejpideivknumi, faire talage de , et les mots wJ" suvmboulo", comme si elle tait sa conseillire (et non pas en la conseillant , commetraduit Molini), le narrateur explicite en fait lintention malhonnte de Plangon.

    La mission de Plangon peut russir ds le moment o un nouveau kairov" seprsente : la grossesse de Callirho. Je cite le discours direct de Plangon cemoment. Ce sont des paroles quelle sadresse elle-mme :

    2, 9, 1 : hJ me;n Plaggw;n o{ti kairo;" ejpithvdeio" pevfhnen eij" to ; katergavsasqaito;n e[rwta tw` / despovth/: sunhvgoron e[cei" to; kata; gastrov": eu{rhtai peiqou`"ejnevcuron: nikhvsei swfrosuvnhn gunaiko;" mhtro;" filostorgiva, Plangon sedisait : Voil enfin loccasion rve pour satisfaire la passion de mon matre ;

    jai un bon avocat avec le ventre de Callirho ; on a trouv l un gage certain depersuasion. La chastet de la femme devra cder devant lamour maternel.

    Accompagne de deux autres termes rhtoriques ( sunhvgoron et peiqou "),lexpression kairo; " ejpithvdeio"peut contenir un clin dil rhtorique du narrateurau lecteur. La grossesse de Callirho est le kairos qui dterminera les trois discoursdirects successifs de Plangon adresss Callirho (2, 10, 1-2 ; 2, 10, 3-4 ; 2, 10,6-7). Lexemple que je donne ci-dessous est le discours direct de Plangon en 2, 10,1-2. Elle rplique la dcision de Callirho dlever lenfant :

    2, 10, 1-2 : hJ de; to; a[kairon th'" boulh`" ouj parevlipen: ajll ajduvnatovn ejstiv soi, fhsiv n, w\ guvnai, tevknon qrevyai par hJmi`n: oJ ga;r despovth" hJmw`nejrwtikw`" sou diakeivmeno" a[kousan me;n ouj biavsetai di aijdw kai; swfrosuvnhn, qrevyai de; paidivon oujk ejpitrevyei dia; zhlotupivan, uJbrivzesqaidokwn eij to;n me;n ajpovnta perispouv daston uJpolambavnei", uJperora` /" de; parovnto" aujtou . Krei`tton ou\n moi dokei pro; tou gennhqhnai to; paidivon h]

    32. Dans ce passage, je parlerais de focalisation interne de Plangon par Callirho. Sur cette situationnarrative, cf. Bal 1977, p. 112-113 et 119, 1990, p. 19-20 ; de Jong 1987, p. 37 ; Schenkeveld 1993,p. 19.

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    gennhqe;n ajpolevsqai: kerdanei`" ga;r wjdina" mataiva" kai; kuoforivana[crhston. jEgw; dev se filou`sa sumbouleuvw tajlhqh` , elle33 neut garde depasser sous silence les nombreux inconvnients dune telle dcision : Voyons,lui dit-elle, femme, il est impossible dlever un enfant chez nous : notre matre,qui est amoureux de toi, peut bien refuser de te faire violence, par respect et parretenue, mais la jalousie lempchera de te laisser lever un bb : il se croiraoutrag si tu mets tout ton cur rver dun absent en continuant lignorer, luiqui est l. Il semble donc quil vaille mieux tuer le bb avant sa naissanceplutt quaprs : sinon, tu ny gagneras quune grossesse vaine et les douleursdun enfantement pour rien. Cest mon affection pour toi qui me dicte cesconseils vridiques.

    Il est incomprhensible que Helms considre ce discours mensonger comme untmoignage de compassion, puisque le narrateur primaire condamne explicitementle dernier plaidoyer pour lavortement (2, 10, 6-7) comme malice servile (panourgiva" doulikh`") 34. lvidence, ces trois plaidoyers pour lavortement nesont pas le rsultat de la compassion de Plangon, mais de sa ruse qui tient comptedes deuxkairoi importants ce moment : la mission donne par Dionysios et lagrossesse de Callirho. Elle plaide pour un avortement, bien quelle veuilleexactement le contraire : pour Plangon, lenfant est le moyen par excellencedtablir une relation entre Callirho et Dionysios.

    En second lieu, je marrterai un instant la narrataire de ces discours directs.Dans neuf des treize discours directs de Plangon dans le roman, la seule narrataireest Callirho. Le lecteur, qui est inform des circonstances qui dterminent les

    discours de Plangon, peut facilement dmasquer lethos que Plangon veut construiredans ses discours directs destins Callirho. Callirho elle-mme ne le peut pas ;au contraire, elle pense quil y a une relation de confiance entre elles deux : ainsi, en2, 7, 3 et 2, 7, 5, Callirho manifeste explicitement sa confiance envers Plangon35.

    Callirho est donc une narrataire nave. La manifestation de cette navet estrenforce par dautres techniques de caractrisation. Par exemple, quand Dionysioset le mari de Plangon se querellent, Plangon exploite ce nouveaukairos pourenvoyer Callirho chez Dionysios. Aprs avoir assur le lecteur que la querellenavait rien de srieux, le narrateur primaire poursuit avec les mots suivants :

    2, 7, 2 : eu|re dh; kairo;n hJ Plaggwvn, kai; perivfobo" eijsevdrame pro;" th;nKallirovhn, sparavssousa th; n kovmhn eJauth`", Plangon trouva l loccasion

    recherche ; elle accourut pouvante auprs de Callirho, les cheveuxcompltement dfaits

    33. Jadapte la traduction de Molini 2002.34. Chariton, 2, 10, 7.35. Idem , 2, 7, 3 : []prohnecuriasmevnh tai " eujergesivai" uJp aujth " ; 2, 7, 5 :ejgw; Plaggovni tauvth/

    cavrin ejpivstamai: filei` gavr me wJ" qugatevra [...].

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    Ici, lignorance de Callirho est mise en vidence subtilement, parce que le narrateurenregistre objectivement la mise en scne de Plangon ( perivfobo", sparavssousath;n kovmhn eJauth`"), sans dire clairement que Plangon joue la comdie. Le lecteur,bien sr, sait la vrit sur ce qui se passe, mais Callirho, de son ct, pense quePlangon est vritablement pouvante.

    Donc, plus Plangon tale un ethos attentionn et compatissant dans ses discoursdirects, plus le lecteur la trouve panouvrgh , et plus Callirho la trouve sympathique.Un exemple clatant de cette situation est lironie dramatique qui se dploie en 2,10, 2 : Callirho, en dsespoir de cause, supplie Plangon de trouver une ruse ( tevcnh)pour lever lenfant. Cependant, le lecteur a dj t inform par le narrateur en 2,8, 2, que Callirho elle-mme est depuis longtemps lobjet des ruses et tentatives de

    Plangon : hJ Plaggw;n pa san pei`ran kai; tevcnhn prosevferen.Finalement, la tevcnh de Plangon est couronne de succs, puisquen 2, 11, 5,Callirho dcide dpouser Dionysios. Le fait que les livres suivants prsentent troispassages qui montrent que Callirho continue avoir confiance en Plangon 36 nterien au fait que la ruse de Plangon se poursuit aussi aprs le mariage. Cela devientclair immdiatement aprs la dcision de Callirho dpouser son matre : Plangonassure Dionysios que la jeune femme ne le trompera pas 37, mais en mme tempselle donne un compte rendu des paroles de Callirho qui nest que partiellementexact 38. Que ce soit maintenant Dionysios qui joue le rle du narrataire ignorant, estindiqu par sa raction pleine dironie dramatique ( eij ga;r i[doimi, fhsivn, w\ Zeu kai; Hlie, tevknon ejk Kallirov h") et par sa dnomination de Plangon ( Plaggovnionfilodevspoton ) 39.

    Le dernier discours direct de Plangon dans le roman de Chariton nous procureaussi le dernier exemple de limportance des kairoi dans ce type de discours. Entre-temps, Callirho est arrive Babylone. Quand elle raconte Plangon son rve, danslequel elle est sur le point dembrasser Chairas aprs avoir vu, entre autres, letemple dAphrodite Syracuse au jour de leur mariage, celle-ci ragit avec lesparoles suivantes :

    Qavrrei, devspoina, kai; cai`re: kalo; n ejnuvpnion ei\de": pavsh" ajpoluqhvsh/ frontivdo": w{sper ga;r o[nar e[doxa", ou{tw" kai; u{par. [Apiqi eij" to; basilevw"dikasthvrion wJ" iJero;n Afrodivth", ajnamnhvsqhti sauth`", ajnalavmbane to; kavllo" to; numfikovn, prends courage, matresse, rjouis-toi : tu as vu un trs

    beau songe ; tu vas tre libre de toute angoisse : ce que tu as cru voir en rve

    36. Idem , 3, 8, 6 ; 3, 9, 3 et 5, 1, 4.

    37. Idem , 3, 1, 5 : ouj ga;r ejxapatw` mou to;n despovthn [...].

    38. Idem , 3, 1, 6.

    39. Idem , 3, 1, 8.

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    correspond exactement la ralit. Pars au tribunal du Roi comme au templedAphrodite ; rappelle-toi ce que tu tais, reprends ta beaut de fiance40.

    Ce passage a une double fonction. Premirement, Plangon essaie (avec succs)de consoler Callirho en renvoyant son mariage avec Chairas41. Deuximement,ce discours contient un message pour le lecteur du roman42 : le lecteur se rappelleque Plangon avait conseill Callirho daller au temple dAphrodite43 et quelletait ainsi lorigine de la rencontre de Callirho et de Dionysios. Maintenant, ellefait miroiter Callirho ses retrouvailles avec Chairas. Surtout, la reprise de lamention du temple dAphrodite dans la rponse de Plangon provoque la question desavoir si ce discours ne peut pas tre un autre exemple de cettepanourgiva doulikhv que le narrateur primaire attribuait Plangon en 2, 10, 7. Je pense que cest le cas.

    Peut-tre doit-on interprter le motpanourgiva assez littralement : Plangon est unefemme qui est en mesure de tout faire(pa`n e[rgon) ; avec le mme enthousiasme,elle plaide pour des buts contraires, comme leskairoi lexigent. Bien quelle aitutilis le temple dAphrodite pour favoriser lunion de Callirho et Dionysios, rienne lempche maintenant dinsrer le temple de cette mme desse dans un discoursqui veut obtenir le but contraire. Elle est, en un mot, une opportuniste.

    On peut donc conclure que, comme une experte qui exploite les vnementsqui se droulent autour delle, Plangon tient compte des circonstances quilentourent dans ses discours directs. En outre, la plupart de ces discours sontadapts un narrataire qui est ignorant cet gard. Elle parle dune manire siefficace que ce narrataire la juge sympathique, prcisment quand cette sympathie

    ne se trouve tre en ralit quun type de comportement vis--vis de lui-mme44

    .

    40. Idem , 5, 5, 6-7.

    41. Cette fonction est la fonction argument du discours,i.e. la fonction dun discours pour lepersonnage-narrataire de ce discours. Cf. de Jong 1997, p. 309-310.

    42. La fonction dun discours pour le narrataire primaire (le lecteur) de ce discours sappelle la fonction clef . Cf. de Jong 1997, p. 309-310.

    43. Chariton, 2, 2, 5.44. Je tiens remercier vivement Kristoffel Demoen, directeur de ma recherche doctorale, pour ses

    prcieux commentaires et une collaboration toujours agrable. Mes remerciements vont aussi Alexander Loengarov, qui ma donn maints conseils et suggr nombre de corrections en matirede langue.

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