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Ouverture de l’aven Aubert: nouvelle entrée du trou Souffleur - Spelunca 130 - 2013 19 En 1995, Patrick Ollier et Olivier Sausse décident d’aller explorer la suite de l’amont du méandre de l’Ankou que l’on rejoint à –200 m dans le trou Souffleur (Saint-Christol-d’Albion, Vaucluse). Après sept heures d’efforts, de contorsions et de passages très étroits, ils s'arrêtent au pied d'un grand puits remontant. Leurs lampes ne suffisent pas à éclairer le haut de la cheminée tant elle est haute. Au retour, il leur faudra pratiquement le même temps pour sortir du méandre de l'Ankou. Ces longues séances sous terre démotivent les rares candidats à l'exploration, et pourtant il faudra bien lever la topographie de ce méandre… Quinze ans ont passé avant qu’Olivier Sausse ne se décide enfin à reprendre les explorations au Souffleur. Cependant, il est parvenu à convaincre Patrick Perez de revoir avec lui cette partie du gouffre. Fin novembre 2009, ils rééquipent le Souffleur jusqu’à –200 m, aidés par leurs amis du GSBM, les Spélectrons libres de la MJC d’Aubagne et l’ASM de Murs. Dans la foulée, ils entreprennent la topographie. Il ne leur faudra pas moins de cinq sorties d’une quinzaine d’heures et 160 visées pour venir à bout des 600 m de méandre. En topographiant, ils repèrent les passages les plus larges, la progres- sion devient ainsi plus aisée qu’il y a Ouverture de l’aven Aubert : nouvelle entrée du trou Souffleur (Saint-Christol-d’Albion, Vaucluse) par Olivier SAUSSE 1 Groupe spéléologique Bagnols-Marcoule (GSBM) Une histoire très ordinaire de spéléologues têtus se traînant dans d'infâmes méandres a eu des développements et des rebondissements improbables dont l'enchaînement a permis de vivre une incroyable aventure humaine. Magique, extraordinaire, sont des mots qui pourraient correspondre à cette histoire hors du commun partagée par bon nombre d'acteurs. Personne n'aurait pu s'attendre à un tel scénario sur le plateau d’Albion. Photo 1 : Patrick Perez dans le puits de l'Adrénaline. Cliché Olivier Sausse. 1. [email protected]

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Ouverture de l’aven Aubert : nouvelle entrée du trou Souffleur - Spelunca 130 - 2013 19

En 1995, Patrick Ollier et OlivierSausse décident d’aller explorer lasuite de l’amont du méandre de l’Ankouque l’on rejoint à –200 m dans letrou Souffleur (Saint-Christol-d’Albion,Vaucluse). Après sept heures d’efforts,de contorsions et de passages trèsétroits, ils s'arrêtent au pied d'un grandpuits remontant. Leurs lampes nesuffisent pas à éclairer le haut dela cheminée tant elle est haute. Auretour, il leur faudra pratiquement le

même temps pour sortir du méandrede l'Ankou. Ces longues séancessous terre démotivent les rarescandidats à l'exploration, et pourtant ilfaudra bien lever la topographie de ceméandre…

Quinze ans ont passé avant qu’Olivier Sausse ne se décide enfin àreprendre les explorations au Souffleur.Cependant, il est parvenu à convaincrePatrick Perez de revoir avec lui cettepartie du gouffre.

Fin novembre 2009, ils rééquipentle Souffleur jusqu’à –200 m, aidés parleurs amis du GSBM, les Spélectronslibres de la MJC d’Aubagne et l’ASM deMurs. Dans la foulée, ils entreprennentla topographie.

Il ne leur faudra pas moins de cinqsorties d’une quinzaine d’heures et 160visées pour venir à bout des 600 m deméandre. En topographiant, ils repèrentles passages les plus larges, la progres-sion devient ainsi plus aisée qu’il y a

Ouverture de l’aven Aubert :nouvelle entrée du trouSouffleur (Saint-Christol-d’Albion, Vaucluse)

par Olivier SAUSSE 1

Groupe spéléologiqueBagnols-Marcoule(GSBM)

Une histoire très ordinaire de spéléologues têtus se traînant dans d'infâmes méandres

a eu des développements et des rebondissements improbables dont l'enchaînement a

permis de vivre une incroyable aventure humaine. Magique, extraordinaire, sont des mots

qui pourraient correspondre à cette histoire hors du commun partagée par bon nombre

d'acteurs. Personne n'aurait pu s'attendre à un tel scénario sur le plateau d’Albion.

Photo 1 :Patrick Perezdans le puitsde l'Adrénaline.Cliché OlivierSausse.

1. [email protected]

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quinze ans. Cependant, le confort esttout relatif, car il faut sans cesse chan-ger de niveau pour emprunter lespassages les plus commodes : leméandre devient un vrai labyrinthe pourun spéléologue ne connaissant pas leslieux.

Après 450 m parcourus, étagésdans le méandre, Patrick Perez, JacquesSanna et Olivier Sausse cherchent lespassages. Finalement ils s'arrêtentdevant « l’Adroiture » une étroiture verti-cale remontante d’environ 5 m de haut.

Le 20 février 2010, assuré parJosiane Lips, Patrick Perez franchitl’Adroiture pour aboutir au sommet d’unressaut descendant où arrive enplafond du méandre un petit affluent,juste avant le puits de l’Astéroïde.

Le 6 mars 2010, Olivier Sausseescalade le puits de l’Astéroïde en utili-sant les mêmes Spits qu’il y a quinzeans. Dans la foulée, accompagné dePatrick Perez et de Jacques Sanna, ilsterminent la topographie jusqu’au basdu puits de l’Aboutissement. Là, lesfaisceaux de leur lampe se perdentdans les ténèbres et ils décident dereprendre les escalades l’hiver suivant.

Après la pause estivale, les explo-rations reprennent.

Le 13 novembre 2010, le Souffleurest rééquipé jusqu’à –200 m et unpremier portage de matériel est effec-tué. Grâce au marquage et à la signali-sation du méandre de l'Ankou, laprogression devient supportable. Àl’aide d'une perforatrice, le puits de l’Astéroïde et quelques ressauts sont

rééquipés. Un point chaud est installéau pied des escalades. Les cordesdynamiques, statiques, dégaines, amar-rages, goujons sont stockés là pour laprochaine sortie. Afin d’éviter d’abîmerla perforatrice dans un méandre quiracle encore pas mal, il est décidé dela laisser sur place bien emballée.À l'occasion des nombreux allers-retours des explorations, Alain Wadel,muni d'un marteau, continue demarquer les endroits clés du méandrede l'Ankou.

En janvier 2011, lors d’un fortépisode de gel, la trémie d’entrée duSouffleur se dégrade. De plus les Spitsvieillissants du puits d’entrée devien-nent dangereux.

Fin février 2011, Maurice Rouard,Guy Demars et Jacques Sanna nettoientet sécurisent l’entrée, tandis queBertrand Orens et Patrick Perez posentde nouveaux Spits dans les puits. Uneautre sortie conduite par l’Associationspéléologique mursoise (ASM) seranécessaire afin de replanter des Spitsjusqu'à –200. Une fois tout installé, lesexplorations pourront reprendre.

Il faut bien deux séances pour venirà bout du premier obstacle : le puits del’Aboutissement fait 55 m de haut. Maisà 45 m de hauteur, un banc de nodulesde silex vient pimenter l’escalade.

Une petite goulotte permet tout demême de placer un amarrage, ensuiteune bonne prise de main facilite l’accèsà un palier confortable. Les dix derniersmètres sont escaladés sans difficultémajeure.

C’est Marc Faverjon qui arrive lepremier à la base d’un grand puitsestimé à 70 m de haut (en fait, il en fait100 et correspond au puits de l’Adré-naline). La base de ce puits est impo-sante et fait 10 m de large pour 14 delong. L’actif dégringole d'une superbegoulotte qui monte à la verticale.

L’ascension est longue etpérilleuse et ce ne sera que durant l’hi-ver 2011 que le sommet du puits del'Adrénaline sera atteint ; la paroi estlisse et ressemble au mur en bétond’un gratte-ciel.

Augmenter le confort des intermi-nables séances d'escalade devient unenécessité. Une sellette en aluminiumest mise au point afin que la personneen charge de l'assurance soit mieuxinstallée.

Au fur et à mesure, les mètresgravis permettent d'affiner la méthodequi devient plus rapide. Après avoirescaladé environ 15 m, le grimpeurinstalle la corde statique de remontée.La personne à l’assurance rejointl’homme de tête en récupérant lesdégaines. Pendant ce temps, le restede l’équipe attend au point chaud enbas du puits, bien à l’abri des chutesde pierres.

Photo 2 : Marquage des endroits sensibles dans leméandre de l’Ankou amont. Cliché Jacques Sanna.

Photo 3 : Audric Poggia dans l'Adroiture : un passage difficile à négocier du méandre de l’Ankou. Cliché Olivier Sausse.

Photo 4 : (page ci-contre, en haut) : IsadoraGuillamot au fractionnement dans le puits de

l’Aboutissement. Cliché Adrien Gaubert.

Photo 5 : (page ci-contre, en bas) Bas du puitsde l'Adrénaline. Cliché Olivier Sausse.

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« Nous sommes prêts, il estenviron 16h30, l'organisationest la suivante, Olivier en tête,Audric à l’assurance, Thierrynous rejoint et remplace lesmousquetons dans le puits pardes maillons rapides en acier.J'attaque la remontée du P100,celle-ci est agréable, toute lamontée est contre paroi et lesfractionnements sont nombreux.J'arrive au terminus où nousattendent la sellette et la cordedynamique que nous avionslaissées il y a quelques moislors de la dernière sortie.Audric me rejoint, nous sommestous les deux sur le départ dela vire, autant dire que l'espaceest restreint. Méthodiquement,nous préparons le « matos ».Après quelques difficultés, noussommes OK, je continue demonter en diagonale jusqu'auplafond, de là je plante deuxgoujons, et je descends dequelques mètres, je pendule,j'accroche le crochet goutte-d'eau et je mets un nouveaurelais. D'ici, j'aperçois la suite ;je dois pouvoir me hisser dansun méandre du plafond afin degagner quelques mètres de vire.J'arrive face au méandresuspendu, il est plus étroit queprévu, Audric me descend dedeux mètres, tenu par la corded'assurance, les pieds dans levide avec 100 m sous lesfesses, je tente de progresseren opposition. Ça y est, j'y suis,je contourne le passage étroitet je progresse de quelquesmètres dans le méandre. Jepeux enfin souffler, me calerentre les parois car le baudriercommence à me faire mal auxhanches. J'équipe le passagede quatre goujons, entre-tempsThierry vient d’arriver.Et là… Et là je vois la suite duprogramme et autant vous direque ce fut un grand momentque je ne suis pas prèsd’oublier.Le méandre débouche sur lasuite du puits, je donne un coupd’éclairage et je vois le fond dupuits, mais aussi une autrearrivée d'eau qui est 40 m plusbas et qui sort d'un méandre,de la même direction que leprécédent, la faille remontepratiquement jusqu'à monniveau, mais dans sa partiehaute elle est impénétrable.À un mètre au-dessus de moi,une lucarne d'environ deuxmètres de diamètre d’où arrive

l’eau marque le haut du puits.Je plante deux goujons, un Y etme voilà pendu dans le vide, jepars de nouveau en vire.Maintenant gros problème : lalucarne est entourée de silex etimpossible de planter desgoujons. Je trouve un amarragenaturel que je qualifie depotable, celui-ci me permet degagner 50 cm. En me longeantcourt, j'arrive du bout desdoigts à planter un goujon entredeux silex dans du calcaire.Voilà, on y est. Voici le momentoù il faut y aller. Pas le choixpour sortir sur le palier quej’aperçois, il faut le franchir enlibre. Je donne les consignes àAudric qui m'assure (plus tard ilm'avouera qu'il était en train des'assoupir !).Je commence à me hisser surle dernier amarrage, les piedsen opposition sur les silex. Jetente de monter en trouvant desprises derrière les silex, et là jesens les cailloux se décrocher.Je m'agrippe à ce que je peux.D'énormes blocs de silextombent et passent devant lesyeux de mes camarades, lessilex éclatent cent mètres plusbas dans un vacarmeassourdissant. Je continuemalgré tout à monter. D'uncoup, je n'y arrive plus… Je n'aipas laissé assez de jeu sur lacorde statique et mondescendeur me freine. D'unemain, je donne du mou. Je sensmon cœur battre la chamade,mes camarades sont muets, letemps me semble une éternité.Enfin j'arrive à monter par-dessus le dernier obstacle,encore de nombreux silexcèdent sous mes pieds. J'arrivesur le palier et je m’allonge. La montée d'adrénaline fut telleque je ne sens plus rien. D'uncoup j'entends crier Thierry etAudric : « Olivier ça va, pétardqu'est-ce qui se passe, tu nousas fait flipper ».À cet instant, je sais que leSouffleur, encore une fois, nousa laissé passer. Comme pour lefond il y a quelques années, ils'est défendu jusqu'au bout etrien n'a été facile. Le palieratteint, au-dessus de moi il y aun autre puits d'environdouze mètres ».Les moins 800 m sontsûrement dépassés.

Extrait du compte rendu de l’exploration du 3 décembre 2011.

Itinérairede l'escalade

Vers leréseau

Alber

Banc de silex

Palier

Méandresuspendu

PenduleActif principal

Vers le puitsArlette

Lucarne

Pointchaud

Equipement actuelà la descente

Puits del'Adrénaline

(P 100)

Puits del'Aboutissement

-147

-45Coulée blanche

Actiftemporaire

Actifsecondaire

Zonefriable

(danger)

Jets de pierres(ne pas stationner)

(P 55)

?

Faille étroite(sommet du méandre)

0 50 m

Le puits de l'Adrénaline

Photo 6 : Puits de l'Adrénaline vu du haut au niveau du banc de silex. Cliché Adrien Gaubert.

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Au fil des séances, les équipesprennent de la hauteur. Les duos degrimpeur et d'assureur se relaientpendant trois sorties.

Pendant ce temps, Patrick Perez etFrançoise Laurent poursuivent lestravaux de topographie, tandis que lereste de l’équipe est au point chaud.Les plaisanteries fusent et permettentaussi de ne pas voir passer le temps.

Le 16 avril 2011, lors de l’ultimesortie avant la pause estivale, AlainWadel et Audric Poggia gravissent 20 mdans des conditions difficiles. En effet,les parois sont tapissées de petitsrognons de silex, et Audric à l’assurancedoit constamment se protéger, tandisqu’Alain recherche les meilleursendroits pour placer les ancrages.

Dans le même temps, il esturgent de déplacer le point chaud littéralement bombardé sous une grêlede cailloux.

Au bout de quelques heures,Thierry Rique et Olivier Sausseprennent le relais et sortent de cettezone quelques mètres plus haut. Aprèsavoir grimpé 15 m, ils arrivent pratique -ment au « plafond » du puits. Afin demieux comprendre la morphologie dulieu, Olivier plante deux goujons etdescend d'une dizaine de mètres, ense décalant de quelques mètres, ilaperçoit plus haut sur sa gauche unearrivée d'eau et un petit palier quisemble être le haut du puits. Il fautmaintenant partir en vire sur environ10 m pour atteindre cette arrivée d’eau.Il est fort tard et après avoir sécurisél’équipement, ils décident de renvoyerles explorations à l’hiver prochain.

Le 6 décembre 2011, AudricPoggia, Thierry Rique et Olivier Sausseparviennent au sommet du puits del'Adrénaline qui tient en respect touteune équipe. Un extrait du compte rendud'Olivier Sausse permet de comprendrepourquoi le puits a pris ce nom (voirencadré ci-contre).

La sortie suivante, Alain Wadel etBernard Baudet effectuent un penduleà 20 m en dessous du sommet du puitsde l’Adrénaline : ils trouvent la suitede la cavité et s'arrêtent à la base dupuits Arlette.

Le 18 février 2012, AudricPoggia franchit cet obstacle tandis queBernard Baudet et Alain Wadel escala-dent la coulée laissée de côté ausommet du puits de l’Adrénaline,celle-ci donnera plus tard accès auréseau Alber.

Les deux suites continuent et, unefois de plus, il y a arrêt sur puits remon-tant des deux côtés. Pendant ce temps,Patrick Perez et Olivier Sausse lèvent latopographie, afin de pouvoir reporter lesdonnées en surface après chaquesortie.

Les sorties se succèdent et sontde plus en plus longues, mais leséquipes se rapprochent irrésistiblementde la surface. Des indices tangibles,comme des insectes qui volent dansle milieu souterrain, et surtout lesdonnées topographiques permettent depenser que la surface se trouve main-tenant à moins de dix mètres.

Le montagnard Bernard Baudetpropose d’utiliser un détecteur devictimes d’avalanche (DVA), appareilnormalement destiné à retrouver les

Photo 9 : Coulée blanche donnant accès au réseau Alberau-dessus du puits de l'Adrénaline (P 100). En période depluie, cette coulée coule et les gours situés au-dessus seremplissent : baignade assurée. Cliché Adrien Gaubert.

Photo 7 : Départ du haut du puits de l'Adrénaline,Alain Wadel s’apprête à faire un pendule. Cliché Olivier Sausse.

Photo 8 : Pendule dans le puits de l’Adrénaline, la suiteest 10 m plus haut et donne accès au puits Arlette. Cliché Olivier Sausse.

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victimes ensevelies sous la neige. Il adéjà fait des essais dans des cavités etcela semble fonctionner tant quel’épaisseur de calcaire ne dépasse pasune dizaine de mètres.

Ayant reporté les données topo-graphiques en surface, équipé d'unsystème de transmission par le sol(TPS) prêté par le Spéléo secours fran-çais du Gard (SSF 30), tout est prêt pourle dénouement final.

Le 17 mars 2012, une petite ving-taine de spéléologues se partage letravail : une équipe en surface menéepar Christian Sabatier attend lessignaux de la balise Arva émettricequ'une autre équipe doit aller placersous terre. Il est convenu d'une heurepour commencer les essais radios.

L’équipe entre sous terre vers12 h. Alain Wadel escalade facilementl'ultime verticale baptisée puits del'Arva. Le TPS est installé. À 17h30précise, les équipes entrent en contactet celle du fond indique à la surface quela balise Arva émettrice est en place.Quelques minutes plus tard, la baliseest localisée à 30 m du point topogra-phique reporté en surface.

Pendant ce temps, Adrien Gaubert,Jocelyn Mora-Monteros et IsadoraGuillamot font fructifier leur incursionen prenant des clichés dans la cavité.

Les appareils indiquent que labalise Arva se trouve à seule-ment cinq mètres de lasurface, c’est du délire. Sousterre, Alain utilise son siffletpour signaler sa présence,mais en surface personne nel'entend, sauf les chiens qui setrouvent dans un chenil situéjuste à côté. Ils se mettentalors à aboyer : eux ont parfai-tement entendu le signalsonore…En revanche, Alain situé tout enhaut de l’escalade entend taperses collègues en surface.Ces derniers voudraient biencommencer à creuser maisquelque chose les arrête…Le TPS s'affole, Christian Saba-tier explique que le signal duDVA est positionné au milieud’une énorme volière, chez unparticulier… Certes, en cette

période la volière est vide mais elle esten fait utilisée par un comité de chassede juin à octobre. Malgré la frustrationque cause la volière, l’opération estun franc succès.

Au cours de la même sortie, il estdécidé d’aller continuer les escaladesau-dessus du puits de l'Adrénaline(P 100). Au pied de celles-ci sur le

Désobstruction en cours dans l’Amont d’AvrilDès sa première descente, en bas dupuits de l’Arva, Guy Demars remarqueque l’actif sort d’un tas de caillouxenrobés d’argile et que ceux-ci bouchentune petite conduite forcée. C’estl’amont du méandre de l’Ankou. Guy décide donc de l’attaquer etpropose le nom d’Amont d’Avril. Seul hic, la galerie est complètementbouchée.Accompagnés de Maurice Rouardet d’Henri Graffion, nos compèrescommencent à déblayer le boyauavec comme seul outil, un piolet.Ils avancent ainsi d’un demi-mètre,ce qui permet de dégager les paroislatérales et d’admirer le travail de l’eaudans cette petite conduite forcée.Ils enchaînent les sorties, malgré letemps humide, ils sortent à la forcedes bras et des pieds des masses decailloux.Aidés d’Isabelle Obstancias,Jacques Sanna et de Manu Saussier,ils avancent d’une dizaine de mètresdurant les mois d’avril et mai 2012.Lors d’une sortie, après une forte pluie,ils constatent que l’eau a en partienettoyé le conduit et qu’un courant d’airnet est présent. Après une chatière, la suite remonte sous une trémie qu’ilfaut maintenant vider avant de pouvoiravancer. Le stockage devient plusdifficile en bas du puits de l’Arva,l’argile englue tout et rend la remontéesur corde très difficile.Une visite le 15 décembre 2012 porteun coup au moral de nosdésobstructeurs. En effet après despluies abondantes, le réseau s’estpartiellement bouché, tout est à refaire !Qu’à cela ne tienne, la désobstructioncontinue avec l’espoir de remonterun peu plus le méandre de l’Ankou.

Photo 10 : Séance de désobstruction au fond del’Amont d’Avril. Cliché Maurice Rouard.

Photo 11 : Thierry Rique etJocelyn Mora-Monteros au TPS pendantle repérage DVA. Cliché Adrien Gaubert.

Dessin 1 :Caricature avantdésobstruction.Dessin ChristianSabatier.

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palier, le TPS est à nouveau réinstallé. La surface leur passede la musique : ambiance cool en haut du puits. Olivier Saussepart en tête assuré par Thierry Rique. Le puits de 10 m estrapidement gravi. En effet, les concrétions sont omniprésenteset les amarrages naturels ne demandent qu'à être utilisés.

Enfin, Olivier atteint une galerie ornée de concrétions ; leréseau, nommé Alber, s’arrête sur une trémie remontante. Unrepérage avec les DVA est tenté, mais sans grand résultat :l’épaisseur de calcaire doit être plus importante de ce côté.

Quelques heures plus tard, au petit matin, les spéléologuesqui sortent du trou réveillent l'équipe de surface. Les conver-sations vont bon train au camping de Saint-Christol, malgré lafatigue accumulée. Tout le monde debout, commence alors unvéritable débat.

En conclusion : il apparaît que l’ouverture de la deuxièmeentrée du Souffleur s'annonce mal. Sérieusement, qui pourraitaccepter l'ouverture d'un trou en plein milieu d’une volière ?

Pourtant, tout le monde ici aimerait vraiment ouvrir cetteentrée afin que d'autres spéléologues accèdent facilement àla partie amont du trou Souffleur. À lui seul, le puits de l’Adrénaline vaut le détour et il est clair qu'il compte parmi lesplus beaux puits du plateau de Vaucluse.

Les silex d’AubertUne rapideprospection dans lechamp à l’aval del’entrée de l’aven apermis à IsabelleObstancias detrouver quelquessilex taillés. À environ trentemètres de l’entrée,un petit racloir a aussi étédécouvert.Sous terre, commesouvent dans leVaucluse de nombreux silex et chailles ressortent desparois et de nombreux éclats parsèment le sol et lescreux du méandre. Elle a pu voir plusieurs silex taillésau milieu des autres dont certains sont photogéniques.À partir du bas du puits de l’Adrénaline, les silex sontusés et cassés et il devient difficile de voir les restesde ceux qui auraient été taillés.La plupart des silex, taillés ou pas, proviennent del’actif de l’Amont d’Avril. Dans le réseau Alber, les silexau sol sont des galets bien arrondis.Comme on trouve près des champs des tasd’épierrage de beaux silex arrondis à cortex blanc,Isabelle en conclut que vu le nombre de silex faciles àramasser en surface, les hommes préhistoriques ontdû utiliser la zone comme lieu de taille oud’installations plus longues, qu’il est difficile dedétecter avec la végétation actuelle.

Dessin 2 : Entrée de l’avenAubert. Dessin ChristianSabatier.

Photo 13 : Trémie terminale du réseau Alber. Cliché Adrien Gaubert.

Photo 12 : Un desnombreuxsilex dans le méandre de l’Ankou. ClichéIsabelleObstancias.

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Le lendemain, Olivier Sausse n’aqu’une idée en tête : contacter lepropriétaire de la volière. Il entreprenddes recherches sur Internet et trouveles numéros de parcelle et de sectionsur laquelle est implanté l'ouvrage. Ilcontacte alors la mairie de Saint-Chris-tol qui accepte enfin de lui donner lescoordonnées du propriétaire.

Gérard Gaubert, l’un des inven-teurs du trou Souffleur en août 1986,se charge de contacter le propriétaire,Didier Aubert qui accepte le rendez-vous. L'entrevue a lieu sur place à l’entrée de la volière quelques joursplus tard.

Les présentations faites, GérardGaubert, Adrien Gaubert et OlivierSausse lui montrent les clichés prisdans la cavité quelques jours aupara-vant. L'historique de la découverte desprolongements amont du trou Souf-fleur lui est présenté ainsi que lapassion qui anime les équipes despéléologues. Didier Aubert sembleintrigué et en même temps fasciné. Iln’en revient pas de voir les volumesqui s'étendent sous ses pieds. Contretoute attente, il accepte, avec l’accordde son père et de sa sœur, que l’onouvre la cavité qui portera leur nom.

À partir de ce moment, unecourse contre la montre s'engage. Ilfaut absolument ouvrir l’aven, dansl’espoir que les données du DVAsoient bonnes, et sécuriser l’entréeavant l’arrivée des volatiles courantjuin.

Il est décidé de créer un «collectifAubert ». Tous les spéléologues quisouhaitent s’impliquer dans cetteaventure peuvent intégrer le collectif.En deux séances, le trou est ouvert etla naissance de l’aven Aubert estactée le 7 avril 2012. Cette opérationpermet du même coup d'accroîtresensiblement la dénivellation dusystème Souffleur - Aubert qui accusemaintenant une profondeur de –843 mpour 5 152 m de développement (etenviron 500 m post-siphon non topo-graphié dans les amonts de la rivièred’Albion).

Le collectif fonctionne à merveille,chacun met à disposition ses compé-tences et les équipes se forment leplus naturellement possible. Sous lahoulette de Roland Jouhet, certainsaménagent l’entrée, tandis qued’autres finissent les explorations. Lasociété SGREG (Société chimiqueroutière & d’entreprise générale) offre

gracieusement une buse en plastiquequi permet de sécuriser la nouvelleentrée. La société TGH (Travauxgrande hauteur) prêtera même uncamion pour acheminer la buse.

D’un commun accord, il estdécidé de brocher la cavité. Le bureaudes moniteurs du Gard, par l’intermé-diaire de Davis Dachicourt, donnetrente broches, la Société spéléolo-gique de Fontaine de Vaucluse (SSFV)vingt broches, les Spélectrons libresune dizaine, le GSBM prendra encharge les ampoules de colle ainsi queles broches manquantes. Au total72 broches seront installées. Lesgoujons dangereux sur les passagesont été sectionnés et le puits del'Adrénaline (P 100) entièrementrééquipé hors crue.

Manu Saussier, jeune spéléologuedu GSBM et exerçant le métier deforgeron, conçoit et fabrique unetrappe en fer, financée par l’AREPHA,(Association de recherches etd'études hydrologiques du Plateaud'Albion). Ainsi, l’entrée est sécuriséepar un boulon de 13 qui permet leverrouillage des plaques de fer.

Le 8 mai 2012 lors du déséqui-pement de la cavité, Olivier Sausseet Thierry Rique partent tester lesbroches dans le méandre de l’Ankou.Lors de la remontée, un bloc deplusieurs kilogrammes se détache et

Aven AUBERT Commune de Saint-Christol-d’Albion

UTM 31T0699729 / 4877285Lat. / Long. N 44°01’17,6” E 005°29’31,4’’

Altitude : 894 mètres

Description Entrée Cordes Amarrages

Longueur de cordes

nœudscompris

Puits Arva 45 m 2 An sur laplaque d’entrée 0 m

30 m 4 broches 10 m

2 broches 28 m

1 brochedéviateur 7 m

Ressaut méandre 12 m MC 2 broches 4 m

8 m 2 broches 8 m

Facultatif

Puits Arlette 28 m MC 2 broches 10 m

15 m 2 broches 4 m

2 broches Pendule 3 m+11 m

Ressaut méandre 9 m An + 1 broche 9 m

5 m Facultatif

Ressaut avant la vire 10 m 2 broches 10 m

4 m

Vire remontante départpuits Adrénaline 20 m MC 20 mètres

9 broches 20 m

Puits Adrénaline 110 m 2 broches 6 m

84 m 2 broches 10 m

2 broches 12 m

2 broches 12 m

2 broches 12 m

2 broches 12 m

2 broches 18 m

2 broches 28 m

Puits del’Aboutissement 75 m 2 broches 3 m

55 m 2 broches 12 m

MC 3 broches 8 m

2 broches 10 m

2 broches 25 m

2 broches 17 m

Départ Méandre de L’Ankou

Puits Astéroïde 24 m 2 broches MC 8 m

15 m 1 Spit(facultatif)

2 broches 8 m

2 broches 8 m

Ressaut remontant 10 m 2 broches 10 m

7 m

Ressaut remontant 10 m 3 goujons(facultatif) 10 m

6 m

Ressaut étroit :L’Adroiture 8 m 2 broches 8 m

5 m

Ressaut 15 m 2 broches 8 m

10 m 2 broches 7 m

Jonction Trou Souffleur

TOTAL 376 m 72 broches +3 goujons + 1 Spit + 3 AN

Photo 14 : Mise en place de la buse. Cliché Amandine Bertrand.

Photo 15 : Roland Jouhet, le maître d’œuvre del’aménagement de l’entrée de l’aven Aubert. Cliché Jocelyn Mora-Monteros.

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Ouverture de l’aven Aubert : nouvelle entrée du trou Souffleur - Spelunca 130 - 2013 27

vient s’écraser sur le casque d'Olivier,il ne manque pas grand-chose pour qu'ilperde connaissance. Le casque horsd'usage, Olivier reste dans le « cirage »une petite heure. Petit à petit, il reprendses esprits : plus de peur que de mal.Accident évité de justesse… Cepassage sera nommé puits de l’Astéroïde.

Le 2 juin 2012, tout le « collectifAubert » est sous le choc : le proprié-taire, Didier Aubert, trouve la mort dansun dramatique accident de la route.

Dans les rangs du collectif, c'est laconsternation. Cet homme qui avaitréservé aux spéléologues un accueilexceptionnel et fait preuve d'une capa-cité d'écoute hors normes, quittaitbrutalement le cours d'une histoireextraordinaire. Il ne restera plus qu'unsouvenir bref mais intense de sesvisites à l’entrée de l’aven. La décou-verte de nouvelles galeries aiguisait sacuriosité. Sa gentillesse et son ouver-ture d'esprit se trouvent concentréesdans une formule toute personnelleégalement reprise par ses proches : « jene vois pas pourquoi je vous empê-cherais de vivre votre passion ».

En fait, l'histoire de l'aven Aubertpeut se résumer à une suite de faits,d'actions et de rencontres sensation-nelles dans une aventure qui l’a été toutautant.

Site web Ambiance

spéléologique mursoise :

www.speleo-vaucluse.fr

www.gsbm.fr

Collectif AubertOnt participé aux explorations : Bernard Baudet,Pierre Benvengut, Amandine Bertrand, Clémence Brion,Laurent Buton, Thierry Cotrez, Guy Demars, Bertrandde Saint Orens, Marc Faverjon, Tommy Garnero,Adrien Gaubert, Gérard Gaubert, Henri Graffion,Isadora Guillamot, Roland Jouhet, Françoise Laurent,Jacquie Laverdure, Josiane Lips, Nicolas Martin,Jocelyn Mora-Monteros, Isabelle Obstancias, MagaliPataine, Patrick Perez, Audric Poggia, Fredo Poggia,Maurice Ricci, Thierry Rique, Maurice Rouard, ChristianSabatier, Olivier Sausse, Manu Saussier, JacquesSanna, Annick Tenchon, Alain Wadel, Arlette Wadel.

Essais d’Arva

Ils sont partis sous terre, glissant dans les pertuisRemontant tous les puits de ce réseau sévère,Malgré leur belle ardeur, butent sur des trémies.Ils branchent leurs Arva, pour percer le mystère.

Sur le causse épineux, une équipe s’affaireLes détecteurs en main, on cherche les signauxQue des Arva placés dans cet antre austèreLanceront dans la pierre, pour percer le plateau.

Ils sont juste dessous à quelques pieds à peine,On les capte on les sent, ils sont tout près de nous.On a déjà branché l’appareil, ses antennesEt on entend la voix de ceux qui sont dessous.

Ils crient, chantent, plaisantent et nous surexcités,On enfonce dans le sol, l’outil qu’on a piqué.Ça y est, Alain entend des coups sourds répétés.Alors Patrick, Fredo se mettent à creuser,La fièvre les emporte, branle-bas de combat,Joindre leurs camarades, ils ne pensent qu’à çaLes sortir de là, et bouffer la pizza.

Bernard Baudet

Poème

Photo 16 : Pose de la plaque à l’entrée de l'avenAubert. Cliché Isabelle Obstancias.

Photo 17 : Entrée de l’aven Aubert. Cliché Adrien Gaubert.

Photo 18 : Clémence dans la galerie concrétionnée du réseau Alber.Cliché Adrien Gaubert.

Recommandations

Conditions d'accès à la cavitéUne convention précisant les modalités d'accès àl'aven Aubert est en cours de signature.L'accès à la cavité est autorisé du 1er octobre au30 juin, cependant il est impératif de respectercertaines règles :- les véhicules doivent être stationnés sur laparcelle du trou Souffleur, le cheminement decelui-ci jusqu'à l'aven Aubert est indiqué dans leprésent article ;

- la trappe et la volière où se situe l'entrée de l'avendoivent être refermées après chaque visite.

Nous demandons à tous les spéléologues visitantla cavité de nous informer de l'état deséquipements en place, sous terre ou à l'extérieur(trappe, etc.). Les rapports avec les propriétairesde la parcelle étant très bons, merci de respecterles règles déontologiques dans l'intérêt de tous.

Adrien GAUBERTPour le comité directeur du CDS 84

[email protected] - 06 32 97 34 79

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Aven Aubert (Vaucluse)Arlette et Alain WADEL MJC Aubagne

RESEAU ACCORE

Niveau de base : zone noyée

Niveau maximal en crue : zone épinoyée

Puits de l'Allucination

Siphon -843 m

L'Abée

Salle de l'Acribologie

Rivière d'Albion

A

L'Anaconda

Méandre des Absents

RESEAU AVAL

Trou Souffleur

Siphon Androgène

-650 m

-550 m

Coupe développée

-710 m

puits des trois Agenors

puits Ayme

Puits de l'Aboutissement P 55

Méandre de l'Ankou amont

Puits Arlette P15

L'Apoggiature

Puits de l'Astéroïde P 15

altitude 850 m

altitude 894 m

Volière

Réseau AlberAmont d'AvrilPuits de l'Arva P 30

Adroiture

Aven Aubert

R8

R5

E 7

R 5R 10

Puits de l'Adrénaline P 100R4 et vire

-45 m

-202 m

-147 m

-217 m

E 6

-232 m -242 m

-800 m

Lat. / Long. N 44°01'17,6''E 005°29'31,4''Commune de Saint-Christol-d’Albion

Accès : une fois devant l’entrée duSouffleur, prendre au sud, une petiteroute montante et bien visible, en direc-tion « les Fourches, les Clapiers ». Aubout de 330 m, prendre à droite unchemin de terre ascendant. Après200 m, on arrive sur un terrain privébien encombré (hangars en tôle,ferraille, objets hétéroclites).

L’entrée de l’aven se trouve enhaut du terrain, au fond à droite, dansune volière.

Description : il faut pénétrer dansla volière (une convention doit êtreétablie pour l’accès à la cavité).Soulever la plaque d’entrée ; elle peutêtre utilisée pour amarrer la corde.Se glisser dans la buse. Une petitedésescalade permet d’atteindre lesommet du puits de L’Arva (P30). C’estl’endroit ultime atteint en escalade parles explorateurs.

C’est là que l’aven a donné l’espoird’une jonction avec la « terre ». À labase du puits, on atterrit sur un grostas de gravats. Celui-ci provient de lasurface, mais aussi de l’Amont d’Avril(en cours d’exploration) d’où coule unpetit actif qu’il ne faut pas négliger encas de crue. Suivre l’actif, descendreun ressaut de 8 m. Après 60 m deprogression dans un méandre actifsans difficultés, nous atteignons lepuits Arlette de 15 m de profondeur.

À sa base, suivre l’eau. Leméandre est plus étroit. On peutéquiper un ressaut de 5 m pour éviterune désescalade. Encore quelquesmètres et descendre un petit puits de4 m qui permet d’accéder à la vireremontante du puits de l’Adrénaline.Une corde ascendante monte vers lesommet du puits. C’est par là que sontarrivés les grimpeurs.

En haut, on prend pied dans unepetite salle, départ de nouvelles esca-lades sur des coulées de calcite, quipermettent d’atteindre le réseau Alber,

une belle galerie remontant sur 50 mvers la surface et stoppée par unegrosse trémie.

Revenons au puits de l’Adrénaline ;beau puits de 84 m, actif, qui prendde l’ampleur au cours de la descente.De nombreux pendules permettentd’équiper hors crue (les broches sonttoutes sur la gauche, face à la paroi). Àsa base, d’environ 20 m de diamètre,on accède à une galerie large, parcou-rue par l’actif, qui a servi de salle àmanger pendant les explorations. Aubout de 30 m, nous sommes ausommet du puits de l’Aboutissement.Le ru d’eau préfère prendre un boyaulatéral sur la droite et revient arroser laverticale quelques mètres plus bas. Ledépart est un peu étroit, mais rapide-ment, le puits prend du volume.Dix mètres plus bas, un beau paliercalcité se prolonge en vire sur la gaucheet là, on descend le plus beau jet del’aven Aubert (43 m). À sa base unegalerie s’amenuise et au bout de 60 m,se transforme en méandre.

Ouverture de l’aven Aubert : nouvelle entrée du trou Souffleur - Spelunca 130 - 201328

Coupe

Système Aubert - Trou SouffleurDéveloppement : 5152 m

Photo 19 : Séance de topographie dans le méandrede l’Ankou amont. Cliché Jacques Sanna.

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Ouverture de l’aven Aubert : nouvelle entrée du trou Souffleur - Spelunca 130 - 2013 29

Photo 20 : Concrétions au sommet du puits de l’Adrénaline. Cliché Olivier Sausse.

Photo 21 : Jocelyn Mora-Monteros dans le puits de l'Adrénaline. Cliché Adrien Gaubert.

Salle des Artifices

Puits André Gendre

Salle Arénacée

Siphon

Cascade Azdavay

Siphon -432 m

Puits de l'Astrolabe

RESEAU AMONT

-240 m

-625 m

-570 mBivouac

Ayme

Affluent de L'ArpenteurAval de l'Amont

Le cheminement n’est pas simple,surtout à expliquer. Pour progresser,tout au long des 600 m du méandreamont de l’Ankou, il faut repérer lesbalises rouges et blanches et lesnombreux martelages circulaires quijalonnent l’itinéraire le plus aisé. Aubout de 75 m, pas trop bas ni trop haut,on atteint le puits de l’Astéroïde. Quinzemètres plus bas, on rejoint l’actif. Onremonte dans une galerie au solboueux. Il faut escalader un ressaut de6 m qui peut s’équiper. Mais rapide-ment la galerie se transforme en

méandre. Le parcours reste facile surune centaine de mètres, jusqu’à

une escalade de 10 m sur descoulées de calcite humides etboueuses. À ce niveau il y

a une petite arrivée d’eau en plafond.La suite est plus étroite et il faut biensuivre les repères.

Un peu plus loin, on descend unressaut de 5 m au sommet étroit,broché : l’Adroiture.

Encore un peu plus loin, environ80 m, des parties glissantes nécessi-tent deux cordes pour plus de sécurité.Nous sommes à la moitié du méandre,il n’y a plus de corde jusqu’à la jonctionavec le Souffleur.

Photo 22 : Patrick Perez au début de la topographiedans le méandre de l’Ankou amont. Cliché Jacques Sanna.

Topographie : Groupe spéléologique Bagnols-Marcoule 1986 - 2012Synthèse topographique et dessin : Patrick Perez

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?

Siphon terminal -843 m

lucarne

Salle de l'Acribologie

P 10E 8

Trémie Les Alizés

L'Abée

salle des Artifices

voûte basse

rivière

d'Albion

P 40

Puits AndréGendre

Les Alyscamps

Puits AymePuits del'Astrolabe Salle Arénacée

Anaconda

Méandre des Absents

Affluent de

l'Arpenteur

bivouac

C 8

boyau anal

P 25

P 25

P 40

P 65

Siphon E 3

P 29R 7

R 4

E 3

E 25?

-740 m

P10

R 8

étroiture

E 3-510 m

?E 4

E 10R 5E 33

?

?

Galerie de l'Amonite

R 5

Réseau AccoreExploration et topographieGSBM avril - octobre 2002

coulée stalagmitique

C 12

Puits de l'Aboutissement

Méandre de l'Ankou amont

Méandre de l'Ankou aval

Siphon -800 m

Siphon

Siphon

Siphon

Siphon

Cascade Azdavay

C 2

C 89

C 1C 2

C 1

C 3

Puits remontant

Siphon

Siphon amont

Siphon

500 m0

N

Puits de l'Adrénaline

Aven Aubert

Puits de l'Astéroïde

Puits Arlette

Trou Souffleur

Adroiture

Topographie : Groupe spéléologique Bagnols-Marcoule 1986 - 2012Synthèse topographique et dessin : Patrick Perez

Plan

Ouverture de l’aven Aubert : nouvelle entrée du trou Souffleur - Spelunca 130 - 201330

Système Aubert - Trou SouffleurDéveloppement : 5152 m

Toujours être vigilant et nepas s’engager trop longtempssans avoir vu un repère visuel.

Après une partie active peularge, il faut remonter dans lesétages par le biais d’une étroi-ture. À partir de là, on alterne duméandre à l’égyptienne, desquatre pattes dans les plafondsdu méandre, tout en gardant enligne de mire, les indices de laprogression. Puis, après desblocs que l’on contourne, onarrive dans un élargissementimportant. Là, on peut descendredans le fond du méandre. C’estétroit et au bout de 40 m, onvisualise les balises qui donnentle signal de la remontée dans leSouffleur.

Un autre accès est possible :à partir de l’élargissement, conti-nuer dans les plafonds. Il fautprogresser à quatre pattes, seglisser sous une dalle. Un nouvelélargissement se présente.Désescalader sur 4 m; se glisserdans l’étage inférieur. Remontersur 6 m l’amont et enfin, sur ladroite, vous êtes dans la branchedu Souffleur. Ouf !

Photo 23 : Puits Arlette. Cliché Adrien Gaubert.

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