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Outline Hiver 2019 ING Private Banking magazine Love. Hate. Debate. La collection d’art d’ING vous invite à débattre Investissements durables Le développement durable ouvre des perspectives aux investisseurs Family Business L’évolution du marché belge des fusions et acquisitions Wealth Engineering Comment votre seconde résidence à l’étranger est-elle imposée ?

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OutlineHiver 2019

ING Private Banking magazine

Love. Hate. Debate.La collection d’art d’ING vous invite à débattre

Investissements durablesLe développement durable ouvre des perspectives aux investisseurs

Family BusinessL’évolution du marché belge des fusions et acquisitions

Wealth EngineeringComment votre seconde résidence à l’étranger est-elle imposée ?

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2 Outl ine I Hiver 2019

Investir

Dans cette édition hivernale d’Outline, nous jetons un coup d’œil sur les tendances de 2020 et des années suivantes, qui seront importantes pour vous, en tant qu’investisseur. Par exemple, comment l’évolution du commerce mondial, le vieillissement de la population et les changements de préférences des consommateurs peuvent-ils influencer votre stratégie d’investissement ? Bien sûr, la responsabilité sociale occupe une place de choix. L’aspiration à un monde plus durable est effectivement de plus en plus visible. Nos économistes examinent la probabilité que la durabilité puisse être intégrée dans votre portefeuille d’investissement.

Tout au long de la nouvelle année aussi, ING Private Banking sera à vos côtés pour vous guider. Non seulement en vous proposant différentes solutions de placement. Mais aussi, par exemple, si vous vous lancez sur le marché des fusions et acquisitions pour vendre votre entreprise (familiale). Outline donne déjà un aperçu des évolutions les plus récentes sur ce terrain.

Le fait que vous, votre famille et votre entreprise familiale figuriez à la toute première place chez ING Private Banking n’est pas passé inaperçu. Comme l’année dernière, le célèbre magazine spécialisé Global Finance nous a de nouveau décerné le titre de meilleure banque privée de Belgique. Avec en plus une mention spéciale pour le prix de la meilleure banque privée pour entreprises familiales. À deux reprises, une belle reconnaissance de notre professionnalisme en matière de conseils, de notre service de qualité sur mesure et des excellents résultats des solutions d’investissement offertes.

En plus, vous pouvez profiter de toute la culture, du sport et de la musique qu’ING vous propose. Que penseriez-vous, par exemple, de l’exposition Love. Hate. Debate. Start a Conversation with the ING Collection à l’ING Art Center ? Jusqu’au 15 mars 2020, vous pouvez venir découvrir, place Royale à Bruxelles, la collection d’art d’ING, une des toutes premières collections d’entreprises en Belgique. Love. Hate. Debate. vous invite à vous pencher sur votre relation personnelle avec l’art.

Je vous souhaite non seulement beaucoup de plaisir à la lecture, mais aussi de belles fêtes de fin d’année et une heureuse année 2020 !

Thierry van Alphen Directeur Private Banking ING Belgique

Marchés 4 I Le changement… c’est

maintenant !

Investir 8 I Le développement durable

ouvre des perspectives aux investisseurs

Édito

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Investir

Outline - ING Private Banking magazine - Hiver 2019Comité de rédaction : Aleksandra Barcewicz, Luc Charlier, Amélie Vandoolaeghe, Caroline De Moor, Marie Helsmoortel, Thierry Masset, Thierry van Alphen, Peter Vanryckeghem, Christiaan Vinkenborg, Charlotte de Montpellier, Katleen Rampelberg, Michèle MuroOnt participé à la réalisation de ce numéro : Business Writers, Edith De Flines, Caroline De Moor, Frédéric Degembe, Philippe Ledent, Julien Manceaux, Anne Petre, Pierre Bruggeman, Stéphane Rouvez, Géraldine Taylor, Steven Trypsteen, Peter Vanryckeghem, Myriam Van Temsche, David Boly, Bernard Walravens, Jean-François Mahieu, Marc Vervisch Coordination / Rédaction : Christiaan VinkenborgMaquette et mise en page : Gilles GanderÉdition : Christiaan VinkenborgProduction : Patrick BatailliePhotos : Getty images - Jean-Jacques De Nayer - Vincent Everarts - Dries Luyten - Gladdys Arias • La couverture : Thomas Ruff, Portraits (S. Ergolovitch, L. Laahme, P. Knyrim, K. Eckert), 1998, kleurenfoto’s 210 x 165 cm x 4. © Thomas Ruff und ESO / SABAM, Belgique, 2019. Anthony Gormley, Quantum Cloud IV, 1999, Welded mild steel bars, 262 × 120 × 102 cm All rights reserved. © SABAM, Belgique, 2019. Pierre Alechinsky, Contre la photographie, 1969, Acrylic on paper mounted on canvas, 215 x 198 cm © SABAM, Belgique, 2019 © Photo Jean-Jacques De NayerÉditeur responsable : Philippe Wallez, Cours Saint-Michel 60, B-1040 Bruxelles • 716146F • 11/2019

Wealth Engineering

16 I Votre seconde résidence à l’étranger sera-t-elle bientôt soumise à une autre fiscalité ?

Family Business

20 I Comment évolue le marché belge des fusions et acquisitions ?

Lifestyle

26 I La partition sans fausse note de Philippe Hayat

Évènement

30 I Love. Hate. Debate. Et si nous conversions ?

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Marchés

Philippe Ledent Senior Economist

Sur le plan conjoncturel, l’année 2020 s’annonce assez difficile. Cela devrait se traduire par des taux de croissance particulièrement faibles, tant aux États-Unis qu’en zone euro. Mais au-delà du cycle, d’importants changements structurels vont transformer nos économies. Ces changements étaient vus, il y a quelques années encore, comme probables et lointains. À présent, ils nous font face, de manière très concrète. Ils représentent donc un élément essentiel de la stratégie d’investissement et de la réflexion économique à moyen terme.

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Le changement… c’est maintenant !À mesure que les fêtes de fin d’année approchent, l’éternelle question de savoir de quoi sera faite la prochaine année refait surface. Et comme chaque année, on peut se livrer à quelques conjectures qui, comme à chaque fois, sont entachées d’une forte dose d’incertitude (géo)politique.

Petit retour en arrière…Sur le plan économique, l’année 2019 ne restera pas comme un excellent cru. La croissance mondiale n’a cessé de ralentir tout au long de l’année. On en veut pour preuve les multiples révisions à la baisse des prévisions de croissance des institutions internationales, comme le Fonds monétaire international (FMI) et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Ce ralentissement, qui avait en fait commencé dès la fin de l’année 2018, a aussi incité les principales banques centrales à se montrer très prudentes. Alors que la banque centrale américaine (Federal Reserve ou Fed) aurait dû poursuivre tranquillement son resserrement monétaire en 2019, elle a subitement changé de ton pour adopter un discours très prudent, pour enfin passer à l’acte et réduire à deux reprises déjà son taux directeur. Quel changement de cap en l’espace de moins d’un an !

La Banque centrale européenne (BCE), pour sa part, n’a pas eu d’autre choix que de reconnaître une croissance économique trop faible, et surtout une inflation atone. En conséquence, de nouvelles mesures (les dernières ?) ont été prises en septembre pour soutenir, autant que faire se peut, l’économie de la zone euro. Ces mesures ont soulevé une vive opposition dans les rangs mêmes de la BCE. Si l’on y ajoute l’appel de Mario Draghi, président de la BCE jusqu’en octobre dernier, d’activer dans la mesure du possible la politique budgétaire, on peut supposer qu’en dehors de circonstances tout à fait exceptionnelles, la BCE n’ira pas plus loin.

Perspectives mitigéesL’année 2019 se termine donc sur une croissance mondiale relativement faible. Le début de l’année 2020 devrait être marqué

par la poursuite de cette situation économique fort mitigée. En effet, aucun élément ne permet, à ce stade, d’anticiper un fort rebond économique, du moins dans les premiers mois de l’année. Les indicateurs de confiance des entreprises et des ménages restent faibles, et l’activité dans le secteur industriel ne semble pas vouloir se redresser à court terme.

Ceci étant, tout n’est pas négatif. Différents éléments pourraient soutenir, même de manière modeste, la croissance économique mondiale.

Premièrement, les politiques monétaires particulièrement accommodantes dont il a été question ci-dessus devraient avoir un impact positif sur la dynamique économique. Mais il faut être franc : cet impact est de plus en plus marginal, compte tenu des effets pervers qu’elles engendrent, notamment sur les épargnants. On est donc bien ici en train de parler d’un léger soutien à l’économie, et non pas d’une capacité de rebond majeur !

Deuxièmement, les politiques budgétaires pourraient jouer un rôle en 2020 : • C’est certainement vrai aux États-Unis, où le déficit public

continue de se creuser compte tenu de la politique de dépenses qui est menée par l’administration Trump. Ce dernier ne peut par ailleurs pas se permettre de récession de l’économie américaine en pleine campagne électorale.

• C’est également vrai en Chine, où les autorités continuent de soutenir la croissance de leur économie par la politique monétaire, la politique de change et la politique budgétaire.

• Cela pourrait aussi être le cas en zone euro : la plupart des pays membres ont corrigé, au moins en partie, leurs problèmes de compétitivité, et leurs finances publiques sont stabilisées. Ceci permet effectivement d’envisager de tourner la page de l’austérité, combiné à la faiblesse des coûts de financement des États et à une meilleure conjoncture au cours de la période 2014-2017.

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En matière de finances publiques en zone euro, seules l’Italie, la France, l’Espagne et la Belgique seront encore en 2020 dans une zone « dangereuse ». Ce n’est pas dramatique : leur déficit public propre devrait être compris entre 1,5 % et 3 % de leur PIB. Pour l’ensemble des autres pays (en ce compris des pays tels que la Grèce ou le Portugal), la situation des finances publiques est proche de l’équilibre, voire dégage un surplus budgétaire. Quel chemin parcouru en dix ans ! Dès lors, face au ralentissement économique actuel, on peut effectivement envisager une timide relance budgétaire à l’échelle de la zone euro.

À titre d’exemple, et ce n’est pas ici une recommandation, mais un ordre de grandeur : si tous les pays pouvant se le permettre adaptaient leur budget de telle manière que leur déficit public atteigne 1,5 % de leur PIB, cela dégagerait une enveloppe de 150 milliards d’euros à l’échelle de la zone euro, pour des dépenses ou mieux encore, des investissements publics. Encore faudra-t-il savoir comment rentabiliser au mieux les moyens qui seraient libérés de la sorte. Sur ce plan, on ne peut pas dire que les gouvernements européens aient brillé par leur efficacité dans le passé… Mais soit, c’est une autre histoire.

Troisièmement, les tensions commerciales pourraient s’apaiser quelque peu en cours d’année 2020, et ainsi faire naître un léger regain d’activité économique. Les discussions entre la Chine et les États-Unis n’ont, certes, pas permis de régler tous les problèmes. Il en faudra plus pour restaurer de bonnes relations commerciales. Ceci étant, personne n’a vraiment intérêt à poursuivre la guerre commerciale, qui coûte de la croissance économique à toutes les parties. Ceci devrait notamment inciter le président américain, en campagne électorale, à calmer le jeu.

On le voit, l’année 2020 ne devrait pas être marquée par une croissance forte. Aux États-Unis, cela peut paraître normal, après une très longue période de croissance vigoureuse. En zone euro, c’est un peu plus étonnant, dans la mesure où la partie haute du cycle économique – celle où la croissance accélère et devient supérieure à la normale – a été relativement courte. Ceci aura comme conséquence de maintenir l’environnement de taux dans son état actuel, c’est-à-dire historiquement bas. Les politiques monétaires n’auront aucune raison de montrer le moindre signe de durcissement des taux, au grand dam des épargnants.

Changements structurelsLa question est évidemment de savoir combien de temps cette situation va perdurer. Quand peut-on envisager une reprise plus vigoureuse de l’économie mondiale, accompagnée de pressions inflationnistes, et donc de meilleures perspectives en matière de taux d’intérêt ? La réponse à cette question est d’autant plus difficile que l’état du cycle économique n’est probablement pas le seul responsable de l’actuel manque de vigueur de l’économie mondiale. Il est en effet de plus en plus évident que des changements plus profonds sont en train de s’opérer. La conséquence : un manque de croissance, ou à tout le moins, la nécessité de trouver de nouveaux piliers pour celle-ci.

Commerce mondialUn changement important concerne le commerce mondial. On pourrait, certes, se dire que la présence d’un président américain ayant basé sa politique sur le protectionnisme n’aura que des effets temporaires sur les échanges mondiaux. Mais en examinant ceux-ci de plus près, le problème est plus complexe. En effet, on observe depuis fin 2018 une réduction des volumes de marchandises échangés à travers la planète. Même si de petites corrections temporaires ont déjà eu lieu par le passé, il semble que la tendance se soit cette fois plus durablement inversée. Dès lors, le degré d’ouverture de l’économie mondiale (que l’on peut calculer en divisant les échanges mondiaux par l’activité économique mondiale) diminue clairement. Ce n’est en fait pas vraiment étonnant, dans la mesure où le protectionnisme gagne du terrain un peu partout : les mesures contraignant le commerce international se multiplient, alors que les accords commerciaux ont de plus en plus de mal à être ratifiés. La politique du président Trump n’est donc que l’arbre qui cache la forêt d’un monde qui se replie un petit peu sur lui-même.

Ceci n’est pas anodin, car le commerce mondial a été, et de loin, le pilier principal de la croissance économique depuis le début des années 2000. La croissance économique profitera moins de l’essor du commerce si les échanges ne devaient plus s’intensifier à l’avenir pour une quelconque raison. Cela ne veut pas dire qu’aucune croissance n’est possible, mais qu’il faudra la trouver ailleurs. Des entreprises qui profitaient pleinement des échanges devront se réinventer. Pour rappel, beaucoup d’entreprises multinationales se sont organisées de manière à ce que leur chaîne de création de valeur soit la plus efficace dans un monde globalisé. Un retour en

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arrière en la matière leur demandera de gros efforts d’adaptations. La « déglobalisation » (qui est un mot probablement trop fort) n’est donc plus un concept théorique, mais une réalité qui, pour le moment, pèse sur la croissance.

Vieillissement de la populationOn pourrait tenir le même discours au sujet du vieillissement de la population. C’est en 2001 que le problème est évoqué pour la première fois en Belgique. Le gouvernement lance le Comité d’Étude sur le Vieillissement (CEV), de même qu’un « fonds vieillissement », censé accumuler les moyens financiers nécessaires pour y faire face. Mais le concept est assez théorique et très lointain : les démographes avertissent qu’à partir de 2015, la modification de la structure de la population va s’intensifier, et que cette modification ira dans le sens d’un vieillissement de la population.

Dix-huit ans plus tard, les projections lointaines et souvent prises à la légère sont devenues une réalité. Depuis plusieurs années déjà, la part de la population âgée de plus de 65 ans s’accroît. Mais surtout, 2020 sera la dernière année durant laquelle la population en âge de travailler1 va croître (de 4.459 personnes selon les dernières projections démographiques) ! Ensuite, ce groupe – qui représente les bras et les cerveaux disponibles dans une économie pour fournir de la production économique – va se contracter. Ainsi, notre capacité collective à honorer les besoins en biens et services de la population totale – qui continue de s’accroître – va se réduire. Les effets du vieillissement de la population, que nous ressentons déjà, vont alors s’accélérer et d’autant plus réduire la croissance économique. Il suffit de regarder l’augmentation forte des dépenses en matière de pensions, ou de soins de santé. Cette situation touchera la plupart des économies européennes, à des degrés divers : l’Allemagne sera la plus touchée, de même que l’Espagne et l’Italie, alors que d’autres pays comme la France le seront moins.

Autres changements importants Enfin, d’autres changements importants s’opèrent. La prise de conscience à géométrie très variable à l’échelle de la planète des changements climatiques, par exemple. Ou plus largement : la prise de conscience de la nécessité d’un mode de développement plus durable modifie profondément les préférences et les exigences des consommateurs. De plus, les préférences des consommateurs évoluent en raison d’innovations technologiques qui leur ouvrent de nouveaux modes de consommation et de nouveaux produits

ou services. Ces modifications de préférences ne sont pas nécessairement négatives pour la croissance économique. Par contre, elles entraînent des évolutions structurelles profondes, qui secouent les entreprises. La période de transition, durant laquelle les entreprises sont forcées de s’adapter et durant laquelle l’économie « cherche » ses nouveaux modes de fonctionnement, peut peser sur la croissance économique. •

Marchés

La faible croissance du moment trouve donc ses origines dans de multiples évolutions. Dans un tel contexte, se positionner en matière d’investissements n’est pas facile. D’un côté, l’environnement de taux bas réduit les rendements de la plupart des classes d’actifs. D’un autre côté, les changements profonds du fonctionnement de nos économies imposent une réflexion sur ce que sera la croissance économique de demain, et donc de ce que pourrait être une stratégie d’investissement payante.

Il faut en effet être attentif à la stratégie des entreprises, à celles qui investissement massivement dans leur avenir et à celles qui loupent les virages importants que connaissent leur secteur. On sait par ailleurs que certains secteurs peuvent tirer leur épingle du jeu compte tenu de l’évolution du commerce mondial, du vieillissement de la population et des changements de préférences des consommateurs. De même, ces évolutions ne touchent pas toutes les régions du monde de la même façon. Dès lors, positionner géographiquement ses investissements nécessite également une prise de position claire au sujet des changements en cours.

Plus que jamais, l’idée d’une diversification et d’une vision claire à moyen/long terme prend tout son sens en matière d’investissements. Non pas parce que les marchés financiers seraient dans une configuration particulière, mais parce qu’ils ne feront que réagir à une économie qui, elle, est à la croisée des chemins.

En conclusion : la croisée des chemins

1 Définie ici comme la population âgée de 19 à 64 ans.

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Investir

Le développement durable ouvre des perspectives aux investisseurs

Caroline De Moor Sustainable Investments Specialist

L’aspiration à un monde plus durable se fait de plus en plus visible. En témoignent les nombreuses manifestations d'élèves et d'étudiants dans le monde entier. Les gouvernements suivent le mouvement et tendent à renforcer les législations environnementales. À titre d’exemple, le gouvernement allemand a récemment décidé d'introduire une taxe sur le CO2 à partir de 2021. Et les technologies ne sont pas en reste. Les innovations permettent aux entreprises et aux consommateurs de prendre plus facilement et à moindre coût le train du développement durable. Les investisseurs, de leur côté, peuvent choisir d’investir de manière durable. Cette tendance comporte à la fois des défis et des opportunités. Concrètement, de quoi s’agit-il ? Faut-il renoncer au rendement financier ?

Steven Trypsteen Economist

Frédéric Degembe Investment Manager

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Investir

Qu'est-ce que le développement durable ?En 2015, les Nations Unies (ONU) fixaient 17 objectifs de développement durable à atteindre à l’horizon 2030. Ces objectifs couvrent un large éventail de sujets et montrent que le développement durable ne concerne pas seulement l'environnement, même si ce dernier en constitue un élément majeur. En effet, les objectifs que sont notamment l'égalité homme/femme ou l’éducation de qualité figurent au premier plan d’un monde durable.

Comment savoir si une entreprise opère de manière durable ? Traditionnellement, les analystes examinent les données financières des entreprises. Cette approche est cependant axée sur l'évolution des profits et des risques. Pour connaître la quantité de CO2 qu'émet une entreprise ou pour apprécier ses conditions de travail, nous avons besoin d’autres données.

Les enjeux du développement durable restent toutefois difficiles à traduire en termes financiers. Quel est, par exemple, l'impact sur les bénéfices de l'entreprise d'un taux de roulement élevé du personnel dû à des conditions de travail médiocres ? Ou d'une biodiversité appauvrie ? Pour assurer la cohérence nécessaire à la prise en considération de ces enjeux, de plus en plus d'entreprises et de pays sont évalués sur la base de critères dits ESG. L'acronyme ESG renvoie à « Environmental, Social and Governance ». Ainsi, la note ESG décernée à des entreprises ou à des pays traduit leur comportement dans les domaines de l'environnement (Environment), des relations avec les parties externes (Social) et de la gouvernance (Governance). Le tableau ci-dessous donne un aperçu de plusieurs critères ESG. Les banques ou les gestionnaires d'actifs peuvent effectuer cette analyse en interne ou la confier à des sociétés spécialisées telles que Vigeo Eiris ou Sustainalytics.

Les 17 objectifs de développement durable des Nations Unies

Develloped in collaboration with Trokkbäck+Company - [email protected] - +1.2125296.1010For queries on usage, contact:[email protected] - Non official transition made by UNRIC Brussels (September 2015)

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Investir

ING a mis en œuvre le travail autour de l’investissement durable fin 2014, quand la banque a construit un portefeuille modèle, qui a été géré de manière « live » depuis lors. Au fil du temps ING a non seulement modifié les poids des actions et des obligations, voire du cash, mais également les expositions au sein des différents secteurs constitutifs (en fonction des événements de marché et des choix tactiques d’ING).

Certains frais y ont été inclus, si bien que la performance affichée est similaire à une solution qui aurait été construite sous la forme d’un compartiment de SICAV. De notre expérience acquise sur ces cinq années, nous avons observé plusieurs éléments importants :

1. L’univers de fonds à disposition et de qualité « durable » s’est fortement développée, permettant précisément la construction de produits multi-asset et globaux. Ces produits sont correctement et de mieux en mieux diversifié, tout en respectant de hautes normes de durabilité.

2. L’offre et la concurrence se renforçant, le coût des produits disponibles a eu tendance à diminuer. Cette tendance a un effet positif sur la performance de portefeuilles constitués de multiples fonds.

3. La transparence autour des thèmes de durabilité approchés par ces produits s’est améliorée, si bien que désormais on peut mieux estimer les impacts environnementaux et sociaux liés à notre stratégie.

4. En parallèle à la forte croissance de l’offre de produits, une forte croissance de la demande s’est logiquement développée. C’est à la fois une bonne chose (la durabilité devient de plus en plus populaire) et une difficulté pratiquo-pratique : nous ne pouvons pas toujours investir dans des fonds qui nous intéressent, car ils sont parfois trop… petits ! Mais cette contrainte est vraiment due au fait que le thème est récent et devrait rapidement disparaître.

Pour la période commençant au 31 décembre 2014 et allant jusque novembre 2019, le rendement annuel d'un profil équilibré a été au moins équivalent à celui d'un investissement traditionnel. On constate que sur cette période, une solution multi-asset durable et correctement diversifiée fait donc au moins aussi bien qu’une solution classique. Cela peut s’expliquer par certaines expositions sectorielles différentes (le secteur énergie ou des entreprise d’utilité publique par exemple), mais aussi parce que les noms repris au sein de chacun des secteurs d’activité diffèrent des investissements classiques.

Qu’attendre du futur ?Le passé ne présage pas nécessairement du futur, toutefois il faut reconnaître que les sociétés sensibles à la durabilité auront tendance :• à être plus innovantes ; • à être en avance sur le respect de la réglementation ; • à avoir une gestion du risque plus performante ; et • peut-être même à obtenir des financements à moindre coût.

Bref : un ensemble d’éléments constituant de facto un avantage compétitif dont on peut attendre qu’en découle une performance supérieure.

La performance des solutions d’investissement d’ING

Source : https://www.ing.nl/media/ING_CO2-update-duurzaam-beleggen-juni-2019_tcm162-174533.pdf

Comparaison des émissions de CO2 (en tonnes par année)

Absorption par 50 arbres1,0

VW Golf (20.000 km)2,5

Famillemoyenne8,0

Durabilité(par million)115,0

Indice mondial (par million) 141,1

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Investir

L'étude des thématiques ESG ne constitue cependant pas un phénomène entièrement nouveau. Les analystes se sont déjà penchés sur des matières relevant du même ordre d’idées, par exemple en évaluant les risques en matière de réputation ou en considérant la conformité aux modifications législatives. Désormais, certains analystes vont plus loin, en passant systématiquement sous la loupe les critères ESG. Comment intégrer le développement durable dans les investissements Nous pouvons exploiter la note ESG d'une entreprise ou d'un pays dans notre stratégie d'investissement. Par exemple, l’investisseur que vous êtes peut choisir d'investir uniquement dans des sociétés qui affichent une note ESG élevée. Sur cette base, vous exclurez les entreprises qui n'affichent pas de bons résultats ESG. Cette stratégie est dite d’exclusion. Ainsi, vous vous constituerez un portefeuille de placement durable en sélectionnant un groupe d'actions présentant une note ESG élevée.

Vous pouvez également choisir de ne pas inclure dans votre portefeuille certaines sociétés ou certains pays qui obtiennent de mauvais résultats sur un critère particulier. Cela peut concerner des entreprises spécifiques (par exemple des entreprises qui ne respectent pas les droits de l'homme), mais aussi des secteurs entiers, notamment des secteurs à fortes émissions de CO2. Dans les pays où de telles considérations sont incluses dans le Code, l'exclusion peut être une obligation légale. En Belgique, par exemple, il est interdit d'investir ou de financer des sociétés impliquées dans la vente ou l'utilisation d'armes controversées, telles que les bombes à fragmentation ou les armes à uranium appauvri.

L'exclusion de certaines entreprises, secteurs ou pays sur la base d'indicateurs non financiers ne constitue pas la seule stratégie que les investisseurs peuvent utiliser pour élaborer un portefeuille durable. Une autre approche consiste à investir dans des entreprises affichant les meilleures performances ESG par rapport à d'autres du secteur, c’est ce que l'on appelle le principe du « best in class ». Ce principe peut être appliqué sur la base de la note ESG ou sur la base de l'évolution de la note ESG dans le temps. Il ne s’agit donc pas d’exclure à proprement parler des entreprises ou des pays. Conformément à cette stratégie, vous pourrez investir dans une entreprise active dans un secteur polluante, à condition toutefois que l'entreprise affiche la meilleure note ESG du secteur.

L’investissement thématique est une manière pour un investisseur de se concentrer sur certaines tendances sociétales qui soutiennent l'évolution vers un monde plus durable, notamment en visant les technologies propres, l'immobilier vert ou la santé.

L'Impact investing, ou investissement à impact social, est encore une autre manière d'investir durablement. Outre les objectifs financiers, cette stratégie fixe des objectifs sociaux et environnementaux clairs. L'investissement à impact social convient aux investisseurs qui entendent avoir un impact sur les questions sociales et environnementales et qui veulent que les objectifs sont rapportés et mesurés. Parmi les objectifs, relevons, par exemple, un pourcentage donné de réduction des émissions de CO2. Ou la production d'un certain volume d'énergie verte. À côté du rendement financier, l'investisseur s'efforce donc d'obtenir un

1 Gunnar Friede, Timo Busch and Alexander Bassen (2015), ‘ESG and financial performance: aggregated evidence from more than 2000 empirical studies’, Journal of Sustainable Finance & Investment (5:4) 210-233 (https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/20430795.2015.1118917#abstract).

2 G. Griesee, L-E. Lee, D. Melas, Z. Nagy and L. Nishikawa (July 2019, MSCI), ‘Foundations of ESG investing: How ESG Affects Equity Valuation, Risk and Performance’, The journal of portfolio management 45(5) 1-15 (https://www.msci.com/documents/10199/03d6faef-2394-44e9-a119-4ca130909226).

Impact environnemental (Environment) Relations avec les parties externes (Social) Aspects de la gouvernance (Governance) Changement climatique et émissions de CO2 Satisfaction de la clientèle Composition du conseil d'administration

Pollution de l'air et de l'eau Gestion des données et protection de la vie privée Structure du comité d'audit

Biodiversité Diversité sur le lieu de travail Corruption et pots-de-vin

Déforestation Relations avec la communauté Rémunération des administrateurs

Efficacité énergétique Participation des employés Lobbying

Gestion des déchets Droits de l’homme Lien avec les partis politiques

Conditions de travail Protection des lanceurs d’alerte

Source : CFA Institute

Exemples de critères ESG

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Investir

L'investissement durable présente un certain nombre de défis, mais ouvre également de belles perspectives. Investir dans des entreprises ou des pays durables exige plus d'efforts, tant il convient d’examiner et de surveiller davantage d'indicateurs. Des efforts qui semblent cependant récompensés, car le rendement financier potentiel est bien au rendez-vous. Les études révèlent en effet que les rendements à long terme peuvent être au moins aussi intéressants que ceux d'un placement traditionnel, avec une volatilité moyenne inférieure. De surcroît, l'impact sur les personnes et l'environnement est positif.

Conclusion

rendement social ou écologique manifeste. Dans cette stratégie, l'objectif de rendement financier oscille du simple maintien du capital à un rendement de marché ajusté en fonction du risque.

Une autre stratégie fréquemment utilisée est la l’actionnariat active. Les actionnaires qui adoptent cette stratégie peuvent dialoguer avec une entreprise pour influencer les décisions sur les thématiques ESG. Ils peuvent exercer leur droit de vote ou poser des questions à l'assemblée générale. En tant qu'investisseur privé, il s’avère évidemment difficile de faire entendre sa voix. Mais dès lors qu’il s’agit de fonds – les capitaux étant plus conséquents – c'est évidemment plus facile. Cette stratégie est fortement différente avec la vente ou la non-achat d'actions qui abritent des pratiques douteuses, tel que c’est le cas dans la stratégie d'exclusion.

Quel est le rendement financier des placements durables ?La grande majorité des études universitaires concluent qu'il existe une corrélation positive entre la performance financière des entreprises et leur note ESG. La métaétude de Friede, Busch et Bassen (2015) a analysé les résultats d'environ 2.200 études portant sur la relation entre les critères ESG et la performance financière1. 90 % des études n'ont relevé aucune corrélation négative, et la grande majorité note une corrélation positive. Une étude récente du MSCI World Index (Giese, Lee, Melas, Nagy et Nishikawa, 2017) révèle également une relation positive entre la note ESG, d’une part, la rentabilité et le rendement en dividendes, d’autre part2. Il s’avère donc utile d'évaluer les variables ESG des entreprises et des pays.

Nous insistons sur l'importance de l'horizon de placement. Comme pour tous les autres investissements, la valeur des investissements ESG fluctue, ce qui n’est pas sans risque pour l'investisseur. Mais ici aussi, les derniers développements sont enthousiasmants : les travaux révèlent en effet que les fluctuations des investissements ESG sont plus faibles à long terme, en raison des filtres de risque supplémentaires (Giese et al., 2017). À titre d’exemple, le risque d'incidents graves, qui a un impact très négatif sur la note, y est plus faible.

Revers de la médaille, si vous optez pour une stratégie d’investissement ESG, le nombre de sociétés dans lesquelles il est possible d'investir est réduit. Il est donc plus difficile de diversifier ses investissements et, par conséquent, les écarts par rapport à l'indice de référence peuvent être plus importants à court terme. Supposons, par exemple, que le prix du pétrole augmente fortement, ce qui traduit la bonne santé des compagnies pétrolières. Comme les compagnies pétrolières sont moins présentes dans un portefeuille ESG par rapport à un indice de référence général, le rendement de l'investissement ESG sera alors moins bon que celui de l'indice de référence. •

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14 Outl ine I Hiver 2019

Investir

Gaz à e�et de serre : CO2, CH4, N2O, HFC, PFC, SF6, NF3

Fournisseurs Entreprise Utilisateurs/consommateurs

Fonds propres Transport Distribution Refroidissement

Électricité achetée

Cadre3

Cadre1

Cadre2

Cadre3

Source : https://www.ing.nl/media/ING_CO2-toetsing-van-de-portefeuille-maart-2019_tcm162-118918.pdf

En tant qu’investisseur, savez-vous quel est l’impact concret de vos placements sur l’environnement et sur la société ? Pour cette raison, ING calcule la quantité de CO2 que les entreprises émettent par fonds durable. Cette initiative nous permet d’en savoir plus sur l’empreinte écologique des placements durables.

Le CO2 contribue au réchauffement climatiqueLe CO2 est l’un des principaux gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique. Le gaz est notamment obtenu en brûlant des combustibles fossiles tels que le charbon, le pétrole et le gaz. Les entreprises participent de nombreuses manières à la production de CO2, notamment par le biais de la production d’électricité ou de l’utilisation de moyens de transport. Les entreprises peuvent influencer la quantité d’émissions de CO2. Celle-ci ne dépend pas seulement des procédures de l’entreprise et de l’achat d’énergie, mais également des produits que l’entreprise vend.

Comment calculer son empreinte carbone ? Notre mesure du CO2 tient compte des différents gaz à effet de serre qui influencent le réchauffement climatique, par exemple le méthane et l’azote. Les conventions internationales en matière d’émission de ces gaz sont établies dans le Protocole des gaz à effet de serre (Greenhouse Gas (GHG) Protocol).

À l’échelle internationale, on distingue trois types d’émissions de CO2 : • Niveau 1 : toutes les émissions directes d’une entreprise. Par

exemple, le CO2 qui est libéré lorsqu’elle brûle du gaz naturel pour chauffer ses locaux.

• Niveau 2 : toutes les émissions indirectes ou les émissions liées à la production d’énergie que l’entreprise achète. Par exemple, le CO2 qui est libéré lors de la production d’électricité pour éclairer ses locaux.

• Niveau 3 : toutes les émissions indirectes ne correspondant pas au niveau 2, mais qui surviennent au cours de la chaîne d’activité de l’entreprise (en amont ou en aval).

ING reçoit les informations concernant les émissions de CO2 par l’intermédiaire du fournisseur Sustainanalytics, et les utilise comme un des critères pour sélectionner des fonds durables.

Notre sélection de fonds durables réduit les émissions de CO2Chez ING, nous voulons réduire considérablement l’empreinte carbone de chaque fonds durable par rapport à celle d’un fonds classique. Vous souhaitez avoir de plus amples informations à propos de l'investissement durable chez ING ?Consultez https://www.ing.be/fr/retail/investing/

investments/sustainable-investment

Votre investissement contribue-t-il à réduire l’empreinte écologique ?

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15 Outl ine I Hiver 2019

Investir

« Selon moi, l’investissement durable est important, parce que l’avenir de la planète est en jeu. Il faut ménager ses ressources afin de pérenniser toutes les formes de vie. J’estime que l’investissement durable doit permettre de vivre tout en consommant les énergies fossiles de manière limitée… Qu’il favorise et développe les énergies vertes… Qu’il prévienne les excès et lutte contre le gaspillage ! De cette manière, les générations à venir pourront investir dans un monde plus sain. L’approche d’ING en matière de développement durable s’inscrit dans une démarche avant-gardiste. Elle n’est pas seulement courageuse et audacieuse, elle est aussi moderne et engagée. Qui plus est, la démarche d’ING s’aligne parfaitement avec mes autres investissements dans le cadre de la protection et de la sauvegarde des mondes animal et végétal. »

Témoignage d'un client d'ING Private Banking sur l'investissement durable...

« L’approche d’ING est courageuse, audacieuse et engagée »

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16 Outl ine I Hiver 2019

Wealth Engineering

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17 Outl ine I Hiver 2019

Wealth Engineering

Votre seconde résidence à l’étranger sera-t-elle bientôt soumise à une autre fiscalité ?

Sur le plan fiscal, une seconde résidence à l’étranger subit un traitement moins avantageux qu’une seconde résidence en Belgique, ce qui a déjà donné lieu à plusieurs condamnations de l’État belge par la Cour de justice de l’Union européenne. Pour autant, la législation belge n’a toujours pas été modifiée, si bien que la Commission européenne a désormais décidé d’imposer des astreintes à la Belgique pour l’inciter à faire avancer ce dossier. En attendant, voyons ensemble comment déclarer une seconde résidence à l’étranger de manière avantageuse, tout en respectant la législation fiscale actuelle.

« 20 % des propriétaires belges possèdent plus d’un bien immobilier, soit 15 % de la population »

Peter Vanryckeghem Wealth Communication Manager

Julien Manceaux Senior Economist

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18 Outl ine I Hiver 2019

Comment votre seconde résidence est-elle imposée ?Si vous possédez un bien immobilier à l’étranger sans le louer, vous devez en indiquer la « valeur locative » dans votre déclaration fiscale belge. Il s’agit plus précisément de la valeur locative brute, dont sera déduit un forfait de 40 % à titre de frais. En revanche, si vous louez ce bien à l’étranger, vous devez déclarer les loyers réellement perçus, diminués des impôts déjà payés à l’étranger. Là encore, de ce montant « semi-brut » sera déduit un forfait de 40 % à titre de frais.

En principe, vous n’êtes pas imposé en Belgique sur ce montant « semi-brut », étant donné que vous l’avez déjà été dans le pays où se situe le bien concerné, et que vous ne pouvez plus l’être une nouvelle fois en Belgique en vertu de la convention de double imposition. Néanmoins, ce montant est pris en compte dans le calcul du taux d’imposition appliqué à vos autres revenus imposables en Belgique, selon la fameuse « réserve de progressivité ». En pratique, cela donne souvent lieu à une grosse différence, surtout pour les contribuables rentiers ou ceux n’ayant que leur pension à déclarer comme revenus imposables.

S’agissant d’une habitation non louée en Belgique, vous devez seulement déclarer une valeur locative forfaitaire, à savoir le revenu cadastral indexé (RCi) majoré de 40 %. Précisons que ce RCi est souvent plus faible que la valeur locative réelle d’une résidence similaire non louée à l’étranger. Si vous louez une habitation située en Belgique à un particulier qui ne l’utilise pas à des fins professionnelles, vous serez là aussi imposé sur le RCi majoré de

40 %, et donc non pas sur les loyers réels. La Belgique a déjà été condamnée à plusieurs reprises par la Cour de justice de l’Union européenne pour ce traitement fiscal moins avantageux des biens immobiliers situés à l’étranger.

Pour autant, la législation belge n’a toujours pas été adaptée, de sorte que la Commission européenne a décidé d’imposer des astreintes à la Belgique pour faire avancer les choses. Et vu les négociations gouvernementales difficiles, autant dire que cette situation peut encore durer. Mais alors, dans l’attente d’une modification de la législation, comment déclarer le plus avantageusement en Belgique le bien immobilier que l’on possède à l’étranger ?

Quel montant déclarer en Belgique ?L’administration fiscale accepte que vous déclariez votre seconde résidence à l’étranger comme vous le feriez pour une seconde résidence en Belgique. Cela signifie que vous pouvez déclarer le même montant forfaitaire que pour un bien immobilier belge. Il doit cependant s’agir d’un montant brut, duquel vous pouvez d’abord déduire les taxes acquittées à l’étranger.

S’il est vrai que vous ne trouverez aucune valeur locative forfaitaire dans certains pays, il existe en revanche la « Waarde Onroerende Zaken » aux Pays-Bas, la « valeur locative cadastrale » en France, la « rendita cadasale » en Italie et la « valor catastral » en Espagne. Vous pourrez retrouver ces montants sur vos déclarations de revenus à l’étranger.

Si aucune valeur locative n’est disponible, vous avez la possibilité de déclarer, par exemple, 22,5 % de la valeur locative réelle. La Cour d’appel de Liège a accepté cette solution dans le cadre d’une affaire en 2017, s’appuyant sur le raisonnement que, en Belgique, le RC s’élève en général à 20-25 % de la valeur locative réelle. Vous pourrez, là encore, déduire les impôts payés à l’étranger, après quoi l’administration fiscale appliquera la déduction du forfait de 40 % déjà évoqué. •

Wealth Engineering

« Si vous louez un bien immobilier à l’étranger, vous devez déclarer les loyers réellement perçus »

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19 Outl ine I Hiver 2019

Wealth Engineering

Qui est concerné ?Il ressort d’un sondage commandé par ING et réalisé par IPSOS en 2017, que 20 % des propriétaires belges possèdent plus d’un bien immobilier (soit 15 % de la population), mais que ces biens immobiliers ne sont pas souvent destinés à la villégiature. L’usage de ces propriétés secondaires diffère d’ailleurs selon les régions : 70 % des multipropriétaires flamands destinent leurs biens à la location, du moins en partie, alors que 56 % des multipropriétaires wallons ne pratiquent pas la location, mais occupent occasionnellement leurs résidences secondaires pour leurs loisirs.

De manière générale, 80 % des résidences secondaires sont situées en Belgique, mais un tiers des résidences de villégiature sont situées à l’étranger. En effet, ces biens immobiliers ne sont que rarement destinés à la location (moins de 20 %). Parmi les destinations les plus fréquentes, citons l’Espagne, la France et l’Italie qui, à elles seules, regroupent plus de 80 % des propriétés secondaires à l’étranger. On note par ailleurs que si la part des investisseurs immobiliers privés a augmenté dans l’octroi de crédits, c’est surtout l’investissement belge à des fins locatives qui en a profité.

https://about.ing.be/A-propos-dING/Publications/Publications/ING-Focus-Belgian-Real-Estate.htm (« Une brique pour les vieux jours »)

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20 Outl ine I Hiver 2019

Family Business

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21 Outl ine I Hiver 2019

Comment évolue le marché belge des fusions et acquisitions ?

Family Business

Depuis quelques années, le marché belge des fusions et acquisitions (M&A), qui se caractérise surtout par des transactions de petite et moyenne taille, est en croissance constante. Une tendance confirmée par le dernier baromètre annuel du marché M&A de la Vlerick Business School1. Selon les experts interrogés dans le cadre de cette étude, le nombre de transactions a été particulièrement soutenu en 2018. Le nombre d’acquéreurs et d’investisseurs financiers présents sur le marché belge ne cesse d’augmenter, tandis que le financement bancaire, qui joue évidemment un rôle clé dans les opérations de fusions/acquisitions, reste très accessible, avec un coût historiquement bas.

Stéphane Rouvez, Managing Director de M&A Midcorp, analyse les évolutions du marché M&A en Belgique. Intégré au département Corporate Finance d’ING Belgium, M&A Midcorp accompagne les actionnaires de sociétés de taille moyenne lors du processus de transmission de leur entreprise.

Au niveau mondial, le montant total déboursé en 2018 pour les acquisitions d’entreprises a approché les 4 trillions de dollars. Un seuil historique. Quelles sont les tendances sur le marché belge ? Comment évolue le rôle des conseillers financiers ? Décryptage avec Stéphane Rouvez, Managing Director de M&A Midcorp chez ING Belgique.

1 « 2019 M&A Monitor », enquête en ligne réalisée entre janvier et mars 2019 auprès de 154 experts des fusions/acquisitions en Belgique (www.vlerick.com).

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22 Outl ine I Hiver 2019

Vous exercez ce métier depuis de nombreuses années. Quelles sont les évolutions récentes les plus marquantes ?S.R. : Tout d’abord, l’internationalisation du métier : dans la très grande majorité des transactions que nous suivons, l’acheteur et le vendeur n’ont pas la même nationalité. Ensuite, il faut épingler le développement du private equity, dont les acteurs ont atteint aujourd’hui un niveau de professionnalisme tout à fait remarquable. Il y a, enfin, l’émergence plus récente des family offices, de plus en plus nombreux, dynamiques et organisés.

Ces différents facteurs influencent l’organisation des processus de fusions/acquisitions qui sont de plus en plus structurés et visent un plus grand nombre de candidats acheteurs, avec une attention très forte portée à la qualité de l’information communiquée. Tous ces éléments nécessitent la présence d’une équipe solide aux côtés des actionnaires.

Par contre, il y a des aspects du métier qui ne changent pas…

Lesquels en particulier ?Le rôle du banquier, notamment, dans sa capacité d’analyser et de coordonner le processus de cession avec le recul nécessaire. Quand je me charge d’un dossier, je le suis du début jusqu’à la fin. Cela requiert un réel engagement vis-à-vis de son client : il faut comprendre son activité, sa stratégie et son environnement compétitif, mais aussi la culture de l’entreprise et celle des candidats acheteurs. C’est la seule façon de gagner la confiance des actionnaires et des dirigeants qui vous choisissent comme conseiller.

Certaines études évoquent le chiffre de 300.000 sociétés belges à remettre dans les dix prochaines années, se fondant sur l’âge de leurs dirigeants, membres de la génération du baby boom. Est-ce la réalité du marché ?J’entends ce genre d’affirmation depuis que j’ai démarré dans le métier, mais ces chiffres doivent être fortement relativisés, car, dans une majorité de cas, on parle de très petites entreprises comme des commerces, par exemple. Je dirais pour ma part qu’il y a, annuellement, une centaine de transactions de taille moyenne en Belgique. Ce que je constate, en revanche, c’est une tendance croissante à l’intermédiation : les propriétaires d’entreprises qui s’appuyaient autrefois uniquement sur leur avocat et leur comptable pour mener à bien un processus de

Family Business

« Comme l’entrepreneur familial a une connaissance parfaite de

son affaire, il sous-estime souvent les exigences des acheteurs »

Stéphane Rouvez

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23 Outl ine I Hiver 2019

Family Business

vente sollicitent aujourd’hui l’aide d’un conseiller financier. Ce qui est tout à fait pertinent, car celui-ci a la capacité d’attirer plus de candidats acquéreurs et donc de faire naître un meilleur prix de vente potentiel.

Quels sont les facteurs clés de succès dans un processus de cession ?Je pense que chaque situation est unique, et il serait erroné de vouloir appliquer une recette toute faite. Une des qualités du conseiller est précisément de se monter flexible et de prendre en considération les spécificités de chaque dossier. Mais certains éléments sont indispensables : la préparation du dossier est extrêmement importante pour à la fois mettre en avant les aspects forts de l’entreprise, identifier les risques et anticiper les questions qui seront soulevées. Cette période de préparation permet aussi au cédant d’avoir une vision plus complète des enjeux. En moyenne, entre le premier contact et la signature finale du contrat de cession, un processus de M&A dure environ neuf mois.

La mise en concurrence de différents candidats acheteurs est évidemment la meilleure manière d’obtenir les termes d’un accord des plus avantageux. Certains clients préfèrent une négociation bilatérale, avec un seul candidat acheteur qu’ils ont identifié ou qui les a approchés. Ceci peut être une bonne solution dans certains cas, mais mon expérience démontre que cette voie est souvent plus longue et nécessite au final plus d’énergie. Elle est aussi plus risquée, puisque l’arrêt des négociations avec le candidat obligera le cédant à recommencer l’entièreté du processus.

Une partie de notre rôle est précisément de démontrer les avantages et les inconvénients de chacune des approches, en tenant compte de la situation de départ.

L’aspect humain est donc un facteur important dans votre métier ?Tout à fait, d’autant plus que beaucoup d’entreprises de taille moyenne sont des sociétés familiales. La cession de l’entreprise que les actionnaires ont fondée ou aidée à grandir est une étape cruciale et souvent chargée d’émotions. Pas seulement parce que l’enjeu patrimonial est important, mais aussi parce que l’entreprise, son personnel, ses clients ont fait parte intégrante de la vie des actionnaires pendant de nombreuses années.

Dans ce cadre, notre rôle est d’aider notre client à prendre du recul et d’inscrire les changements dans une perspective positive pour l’ensemble des parties prenantes. Ceci demande une bonne capacité d’analyse basée sur la comparaison de différents scénarios : depuis la préparation jusqu’à la signature en passant par la sélection des candidats acheteurs, l’analyse des offres, l’échange d’information et la négociation… les objectifs finaux étant le meilleur prix, des conditions optimales de reprise et la pérennité de l’entreprise.

Quels sont les obstacles d’ordre psychologique qui compliquent le processus de transmission ?Comme l’entrepreneur familial a une connaissance parfaite de son affaire, il sous-estime souvent les exigences des acheteurs. Il ne suffit pas d’affirmer haut et fort que son entreprise est saine, il faut en apporter la preuve par une procédure de due diligence qui doit être alimentée par des éléments concrets. Le cédant manque aussi parfois de sens de l’anticipation : il doit être en mesure de répondre aux questions des candidats acquéreurs concernant, par exemple, d’éventuels litiges en cours, des demandes de permis, etc.

D’où l’importance d’être bien accompagné. Quelles sont les qualités que le client demande à son conseiller financier ?Ce métier requiert une large palette de connaissances financières, mais aussi juridiques, ce qui implique une longue période d’apprentissage. Concernant les qualités requises, la discrétion est évidemment un des principes de base du métier. J’y ajouterai une loyauté sans faille à l’égard de son client : nous défendons ses intérêts pendant tout le processus de vente et nous respectons ses choix.

Comment voyez-vous le marché des M&A évoluer à court terme ?Les valorisations sont actuellement élevées (lire encadré, p. 25) et il faut savoir saisir les opportunités. Une partie de notre rôle consiste d’ailleurs à identifier les beaux actifs et à les valoriser au mieux. À moyen terme, la profession elle-même continuera à suivre l’évolution de la technologie : l’accès aux bases de données et la gestion de l’information, en particulier, prennent de plus en plus d’importance. Dans ce contexte, notre activité correspond parfaitement à la volonté d’ING d’allier proximité, capacité de développement et force d’un réseau international. •

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24 Outl ine I Hiver 2019

La vie de patron est rude

« Vendre son entreprise, c’est comme voir un enfant quitter le nid familial. On éprouve un gros pincement au cœur, mais si les choses se passent bien, on a aussi le sentiment du devoir accompli… » À 70 ans, Jean-François Mahieu laisse derrière lui une vie d’industriel bien remplie. Née en 1876, l’entreprise hennuyère Lebrun, qu’il a rachetée en 1992 en situation de faillite virtuelle, est un pionnier de l’industrie du froid en Belgique. Elle tire aujourd’hui une part importante de ses revenus d’une gamme de produits destinée à l’industrie aéronautique : des unités d’air conditionné permettant de rafraîchir l’atmosphère des avions en attente sur le tarmac des aéroports. « Ma réflexion au sujet de la transmission de l’entreprise a débuté il y a plusieurs années déjà. La cession n’était pas mon premier choix, je privilégiais plutôt un partenariat 50/50 avec une société industrielle complémentaire à la nôtre, mais ce rapprochement n’a pas pu se concrétiser. Je me suis alors mis en quête d’un repreneur industriel capable de poursuivre le développement de Lebrun, notamment sur le marché nord-américain où nous faisions nos premiers pas. On connaît évidemment bien notre marché et une société sortait clairement du lot en termes de synergies possibles : la société française à capitaux canadiens TLD. C’est avec elle que nous sommes entrés en négociation exclusive en 2017. »

Jean-François Mahieu a trois enfants, dont un travaillait à ses côtés depuis 2003. Maxime était chargé de la gestion commerciale de l’entreprise et de son développement sur les marchés internationaux. « Malgré mes efforts, une transmission intrafamiliale n’a pas été possible, mais je voulais éviter à tout prix que l’entreprise puisse être, à un moment ou un autre, une pomme de discorde entre mes enfants. Un élément important de

la négociation avec TLD était néanmoins que Maxime conserve ses responsabilités et puisse faire partie du nouveau comité de direction », explique Jean-François Mahieu. Claudy Urbain était à la base du développement des produits et toute l’équipe, dont l’équipe de direction. Ces équipes devaient évidemment être bien valorisées dans l’opération. « Quelque part, je vis comme une forme d’échec le fait de ne pas avoir pu garder l’entreprise dans le giron familial ni le pouvoir de décision dans la région. Mais je sais aussi qu’elle est entre de bonnes mains : TLD s’est engagée à maintenir l’ancrage régional de Lebrun et à développer l’emploi, tant direct qu’indirect, au niveau local. Le repreneur apprécie tout particulièrement la qualité du personnel de l’entreprise. » Bien que cette négociation ait été longue, Jean-François Mahieu se dit satisfait du résultat obtenu. « Durant tout le processus de négociation, qui a duré 18 mois, j’ai été magnifiquement épaulé par Stéphane Rouvez et Edith De Flines, ainsi que par l’avocat Olivier Clevenbergh. Nous avons vraiment constitué une équipe fantastique ! Parfois, lors de conference calls, nous étions deux ou trois face à une armada de dix-sept personnes et, ma foi, nous nous sommes très bien défendus (rires) ! »

Ne plus avoir, au quotidien, la responsabilité d’une entreprise de la taille de Lebrun (une cinquantaine d’emplois directs et près de 120 avec les sous-traitants locaux)) est, avoue-t-il, un soulagement. « Elle est rude, vous savez, la vie de patron », glisse-t-il… sans une once de regret pourtant. Toujours actionnaire majoritaire d’une autre entreprise industrielle (Chimiderouil à Nimy), Jean-François Mahieu souhaite apporter son expertise professionnelle à d’autres entrepreneurs de la région via des prises de participation qu’il qualifie de « non interventionnistes ». Il a aussi démarré des cours de pilotage d’avion et nourrit le projet de s’acheter une résidence de vacances au soleil. Bref, voilà un cédant heureux !

Témoignage

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Valeur (moyenne) de l’entreprise / EBITDA

Industrie pharmaceutique

Technologies

Télécommunications

Énergie et services de base

Soins de santé

Chimie

Services aux entreprises

Loisirs et médias

Biens de consommation

Produits industriels

Transports et logistique

Commerce de détail

Construction

Valeur (moyenne) de l’entreprise / EBITDA

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25 Outl ine I Hiver 2019

Vendre, pour de nouveau faire œuvre de pionnier

En 2015, Marc Vervisch a lancé une première fois le processus de recherche d’un repreneur pour son entreprise Copaco Screenweavers, leader européen en production de toiles pour écrans en fibre de verre. « Nous avons finalement arrêté le processus, parce que l’entreprise, et probablement moi-même également, n’étions pas tout à fait prêts pour cela », explique l’entrepreneur. Il consacra alors son énergie à deux entreprises durant les années suivantes. Ntgrate, une spin-off de Copaco Screenweavers axée sur la production de sols en vinyle tissé, a en effet rapidement pris son envol. Il existait des projets au sein du marché, et une demande manifeste d’un produit à la fois résistant à l’usure et facile à entretenir, mais ayant aussi un profil design auprès des architectes.

« En authentique entrepreneur, je mourrais d’envie de m’occuper de cette entreprise et de la faire grandir, exactement comme j’avais fait passer Copaco Screenweavers de 20 à 150 employés. J’ai repris les discussions avec un certain nombre de partenaires susceptibles de m’accompagner dans la recherche d’un repreneur. Lors de mon premier contact

avec ING, j’avais déjà eu une discussion particulièrement intense avec Sabine Jans, Director Corporate Finance. J’avais été fortement impressionné par le sérieux avec lequel elle abordait les choses, ce qui fut plus que confirmé par la suite. Le Néerlandais Hunter Douglas, chef de file du marché mondial de l’habillage de fenêtres (Luxaflex) s’est présenté au dernier moment comme candidat repreneur. Il nous avait déjà approchés dans le passé, si bien qu’ING, le candidat repreneur et moi-même savions que cela ne ferait qu’augmenter nos chances de reprise fructueuse. » Et ce fut le cas. Grâce à l’étude approfondie réalisée par Corporate Finance chez ING, un dossier en béton a été constitué, et les négociations ont pu commencer. « Je me rappelle que le négociateur de Hunter Douglas m’a dit par la suite qu’ils avaient dû s’accrocher pendant les négociations, notamment en raison des solides connaissances techniques et de la maîtrise du dossier de la part d’Ivan Vander Stichele, Managing Director Corporate Finance d’ING. Les Néerlandais ne s’étaient pas attendus à une telle rigueur. »

Entre-temps, six mois se sont écoulés et Marc Vervisch se retrouve non seulement un jour par semaine chez Copaco Screenweavers en tant que consultant, mais passe de nouveau régulièrement chez ING, cette fois pour discuter du prêt en vue d’un immeuble

professionnel de 9.000 mètres carrés destiné à Ntgrate dans l’Evolis Business Park à Courtrai. « Et n’oublions pas mon dernier nouveau défi », sourit l’entrepreneur. « En janvier, j’ai moi-même repris Bijttebier-Dekeyser, fabricant de moustiquaires et de portes-moustiquaires sur mesure. C’est une petite entreprise employant une nouvelle équipe de personnes enthousiastes. Elle fabrique d’excellents produits et nous la ferons découvrir à toute la Belgique au cours des prochaines années... »

« J’ai reconnu l’esprit d’un entrepreneur dans l’enthousiasme de l’équipe d’ING, l’impression d’être chez moi »

Taille et secteur influencent la valorisation Selon le « 2019 M&A Monitor » piloté par la Vlerick Business School, la valeur moyenne des PME transmises en 2018 s’est établie à 6,5 fois l’EBITDA2, contre un multiple de 5 en 2013. « Nous avons derrière nous dix années de croissance, ce qui est assez exceptionnel, et il y a, par ailleurs, d’importantes liquidités disponibles sur le marché », commente Stéphane Rouvez pour expliquer cette hausse des valorisations. Mais attention : les acheteurs accordent une prime importante à la taille. En d’autres termes, les plus petites entreprises ont, en général, une valorisation inférieure à celles des grandes entreprises. Tout simplement parce que les risques sont plus nombreux : le nombre de clients est limité, le rôle du gérant est prédominant et l’organisation interne est moins professionnelle. En 2018, le multiple était de 4,4 fois l’EBITDA dans les transactions inférieures à 1 million d’euros alors qu’il grimpait à 9,7 dans les deals supérieurs à 100 millions d’euros. Un autre critère important en ce qui concerne la valorisation est le secteur dans lequel l’entreprise est active, comme en témoigne le graphique à la page précédente.

Témoignage

2 Acronyme désignant les revenus d’une entreprise avant soustraction des intérêts, impôts, dotations aux amortissements et provisions sur immobilisation.

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26 Outl ine I Hiver 2019

Lifestyle

Depuis 2016, la librairie bruxelloise Filigranes décerne son propre prix littéraire, qui entend mettre à l’honneur des « livres de qualité accessibles à tous ». Comme le répète à l’envi le fondateur de Filigranes, Marc Filipson, si le jury du prix Goncourt avait rempli sa mission, il aurait, par exemple, récompensé La Vérité sur l’affaire Harry Quebert, qui s’est vendu à plus de cinq millions d’exemplaires dans quarante langues. Un véritable tsunami, qui a sans doute fait naître quelques vocations de lecteurs assidus. Et c’est précisément là l’objectif recherché par Marc Filipson : susciter chez d’autres cet amour de la lecture qui est, chez lui, chevillé au corps.

C’est le Français Philippe Hayat qui a remporté le Prix Filigranes 2019, avec un roman aux allures de récit initiatique, Où bat le cœur du monde. Il succède ainsi à Adélaïde de Clermont-Tonnerre en 2016, Thomas Gunzig en 2017 et Adeline Dieudonné l’année dernière. Philippe Hayat n’est pas un écrivain ordinaire. Diplômé de l’École Polytechnique et de l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), il est d’abord un entrepreneur, comme son père et son grand-père avant lui. C’est d’ailleurs en reprenant l’entreprise de ce dernier, Bâches de France, qu’il démarre dans le monde des affaires. Depuis, il a lancé ou repris de multiples sociétés, de l’incubateur de start-ups technologiques Kangaroo Village au fonds d’investissement pour PME innovantes Serena Capital. Il est également à l’origine du projet citoyen « 100 000 entrepreneurs », qui distille le goût d’entreprendre dans les écoles, notamment dans les quartiers réputés « difficiles ».

Outline a interviewé cet « être à deux têtes » quelques jours seulement après la remise du Prix Filigranes.

En septembre dernier, le Français Philippe Hayat a remporté le Prix Filigranes 2019, avec son deuxième roman, Où bat le cœur du monde. Un lauréat au profil atypique, « serial entrepreneur » avant de devenir écrivain, touché par la grâce des mots autant que par les complaintes déchirantes de Billie Holiday.

Prix Filigranes 2019

La partition sans fausse note de Philippe Hayat

« J’ai ajouté à la rationalité de l’homme d’affaires la sensibilité de l’écrivain »

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27 Outl ine I Hiver 2019

Lifestyle

Il n’est pas banal qu’un entrepreneur soit aussi romancier. Quel est le fil conducteur de vos multiples activités s’il y en a un ?P. H. : Dans tout ce que je fais, je m’interroge sur la capacité d’un individu à s’exprimer et à se dépasser. Les héros de mes deux premiers romans, Momo des Halles et Darius Zaken doivent surmonter un certain nombre d’obstacles pour parvenir à se réaliser et à tendre vers leur vocation. De la même manière, quand j’accompagne des entrepreneurs, je leur permets de faire éclore et grandir leur projet, et là encore, on est dans l’expression de soi. Enfin, au travers de l’association « 100 000 entrepreneurs », nous allons à la rencontre des lycéens et des collégiens pour les inciter à prendre leur vie en main, ce qui s’inscrit dans la même perspective.

Cela étant dit, même si je mène plusieurs projets de front, je me considère comme un auteur à part entière. J’ai embrassé ce travail d’écriture comme n’importe quel auteur, et je le fais pleinement. J’ai simplement dû organiser ma vie pour que cela soit possible.

Cela demande, en effet, une réelle rigueur. Comment structurez-vous votre journée de travail ?J’ai décidé d’écrire tous les matins. Je me lève donc relativement tôt et je coupe tous les moyens de communication habituels. Je me plonge dans mon travail d’écriture sans autre interférence. Et ma vie d’entrepreneur prend le relais quelques heures plus tard.

Avez-vous parfois la tentation de laisser tomber les affaires pour vous consacrer entièrement à l’écriture ?Ce sont des questions que je me pose, en effet. Je n’ai toutefois

pas l’impression que mes multiples activités se cannibalisent, mais plutôt qu’elles s’enrichissent mutuellement. Grâce à l’écriture, j’ai développé une capacité à mieux comprendre les interlocuteurs que j’ai en face de moi dans le cadre des affaires et à appréhender les situations de façon plus intuitive et plus humaine qu’avant. En somme, j’ai ajouté à la rationalité de l’homme d’affaires la sensibilité de l’écrivain.

Il s’est écoulé cinq ans entre votre premier roman, Momo des Halles, et celui-ci. Aspirez-vous à raccourcir ce délai ?Oui. J’ai maintenant trouvé un bon rythme d’écriture et, après quatre essais sur l’entrepreneuriat et deux romans, j’ai aussi acquis un peu d’expérience, ce qui fait que j’ai effectivement bon espoir de réduire ce délai. J’aimerais que mon prochain livre paraisse dans deux ou trois ans.

Vous balayez les époques, les continents, et mettez en scène des personnages réels. Cela nécessite un gros travail de compilation documentaire. Comment procédez-vous ?Mes héros sont des personnages de fiction, mais je les plonge effectivement dans un contexte réel et je tiens à ce que tous les éléments du décor soient rigoureusement exacts. Ils rencontrent, par ailleurs, des personnages qui ont réellement existé. J’effectue le travail de recherche documentaire au fur et à mesure, car ce sont mes personnages qui m’entraînent. Lorsque mon héros vit dans un endroit que je ne connais pas ou rencontre des personnages historiques, je me lance dans des recherches approfondies, en lisant, en visionnant des documentaires et des films, parfois même, je me rends sur place.

C’est le fondateur de Filigranes, Marc Filipson, qui opère seul la présélection des ouvrages en lice pour le prix. Au nombre de six cette année, ceux-ci sont ensuite soumis à l’appréciation d’un jury composé d’une cinquantaine de lecteurs assidus, sélectionnés par la librairie bruxelloise et les parrains du prix, dont ING Belgique. Présidé par Adeline Dieudonné, lauréate du Prix Filigranes 2018, le jury a choisi ses trois favoris parmi les six auteurs en compétition : Franz-Olivier Giesbert (Le Schmock), Philippe Hayat (Où bat le cœur du monde) et David Zukerman (San Perdido). Chaque juré a ensuite voté en ligne pour son favori et c’est Philippe Hayat qui en est sorti vainqueur, avec un roman qui se lit autant qu’il s’écoute : frappé de mutisme à la suite du lynchage de son père, victime des persécutions au sein de la communauté juive de Tunis dans les années 1930, le héros d’Où bat le cœur du monde choisira, en effet, la clarinette comme outil d’expression et vecteur d’émancipation jusqu’à devenir un musicien de jazz de génie. Petit conseil : tapez Où bat le cœur du monde sur Spotify pour écouter la playlist des morceaux qui ponctuent le récit.

Les lecteurs sont seuls juges

Adeline Dieudonné, Marc Filipson, Philippe Hayat en Thomas Gunzig

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28 Outl ine I Hiver 2019

Lifestyle

Quels sont les éléments de vécu personnel qui vous relient à votre personnage ?Darius Zaken a passé son enfance à Tunis, comme mes parents et mes grands-parents. Pour ma part, je suis né et j’ai toujours vécu à Paris, mais ce lieu est cher à mon cœur, car j’en ai énormément entendu parler. Ensuite, je suis né dans une famille aimante, qui avait des ambitions pour moi, tout comme mon personnage. La comparaison s’arrête là ! À dire vrai, je ne sais pas si, en étant plongé dans la vie de mon personnage, j’aurais réagi comme lui et cherché à m’affranchir ainsi de la volonté parentale pour exprimer mon talent.

Votre livre raconte la destinée incroyable d’un jeune juif muet devenu un clarinettiste de jazz virtuose. Qu’exprime pour vous cette musique ?Je suis un amateur de jazz, mais ni un spécialiste ni un musicien. Le jazz est issu du blues, la musique des esclaves noirs : il exprime la douleur et la mélancolie du monde, mais, grâce à son rythme, il parvient à rendre la vie plus belle. La quête de mon personnage est précisément de déceler un peu de joie dans la noirceur de l’existence au travers de la musique.

Darius est un jeune qui s’émancipe. Quel regard portez-vous sur cette jeunesse qui se mobilise aujourd’hui face aux enjeux climatiques ?Je suis très respectueux face à cet engagement. Lorsque je témoigne dans les lycées et les collèges, c’est pour encourager les jeunes à exprimer leurs talents. Ce qui n’est pas simple, car

ING veut rendre les arts et les lettres accessibles à tousING est parrain du Prix Filigranes depuis son lancement il y a quatre ans. L’art fait partie depuis toujours de l’ADN de la banque, avec une volonté affichée de « rendre l’art accessible à tous ». Grâce à ses partenariats avec la Chapelle musicale Reine Élisabeth et Tomorrowland, et ses expositions dont la réputation n’est plus à faire, ING donne accès à la musique et aux arts plastiques. Avec Filigranes, c’est la littérature qui est mise à l’honneur.

Les voix d’ING au sein du jury du Prix Filigranes sont réparties entre des membres du personnel et quelques clients qui sont aussi d’avides lecteurs. « La sélection de cette année était excellente, et les délibérations furent très enrichissantes. Il est intéressant de voir ce qui a touché l’un plus que l’autre, d’avoir des accents mis sur des passages qui n’avaient pas tant marqué d’autres lecteurs, ou d’autres critères comme la beauté de l’écriture, la musicalité du texte – qui prend un sens particulier lorsqu’on lit Où bat le cœur du monde – ou le rôle sociétal d’un livre dans ce monde troublé. Le vécu de chaque lecteur influence clairement ses choix », commente Marie Helsmoortel, Head of Private Banking Brussels et membre enthousiaste du jury. « Concernant le lauréat, cela m’a enchanté de voir que l’entrepreneur, le polytechnicien et l’auteur pouvaient se fondre en une seule personne pour donner naissance à un roman magnifique. Je vous encourage également à lire La plus précieuse des marchandises de Jean-Claude Grumberg, Prix Filigranes honorifique. Un conte précieux et exceptionnel. »

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29 Outl ine I Hiver 2019

Lifestyle

la vie est de plus en plus complexe et les deux tiers des métiers qu’ils exerceront dans le futur n’existent même pas aujourd’hui. Notre rôle est de les encourager à affronter positivement l’avenir. Je souhaite donc qu’ils nous bousculent, comme ils le font aujourd’hui au sujet du climat. On leur laisse, en effet, un héritage qui pose question : sur le plan environnemental, mais aussi dans le domaine de l’intelligence artificielle, par exemple. Une partie de mon activité consiste à financer des activités liées aux nouvelles technologies et j’ai inclus des clauses sociétales et environnementales très strictes dans les contrats qui nous lient aux entrepreneurs financés.

Quel livre se trouve aujourd’hui sur votre table de chevet ?C’est Le Tour de l’oie (Il giro dell’oca), le dernier livre d’Erri De Luca, dont j’adore l’écriture et la poésie.

Il n’y a pas de point d’interrogation au titre de votre livre. Alors, je vous pose cette question : où, d’après vous, bat réellement le cœur du monde ?D’abord, pour préciser les choses, le titre est une phrase tirée du livre et elle exprime le ressenti du personnage principal : lorsqu’il entend un air de jazz joué par Lester Young, il a l’impression que le monde entre en résonance avec cette mélodie. En ce qui me concerne, je dirais que le cœur du monde, ce sont ces moments furtifs qui permettent de saisir quelque chose d’essentiel – un paysage, une œuvre, un air de musique – dans l’opacité de l’existence.

Le Prix Filigranes est doté à hauteur de 12.500 euros, mais vous n’êtes pas un auteur désargenté ! Alors, comptez-vous affecter cette somme à un projet particulier ?Il est important que tout travail puisse rencontrer, à un certain moment, une rémunération, car cela permet de formaliser l’effort produit. Percevoir la partie financière du prix me fait donc beaucoup

de bien sur le plan symbolique, car c’est une reconnaissance du travail accompli. En tant qu’entrepreneur, je consacre une partie de mes revenus à des associations, et vraisemblablement ce montant-là suivra le même chemin, mais je souhaite d’abord identifier les associations bénéficiaires avec précision. •

« Je souhaite que les jeunes nous bousculent, comme ils le font aujourd’hui au sujet du climat »

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30 Outl ine I Hiver 2019

Évènement

Vue de l’exposition «Love. Hate. Debate. Start a conversation with the ING Collection»De gauche à droite: Henry Moore, «Three Way Piece No. 1 : Points»; Alighiero Boetti, «Svelare e Rivelare”; Arnaldo Pomodoro, «La Colonna del Viaggiatore»; Craigie Horsfield, «Joanna et Michal Ronikier» © SABAM Belgium 2019 © Photo: Jean-Jacques De Nayer

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31 Outl ine I Hiver 2019

Il est là, pensif, dans son costume sombre. Silhouette anonyme, comme prisonnière du miroir qui l’enserre. L’Uomo che Pensa de Michelangelo Pistoletto est l’une des premières œuvres que découvre le visiteur de l’exposition Love. Hate. Debate. Start a Conversation with the ING Collection, qui est présentée actuellement à l’ING Art Center à Bruxelles. Et elle en est la quintessence même, car, dans le miroir, s’affiche aussi le reflet de celui qui la contemple… Après avoir exploré une soixantaine de chemins artistiques différents au travers des expositions qu’elle crée depuis 1986, ING a fait le choix de l’introspection : elle a voulu interroger sa propre collection - l’une des toutes premières collections d’entreprise de Belgique - et, par ce biais, questionner le visiteur au sujet de sa relation personnelle à l’art. « Notre idée première était de dépasser les impressions premières « j’aime » (Love) / « je n’aime pas » (Hate) pour pouvoir plonger au plus profond de l’art et y trouver une caisse de résonance qui varie d’une personne à l’autre en fonction de son vécu et de sa sensibilité (Debate) », explique Anne Petre, Head Curator ING Collection Belgium.

Love. Hate. Debate.Et si nous conversions ?« Ceci n’est pas une exposition. Et vous n’êtes pas un simple visiteur. » C’est ainsi que sont accueillis les visiteurs de « Love. Hate. Debate. Start a Conversation with the ING Collection » qui se tient à l’ING Art Center jusqu’au printemps prochain. On pousse la porte et on discute ?

Évènement

Anna Lea Hucht, Untitled, 2007, The ING Collection.Droits réservés, Courtesy Meyer Riegger Berlin © Photo Vincent Everarts

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32 Outl ine I Hiver 2019

Évènement

Écoute, partage, confrontationCette « conversation » n’aurait pu avoir lieu si l’exposition s’était construite sur un fil chronologique ou thématique. Dans un espace totalement ouvert, elle a donc choisi de favoriser le dialogue entre des œuvres d’époques et d’origines différentes, depuis les œuvres d’avant-garde rassemblées par le baron Léon Lambert (1928-1987) jusqu’à des pièces acquises beaucoup plus récemment par ING Group. Piet Mondrian, Gustave De Smet et Constant Permeke y côtoient, dès lors, des artistes emblématiques des années 1960 et 1970 comme Rauschenberg et Gilbert & George, ou des années 1990 et 2000 comme Roni Horn et Antony Gormley, eux-mêmes reliés par un fil invisible à des créatrices contemporaines telles que Cadine Navarro ou Ariane Loze. « Cette déambulation sans début ni fin permet d’exprimer au mieux ce que l’œuvre peut révéler », souligne Anne Petre.

Face à ces œuvres, le spectateur est invité à jouer un rôle actif. Un code QR qui peut être scanné par un téléphone portable permet au « regardeur » de donner son avis sur les œuvres proposées et

de répondre aux questions qu’elles suscitent. L’être humain est-il né pour voyager ? semble questionner Arnaldo Pomodoro au travers de sa Colonna del Viaggiatore, habituellement plantée dans le grand hall du bâtiment Marnix, siège d’ING Belgique. Tout n’est-il qu’une question de suffisance ? se demande l’artiste israélien Itamar Gilboa, qui a consciencieusement dressé la liste de tous les aliments consommés durant une année pour, ensuite, couler dans le plâtre un menu de plus de 6.000 ingrédients, sorte de nature morte de notre société de surconsommation. Ou, plus dérangeant sans doute, Y a-t-il une différence entre criminels et gens ordinaires ? : c’est la terrible question que suscite l’ensemble de 115 photos noir et blanc d’officiers nazis photographiés en famille ou entre amis, détendus et souriants. L’installation du Français Christian Boltanski, qui distille une sourde angoisse, invite spontanément au débat sur la nature de l’être humain, mais aussi sur la manière dont l’art nous aide à appréhender la vie et ses parenthèses douloureuses.

Les 60 œuvres présentées à l’ING Art Center ne constituent pas, précise Anne Petre, un best of de l’impressionnante collection d’ING. Leur choix est le fruit d’une réflexion collective menée en interne, avec l’appui de trois jeunes historiens de l’art liés à l’écosystème culturel de la banque. « Un choix qui tient compte du passé, du présent et du futur. Qui reflète aussi la manière dont les œuvres sont présentées dans les espaces publics, les couloirs et les bureaux de la banque : un mélange d’œuvres monumentales et de réalisations plus intimistes, un mix d’artistes venus d’horizons divers. » Une des œuvres sélectionnées n’appartient même pas à ING : c’est celle de Floris Vanhoof (Polyhedra), lauréat, en 2015, du prix du public du

« La pertinence de la présence de l’art dans l’entreprise ne fait aucun doute pour ING »Anne Petre, Head Curator ING Collection Belgium

Michel François, Enroulement, 1995, paper and clay, 140 x 140x 7 cm © SOFAM, Belgium,2019 / SABAM, Belgique, 2019. © Photo Dries LuytenAnne Petre

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33 Outl ine I Hiver 2019

Évènement

Le coup de cœur d’OutlineIl s’appelle Kiki et fait partie des Gold Series de l’artiste franco-américaine Cadine Navarro.

Sous une couche protectrice formée de feuilles d’or 24 carats, celle-ci a disséminé des graines de plantes qui, en cas de crise (la signification du mot Kiki en japonais), pourraient être plantées. Celles-ci le sont d’ailleurs symboliquement lors de performances artistiques organisées aux quatre coins du monde, et notamment avec une autre version de Kiki, mise en terre dans le jardin jouxtant le siège d’ING Belgique au printemps 2018. Une nouvelle performance est prévue en 2020 dans le cadre du programme parallèle de l’expo Love. Hate. Debate.

On l’aura compris : le réchauffement climatique et ses terribles enjeux sociétaux sont au cœur du processus de création de Cadine Navarro. Au travers de son art, elle ne cesse de questionner le rapport que nous entretenons avec la nature. Son « coffre-fort » végétal est comme une réplique miniature de la Réserve mondiale de semences du Svalbard (île norvégienne du Spitzberg), destinée à protéger de toutes les catastrophes les graines de l’ensemble des cultures vivrières de la planète. Supposée inviolable, celle-ci semble bien menacée aujourd’hui par la fonte du pergélisol… Aussi fragile que l’est une toute jeune pousse, l’humanité pourra-t-elle survivre aux bouleversements actuels ? En japonais, Kiki signifie « crise » mais aussi « opportunité » !

« Demander à des individus qui sont là pour travailler de s’investir en plus dans la compréhension des œuvres qui les entourent est difficile »Pierre Bismuth, concepteur du projet Collection/Connection

Cadine Navarro, Kiki, 2017 – 2018, Various seeds, hand-made paper, gold leaf (24K), oak frame and cardboard, 80 × 80 cm © SABAM, Belgique, 2019. © Photo Vincent Everarts

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34 Outl ine I Hiver 2019

Évènement

BelgianArtPrize, une récompense prestigieuse décernée en Belgique dans le domaine de l’art contemporain et que la banque soutient depuis de nombreuses années. « C’est, pour nous, une manière de questionner la notion de possession dans le cadre d’une collection d’entreprise. Il n’est plus seulement question d’acquérir des peintures, des sculptures ou des installations, mais de développer des projets artistiques avec des partenaires, comme nous l’avons fait aussi avec le HISK (Hoger Instituut voor Schone Kunsten) à Gand, afin de permettre à certains artistes d’amplifier leur travail de création », témoigne Anne Petre.

Le prolongement d’une dynamique interne L’exposition Love. Hate. Debate. est le prolongement naturel d’un projet mis en œuvre au sein de la banque à la suite des importants travaux de rénovation du bâtiment de l’avenue Marnix. Ceux-ci ont nécessité de déplacer les pièces de la collection qui y étaient exposées conformément à la volonté première de Léon Lambert

Banquier et esthèteComptant plus de 2.000 œuvres, la Collection ING est l’une des plus importantes collections d’entreprise de Belgique. Son noyau historique est constitué des peintures et sculptures acquises, à partir des années 1960, par le baron Léon Lambert. Héritier d’une prestigieuse lignée de banquiers étroitement liée à la famille Rothschild, il est nommé associé-gérant de la Banque Lambert en 1950. De sa mère, la baronne Hansi Lambert, il a hérité le sens du beau et durant toute sa vie, il bâtira une impressionnante collection d’art contemporain. À la suite de l’incendie, en 1956, de l’hôtel d’Ennetières, résidence de la famille Lambert et siège de la banque familiale depuis trois générations, il confie à l’architecte américain Gordon Bunschaft la construction de l’écrin destiné à accueillir le nouveau siège de la Banque Lambert et sa collection privée d’œuvres d’art. Car, selon ses propres termes, ce nouvel édifice est « destiné à embellir notre capitale et à montrer combien étroitement les affaires et l’art peuvent être associés » (voir Outline d’août 2019). Féru d’art contemporain, Gordon Bunschaft introduit le financier belge dans différents cercles artistiques outre-Atlantique, lui donnant ainsi l’opportunité d’acquérir des œuvres marquantes de l’avant-garde américaine. Léon Lambert entretiendra d’ailleurs une correspondance soutenue avec certains d’entre eux, comme Robert Rauschenberg.

La fusion de la Banque Lambert et de la Banque de Bruxelles en 1975 donnera un nouveau coup d’accélérateur à cette prestigieuse collection familiale. Celle-ci passera partiellement dans le giron de la BBL quelques mois avant le décès du baron Lambert en 1987, le reste des œuvres ayant été confié à Christie’s et vendu aux enchères à New York, Londres et Amsterdam entre mai et juillet 1987. Depuis, la banque ING a continué d’étoffer la collection, développant quantité d’interactions et de partenariats avec des artistes belges et étrangers.

Andreas Gursky, Ofenpass, 1994, Cibachrome print 186 × 221 cm

© Andreas Gursky. CourtesySprüth Magers/ SABAM, Belgium, 2019

© Photo Jean-Jacques De Nayer

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35 Outl ine I Hiver 2019

Évènement

(lire encadré). La question d’une nouvelle forme d’accrochage s’est posée dès la fin des travaux. Pour nourrir cette réflexion, ING a fait appel à l’artiste Pierre Bismuth. « Un des enjeux de la mise en valeur de la collection ING au siège de la banque a été de réfléchir à la relation très particulière entre les employés et les œuvres. Comment valoriser cette collection auprès d’un public en contact quotidien avec les œuvres, sans pour autant avoir choisi de s’y intéresser ? Et comment empêcher que celles-ci ne se fossilisent, dans un environnement qui ne laisse normalement aucune place à l’errance et à la rêverie ? », commente ce dernier.

Parce que « mimer l’accrochage muséal dans un lieu de travail est forcément voué à l’échec », Pierre Bismuth a développé le concept Collection/Connection. En écho au principe du flex desk, qui implique la suppression des postes de travail fixes au sein des services de la banque, cet artiste conceptuel a proposé de relier une œuvre à un collaborateur plutôt qu’à un élément de l’architecture du bâtiment. Pour ce faire, il a invité les employés qui le souhaitaient à se connecter à une œuvre de manière aléatoire (le choix du binôme étant opéré par un logiciel). Comme si, au final, c’était l’œuvre qui choisissait son parrain/sa marraine et non l’inverse. « Tout comme le collectionneur, l’employé participe à l’histoire de l’œuvre en associant son nom à celui de l’artiste et, par cette appropriation, il empêche qu’elle soit réduite à un simple élément de décor. » Environ 450 œuvres de la collection ont ainsi trouvé un parrain ou une marraine, et cette filiation est reprise sur la fiche signalétique accompagnant l’œuvre concernée. Dans la mesure du possible, celle-ci suit physiquement son « mentor » dans ses évolutions de carrière.

Le lien entre le projet Collection/Connection et l’exposition se concrétise par une dizaine de capsules vidéo, dans lesquelles des parrains et marraines évoquent cet engagement particulier face au public de l’ING Art Center. Une jolie manière de boucler la boucle. •

Love. Hate. Debate. Start a Conversation with the ING CollectionDu 23 octobre 2019 au 15 mars 2020. Ouvert du mardi au dimanche, y compris les jours fériés, ainsi que les lundis 28 octobre, 23 et 30 décembre, et 24 février. De 10 h à 18 h (nocturnes tous les mercredis jusqu’à 21 h)ING Art Center, place Royale 6, 1000 Bruxelles. Tél. : 02 547 22 92.

Un très riche programme parallèle, qui propose d’autres manières d’aborder l’exposition, a également été mis en place de sorte que chacun peut la découvrir sous l’angle qui lui parle le plus. Ce programme a été élaboré avec la collaboration de partenaires culturels comme l’incubateur Creatis, l’asbl Jeunesse et Arts Plastiques ou encore la Chapelle Musicale Reine Elisabeth. Il est organisé autour de quatre axes : concerts, conférences, ateliers, et visites familiales. Plus d’infos sur le site www.ing.be/art

Informations pratiques

Thomas Ruff, Portraits (S. Ergolovitch, L. Laahme, P. Knyrim, K. Eckert), 1998, Colour photographs 210 x 165 cm x 4. © Thomas Ruff und ESO / SABAM, Belgique, 2019. © Photo Vincent Everarts

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ING Belgique SA • Banque • avenue Marnix 24, B-1000 Bruxelles • RPM Bruxelles TVA : BE 0403.200.393 • BIC : BBRUBEBB • IBAN : BE45 3109 1560 2789 Éditeur responsable : Philippe Wallez • Cours Saint-Michel 60, B-1040 Bruxelles 716146F • 11/2019 • © Editing Team & Graphic Studio • Marketing ING Belgium

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