Ouest France - 26-07-2020

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Le Puy du Fou revoit sa jauge du public page 2 PHOTO : CAPTURE D’ÉCRAN FRANCE 2 À Nice, Jean Castex s’attaque à l’insécurité et prône la proximité page 3 L’État offre ses premiers masques PHOTO : JÉRÉMIE FARO, OUEST-FRANCE La Mayenne, où l’épidémie de coronavirus flambe, a reçu 650 000 masques en tissu de l’État. La distribution aux habitants a commencé hier. page 2 Cathédrale de Nantes : le suspect devant le juge Le bénévole placé en garde à vue il y a une semaine, après l’incendie de la cathédrale, a été présenté hier au parquet de Nantes. page 4 PHOTO : JULIEN LESINGE Une 1,20 € n° 1173 du 26 juillet 2020 Justice et Liberté actualités le magazine Edition France

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L’État offre ses premiers masques

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Cathédrale de Nantes :le suspect devant le juge

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La Mayenne, où flambe l’épidémie de coronavirus, a reçu de l’État, cette semaine,650 000 masques en tissu. La distribution a commencé hier dans certaines communes.

650000masquesdistribuésauxMayennais

spectacle, tout le monde garde sonmasque, bien que nous soyons enplein air. »

Diffusé au cours du même reporta-ge, un entretien téléphonique donnela parole au préfet de la région des

Pays de la Loire, Claude d’Harcourt.« Le préfet (de Vendée) n’a rienaccepté du tout. L’exploitant con-naît les textes. Il engage sa respon-sabilité s’il ne les respecte pas »,explique-t-il. Une distance qui irrite

Près de 12 000 personnes se sont déplacées pour l’ouverture annuellede la Cinéscénie. | PHOTO : CAPTURE ÉCRAN FRANCE 2

Reportage

« Pensez bien à les laver à 60 °C,puis les repasser à 120 °C. » Ce con-seil, Philippe Guiard le répète inlassa-blement et avec le sourire aux habi-tants de Craon, dans le Sud-Mayen-ne. Ces derniers viennent chercherdes masques, ce samedi, à la salle duMûrier. L’adjoint aux finances estdevant le bâtiment depuis 9 h 30 et sedit satisfait de cette distribution gratui-te. « C’était une attente des habi-tants, car certains publics ontbesoin de cette gratuité pour se pro-téger correctement », remarque-t-il.

Vulnérabilité élevée

Des masques gratuits, les Mayennaisen avaient déjà reçu 300 000 (un parpersonne) le 8 mai, mais de la part duConseil départemental. Ce samedi,c’est le ministère de l’Intérieur quirégale, une première. 650 000 mas-ques blancs, équipés d’élastiquesaux oreilles, ont été envoyés à laMayenne, où le port du masque estobligatoire dans tous les lieux publicsclos depuis le 17 juillet. Des protec-tions distribuées ensuite par les com-munes, comme celle de Craon, quien a reçu 9 000 pour 4 600 habitants.

Le département est toujours ensituation de vulnérabilité élevée et enplein plan d’action de l’Agence régio-nale de santé, un plan qui comprend

des dépistages massifs de la popula-tion. La situation fait encore beau-coup parler ce samedi.

« Les gens qu’on voit ont besoinde parler, c’est une période trèscompliquée pour eux, observe Clau-de Langevin, maire délégué de Châ-tres-la-Forêt, une commune délé-guée d’Évron. Ils nous disent qu’ilsont peur d’un reconfinement. Et ilssont touchés par tout ce qu’on dit ence moment sur la Mayenne. » Alors,ce samedi matin, comme à Craon,l’élu a privilégié non pas une distribu-tion à domicile, mais dans une salle.Pour éviter de se retrouver face aux

portes closes des villageois partis envacances. Mais aussi pour rassurer,prendre des nouvelles.

Dans les deux villes, on apprécie cecontact direct. « Cela permet de fairela connaissance des nouveauxélus », sourit René Chardron, 77 ans.Et on plébiscite les masques gratuitsqui vont avec. « Je les trouve trèsbien et en avoir deux par personnepermet d’avoir du change, c’estappréciable », confie Isabelle Bou-vier, 42 ans et mère de trois enfants.« Je vais pouvoir en mettre danschaque tracteur », se réjouit quant àlui cet agriculteur.

L’opération a en tout cas connu unbeau succès dans les deux commu-nes. À Craon, « il y a eu du monde encontinu », indique Philippe Guiard.Tandis qu’à Châtres-la-Forêt, près de500 masques sur les 1 500 reçussont partis en une matinée.

Les distributions se poursuivront lasemaine prochaine en Mayenne.Notamment dans les villes importan-tes, comme Laval, où l’on attend labagatelle de 99 456 masques pourprès de 50 000 habitants.

Julie PLOUVIERet Florence STOLLESTEINER.

Hier, Craon était l’une des premières communes à distribuer les masques gratuits de l’État. | PHOTO : JÉRÉMIE FARO, OUEST-FRANCE

Les images ont largement fait réagirsur les réseaux sociaux : « Le Puy duFou a pu accueillir 12 000 specta-teurs pendant qu’on limite les sta-des à 5 000 max », tweetait par exem-ple le compte Actu Foot, hier.

Les réactions font suite à un repor-tage de France 2 diffusé au journal de13 h. « Une foule impressionnante.12 000 personnes assises les unes àcôté des autres », décrit la voix off dece reportage réalisé vendredi à quel-ques minutes du coup d’envoi de laCinéscénie, un spectacle en plein airtrès prisé au Puy du Fou, le célèbreparc à thèmes situé aux Épesses, enVendée.

Le président du parc, Nicolas de Vil-liers, a tenté d’éteindre le feu : « Ce nesont pas 12 000 personnes maistrois fois 4 000 personnes, des jau-ges qui permettent d’avoir desmesures sanitaires drastiques. Lesentrées et les sorties sont séparéesde manière à ce qu’à aucun momentles publics des différents espacesne puissent se croiser. Et pendant le

Nicolas de Villiers : « L’autorisation aété donnée par un arrêté municipalaprès passage d’une commissionde sécurité présidée par le préfet dudépartement. » Hier, malgré plu-sieurs appels, le préfet de la Vendée,Benoît Brocart, n’était pas joignable.

Pourtant, en France, depuis ledécret du 10 juillet, « aucun événe-ment réunissant plus de 5 000 per-sonnes ne peut se dérouler sur le ter-ritoire de la République jusqu’au31 août 2020 ».

Finalement, Nicolas de Villiers adécidé de réduire la voilure hier soir :« Il est bien évident que cette ouver-ture était de notoriété publique etque le préfet n’aurait pas manqué del’interdire en cas de désaccord. Tou-tefois, nous ne voulons pas laisserpenser que le Puy du Fou serait prêtà mettre le public en danger. Nousannonçons donc dès ce samedinotre intention d’accueillir5 000 personnes dans une seule tri-bune, dès le week-end prochain. »

Claire HAUBRY.

Après la polémique, le Puy du Fou revient à 5 000 spectateurs

France

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Éditorial par Jeanne Emmanuelle Hutin

L’Europe a franchi une grande éta-pe. Car nos pays se sont accordéspour emprunter ensemble afin definancer un plan de relance histori-que de 750 milliards d’euros. Lasolidarité l’a emporté sur le chacunpour soi qui s’était manifesté audébut de la pandémie. Il faisait« courir un danger mortel à l’Unioneuropéenne », avertissait JacquesDelors le 28 mars.

La France et l’Allemagne, le prési-dent Emmanuel Macron et la chan-celière Angela Merkel, ont joué unrôle décisif dans cette avancée.Sans leur initiative commune ce« vrai plan Marshall », commel’appelle le chef du gouvernementespagnol, Pedro Sanchez, ne pour-rait voir le jour. Il devrait permettred’affronter la crise provoquée par lapandémie, « la plus dure depuis laSeconde guerre mondiale ».

Cette « capacité d’unité est unsignal ». Elle dit aux peuples euro-péens que « l’Europe est robuste »,déclarait le président du Conseileuropéen, Charles Michel. « Quandc’est nécessaire, l’Union europé-enne se rassemble et progressepour aider les peuples europé-ens », observait Christine Lagarde.« On reconnaît qu’il y a entre nousun destin européen », analysaitJean Arthuis dans Ouest-France.

Cette prise de conscience est fon-damentale à l’heure où « la Chine,la Turquie, la Russie mais aussi lesÉtats-Unis mettent tout en œuvrepour affaiblir une Europe quidemeure une zone de prospéritéet de liberté unique au monde »,écrivait Jean-Dominique Giulianidans Ouest-France. Cette unité desEuropéens est chaque jour plusnécessaire. Les tensions militaires

en Méditerranée nous le redisent.Mais cette solidarité entre les

Européens appelle tout autantnotre sens de la responsabilité. Car,c’est d’abord une dette que nousmettons en commun et non desrichesses. Ce qui était le cas lors dela création de la Communauté ducharbon et de l’acier en 1950. Celasignifie que notre solidarité doits’étendre aussi aux jeunes généra-tions dont nous engageons l’avenir.

Le ballon d’oxygène que repré-sentent ces milliards ne sauraitdonc uniquement servir à panserles plaies du présent. Il doit aussipermettre de fortifier les fonde-ments d’une Europe libre et prospè-re, d’une Europe forte et démocrati-que, capable de tenir dans les ora-ges et les tempêtes du XXIe siècle.

Cette avancée historique est unefierté, a déclaré la présidente de la

Commission, Ursula von der Leyen.Mais c’est aussi « une grande res-ponsabilité », a-t-elle ajouté. Elle aregretté que les responsables euro-péens, « dans leur recherche d’uncompromis […], aient fait des ajus-tements », diminuant de moitié lebudget prévu pour soutenir les poli-tiques de modernisation. Desdomaines essentiels pour l’avenirde l’Europe sont touchés : la défen-se et les opérations extérieures,l’Espace et la recherche, la jeunes-se, le Green deal, la santé… Pour leParlement européen, « ces coupessont inacceptables ». Car « ondésinvestit dans toutes les politi-ques communes », a déclaré ledéputé Marc Angel.

L’heure n’en reste pas moins à lajoie de cette avancée historique.Mais il faudra veiller à ne pas sacri-fier l’avenir au présent.

Européens, solidarité et responsabilité

Jean Castex était hier à Nice en com-pagnie de Gérald Darmanin, ministrede l’Intérieur, et Éric Dupond-Moretti,ministre de la Justice, pour annoncerun volet de mesures contre l’insécuri-té. Après une minute de silence enhommage aux quatre-vingt-six victi-mes de l’attentat du 14 juillet 2016, lePremier ministre s’est rendu dans lequartier sensible des Moulins, où onteu lieu deux fusillades ce mois.

C’est à midi, à la préfecture de Nice,que le chef du gouvernement, venuafficher sa « détermination à fairecesser les violences du quotidien »,a dévoilé ses différentes mesures.

Amendes pour les usagersde cannabis

Au niveau national d’abord, la forfaiti-sation des délits de stupéfiants seragénéralisée à la rentrée. Déjà expéri-mentée dans plusieurs villes, elle per-met aux forces de l’ordre d’imposerimmédiatement une amende de200 € en cas de flagrant délit d’usagede produits stupéfiants (150 € sipayée dans les quinze jours ou 450 €si retard). Elle devrait permettre de« lutter contre les points de vente quigangrènent les quartiers », et s’appli-que à toutes les drogues, mais viseen priorité les usagers de cannabis.

Par ailleurs, Jean Castex a annoncéla création de 150 emplois pour ren-forcer la justice de proximité, « qui atrop longtemps été délaissée » et« renforcer l’action pénale de proxi-mité pour la répression de la délin-quance du quotidien ».

Le Premier ministre, qui annonçaitdéjà lors de son discours de politiquegénérale le 15 juillet, la création pro-chaine de la fonction de « juge deproximité », a persévéré : « La sécuri-té, c’est aussi et d’abord la proximi-

té. » Et lance, dans cette même visée,une nouvelle expérimentation, à Nice,sur l’extension des compétences dela police municipale, dans un cadrefixé prochainement par les ministresde l’Intérieur et de la Justice.

À ses côtés, le maire de Nice Chris-tian Estrosi s’est félicité de la confian-ce et du soutien accordés par le Pre-mier ministre, qui a par ailleurs faitsavoir que soixante policiers supplé-mentaires seraient affectés à la policeniçoise, avec une indemnité de fidéli-sation pour les fonctionnaires restantplus de deux ans en poste.

« La seule loi qui vaille, c’est cellede la loi républicaine et de l’État de

droit », a continué le Premier ministre,alors que l’actualité est marquée parun regain de violences depuis plu-sieurs semaines. À Dijon, mi-juin, unevendetta tchétchène avait fait unevingtaine de blessés. À Bayonnedébut juillet, un chauffeur de bus estdécédé des suites d’une agressionde passagers. Une soignante a étépercutée et traînée sur 800 m par unevoiture à Lyon, un pompier blessé parballe à Étampes. Et à Nice, après unefusillade en pleine journée la semainedernière, le corps d’un homme tué àl’arme blanche a été retrouvé hierdans les parties communes d’ungarage, au moment de la visite des

trois ministres.Cette semaine, Emmanuel Macron

et Gérald Darmanin s’étaient déjàexprimés au sujet de la délinquance.Mardi, le chef de l’État avait promisd’être « intraitable » sur les incivilités àl’égard notamment des forces del’ordre et des pompiers, pour qu’ellesne deviennent pas « une habitude ».Tandis que le ministre de l’Intérieurinsistait, vendredi : « Nous assistonsà une crise de l’autorité. Il faut stop-per l’ensauvagement d’une certainepartie de la société. Il faut réaffirmerl’autorité de l’État, et ne rien laisserpasser. »

Juliette COULAIS.

Jean Castex entouré d’Éric Dupond-Moretti (à gauche) et de Christian Estrosi, hier, à Nice. | PHOTO : YANN COATSALIOU, AFP

À Nice, Jean Castex prône la sécurité de proximitéLe Premier ministre a annoncé ses premières mesures en matière de sécurité, hier, lors d’une visiteà Nice. La ville assiste depuis plusieurs semaines à une recrudescence de violences.

France

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La Corée du Sud fait face à une nou-velle hausse des cas de coronavirus.Deuxième pays touché chronologi-quement après la Chine, la Corée duSud, remarquée pour sa gestion de lacrise, n’a jamais imposé un confine-ment strict. Le pays fait état de113 nouveaux cas, dont quatre-vingt-six personnes arrivées de l’étranger. Ils’agit de son bilan le plus élevédepuis quatre mois.

Corée : cas de Covid en hausse

Vingt-huit corps de soldats quiavaient tenté un coup d’État contre ledictateur Omar el-Béchir en 1990 ontété découverts, jeudi. En juin, déjà,une dizaine de corps de jeunes sol-dats déserteurs disparus depuis1998 avaient été retrouvés dans unefosse commune. L’ancien président,déchu pendant les manifestations duprintemps 2019, a comparu, mardi,lors d’une première audience, devantune cour spéciale à Khartoum.

Un nouveau charnier au Soudan

L’ancien président de la Républiquecentrafricaine, François Bozizé, aannoncé, hier, devant une foule demilitants, sa candidature à l’électionprésidentielle de décembre. Il avaitdirigé le pays de 2003 à 2013, avantd’être chassé par une coalitionmusulmane Seleka. Il fait l’objet,depuis son exil, d’un mandat d’arrêtpour crimes contre l’humanité et inci-tation au génocide. Il avait apportéson soutien aux milices chrétiennesanti-Balaka.

Centrafrique : Bozizé candidat

Des milliers de Russes sont descen-dus dans la rue, hier, à Khabarovsk(Extrême-Orient). Ils protestent con-tre l’arrestation et le limogeage dugouverneur régional, Sergueï Four-gal, accusé dans une affaire de meur-tres. Les manifestants, qui dénoncentune manœuvre politique, ont scandédes slogans anti-Poutine.

| PHOTO : EVGENII PEREVERZEV, REUTERS

Manifestation contre Poutine

Une enquête préliminaire a été ouver-te pour crimes contre l’humanité con-tre Aloys Ntiwiragabo, chef des ren-seignements militaires pendant legénocide au Rwanda en 1994. Dansun article paru vendredi, Mediapartaffirmait avoir retrouvé cet homme,âgé de 72 ans, près d’Orléans.

Rwanda : une enquête ouverte

La prime à la rénovation énergétiquedes logements sera accessible sanscondition de revenus à partir de 2021,a indiqué Emmanuelle Wargon, laministre du Logement. Lancée le1er janvier, « MaPrimeRénov » n’a paseu le succès escompté. Seulement50 000 ménages en ont bénéficié,contre les 200 000 attendus.

Logement : une nouvelle prime

Plus de huit lycéens sur dix inscritssur Parcoursup ont déjà reçu une pro-position d’admission. Pour ceux res-tés sans proposition, le gouverne-ment a décidé de programmer21 500 places supplémentaires.5 700 places sont créées pour per-mettre des poursuites d’études dansles filières courtes (STS), très sollici-tées cette année. Jusqu’à 4 000 nou-velles places dans les licences serontcréées dans les filières les plusdemandées, notamment les filièresde santé.

Bac : des places en plus

Un avion ultraléger s’est écrasé sur letoit d’une maison, hier, à Wesel, dansl’ouest de l’Allemagne. Trois person-nes sont décédées lors de l’accident :les deux pilotes et l’habitante de lamaison. Cette dernière se trouvaitavec son enfant de 2 ans, qui a étélégèrement blessé.

Crash d’ULM : trois morts Le pianiste suisse Alain Roche s’estproduit, hier, à Nantes. Sa particulari-té ? Il joue de son instrument à la verti-cale, porté par une grue, à 40 m dusol. Pour réaliser cette performance,l’homme a pu compter sur une équi-pe de sept personnes : grutier, ingé-nieurs du son, chorégraphe desvols…

| PHOTO : OUEST-FRANCE

Nantes : un pianiste dans les airs

Le monde et la France en bref

Nouveau coup de théâtre dansl’enquête sur l’incendie de la cathé-drale de Nantes, survenu le 18 juillet.L’homme, un bénévole du diocèse,âgé de 39 ans, avait été placé en gar-de à vue, puis libéré le 19 juillet,« sans aucune poursuite ». Il a finale-ment été interpellé et placé en gardeà vue, hier.

Dans un communiqué, le procureurde la République de Nantes, PierreSennès, annonce que « les premiersrésultats communiqués par le labo-ratoire central de la préfecture depolice de Paris amènent à privilégierla piste criminelle ». Les développe-ments de l’enquête ont ensuite « con-duit à l’interpellation de cette mêmepersonne ce jour (hier), à 6 h 15, etson placement en garde à vue ».

À la suite de sa garde à vue, l’hom-me a été présenté, hier soir, au par-quet de Nantes, qui a ouvert une infor-mation judiciaire pour les chefs de« dégradations, détériorations oudestruction du bien d’autrui parincendie ».

Emmanuel, bénévoleen charge de la sécurité

Mais qui est cet homme ? Un certain« Emmanuel ». C’est l’un des septbénévoles en charge de la sécuritéde l’édifice. Ce retournement desituation ne manquera pas de sur-prendre les gens qui le côtoyaient.

Le père Hubert Champenois estrecteur de la cathédrale depuis septans. Il connaît bien cet homme, quifréquente la paroisse depuis quatre àcinq ans et aide parfois à la liturgie. « Il

est servant d’autel, précise l’hommede foi, interrogé le jour du premier pla-cement en garde à vue. Ça se passetoujours bien avec lui. C’est unRwandais réfugié qui a fait des

démarches pour obtenir despapiers en France. Il a toute ma con-fiance. »

Ceux qui le connaissent sem-blaient, la semaine dernière, déjà sur-pris. L’organiste Michel Bourcier n’ycroyait pas : « On se dit bonjour etbonsoir depuis plusieurs années. Ilest extrêmement courtois et c’est unhabitué des lieux. »

Il a bien « demandé sa régularisa-tion », précisait alors le procureur,ajoutant qu’il avait récemment envoyédes courriels à plusieurs membres dudiocèse, afin d’attirer l’attention sur sasituation, en exprimant le besoin desoutien dans ses démarches. D’aprèsune source proche de l’enquête, « iln’était pas à sa première demandede titre de réfugié ». Déjà soutenuespar le diocèse, les demandesauraient toutes été rejetées.

Dans le récit de la soirée qu’il avaitlivré, la semaine dernière, des contra-dictions étaient apparues, mais leprocureur avait expliqué qu’ellesavaient pu être levées lors de la pre-mière garde à vue.

Il devait être présenté à un juged’instruction en vue de sa mise enexamen. Le procureur a requis sonplacement en détention provisoire.Le juge des libertés et de la détentiondevait en décider, tard dans la nuit.

Julie ECHARD.

La cathédrale a été sérieusement endommagée par l’incendie.| PHOTO : JÉRÔME FOUQUET, OUEST-FRANCE

Incendie de la cathédrale : le suspect devant le jugeUne semaine après l’incendie de la cathédrale de Nantes, le bénévole du diocèse, déjà interpelléle 18 juillet, a de nouveau été placé en garde à vue, hier. La piste criminelle est privilégiée.

Interviewé hier dans Nice-Matin, lePremier ministre s’est dit contre unreconfinement général : « Noussavons maintenant ce que cela pro-duit : une telle mesure brise la pro-gression de l’épidémie, certes, maisau niveau économique et social,c’est catastrophique, y comprispour la santé psychologique de cer-tains de nos concitoyens. » JeanCastex envisage cependant desreconfinements très localisés.

Le reconfinement général écarté

Monde/France

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Cangas del Narcea et Somiedo.De notre correspondant

En ce vendredi matin de juillet, ElíasSuárez García navigue à vue sur lesétroits chemins cahoteux. Il les con-naît par cœur, mais la brume s’estinvitée à Cangas del Narcea (Astu-ries) et l’oblige à appuyer franche-ment sur la pédale de frein quandune forme apparaît dans son champde vision. Un berger et ses chiens. Unsalut, deux mots puis il repart, lesyeux rivés sur le sol. « C’est sec. Ça vaêtre compliqué de trouver une tracefraîche », peste-t-il. Il en dégote enfinune, au milieu d’empreintes humai-nes. L’indice du passage d’un ours.

Population régénérée

Elías Suárez García officie depuis dix-sept ans comme garde veilleur pourla Fondation Ours Brun (FundaciónOso Pardo, FOP). Au sein du Parcnaturel de Fuentes del Narcea, Dega-ña e Ibias, il participe à des program-mes d’investigation et de conserva-tion centrés sur le plantigrade. Carl’ours avait failli disparaître de la cor-dillère Cantabrique, qui s’étend duPays basque au nord du Portugal. « Àla fin des années 1980, il n’en restaitque soixante à soixante-dix, répartisen deux populations séparées, sesouvient Guillermo Palomero, le pré-sident de la FOP, créée en 1992.

L’objectif était de les reconnecter,ce que l’on a pu faire grâce à desplantations d’arbres facilitant lemouvement des ours. » Ils sontdésormais « entre 300 et 350 », dontplus d’une trentaine de femelles.

La population s’est régénérée grâ-ce à des mesures de protection et

Un ours observé dans la montagne. | PHOTO : FUNDACION OSO PARDO

Régulièrement objet de débats et de tensions dans les Pyrénées françaises, la cohabitation entrel’ours et l’homme est plus paisible en Espagne. Le fruit de mesures de protection et d’éducation.

L’ours, une « richesse naturelle » dans les Asturies

En 1907, Annette Kellerman, unenageuse australienne, est arrêtée surune plage près de Boston, pouratteinte à la pudeur : elle arbore unmaillot de bain une-pièce. Une tenuebien plus adaptée à ses exploits spor-tifs que la classique robe sur caleçon,encore portée par les baigneuses.Certes des collants épais couvrentses jambes, mais l’ensemble lui mou-le le corps et dévoile ses bras.

So shocking ! L’événement scanda-lise mais contribuera à populariser,des années plus tard, outre-Atlanti-que, le modèle si « inconvenant ».

En Europe, ce maillot séduit ets’impose beaucoup plus rapidement.À partir de 1910, les femmes adop-tent un costume de bain calqué surcelui que portent les hommes depuislongtemps : pas de manches, épau-les découvertes et, comble de l’auda-ce, une culotte qui s’arrête au-dessusdu genou !

Ce maillot gaine qui semble d’unseul tenant est en fait composé dedeux pièces. En laine tricotée, de cou-leurs plutôt sombres, noir, bleu mari-ne ou marron, il pèse quand même500 grammes à sec et trois kilos ensortant de l’eau.

Les costumes de bain de ces mes-sieurs, aux tons plus gais, se compo-sent d’un caleçon et d’un débardeurqui laissent entrevoir leur corps d’ath-

d’éducation, dans les écoles etauprès des adultes. « L’acceptation,pour les territoires, de la cohabita-tion avec l’animal est la clé de laréussite. C’est le fruit d’années detravail social », poursuit GuillermoPalomero. La FOP dialogue constam-ment avec les maires, les éleveurs et

les bergers pour les rassurer et préve-nir les conflits. Plus de 1 500 clôturesélectriques ont aussi été distribuéespour protéger les ruchers et autresélevages. Et les dégâts causés par lesours sont indemnisés grâce à desfonds européens. « Les éleveurs ontplus de problèmes avec les loups »,assure Elías Suárez García, toujoursau volant de son 4x4, à l’affût d’unexcrément ou d’une branche briséerévélatrice d’une présence récente.

Il est surpris par la rapidité à laquellel’image de l’ours s’est transformée.« Les habitants ont remplacé le fusilpar les jumelles. Les bergersm’appellent en me disant qu’ils ontaperçu un ours ici, des traces là. »

Le plantigrade est devenu unerichesse économique pour la zone. ÀPola de Somiedo, Jorge Jáuregui aété l’un des premiers à parier dessus.Ce biologiste organise depuis 2015,avec Somiedo Expérience, des séan-ces d’observation de l’ours dans leparc naturel du même nom, uneréserve de biosphère reconnue parl’Unesco. « En cinq ans, le nombrede touristes a été multiplié partrois. » Ce matin, assis dans un cafédu village, il a repéré un ours, perchésur une corniche à plusieurs centai-nes de mètres. « Il y a de grandechance pour qu’il revienne ce soir. »

Baptiste LANGLOIS.

On montre ses bras… et même ses jambesL’histoire des maillots de bain. Exit la robe-caleçon de baignadedes femmes, vive le une-pièce plus moulant et plus confortable.

lète. La grande tendance de ce débutde XXe siècle reste les rayures, dansle plus pur style petit marin.

Les premiers une-pièce des damesapparaissent en 1920. Ils n’aurontaucun mal à s’imposer, dopés par lavogue du bronzage initiée par CocoChanel. La créatrice de mode inventedes modèles moins couvrants, expo-sant davantage les gambettes tandisque les décolletés s’agrandissent.

Pascale LE GARREC.

La mode des rayures. | PHOTO : MAËLLE LUCAS

répond la mairie à ceuxqui reprochent à la munde ne pas les faire enlev

Le masque est obligatoiredans tous les lieux closdepuis lundi. Les employésdu Leclerc La Belle vie,à Luçon, ont fait preuved’humour, en image,ur la page Facebook

du supermarché vendéen,pour inciter leurs clientsà appliquer la règle.

nicipalitéver.

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Les Mayennais sont invitésà se prendre en photo surleur lieu de vacances, et àla poster accompagnée duLe concours est organisépar le conseil départemen-tal, qui demande à seshabitants « d’être fiers » deleur territoire. À gagner : leremboursement de sesvacances.

Monde/France

Page 6: Ouest France - 26-07-2020

C’est l’une des dernières grandesphotographes humanistes de lagénération des Doisneau, Boubatet Ronis. À 95 ans, Sabine Weiss arangé son appareil photo mais con-tinue inlassablement d’exposer.C’est le cas cet été à Vannes (Mor-bihan) où une rétrospective de sonœuvre est proposée.

Cette sélection retrace son par-cours artistique, à travers sept thè-mes emblématiques de son travail :Paris, les États-Unis, l’enfance,l’Europe, la mode, les portraitsd’artistes et les solitudes. Soixante-dix tirages sont accrochés et unecinquantaine de documents d’épo-que visibles. Parmi eux, beaucoupde photos prises sur le vif, dans larue : « C’est la seule chose que j’aivraiment beaucoup aimée. Je mepromenais beaucoup à Paris, àl’époque, confie-t-elle. On n’avaitpas la télévision ni Internet. Onavait du temps. Très souvent, lesoir, avec mon mari, on sortaitprendre l’air. J’avais la chanced’avoir près de chez moi un terrainvague où il y avait toujours des clo-chards et des enfants qui jouaient.J’y passais beaucoup de temps.J’avais presque en permanencemon appareil sur moi, au casoù… »

Elle n’a jamais posé un regarddistant sur les sujets photographi-és… « Les petites gens, on leurapporte gentiment quelque cho-se, un petit bonheur, de la recon-

naissance en les photographiant.Il ne faut pas les froisser. Pour lesaborder, je leur faisais un regardcomplice, amusé. » Elle a aussiréalisé beaucoup de photos d’artis-tes qui sont devenus ses amis : Gia-cometti, Miró, Cocteau, Chagall…

« J’ai voulu montrer les dessousdu métier et mettre en avant lesimages importantes, des années1950 jusqu’à l’implication de Sabi-ne Weiss dans le monde de lamode », précise Virginie Chardin,commissaire de l’exposition. Un joli

résumé de la carrière colossale decette photographe sensible à l’êtrehumain et à sa vie quotidienne.

Lionel CABIOCH.

Jusqu’au 6 septembre, au Kiosqueculturel, quai Éric-Tabarly. Gratuit.

« C’était aux Saintes-Maries-de-la-Mer en 1960, avant le regroupement annuel des gitans. Je suis tombée sur cette petite fillemerveilleuse qui dansait comme une adulte. À l’arrière, on reconnaît le grand guitariste Manitas de Plata. » | PHOTO : SABINE WEISS

Le Kiosque culturel à Vannes accueille une rétrospective exceptionnelle de la photographe cet été.Découverte par Robert Doisneau, elle est le dernier témoin d’une époque. Elle commente cinq photos.

Sabine Weiss pose son regard sur 80 ans de photo

« Cette photo remonte à 1958. Je travaillaispour Provost qui voulait mettre en avant sestricots. Anna Karina était une inconnue quandj'ai fait appel à elle. » (détail) | PHOTO : SABINE WEISS

« Je partais pour réaliser un reportage au Portugal en 1954 à l’occasion de l’entrée du pays dans l’Otan. Sur lechemin, je me suis arrêtée en Espagne dans des villages. Ce groupe d’enfants m’a marquée, particulièrement cegosse qui fait fièrement le cheval, le mors dans la bouche. Il est admiré par ses copains. C’est une photo illustrant laliberté de l’époque. » | PHOTO : SABINE WEISS

« Cette photo deGiacometti date de1954. Je l’ai rencontré àGenève pendant laguerre dans un café. »

| PHOTO : SABINE WEISS

« Ces enfantss’approvisionnaient àla pompe car onn’avait pas encorel’eau courante. »

| PHOTO : SABINE WEISS

France

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Sur TikTok, la famille, c’est pas ringardLa dernière tendance du réseau social des 16-24 ans ? Des vidéos en famille, entre parents,grands-parents, et ados. Un effet de mode très suivi des utilisateurs, parfois accusés d’en abuser.

« Laissez vos grands-parents tran-quilles svp, TikTok c’est devenu unemaison de retraite. » Ce messageposté sur Twitter met le doigt sur unepetite révolution que l’on n’avait pasvue venir : la famille, star de TikTok. Sile réseau social de partage de vidéosest perçu comme très jeune (la majo-rité des utilisateurs ont entre 16 et24 ans), il accueille aussi de « vraisadultes » comme les appelle Bastien,20 ans. Certains ont leur proprecompte. Mais le phénomène le plusvisible ces derniers temps est l’arrivéedes parents et des grands-parentsdans les vidéos TikTok des plus jeu-nes. Notamment chez les influen-ceurs, comme Lou Pernaut, Natoo ouLéna Situations.

« Quand on est jeune, souvent, onn’affiche pas trop sa famille. Maisj’ai l’impression que TikTok permetde l’assumer plus. Peut-être aussigrâce à de gros Tiktokeurs, commeCharli D’Amelio, qui a carrément uncompte avec sa famille », suggèreBastien.

Un « effet confinement » ?

Sherine Deraz, qui suit un master dedidactique de l’image, observe aussicette tendance. « On a vu ça avec lafille du réalisateur Alfonso Cuarónou celle de Martin Scorsese, qui afait quelques TikTok pour se moquergentiment de son père. »

Pour cette passionnée de cultureWeb, ce n’est pas une nouveauté,puisque l’on voyait déjà apparaîtredes parents sur les vidéos des Youtu-beurs, mais pas de la même façon :« Sur TikTok, la mise en scène estbeaucoup plus présente : ils fontdes chorégraphies, des challengesensemble, où ils jouent sur le déca-lage entre les générations. C’estinattendu et drôle. »

Pour Élodie Gentina, enseignante-chercheuse en marketing à l’Iesegschool of management et spécialistede la Génération Z, le phénomènetient au fait que les relations parents-enfants sont beaucoup plus égalitai-res en Europe. « Ce n’est pas auJapon que l’on verrait ça ! Ici,l’enfant a de plus en plus de place ausein de la famille. Les parents ont

envie de partager plein de chosesavec leur enfant. Je pense que Tik-Tok correspond aussi à ce besoindes parents de garder un vrai lienavec leur enfant et de rester dansl’air du temps. »

Le phénomène pourrait aussis’expliquer par un « effet confine-ment ». « Il y a eu un challenge appelé« qui est le plus » pendant le confine-ment, se remémore Clarisse (@claris-seuhhh), 14 ans. Et là, on a vu beau-coup d’enfants qui montraient leursparents. » TikTok France juge l’hypo-thèse plausible : « Avec le confine-ment, on a pu voir émerger desvidéos qui étaient peut-être déjà là,mais comme les personnes se sontretrouvées ensemble à la maison, çales a peut-être incitées à créer plusde vidéos ensemble. »

Parfois, les TikTok en famille sontmême les vidéos les plus populaires,à la grande surprise des Tiktokeurseux-mêmes. Il y a quelques semai-nes, Laory (@laoryc), 21 ans, n’avaitqu’une vingtaine d’abonnés. Le12 mai, elle décide de reproduire unevidéo qu’elle a vu passer sur le réseausocial. « C’étaient deux sœurs qui

disaient « Maman ? », et on voyaitdéfiler leur mère, leur grand-mère etleur arrière-grand-mère. Moi aussij’ai quatre générations dans mafamille, alors je me suis dit : « pour-quoi pas faire ça, pour faire un jolisouvenir », mais je ne m’attendaispas à ce que ça perce. »

Postée en début d’après-midiaccompagné du hashtag #maman et« d’un smiley qui pleure de rire », lavidéo rencontre très vite le succès.« J’avais laissé mon téléphone etquand je suis retournée sur TikToken fin d’après-midi, il y avait60 000 vues (8,4 millions aujour-d’hui). Et je recevais plein de likes etde commentaires du style : « c’esttrop mignon », « la plus belle desmamans, c’est la dernière »… Quandj’ai vu ça, j’ai appelé ma grand-mèreet mon arrière-grand-mère. Elles necomprenaient pas trop ! Mais ça leura quand même fait plaisir. »

Danser avec sa grand-mère

Bastien (@bababybel) aussi a vu soncompte décoller avec les vidéos surlesquelles il danse avec sa grand-mè-re. « Je lui ai expliqué le principe deTikTok et on en a fait un pour rigoler.Ça a bien marché et j’étais surpris, jepensais que c’était comme YouTu-be, où il fallait un nom pour mar-cher. » Lui aussi reçoit beaucoup demessages positifs, qu’il montre à sagrand-mère : « Elle avait peur que lesgens se moquent d’elle, mais je lui aimontré les commentaires où tout lemonde dit qu’elle est trop chou, çal’a rassurée. »

De quoi donner envie de conti-nuer… Au risque d’être accusé de« forcer ». Bastien s’est vu reprochersur Instagram « d’exploiter » sagrand-mère. « Mais elle kiffe ! »répond-il. « Je suis très proche d’elle,c’est ma voisine. Les TikTok, ça per-met avant tout de partager un bonmoment. Je cherche des dansessimples, parce qu’elle a quand

même 84 ans. »L’étudiant se défend aussi en expli-

quant que sa grand-mère n’est obli-gée de rien. « Parfois, elle ne veutpas parce qu’elle est fatiguée. Pareilavec mon grand-père. Lui m’a ditqu’il n’avait pas trop envie d’en refai-re, donc on n’en a pas refait. » Etqu’elle est au fait « des conséquen-ces » d’une telle publication. « Je lui aiexpliqué que c’est public, que pleinde gens peuvent voir la vidéo, parcequ’elle ne sait pas. » Reste qu’il estquelque peu « mitigé » sur la questionde continuer ou pas. « Je n’en abusepas, parce que j’ai pas envie qu’ondise que c’est juste pour les vues, cen’est pas ça. D’ailleurs, il y a aussides vidéos que je ne publie pas. »

D’autres ont fait le choix de ne pasremontrer leur famille. « Je n’ai pastrop envie de les exposer », raconteLaory. Valentine (@valentinecrr),24 ans, a elle aussi gagné beaucoupd’abonnés grâce à une vidéo, danslaquelle sa mère apparaît, vue plus de8,3 millions de fois. Mais elle a décidéde ne pas la resolliciter. « Les parents,c’est une mine d’or : ils sont capa-bles de sortir des trucs qu’on nepourrait même pas inventer, estimela jeune femme. Ça rend la vidéospontanée, plus facile à réaliser etelle marchera mieux. Mais pour moi,c’est la facilité. »

En attendant, TikTok en profite. Leréseau social stimule les utilisateursen « développant » des hashtagspour inciter à réaliser toujours plus devidéos avec leur famille. Ce fut notam-ment le cas du mot-clé #pourtoipapa,grâce auquel TikTok proposait de« célébrer la fête des Pères », le20 juin, avec le challenge suivant :« Offre un cadeau à ton paternel etfilme sa réaction ! » Aujourd’hui, cesvidéos cumulent plus de 30 millionsde vues. Preuve que le créneau« famille » a encore de beaux joursdevant lui…

Charlotte HERVOT.

Sur TikTok, les challenges séduisent toutes les générations. | PHOTO : ISTOCKPHOTO

Les parents et grands-parents sont de plus en plus présents sur TikTok.| PHOTO : THOMAS BRÉGARDIS, OUEST-FRANCE

France

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tout début des années 2000 : « Onvoulait lui redonner un peu de vie. »

Un séjour « all inclusive »

Des quinze pièces qui composentl’ancienne maison du gardien de pha-re, quatre font désormais office dechambres d’hôtes. « On est ouvertpendant toute la belle saison, maisactuellement deux des chambresrestent en jachère », explique AnneDurand. Cependant, pas question dese laisser décourager par la situationsanitaire peu favorable : tous lesmatins, elle propose à ses hôtes unpetit-déjeuner plus qu’appétissant.Gâteaux aux framboises du jardin,pain de campagne, confitures et

Le phare a été transformé en chambres d’hôtes dans les années 2000. | PHOTO : BENJAMIN DURAND

Nuits insolites. Situé en pleine campagne à seulement quelques kilomètres du Havre,le phare de Fatouville-Grestain vous accueille le temps d’une nuit entre terre et mer…

Dans la peau d’un gardien de phare

Reportage

À quelques pas de l’ancienneabbaye, le phare de Fatouville sur-plombe la Seine et les campagnesenvironnantes. Cette « petite » bâtissede 32 mètres de hauteur, entouréed’arbres majestueux et de chevauxpaisibles, se dresse comme la gar-dienne d’une sérénité chère à seshabitants. Mais malgré ces espaceschampêtres qui l’entourent, c’est bienl’esprit de la mer que l’on retrouveune fois le pas de la porte passé : filetde pêcheur sur l’armoire, coquillageset verre poli en guise de décoration,murs peints aux couleurs de l’océan…

Un phare « au sec »

Inauguré en 1850, le phare de Fatou-ville n’a pas servi longtemps. Destinéà surveiller l’entrée des bateaux dansl’estuaire de la Seine, il est arrêté dès1907, faute de passage. « Il y a eubeaucoup de navires échoués versici », explique Jean-François Durand,notre hôte, tout en désignant l’ancienlit de la Seine. Sous la pression desnavigateurs et commerçants anglais,réticents à s’engager dans un endroitsi dangereux, le gouvernement fran-çais engage des travaux afin que l’eause retire, laissant ainsi le phare « ausec ». C’est Gaston David qui le rachè-te en 1923 pour la somme de35 000 francs : « Il a dû vendre unhôtel et un restaurant pour sel’offrir », raconte Anne Durand, sonarrière-petite-fille et actuelle proprié-taire des lieux. Après quelquesannées et de nombreuses répara-tions, les époux Durand décidentd’en faire des chambres d’hôtes au

yaourts faits maison… De quoi tenirpour la montée des 164 marches quimènent en haut du phare – un exerci-ce de routine pour Jean-François, quiconfie avoir monté « l’équivalent du

Fondée en 1050 par Herluin de Con-teville, l’abbaye Notre-Dame-de-Gres-tain se trouve à deux pas du phare deFatouville. Le domaine est composéd’une grande église abbatiale, d’uncloître, de bâtiments conventuels pou-vant loger jusqu’à quarante moines etd’un mur enserrant le tout. Historique-ment renommée pour abriter les tom-beaux d’Arlette, mère de Guillaume le

mont Blanc » en l’espace de quel-ques mois. Une fois en haut, il ne res-te qu’à lever les yeux et profiter de lavue sur plus de 25 km !

Mathilde CARIOU.

Conquérant, et sa famille, l’abbayeaccueille désormais de nombreuxévénements culturels. Cet été, vouspourrez notamment y assister à la lec-ture du Chevalier de la Charrette, àune représentation du spectaclemusical Maupassant et Monet,impressions au bord de l’eau ou àdiverses conférences sur l’expansionnormande en Méditerranée.

À proximité : Notre-Dame-de-Grestain

Il faut gravir 164 marches pour arriver en haut. | PHOTO : BENJAMIN DURAND Le phare, désormais à sec, est entouré d’arbres. | PHOTO : BENJAMIN DURAND

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à la fois dans son architecture et satoponymie. Les venelles étroites bor-dées de maisons traditionnelles por-tent des noms aux sonorités celti-ques, le granit s’invite dans ses murs,les crêperies se multiplient dans lecentre et l’on peut même croiser unjoueur de cornemuse au détourd’une ruelle.

Source d’inspirationpour Émlile Zola

Pour Adeline Fayolle, saisonnière dela crêperie Lacomère, Piriac est àmi-chemin entre le « village depêcheurs chaleureux » et la cité bal-néaire. « Il y a les touristes, les habi-tués, et les touristes habitués », sou-rit-elle entre deux services. Malgré lesrestrictions sanitaires, Adeline gardeespoir pour la saison estivale et se

réjouit de voir les terrasses se remplirà nouveau.

Nombreux sont les écrivains qui vin-rent passer des vacances paisiblesau bord de la mer. C’est face à l’égli-se, sur le quai de Verdun, qu’ÉmileZola écrivit sa nouvelle Les Coquilla-ges de M. Chabre. À quelques pas delà se trouve la maison d’Alphonse deChâteaubriant : figure locale, mem-bre de l’Académie française et prixGoncourt en 1911, il fut disgracié puiscondamné à mort à la Libération, àcause de son engagement auprès del’Allemagne nazie.

Si quelques écriteaux indiquent leslieux importants de la ville de Piriac-sur-Mer, aucun ne remplace l’impo-sante Maison du patrimoine, ouvertetous les jours, de 15 à 19 h, en juilletet en août. Vous pourrez y découvrir,

jusqu’à fin juillet, une modélisation dela cité en Lego, puis, au mois d’août,une exposition consacrée au littoral.Trois expositions sont également dis-ponibles à l’année : Piriac il y a2 000 ans, L’aventure de la sardine etenfin Les machines de Piriac.

Mathilde CARIOU.

« Petites cités de caractère » est unlabel attribué à 190 communes aupatrimoine remarquable souhaitant levaloriser. Piriac-sur-Mer possède éga-lement le label « Famille plus », accor-dé aux communes qui présententune véritable politique d’accueil desfamilles et des enfants.

Contact de l’office de tourisme de LaBaule : tél. 02 40 24 34 44.

L’architecture néobretonne, les rues fleuries et les portes colorées font le charme de Piriac-sur-Mer.| PHOTO : VINCENT MOUCHEL, OUEST-FRANCE

Petites cités de caractère. De Tréguier à Bellême en passant par le Puy-Notre-Dame, les citésde ce label conjuguent tourisme, culture et patrimoine. Cet été, découvrez l’histoire de nos régions !

Piriac-sur-Mer, la petite carte postale

Reportage

C’est une véritable carte postale quel’on découvre en arrivant à Piriac-sur-Mer : architecture néobretonne, ruel-les fleuries d’hortensias, petites bouti-ques de vacances et plages de sablefin. « L’été fait vivre la ville », affirmeAnne Simon, guide touristique de larégion de La Baule. En effet, l’arrivéedes beaux jours donne à cette cité de25 000 habitants une tout autreampleur : les restaurants déploientleurs terrasses, les boutiques, leursauvents, et les premiers baigneurs nese font pas prier.

La plus bretonnedes cités loiraines

La plage Saint-Michel est de cesendroits qui font la beauté de Piriac-sur-Mer : on y découvre les vestigesd’un vivier de homards construit en1897, une vue imprenable sur l’îleDumet, la seule île du départementde Loire-Atlantique, ainsi que l’abri ducanot de sauvetage, commun à denombreuses communes du bord demer. Piriac déroule son histoire au fildes rues et bâtiments : le corps degarde du XVIIIe témoigne de son pas-sé défensif, le pressoir de la ruelle desMouettes, de son ancienne activitéviticole. Le port, aujourd’hui transfor-mé en espace de plaisance, est à l’ori-gine de l’identité même de Piriac :une cité de pêcheurs. On y trouvaitessentiellement de la sardine et duhareng, comme en témoignent lestrois conserveries de la ville.

Marquée par près de 6 000 ansd’histoire (les fouilles de 2012 ontrévélé la présence d’une villa gallo-ro-maine remontant à environ 470 av.J.-C.), Piriac-sur-Mer a gardé une for-te identité bretonne, que l’on retrouve

La plage Saint-Michel. | PHOTO : VINCENT MOUCHEL, OUEST-FRANCE Les terrasses reprennent vie. | PHOTO : VINCENT MOUCHEL, OUEST-FRANCE Fresque du musée. | PHOTO : VINCENT MOUCHEL, OUEST-FRANCE

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La semaine de Chaunu

Rencontre

« Je peux pas, j’ai dictée ! » Pas vrai-ment le genre de réponse qu’onattend d’un ancien vice-championd’Europe mi-lourd de boxe. AvecKamel Amrane, les mots peuvent sur-prendre aussi vite que son direct dugauche sur un ring. La première fois,c’était pendant le confinement. Larencontre avait eu lieu au pied d’unebarre d’immeuble après avoir traver-sé Paris désert accompagné par lechant des oiseaux. Le boxeur deSaint-Denis était venu donner uncoup de main à 7Dreams, une asso-ciation locale mobilisée pour distri-buer des colis alimentaires à desfamilles en difficulté. « Les jeunessont là. On peut compter sur eux »,avait-il souligné, adossé à un arbre.La conversation avait vite ricoché surtous les clichés accolés au départe-ment le plus pauvre de France.

« Parlez dans la languede Molière »

On s’était promis de se revoir autourd’un couscous. Ce sera finalementautour d’un Perrier citron sur le parvisde la basilique où sont inhumés lesrois de France. « Et nous, on est desrois sans couronne », dit-il à proposde cette France qui s’invente au-delàdu périphérique. Plus créative qu’onne veut bien le dire. Et aussi trop sou-vent dans l’angle mort de l’actualitésauf pour les faits divers, les incen-dies de voiture et les trafics.

« La banlieue s’est dématérialisée.En trois clics vous pouvez vousdéplacer », explique Rachid Santakiorganisateur de la dictée des quar-tiers et vieux complice du boxeur.Mais le 9-3 colle encore trop souventà la peau de ceux qui en sont originai-res. Un ghetto qui ne dit pas son nom.« On finit par être ce qu’on renvoiede vous dans les médias », ajoutel’écrivain.

Le premier est un fils d’émigré kaby-le, ancien champion d’Afriquemi-lourd arrivé en France en 1946. Lesecond est le fils d’un Marocainmanutentionnaire et d’une mère fran-çaise caissière. « Des sang-mêlé »,

dirait Éric Dupond-Moretti. Une dou-ble filiation dont ils ont fait l’un etl’autre une richesse. « Mon père adécouvert la musique noire, les che-wing-gums et la boxe dans lesbases américaines en Algérie »,explique Kamel Amrane. Ce pèredont on disait qu’il était « tellementsolide qu’il pouvait se battre avecles murs » débarque en France en1946 et s’installe très vite à Saint-De-nis où l’un de ses oncles tient un res-taurant.

Dans une France en reconstruction,c’est à la force du poignet et sur lering qu’Ali Amrane va inscrire sonnom. Croiser Jean-Paul Belmondo àl’Avia Club, Jake LaMotta, Ray SugarRobinson, le boxeur américainancien champion du monde despoids moyens surnommé TheRaging Bull (le taureau enragé). « Il yavait leurs photos à la maison, maismon père ne voulait pas que je fassede la boxe. Il avait peur que je revivece que lui avait enduré », explique

Kamel Amrane.Après avoir arrêté l’école à 16 ans,

« c’était pas Byzance », et fait unapprentissage dans la carrosserie, laboxe finira pourtant par le rattraper.« Qu’est-ce que t’es venu faire », luidemande son entraîneur quand ildécide à 20 ans de monter sur unring. « Je veux être sérieux. Quandon boxe, on ne peut pas tricher. Onest seul. »

La boxe est une école de la vie. Serelever quand on est au tapis, respec-ter les règles… Autant de consignesqu’il distille auprès de jeunes de Sei-ne-Saint-Denis. « Parlez dans la lan-gue de Molière et boxez comme desescrimeurs », insiste-t-il. Pratiquerl’art de l’esquive et ne pas s’enfermerdans une langue des quartiers quipeut être une prison. « On peut aussivoyager grâce aux mots », raconteKamel Amrane qui nous emmènedans cette salle de sport où s’estentraîné Fabrice Tiozzo.

Battling Kamel rentre les épaules,

ferme les poings… La boxe, c’est sor-tir de soi. Avancer quoi qu’il arrive.

« Kamel est profondément altruis-te », explique Rachid Santaki qui pra-tique lui aussi les deux langues (1) :celle des quartiers et celle de Molière.« J’ai bossé au Ritz et j’ai aussi été lechauffeur d’un préfet. »

Qu’est-ce qui réunit les deux hom-mes au-delà de l’amitié ? L’orthogra-phe. Car retrouver le sens des mots,c’est aussi « s’autoriser à rêver », sedoter d’un passeport, ajoute celui quia rassemblé 1 493 participants pourune dictée hors-norme au Stade deFrance en 2018. Boxer les mots et lasyntaxe, ne pas les laisser au tapis.L’intégration est un sport de combatadouci par la maîtrise de la langue deMolière.

Patrice MOYON.

(1) Rachid Santaki publiera au moisd’octobre Laisse pas traîner ton filsaux éditions Filatures.

Kamel Amrane, quintuple champion de France de boxe en lourd-léger et vice-champion d’Europe.| PHOTO : YANN CASTANIER, OUEST FRANCE

Boxer lesmots,nepas laisser lasyntaxeautapis,c’estdoter les jeunesdesquartiersd’unpasseportpourpercer leplafondendessousduquelon lesenfermeencore trop,estime l’ex-championdeboxe.

Kamel Amrane veut mettre KO les clichés du 9-3

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Reportage

Il pèse sur la ville une chaleur étouf-fante propre aux longs après-midi dejuillet. Dans le bus 50 en direction deThorigné-Fouillard (périphérie deRennes), une brise siffle à travers lesfenêtres à demi ouvertes et vient sau-ver les passagers en nage. Quandnous descendons à l’arrêt Juteaude-ries, nous sommes seules à l’orée dela forêt domaniale de Rennes. Pourcette série de défis près de chez soi,ma mission est d’aller reconnaître lesarbres qui composent ses bois.L’occasion d’un bol d’air en ville, uneescapade sous la fraîcheur végétale.

Une ignorance citadine

Confinée chez mes parents au prin-temps, j’ai pu mesurer, en les regar-dant jardiner, l’ampleur de monincompétence en matière horticole.J’ai donc pris ce reportage commeune occasion de compléter mon édu-cation. Munie de mon smartphonecomme d’une encyclopédie, accom-pagnée de Maëlle, une amie qui trou-ve l’idée incongrue, me voilà arpen-tant les allées ombragées des sous-bois, en quête de ma première cible.

On s’enfonce à travers bois par unchemin bordé de fougères. Simples àreconnaître. Avant de devenir l’emblè-me des All Blacks trônant au-dessusde mon lit d’enfant, elles furentl’odeur de mes dimanches. Celle desbalades en forêt, quand ma têtedépassait à peine leurs longuesfeuilles découpées.

Nous continuons sur ce sentier, jus-qu’à un feuillage familier. Feuilles sim-ples, alternées, à bords lobés, com-me nous explique l’application del’Office National des Forêts, Clés deForêts, qui aide à reconnaître arbres,feuilles, fruits et empreintes d’ani-maux. Voilà donc l’arbre le plus com-mun des plaines françaises, le chênepédonculé. J’ai presque honte d’avoireu à le chercher, mais il faut biencommencer quelque part. Nousn’aurons avec lui désormais plus ledroit à l’erreur.

Entre les bosquets pointent çà et là

Ma balade à la redécouverte des arbresUn défi près de chez soi. Et si cette année, dans l’impossibilité de partir loin, on s’évadait au bout dubois ? Récit d’une balade à la reconnaissance des arbres de la forêt de Rennes.

les premières mûres de la saison. Ondélaisse les plus rouges pour glanerles plus sombres. Mais leur acidité nelaisse pas présager la meilleurecueillette. Pour les confitures, onrepassera dans un mois.

Un jeu parfois complexe

L’arbre suivant a des fruits bleus etdes feuilles difficiles à identifier enrépondant aux questions simples deClés de forêt. Heureusement notreapplication de secours, PlantNet,identifie n’importe quelle plante à par-tir d’une photo. Maëlle se prend aujeu et mitraille ce qui se révèle être unprunellier, arbre sauvage inconnu ànos âmes citadines. Inconnu ? Sesautres appellations : épine noire, épi-nette, me semblent familières. Mongrand-père que j’appelle dans la fou-lée m’explique : c’est la plante qu’il uti-lise pour produire la troussepinette,

un apéritif vendéen coutumier destables familiales.

Nous cheminons ainsi tout l’après-midi à la redécouverte d’un paysageque l’on croyait acquis, nous révélantétrangères en notre pays.

Quelques voitures ralentissent, descyclistes se retournent, se deman-dant sans doute ce que nous cher-chons en scrutant ainsi le bois. À pho-tographier les buissons, on n’a pasl’air malin. « Qu’est-ce que je vais fai-re avec des photos de feuilles ? » ritMaëlle. Mais l’exercice est plus diffici-

le que prévu. Cette longue feuille den-tée appartient-elle au frêne communou à l’orme du Japon ? Une confu-sion qui rappellera à certains leurspremiers cours de SVT, où distinguerl’aulne du tilleul garantissait l’obten-tion d’une bonne note.

Ce défi serait-il l’occasion de réviserses leçons ? En tout cas, celle deprendre l’air et de se réapproprier lanature. Un jeu pour petits et grands,et un moyen d’animer les longuesbalades familiales.

Juliette COULAIS.

Les applications permettant de reconnaître les plantes sont de plus en plus nombreuses et précises.| PHOTO : REMY CHANTELOUP, OUEST-FRANCE

Applications disponibles : Clés deForêts, PlantNet, Seek, PlantSnap,Sauvages de ma rue…Livres : Larousse des arbres, JacquesBrosse, Larousse

Les arbres c’est pas sorcier, VictorCoutard, MaraboutGuide Delachaux des Arbres d’Euro-pe, Owen Johnson, Delachaux etNiestlé

Pratique

Les glands d'un chêne pédonculé. | PHOTO : OUEST-FRANCE Des feuilles de prunellier. | PHOTO : REMY CHANTELOUP, OUEST-FRANCE

France

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2 novembre 1969Ce sont des pêcheurs qui retrouventson corps dans les fougères alorsqu’ils remontent le sentier depuis lagrève.

6 novembre 1969L’enquête piétine. « Nous sommesen plein brouillard, avait déclaré lecommissaire de police dirigeantl’enquête à Cherbourg, nous faisonsdu porte-à-porte pour obtenir unbout de piste. »

Marina est Russe.On est en pleineGuerre froide.

1969

18 novembre 1952Naissance de Serge Lepetit à Vannes(Morbihan).

Année1969Serge est élève en 1re C au lycée deCherbourg.

1er novembre 1969Serge Lepetit trouve la mort sur lesfalaises de Landemer. L’autopsierévèlera qu’il a été tué à bout portantd’une balle dans la nuque.

Repères

C’était un jeune homme réservé. Unlycéen de 1re du lycée Victor-Grignardde Cherbourg (Manche). Un taiseuxsans amis déclarés mais pas sanspassions.

Serge Lepetit avait la photographiechevillée au corps. Le goût du voyageaussi. Et celui du secret. Dans le sac,retrouvé à côté de son corps sans vie,il y avait un appareil photo Minox, unpeu d’argent, son passeport, des tim-bres d’URSS, trois cigares hollandais.Et chez lui, une lettre d’au revoiradressée à ses parents : « Je m’envais. Ne vous inquiétez pas. J’auraide l’argent. Ne me faites pas recher-cher par la police. »

Mystérieuse Marinade Leningrad

Pour ce qui est de partir, Serge estparvenu définitivement à ses fins. Lelundi de la fête des morts, deuxpêcheurs à la crevette remontant àtravers les fougères ont retrouvé soncorps sans vie dans les falaises deLandemer à la pointe de la Hague, àquelques kilomètres de Cherbourg.

Il a une tête d’angelot, ce lycéen de17 ans. Il ressemble au jeune Dor-meur du val de Rimbaud. Mais il n’apas deux trous rouges au côté droit.Une balle lui a traversé la nuque, tiréeà bout portant, sans trace de lutte.Tout de suite les enquêteurs piéti-nent : « Quand on aura le mobile, onaura l’assassin. »

Leningrad (Saint-Pétersbourg). Ceserait une amourette presque insigni-fiante si nous n’étions pas en 1969,en pleine Guerre froide.

Or, le père de Serge Lepetit travailleau Commissariat à l’énergie atomi-que, l’opaque usine de La Hague pre-mière manière. Le sang versé dans lalande de fougères a-t-il des relentsd’espionnage ? Autre hypothèse : uncrime de contrebandiers.

Reste la photo du lycéenau regard vague

À l’époque traînent encore de vieilleshistoires de cigarettes et d’alcoolacheminés en douce depuis les îlesanglo-normandes.

Enfin, on laisse dire que SergeLepetit aurait pris des photos gênan-tes qu’il n’aurait pas dû prendre. A-t-iltenté de faire chanter quelqu’und’important qui lui aurait ôté la vie ?Les rumeurs fusent, circulent, s’annu-lent, pourrissent une enquête qui pié-tine et n’aboutira jamais.

Les années passent et s’entassent.Tous les dix ans, les journaux locauxressortent l’affaire avec la photo del’adolescent au regard vague. Qu’estce qui n’a pas marché ? Une enquêtequi a tardé à se mettre en place, l’éga-rement des enquêteurs (police, gen-darmerie, sécurité navale) et sansdoute quelques frilosités à suivre despistes locales pour ne pas remettrede l’huile sur le feu d’un pays déchirépar l’affaire de Bruay-en-Artois dansle Nord-Pas-de-Calais où un notableavait été accusé à tort d’avoir assassi-né une jeune fille. Tout mais pas ça.

Nul, hormis l’assassin, n’a jamais suce que faisait l’énigmatique lycéencherbourgeois, une nuit de novem-bre, sur le sentier des douaniers deLa Hague où l’attendait la fin glacialed’une mort donnée de sang-froid. Nulne le saura probablement jamais.

François SIMON.

Extrait de Grandes affaires criminel-les de l’Ouest, hors série Ouest-Fran-ce publié en 2013.

On n’aura ni l’un ni l’autre. Qui peutvouloir exécuter un lycéen de sang-froid ? Serge Lepetit est un jeunehomme énigmatique. Sa vie n’offreaucune prise. Au lycée Victor-Gri-gnard, ses professeurs décrivent unélève silencieux, sympathique et un

peu décrocheur quand même. Il sem-ble ailleurs. On est un peu ailleursquand on a 17 ans.

Chez lui, on fouille tout. On désossesa vie et le moindre indice. On suit lapiste d’une mystérieuse Marina. Etdes cheveux bruns et blonds, ainsique les traces de deux rouges àlèvres dans les draps de son lit.

Mais ce sont des indices bien fai-bles à une époque où l’ADN n’est pasencore un objet de recherches.

Qui est Marina ? Une jeune Russe.Serge Lepetit a fait la connaissanced’une jeune fille blonde à Moscou,l’été précédent, à l’occasion d’unvoyage organisé dans le cadre d’unfestival de Jeunesse. Marina, c’estelle : ils se sont rencontrés dans uncafé, elle l’a rejoint dans un hôtel de

Serge Lepetit, 17 ans, est mort d’une balle tirée à bout portant dans la nuque.| PHOTO : ARCHIVES OUEST-FRANCE

Ces faits divers devenus des affaires 1/5. Qui a tué Serge Lepetit le 1er novembre 1969dans les falaises de La Hague ? Le mystère est resté entier et le crime impuni.

QuiatuéSergeLepetit?Lemystèreresteentier

Les falaises de Landemer, c’est là que le corps du jeune garçon a été retrouvé,entre des fougères. | PHOTO : ARCHIVES OUEST-FRANCE

France

Page 13: Ouest France - 26-07-2020

Ses souvenirs de vacances ont « legoût du chocolat ». Le Frigor, leToblerone ou « les petits carrés avecles paysages suisses sur l’emballa-ge ». Ceux que Virginie choisissaitl’eau à la bouche, du haut de ses 7 ou8 ans, dans d’immenses rayons degrandes surfaces suisses, où lestablettes s’alignaient à perte de vue.

Cette Marseillaise de 40 ans qui agrandi dans le quartier du Roy-d’Espagne, « dans des grandestours » d’où elle pouvait admirer laMéditerranée, a paradoxalementdécouvert la mer… à l’âge adulte. Lesvacances de son enfance, elle les apassées dans les Alpes, à mi-cheminentre la France, la Suisse et l’Italie.Trimballée avec son petit frère desommet en sommet par des parentsrandonneurs de l’extrême. « Je mesouviens de vieilles photos où ilssont dans la montagne avec moidans un porte-bébé, c’était vraimentleur passion ! » Trois semaines demarche, chaque été jusqu’à ses15 ans. « On les suivait, c’était leurmoment. Mon père détestait lézar-der au soleil, ça n’a jamais été quel-qu’un de très contemplatif, il fallaitdu sport. »

La « montagne Toblerone »

Alors avec les années, le souvenir deces vacances imposées s’est estom-pé. Chassé de la mémoire. « J’ai euune période où la marche, il ne fallaitplus m’en parler, avoue Virginie.Aujourd’hui c’est un peu flou, j’ai sur-tout gardé des sensations, des ima-ges… » À regret. « Avec le recul, je medis qu’on allait voir des endroits uni-ques et j’en garde un souvenirému… »

Les noms de lieux, notamment, despetites localités de haute montagne,Virginie ne les a plus en tête. « Je mesouviens de Zermatt, en Suisse,d’où l’on grimpait au mont Cervinavec le train à crémaillère. C’est lamontagne sur les emballages deToblerone ! »

Les campings où ils posent baga-ges ne sont que « des points de chu-te où l’on passait deux ou trois

nuits », sélectionnés pour leur proxi-mité avec les chemins de rando. Pasde piscine, pas le temps de nouer desamitiés. « Il ne serait jamais venu àl’esprit de mes parents d’y passerune journée, ils n’en voyaient mêmepas l’intérêt. Je n’avais pas le tempsde me faire des copines, c’était quede la marche. Que de la marche… »

Une nuit dans une cabaneen ruines

Dès l’arrivée sur le terrain, il fautdéplier la caravane tractée depuisMarseille dans sa remorque. « Il yavait deux lits deux places de part etd’autre de la structure, le tout sur-monté d’un auvent. Et entre les deuxlits, on installait un petit matelaspour mon frère. C’était un modèletrès en vogue à l’époque ! raconteVirginie. Je me souviens qu’il n’yavait pas de cuisine mais un blocavec un évier et du gaz qu’on instal-lait devant pour cuisiner petitement.

Et faire bouillir des pâtes en hautemontagne, c’est long… »

Un confort spartiate qui suffitamplement aux parents de Virginie,prêts « à l’aube » pour partir dans lamontagne. « Avec des gros sacs àdos, des grosses chaussures, lepique-nique, la glacière, la tente… eton ne parle pas de la petite tenteDecathlon dépliable en deux secon-des d’aujourd’hui ! plaisante-t-elle.Certaines randonnées faisaiententre 15 et 20 kilomètres, parfois onmarchait huit heures, il fallait prévoirde quoi dormir sur place en cas demauvais temps… »

Les nuits à la belle étoile sur les ver-sants des reliefs alpins, Virginie n’estpas près de les oublier. « Il faisait tel-lement froid ! Je me souviens d’unefois où il avait gelé en plein été… » Il ya notamment cette mésaventure gra-vée dans sa mémoire, alors qu’elle a6 ou 7 ans. « Je suis tombée dans unruisseau dont l’eau était glaciale,raconte-t-elle. La randonnée a duréplus longtemps que prévu, on n’apas trouvé le refuge avant la tombéede la nuit… » Ses parents repèrentalors une petite cabane abandonnéeà moitié en ruines, sans porte ni toit.« On a fait du feu pour sécher mesvêtements et on a dormi là, dans nosduvets haute montagne et nos cou-vertures de survie qui ont fait dubruit toute la nuit… » Gelés.

Pour s’orienter dans la montagne àl’époque, sans GPS ni téléphone por-table, il faut avoir les bons outils, unpeu d’expérience… et de chance aus-si. « On se repérait avec une carte,une boussole et un baromètre. Quel-ques points visuels aussi. À l’épo-que il n’y avait pas d’autres possibili-tés ! »

Sauf quand le temps tourne. « Unjour, en fin d’après-midi, la monta-gne a été prise dans les nuages, on

n’y voyait pas à 20 mètres. On savaitqu’on approchait d’un refuge, maisimpossible de le voir. On était fati-gué, c’était trop dangereux de conti-nuer. Alors on a trouvé un coin, on adéplié la tente et on a dormi là, pen-sant qu’on était perdu, relate Virginie.Le lendemain matin, les nuagess’étaient levés et le refuge était à600 mètres de nous… »

Chamois, marmottes,bruit du ruisseau

Dans ces longues journées à parcou-rir la montagne, Virginie se mue enexploratrice par la force des choses.« Je guettais les marmottes et leschamois ! Je me souviens en avoirvu pas mal parce qu’on ne croisaitpas grand monde, c’était tellementcalme… J’observais des petitesfleurs colorées qu’on ne voyait pasailleurs aussi et j’écoutais beau-coup. Pour trouver les ruisseaux, serepérer, je cherchais le bruit del’eau… »

Alors, les escapades dans lesbourgs suisses sonnent comme lesrécompenses de ces journées éprou-vantes. « Mes parents n’étaient pastrès shopping mais il y avait toujourscette sortie au supermarché. J’aicette image de rayons plein detablettes, de tous ces chocolats dif-férents qu’on ne connaissait pas… »Ils redescendent par les sentiersrocheux, la glacière pleine. On enachetait vraiment beaucoup, beau-coup pour quatre ! »

Et le soir, quand ils rejoignent leurcamping, les tracas de la montagnefondent en même temps que les car-rés sous la langue. « Et quand onrevenait chez nous à Marseille, onavait tous ces petits chocolats quirappelaient les vacances… »

Mélissa BOUFIGI.

Le moment fort des vacances pour Virginie, c’était la dégustation de chocolat suisse sous la tente au retour de rando.| PHOTO : EMMA FAILLE, OUEST-FRANCE

Envacances,«ondépliait lacaravaneetonpartait »Nosvies.PourVirginie, l’étédans lesannées1980sepasseaucreuxdesAlpes,dans lespasdesesparents férusderandonnée.Avecenrécompense,des trésorsdechocolatsvenantdeSuisse.

Le Mont Cervin, dans les Alpes, ou la « montagne Toblerone ». | PHOTO : CC ANDREW BOSSI

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Mer peu agitée

Mer agitée

Mer agitée

Mer agitée

Mer peu agitée

Couleurs estivales pour ce dimanche !Ce dimanche 26 juillet, cette journée se déroule sous un ciel variable, partagé entre bonsmoments ensoleillés et nuages décoratifs. Les températures repartent à la hausse.

Après le passage pluvio-instable de la veille qui a perdude son activité en progressantvers le sud-est cette nuit, onretrouve des conditions quasi-estivales dans un contexte dechamps de pression en hausse.L'amélioration sera de courteduréepour les bas-bretons avecune dégradation attendue dèslundi. Celle-ci s'étendra au restede la région mardi. On devraitretrouver notre ambiance estivaleà partir de mercredi.

208e jour - 30e semaine

Sainte Anne :Anne enfante Marie, mère duSauveur. Les Grecs célèbrenttrois fêtes annuelles en sonhonneur. Patronne des dentellières.

Prénoms à fêter cette semaine :Lundi NathalieMardi SamsonMercredi MartheJeudi JulietteVendredi Ignace de LoyolaSamedi Alphonse

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29°°13°

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26°13°23°1144°

26°13°

Bouché àl'extrême ouest,plus de soleilvers l'est.

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Dégradationdonnant desondées parmoments.

Améliorationprogressive,températuresen hausse.

Chaleur etsoleil avant depossiblesorages.

23°

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03h10 15h41 10h36 22h5803h16 15h49 10h30 22h4901h23 13h56 08h19 20h39

- 12h15 07h00 19h15- 12h05 06h40 18h56- 12h04 06h12 18h31

11h05 23h22 05h07 17h2710h00 22h21 03h59 16h1909h38 22h00 03h32 15h5009h36 22h00 03h33 15h5010h00 22h23 03h50 16h1009h25 21h46 03h40 15h5809h12 21h29 03h50 16h0609h40 22h05 03h24 15h4378 73

Dimanche 26 juillet

04h01 16h35 11h21 23h4604h05 16h41 11h13 23h3602h10 14h45 09h08 21h3300h32 13h02 07h43 20h0200h22 12h52 07h23 19h4300h20 12h51 06h59 19h2111h55 - 05h56 18h1910h53 23h18 04h51 17h1410h35 23h01 04h24 16h4810h33 23h01 04h24 16h4710h57 23h25 04h42 17h0610h21 22h48 04h33 16h5610h04 22h29 04h42 17h0310h43 23h14 04h16 16h4068 64

Lundi 27 juillet

6h46 +2 mn

22h02 -2 mn

Prem. quart27 juillet

Lundi Mardi

Mercrediet jeudi

Vendrediet samedi