Otchi Tchornya (Les yeux fermés) RAMSEIER, MIKHAÏL W.

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http://www.emorageimagazine.com/old/bouquinerie/ramseier-mikhail-w Accueil du site > Bouquinerie > RAMSEIER, MIKHAÏL W. Otchi Tchornya (Les yeux fermés) RAMSEIER, MIKHAÏL W. Coups de Tête dimanche 27 février 2011, par Éric Dumais (3/5) « Maintenant, Zénobe va pour se rafraîchir. Il ouvre la porte de la salle de bains et allume la lumière. Mais là, sur le pas de la porte, il se tétanise et recule même d’un pas. Il ne fait plus aucun geste et de l’extérieur on dirait qu’il est figé dans la pierre. Sa tête bourdonne et ses yeux cherchent à comprendre. Petit à petit, son cerveau reprend pied et il se penche en avant. Elle semble morte. En tout cas rien ne bouge. Et la position… C’est difficile à dire. Quelque chose, une sorte d’instinct, lui fait comprendre que c’est bien fini. Mais c’est peut-être qu’une impression. Il n’a jamais vu de mort, à part son père, à la morgue, dans le cercueil ouvert. » Zénobe, dans la trentaine, est un rédacteur en chef adjoint et journaliste d’un grand magazine parisien. Il découvre, un dimanche après-midi banal, une femme en apparence morte, étendue sur le carrelage de sa salle de bains. Le lendemain, dans la cuisine de son appartement, il découvre une fillette d’origine russe âgée de 7 ans, nommée Lana. Il y a indubitablement un lien qui unit les deux femmes qui, selon toutes apparences, vivaient clandestinement chez lui depuis belle lurette. À qui Zénobe va-t-il confier cette jeune orpheline ? Aux autorités russes ? À sa famille ? Une enquête sera rapidement entamée afin de jeter un peu de lumière sur les mystères entourant la mort de la jeune mère. Zénobe décidera de partir à St-Pétersbourg en voiture, où il tentera de retrouver les membres de la famille de la jeune Lana. De fil en aiguille, le journaliste essaiera de replacer les pièces du casse-tête afin de comprendre ce qui a bien pu arriver à la pauvre mère, décédée à Paris, dans son propre appartement. Le roman Otchi Tchornya déploie une intrigue à certains moments saisissante, qui n’arrive cependant pas à tenir le lecteur en haleine jusqu’au bout. Et la raison en est fort simple : l’auteur traite, en toile de fond, de sujets particulièrement actuels et scandaleux, dont les effets dévastateurs de la mondialisation, les déboires du monde politique, l’espionnage via Internet, l’économie ravagée et la malbouffe, et ce, parfois pendant un chapitre entier, ce qui n’est pas sans alourdir l’histoire. Les sujets abordés sont certes assez préoccupants, mais ont plus ou moins leur pertinence au sein du récit. À l’inverse, la psychologie des personnages est éminemment bien travaillée, ce qui les rend très

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Otchi Tchornya (Les yeux fermés)

RAMSEIER, MIKHAÏL W. Coups de Tête

dimanche 27 février 2011, par Éric Dumais

(3/5) « Maintenant, Zénobe va pour se rafraîchir. Il ouvre la porte de la salle de bains et allume la lumière. Mais là, sur le pas de la porte, il se tétanise et recule même d’un pas. Il ne

fait plus aucun geste et de l’extérieur on dirait qu’il est figé dans la pierre. Sa tête bourdonne et ses yeux cherchent à comprendre. Petit à petit, son cerveau reprend pied et il se penche en avant. Elle semble morte. En tout cas rien ne bouge. Et la position… C’est difficile à dire. Quelque chose, une sorte d’instinct, lui fait comprendre que c’est bien fini. Mais c’est peut-être qu’une impression. Il n’a jamais vu de mort, à part son père, à la morgue, dans le cercueil ouvert. »

Zénobe, dans la trentaine, est un rédacteur en chef adjoint et journaliste d’un grand magazine parisien. Il découvre, un dimanche après-midi banal, une femme en apparence morte, étendue sur le carrelage de sa salle de bains. Le lendemain, dans la cuisine de son appartement, il découvre une fillette d’origine russe âgée de 7 ans, nommée Lana. Il y a indubitablement un lien qui unit les deux femmes qui, selon toutes apparences, vivaient clandestinement chez lui depuis belle lurette. À qui Zénobe va-t-il confier cette jeune orpheline ? Aux autorités russes ? À sa famille ?

Une enquête sera rapidement entamée afin de jeter un peu de lumière sur les mystères entourant la mort de la jeune mère. Zénobe décidera de partir à St-Pétersbourg en voiture, où il tentera de retrouver les membres de la famille de la jeune Lana. De fil en aiguille, le journaliste essaiera de replacer les pièces du casse-tête afin de comprendre ce qui a bien pu arriver à la pauvre mère, décédée à Paris, dans son propre appartement.

Le roman Otchi Tchornya déploie une intrigue à certains moments saisissante, qui n’arrive cependant pas à tenir le lecteur en haleine jusqu’au bout. Et la raison en est fort simple : l’auteur traite, en toile de fond, de sujets particulièrement actuels et scandaleux, dont les effets dévastateurs de la mondialisation, les déboires du monde politique, l’espionnage via Internet, l’économie ravagée et la malbouffe, et ce, parfois pendant un chapitre entier, ce qui n’est pas sans alourdir l’histoire. Les sujets abordés sont certes assez préoccupants, mais ont plus ou moins leur pertinence au sein du récit. À l’inverse, la psychologie des personnages est éminemment bien travaillée, ce qui les rend très

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attachants et d’une beauté à couper le souffle. Au final, on s’habitue de page en page à la plume très urbaine de l’écrivain et à son pouvoir de garder les surprises pour la fin.

Mikhaïl W. Ramseier est né à Genève dans une famille ayant décidé de fuir les conséquences fâcheuses de la révolution russe de 1917. Grandement influencé par la bibliothèque de son paternel, il publie ses premiers poèmes à l’âge de 17 ans. Il exerce ensuite plusieurs métiers (éboueur, chauffeur de taxi, professeur de tennis, colporteur, graphiste, rédacteur) avant de partir à l’aventure autour du monde, où il enseignera le français à Katmandou, deviendra voyagiste en Mongolie et « tour leader » en Afrique du Sud ainsi qu’en Syrie. Il reprend sa plume à l’occasion pour pondre des récits et recueils de poésie, des articles journalistiques et des essais historiques portant entre autres sur les pirates et les cosaques. Père de trois enfants, il est maintenant installé avec eux dans une île des Caraïbes, peinard, à écouter le son des vagues contre la plage.

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Lundi 2http://chroniques-noires-gilles-vidal.over-blog.com/4 janvier 2011

Livraison(s)

L’Or et la toise : Les fantaisies héroïques de Brice

Tarvel ne font certes pas partie du panthéon polardesque, mais n’en méritent pas moins

d’être citées, complimentées et recommandées. Ayant eu à me pencher par le passé sur

d’autres auteurs du genre – certains indigestes dont je tairai les noms et d’autres

intéressants (comme Greg Keyes), voire captivants (tels Anne Mc Caffrey et D. A.

Durham) –, je peux donc affirmer que Brice Tarvel a l’étoffe et le coffre pour mener à

bien une telle épopée (ce n’est en effet qu’un premier tome), car il a parfaitement bien

intégré les ficelles et les ressorts inhérents à l’heroic fantasy. Mais c’est l’écriture surtout,

la langue gouleyante qui se démarque et se singularise dans ce roman, une jubilation

rabelaisienne qui apporte une pointe d’humour à un genre qui en est le plus souvent

départi. À découvrir donc en se laissant transporter jusqu’à la Fagne, ce pays d’eaux

mortes que les alchimistes se sont acharnés à détruire au cours des siècles, et suivre les

destinées de ses personnages hauts en couleur…

Tir groupé chez Coups de tête :

Sympathie pour le destin, de Alain Ulysse Tremblay : J’avais déjà parlé ici de Big Will,

du même auteur, qui m’avait transporté. Cette fois paraît un de ses romans précédents

(l’éditeur québécois « transférant » petit à petit son catalogue vers l’Hexagone), dans

lequel j’ai eu plaisir à retrouver le style punchy de l’auteur. Ici, c’est l’histoire d’un

peintre qui se réveille un beau matin avec un pied enflé. Ce qui l’amène à l’hôpital où,

entre des affaires familiales délicates à régler, il se liera d’amitié avec son voisin de

chambrée, un dénommé Elvis. À noter les passerelles entre les romans de cet auteur sur

lesquelles se baladent parfois les mêmes personnages (à voir/lire, chez le même éditeur,

La vie d’Elvis). Otchi Tchornya (Les yeux noirs), de Mikhaïl W. Ramseier : Véritable

plaidoyer contre la mondialisation contrôlée par des politiques le plus souvent véreux, ce

gros roman nous entraîne dans une épopée – de Paris jusqu’en Russie –, menée par

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Zénobe, son antihéros. L’intrigue est bien tissée, les dialogues sont sûrs, les personnages

ont une épaisseur truculente. Contre Dieu, de Patrick Senécal : Sur quelles béquilles peut-

on bien faire reposer sa vie, quand ceux que vous aimez le plus au monde viennent à

disparaître de manière dramatique ? C’est ce que tente de trouver le personnage du roman

de Patrick Senécal en une quête effrénée et violente. C’est écrit à la deuxième personne

(comme dans La Modification de Michel Butor et Un homme qui dort, de Georges Perec),

le roman ne fait qu’une seule phrase (comme par exemple dans Paradis, de Philippe

Sollers), et c’est très percutant, haletant, oppressant… Une belle découverte que cet

auteur, très connu au Canada pour ses thrillers ténébreux et qui mériterait de l’être en

France.

L’Or et la toise, Ceux des eaux mortes tome 1, de Brice Tarvel, 250 p., 18 €, Éditions

Mnémos, 2011. Sympathie pour le destin, de Alain Ulysse Tremblay, 142 p., Coups de

tête, 2009, 7 €. Otchi Tchornya, de Mikhaïl W. Ramseier, 550 p., Coups de tête,

2010, 16,50 €. Contre Dieu, de Patrick Senécal, 128 p., Coups de tête, 2010, 11 €.

© Gilles Vidal

http://gilles-vidal.pagesperso-orange.fr

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écho des caps n° 1248 • vendredi 8 avril 2011 [13

visite

Mikhaïl W. RamseierSa semaine dans l’Archipel

Mikhaïl W. Ramseier, grâce à son roman « Otchy Tchornya », est le lauréat 2 011 du Prix Littéraire de l’Archipel « Récits de l’Ailleurs »remis par un jury composés d’élèves du Lycée d’État Émile Letournel. Il est le troisième auteur à recevoir ce prix et, comme ses pré-décesseurs, il a été invité à séjourner une semaine dans l’Archipel, pour y recevoir son prix d’abord, mais aussi rencontrer les élèves, par-ler de son œuvre et découvrir Saint-Pierre et Miquelon. M. Ramseier est arrivé samedi soir sur le vol d’Air Saint-Pierre en provenance deMontréal, et comme toujours un planning a été établi pour lui, assez chargé d’ailleurs. Dès lundi, après avoir visité le Musée Héritage, ila officiellement reçu son Prix au CDI du lycée, et ses rencontres avec les classes ont commencé dès le lendemain matin. Mardi également,il a participé au Bureau philatélique temporaire installé à la Bibliothèque municipale pour l’émission d’un timbre consacré au « Prix Lit-téraire de l’Archipel 2 011 » (émission 1er jour), avant d’animer une soirée tout public au CDI du lycée, sur son roman et le thème des Co-saques. Son programme s’est ainsi poursuivi toute la semaine avec notamment sa réception en Mairie de Saint-Pierre le mercredi ; uneparticipation aux « Matinales » de SPM Première Radio, suivie de la visite de l’exposition sur les fonds sous-marins en compagnie de De-nise Téletchéa le jeudi ; la découverte de Miquelon/Langlade ce vendredi avec, à peine de retour, une nouvelle soirée tout public autourde son livre à la Bibliothèque municipale de Saint-Pierre, où est aussi organisée, demain samedi de 10 à 12 heures, une séance de dédi-cace du roman primé. Gageons qu’il n’aura pas beaucoup eu le temps de souffler ! • D. Gil

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10] écho des caps n° 1251 • vendredi 6 mai 2011

Du 4 au 9 avril, Mikhaïl W. Ramseier – quechacun se permet désormais d’appeler « Micha » – était l’invité d’honneur des ly-céens de Saint-Pierre et Miquelon, venu surplace recevoir le prix littéraire « Récits del’Ailleurs » 2011, le troisième du genre,pour son roman « Otchi Tchornya ».Son programme durant cette semaine a étébien chargé: rencontres bien sûr avec les ly-céens qui l’ont primé, mais aussi avec les au-torités et le public à la bibliothèque muni-cipale, réception à l’Hôtel de Ville par leMaire, Mme Karine Claireaux, et découvertede Saint-Pierre et de Miquelon.Depuis son départ, il a passé une dizaine dejours au Québec, pour y participer notam-ment au Salon du Livre de Québec, puis il aregagné le Venezuela d’où il a bien vouludresser pour nous le bilan de son séjourdans l’Archipel. Et le moins que l’on puissedire, c’est qu’il en garde une excellente im-pression, lui réservant même une surprisedans les mois à venir…

Écho : Comment avez-vous appris que vousétiez le lauréat 2 011 de ce prix « Récits del’Ailleurs » ?Micha : J’étais prévenu que mon livre parti-cipait au prix mais je ne savais rien de la pro-cédure entre mon éditeur et les organisa-teurs, ce qui fait que j’ignorais aussi com-ment et quand se passerait son attribution.Je suis donc tombé des nues lorsque j’ai ap-pris, par un ami vivant à Saint-Pierre qui m’atéléphoné le soir même, que j’en étais lau-réat, l’existence de ce concours m’étant com-plètement sortie de l’esprit.

Écho : Quelle a été votre réaction à cette annonce ?Micha : Ma première réaction a donc été lasurprise, puis le contentement d’avoir étéchoisi, et enfin une joie supplémentaired’avoir l’opportunité de venir visiter l’Archipel.

Après réflexion, j’ai aussi été ravi de rece-voir un prix de ce type, peu banal, peuconnu, avec le sentiment d’être l’un des pre-miers d’une longue série, d’essuyer enquelque sorte les plâtres d’un prix que bienpeu d’auteurs peuvent afficher à leur pal-marès – en gros, son manque (encore) deprestige est largement compensé par sonoriginalité.

Écho : Comment s’est passée votre arrivéeà Saint-Pierre ?Micha : Arrivé tard dans la soirée, j’ai pour-tant été reçu par un comité d’accueil (mem-bres du jury, de l’organisation, proviseur, etc.)qui m’a immédiatement mis dans l’am-biance sympathique et chaleureuse que j’aiensuite ressentie partout lors de mes ren-contres.Certains passagers de l’avion d’Air Saint-Pierre, ainsi que les représentants de la po-lice et de la douane, m’ont immédiatementidentifié grâce aux divers articles publiés

avec ma photo dans l’Écho des Caps, etm’ont salué avec bienvenue.

Écho : Avez-vous été surpris en arrivant ?Micha : Avant l’attribution de ce prix, je neconnaissais rien de l’Archipel, si ce n’est sonpositionnement approximatif. Je ne le voyaispas, comme certains, dans les Antilles, nidans le Grand Nord, mais je le situais un peuplus haut qu’il ne l’est sur la carte dumonde.Bien que m’étant quelque peu renseigné viaInternet, j’ai donc été surpris par son aspectplutôt « tempéré », son climat assez douxpar rapport à ce que j’imaginais.

Écho : Vos premières impressions ?Micha : Ce qui m’a frappé d’abord, après unpremier coup d’œil global de Saint-Pierre,c’est la richesse des infrastructures et desactivités proposées aux habitants. La visitedu lycée professionnel, en particulier, puisdes studios de RFO, de la mairie ou même

Mikhaïl W. RamseierImpressions de séjour

Propos recueillis par Didier Gil

« Les représentants de la police et de la douane, m’ont immédiatement identifié grâceaux divers articles publiés avec ma photo dans l’Écho des Caps. »

« La maîtrise du langage, de l’orthographe, de la connaissancesera au cœur de la lutte des classes de demain : les laissés pourcompte seront ceux qui ne maîtriseront plus ces outils… »

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écho des caps n° 1251 • vendredi 6 mai 2011 [11

de l’aéroport, m’ont subjugué par l’importanceet l’état de leurs équipements.Même constat pour le nombre des véhi-cules et leur état d’entretien, de la qualité desroutes, des maisons fraîchement colorées, quidonnent une impression de joie et d’opulence.

Écho : Parlez-nous de votre rencontre avecles lycéens se Saint-Pierre…Micha: Partir à la rencontre d’un public jeuneétait une chose nouvelle pour moi. J’étaisdonc un peu anxieux de les aborder, sachantque les adolescents sont plutôt exigeants –

ce qui rehausse à mes yeux le fait d’avoir étéchoisi par eux – et ne connaissant rien deleurs attentes.Une journaliste m’a un jour demandé ce quema visite pouvait apporter aux lycéens, puisà moi ce que leur rencontre me procurait.Pour eux, j’espère avoir été abordable et leuravoir offert l’image d’une littérature moderneet dépoussiérée, éloignée du cliché habituelqui présente la culture en général commequelque chose d’élitiste et difficile d’accès.Par ce biais, j’espère en avoir convaincu cer-tains de se lancer à la découverte du livre,

de la lecture, de l’écriture, bases fonda-mentales de la connaissance. J’ai d’ail-leurs insisté, lors de ma visite de Miquelon,sur la perte objective que représentait le ni-vellement par le bas qui prédomine au-jourd’hui – langage SMS, sous-culture In-ternet, monde numérique offrant quantité aulieu de qualité – et dont le thème est l’un desaxes de réflexion du livre primé. J’ai insistésur le fait que la maîtrise du langage, de l’or-thographe, de la connaissance sera aucœur de la lutte des classes de demain : leslaissés pour compte seront ceux qui ne maî-triseront plus, ou pas assez, ces outils in-dispensables de la civilisation.

Écho : À titre personnel, que garderez-vous de cette rencontre ?Micha : Pour moi, ce que m’a apporté la ren-contre des lycéens c’est la fraîcheur, quelquechose de vierge qui regarde et qui écouteavec une profondeur innocente que souventles adultes n’ont plus, trop influencés déjàpar leur expérience et leur vécu.

Écho : Avez-vous d’ores et déjà dressé unbilan de votre séjour ?Micha : J’ai été surpris par l’ouverture d’es-prit des gens, toujours curieux et attentifs.Sans doute liée à l’isolement de l’Archipel età son histoire liée à la marine et à la pêche,cette curiosité m’a d’autant plus étonnéqu’elle est assez rare dans les lieux reculés,plus généralement repliés sur eux-mêmes.L’autre chose qui a retenu mon attention,c’est l’impression d’évoluer dans un mondesous cloche, minuscule mais autonome,comme une sorte de Lilliput français perduen terre canadienne.À cet égard, la visite du musée Héritage etla lecture de certains ouvrages m’ont laissél’impression d’un peuple de résistants faceà la rigueur impitoyable des éléments et desconditions difficiles de l’existence. J’ai doncété pleinement heureux de cette découverte,de l’accueil chaleureux qui m’a été fait par-tout, de ce prix littéraire attribué par de vraislecteurs qui ont apprécié mon livre, et nonpas par un obscur comité de lecture placésous influence.

Écho : L’Archipel peut-il être une sourced’inspiration pour vous ?Micha : Encore sous le charme de cetterencontre inattendue, je me mets à l’écriturede mon prochain roman, qui sortira sansdoute au printemps 2012 – ma parution del’automne prochain étant déjà program-mée – et qui aura Langlade pour cadre… •

[ entretien ]

Le mardi 5 avril, à la bibliothèque municipale, Mikhaïl W. Ramseier a participé àl’émission premier jour du timbre « Récits de l’Ailleurs ».

C’est au Lycée Émile Letournel de Saint-Pierre, en présence des enseignants et deslycéens membres du jury, que Mikhaïl W. Ramseier a reçu le prix 2 011 « Récits del’Ailleurs ».

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12] écho des caps n° 1247 • vendredi 1er avril 2011

Le lauréat, Mikhaïl W. Ramseier, est unauteur de langue française, né en Suisse,mais dont la famille est d’origine russe. Il agardé des liens forts avec les racines fami-liales, ce qui transparaît dans le romancouronné « Otchi Tchornya » (Les yeuxnoirs).Les élèves, qui constituent exclusivementle jury – les professeurs assurent l’enca-drement du fonctionnement du Prix – ontété manifestement séduits par l’exotismequi émane de ce roman. Exotisme qui, pourle jury, fut double. En effet, l’auteurd’« Otchi Tchornya » sait capter et restituerune atmosphère très parisienne, qui pour

évoluer dans ununivers banale-ment courant, n’enest pas moins typique. Cette contem pora-néité se manifestebien sûr par des ré-férences sociolo-giques et politiques,mais surtout par lalangue familière for-tement parlée. Ladimension dialo-gique est d’ailleursune caractéristiquedominante du roman.L’exotisme se nourritaussi d’une authen-tique dimension del’ailleurs s’apparen-tant en partie aux ca-ractéristiques du récitinitiatique dont le filconducteur reposesur la recherche desorigines familialesd’une jeune orphelinesurgie d’on ne sait où.Ainsi le lecteur est-ilamené à suivre le

héros et ses comparses sur le chemin desracines familiales russes de cette enfant.Saint-Pétersbourg est la première étapeavant que nous ne soyons conduits vers lesmarches occidentales de la Sibérie. C’estalors que la Russie profonde et éternellerévèle progressivement sa magie fasci-nante. Une Russie peuplée de descendantsde Cosaques et de Vieux Croyants dont lavie sereine et tranquille tranche avec l’ac-tivisme occidental happé par la vitesse etle consumérisme. L’authenticité humaineque découvrent Zénobe et Lana tranchetoujours plus avec l’univers déshumanisé

qu’ils ont laissé derrière eux. De plus, lesrichesses de cet Eden insoupçonné se ré-vèlent parallèlement à la découverte qu’ilsfont de la langue de Tolstoï, bien que cesoient des poèmes d’Essenine qui ponc-tuent ça et là le texte.En un mot, les caractéristiques attenduesd’un récit de l’ailleurs se trouvaient doncréunies pour que le jury retienne « OtchiTchornya » comme lauréat du Prix Litté-raire de l’Archipel 2 011.En outre, à partir de cette année, un timbreviendra marquer l’évènement, c’est au ta-lent d’Anne Rebmann que l’on doit le pre-mier. •

Mikhaïl W. RamseierPrix littéraire de l’Archipel

[ invité]Par Philippe P. Bonolas, Secrétaire du Prix Littéraire de l’Archipel

Le Prix Littéraire de l’Archipel « Récits de l’Ailleurs » vient d’êtredécerné, pour la troisième fois, par les élèves du Lycée Émile

Letournel de Saint-Pierre et Miquelon.

Mikhaïl WadimovitchRamseierBibliographie (rappel)

- Otchi Tchornya (Les Yeux noirs) ; Ed. Coups de tête, 2010.

- Cosaques ; Ed. Nemo, 2009.

- Journal d’un naufragé ; Ed. Nemo, 2008.

- Pulpa negra ; Ed. Nemo, 2008.

- La Voile noire : aventuriers des Caraïbes et de l’océan Indien ; Favre, 2006.

- Moscou ; Les Guides noirs, 2000.

- Saint-Pétersbourg ; Les Guides noirs, 1998 et 2000.

- Fièvres dans la nuit ; Ed. St-Germain-des-Prés, 1996.

- Cuivre érable ; Ed. Nemo, 1993.- Les Îles au nord du monde ;

Ed. Perret-Gentil, 1985.- Vie et mort d’un vieillard ;

Ed. Perret-Gentil, 1983.- Le Démon du silence ;

Ed. Perret-Gentil, 1981.

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12] écho des caps n° 1246 • vendredi 25 mars 2011

Invité par les organisateurs du Prix litté-raire de l’Archipel – « Prix de l’ailleurs »des lycéens locaux – à venir passer une se-maine sur nos îles, le lauréat de l’année2011 fera quelques passages dans notre-Bibliothèque durant la semaine du 4 au 9 avril. Calendrier…

Philatélie — Bureau temporaire

Le mardi 5 avril verra la mise en place à laBibliothèque d’un bureau temporaire pour

l’émission pre-mier jour du tim-bre réalisé pourl’occasion parAnne Rebmann. Lamanifestation sefera en présencede l’écrivain, d’unmembre de LaPoste ainsi qued’un membre duBureau philaté-lique. Heures d’ou-verture au public dela Bibliothèque pource bureau tempo-raire :14 h 30 à 18 h 30.

Soirée toutpublic

Le vendredi 8 au soir àpartir de 21 heures àl’étage de la Biblio-thèque, rencontre avecl’écrivain. Il sera biensûr question du livreprimé « Otchi Tchor-nya » (Les yeux noirs),

mais aussi de voile noir, celle des pirates,puisque Mikhael W. Ramseier connaît bien,pour l’avoir étudié, le monde des pirates,flibustiers, forbans et autres aventuriersdes mers (voir bibliographie ci-contre). His-toire de la piraterie, différences entre fli-bustier, boucanier, pirate, forban, cor-saire… ?Vous êtes invités à venir découvrir les mul-tiples talents et centres d’intérêt de Michaqui peut vous promener des coulisses deson métier aux dangers du monde virtuelavec un détour par le roman policier et lanumérisation des données, ou encore, au-

tres sujets chers à l’auteur : l’espionnageinformatique ou la censure aujourd’hui.L’entrée est libre, gratuite, ouverte à touset sans inscription préalable.

Séancede dédicaces

Le lendemain samedi 9 avril, à partir de 10 heures, l’auteur sera présent à la Bi-bliothèque pour une séance de dédicacesde son livre « Otchi Tchornya » retenu cetteannée par les lycéens de Saint-Pierre : ren-contres, échanges, moment de convivialitéavec le public. •

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Invité de la BibliothèqueMikhaïl W. Ramseier

[ rencontre]Par Danièle Girardin

Interventions de l’écrivain Mikhaïl Wadimovitch Ramseier – dit « Micha » – à la Bibliothèque de Saint-Pierre.

Mikhaïl WadimovitchRamseierBibliographie

- Otchi Tchornya (Les Yeux noirs) ; Ed. Coups de tête, 2010.

- Cosaques ; Ed. Nemo, 2009.- Journal d’un naufragé ; Ed. Nemo, 2008.- Pulpa negra ; Ed. Nemo, 2008.- La Voile noire : aventuriers des Caraïbes

et de l’océan Indien ; Favre, 2006.- Moscou ; Les Guides noirs, 2000.- Saint-Pétersbourg ; Les Guides noirs,

1998 et 2000.- Fièvres dans la nuit ; Ed. St-Germain-

des-Prés, 1996.- Cuivre érable ; Ed. Nemo, 1993.- Les Îles au nord du monde ; Ed. Perret-Gentil,

1985.- Vie et mort d’un vieillard ; Ed. Perret-Gentil,

1983.- Le Démon du silence ; Ed. Perret-Gentil,

1981.

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ATTESTATION DE DIFFUSION

Nous avons parlé dans notre média : NOM DE L’ÉMISSION : LE VOYAGE INSOLITE ANIMATEUR : FRÉDÉRICK DURAND ([email protected]) RADIO : 89, 1 FM (TROIS-RIVIÈRES) CABLE : 92,9 INTERNET : WWW.CFOU.CA DATE ET HEURE : LE 24 JANVIER 2011, 19 H 00 À 20 H Des ouvrages : CONTRE DIEU / SERRURIER / CHEMINS DE MOINDRE RÉSISTANCE / OTCHI TCHORNYA LES OUVRAGES ONT ÉTÉ CRITIQUÉS ET PRÉSENTÉS Commentaires : Contre Dieu – Avec ce titre, Patrick Senécal poursuit dans la lignée de ses derniers romans chez « Alire », mais de manière plus condensée, pour répondre à l’esthétique générale de « Coups de tête ». On peut certainement affirmer que son pari est atteint, puisque l’ouvrage correspond réellement au programme éditorial de cet éditeur, ce qui n’a pas toujours été le cas pour certains titres antérieurs (on pense entre autres à l’ouvrage de Sunny Duval vendu comme un roman alors qu’il s’agissait de chroniques ou à d’autres livres plutôt longs parus récemment). Le choix d’une narration à la 2e personne du singulier était audacieux, et Senécal s’en tire bien. L’autre option littéraire, (soit un récit qui se présente sous la forme d’une longue phrase qui commence à la première page et se termine à la dernière) est bien utilisée, produisant un effet de souffle haletant, d’énergie anarchique et rageuse, parfois confuse, qui correspond bien à l’état d’esprit du personnage. On reconnaît les préoccupations de Senécal, et ses fans devraient apprécier cet ouvrage. La mise en évidence de valeurs judéo-chrétiennes (une constante dans les derniers Senécal) pourra faire tiquer certains lecteurs (puisqu’elle accrédite une forme de roman à thèse, option retenue par Senécal, qui se veut moraliste dans plusieurs de ses projets depuis les Sept jours du Talion). Au moins, la finale refuse la facilité hollywoodienne, ce qui favorise la réflexion. Un bon « Coup de tête » ! (FD) Le Serrurier, Mathieu Fortin. Roman d’un auteur de la région. Comme certains critiques l’ont noté, Fortin ne se veut pas styliste, ici (à tout le moins dans ses deux « Coups de tête »), préférant les dialogues et la narration aux descriptions. Ce choix se constate également dans les chapitres, tous brefs. Signalons toutefois une volonté de rupture avec la structure traditionnelle : deux époques coexistent en alternance tout au long du roman. Pour un « Coup de tête », l’ouvrage est plutôt calme (par rapport au précédent Fortin, Le Protocole Reston, sorte de roman d’action fantastique), s’intéressant surtout à une

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malédiction familiale dont les conséquences perdurent après plusieurs siècles. Les Trifluviens pourront s’amuser à repérer, dans le roman, plusieurs décors familiers. (FD)

Les chemins de moindre résistance est le septième roman de Guillaume Lebeau. Ce 34e

titre de la série Coups de tête se présente comme un suspense. J’ai d’abord été séduite par le superbe titre du livre. L’expérience de l’auteur, qui a également publié des essais, se ressent d’ailleurs à la lecture de ce récit, qui est servi par une écriture à la fois soignée et maîtrisée. Les Chemins de moindre résistance nous propose de nombreux personnages, tous reliés entre eux d’une certaine façon. Au départ, l’impression de lire un recueil de nouvelles est persistante, puisque les chapitres nous présentent tour à tour de nouveaux personnages, qui semblent distincts à première vue. Mais le récit démarre peu après la page 50, pour se centrer sur le protagoniste principal : Vin, un adolescent atteint d’une étrange leucémie. Vin, qui sait bien qu’il lui reste peu de temps à vivre, décide de partir à la recherche de son écrivain fétiche, Thomas Ray, qui vit retiré depuis des années en Islande. Pour ce faire, il devra quitter l’hôpital où il est soigné, avec l’aide d’Irina, qui est médecin. Mais, entretemps, l’équipe médicale découvre que la leucémie de Vin est aussi une maladie contagieuse, qui pourrait faire des ravages si l’adolescent n’était pas mis en quarantaine… S’ensuit alors une quête pour retrouver Vin, qui conduira le lecteur jusqu’à des extrémités insoupçonnées… L’une des forces de ce livre est son caractère imprévisible, Lebeau possédant le talent de faire évoluer toute une galerie de personnages dans une même trame. De plus, la narration polyphonique du roman, qui s’intéresse tour à tour à différents protagonistes, vient enrichir cette impression de progresser dans un univers généreux et longuement réfléchi. Dans Les chemins de Moindre résistance, les ficelles sont minutieusement tirées, donnant comme résultat un roman soigneusement planifié, au rythme lent et constant. D’ailleurs, c’est peut-être ce rythme lent, un peu clinique, qui est la principale faiblesse du roman, qui nous expose les événements d’une manière qui manque parfois un peu d’intensité. Et lorsque l’on sait que le programme de Coups de tête est d’offrir des récits intenses, il est permis de s’interroger sur la place de ce livre dans la série. En tant que tel, le roman de Lebeau est un bon suspense, mais il pourrait aller beaucoup plus loin, notamment avec les idées intéressantes lancées sur la virologie, que l’auteur connaît bien. Bref, j’aurais aimé être plus secouée à la lecture des Chemins de moindre résistance, ressentir un peu plus l’effroi de l’adolescent atteint de leucémie, de même que l’angoisse des scientifiques aux prises avec cet épouvantable virus. Malgré tout, ce 34e opus de Coups de tête vaut le détour, pour le talent évident de son auteur, qui réussit le pari de la narration polyphonique avec brio, ainsi que pour le traitement de la thématique centrale de la maladie virale, qui est très bien développé. (AG) Otchi Tchornya (qui veut dire Les yeux noirs en français) est le 36e titre de la série Coups de tête. C’est aussi le livre le plus volumineux publié dans la collection à ce jour, avec ses 549 pages. L’ouvrage est signé par Mikhaïl M. Ramseier, un auteur d’origine russe qui vit

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actuellement aux Caraïbes, et qui a déjà publié une douzaine de romans. Malgré cette prolixité, je ne connaissais pas Ramseier avant de lire Otchi Tchornya, qui est une bonne introduction à son œuvre. Le roman démarre sur une prémisse fascinante : le personnage principal, Zénobe, découvre que son appartement est habité depuis plusieurs mois à son insu, par deux colocataires clandestins. Les deux femmes, la mère et la fille, qui ont fuies la Russie, ont trouvées refuge en haut de sa penderie, dans un espace qu’elles ont emménagées. En son absence, elles vont et viennent dans l’appartement de Zénobe, en prenant garde de ne rien déplacer. Mais un jour, la mère succombe à un infarctus dans la salle de bain pendant l’absence du propriétaire, qui la retrouve en revenant à son logement. Peu de temps après, il découvrira qu’elle n’était pas seule, et que sa fille, Lana, est maintenant sans ressources. Mais que faire avec une enfant sans famille et sans papiers, qui vit à l’insu de tous dans son placard ? Zénobe décidera finalement de la rendre aux siens, en lui faisant traverser clandestinement plusieurs pays, de la France jusqu’à la Sibérie. L’une des principales forces de ce roman est sa situation initiale intriguante, qui harponne le lecteur dès le départ. Toutefois, le récit devient moins trépidant à la suite de la découverte de l’enfant, jusqu’à son retour en Sibérie. En fait, ce qui me semble moins fonctionner, c’est le dosage entre les différentes parties du roman, certains épisodes, du voyage par exemple, n’étant pas suffisamment développés, alors que des parties moins intéressantes s’étalent sur plusieurs pages. De plus, l’auteur ne peut parfois s’empêcher de nous servir des réflexions sur la modernité et les technologies, qui m’ont fait sortir du récit. Lorsque je tombais sur ces passages qui relèvent davantage de l’essai, j’avais hâte que Ramseier retourne à ses personnages, laissés en plan pendant qu’il se perdait en tergiversations. Il faut dire que c’est bien dommage de laisser de côté des personnages aussi attachants que ceux d’Otchi Tchornya, qui sont l’un des éléments forts de ce livre. En effet, l’auteur sait construire des personnages substantiels, les rendre touchants et crédibles. Toute la partie qui se trame en Sibérie est aussi particulièrement réussie, et donne l’impression au lecteur de se trouver réellement sur place. Bref, Otchi Tchornya, malgré certaines longueurs, est sans contredit un roman habile et dépaysant, avec des protagonistes solides et une intrigue singulière. Et même si le format du roman n’en fait pas réellement un Coup de tête, les ouvrages de cette collection se définissant généralement par leur brièveté et leur caractère incisif, il demeure que le livre de Ramseier est un roman intéressant, pour le lecteur qui aime les intrigues familiales complexes. (AG)