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BULLETIN DE LA FÉDÉRATION DES TRAVAILLEURS ET TRAVAILLEUSES DU QUÉBEC (FTQ) VOL. 23 - Hiver 2008 ans ans LA CHARTE DE LA LANGUE FRANÇAISE A ans ans ans. Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec ORNEMENTAL - ARCHITECTURAL

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CYAN MAGENTA JAUNE NOIR

BULLETIN DE LA FÉDÉRATION DES TRAVAILLEURS ET TRAVAILLEUSES DU QUÉBEC (FTQ)

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Service de la francisation de la FTQ : 565, boulevard Crémazie Est, bureau 12100, Montréal (Québec) H2M 2W3

VOL. 23 - Hiver 2008

Vol. 23 - Hiver 2008

Bulletin de la Fédérationdes travailleurs ettravailleuses du Québec (FTQ)

565, boul. Crémazie Est Bureau 12100Montréal (Québec)H2M 2W3

Téléphone : 514 383-8000

Télécopieur :514 383-0502

Portail :www.ftq.qc.ca/francisation

TRAVAILLER EN FRANÇAIS

Responsable : Lola Le Brasseur

Rédaction : Lola Le Brasseur Alexandre Rudnicki

Collaboration :Line BolducLaurence De la Sablonnière

Tirage : 8 000 exemplaires

Conception graphique :Tabasko Communications

Impression :Legris Litho

Bibliothèque nationale du Québec

1994 ISSN 0803-3942

Reproduction autoriséeet encouragée.

La FLFISETS lance une pétition

La Fondation de langue française pour l’innovation sociale et scientifique est un organisme sans but lucratif dont l’objectif est de trouver des solutions au manque de livres et de manuels en langue française dans les institu- tions d’enseignement postsecondaire (écoles profession- nelles, cégeps et universités).

Ce manque de livres, manuels et ressources didactiques en français provoque :

• des problèmes de transmission du savoir;• des problèmes de décrochage scolaire;• des problèmes d’appauvrissement de la population québécoise; • des problèmes d’intégration des immigrants;• va à l’encontre de l’égalité des chances.

Par la présente pétition, je donne mon appui à la FLFISETS pour sa recherche de solution au manque de livres et manuels en langue française dans les institutions d’enseignement postsecondaire et je demande que le gouvernement du Québec et le gouvernement du Canada travaillent conjointement avec la FLFISETS pour résoudre ce problème.

PétitionTravailler en français

Pour vous aider à travailler en français, la

Fédération des travailleurs et travailleuses du

Québec met à votre disposition divers services :

Pour plus de renseignements à ce sujet,

consultez le site de la FTQ : www.ftq.qc.ca

ou adressez-vous au : Service de la francisation

Téléphone : 514 383-8018, 514 383-8040

Télécopieur : 514 383-0502

Courriel : [email protected]

Soutien technique

Information

Formation

Matériel promotionnel, etc.

ansans

LA CHARTE DE LA LANGUE FRANÇAISE A

ansans

ans.Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec

ORNEMENTAL - ARCHITECTURAL

NOM, PRÉNOM (EN MAJUSCULES) SIGNATURE ADRESSE

Nous vous remercions de l’attention que vous portez à cette demande et de nous retourner cette pétition à l’adresse suivante : Service de la francisation au 565, boulevard Crémazie Est, bureau 12100, Montréal (Québec) H2M 2W3

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CYAN MAGENTA JAUNE NOIR

2 11Travailler en français FTQ - Hiver 2008

Que dit la loi?

Travailler en français FTQ - Hiver 2008

Les offres d'emploi relatives à des postes à pourvoir au Québec sont visées par la Charte. La publicité commerciale est aussi visée, de même que les contrats d'adhésion et les bons de commande, ce qui a pour effet d'assujettir aux garanties d'ordre linguistique tout ce qui appartient au domaine du commerce électronique. Le français est donc obligatoire, mais une autre langue peut être utilisée sur un pied d'égalité. Cependant, il faut s'assurer que l'entreprise qui fait sur le site Web la promotion de ses biens et de ses services est établie au Québec, et qu'elle vise le public québécois, ce qui normalement va de soi.

Les entreprises ayant à leur service 50 personnes ou plus, et qui de ce fait sont assujetties au chapitre sur la francisation des entreprises, doivent en principe offrir une version française

intégrale de leur site Web, qui fait partie des éléments du programme de francisation approuvé par l'Office. Donc, l'absence de français sur le site Web d'une telle entreprise pourrait mener au retrait ou à la suspension du certificat de francisation.

Enfin, les sites Web qui seraient faits par un journal ou par une station de radio ou de télé anglophones pourraient, selon les exceptions en vigueur, utiliser uniquement l'anglais sans qu'il y ait dérogation à la loi. De plus, les produits à caractère éducatif ou culturel peuvent être annoncés uniquement dans la langue du produit, sans version française.

Charte de la langue française, art. 41, 52, 55, 57, 141.

La Charte de la langue française et les sites WebLa Charte s'applique aux sites Web, du moins à certains d'entre eux, et il n'y a pas de raison de penser qu'elle serait, à cet égard, différente des autres lois du Québec.

N’ayons pas peur des motsCharge (en) – On ne peut être en charge d’une tâche mais chargé ou responsable d’une tâche. Ne pas dire être en charge d’un magasin mais diriger ou gérer un magasin. On peut char- ger un camion mais on exige un montant d’argent pour ce travail, on ne charge pas un montant d’argent.

Date (à) – À proscrire. Utiliser : jusqu’à présent, maintenant, à ce jour, aujourd’hui. Un travail ne peut être à date mais à jour.

Change - Barbarisme dans le sens : avez-vous du change? On doit dire : avez-vous de la monnaie. Faire la monnaie de dix dollars, non changer dix dollars. Au sens monétaire, le mot change si- gnifie en français : convertir une monnaie dans une autre. Par exemple : changer des dollars en euros au bureau de change.

Égaler – Ne pas confondre égaler et égaliser. Les deux verbes n’ont pas le même sens. Le verbe égaler signifie « atteindre à la même qualité, à la même importance que » : il me semble que rien n’égale la beauté de la mer ou égaler un concurrent en rapidité. Le verbe égaliser signifie « rendre égal » en parlant de n’importe quoi, au propre et au figuré : égaliser un terrain ou des épreuves qui égalisent les chances des concurrents.

Match - Le terme match, qui désigne une compétition entre deux ou plusieurs équipes ou entre deux ou plusieurs concurrents,

est entré dans la langue française au XIXe siècle. Son emploi est donc tout à fait correct dans le domaine des sports. Pluriel : matchs, matches. À noter que l’e final ne se prononce pas.

Référer – Référer n’est jamais transitif direct. Ce sont des anglicismes que l’on commet quand on dit, par exemple, référer une question à un comité, référer un malade à un spécialiste ou référer un élève à un ouvrage de documentation au lieu d’employer les verbes soumettre, adresser (à) ou diriger (vers) et renvoyer : soumettre ou renvoyer une question à un comité, adresser un malade à un spécialiste ou diriger un malade vers un spécialiste et renvoyer un élève à un ouvrage.

Transitif indirect, référer ne s’emploie que dans la construction en référer à, qui signifie « soumettre en vue d’obtenir une décision » ; las de discuter, ils décidèrent d’en référer à un tiers.

Le verbe pronominal se référer, qui se construit avec la proposition à, signifie « recourir à » : se référer à un texte, se référer à une autorité.

Exercices de prononciation : Seize chaises sèchent. Fraise fraîche, fraîche fraise.

Source : l'OQLF

René Roy, secrétaire général de la FTQ

Le 1er juin 2007, à Paris, au siège de la Confédération générale du travail (CGT), s’est tenue une rencontre sur les questions du plurilinguisme et de l’usage du français au travail. L’initiative syndicale à laquelle la FTQ était conviée se voulait un temps d’échange d’expériences pour stimuler l’action dans les entreprises, en solidarité avec leurs confrères et consoeurs d’autres pays et d’autres organisations syndicales.

La prédominance, voire le monopole d’usage, de la langue

anglaise inquiète et pour cause. Dans le monde du travail, les

syndicats constatent l’érosion continue de l’emploi du français

et la préférence donnée (à compétence égale) à ceux et celles

dont la langue maternelle est l’anglais. De plus en plus de

travailleurs, de travailleuses, de syndicats, d’associations

refusent cette domination d’une langue sur une autre. Ainsi,

au cours des dernières années, de nombreux abus et

illégalités ont été dénoncés par les salariés français. La presse

s’est faite l’écho de ces résistances et luttes syndicales. Des

employeurs ont été condamnés plusieurs fois et contraints par

décision de justice à se conformer à la législation en vigueur

quant à l’usage de la langue française comme langue du

travail sur le territoire français.

Le cas le plus retentissant est celui de la société américaine

General Electric Systems SCS (GEMS) installée à Buc, près de

Versailles. La société qui emploie 1 500 salariés assure la

maintenance de matériel médical de haute technicité : scan-

neur, appareil de mammographie, d’échographie, Doppler etc.

En 1998, des membres du personnel ont constaté que les

documents relatifs aux produits fabriqués étaient disponibles

seulement en anglais, la version française ayant disparu. Ils

ont alors demandé qu’ils aient à leur disposition des docu-

ments en français. Après avoir fait valoir à de nombreuses

reprises les difficultés rencontrées par l’usage exclusif de

l’anglais pour les formations internes, le comité d’entreprise,

les comités d’hygiène et de sécurité et la CGT ont décidé

d’agir en faisant appel à la justice. Ils assignent alors la

direction de GEMS pour non-respect de la Loi Toubon.

C’est une première. Pour le syndicat, il s’agissait de mettre

fin à une politique discriminante vis-à-vis des travailleurs et

des travailleuses ne parlant pas ou peu l’anglais. Les infor-

mations concernant l’entreprise, les logiciels, les documents

de travail, les notices techniques étaient tous rédigés et

communiqués en anglais. Pendant six ans, les représentants

syndicaux se sont heurtés à une fin de non-recevoir. La

réponse de l’employeur est toujours restée la même : « non,

la traduction des documents et autres outils de travail n’est

pas prévue, trop chère, impossible ».

Le syndicat a gagné, aussi bien en première instance

(janvier 2005) qu’en appel (mars 2006). L’entreprise a été

condamnée à payer 580 000 euros pour n’avoir pas

traduit dans les délais impartis 58 documents en infrac-

tion. Le résultat pour les travailleurs et travailleuses a été

spectaculaire. Des moyens importants ont été mis en œuvre

pour réaliser les traductions, avec pour effet des créations

d’emplois.

La rencontre du 1er juin nous a permis de converser avec

de nombreux travailleurs et travailleuses sur l’usage du

français au travail. Elle nous a également permis de tisser

des liens solides avec les représentants et représentantes

de la CGT et de statuer sur une première initiative à mettre

de l’avant, en parallèle avec les activités syndicales, pour

promouvoir l’usage du français au travail.

COMMENT FAIRE RESPECTER SES DROITS LINGUISTIQUES? Toute personne peut demander à l'Office d'intervenir pour vérifier l'application de la loi et des règlements. Les demandes de vérification sont transmises à l'adresse suivante :

Office québécois de la langue française / Direction du traitement des plaintes125, rue Sherbrooke Ouest, Montréal (Québec) H2X 1X4 Télécopieur : 514 873-3993 / Téléphone : 514 864-2648 Courriel : [email protected]

La Charte de la langue française a 30 ansLa Charte de la langue française a 30 ans

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CYAN MAGENTA JAUNE NOIR

Fernand Daoust

Membre de l’Office Québécois de la langue française de 1977 à 2002, Fernand Daoust est récipiendaire de l’Ordre des francophones d’Amérique et du prix Georges-Émile Lapalme.

Fernand Daoust a été secrétaire général de la FTQ pendant vingt-

deux ans puis président jusqu’au moment de sa retraite en 1993.

D’emblée, il situe le point de départ de son engagement en faveur

de la langue française dans les années cinquante, au moment de ses

premiers contacts avec le mouvement syndical.

De l’ombre…

Pour dépeindre le contexte de l’époque, Fernand Daoust rappelle

que, dès le tout début des années cinquante, la FTQ dénonce

l’unilinguisme anglophone des milieux de travail dans l’ensemble de

la province. « Imaginez un peu que vous deviez, comme travailleurs

et travailleuses francophones, négocier vos conditions de travail et

vos salaires dans une langue qui n’est pas la vôtre. Comment faire

pour se défendre justement? Comment arriver à s’exprimer claire-

ment, avec éloquence et conviction, quand on peine à comprendre

le sens des mots que l’on emprunte? »

… à la lumière

Ainsi s’explique pourquoi la Charte de la langue française fut

accueillie avec autant d’enthousiasme au Québec et particulière-

ment dans le monde du travail, surtout dans les grandes entreprises,

considérées jusqu’aux années 1970, comme des espaces où les

outils et procédures de gestion ainsi que les personnels de direction

et d’encadrement étaient fortement anglicisés. Dans ce processus

ardu de réappropriation identitaire, la Charte de la langue française

promulguée le 26 août 1977 est perçue comme un légitime accom-

plissement.

Le rôle de la FTQ

« La FTQ, de dire Fernand Daoust, a joué un rôle de pionnier dans le

domaine de l’utilisation du français dans les lieux de travail en

adoptant vers la fin des années 1960 des positions, que l’on peut

qualifier sans exagération, de visionnaires et prémonitoires. Elle a été

le précurseur de la prise de conscience de la question de la langue

au Québec. La centrale a forgé ses positions sur la question linguis-

tique à partir de son expérience faite de multiples batailles qu’elle a

livrées à l’égard de l’utilisation du français dans les lieux de travail.

Lors de son congrès en 1969, la FTQ adoptait une résolution

revendiquant une politique linguistique.

Après trente ans de mise en œuvre, des réussites significatives

peuvent légitimement être mises à l’actif de la Charte de la

langue française. Aujourd’hui, la grande majorité des travailleurs

et travailleuses du Québec exercent, échangent et assurent leur

promotion socioprofessionnelle dans leur langue et ceci dans la

plupart des secteurs d’activité.

Rien n’est jamais acquis

Cependant, les gains obtenus depuis un quart de siècle de mise

en œuvre de la loi linguistique, ne sont pas irréversibles. Loin s’en

faut et une vigilance de tous les instants est indispensable pour

assurer leur pérennité. Rien n’est jamais acquis définitivement

surtout dans un domaine aussi sensible et vulnérable que celui de

la francisation des milieux de travail. Par exemple, les grands

oubliés de la francisation dans les milieux de travail demeurent

les entreprises de moins de cinquante personnes qui échappent

à presque toutes les obligations de la Charte. Il y a une vingtaine

de milliers de ces entreprises au Québec (entre 10 et 50 salariés)

qui emploient environ 700 000 travailleurs et travailleuses dont

une bonne partie des nouveaux venus. Et devinez qu’elle est la

langue du travail…

Il y a certainement des actions à mener de façon à ce que ces

entreprises s’inscrivent dans un processus spécifique de francisa-

tion avec un accompagnement approprié des pouvoirs publics.

Mais par-dessus tout, de conclure Fernand Daoust, la clé du

succès réside indubitablement dans la mobilisation de moyens

financiers et la conscientisation de tous les acteurs politiques,

économiques et sociaux. C’est à ces conditions que l’on pourra

atteindre les objectifs de ce projet collectif que la société québé-

coise s’est donné ».

10 3Travailler en français FTQ - Hiver 2008 La Charte de la langue française a 30 ansLa Charte de la langue française a 30 ans Travailler en français FTQ - Hiver 2008

Du 17 au 21 mars 2008La Semaine du français au travail

Depuis plusieurs années, c’est sous différents thèmes que la FTQ organise et anime la semaine du français qui se déroule toujours autour du 20 mars.

À cette occasion, la FTQ mettra à la disposition de ses affiliés du matériel promotionnel destiné à tous ceux et celles qui désirent participer à la promotion du français dans leur milieu de travail.

Y serez-vous le 31 mars ?Le 31 mars, la FTQ propose à ses affiliés une

journée de discussion portant sur l’état du fran-

çais dans les milieux de travail. Un formulaire

d’inscription parviendra, par la poste, à toutes les

sections locales et sera disponible sur le portail de

la FTQ au www.ftq.qc.ca

C’est autour du thème « Des mots pour se rencontrer » choisi par l’Office québécois de la langue française (OQLF), que toutes les régions du Québec seront appelées à célébrer le français et la francophonie du 7 mars au 4 avril 2008.

L’OQLF propose un programme d’activités variées pour fêter la langue française à Montréal, à Québec et dans toutes les régions. Le matériel promotionnel (affiches, jeux linguistiques, napperons, etc.) ainsi que le programme détaillé seront bientôt disponibles. Pour suivre le déroulement de la Francofête, pour connaître les différentes activités dans toutes les régions du Québec ou pour télécharger des jeux linguistiques, consultez le site de l’OQLF au www.francofete.qc.ca

La Francofête 2008

Ça bouge à la FTQ ! À vos agendasMercredi, le 5 mars 2008, pour la deuxième année, la FTQ organise une journée d’information portant sur l’intégration au travail des personnes immigrantes.

Pour les personnes immigrantes, comme pour toutes les nouvelles personnes qui arrivent dans un milieu de travail, l’accueil et l’information sont des moyens privilégiés pour faciliter l’intégration dans le nouveau milieu et dans la vie syndicale.

La bonne volonté et la bonne foi ne suffisent pas nécessairement à créer ce climat d’ouverture à l’amélioration des relations interculturelles. Comme syndicat, nous avons une importante responsabilité face à l’intégration de tous nos membres, quelle que soit leur origine. Nous devons trouver des moyens syndicaux pour faciliter cette intégration et c’est ce sur quoi nous voulons réfléchir avec vous.

Afin de s’assurer que cet événement soit un lieu d’échanges

entre personnes de différentes cultures, nous vous suggérons de faire des inscriptions jumelées, soit autant de personnes issues de l’immigration que de Québécois et de Québécoises « de souche ».

Vous recevrez bientôt une convocation et un formulaire d’ins- cription que nous vous demandons de remplir et de retourner au Service de la francisation. En consultant le site de la FTQ, section francisation, vous trouverez plus de renseignements.

Vous êtes donc invités à participer en grand nombre à la journée de réflexion sous le thème « La diversité fait notre force ». Voici les coordonnées de la journée : mercredi le 5 mars 2008, à compter de 9 heures, Tour FTQ, salles Louis-Laberge, 2e étage, 565, boulevard Crémazie Est, Montréal.

Le coût de l’inscription est de 25 $ par personne incluant le repas du midi qui sera servi sur place.

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CYAN MAGENTA JAUNE NOIR

T É M O I G N A G E S

4 9Travailler en français FTQ - Hiver 2008Travailler en français FTQ - Hiver 2008

Daniel Sylvestre

Je me souviens qu’en 1982, lors d’une entrevue pour obtenir

un emploi dans une usine, on m’a amené devant un poste de

commande où tout était en anglais; si on ne comprenait pas,

on ne t’engageait pas, de se rappeler Daniel. Aujourd’hui, se

faire refuser un emploi parce qu’on ne parle pas l’anglais, ça

n’existe plus dans les usines que je représente. Les choses ont

changé. Maintenant, plusieurs chefs d’entreprises sont fiers

de dire qu’on travaille en français chez eux. Paradoxalement,

on sent un manque d’intérêt pour le projet de francisation. Le

dossier est souvent mis de côté en attendant que l’on trouve

le temps. Malheureusement, on ne trouve jamais le temps. Il

semble que le bilinguisme gagne de plus en plus de terrain

dans les milieux de travail. Par exemple, les jeunes travailleurs

et travailleuses sont très souvent bilingues et affichent une

plus grande tolérance que les personnes plus âgées lorsqu’il

s’agit d’utiliser des documents de travail ou des logiciels qui

n’ont pas de version française. Un système de commande

uniquement en anglais n’a plus rien d’offensant tandis que

pour nous, c’était un sacrilège. On réclamait immédiatement

le droit de disposer d’outils de travail en français. C’est en

1994 que s’est fait le grand virage vers la francisation dans

nos usines. Avec le Service de la francisation de la FTQ, nous

avons travaillé très fort pour mettre le processus en marche.

Nous étions très sensibilisés, mais nous manquions de savoir-

faire. La FTQ nous a fourni les outils nécessaires pour mener à

bien notre mandat et pour bien représenter nos membres.

On peut dire que si les choses ont changé dans nos usines,

c’est surtout grâce à l’action syndicale. Quant à l’Office

québécois de la langue française, on sent que ses repré-

sentants et représentantes veulent nous aider, mais qu’ils

manquent de moyens pour le faire. Je trouve aussi qu’ils sont

trop indulgents avec les entreprises. La réalisation d’un

programme de francisation peut durer vingt ans et tout le

«

«

monde s’en accommode, à tel point qu’il n’est pas rare de

voir s’y consacrer deux générations de travailleurs pour la

réalisation du même programme de francisation.

Chez Produits Cari-All inc, le processus de francisation n’a pas

été facile même si l’entreprise détient son certificat depuis

1986. Il a fallu beaucoup de détermination pour arriver à

prendre notre place au sein du comité de francisation. Les

pourparlers pour en arriver à une certification se sont faits

entre la direction de l’entreprise et l’Office. C’est à partir de

1996 que le syndicat a vraiment pris le dossier en main. Nous

avons d’abord réclamé la francisation de certains documents

de travail et exigé la tenue de rencontres du comité de fran-

cisation. En 1997, l’entreprise a déposé son rapport triennal à

l’Office sans se préoccuper des signatures des représentants

syndicaux. L’Office a refusé de donner son approbation au

rapport. Face à ce refus de l’Office, l’entreprise n’a pas eu

d’autre choix que de se plier aux exigences de la Charte de la

langue française.

Les temps ont changé depuis notre implication. Aujourd’hui,

on sent que l’employeur a un réel désir de travailler à la

francisation. Et grâce à la Politique gouvernementale relative

à l’emploi et à la qualité de la langue française dans l’Admi-

nistration, le certificat de francisation a pris de la valeur aux

yeux des employeurs. Par exemple, chez Cari-All, la perte du

certificat de francisation pourrait signifier la perte de contrats

avec les hôpitaux pour lesquels il fabrique des chariots. Cette

année, plusieurs entreprises qui font partie de notre section

locale composée, où nous représentons le personnel

syndiqué, doivent déposer leur rapport triennal. Soyez assurés

que nous veillerons à ce que les membres des comités de

francisation soient bien informés.

Daniel Sylvestre, Métallos, Produits Cari-All inc.

Daniel Sylvestre est à l’emploi de Produits Cari-All inc., une entreprise multinationale

spécialisée dans la fabrication de chariots servant à la manutention et de toute une

gamme de produits métalliques. En tant que président de la section locale 7625 des

Métallos, une section locale composée qui regroupe plus de 3 200 membres répartis

en soixante et onze lieux de travail, Daniel Sylvestre a contribué à la mise sur pied de

plusieurs comités de francisation.

La Charte de la langue française a 30 ansLa Charte de la langue française a 30 ans

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8 5Travailler en français FTQ - Hiver 2008Travailler en français FTQ - Hiver 2008

CYAN MAGENTA JAUNE NOIR

T É M O I G N A G E ST É M O I G N A G E S

Louise Mercier

Romiale Anthony, TCA 4536, Hôtel Delta

Depuis douze ans, Romiale Anthony est président de la section locale 4536 du

Syndicat national de l’automobile, de l’aérospatiale, du transport et des autres

travailleurs et travailleuses du Canada (TCA). Il représente quelque 300 membres de

45 nationalités différentes qui travaillent dans l’hôtellerie et la restauration.

Au Québec, l’hôtellerie et la restauration sont les portes

d’entrée du marché du travail des immigrants depuis plus

de 30 ans, de dire Romiale Anthony. C’est un secteur où

pour certains métiers on n’est pas trop exigeant en ce qui

concerne la connaissance du français. Nous travaillons pour

de grandes chaînes hôtelières où ce n’est pas toujours facile

de sensibiliser la direction à la nécessaire francisation du

personnel et à la mise en place de structures de francisation.

Là où je travaille, on a mis 15 ans pour obtenir un certificat

de francisation. Du côté syndical on a toujours milité en

faveur de la francisation du milieu de travail. Nous sommes

très conscients qu’il nous faut un outil qui s’appelle une

langue commune pour mobiliser et informer nos membres

venant des quatre coins du monde dont un grand nombre

d’entre eux ne parlent ni français ni anglais. On pense

souvent que les personnes immigrantes ne veulent pas

s’intégrer et ne veulent pas parler le français. Mes fonctions

syndicales m’ont permis de voir de près le désarroi de certai-

nes personnes face à leur incapacité de communiquer avec

leur patron immédiat ou encore avec leur syndicat. Moi, qui

suis d’origine immigrante, je peux, aujourd’hui, affirmer

que ces gens ont un réel désir d’apprendre le français mais

ils n’en ont jamais eu la chance. Certains immigrants n’ont

jamais eu l’occasion d’apprendre le français en plus de vingt

ans de vie au Québec. Pour aider ces personnes, nous avons

réussi avec les maigres moyens dont nous disposons à

organiser des cours de français sur les lieux de travail; ce

n’est pas suffisant. Je crois que c’est la responsabilité du

gouvernement de veiller à ce que toutes les personnes

immigrantes qui en ont besoin puissent avoir accès à des

cours de français. On n’est pas seulement au Québec, nous

sommes aussi en Amérique. La langue anglaise exerce une

grande attraction sur les nouveaux arrivants. Alors, si on ne

francise pas les personnes immigrantes en arrivant au

Québec, il est plus que probable qu’elles s’angliciseront.

Pour garder bien vivant le projet de francisation des entreprises,

nous devons, en tant que société, nous donner les moyens

de franciser les immigrants que nous accueillons au Québec.

Romiale Anthony

Par ailleurs, un organisme de l’État doit, au plus tard

180 jours après le début de ses activités, présenter un

rapport comprenant une analyse de sa situation linguis-

tique et un exposé des mesures qu’il a prises et qu’il

entend prendre pour se conformer à la loi 101. Martin

Lebeau considère que le français a toujours été la

langue du travail au casino du Lac-Leamy.

Malgré le fait que la clientèle soit à moitié composée de

personnes anglophones venant de l’Ontario ou de

l’étranger, nous pouvons tous travailler en français. Par

exemple, les croupiers doivent annoncer les cartes en

français. La Société des casinos du Québec a su conserver et

protéger la langue française au travail dans un contexte où

il existe une grande sollicitation de l’anglais.

Martin Lebeau, SCFP, Casino du Lac-Leamy

Martin Lebeau est croupier au casino du Lac-Leamy et délégué syndical du

Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). Les casinos du Lac-Leamy, de

Montréal et de Charlevoix sont gérés par la Société des casinos du Québec, créée

en 1992. En tant que société d’État, le casino n’est pas soumis à l’obligation faite

par la Charte de la langue française de former un comité de francisation.

Martin Lebeau

Dans le secteur de l’entretien ménager des édifices publics,

de dire Louise Mercier, près de la moitié des travailleurs et

travailleuses sont des personnes immigrantes, majoritaire-

ment des femmes ne connaissant à peu près pas le français

et dont le statut est souvent précaire. Cela complique la

communication avec nos membres; nous avons déjà dû

faire traduire des conventions collectives en sept langues

différentes. Comme un grand nombre de personnes immi-

grantes n’ont pas eu accès à des services de francisation à

leur arrivée au Québec pour leur permettre de travailler en

français, cela entraîne des conséquences néfastes pour ces

personnes et pour la société.

Bon nombre renonce à trouver un emploi en milieu de

travail francophone et se retrouve ainsi dans le secteur de

l’entretien ménager. Quand on ne parle pas le français et

que l’on a un urgent besoin de travailler, le secteur de

l’entretien ménager apparaît comme une bouée de sauvetage.

Si les nombreuses personnes immigrantes hautement quali-

fiées que l’on accueille chaque année au Québec avaient

accès plus facilement à des cours de français dès leur arrivée,

elles réussiraient plus rapidement et mieux leur insertion au

marché du travail.

En 1998, de poursuivre Louise Mercier, nous avons réussi à

obtenir une première subvention du gouvernement du

Québec pour offrir des cours de français à nos membres

pendant les heures du travail. Ces cours connaissent un grand

succès et les employeurs y gagnent aussi puisque cela

facilite les communications avec son personnel. Pour le

travailleur lui-même, l’apprentissage du français lui permet

une meilleure intégration à la société québécoise et contri-

bue à le sortir de « l’isolement. » Par exemple, ils n’ont plus

peur d’aller seul à la banque ou à l’hôpital. Ils connaissent

mieux leurs droits et pour plusieurs c’est une pure joie

que de pouvoir enfin s’impliquer dans l’aide aux devoirs

auprès de leurs enfants. La connaissance du français est un

préalable à une participation pleine et entière à la vie sociale,

culturelle et syndicale.

Une fois par semaine, plusieurs dizaines de personnes se

rendent dans les locaux de l’UES pour apprendre le français

avec des enseignants de l’organisme communautaire Forma-

tion de base pour le développement de la main-d’œuvre.

Ces travailleurs et travailleuses sont rémunérés comme

s’ils étaient au travail grâce à des subventions d’Emploi-

Québec.

Les comités de francisation

Dans le secteur de l’entretien ménager, de poursuivre

Louise Mercier, on ne peut trop compter sur les comités de

francisation. Ils sont pour la plupart inefficaces en raison du

fait que les employés d’une même entreprise travaillent en

petites équipes et se retrouvent dans plusieurs lieux de travail.

En fait, le personnel des entreprises du secteur de l’entretien

ménager travaille chez des clients de leur employeur. Trop

souvent, les comités de francisation sont des structures qui

existent sur papier et incréées dans les faits.

La Charte de la langue française a 30 ansLa Charte de la langue française a 30 ans

Louise Mercier, UES-800

Louise Mercier est coordonnatrice des activités à l’Union des employés et employées

de service, section locale 800 (UES-800). En plus de ses fonctions de coordonnatrice,

Louise Mercier travaille avec détermination à l’organisation de cours de français pour les

membres de son syndicat qui n’ont pas de connaissance fonctionnelle de la langue.

«

«

Page 6: ORNEMENTAL - ARCHITECTURAL Service de la … · ger un camion mais on exige un montant d’argent pour ce travail, on ne charge pas un montant d’argent. Date ... appareil de mammographie,

CYAN MAGENTA JAUNE NOIR

T É M O I G N A G E ST É M O I G N A G E S

6 7Travailler en français FTQ - Hiver 2008Travailler en français FTQ - Hiver 2008 La Charte de la langue française a 30 ansLa charte de la langue française a 30 ans

Jean-Maurice Vallée partage avec Serge Dutrisac et Yves

Paquin les sièges réservés aux travailleurs au sein du comité

de francisation de l’entreprise. Jusqu’en 1997, l’entreprise

appartenait à Métaltek C-Mac inc. et affichait un certificat de

francisation obtenu en 1982.

« C’est seulement à partir de 1999 que nous nous sommes

vraiment impliqués en tant que représentants syndicaux

pour relancer le processus de francisation. Avant ça, le

syndicat ne faisait pas partie de la démarche et nous ne

savions même pas que l’entreprise était tenue par la Charte

de la langue française de former un comité de francisation

et encore moins qu’elle détenait un certificat de francisation.

Nous avions, en quelque sorte, pris l’habitude de vivre dans

un environnement de travail où à peu près tout se passait en

anglais. Des contremaîtres unilingues, des compagnons de

travail ignorant tout de la langue française, des documents

de travail et des logiciels jamais disponibles en français et des

réunions syndicales où il était impossible de se comprendre;

voilà à quoi ressemblait notre milieu de travail.

Dès que nous avons compris toute l’importance de notre

mandat et surtout compris qu’en tant que représentants

syndicaux nous pouvions exercer une certaine influence

pour franciser notre milieu de travail, tout est allé très vite

par la suite, de poursuivre Jean-Maurice Vallée.

Avec le soutien de la FTQ qui nous a donné toute la formation

nécessaire pour exercer correctement notre mandat, avec

l’aide de l’Office québecois de la langue française qui a su

amener l’entreprise à respecter ses obligations et avec l’inter-

vention du MICC pour l’organisation de cours de français,

nous avons tant et si bien fait qu’en 2001, l’entreprise se

voyait remettre un Mérite du français au travail ».

Après tant d’effort, on serait porté à croire que l’usage du

français est généralisé chez Solectron. « Non, de préciser

Jean-Maurice Vallée, ce n’est pas le cas. Le français perd du

terrain chaque jour. Il n’y a pas si longtemps, l’entreprise a

embauché un grand nombre de personnes qui ne parlent

pas le français. Cette décision de l’employeur a été néfaste

pour l’usage du français au travail en plus de créer un

sérieux problème de communication entre nos membres.

Nous n’avons pas de langue commune dans l’usine et

malheureusement les cours de français ne sont plus offerts.

On doit sans cesse se forcer pour communiquer en anglais

avec nos membres et quelques fois, nous n’arrivons tout

simplement pas à communiquer puisque nos membres ne

connaissent pas plus l’anglais. De son côté, l’employeur ne

fait rien pour changer les choses. Cette situation a créé des

tensions dans les lieux de travail et nous craignons même un

conflit linguistique. Le dossier du français n’est pas une

priorité pour l’employeur et on manque d’appui de la part

de l’Office qui semble à cours de ressources humaines pour

répondre à tous les besoins. »

Comme vous pouvez le constater de dire Jean-Maurice

Vallée, « la certification n’est pas un gage de francisation.

Tout comme Métaltek le fut en 1982, l’entreprise Solectron

est certifiée depuis 2004. Dans les deux cas, la certification

de notre entreprise a sonné le glas de la francisation. Je crois

qu’il y a des entreprises qui devraient faire la preuve de leur

engagement avant de se mériter un certificat de franci-

sation ».

Quelques temps avant la publication de ce bulletin, nous

apprenions que Solectron a fermé définitivement ses portes

le 1er janvier 2008, laissant plus de 300 personnes sans

emploi.

Jean-Maurice Vallée, Teamsters, Solectron

Jean-Maurice Vallée est délégué syndical chez Solectron SGE, une entreprise

spécialisée dans l’installation et la fabrication de tôleries de précision où l’on

retrouve plus de 200 ouvriers regroupés au sein de la section locale 1999 des

Teamsters.

Jean-Maurice Vallée

Quand j’ai commencé à travailler chez Indalex, il y a 31 ans,

tous les patrons et l’administration étaient anglophones. Dès

l’élection du gouvernement péquiste en 1976 des changements

se sont fait sentir, préparant ainsi le terrain pour l’adoption de

la loi 101 l’année suivante. Je me souviendrai toujours d’un patron

qui, au lendemain de l’élection du Parti Québécois, s’est enfui en

Ontario craignant que sa fille doive poursuivre ses études en

français; pour lui c’était une catastrophe. À l’époque, dans

l’entreprise, il y avait une véritable séparation entre les anglo-

phones et les francophones. C’est seulement autour de 1985

que la francisation chez Indalex s’est réellement mise en marche,

grâce au comité de francisation. Malheureusement, on observe

un recul du français depuis quelques années que l’on a tendance

à trouver normal au nom de la mondialisation. Aussi, on nous

parle beaucoup de réduction des coûts de fonctionnement, ce

qui a comme conséquence que l’on est plus timide quand vient

le moment de revendiquer quoi que ce soit. La place du français

dans mon milieu de travail est à l’image de celle des autres

industries de l’ouest de l’île de Montréal; le français fait du

surplace, autrement dit, il piétine. Selon moi, les objectifs de la

loi 101 sont loin d’être atteints. Il y a encore trop d’entreprises

qui considèrent la loi, au chapitre de la francisation des

entreprises, comme un bouquet de bonnes intentions et non

comme un objectif qu’elles ont l’obligation d’atteindre. Quand

une entreprise met plus de vingt ans à réaliser son programme

de francisation, on doit se poser de sérieuses questions.

Jean-François Latour

Raynald Mercier, UES-800, Le groupe environnemental Labrie

Le groupe environnemental Labrie est une entreprise qui se spécialise dans la gestion

des déchets solides. L’entreprise possède deux usines au Québec : l’une à Saint-

Nicolas et l’autre à Saint-Ubald de Portneuf où plus de 500 employés y travaillent, dont

450 qui sont membres de la section locale I3345 de l’Union des employés et employées

de service (UES-800). L’entreprise détient son certificat de francisation depuis 1989.

Raynald Mercier

Raynald Mercier, président de sa section locale et membre du comité de francisation, raconte qu’il a découvert l’existence du comité lorsque son employeur lui a demandé au printemps 2007 de signer le rapport triennal; document qui en vertu de la loi 101 doit être remis à l’Office québécois de la langue française par toute entreprise qui détient un certificat de francisation.

« J’ai été convoqué par la direction parce que ma signature était nécessaire pour se conformer à la demande de l’Office. Ne sachant pas ce que j’allais signer, j’ai refusé et j’ai interrogé l’employeur sur la nature du document. J’ai alors appris que j’étais membre du comité de francisation avec une autre personne de ma section locale. Entre-temps j’ai appris en appelant à la FTQ que le comité devait se réunir une fois tous les 6 mois. Or, à ma connaissance, l’entreprise n’a jamais réuni son comité. J’étais, à mon insu, membre du comité de francisation depuis des années. »

Même si l’entreprise détient un certificat de francisation, le comité

de francisation a toujours été à peu près inactif. L’employeur n’a jamais manifesté d’intérêt particulier pour la promotion du français dans l’entreprise. Par exemple, de poursuivre Raynald Mercier, « rares sont les fiches signalétiques qui ont été tra- duites dans l’atelier de peinture. » Le système de gestion du temps des employés (Kronos) est en anglais ainsi que le système de commande. Après l’achat d’une compagnie américaine par Le groupe environnemental Labrie, une for- mation a été offerte pour apprendre comment assembler un nouveau modèle de camion. La personne embauchée par notre employeur pour donner la formation ne parlait pas français; la formation s’est alors donnée en anglais à des francophones qui, pour la plupart, possédaient peu de connaissance de l’anglais. Chez nous, le français demeure la langue des ouvriers pour parler de la pluie et du beau temps. Il me semble que travailler en français, au sens de la loi 101, c’est plus que ça. Difficile d’en être là après trente ans d’application de loi 101 et un certificat de francisation accroché au mur ».

Jean-François Latour, Métallos, Indalex

Jean-François Latour travaillait déjà chez Indalex lors de l’adoption de la loi 101 en

1977. L’entreprise qui se spécialise dans la transformation de l’aluminium compte

plus de 300 employés syndiqués, membres de la section 7785 des Métallos.

«

«

Page 7: ORNEMENTAL - ARCHITECTURAL Service de la … · ger un camion mais on exige un montant d’argent pour ce travail, on ne charge pas un montant d’argent. Date ... appareil de mammographie,

CYAN MAGENTA JAUNE NOIR

T É M O I G N A G E ST É M O I G N A G E S

6 7Travailler en français FTQ - Hiver 2008Travailler en français FTQ - Hiver 2008 La Charte de la langue française a 30 ansLa charte de la langue française a 30 ans

Jean-Maurice Vallée partage avec Serge Dutrisac et Yves

Paquin les sièges réservés aux travailleurs au sein du comité

de francisation de l’entreprise. Jusqu’en 1997, l’entreprise

appartenait à Métaltek C-Mac inc. et affichait un certificat de

francisation obtenu en 1982.

« C’est seulement à partir de 1999 que nous nous sommes

vraiment impliqués en tant que représentants syndicaux

pour relancer le processus de francisation. Avant ça, le

syndicat ne faisait pas partie de la démarche et nous ne

savions même pas que l’entreprise était tenue par la Charte

de la langue française de former un comité de francisation

et encore moins qu’elle détenait un certificat de francisation.

Nous avions, en quelque sorte, pris l’habitude de vivre dans

un environnement de travail où à peu près tout se passait en

anglais. Des contremaîtres unilingues, des compagnons de

travail ignorant tout de la langue française, des documents

de travail et des logiciels jamais disponibles en français et des

réunions syndicales où il était impossible de se comprendre;

voilà à quoi ressemblait notre milieu de travail.

Dès que nous avons compris toute l’importance de notre

mandat et surtout compris qu’en tant que représentants

syndicaux nous pouvions exercer une certaine influence

pour franciser notre milieu de travail, tout est allé très vite

par la suite, de poursuivre Jean-Maurice Vallée.

Avec le soutien de la FTQ qui nous a donné toute la formation

nécessaire pour exercer correctement notre mandat, avec

l’aide de l’Office québecois de la langue française qui a su

amener l’entreprise à respecter ses obligations et avec l’inter-

vention du MICC pour l’organisation de cours de français,

nous avons tant et si bien fait qu’en 2001, l’entreprise se

voyait remettre un Mérite du français au travail ».

Après tant d’effort, on serait porté à croire que l’usage du

français est généralisé chez Solectron. « Non, de préciser

Jean-Maurice Vallée, ce n’est pas le cas. Le français perd du

terrain chaque jour. Il n’y a pas si longtemps, l’entreprise a

embauché un grand nombre de personnes qui ne parlent

pas le français. Cette décision de l’employeur a été néfaste

pour l’usage du français au travail en plus de créer un

sérieux problème de communication entre nos membres.

Nous n’avons pas de langue commune dans l’usine et

malheureusement les cours de français ne sont plus offerts.

On doit sans cesse se forcer pour communiquer en anglais

avec nos membres et quelques fois, nous n’arrivons tout

simplement pas à communiquer puisque nos membres ne

connaissent pas plus l’anglais. De son côté, l’employeur ne

fait rien pour changer les choses. Cette situation a créé des

tensions dans les lieux de travail et nous craignons même un

conflit linguistique. Le dossier du français n’est pas une

priorité pour l’employeur et on manque d’appui de la part

de l’Office qui semble à cours de ressources humaines pour

répondre à tous les besoins. »

Comme vous pouvez le constater de dire Jean-Maurice

Vallée, « la certification n’est pas un gage de francisation.

Tout comme Métaltek le fut en 1982, l’entreprise Solectron

est certifiée depuis 2004. Dans les deux cas, la certification

de notre entreprise a sonné le glas de la francisation. Je crois

qu’il y a des entreprises qui devraient faire la preuve de leur

engagement avant de se mériter un certificat de franci-

sation ».

Quelques temps avant la publication de ce bulletin, nous

apprenions que Solectron a fermé définitivement ses portes

le 1er janvier 2008, laissant plus de 300 personnes sans

emploi.

Jean-Maurice Vallée, Teamsters, Solectron

Jean-Maurice Vallée est délégué syndical chez Solectron SGE, une entreprise

spécialisée dans l’installation et la fabrication de tôleries de précision où l’on

retrouve plus de 200 ouvriers regroupés au sein de la section locale 1999 des

Teamsters.

Jean-Maurice Vallée

Quand j’ai commencé à travailler chez Indalex, il y a 31 ans,

tous les patrons et l’administration étaient anglophones. Dès

l’élection du gouvernement péquiste en 1976 des changements

se sont fait sentir, préparant ainsi le terrain pour l’adoption de

la loi 101 l’année suivante. Je me souviendrai toujours d’un patron

qui, au lendemain de l’élection du Parti Québécois, s’est enfui en

Ontario craignant que sa fille doive poursuivre ses études en

français; pour lui c’était une catastrophe. À l’époque, dans

l’entreprise, il y avait une véritable séparation entre les anglo-

phones et les francophones. C’est seulement autour de 1985

que la francisation chez Indalex s’est réellement mise en marche,

grâce au comité de francisation. Malheureusement, on observe

un recul du français depuis quelques années que l’on a tendance

à trouver normal au nom de la mondialisation. Aussi, on nous

parle beaucoup de réduction des coûts de fonctionnement, ce

qui a comme conséquence que l’on est plus timide quand vient

le moment de revendiquer quoi que ce soit. La place du français

dans mon milieu de travail est à l’image de celle des autres

industries de l’ouest de l’île de Montréal; le français fait du

surplace, autrement dit, il piétine. Selon moi, les objectifs de la

loi 101 sont loin d’être atteints. Il y a encore trop d’entreprises

qui considèrent la loi, au chapitre de la francisation des

entreprises, comme un bouquet de bonnes intentions et non

comme un objectif qu’elles ont l’obligation d’atteindre. Quand

une entreprise met plus de vingt ans à réaliser son programme

de francisation, on doit se poser de sérieuses questions.

Jean-François Latour

Raynald Mercier, UES-800, Le groupe environnemental Labrie

Le groupe environnemental Labrie est une entreprise qui se spécialise dans la gestion

des déchets solides. L’entreprise possède deux usines au Québec : l’une à Saint-

Nicolas et l’autre à Saint-Ubald de Portneuf où plus de 500 employés y travaillent, dont

450 qui sont membres de la section locale I3345 de l’Union des employés et employées

de service (UES-800). L’entreprise détient son certificat de francisation depuis 1989.

Raynald Mercier

Raynald Mercier, président de sa section locale et membre du comité de francisation, raconte qu’il a découvert l’existence du comité lorsque son employeur lui a demandé au printemps 2007 de signer le rapport triennal; document qui en vertu de la loi 101 doit être remis à l’Office québécois de la langue française par toute entreprise qui détient un certificat de francisation.

« J’ai été convoqué par la direction parce que ma signature était nécessaire pour se conformer à la demande de l’Office. Ne sachant pas ce que j’allais signer, j’ai refusé et j’ai interrogé l’employeur sur la nature du document. J’ai alors appris que j’étais membre du comité de francisation avec une autre personne de ma section locale. Entre-temps j’ai appris en appelant à la FTQ que le comité devait se réunir une fois tous les 6 mois. Or, à ma connaissance, l’entreprise n’a jamais réuni son comité. J’étais, à mon insu, membre du comité de francisation depuis des années. »

Même si l’entreprise détient un certificat de francisation, le comité

de francisation a toujours été à peu près inactif. L’employeur n’a jamais manifesté d’intérêt particulier pour la promotion du français dans l’entreprise. Par exemple, de poursuivre Raynald Mercier, « rares sont les fiches signalétiques qui ont été tra- duites dans l’atelier de peinture. » Le système de gestion du temps des employés (Kronos) est en anglais ainsi que le système de commande. Après l’achat d’une compagnie américaine par Le groupe environnemental Labrie, une for- mation a été offerte pour apprendre comment assembler un nouveau modèle de camion. La personne embauchée par notre employeur pour donner la formation ne parlait pas français; la formation s’est alors donnée en anglais à des francophones qui, pour la plupart, possédaient peu de connaissance de l’anglais. Chez nous, le français demeure la langue des ouvriers pour parler de la pluie et du beau temps. Il me semble que travailler en français, au sens de la loi 101, c’est plus que ça. Difficile d’en être là après trente ans d’application de loi 101 et un certificat de francisation accroché au mur ».

Jean-François Latour, Métallos, Indalex

Jean-François Latour travaillait déjà chez Indalex lors de l’adoption de la loi 101 en

1977. L’entreprise qui se spécialise dans la transformation de l’aluminium compte

plus de 300 employés syndiqués, membres de la section 7785 des Métallos.

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8 5Travailler en français FTQ - Hiver 2008Travailler en français FTQ - Hiver 2008

CYAN MAGENTA JAUNE NOIR

T É M O I G N A G E ST É M O I G N A G E S

Louise Mercier

Romiale Anthony, TCA 4536, Hôtel Delta

Depuis douze ans, Romiale Anthony est président de la section locale 4536 du

Syndicat national de l’automobile, de l’aérospatiale, du transport et des autres

travailleurs et travailleuses du Canada (TCA). Il représente quelque 300 membres de

45 nationalités différentes qui travaillent dans l’hôtellerie et la restauration.

Au Québec, l’hôtellerie et la restauration sont les portes

d’entrée du marché du travail des immigrants depuis plus

de 30 ans, de dire Romiale Anthony. C’est un secteur où

pour certains métiers on n’est pas trop exigeant en ce qui

concerne la connaissance du français. Nous travaillons pour

de grandes chaînes hôtelières où ce n’est pas toujours facile

de sensibiliser la direction à la nécessaire francisation du

personnel et à la mise en place de structures de francisation.

Là où je travaille, on a mis 15 ans pour obtenir un certificat

de francisation. Du côté syndical on a toujours milité en

faveur de la francisation du milieu de travail. Nous sommes

très conscients qu’il nous faut un outil qui s’appelle une

langue commune pour mobiliser et informer nos membres

venant des quatre coins du monde dont un grand nombre

d’entre eux ne parlent ni français ni anglais. On pense

souvent que les personnes immigrantes ne veulent pas

s’intégrer et ne veulent pas parler le français. Mes fonctions

syndicales m’ont permis de voir de près le désarroi de certai-

nes personnes face à leur incapacité de communiquer avec

leur patron immédiat ou encore avec leur syndicat. Moi, qui

suis d’origine immigrante, je peux, aujourd’hui, affirmer

que ces gens ont un réel désir d’apprendre le français mais

ils n’en ont jamais eu la chance. Certains immigrants n’ont

jamais eu l’occasion d’apprendre le français en plus de vingt

ans de vie au Québec. Pour aider ces personnes, nous avons

réussi avec les maigres moyens dont nous disposons à

organiser des cours de français sur les lieux de travail; ce

n’est pas suffisant. Je crois que c’est la responsabilité du

gouvernement de veiller à ce que toutes les personnes

immigrantes qui en ont besoin puissent avoir accès à des

cours de français. On n’est pas seulement au Québec, nous

sommes aussi en Amérique. La langue anglaise exerce une

grande attraction sur les nouveaux arrivants. Alors, si on ne

francise pas les personnes immigrantes en arrivant au

Québec, il est plus que probable qu’elles s’angliciseront.

Pour garder bien vivant le projet de francisation des entreprises,

nous devons, en tant que société, nous donner les moyens

de franciser les immigrants que nous accueillons au Québec.

Romiale Anthony

Par ailleurs, un organisme de l’État doit, au plus tard

180 jours après le début de ses activités, présenter un

rapport comprenant une analyse de sa situation linguis-

tique et un exposé des mesures qu’il a prises et qu’il

entend prendre pour se conformer à la loi 101. Martin

Lebeau considère que le français a toujours été la

langue du travail au casino du Lac-Leamy.

Malgré le fait que la clientèle soit à moitié composée de

personnes anglophones venant de l’Ontario ou de

l’étranger, nous pouvons tous travailler en français. Par

exemple, les croupiers doivent annoncer les cartes en

français. La Société des casinos du Québec a su conserver et

protéger la langue française au travail dans un contexte où

il existe une grande sollicitation de l’anglais.

Martin Lebeau, SCFP, Casino du Lac-Leamy

Martin Lebeau est croupier au casino du Lac-Leamy et délégué syndical du

Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). Les casinos du Lac-Leamy, de

Montréal et de Charlevoix sont gérés par la Société des casinos du Québec, créée

en 1992. En tant que société d’État, le casino n’est pas soumis à l’obligation faite

par la Charte de la langue française de former un comité de francisation.

Martin Lebeau

Dans le secteur de l’entretien ménager des édifices publics,

de dire Louise Mercier, près de la moitié des travailleurs et

travailleuses sont des personnes immigrantes, majoritaire-

ment des femmes ne connaissant à peu près pas le français

et dont le statut est souvent précaire. Cela complique la

communication avec nos membres; nous avons déjà dû

faire traduire des conventions collectives en sept langues

différentes. Comme un grand nombre de personnes immi-

grantes n’ont pas eu accès à des services de francisation à

leur arrivée au Québec pour leur permettre de travailler en

français, cela entraîne des conséquences néfastes pour ces

personnes et pour la société.

Bon nombre renonce à trouver un emploi en milieu de

travail francophone et se retrouve ainsi dans le secteur de

l’entretien ménager. Quand on ne parle pas le français et

que l’on a un urgent besoin de travailler, le secteur de

l’entretien ménager apparaît comme une bouée de sauvetage.

Si les nombreuses personnes immigrantes hautement quali-

fiées que l’on accueille chaque année au Québec avaient

accès plus facilement à des cours de français dès leur arrivée,

elles réussiraient plus rapidement et mieux leur insertion au

marché du travail.

En 1998, de poursuivre Louise Mercier, nous avons réussi à

obtenir une première subvention du gouvernement du

Québec pour offrir des cours de français à nos membres

pendant les heures du travail. Ces cours connaissent un grand

succès et les employeurs y gagnent aussi puisque cela

facilite les communications avec son personnel. Pour le

travailleur lui-même, l’apprentissage du français lui permet

une meilleure intégration à la société québécoise et contri-

bue à le sortir de « l’isolement. » Par exemple, ils n’ont plus

peur d’aller seul à la banque ou à l’hôpital. Ils connaissent

mieux leurs droits et pour plusieurs c’est une pure joie

que de pouvoir enfin s’impliquer dans l’aide aux devoirs

auprès de leurs enfants. La connaissance du français est un

préalable à une participation pleine et entière à la vie sociale,

culturelle et syndicale.

Une fois par semaine, plusieurs dizaines de personnes se

rendent dans les locaux de l’UES pour apprendre le français

avec des enseignants de l’organisme communautaire Forma-

tion de base pour le développement de la main-d’œuvre.

Ces travailleurs et travailleuses sont rémunérés comme

s’ils étaient au travail grâce à des subventions d’Emploi-

Québec.

Les comités de francisation

Dans le secteur de l’entretien ménager, de poursuivre

Louise Mercier, on ne peut trop compter sur les comités de

francisation. Ils sont pour la plupart inefficaces en raison du

fait que les employés d’une même entreprise travaillent en

petites équipes et se retrouvent dans plusieurs lieux de travail.

En fait, le personnel des entreprises du secteur de l’entretien

ménager travaille chez des clients de leur employeur. Trop

souvent, les comités de francisation sont des structures qui

existent sur papier et incréées dans les faits.

La Charte de la langue française a 30 ansLa Charte de la langue française a 30 ans

Louise Mercier, UES-800

Louise Mercier est coordonnatrice des activités à l’Union des employés et employées

de service, section locale 800 (UES-800). En plus de ses fonctions de coordonnatrice,

Louise Mercier travaille avec détermination à l’organisation de cours de français pour les

membres de son syndicat qui n’ont pas de connaissance fonctionnelle de la langue.

«

«

Page 9: ORNEMENTAL - ARCHITECTURAL Service de la … · ger un camion mais on exige un montant d’argent pour ce travail, on ne charge pas un montant d’argent. Date ... appareil de mammographie,

CYAN MAGENTA JAUNE NOIR

T É M O I G N A G E S

4 9Travailler en français FTQ - Hiver 2008Travailler en français FTQ - Hiver 2008

Daniel Sylvestre

Je me souviens qu’en 1982, lors d’une entrevue pour obtenir

un emploi dans une usine, on m’a amené devant un poste de

commande où tout était en anglais; si on ne comprenait pas,

on ne t’engageait pas, de se rappeler Daniel. Aujourd’hui, se

faire refuser un emploi parce qu’on ne parle pas l’anglais, ça

n’existe plus dans les usines que je représente. Les choses ont

changé. Maintenant, plusieurs chefs d’entreprises sont fiers

de dire qu’on travaille en français chez eux. Paradoxalement,

on sent un manque d’intérêt pour le projet de francisation. Le

dossier est souvent mis de côté en attendant que l’on trouve

le temps. Malheureusement, on ne trouve jamais le temps. Il

semble que le bilinguisme gagne de plus en plus de terrain

dans les milieux de travail. Par exemple, les jeunes travailleurs

et travailleuses sont très souvent bilingues et affichent une

plus grande tolérance que les personnes plus âgées lorsqu’il

s’agit d’utiliser des documents de travail ou des logiciels qui

n’ont pas de version française. Un système de commande

uniquement en anglais n’a plus rien d’offensant tandis que

pour nous, c’était un sacrilège. On réclamait immédiatement

le droit de disposer d’outils de travail en français. C’est en

1994 que s’est fait le grand virage vers la francisation dans

nos usines. Avec le Service de la francisation de la FTQ, nous

avons travaillé très fort pour mettre le processus en marche.

Nous étions très sensibilisés, mais nous manquions de savoir-

faire. La FTQ nous a fourni les outils nécessaires pour mener à

bien notre mandat et pour bien représenter nos membres.

On peut dire que si les choses ont changé dans nos usines,

c’est surtout grâce à l’action syndicale. Quant à l’Office

québécois de la langue française, on sent que ses repré-

sentants et représentantes veulent nous aider, mais qu’ils

manquent de moyens pour le faire. Je trouve aussi qu’ils sont

trop indulgents avec les entreprises. La réalisation d’un

programme de francisation peut durer vingt ans et tout le

«

«

monde s’en accommode, à tel point qu’il n’est pas rare de

voir s’y consacrer deux générations de travailleurs pour la

réalisation du même programme de francisation.

Chez Produits Cari-All inc, le processus de francisation n’a pas

été facile même si l’entreprise détient son certificat depuis

1986. Il a fallu beaucoup de détermination pour arriver à

prendre notre place au sein du comité de francisation. Les

pourparlers pour en arriver à une certification se sont faits

entre la direction de l’entreprise et l’Office. C’est à partir de

1996 que le syndicat a vraiment pris le dossier en main. Nous

avons d’abord réclamé la francisation de certains documents

de travail et exigé la tenue de rencontres du comité de fran-

cisation. En 1997, l’entreprise a déposé son rapport triennal à

l’Office sans se préoccuper des signatures des représentants

syndicaux. L’Office a refusé de donner son approbation au

rapport. Face à ce refus de l’Office, l’entreprise n’a pas eu

d’autre choix que de se plier aux exigences de la Charte de la

langue française.

Les temps ont changé depuis notre implication. Aujourd’hui,

on sent que l’employeur a un réel désir de travailler à la

francisation. Et grâce à la Politique gouvernementale relative

à l’emploi et à la qualité de la langue française dans l’Admi-

nistration, le certificat de francisation a pris de la valeur aux

yeux des employeurs. Par exemple, chez Cari-All, la perte du

certificat de francisation pourrait signifier la perte de contrats

avec les hôpitaux pour lesquels il fabrique des chariots. Cette

année, plusieurs entreprises qui font partie de notre section

locale composée, où nous représentons le personnel

syndiqué, doivent déposer leur rapport triennal. Soyez assurés

que nous veillerons à ce que les membres des comités de

francisation soient bien informés.

Daniel Sylvestre, Métallos, Produits Cari-All inc.

Daniel Sylvestre est à l’emploi de Produits Cari-All inc., une entreprise multinationale

spécialisée dans la fabrication de chariots servant à la manutention et de toute une

gamme de produits métalliques. En tant que président de la section locale 7625 des

Métallos, une section locale composée qui regroupe plus de 3 200 membres répartis

en soixante et onze lieux de travail, Daniel Sylvestre a contribué à la mise sur pied de

plusieurs comités de francisation.

La Charte de la langue française a 30 ansLa Charte de la langue française a 30 ans

Page 10: ORNEMENTAL - ARCHITECTURAL Service de la … · ger un camion mais on exige un montant d’argent pour ce travail, on ne charge pas un montant d’argent. Date ... appareil de mammographie,

CYAN MAGENTA JAUNE NOIR

Fernand Daoust

Membre de l’Office Québécois de la langue française de 1977 à 2002, Fernand Daoust est récipiendaire de l’Ordre des francophones d’Amérique et du prix Georges-Émile Lapalme.

Fernand Daoust a été secrétaire général de la FTQ pendant vingt-

deux ans puis président jusqu’au moment de sa retraite en 1993.

D’emblée, il situe le point de départ de son engagement en faveur

de la langue française dans les années cinquante, au moment de ses

premiers contacts avec le mouvement syndical.

De l’ombre…

Pour dépeindre le contexte de l’époque, Fernand Daoust rappelle

que, dès le tout début des années cinquante, la FTQ dénonce

l’unilinguisme anglophone des milieux de travail dans l’ensemble de

la province. « Imaginez un peu que vous deviez, comme travailleurs

et travailleuses francophones, négocier vos conditions de travail et

vos salaires dans une langue qui n’est pas la vôtre. Comment faire

pour se défendre justement? Comment arriver à s’exprimer claire-

ment, avec éloquence et conviction, quand on peine à comprendre

le sens des mots que l’on emprunte? »

… à la lumière

Ainsi s’explique pourquoi la Charte de la langue française fut

accueillie avec autant d’enthousiasme au Québec et particulière-

ment dans le monde du travail, surtout dans les grandes entreprises,

considérées jusqu’aux années 1970, comme des espaces où les

outils et procédures de gestion ainsi que les personnels de direction

et d’encadrement étaient fortement anglicisés. Dans ce processus

ardu de réappropriation identitaire, la Charte de la langue française

promulguée le 26 août 1977 est perçue comme un légitime accom-

plissement.

Le rôle de la FTQ

« La FTQ, de dire Fernand Daoust, a joué un rôle de pionnier dans le

domaine de l’utilisation du français dans les lieux de travail en

adoptant vers la fin des années 1960 des positions, que l’on peut

qualifier sans exagération, de visionnaires et prémonitoires. Elle a été

le précurseur de la prise de conscience de la question de la langue

au Québec. La centrale a forgé ses positions sur la question linguis-

tique à partir de son expérience faite de multiples batailles qu’elle a

livrées à l’égard de l’utilisation du français dans les lieux de travail.

Lors de son congrès en 1969, la FTQ adoptait une résolution

revendiquant une politique linguistique.

Après trente ans de mise en œuvre, des réussites significatives

peuvent légitimement être mises à l’actif de la Charte de la

langue française. Aujourd’hui, la grande majorité des travailleurs

et travailleuses du Québec exercent, échangent et assurent leur

promotion socioprofessionnelle dans leur langue et ceci dans la

plupart des secteurs d’activité.

Rien n’est jamais acquis

Cependant, les gains obtenus depuis un quart de siècle de mise

en œuvre de la loi linguistique, ne sont pas irréversibles. Loin s’en

faut et une vigilance de tous les instants est indispensable pour

assurer leur pérennité. Rien n’est jamais acquis définitivement

surtout dans un domaine aussi sensible et vulnérable que celui de

la francisation des milieux de travail. Par exemple, les grands

oubliés de la francisation dans les milieux de travail demeurent

les entreprises de moins de cinquante personnes qui échappent

à presque toutes les obligations de la Charte. Il y a une vingtaine

de milliers de ces entreprises au Québec (entre 10 et 50 salariés)

qui emploient environ 700 000 travailleurs et travailleuses dont

une bonne partie des nouveaux venus. Et devinez qu’elle est la

langue du travail…

Il y a certainement des actions à mener de façon à ce que ces

entreprises s’inscrivent dans un processus spécifique de francisa-

tion avec un accompagnement approprié des pouvoirs publics.

Mais par-dessus tout, de conclure Fernand Daoust, la clé du

succès réside indubitablement dans la mobilisation de moyens

financiers et la conscientisation de tous les acteurs politiques,

économiques et sociaux. C’est à ces conditions que l’on pourra

atteindre les objectifs de ce projet collectif que la société québé-

coise s’est donné ».

10 3Travailler en français FTQ - Hiver 2008 La Charte de la langue française a 30 ansLa Charte de la langue française a 30 ans Travailler en français FTQ - Hiver 2008

Du 17 au 21 mars 2008La Semaine du français au travail

Depuis plusieurs années, c’est sous différents thèmes que la FTQ organise et anime la semaine du français qui se déroule toujours autour du 20 mars.

À cette occasion, la FTQ mettra à la disposition de ses affiliés du matériel promotionnel destiné à tous ceux et celles qui désirent participer à la promotion du français dans leur milieu de travail.

Y serez-vous le 31 mars ?Le 31 mars, la FTQ propose à ses affiliés une

journée de discussion portant sur l’état du fran-

çais dans les milieux de travail. Un formulaire

d’inscription parviendra, par la poste, à toutes les

sections locales et sera disponible sur le portail de

la FTQ au www.ftq.qc.ca

C’est autour du thème « Des mots pour se rencontrer » choisi par l’Office québécois de la langue française (OQLF), que toutes les régions du Québec seront appelées à célébrer le français et la francophonie du 7 mars au 4 avril 2008.

L’OQLF propose un programme d’activités variées pour fêter la langue française à Montréal, à Québec et dans toutes les régions. Le matériel promotionnel (affiches, jeux linguistiques, napperons, etc.) ainsi que le programme détaillé seront bientôt disponibles. Pour suivre le déroulement de la Francofête, pour connaître les différentes activités dans toutes les régions du Québec ou pour télécharger des jeux linguistiques, consultez le site de l’OQLF au www.francofete.qc.ca

La Francofête 2008

Ça bouge à la FTQ ! À vos agendasMercredi, le 5 mars 2008, pour la deuxième année, la FTQ organise une journée d’information portant sur l’intégration au travail des personnes immigrantes.

Pour les personnes immigrantes, comme pour toutes les nouvelles personnes qui arrivent dans un milieu de travail, l’accueil et l’information sont des moyens privilégiés pour faciliter l’intégration dans le nouveau milieu et dans la vie syndicale.

La bonne volonté et la bonne foi ne suffisent pas nécessairement à créer ce climat d’ouverture à l’amélioration des relations interculturelles. Comme syndicat, nous avons une importante responsabilité face à l’intégration de tous nos membres, quelle que soit leur origine. Nous devons trouver des moyens syndicaux pour faciliter cette intégration et c’est ce sur quoi nous voulons réfléchir avec vous.

Afin de s’assurer que cet événement soit un lieu d’échanges

entre personnes de différentes cultures, nous vous suggérons de faire des inscriptions jumelées, soit autant de personnes issues de l’immigration que de Québécois et de Québécoises « de souche ».

Vous recevrez bientôt une convocation et un formulaire d’ins- cription que nous vous demandons de remplir et de retourner au Service de la francisation. En consultant le site de la FTQ, section francisation, vous trouverez plus de renseignements.

Vous êtes donc invités à participer en grand nombre à la journée de réflexion sous le thème « La diversité fait notre force ». Voici les coordonnées de la journée : mercredi le 5 mars 2008, à compter de 9 heures, Tour FTQ, salles Louis-Laberge, 2e étage, 565, boulevard Crémazie Est, Montréal.

Le coût de l’inscription est de 25 $ par personne incluant le repas du midi qui sera servi sur place.

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CYAN MAGENTA JAUNE NOIR

2 11Travailler en français FTQ - Hiver 2008

Que dit la loi?

Travailler en français FTQ - Hiver 2008

Les offres d'emploi relatives à des postes à pourvoir au Québec sont visées par la Charte. La publicité commerciale est aussi visée, de même que les contrats d'adhésion et les bons de commande, ce qui a pour effet d'assujettir aux garanties d'ordre linguistique tout ce qui appartient au domaine du commerce électronique. Le français est donc obligatoire, mais une autre langue peut être utilisée sur un pied d'égalité. Cependant, il faut s'assurer que l'entreprise qui fait sur le site Web la promotion de ses biens et de ses services est établie au Québec, et qu'elle vise le public québécois, ce qui normalement va de soi.

Les entreprises ayant à leur service 50 personnes ou plus, et qui de ce fait sont assujetties au chapitre sur la francisation des entreprises, doivent en principe offrir une version française

intégrale de leur site Web, qui fait partie des éléments du programme de francisation approuvé par l'Office. Donc, l'absence de français sur le site Web d'une telle entreprise pourrait mener au retrait ou à la suspension du certificat de francisation.

Enfin, les sites Web qui seraient faits par un journal ou par une station de radio ou de télé anglophones pourraient, selon les exceptions en vigueur, utiliser uniquement l'anglais sans qu'il y ait dérogation à la loi. De plus, les produits à caractère éducatif ou culturel peuvent être annoncés uniquement dans la langue du produit, sans version française.

Charte de la langue française, art. 41, 52, 55, 57, 141.

La Charte de la langue française et les sites WebLa Charte s'applique aux sites Web, du moins à certains d'entre eux, et il n'y a pas de raison de penser qu'elle serait, à cet égard, différente des autres lois du Québec.

N’ayons pas peur des motsCharge (en) – On ne peut être en charge d’une tâche mais chargé ou responsable d’une tâche. Ne pas dire être en charge d’un magasin mais diriger ou gérer un magasin. On peut char- ger un camion mais on exige un montant d’argent pour ce travail, on ne charge pas un montant d’argent.

Date (à) – À proscrire. Utiliser : jusqu’à présent, maintenant, à ce jour, aujourd’hui. Un travail ne peut être à date mais à jour.

Change - Barbarisme dans le sens : avez-vous du change? On doit dire : avez-vous de la monnaie. Faire la monnaie de dix dollars, non changer dix dollars. Au sens monétaire, le mot change si- gnifie en français : convertir une monnaie dans une autre. Par exemple : changer des dollars en euros au bureau de change.

Égaler – Ne pas confondre égaler et égaliser. Les deux verbes n’ont pas le même sens. Le verbe égaler signifie « atteindre à la même qualité, à la même importance que » : il me semble que rien n’égale la beauté de la mer ou égaler un concurrent en rapidité. Le verbe égaliser signifie « rendre égal » en parlant de n’importe quoi, au propre et au figuré : égaliser un terrain ou des épreuves qui égalisent les chances des concurrents.

Match - Le terme match, qui désigne une compétition entre deux ou plusieurs équipes ou entre deux ou plusieurs concurrents,

est entré dans la langue française au XIXe siècle. Son emploi est donc tout à fait correct dans le domaine des sports. Pluriel : matchs, matches. À noter que l’e final ne se prononce pas.

Référer – Référer n’est jamais transitif direct. Ce sont des anglicismes que l’on commet quand on dit, par exemple, référer une question à un comité, référer un malade à un spécialiste ou référer un élève à un ouvrage de documentation au lieu d’employer les verbes soumettre, adresser (à) ou diriger (vers) et renvoyer : soumettre ou renvoyer une question à un comité, adresser un malade à un spécialiste ou diriger un malade vers un spécialiste et renvoyer un élève à un ouvrage.

Transitif indirect, référer ne s’emploie que dans la construction en référer à, qui signifie « soumettre en vue d’obtenir une décision » ; las de discuter, ils décidèrent d’en référer à un tiers.

Le verbe pronominal se référer, qui se construit avec la proposition à, signifie « recourir à » : se référer à un texte, se référer à une autorité.

Exercices de prononciation : Seize chaises sèchent. Fraise fraîche, fraîche fraise.

Source : l'OQLF

René Roy, secrétaire général de la FTQ

Le 1er juin 2007, à Paris, au siège de la Confédération générale du travail (CGT), s’est tenue une rencontre sur les questions du plurilinguisme et de l’usage du français au travail. L’initiative syndicale à laquelle la FTQ était conviée se voulait un temps d’échange d’expériences pour stimuler l’action dans les entreprises, en solidarité avec leurs confrères et consoeurs d’autres pays et d’autres organisations syndicales.

La prédominance, voire le monopole d’usage, de la langue

anglaise inquiète et pour cause. Dans le monde du travail, les

syndicats constatent l’érosion continue de l’emploi du français

et la préférence donnée (à compétence égale) à ceux et celles

dont la langue maternelle est l’anglais. De plus en plus de

travailleurs, de travailleuses, de syndicats, d’associations

refusent cette domination d’une langue sur une autre. Ainsi,

au cours des dernières années, de nombreux abus et

illégalités ont été dénoncés par les salariés français. La presse

s’est faite l’écho de ces résistances et luttes syndicales. Des

employeurs ont été condamnés plusieurs fois et contraints par

décision de justice à se conformer à la législation en vigueur

quant à l’usage de la langue française comme langue du

travail sur le territoire français.

Le cas le plus retentissant est celui de la société américaine

General Electric Systems SCS (GEMS) installée à Buc, près de

Versailles. La société qui emploie 1 500 salariés assure la

maintenance de matériel médical de haute technicité : scan-

neur, appareil de mammographie, d’échographie, Doppler etc.

En 1998, des membres du personnel ont constaté que les

documents relatifs aux produits fabriqués étaient disponibles

seulement en anglais, la version française ayant disparu. Ils

ont alors demandé qu’ils aient à leur disposition des docu-

ments en français. Après avoir fait valoir à de nombreuses

reprises les difficultés rencontrées par l’usage exclusif de

l’anglais pour les formations internes, le comité d’entreprise,

les comités d’hygiène et de sécurité et la CGT ont décidé

d’agir en faisant appel à la justice. Ils assignent alors la

direction de GEMS pour non-respect de la Loi Toubon.

C’est une première. Pour le syndicat, il s’agissait de mettre

fin à une politique discriminante vis-à-vis des travailleurs et

des travailleuses ne parlant pas ou peu l’anglais. Les infor-

mations concernant l’entreprise, les logiciels, les documents

de travail, les notices techniques étaient tous rédigés et

communiqués en anglais. Pendant six ans, les représentants

syndicaux se sont heurtés à une fin de non-recevoir. La

réponse de l’employeur est toujours restée la même : « non,

la traduction des documents et autres outils de travail n’est

pas prévue, trop chère, impossible ».

Le syndicat a gagné, aussi bien en première instance

(janvier 2005) qu’en appel (mars 2006). L’entreprise a été

condamnée à payer 580 000 euros pour n’avoir pas

traduit dans les délais impartis 58 documents en infrac-

tion. Le résultat pour les travailleurs et travailleuses a été

spectaculaire. Des moyens importants ont été mis en œuvre

pour réaliser les traductions, avec pour effet des créations

d’emplois.

La rencontre du 1er juin nous a permis de converser avec

de nombreux travailleurs et travailleuses sur l’usage du

français au travail. Elle nous a également permis de tisser

des liens solides avec les représentants et représentantes

de la CGT et de statuer sur une première initiative à mettre

de l’avant, en parallèle avec les activités syndicales, pour

promouvoir l’usage du français au travail.

COMMENT FAIRE RESPECTER SES DROITS LINGUISTIQUES? Toute personne peut demander à l'Office d'intervenir pour vérifier l'application de la loi et des règlements. Les demandes de vérification sont transmises à l'adresse suivante :

Office québécois de la langue française / Direction du traitement des plaintes125, rue Sherbrooke Ouest, Montréal (Québec) H2X 1X4 Télécopieur : 514 873-3993 / Téléphone : 514 864-2648 Courriel : [email protected]

La Charte de la langue française a 30 ansLa Charte de la langue française a 30 ans

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CYAN MAGENTA JAUNE NOIR

BULLETIN DE LA FÉDÉRATION DES TRAVAILLEURS ET TRAVAILLEUSES DU QUÉBEC (FTQ)

Si vous déménagez, remplissez le coupon-réponse et retournez-le avec l’étiquette de votre ancienne adresse. MERCI !

Nom :

Prénom :

Adresse :

Ville :

Syndicat :

Nombre d’exemplaires :

Code postal :

No section locale :

Service de la francisation de la FTQ : 565, boulevard Crémazie Est, bureau 12100, Montréal (Québec) H2M 2W3

VOL. 23 - Hiver 2008

Vol. 23 - Hiver 2008

Bulletin de la Fédérationdes travailleurs ettravailleuses du Québec (FTQ)

565, boul. Crémazie Est Bureau 12100Montréal (Québec)H2M 2W3

Téléphone : 514 383-8000

Télécopieur :514 383-0502

Portail :www.ftq.qc.ca/francisation

TRAVAILLER EN FRANÇAIS

Responsable : Lola Le Brasseur

Rédaction : Lola Le Brasseur Alexandre Rudnicki

Collaboration :Line BolducLaurence De la Sablonnière

Tirage : 8 000 exemplaires

Conception graphique :Tabasko Communications

Impression :Legris Litho

Bibliothèque nationale du Québec

1994 ISSN 0803-3942

Reproduction autoriséeet encouragée.

La FLFISETS lance une pétition

La Fondation de langue française pour l’innovation sociale et scientifique est un organisme sans but lucratif dont l’objectif est de trouver des solutions au manque de livres et de manuels en langue française dans les institu- tions d’enseignement postsecondaire (écoles profession- nelles, cégeps et universités).

Ce manque de livres, manuels et ressources didactiques en français provoque :

• des problèmes de transmission du savoir;• des problèmes de décrochage scolaire;• des problèmes d’appauvrissement de la population québécoise; • des problèmes d’intégration des immigrants;• va à l’encontre de l’égalité des chances.

Par la présente pétition, je donne mon appui à la FLFISETS pour sa recherche de solution au manque de livres et manuels en langue française dans les institutions d’enseignement postsecondaire et je demande que le gouvernement du Québec et le gouvernement du Canada travaillent conjointement avec la FLFISETS pour résoudre ce problème.

PétitionTravailler en français

Pour vous aider à travailler en français, la

Fédération des travailleurs et travailleuses du

Québec met à votre disposition divers services :

Pour plus de renseignements à ce sujet,

consultez le site de la FTQ : www.ftq.qc.ca

ou adressez-vous au : Service de la francisation

Téléphone : 514 383-8018, 514 383-8040

Télécopieur : 514 383-0502

Courriel : [email protected]

Soutien technique

Information

Formation

Matériel promotionnel, etc.

ansans

LA CHARTE DE LA LANGUE FRANÇAISE A

ansans

ans.Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec

ORNEMENTAL - ARCHITECTURAL

NOM, PRÉNOM (EN MAJUSCULES) SIGNATURE ADRESSE

Nous vous remercions de l’attention que vous portez à cette demande et de nous retourner cette pétition à l’adresse suivante : Service de la francisation au 565, boulevard Crémazie Est, bureau 12100, Montréal (Québec) H2M 2W3