Origines: la quête de l'homme -...

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------------------Origines- DellX excès: mépriser la science « officielle» des commencements humaifls, 01/ hominiens; la recevoir aveuglément, comme intangible vérité. En/ait, elle .'le charge de .'le corriger elle-même, sévèrement.- elie avoue .'la parI de conjectures. Luc OLEKHNOVITCH, pasteur à Gaubert, se lient au courant des derniers changements de cap. Il discerne quels inférélS y ont la théologie chrétienne el l'éthique. Origines: la quête de l'homme par Luc OLEKHNOVITCH E n feuilletant l'un de ces" beaux livres" qui sortent à Noël, j'ai décou- vert qu'on y affirmait qu'à quelques maillons près, l'histoire des commence- ments de l'humanité était maintenant connue... Quel contraste entre l'opti- misme du vulgarisateur et la perplexité du chercheur! " Brouillard paléontolo- gique » (Le Monde, 18/8/95) « Casse- tête généalogique» (Sciences et Avenir, juillet 1994.) Et le spécialiste Yves Cop- pens de prévenir: " Notre filiation est un vrai casse-tête» (Sciences et Avenir, octobre 1995). Chaque nouvelle découverte semble ajouter à la confusion. Il est amusant d'ailleurs de constater que c'est à chaque fois le " chaînon manquant» qu'on découvre - ce fut « Lucy» puis Ramidus puis Anamensis et maintenant « Abel »(11 - au point qu'Yves Coppens, excédé par cette appellation non-contrôlée, a éprouvé le (1)11 s'agit à chaque fois d'australopithèques, c'est- à-dire, suivant la paléontologie, non pas d'hommes mais de pré-hommes. Une question se pose : ces australopithèques ne pourraient- ils être les ancêtres des singes actuels? Le jour- nal Sciences et Avenir n'hésite pas à poser la question à Yves Coppens: « Nous ne dispo- sons d'aucun fossile des ancêtres directs des grands singes africains... ne peut-on eflvisager qu'un australopithèque, malgré sa tendance à la bipédfe, soit à l'origine des chimpanzés et des gorilles? " A quoi ce dernier répond : « De nom· breux traits des australopithèques (le coude. le genou) les rapprochent des grands singes, Mais d'autres, comme l'accouchement, les éloignent des singes pour les situer sur une lignée qui conduit à l'homme ", et il conclut par la bou- tade : « Une blague traditionnelle de nos col· lègues paléontologues prédit que l'on fera de Lucy l'ancêtre... des chimpanzés" Qui sait? SCiences et Avenir (novembre 1994), pp. 97-98. nO 34 15 __

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DellX excès: mépriser la science « officielle»des commencements humaifls, 01/ hominiens;

la recevoir aveuglément, comme intangible vérité.En/ait, elle .'le charge de .'le corriger elle-même, sévèrement.­

elie avoue .'la parI de conjectures.

Luc OLEKHNOVITCH, pasteur à Gaubert,se lient au courant des derniers changements de cap.

Il discerne quels inférélS y ont la théologie chrétienne el l'éthique.

Origines: la quête de l'hommepar Luc OLEKHNOVITCH

En feuilletant l'un de ces" beauxlivres" qui sortent à Noël, j'ai décou­vert qu'on y affirmait qu'à quelques

maillons près, l'histoire des commence­ments de l'humanité était maintenantconnue... Quel contraste entre l'opti­misme du vulgarisateur et la perplexitédu chercheur! " Brouillard paléontolo­gique » (Le Monde, 18/8/95) « Casse­tête généalogique» (Sciences et Avenir,juillet 1994.) Et le spécialiste Yves Cop­pens de prévenir: " Notre filiation est unvrai casse-tête» (Sciences et Avenir,octobre 1995).

Chaque nouvelle découverte sembleajouter à la confusion.

Il est amusant d'ailleurs de constaterque c'est à chaque fois le " chaînonmanquant» qu'on découvre - ce fut

« Lucy» puis Ramidus puis Anamensiset maintenant « Abel »(11 - au pointqu'Yves Coppens, excédé par cetteappellation non-contrôlée, a éprouvé le

(1)11 s'agit à chaque fois d'australopithèques, c'est­à-dire, suivant la paléontologie, non pasd'hommes mais de pré-hommes. Une questionse pose : ces australopithèques ne pourraient­ils être les ancêtres des singes actuels? Le jour­nal Sciences et Avenir n'hésite pas à poser laquestion à Yves Coppens: « Nous ne dispo­sons d'aucun fossile des ancêtres directs desgrands singes africains... ne peut-on eflvisagerqu'un australopithèque, malgré sa tendance àla bipédfe, soit à l'origine des chimpanzés et desgorilles? " A quoi ce dernier répond : « De nom·breux traits des australopithèques (le coude. legenou) les rapprochent des grands singes, Maisd'autres, comme l'accouchement, les éloignentdes singes pour les situer sur une lignée quiconduit à l'homme ", et il conclut par la bou­tade : « Une blague traditionnelle de nos col·lègues paléontologues prédit que l'on fera deLucy l'ancêtre... des chimpanzés" Qui sait?SCiences et Avenir (novembre 1994), pp. 97-98.

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besoin de faife paraître une mise au pointpour dénoncer: le mythe du « chaînonmanquant» (Le Figaro, 13/7/95).

Yves Coppens, excédé, aépl'Oullé le besoin de dénon­cel': le mythe du If chaînonmanquant N.

Nouvelles découvertes mais aussi nou­velles méthodes: c'est l'irruption de labiologie moléculaire dont les datationsentrent en conflit avec la paléontologieclassique: Gérard Lucottet2l avance unedate de 200 000 ans pour le premierhomme au lieu des 2 millions d'annéesde la paléontologie classique!

Enfin, les préhistoriens doivent mainte­nant compter avec l'épistémologie, cenouveau regard qui constate que le dis­cours « scientifique" sur les origines del'homme véhicule un certain nombre de« mythes ", regard incisif de WiktorStoczkwoski dans son ouvrage Anthro­pologie naïve, anthropologie savante ausous-titre explicite: « De l'origine del'homme, de l'imagination et des idéesreçueS(3) ".

Et Dieu dans tout ça ? La théologie nesaurait être absente du débat, frileuse­ment retranchée dans sa tour d'ivoire.Ce n'est certes pas à elle de trancher apriori le débat entre biologistes et paléon-

(2) Géfard Lucolle, Eve était noire (Fayard, 1995).

(3) CNRS éditions, (Paris, 1994).

tologues. Ne répétons pas l'erreur desthéologiens de la Sorbonne condamnantSuffon(4) ! En revanche elle peut, elle doitinterroger, en amont, les présupposéssous-jacents au débat. Elle peut et elledoit penser, en aval, les conséquenceséthiques du débat.

Trompeuse évidence

La vulgarisation scientifique présentedes hommes préhistoriques un portraitqui est d'une trompeuse évidence. Or ilfaut savoir que cette image repose surdes reconstructions extrêmement aléa­toires. A partir d'un squelette on ne peutconnaître ni la pilosité, ni la fonne du nez,ni la couleur de la peau (cf. figure ci­contre). La paléo-anthropologie est donccondamnée à échafauder des hypo­thèses sur des éléments très fragmen­taires et des données dont la fiabilité estparfois incertaine. Par exemple, on aretrouvé un crâne d'homo habilis qui pré­sentait a priori des caractéristiques très" humaines ", jusqu'à ce qu'on luiapplique un angle crânien spécifique aux

(4) A la suite de la publication des Epoques de la

Nature (1779) Buffon dut signer une rétractation.Jean Delumeau. notant qu'il tint à recevoir lessacrements de l'Eglise sur son lit de mort, penseque Buffon a exprimé. sa conviction la plusprofonde lorsqu'il a écrit dans les Epoques dela Nature: • Plus j'ai pénétré dans le sein de lanature, plus j'ai admiré et profondément res­pecté son Auteur. mais un respect aveugleserait superstition: la vraie religion suppose aucontraire un respect éclairé '. Cité par JeanDelumeau, Une histoire du paradis (Fayard,1992), p. 297.

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Lesappa­rencessont trom­peuses

A partird'un mêmecrâne deNéander­talien,on peutobtenirune recons­titutionhumaine ousimiesque.

Dessind'après:

David Lam­

bert, Guide de

l'homme pré­historique

(Larousse,1987), p. 227.

primates qui lui donne « un aspect beau­coup moins humain(5)".

Inversement. l'homme de Néandertalqui possède une apparence bien diffé­rente de l'homme moderne, partageavec lui - ils se sont côtoyés - la mêmeculture (6). En face (!) de certains fossileson peut légitimement dire : cela res­semble à un homme. Mais la questionn'est pas là, la question qui se pose est:

(5) Philippe Chambon, « Un os dans les théories"in Sciences et Avenir (juillet 1994), p. 32.

(6) Bernard Vandermeersch, « Homo Sapiens : ceque disent les fossiles" in La Recherche 277(juin 1995), p. 617.

est-ce un homme? Ressemblance n'estpas identité(7}.

Eve africaine et Adam pygmée?

C'est en 1987 que Rébecca Cann etAllan Wilson, se basant sur un gène

(7) Comme le fait remarquer Y. Coppens, « Lepaléontologue (...) doit se débrouiller avec desressemblances et des différences morpholo­giques pour établir des espèces et des genres.Or, les animaux actuels nous montrent que desmorphologies très semblables peuvent cacherdes différences moléculaires qui interdisentl'inter-fècondité; la notion d'espèce paléontolo­gique n'a pas la clarté que l'on souhaiterait ",Sciences et Avenir (novembre 1994), p. 96.

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transmis de façon matrilinéaire (l'ADNmitochondrial), ont avancé l'hypothèsede .. l'Eve africaine ". Hypothèse d'aprèslaquelle toute l'humanité actuelle des­cendrait d'une seule souche apparue àune date .. récente ", entre 140000 et290 000, et localisée dans une aire géo­graphique restreinte en Afrique. GérardLucotte a entrepris les mêmes travauxmais en se basant sur un fragment duchromosome Y. Ses études l'amènent àidentifier les Pygmées Aka, du sud de laRépublique Centre Afrique, comme pré­sentant en abondance une séquence duchromosome Y qu'il considère commeancestrale(B). En bref, ces biologistesmoléculaires pensent que l'on retrouveen Afrique les archives génétiques del'humanité, archives dont les pages sesont dispersées aux quatre vents, au grédes migrations d'une seule et mêmepopulation, qui a remplacé toutes lespopulations ~ archaïques ~ sans se mêlerà elles. C'est ce qui a valu à cette hypo­thèse l'appellation d' ~ Arche de Noé ~.

Ces biologistes moléculairespensent que l'on retrouve enAfrique les archl".s géné­tiques de l'humanité, archive.dont le. page. se sonl disper­sées"

L'intérêt apologétique saute aux yeux. ce~ monogénisme ~ colle bien avec l'Evebiblique, ~ mère de tous les vivants .. , et

lB) Cf. le résumé de sa thèse in Science <3 Vie,n° 882 (mars 1991).

la théorie du remplacement nous débar~

rasse de tout un tas de fossiles encom­brants. cependant, il ne faudrait pas allertrop vite en besogne et, à titre de garde­fou, se rappeler les sévères paroles deJob à ses amis: Pensez-vous servir Dieuen déformant les faits? Prendrez-voussa défense à coups de faussespreuves? (Job 13,7 - BFC). Or ce seraitdéformer les faits que de considérerl'hypothèse du remplacement commeacquise.

Deux objections scientifiques majeureslui sont faiteS(9l :

1) Dans leurs reconstructions de l'arbregénéalogique de l'humanité, les généti~

ciens ne sont pas unanimes, A partir desmêmes données, d'autres généticiens,Cavalli-Sforza, Excoffier et Langammay,obtiennent des arbres où des groupesasiatiques apparaissent plus proches dela population ancestrale hypothétique.

2) Wilson et Lucotte se basent, pourremonter le temps génétique, sur lerythme des mutations génétiques. Or jus­tement, ce rythme, on l'ignore! Lucotte,par exemple, pour obtenir le rythme demutation du chromosome Y chezl'homme se base sur celui. .. du chim~

panzé!

Conclusion de Véronique Barnier : Lesconclusions sur l'Eve africaine ne dépen-

(9l CI. Véronique Sarniel. " MY1hes et réalité del'approche génétique ~ in La RecherChe Ouin1995), pp. 628-663.

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dent donc pas uniquement des donnéesmais sont souvent la conséquence desméthodes d'analyse. Toutes ces étudesmontrent simplement une variation géné-­tique plus grande, pour les populationsafr;caines(l~.

Les thèses de Wilson et Lucotte gar­dent un grand intérët mais la biologiemoléculaire est une science jeune quidoit encore faire ses preuves.

La biologie moléculaire estune science Jeune qui doitencol'8 taIre ses preuves.

Problème theo/ogique

Si l'idée d'une origine récente etunique de la population humaine semblemieux concorder avec les donnéesbibliques, elle pose un autre problème.Que faire de l'homme de Néandertal? Ilsemble pratiquement impossible de nepas le considérer comme un homme 111)

- il est le premier à pratiquer des ritesfunêraires. Or dans l'hypothèse de Wil­son et Lucotte, il n'appartient pas à notrehumanitê qui est au contraire venue leremplacer. Quid de cet homme qui nedescendrait pas d'Adam l'Africain?

ll~ Art. cité, p. 663.

lll) Ct. Gaboo Camps, Introduction à la préhistoire(Points-Seuil. 1994), p. 176, qui cite, entreautres. l'édifICation d'un tumulus non-funéraire• qui pourrait bien être le plus vieux monumentreligieux du monde ".

Stoczkowski : un nouveau regardsur notre vision des origines

Stoczkowski, universitaire lillois, spé­cialisé dans l'étude de l'anthropologie dusavoir, montre que notre vision de la pré­histoire est née au XVIIIe siècle, avant lesdécowertes fossiles. Que s'est-il passé?Sous l'influence de la philosophie desLumières, de sa foi au progrès del'humanité, le mythe de l'âge d'or s'estdéplacé. Buffon affirme: « Une nouvelleterre va sortir de nos mains" et Sainl­Simon: « L'âge d'or qu'une aveugle tra­dition a placé dans le passé est devantnoUS(l21 ". Comme le note Stockzowski :« C'est bien le paradis, mais le para­dis transféré du début à la fin del'histoire(\Jl ". De la nostalgie d'une ori­gine heureuse on est donc passé à l'uto­pie d'un progrès rédempteur. Maispuisque l'âge d'or est en avant, il fautdonc noircir l'origine, Le mérite de Stocz­kowski est de montrer que ce schémabinaire O'origine c'est !'enfer!l'avenir c'estle paradis) commande encore aujourd'huila représentation des conditions de viedes premiers hommes. La savane, quiest censée être le milieu d'émergence dupremier homme, est présentée commeun milieu hostile or (... ) il est difficiled'admettre que des vestiges fossilespuissent justifier de tefles assertions surune nature diaboliquement menaçante,sur la faiblesse de l'homme primitif et lagenèse de la culture qui en résufte( 14). Au

(12) Stoczkowski, p. 31.

(13) Ibid., c'est moi qui souligne.

(\4l/bid.. p. 21.

1'tu:·/Uj/rxüm n" 34 19__

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passage Stoczkowski s'emploie à mon­trer la force étonnante du préjugé. Le casdu Kenyapithecus est cocasse. TantQu'on le voyait comme le premier chaέnon des hominidés, on considérait queles données du terrain montraient qu'ilvivait dans la savane; dès qu'on l'écartade la lignée humaine, l'on en vint à leconsidérer comme un habitant de laforêtl15) ! Où l'on voit la savane se dépla­cer, comme un berceau à roulette, avecle premier homme!

L'unité de "humanité:une question éthique

L'humanité est-elle une? Avec cettequestion, la paléontologie débouche surl'éthique. Josef Reichholf, partisan del'hypothèse de .. l'Arche de Noé ", aremarquablement cerné le problème: Laquestion de savoir si l'homme de Néan­derthal a représenté une espèce à part...ne revêt pas uniquement un intérêt théo­rique. De la réponse, on déduira sil'humanité descend de plusieurs racinesou si elle n'est issue que d'une seule. Or

L'humanité est..lle une 1Aveccette question, la paléontolo­gie débouche sur l'éthique.

nous ne pouvons fonder définitivementl'égalité de tous les hommes sur un planjuridique, éthique et moral qu'à partir dumoment où l'humanité représente aussiune unité sur le plan biologique. C'est la

(15) Ibid., pp. 70-71.

condition sine qua non pour que, endépit de leur dNersité, il n 'y ait pas de dif­férence de nature entre les hommes. Sil'humanité avait des racines différentes,la porte serait ouverte à un racismefondé sur des arguments biologiqueS(l6).On pourrait rétorquer que le darwinismesocial transpose indûment les conceptsdu règne animal à l'homme. Mais sil'homme n'est qu'un animal social, fruitconjoint de l'évolution et de la culture,cette transposition n'est pas indue maislogique et aucun argument sérieux nepeut lui être opposé.

Paul se base, lui aussi, sur l'unité del'humanité créée pour fonder l'universa­lité de son message de salut: A partird'un seul homme [ex henosJ il a créétous les peuples(. ..). C'était pour qu'ilscherchent Dieu... Dieu annonce mainte­nant aux hommes que tous et partoutont à se convertir (Ac 17.26, 27, 30 ­TüS). En Christ l'humanité divisée par lepéché (racisme, nationalisme, ethnocen­trisme...) peut retrouver son unité origi­nelle.

L'homme en quête de l'homme

Dans cette quête du premier homme,l'homme est au fond en quête de lui­même. Pour Stoczkowski, une telle alti­tude est irrecevable, elle n'est qu'une illu­sion, qu'un reliquat de pensée mythique,que doit dissiper l'approche vraimentscientifique: Nous avons toujours le sen-

(16) Josef Reichholf, L'Emergence de l'homme(Champs·Flammarion, 1993). p. 260.

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liment hérité de la pensée mythique, quel'origine est le moment où se définitl'essence des choses. Nous pensonsinconsciemment qu'en étudiant les ori­gines de l'homme nous allons mieuxcomprendre (17l.

Cette analyse est, à notre sens, inca­pable de rendre compte de la force decette aspiration à connaître ses origines.Le philosophe néo-calviniste HermanDooyeweerd nous semble mieux discer­ner les raisons de cette fièvre généalo­gique:

En vertu du fait que le moi humainn'est qu'un miroir, destiné à refléterl'image de Dieu, mais vide en soi-même,il est obligé de chercher son archétypeabsolu pour connaÎtre sa proprenature (18).

Comment des ossements des­séchés ou des pierres failléespourront-ils donner un sens ànotre vie?

Mais cette quête de l'absolu estdétournée dans le relatif par le refus deDieu: « L'homme apostat se cherche lui­même et son origine en se rendant à desidoles, en élevant le relatif au rangd'absolu(19) ", La nature de l'homme (en

(17) Stoczkowski : entretien accordé au NouvelObservateur (28 juillet-3 août, 1994).

(18) La Revue Réformée, vol. X, n° 3 (1959), p. 17.

(19J1bid.

image de Dieu) le pousse à regarder versle Ciel, son orgueil pécheur lui fait garderles yeux obstinément fixés à terre, à nefaire confiance qu'à ce qu'il voit (les fos­siles), qu'à ce qu'il fait (l'outil !) et à cesvestiges qu'il met au jour. Il espère lalumière sur son humaine condition (abso­lutisation du relatin, mais comment desossements desséchés ou des pierrestaillées pourront-ils donner un sens ànotre vie? •

L.ü.

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