ONU Comores

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ONU ComoresseromoCUNO

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Préface

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Ce document présente la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté(SCRP) de l’Union des Comores. Il présente la vision partagée par tous les co-moriennes et comoriens des priorités de développement du pays pour les cinqprochaines années. Cette vision traduit les aspirations de la population et prenden compte la situation socio-économique actuelle et les perspectives macroéco-nomiques à moyen terme, les résultats des plus récentes études quantitatives etqualitatives réalisées sur les conditions de vie des ménages, la pauvreté et les iné-galités, et la revue des performances, des atouts et des contraintes des principauxsecteurs sociaux et économiques.

Partant de ce diagnostic exhaustif, six (6) axes stratégiques et trente-deux (32)programmes prioritaires ont été identi!és. Plusieurs ateliers techniques de dis-cussions et de validation ont permis de con!rmer la pertinence et le caractèreprioritaire de ces programmes pour le développement du pays.

Le Gouvernement de l’Union des Comores entend soutenir, dans la mesure deses moyens, ces programmes prioritaires et mettre en œuvre les réformes institu-tionnelles nécessaires à une véritable relance de la croissance et de la réductionde la pauvreté. À travers l’opérationnalisation de cette stratégie, le gouvernementn’entend ménager aucun e"ort pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour leDéveloppement (OMD). Avec le soutien de la communauté internationale, lescomoriennes et les comoriens sont convaincus qu’il est possible de relever lesnombreux dé!s qui entravent le processus de développement du pays. Cette stra-tégie est un premier pas vers la création des conditions qui permettront au paysde retrouver le chemin d’une croissance économique forte et une réduction du-rable de la pauvreté.

Ahmed Abdallah Mohamed SAMBIPrésident de l’Union des Comores

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SommaireCONTEXTE ET GENÈSE DE LA STRATÉGIE DE CROISSANCE

ET DE RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ

ANALYSE DES CONDITIONS DE VIE ET DE LA PAUVRETÉ

ANALYSE DES PERFORMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

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ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE ET CADRAGE MACROÉCONOMIQUE 2010 – 2014

ESTIMATION DES BESOINS DE FINANCEMENT DE LA SCRP

CADRE DE SUIVI-ÉVALUATION DE LA SCRP

CONCLUSION

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Sigles et acronymes

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AAIDA : Autorité Arabe pour l'Investissement et le Développement AgricoleACTIV : Association Comorienne des Techniciens et Infirmiers VétérinairesAFD : Agence Française de DéveloppementAGOA : Growth and Opportunity ActAGR : Activités Génératrices de RevenuAIEB : Appui aux Initiatives Economiques de BaseAIMPSI : Aéroport International de Moroni Prince Said Ibrahim AMIE : Appui à la Micro – Entreprise ANPI :Agence Nationale de la promotion des Investissements APD : Aide Publique au DéveloppementAPSA : Association des Professionnels de la Santé AnimaleAPSP : Association pour la Promotion du Secteur PrivéASC : Anjouan Stevedoring CompanyASECNA : Agence pour la Sécurité et la Navigation AérienneBAD : Banque Africaine de DéveloppementBADEA : Banque Arabe pour le Développement Economique en AfriqueBCC : Banque Centrale des ComoresBDC : Banque de Développement des ComoresBIC : Banque pour l’Industrie et le Commerce des ComoresBID :Banque Islamique de DeveloppementBIT : Bureau International du TravailBM : Banque MondialeCAF : Coût Assurance FretCAP : Connaissances Attitudes et Pratiques CCIA : Chambre de Commerce d’Industrie et d'AgricultureCDMT : Cadre de Dépenses à Moyen TermeCEN-SAD :Communauté des Etats Sahélo-SahariensCGP : Commissariat Général au PlanCHN : Centre Hospitalier NationalCHR : Centre Hospitalier RégionalCIPD : Conférence Internationale sur la Population et le DéveloppementCIPR : Circonscription d’Inspection Pédagogique RégionaleCNAD : Comité National d’Appui au DéveloppementCNDRS : Centre de Documentation et de Recherche ScientifiqueCNE : Caisse Nationale d’EpargneCNLS : Comité National de Lutte contre le VIH/SIDA et les ISTCOI : Commission de l’Océan IndienCOMACO : Compagnie de Manutention des ComoresCOMESA : Marché Commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique AustraleCOPSED : Comité de Planification et de Suivi-Évaluation du DéveloppementCURE : Crédit d’Urgence pour le Redressement EconomiqueDECVAS : Développement des Cultures Vivrières et Appui SemencierDIJEC : Développement Intégral du Jeune Enfant ComorienDOTS : Stratégie de traitement de la tuberculose (Directly – Observed Treatment Course)DSCRP : Document de Stratégie Croissance et de Réduction de la Pauvreté

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EBC : Enquête Budget – ConsommationEDIC : Etude Diagnostic pour l’Intégration du CommerceEDS : Enquête Démographique et de SantéEIM : Enquête Intégrale auprès des MénagesEPT : Education Pour TousEPT : Education Pour TousEVF : Éducation à la Vie FamilialeEVIH : Enquête sur le VIH / SIDAFADC : Fonds d’Appui au Développement CommunautaireFAO : Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’AgricultureFBCF : Formation Brute de Capital FixeFC ou KMF : Franc ComorienFED : Fonds Européen pour le DéveloppementFEE : Fonds de l’Eau et de l’ElectricitéFER : Fonds d’Entretien RoutierFIDA : Fonds International pour le Développement AgricoleFMI : Fonds Monétaire InternationalFR : Fonds RoutierFRPC : Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance GAFTA :Grande zone arabe de libre-échangeGTS : Groupe Technique SectorielIDH : Indice de Développement HumainIEC : Information – Education – CommunicationIFD : Institutions Financières DécentraliséesIMF : Institutions de Micro FinanceIPH : Indice de Pauvreté HumaineIPPTE : Initiative Pays Pauvres Très EndettésIST : Infections Sexuellement Transmissibles MA – MWE : Société d’Eau et Electricité des ComoresMECK : Mutuelle d’Epargne et de Crédit ya KomoriMICS : Enquête par grappe à indicateurs multiples (Multiple Indicators Cluster’s Survey)MIGA :Agence multilatérale de garantie des investissementsMPE : Moyennes et Petites EntreprisesNEPAD : Nouveau Partenariat pour le Développement de l’AfriqueNTIC : Nouvelles Technologies de l’Information et de la CommunicationOCI : Organisation de la Conférence IslamiqueOHADA : Organisation sur l’Harmonisation du Droit des AffairesOMC : Organisation Mondiale du CommerceOMD : Objectifs du Millénaire pour le DéveloppementOMS : Organisation Mondiale de la SantéONG : Organisation Non GouvernementaleONU : Organisation des Nations UniesOPACO : Organisation Patronale des ComoresPAE : Plan d’Action pour l’EnvironnementPCIME : Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant

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PEID :Petits Etats Insulaires en DéveloppementPEV : Programme Élargi de VaccinationPF : Planification FamilialePIB : Produit Intérieur BrutPIP : Programmes d’Investissement PublicPME/PMI : Petite et Moyenne Entreprise / Petite et Moyenne IndustriePNA – EPT : Plan National d’Action de l’Education Pour TousPNAC : Pharmacie Nationale Autonome des ComoresPNB : Produit National BrutPNDRH : Plan National de Développement des Ressources HumainesPNDS : Plan National de Développement SanitairePNE : Programme National de l’EnvironnementPNLP : Programme National de Lutte contre le PaludismePNLS : Programme National de Lutte contre le SIDAPNS : Politique Nationale de SantéPNUD : Programme des Nations Unies pour le DéveloppementPOPs : Polluants Organiques PersistantsRGPH : Recensement Général de la Population et de l’HabitatRN : Réseau NationalRNFD : Réseau National Femmes et DéveloppementSCRP : Stratégie de Croissance et de Réduction de la PauvretéSNAC : Syndicat National des Agriculteurs ComoriensSNPSF : Société Nationale des Postes et des Services Financiers SNPT : Société Nationale des Postes et TélécommunicationSNU : Système des Nations UniesSR/PF : Santé de la Reproduction / Planification FamilialeTIC : Technologies de l’Information et des CommunicationsTVA : Taxe sur la Valeur AjoutéeUA : Union AfricaineUCCIOI :Union des Chambres de Commerce et d'Industrie de l'Océan IndienUE : Union Européenne

UNDAF: Plan cadre d’Assistance du Système des Nations Unies (United Nation Develop-ment Assistance Framework)

UNFPA: Fonds des Nations Unies pour la Population (United Nation Fund for Population Ac-tivities)

UNICEF: Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (United Nation International Children’sEmergency Fund)

VIH/SIDA : Virus Immunodéficience Humaine/ Syndrome immunodéficience acquise

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CONTEXTE ET GENÈSE DE LASTRATÉGIE DE CROISSANCE

ET DE RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ

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Le recensement général de la popula-tion et de l’habitat (RGPH) de 2003donne 576 000 habitants pour ces

trois îles dont un peu plus de la moitié sontdes femmes et un taux d’accroissement an-nuel moyen de 2,1%. Cette population est es-timée à 670 000 personnes en 2009 etatteindra 785 000 en 2015, une démographiegalopante qui entraîne une forte pression surles terres disponibles. À Ndzuwani, les den-sités de population atteignent des seuils cri-tiques comme dans la région de Nyumakélé

où elles dépassent les 1 000 habitants au ki-lomètre carré cultivable. Cela signi!e que lesgros problèmes actuels de protection de l’en-vironnement pourraient s’aggraver si le paysne prend pas rapidement les mesures appro-priées pour faire face à cette évolution démo-graphique.

Une autre caractéristique de la populationcomorienne, relevée lors du RGPH, est sonextrême jeunesse (53% de la population ontmoins de 20 ans). De plus, l’âge moyen de la

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SCRP

A. CONTEXTE DE

L’UNION DES COMORES

L’Union des Comores est forméed’un archipel comprenant quatreîles principales situées à l’entrée

septentrionale du canal de Mozambiqueet couvrant une super!cie totale de 2.236km². Malgré la réprobation unanime de lacommunauté internationale et en dépitdes protestations des autorités como-

riennes, l’ancienne puissance colonisa-trice, la France, maintient son administra-tion sur l’une des îles, en l’occurrenceMaore (Mayotte, 424 km²), depuis l’acces-sion du territoire à l’indépendance le 6juillet 1975. Ainsi, la souveraineté de laRépublique comorienne ne s’exerce, enpratique, que sur les trois autres îles quesont Mwali (Mohéli, 290 km²), Ndzuwani(Anjouan, 374 km²) et Ngazidja (GrandeComore, 1148 km²).

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population est de 24,1 ans. Une telle struc-ture par âge ne va pas sans poser d’énormesdé!s au pays, surtout dans la prise en chargede la jeunesse en matière d’éducation, desanté, de nutrition, de formation profession-nelle, d’emploi, de loisirs, etc. Le rapport dedépendance (les enfants de moins de 15 anset les vieillards de plus de 64 ans rapportés àla population de 15-64 ans) est de 198,5%avec une di"érence notoire entre le milieu ur-bain 169,3% et le milieu rural 210,6%. Ceschi"res restent très élevés si l’on tient comptedu faible taux brut d’activité de la populationcomorienne estimé à 25,3%.

Au RGPH, le taux brut de natalité et le tauxglobal de fécondité s’établissaient respective-ment à 35,6 pour mille (33 pour mille en mi-lieu urbain et 36,7 pour mille en milieu rural)et 150,8 pour mille (128,1 pour mille en mi-lieu urbain et 161 pour mille en milieu rural).L’indice synthétique de fécondité pour lepays de 5,3 enfants par femme. Cette fécon-dité reste toujours plus importante en milieurural (5,6 enfants par femme) qu’en milieuurbain (4,5 enfants par femme). Par rapportà l’EDS de 1996, ces variables sociodémogra-phiques ont augmenté de façon signi!cative.

L’enfant comorien reste encore soumis à desrisques de mortalité élevés. Les données in-diquent que la mortalité infantile, malgré leurtendance à la baisse, demeure importante. En2003, elle est estimée à 79,3 pour mille, alorsqu’en 1991 elle était à 86,2 pour mille et 1980à 121,7 pour mille. Beaucoup de femmes co-moriennes meurent des suites d’une grossesseou d’un accouchement surtout du fait de la

forte fécondité et de la forte prévalence dansle pays des accouchements réalisés à domicileet souvent sans l’aide d’un personnel quali!é(38% selon la MICS de 2000). Le taux demortalité maternelle est estimé à 381 femmespour cent mille naissances vivantes par leRGPH 03.

Aux Comores, les recherches anthropolo-giques ont mis en évidence une organisationsociale profondément enracinée dans la tra-dition et très hiérarchisée, où l'individu sefond dans la communauté et ne peut s'a#r-mer qu'à travers les mécanismes imposés parelle. La famille est le socle de l'organisationet du fonctionnement social. Perçue et vécuedans son sens le plus large, la notion de fa-mille intègre quatre niveaux : la familleconjugale, la famille élargie, le lignage et leclan. Le mariage consacre la suprématie de lafamille. C'est le moyen par lequel elle s'étendet se renforce. C'est d'ailleurs en cela que lemariage constitue l'acte par lequel l'individuaccède aux hiérarchies sociales.

L’introduction de la religion islamique auxComores remonterait au XIIIe siècle et laquasi-totalité de la population des Como-riens est musulmane. Toutefois, il faut signa-ler qu’ici l’Islam demeure mêlé à descroyances et des pratiques sociales liées à lacoutume et à la tradition. Il résulte de ce syn-crétisme un islam traditionnel qui résiste àl'islam militant en ce sens que le pouvoir re-ligieux n'est en dé!nitive reconnu que s'il estdoublé d'un pouvoir traditionnel.

L'école coranique constitue le premier

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contact de l’enfant comorien avec le systèmeéducatif; elle enseigne les principes de basede l'islam et des valeurs socioculturelles enmême temps qu'elle initie à la lecture duCoran et à l'écriture de l'Arabe. Cette écolejoue donc un rôle fondamental dans la for-mation de la personnalité du Comorien.

Depuis leur accession à l’indépendance, lesComores n’ont pas connu de véritable périodede stabilité politique susceptible de créer lesconditions nécessaires pour le développementsocioéconomique et la mise en place d’uncadre politico-institutionnel viable et répon-dant aux aspirations de la population. Et c’estseulement au début des années 90 que l’exis-tence des partis politiques a été e"ectivementreconnue par les pouvoirs publics.

Les crises politiques successives ont connuleur paroxysme avec l’apparition et le déve-loppement de la sécession de l’île de Ndzu-wani en 1997 engendrant en plus une criseinstitutionnelle. Cette sécession avait plongéle pays dans une longue période d’incertitudepolitique et institutionnelle qui a menacél’existence même des Comores en tantqu’Etat nation. Avec l’appui de la commu-nauté internationale, un processus de récon-ciliation nationale a été amorcé avec lasignature des accords de Fomboni en février2001 et ont permis l’adoption, par référen-dum, en décembre de la même année, d’uneloi fondamentale instituant un nouvel en-semble comorien dénommé « Union des Co-mores » au sein duquel chaque île jouit d’unelarge autonomie et dispose d’une constitutionpropre.

Aux termes de cette constitution de 2001, auniveau de l’Union, le pouvoir exécutif estexercé par le Président de l’Union (assisté dedeux Vice-Présidents originaires de deux îlesdi"érentes de la sienne et d’un Gouverne-ment qu’il nomme) élu pour quatre ans ausu"rage universel direct à un tour et selon leprincipe de l’alternance entre les îles ; le pou-voir législatif y relève d’un parlement mono-caméral composé de députés dont une partieest élue au su"rage universel direct et uneautre partie désignée par les assemblées desîles. Au niveau de l’île, le pouvoir exécutif estdévolu au Président de l’île (assisté d’unGouvernement qu’il nomme) élu pour cinqans au su"rage universel direct dans un scru-tin uninominal à deux tours ; le pouvoir lé-gislatif y est détenu par l’Assemblée de l’îledont les membres sont élus au su"rage uni-versel direct.

Cette architecture institutionnelle complexea entrainé des con%its de compétences mul-tiples et récurrents entre les pouvoirs exécu-tifs des îles et celui de l’Union, d’autant plusque la constitution s’est contentée de préciserle domaine exclusif du pouvoir central et arenvoyé à la future Assemblée de l’Union lesoin de voter des lois organiques dé!nissantle champ des prérogatives et des compétencesexclusives des îles et celles partagées entrel’Union et les îles. Ces con%its ont pris unetournure gravissime en 2007, lorsque, à lasuite de l’élection ratée du chef de l’exécutifde Ndzuwani, le président sortant s’est auto-proclamé réélu et con!squa le pouvoir. Cetacte replongea le pays dans une période dehautes turbulences politico-institutionnelles.

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Il faudra attendre pratiquement une année etune intervention de l’armée comorienne ap-puyée par des forces de l’Union Africaine surl’île de Ndzuwani pour que les trois îlessoient à nouveau réuni!ées.

Dans la foulée, le Président de l’Union a prisl’initiative de soumettre à la population, parréférendum en 2009, un projet de révision dela constitution de 2001. Entre autres, la loiréférendaire adoptée le 17 mai 2009 restreintles prérogatives dévolues aux pouvoirs insu-laires et remplace les appellations « présidentde l’île », « ministre de l’île » et « député del’île  » par respectivement « gouverneur del’île », « commissaire » et « conseiller ». Auniveau de l’Union, le principe de la Prési-dence tournante entre les îles est maintenu etle Président est élu pour cinq ans avec troisvice-présidents dont un par île.

B. GENÈSE ET FONDEMENTS DE LA SCRP

Les Comores se sont dotées en 2003 d’undocument de Stratégie de croissance et de ré-duction de la pauvreté (DSCRP) intérimairequi a été élaboré suivant un processus trèsparticipatif et inclusif de l’ensemble des ac-teurs nationaux et des partenaires internatio-naux du développement. Le gouvernementavait arrêté, sur la base des leçons tirées dupassé en matière de plani!cation nationale dudéveloppement et s’appuyant sur l’expériencedes autres pays, les principes de base et lecadre de référence ayant guidé l’élaborationde cette version intérimaire de la Stratégie deCroissance et de Réduction de la Pauvreté.La démarche retenue a reposé sur les quatre

principes suivants :

Une stratégie élaborée suivant une approcheparticipative de manière à associer les popu-lations et les principaux acteurs de la sociétécivile et du secteur privé dans la lutte contrela pauvreté;Une stratégie élaborée de manière progressiveen s’appuyant dans un premier temps sur lesinformations existantes et en limitant la col-lecte de nouvelles informations au strict mi-nimum‚ mettant plutôt l’emphase sur ledialogue et les échanges au-travers d’ateliersrégionaux et nationaux et des tables rondes.La stratégie sera boni!ée et mise à jour au furet à mesure que des données sur les condi-tions de vie des ménages seront collectées etque des études d’impacts seront réalisées;Une stratégie ciblant les potentiels de crois-sance, en particulier les sphères économiquesdes groupes vulnérables et pauvres de ma-nière à réduire la pauvreté de façon durablesans pour autant négliger les dimensions so-ciales essentielles qui auront été identi!ées;Une stratégie transversale qui assure uneforte intégration de l’environnement macroé-conomique et des politiques et programmessectoriels de manière à mieux saisir les di-mensions qui caractérisent la pauvreté et àproposer des interventions novatrices quis’attaquent aux multiples causes qui entraventla croissance et la réduction de la pauvreté.

Ce document qui a enregistré des apprécia-tions très positives de la part de toutes lesparties prenantes, incluant les institutions deBretton Woods, sert depuis lors de référencepour toute l’action de développement des

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Comores. Il a été actualisé en 2005 et dotéd’un plan d’action couvrant la période 2006-2009 pour servir de document de base pourla conférence de Maurice des bailleurs defonds en faveur des Comores de décembre2005. Malgré le caractère complet du docu-ment, les autorités du pays avaient décidé demaintenir son caractère intérimaire jusqu’à laconclusion d’un programme formel avec leFMI.

Suite à la reprise des relations des Comoresavec le FMI et à la perspective de la conclu-sion d’un programme formel avec cette ins-titution, le gouvernement a décidé en 2008de lancer le chantier d’élaboration de la ver-sion !nale de la SCRP. Compte tenu du ca-ractère complet de la version intérimaire duDSRP, le gouvernement a !xé comme prin-cipaux repères dans l’élaboration de la version!nale de la stratégie :

L’actualisation du diagnostic sectoriel et dupro!l de la pauvreté et l’ajustement, en consé-quence, des axes stratégiques, programmes etinterventions retenues ;Une meilleure prise en compte de la réalisa-tion des Objectifs du Millénaire pour le dé-veloppement ;Une meilleure intégration du commerce autravers d’une prise en compte de l’étude diag-nostic pour l’intégration du commerce(EDIC);Une meilleure prise en compte des droits hu-mains et des questions de genre ;Une meilleure prise en compte de la décen-tralisation ;

Des études approfondies ont été réalisées surces di"érents thèmes, incluant l’évaluationdes coûts des besoins pour la réalisation desObjectifs du Millénaire pour le développe-ment, a!n de permettre leur prise en comptedans la !nalisation du document.

De même, tirant les leçons des faiblesses en-registrées dans le cadre de la mise en œuvreet du suivi-évaluation du DSCRP intéri-maire, le gouvernement a décidé d’attacherune attention particulière au dispositif insti-tutionnel à mettre en place dans le processusd’élaboration du document !nal en vue d’as-surer une appropriation maximale de la ver-sion !nale de la stratégie par legouvernement et les di"érents secteurs. Il aégalement décidé de revoir et de refonder lecadre de suivi-évaluation de la SCRP en lesimpli!ant pour le rendre plus opérationnelet en l’harmonisant avec le mécanisme decoordination de l’aide dont le pays vient dese doter.

Ainsi, le gouvernement a maintenu et conso-lidé le caractère très participatif du processusqui a prévalu lors de l’élaboration de la ver-sion préliminaire de la stratégie. Le dispositifinstitutionnel de pilotage du processus a étérenforcé pour impliquer davantage les îles, lesdi"érents acteurs nationaux non étatiques dudéveloppement ainsi que les partenaires tech-niques et !nanciers. Les groupes de travailsectoriels (GTS), les chevilles ouvrières del’élaboration de la stratégie au niveau natio-nal, ont été placés sous la présidence des se-crétaires généraux des départementsministériels a"érents pour assurer une bonne

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appropriation du document par le gouverne-ment. Une composition judicieuse des GTSa permis d’assurer la pleine participation del’ensemble des acteurs du développement àl’élaboration de cette version !nale de la stra-tégie.Les structures insulaires de base dans le pro-cessus DSCRP, les Comités de plani!cationet de suivi-évaluation du développement(COPSED) qui ont remplacé les Comitésd’orientation, ont été largement mis à contri-

bution dans le processus. Ils ont contribué etfacilité la conduite des études préalables, in-cluant l’évaluation des besoins pour la réali-sation des Objectifs du Millénaire pour ledéveloppement, et leurs représentants ontpris part aux travaux des GTS. Ces COP-SED sont présidés par des représentants dela société civile et du secteur privé, et les Di-rections du Plan des îles en assurent les se-crétariats techniques.

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SCRPC. CONTENU DU DOCUMENT

Ce document est constitué de sept chapitres incluant celui-ci. Le second chapitreporte sur l’analyse qualitative et quantitative des conditions de vie et de la pau-vreté aux Comores. Le troisième chapitre est consacré au diagnostic des di#érentssecteurs concernés par la SCRP. Le quatrième chapitre décrit les objectifs‚ les axesstratégiques et les programmes prioritaires retenus dans le cadre de la SCRP. Lecinquième chapitre examine l’environnement macroéconomique du pays et pré-sente le cadrage macro !nancier. Le sixième chapitre présente l’estimation descoûts de la SCRP. En!n, le dernier chapitre présente le cadre de suivi-évaluation dela stratégie.

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ANALYSE DES CONDITIONS DEVIE ET DE LA PAUVRETÉ

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A. INTRODUCTION

Les crises politique, institutionnelle etéconomique à répétition qu’aconnues l’Union des Comores au

cours des dix dernières années n’ont pascontribué à améliorer les conditions devie de la population. Cette situation a plu-tôt aggravé la pauvreté et contribué à dé-tériorer le climat social et les relationsavec la communauté internationale. Ene#et, la réduction conséquente de l’aide

au développement juxtaposée aux criseséconomiques sont venues accroître en-core davantage la vulnérabilité et la pau-vreté. De nombreux ménages surviventpéniblement aujourd’hui grâce aux trans-ferts de la diaspora. Le secteur privé poursa part, se voit de plus en plus fragilisé parla détérioration persistante de l’économieet l’accumulation des arriérés de l’État etl’endettement des ménages.

Depuis la publication de la SCRP in-térimaire en novembre 2005, la si-tuation sociopolitique et

économique du pays n’a pas vraiment évoluéepositivement. L’Union des Comores a denouveau connu une période d’instabilité po-litique en 2006-07 avec de nouvelles tenta-tives sécessionnistes de l’île d’Anjouan.L’apaisement des tensions politiques, marquépar l’organisation des élections du chef del’exécutif de l’île d’Anjouan au mois de juin2007, a !nalement permis aux Autorités co-

moriennes de dé!nir et de mettre en œuvreun programme économique, d’engager destravaux de réfection du réseau routier dans lacapitale et de renouer avec les institutions !-nancières internationales. Dans la foulée, legouvernement concluait un programme post-con%it avec le FMI au mois d’octobre 2008,un support !nancier plus que nécessaire, d’unmontant de 1,8 milliard FC, !nalement dé-bloqué au mois de décembre 2008.

Selon les données encore provisoires du

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Commissariat Général au Plan, le taux decroissance du PIB réel serait de l’ordre d’en-viron 0,2% en 2008 contre 0,8% en 2007, ni-veaux les plus bas enregistrés au cours des dixdernières années. Ce ralentissement de lacroissance s’est traduit par des pénuries decertains produits de base, tels que le riz et lesproduits pétroliers.

La crise énergétique qu’a connue le pays ausecond semestre de 2008 a paralysé l’ensem-ble des secteurs de l’économie, contribuant àapprofondir une crise économique déjà sé-vère. Le taux d’in%ation a atteint 6,5% en2008 contre 4,5% en 2007, a"ectant directe-ment le pouvoir d’achat déjà faible de la po-pulation dont la dépendance auximportations est forte et croissante.

Dans le domaine des !nances publiques, lasituation s’est détériorée encore davantage.En dépit de l’amélioration des recettes inté-rieures, l’augmentation des dépenses cou-rantes s’est traduite par une dégradation desprincipaux soldes budgétaires et du dé!cit dusolde global hors dons. Avec cette tendance,le dé!cit du compte courant de la balance despaiements a également enregistré une fortedégradation en liaison avec la détériorationde la balance commerciale. Cette situation estvenue mettre davantage de pression sur la ca-pacité du gouvernement à honorer ses enga-gements intérieurs. Les arriérés envers lesfonctionnaires et les entreprises sont toujoursimportants ce qui contribuent à détériorerencore davantage le climat économique gé-néral et les conditions de vie des ménages.

Malgré l’absence de données récentes per-mettant d’apprécier les conditions de vie desménages et la pauvreté actuelles aux Co-mores, les informations sur l’environnementéconomique consolident l’hypothèse d’unedétérioration de la situation socio-écono-mique et d’un accroissement de la pauvreté.En e"et, les ménages font face à une détério-ration de leur pouvoir d’achat en raison despressions in%ationnistes. On a observé en2008 notamment, des pénuries occasion-nelles de denrées de base créant des pressionsà la hausse sur les prix.

La crise touche également la diaspora. Onpeut déjà anticiper une chute à court/moyenterme des transferts qui se traduira par unebaisse des revenus des ménages, notammentà la Grande Comore. Le milieu rural n’est pasépargné. La chute importante de la produc-tion et des prix des principaux produits d’ex-portation vient renforcer l’hypothèse d’unedétérioration des conditions de vie et d’un ac-croissement de la pauvreté. En e"et, mis àpart la production et le prix de l’ylang-ylangqui semblent se maintenir ou s’être légère-ment améliorés en 2008, le giro%e et la vanilleconnaissent des baisses signi!catives de prixet de quantités produites et exportées.

En!n, il faut souligner que les engagements!nanciers de la communauté internationalepris au moment de la Conférence de Mauricene se sont pas encore concrétisés. Très peu denouvelles ressources susceptibles de relancerla croissance, ou tout au moins stabiliser leniveau de vie de la population, ont été injec-tées dans l’économie au cours des dernières

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2ANALYSE DES CONDITIONS DE VIE ET DE LA PAUVRETÉ

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années.

Ce chapitre présente donc une analyse lesconditions de vie des comoriennes et des co-moriens sur la base des données disponibles,et met en perspective l’ampleur de la pauvretéet des inégalités qui caractérisent l’Union desComores. Il importe de garder à l’esprit queles données disponibles datent déjà de plu-sieurs années et que les informations écono-miques plus récentes tendent à indiquer queles conditions de vie se sont probablementdégradées encore davantage par rapport àl’analyse présentée dans ce chapitre.

B. PERCEPTIONS DU BIEN-ÊTRE ET DELA PAUVRETÉ PAR LES POPULATIONS

L’étude qualitative réalisée en 2002 sur lesperceptions du bien-être et de la pauvreté apermis aux comoriens et aux comoriennes des’exprimer sur leurs conditions de vie etd’identi!er des moyens pour combattre lapauvreté. L’enquête apporte un éclairage surles perceptions du bien-être et les causes dela pauvreté. Les résultats de cette étude ontd’ailleurs été con!rmés par les résultats del’Enquête Intégrale auprès des Ménages(EIM) de 2004. Malheureusement, aucunedonnée récente n’est disponible pour établirun pro!l actualisé. Toutefois, comme cela aété souligné en introduction, aucun change-ment signi!catif n’est survenu au cours desdernières années pour permettre de croireque la situation serait signi!cativement di"é-rente ou qu’elle se serait améliorée.

Pour dé!nir le bien-être, la population como-

rienne fait référence principalement à la sa-tisfaction des besoins primaires tels que l’ha-bitat, l’éducation, l’habillement, la nourriture,la santé, l’hygiène et l’assainissement. Il en estde même pour la dé!nition de la pauvreté quiest dé!nie comme la non-satisfaction de cesbesoins.

L’enquête de 2002 sur les perceptions de lapauvreté révèle que beaucoup de ménagesparviennent di#cilement à satisfaire leursbesoins alimentaires. En e"et, beaucoup deménages indiquent ne pas manger en quan-tité su#sante, alors que la majorité dit ne pasmanger un régime de qualité. Les produitscomme la viande, le poisson, le riz, la banane,le poulet et même le manioc ne sont pas ac-cessibles à une partie importante de la popu-lation. Ces perceptions con!rment lesindicateurs quantitatifs sur l’état nutritionnelprécaire de plusieurs groupes sociaux, notam-ment les enfants en bas âge et les femmes en-ceintes en milieu rural.

La population fait aussi référence aux pro-blèmes sociaux comme le vol et la délin-quance pour caractériser la pauvreté.Évidemment, l’augmentation de la pauvretéamène en général avec elle une certaine re-crudescence de problèmes sociaux.

L’emploi est un moyen indirect pour la po-pulation de satisfaire ses besoins, alors quel’argent est un moyen direct. Les infrastruc-tures routières, les activités commerciales,l’accès à l’énergie et les télécommunicationssont des moyens d’améliorer l’environnementéconomique, et indirectement, les conditions

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de vie des ménages. La détérioration de l’ap-provisionnement en énergie ces dernières an-nées en fait l’une des principales entraves audéveloppement économique et à la réductionde la pauvreté.

Le fait de posséder des meubles, une radio ouun téléviseur, ou de faire le grand mariage ap-paraît comme l’un des signes d’une amélio-ration de sa qualité de vie, de démontrer sonstatut social ou d’accéder à un statut socialsupérieur.

Il existe peu de di"érences entre les îles, lesmilieux et les groupes socioéconomiquesquant aux perceptions du bien-être et de lapauvreté. Par exemple :Pour Ngazidja, les infrastructures routières etle grand mariage sont plus importants quedans les deux autres îles;Pour Ndzuwani, le commerce est une dimen-sion du bien-être plus importante que dansles deux autres îles.

La pauvreté est perçue comme la consé-quence de plusieurs facteurs, notamment l’in-su#sance de capital physique et humain, lafaible performance du capital institutionnel,l’in%uence des facteurs externes et le compor-tement des individus, des ménages et descommunautés. Les principales raisons citéespar la population pour ne pas sortir de la pau-vreté sont la paresse, le manque d’éducation,le chômage, le manque de formation profes-sionnelle et la non-rémunération du travail.

Les principales stratégies auxquelles ont re-cours les ménages pour sortir de la pauvretésont l’auto-emploi, l’éducation, le crédit et

l’épargne, le développement d’activités géné-ratrices de revenu, la formation profession-nelle, le commerce et l’investissement.

Les principales dimensions d’améliorationdu bien-être selon les perceptions des popu-lations sont : (i) l’accès à des soins de santéde qualité, (2) l’accès à de l’eau potable enquantité adéquate et de qualité, (iii) l’éduca-tion (importante pour 57% de la populationen particulier la formation professionnelle),(iv) le logement (55%), (v) la religion (en par-ticulier en milieu rural), (vi) l’emploi, (vii) lecrédit, (viii) les équipements, (ix) le com-merce, (x) les cultures de rente, (xi) l’électri-cité, (xii) les télécommunications et (xiii) lesroutes.

Les problèmes d’accès aux services sociaux debase  sont importants aussi bien en milieurural qu’en milieu urbain. Pour améliorer l’accès aux services de santé,les populations proposent d’augmenter lenombre d’agents de santé, de réduire au mi-nimum les coûts des soins de santé ou de lesrendre gratuits, de créer des emplois, de ré-duire les coûts des médicaments et deconstruire des postes de santé.Pour améliorer l’accès à l’éducation primaireles moyens proposés sont l’aide !nancière auxétudes, la gratuité des fournitures scolaires, lasurveillance des enfants à l’école, l’améliora-tion de la qualité de l’enseignement public etla sensibilisation des enfants à l’importancede l’école.L’amélioration de l’accès à l’eau potable selonla population passe par la mise en place d’ad-duction d’eau, la construction de puits, l’aide!nancière.

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2ANALYSE DES CONDITIONS DE VIE ET DE LA PAUVRETÉ

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L’amélioration des infrastructures sanitairespasse par l’aménagement de sites pour jeterles ordures, l’incinération des ordures, l’assis-tance technique, la construction de caniveauxpour l’évacuation des eaux et la réalisationd’études pour l’identi!cation de sites d’en-fouissement.

Les principales activités économiques de lapopulation comorienne sont dans l’ordre : (i)l’agriculture, (ii) la pêche, (iii) le petit com-merce, (iv) les petits travaux, (v) l’élevage, (vi)la maçonnerie, (vii) la fonction publique, (viii)l’artisanat, (ix) les manœuvres et (x) les ser-viteurs. L’élevage apparaît plus important àMwali que dans les autres îles.

Ces activités, en particulier l’agriculture et lapêche, sont confrontées à des di#cultés im-portantes qui freinent leur développement.Le manque d’équipement, le vol de récolteset d’animaux, les bas prix des produits, lemanque d’intrants, le manque de marchéspour écouler les produits agroalimentaires etla dévastation des cultures par les limaces etles escargots et les mauvais rendements sontles principales contraintes identi!ées au ni-veau de la production agricole. Pour Ngazidjaet Mwali, des problèmes importants de sé-cheresse ont été soulignés.

Au niveau de la pêche, la principale préoccu-pation est le manque d’équipements depêche, en particulier les bateaux, le manquede sécurité en mer des pêcheurs et la faiblessedes prix du poisson sur le marché, en parti-culier à Ndzuwani et Mwali.

En!n, les di#cultés liées aux autres activités

économiques sont le manque de formation,les retards de salaire chez les fonctionnaires,le manque d’électricité et d’eau potable, lestaxes élevées, les coûts de transport, lemanque de pâturages pour les animaux, etc.

L’accès aux équipements de production est unproblème majeur pour le développement desprincipales activités économiques que sontl’agriculture et la pêche. Les moyens d’amé-liorer l’accès aux équipements selon la popu-lation sont, entre autres, l’assistancetechnique, l’aide !nancière, les dons d’équi-pements, le crédit pour l’achat d’équipements,le prêt d’équipements et l’emploi.

L’accès à la terre agricole apparaît comme unproblème important surtout à Ndzuwani oùla surpopulation et sa géographie restreignentl’espace agricole disponible. Les moyensd’améliorer l’accès à la terre agricole selon lapopulation sont : la redistribution des terres,l’amélioration de la qualité des terres, ainsique la création d’emplois pour l’achat de terreagricole.

L’accès aux services !nanciers est très limité,particulièrement à Mwali. Selon la popula-tion ayant participé à l’enquête, les moyensd’améliorer l’accès des populations aux ser-vices !nanciers sont l’allégement des condi-tions de crédit, la création de caissesd’épargne et de crédit, la création d’emploi etla diminution des taux d’intérêt.

C. L’AMPLEUR DE LA PAUVRETÉ MONÉ-TAIRE

Les données les plus récentes sur la pauvreté

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(EIM 2004) ont permis de tracer un pro!l dela pauvreté aux Comores. Il est permis decroire que la pauvreté monétaire demeure unphénomène encore très répandu aux Co-mores. Pour l’ensemble du pays, l’incidencede la pauvreté au niveau des ménages était es-timée à 36,9% en 2004. Ramené sur une baseindividuelle, cela signi!e qu’un individu surdeux (44,8%) serait classé comme pauvre

selon l’indice de pauvreté monétaire. La pauvreté monétaire sur une base d’indi-vidu était a priori plus élevée à Ndzuwani etMwali, comparativement à Ngazidja respec-tivement 46,4%, 49,1% et 42,7%. La pauvretéest nettement plus élevée en milieu rural, no-tamment à Ndzuwani qui contribuerait à78,8% de la pauvreté des ménages aux Co-mores.

TABLEAU 2.1 : MESURES DE PAUVRETÉ SELON LES MÉNAGES, LES INDIVIDUS ET LA LOCALISATION GEOGRAPHIQUE1

COMORES 2004

Paramètre FGT2

Consomma-tion

réelle par tête (000 fc)

N4

Ile/Milieu

Ménages Individus

Incidence (α=0) Intensité (α=1) Inégalité (α=2)P0

Valeur - P0 Contribu-tion3 Valeur - P1 Contribu-

tion3 Valeur - P2 Contribu-tion3

Ngazidja 0,353 0,46 0,12 0,449 0,058 0,452 0,427 661,3 1433

Moroni 0,278 0,069 0,095 0,067 0,044 0,065 0,374 578,4 273

UrbainSecondaire 0,195 0,021 0,054 0,017 0,021 0,013 0,279 897,6 118

Rural 0,391 0,37 0,134 0,365 0,066 0,373 0,454 656,2 1042

Ndzuwani 0,384 0,477 0,138 0,492 0,066 0,492 0,464 764,1 1368

Urbain 0,252 0,088 0,085 0,085 0,037 0,078 0,313 763,5 384

Rural 0,435 0,389 0158 0,407 0,077 0,414 0,521 764,3 985

Mwali 0,378 0,064 0,123 0,059 0,056 0,056 0,491 502,5 185

Urbain 0,375 0,035 0,126 0,034 0,057 0,032 0,481 552,7 102

Rural 0,383 0,029 0,119 0,026 0,055 0,025 0,502 441,1 83

Ensemble 0,369 1 0,128 1 0,062 1 0,448 698,5 2987

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Sources : EIM 2004

2ANALYSE DES CONDITIONS DE VIE ET DE LA PAUVRETÉ

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Les résultats de l’EIM permettent d’identi-!er quatre catégories socio-économiques re-lativement distinctes selon l’incidence de lapauvreté : (i) les ménages dont le chef est unsalarié protégé (incidence de la pauvreté  :25,5%) ; (ii) les familles gérées par un salariénon protégé, un indépendant du secteur in-formel ou un apprenti-aide familial (inci-dence de la pauvreté : entre 30 et 35%) ; (iii)les sous-groupes ayant à leur tête un agricul-teur vivrier, un agriculteur de rente, un chô-meur ou un inactif (incidence de la pauvreté :entre 38 et 39%) ; (iv) les familles gérées parun micro-entrepreneur, un éleveur ou un pê-cheur (incidence de la pauvreté : entre 46 à54%).

On note que trois groupes socio-écono-miques expliquent près des deux tiers de lapauvreté nationale : les ménages d’agricul-teurs (30,2%), les familles de salariés nonprotégés (15,8%), et les ménages ayant à leurtête un inactif (19,6%).

D. L’EFFET DES INÉGALITÉS

Au niveau national, au cours de la période1995-2004, l’inégalité des dépenses par têtea considérablement augmenté. Tous les indi-cateurs d’inégalité mettent en évidence unenette croissance des disparités. L’indice deGini a augmenté de 25,7% (de 0,443 à0,557). On note que l’inégalité des dépensespar habitant a surtout augmenté à Ndzuwani,et dans une moindre mesure, à Ngazidja,alors que l’inverse a prévalu à Mwali. À cet

égard, la décomposition des sources du ni-veau de l’inégalité met en relief le rôle de ladémographie du ménage (surtout le nombred’enfants de 5-14 ans), ainsi que l’instructiondu chef de ménage, la proportion d’employéspar ménage, et la localisation spatiale. Notonségalement que l’existence des transferts ex-ternes concourt à rehausser l’inégalité des dé-penses, en particulier à Ngazidja.

La détermination des élasticités des indicesde pauvreté par rapport aux dépenses réellespar tête des ménages et à l’indice de Gini en2004 suggère plusieurs observations. Toutd’abord, au niveau de l’ensemble de l’écono-mie, la valeur absolue des élasticités par rap-port aux dépenses par tête est sensiblementsupérieure à l’unité pour toutes les mesuresde la pauvreté. Un accroissement de 1% desdépenses par tête induit une réduction duratio et de l’intensité de la pauvreté, respecti-vement, de 1,64 et 1,87%. De plus, on ob-serve une tendance à la hausse des élasticitésdes dépenses entre 1995 et 2004.

Ensuite, la pauvreté a tendance à s’accroîtresi l’inégalité des dépenses s’accentue au coursdu processus de croissance économique. Lesrésultats mettent en évidence une plus grandefragilité sociale en 2004, comparativement à1995, à l’égard de la croissance économiqueet de la variation de l’inégalité des revenus :la compensation en termes de croissance desdépenses pour stabiliser la pauvreté, consécu-tivement à une aggravation de l’inégalité, estplus élevée en 2004 qu’en 1995. La décom-position de la variation de la pauvreté aucours de la période 1995-2004 montre que la

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diminution de la pauvreté entre 1995 et 2004aurait été plus élevée si les inégalités nes’étaient pas accrues.

Bien que les informations disponibles ne per-mettent pas de véri!er l’évolution de la situa-tion en termes d’inégalité jusqu’en 2009, lafaible croissance économique doublée d’unein%ation importante laisse entrevoir une ac-centuation des inégalités avec un accroisse-ment de la pauvreté sévère au cours desdernières années aux Comores.

E. LES DÉTERMINANTS DE LA PAUVRETÉ

L’analyse des déterminants de la pauvreté etl’analyse de sensibilité - évaluation des pro-babilités pour les ménages d’être localisésdans les divers segments de la distribution duniveau de vie - reste valable et permet de dé-gager plusieurs enseignements : Les ménages dont le chef est éleveur (notam-ment, à Ngazidja), pêcheur (surtout, à Ndzu-wani) ou micro-entrepreneur (en particulier,à Mwali) ont la probabilité la plus élevéed’être localisés dans le segment des pauvres,plutôt que dans celui des riches. L’e"et de l’instruction sur le niveau de vie ap-paraît nettement, quelle que soit la localisa-tion géographique. Par exemple, au niveaunational les ménages dont le chef est sansinstruction ont au moins deux fois plus dechances d’être dans le segment des pauvresque ceux qui sont gérés par une personneayant le niveau du secondaire. Toutefois, ilimporte de remarquer que l’e"et de l’accèsaux niveaux primaire et secondaire premiercycle, comparativement à une situation de

non-instruction, ne réduit que dans des pro-portions modérées la probabilité d’appartenirau groupe le plus pauvre.Les résultats mettent en évidence l’impactdes facteurs démographiques. Pour le seg-ment des pauvres, l’âge du chef de ménageest, dans une certaine mesure, directementrelié à l’élévation de la probabilité pour lesménages d’être localisés dans cette strate. En-suite, les ménages gérés par une femme ontmoins de chance d’être exposés à la pauvreté,un résultat qui prévaut pour toutes les îles.En!n, on notera l’in%uence de la taille desménages - surtout à Ndzuwani et Mwali.Ainsi, au niveau national, les ménages de uneà deux personnes ont environ quatre fois etdemie moins de chance d’être pauvres queceux qui comportent six à neuf personnes, ettrois fois et demie plus de chance d’être richesque les précédents.Rehausser l’emploi productif par ménage estun moyen de réduire la pauvreté, mais l’e"etn’est pas linéaire. Il existe des disparités inter-îles : e"et assez faible à Ndzuwani, moyen àNgazidja et élevé à Mwali.L’impact des transferts sur la pauvreté est im-portant. Les ménages ayant des transferts ex-ternes ont une plus faible probabilité depauvreté, comparativement à ceux qui n’en re-çoivent pas. Par contre, l’incidence des trans-ferts met en évidence de fortes disparitésselon les îles. Sans aucun doute, l’impact destransferts externes réduit la probabilité depauvreté à Ngazidja (0,29 et 0,37 respective-ment en présence et absence d’envois defonds), et à Mwali (0,24 et 0,39) L’existencede transferts intra ou inter-îles n’a aucun im-pact à Ngazidja, tandis que l’e"et est de haus-

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2ANALYSE DES CONDITIONS DE VIE ET DE LA PAUVRETÉ

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ser et baisser la probabilité de pauvreté, res-pectivement, à Ndzuwani et Mwali.La dimension spatiale de la pauvreté indiqueque les ménages ont d’autant plus de chancesd’être pauvres qu’ils sont localisés dans le mi-lieu rural, notamment à Ndzuwani.

F. LA PAUVRETÉ NON-MONÉTAIRE

L’analyse de la pauvreté non-monétaire four-nit également des pistes d’interventions sus-ceptibles de contribuer à la réduction de lapauvreté.

Les données de l’EIM indiquent une plusgrande précarité de l’habitat à Ndzuwani etMwali, comparativement à Ngazidja, si l’onconsidère que le pisé ou les feuilles de coco-tier pour les murs, la paille et les feuilles pourle toit, et la terre battue pour le sol, consti-tuent des matériaux caractérisant un habitattrès précaire en termes de qualité de loge-ment.

De même, la proportion de ménages utilisantl’électricité comme source d’éclairage est deuxfois plus importante à Ngazidja qu’à Ndzu-wani et Mwali (53,6% contre respectivement,22,6% et 28,4%), tout comme dans les mé-nages riches, comparativement aux ménagespauvres (respectivement, 48,9% et 27,0%).Au cours des dernières années, rien n’indiqueque l’approvisionnement en électricité s’estamélioré avec ces conséquences dévastatricessur l’investissement, la rentabilité des entre-prises et le bien-être des ménages.

Le bois demeure encore largement la princi-

pale source d’énergie pour la préparation desrepas. Environ les trois quarts des ménages yont recours. Cette observation suggère uneattention accrue à l’impact environnementalde l’utilisation intensive du bois de chau"e.

L’accès à l’éducation revêt une grande impor-tance pour le développement. Ainsi, les ana-lyses fondées sur l’estimation des fonctions degains mettent en évidence la forte rentabilitéde l’investissement en éducation, notammentpour les !lles. Par exemple, les femmes ayanteu accès au deuxième cycle du secondaire ob-tiennent des revenus 89,6%, plus élevés quecelles qui sont sans instruction. Pour leshommes, le taux de rendement marginal dece niveau d’instruction est de 52,1%.

Les disparités sont encore plus élevéeslorsqu’on considère l’enseignement supérieur: 403,5 et 131,9% respectivement pour lesfemmes et pour les hommes. A cet égard, onconstate que les dépenses annuelles d’éduca-tion par enfant scolarisé s’élèvent en moyenneà 44 mille FC. Les ménages riches dépensentquatre fois plus que les familles pauvres parenfant scolarisé (respectivement 86 mille et20 mille FC par an).

En considérant le niveau d’instruction desindividus de 7 ans et plus employés, on ob-serve que près de la moitié sont sans instruc-tion, et que 29,4% possèdent au plus le niveauprimaire. Bien que des disparités selon le ni-veau de vie des ménages et le statut sur lemarché du travail prévalent, ce faible niveaud’instruction constitue un handicap entermes d’e#cacité du système productif.

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D’ailleurs, le taux d’alphabétisation desadultes (15 ans et plus) s’établit à 56,5%, unestatistique qui semble traduire un recul sen-sible de l’analphabétisme par rapport à 1995.

Selon l’EIM, les taux de scolarisation nets duprimaire (6-11 ans) et du secondaire (12-18ans) s’établissent respectivement à 68,8 et66,2%. Si ces pourcentages globaux semblentrévéler des progrès par rapport à 1998/99, ilssont légèrement en retrait par rapport à ceuxavancés par le ministère de l’Éducation na-tionale (73,0%) en 2004. Les données indi-quent un retard dans la scolarisation des !llespar rapport à celle des garçons, retard quis’accroît avec le niveau d’instruction.

On note que les ménages comoriens préfè-rent toujours envoyer d’abord leurs enfants àl’école coranique. La prise en compte du typed’établissement fréquenté montre que lestrois quarts des écoliers sont scolarisés dansles établissements publics. En!n, si moins de1% des enfants abandonnent l’école avantd’achever leur cycle primaire, le phénomènes’accroît au niveau du secondaire (5,2%).

L’accès à la santé représente un autre élémentde la formation du capital humain. Aux Co-mores, la part du budget de l’Etat consacréeà la santé a décliné en valeur relative, et estpassée de 5 à 3% entre 2000 et 2003. Les dé-penses annuelles de santé par ménage, rela-tives à la morbidité, la vaccination desenfants, et les soins post-natals et prénataux,s’élèvent à 27,3 milliers de FC (respective-ment, 23 000 et 25 000 FC pour les ménagespauvres et riches), soit moins de 1% des res-

sources totales des familles.

Quant aux dimensions de l’accès à la santé,plusieurs éléments sont à souligner. Toutd’abord, il apparaît que 17,6% des personnesinterrogées ont sou"ert d’une maladie oud’une blessure au cours des 15 derniers joursprécédant l’enquête, la proportion étant d’ail-leurs un peu plus élevée dans les ménagespauvres, comparativement aux familles riches,comme cela était attendu. Les personnels fré-quemment consultés sont les médecins(65,3%), les in!rmiers (21,0%), et les guéris-seurs (6,0%). Ensuite, on observe que cer-taines formes de malnutrition des enfantsdemeurent encore assez élevées et que lesprogrès ont été relativement faibles au coursdes huit dernières années. En e"et, au niveaunational, les taux de retard de croissance,d’émaciation et d’insu#sance pondérale sont,respectivement, de 44%, 7,9% et 24,9%. Or,selon l’enquête démographique et de santé de1996, ces trois taux étaient estimés respecti-vement, à 33,8%, 8,3% et 25,8%. Notons queles disparités de malnutrition selon le genresont faibles, et ne sont pas en défaveur des!lles.

D’autres aspects de l’accès à la santé sont ànoter : (i) la couverture vaccinale pour les en-fants de 7 ans et moins est de 81,3%, etquelques disparités prévalent entre les îles ;(ii) la proportion des enfants de 5 ans etmoins, ayant été amenés dans une formationmédicale pour les soins post-natals, est trèsfaible (39,0%), surtout à Ngazidja ; (iii) uneforte proportion de femmes ayant eu desgrossesses ont donné naissance à des mort-

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2ANALYSE DES CONDITIONS DE VIE ET DE LA PAUVRETÉ

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nés (23,0%), surtout en milieu rural (44,2%contre 20% dans les villes), alors que 75% desfemmes ont eu des soins prénataux; dans lesdeux tiers des cas, ce sont surtout les sages-femmes qui sont consultées ; (iv) 72,0 pourcent des ménages sont en possession d’unemoustiquaire, bien que des disparités préva-lent selon les îles, alors que l’utilisation desmoustiquaires imprégnées est beaucoupmoins répandue, notamment dans les mé-nages pauvres (un cinquième de la populationne connaît pas l’existence de la moustiquaireimprégnée) ; (v) la grande majorité de la po-pulation connaît l’existence du VIH/SIDA(90%), et les trois quarts sont informés del’existence de moyens de protection empê-chant d’attraper ce virus.

En!n, une relation inverse entre le niveau devie des ménages et la malnutrition des en-fants prévaut, sauf en ce qui concerne le re-tard de croissance, une situation qui estindépendante du sexe des enfants. Mais ilexiste des écarts sensibles de malnutrition desenfants selon les îles, cette dernière étant plusfaible à Ngazidja, et plus élevée à Ndzuwani.Soulignons que si l’EIM ne permet pas dedistinguer la mortalité infantile de la morta-lité infanto-juvénile, elle met en évidence untaux de mortalité des enfants des femmes de15-49 ans de 70,7 pour mille naissances vi-vantes, qui croît naturellement avec l’âge desmères.

G. L’IMPACT DU CHÔMAGE ET DUSOUS-EMPLOI

La capacité de valoriser les actifs du ménage

présente un intérêt majeur pour l’analyse desconditions de vie des ménages et de la pau-vreté. À cet égard, plusieurs éléments ont étémis en évidence par l’EIM.

En premier lieu, la taille moyenne des mé-nages est passée de 6,3 personnes en 1995 à5,8 personnes en 2004. Le taux de dépen-dance est actuellement de 3,4 ce qui signi!equ’un actif occupé supporte en moyenne 3,4personnes inactives ou au chômage. En outre,le di"érentiel des taux de dépendance selonle sexe du chef de ménage, en défaveur desfemmes, tend à s’accentuer dans les ménagespauvres, comparativement aux familles riches.Dans ce contexte, le taux d’activité des per-sonnes de 7 ans et plus est de 37,5% (49,7%pour les 15-65 ans), un niveau relativementbas par rapport aux ratios enregistrés auMoyen-Orient et en Afrique du Nord. Mais,l’analyse descriptive montre que plusieursfacteurs a"ectent l’o"re de travail : (i) le genre: 43,2% des hommes de 7 ans et plus partici-pent au marché du travail, contre seulement32,0% pour les femmes ; (ii) l’âge : les tauxd’o"re de travail croissent avec l’âge, puis dé-croissent ; (iii) le niveau d’instruction : évo-lution selon une courbe en U des taux d’o"reen fonction de l’instruction ; (iv) le niveau devie des ménages : le taux d’o"re de travail despauvres est seulement de 32,7%, contre46,5% pour les riches.

En deuxième lieu, l’EIM met en évidenceune structure dualiste de l’économie, où pré-dominent surtout un secteur informel agri-cole - essentiellement de subsistance - et nonagricole, et un secteur tertiaire développé.

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Tout d’abord, le secteur agricole, y compris lapêche et l’élevage, regroupe 57,4% des em-plois, si on lui associe les activités menées enmilieu « urbain », et les statuts d’apprenti etd’aide familial. À cet égard, les individus oc-cupés dans l’agriculture appartiennent sur-tout à des ménages pauvres, et le secteuragricole emploie beaucoup de femmes. Ene"et, le secteur agricole englobe 66,9% desemplois féminins et 51,2% des emplois mas-culins. En d’autres termes, 46,9% des emploisagricoles sont exercés par des femmes.

Le secteur informel non agricole constitueune autre composante du système productifcomorien. Si on associe les micro-entrepre-neurs et les indépendants du secteur infor-mel, la contribution de ce secteur à l’emploinational s’élève à 16,2%. En outre, le rôle desfemmes dans le secteur informel non agricoleest important, puisqu’il fournit 19,5% del’emploi féminin, surtout des activités margi-nales. Au total, 48,6% des emplois du secteurinformel non agricole sont occupés par desfemmes. En!n, si l’on considère que tous lessalariés appartiennent au système productifmoderne (hypothèse forte), ce dernier contri-bue à 26,3% de l’emploi national. Toutefois,le salariat non protégé prédomine dans le sec-teur moderne, puisqu’il concerne environ lesdeux tiers des emplois. Par ailleurs, une autrecaractéristique du secteur moderne est la fai-blesse de l’emploi féminin : le salariat necontribue qu’à 13,7% de l’emploi des femmes,dont 69,2% occupent des emplois non pro-tégés (71,4% pour les hommes). Cette struc-ture du salariat du secteur moderne expliqueque seulement 28,4% des individus qui y tra-

vaillent soient localisés dans des ménagesriches.

Dans ce contexte, la prise en compte de l’âgeet de l’instruction permet d’a#ner la con!-guration précédente de l’insertion sur le mar-ché du travail. D’une part, les modalitésd’insertion sur le marché du travail di"èrententre les jeunes hommes et femmes : près de70% des activités des jeunes !lles de 24 anset moins sont inhérentes à l’agriculture et ausecteur informel, le salariat occupant uneplace très minoritaire (9,2%). Par contre, l’ac-cès au marché du travail des jeunes hommesde la même tranche d’âge est plus diversi!éet le salariat occupe une place non négligea-ble. Dans ces conditions, les !lles accèdentplus au marché du travail par les « mauvaisemplois », et ces ports d’entrée les destinentprobablement plus vers des activités à proprecompte, souvent marginales. Par contre, lesjeunes hommes accèdent au marché du tra-vail plutôt par des « bons emplois » notam-ment, le salariat, qui jouent un rôleimportant, mais pas exclusif, dans leur car-rière professionnelle. D’autre part, la locali-sation de la main-d’œuvre dans certainssegments du marché du travail s’explique ai-sément par la faiblesse du niveau d’instruc-tion. Par exemple, 80,1% des femmesemployées sont sans instruction, contre63,9% pour les hommes.

En troisième lieu, on observe que les revenusféminins annuels sont beaucoup moins élevésque ceux des hommes : respectivement 834400 et 1 302 000 FC, soit un ratio de 0,64.La distribution des revenus selon les activités

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2ANALYSE DES CONDITIONS DE VIE ET DE LA PAUVRETÉ

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est assez hétérogène. L’estimation d’une fonc-tion de gains montre que : (i) l’éducation estun déterminant important des revenus obte-nus sur le marché du travail, et que les ren-dements marginaux croissent avec le niveaud’instruction ; (ii) le fait d’être un homme ac-croît les revenus annuels de 116,3% enmoyenne; (iii) les salariés non protégés, lesagriculteurs et les éleveurs perçoivent des re-venus inférieurs à ceux des salariés protégés ;(iv) la localisation géographique et le milieujouent un rôle important dans la détermina-tion des revenus des individus. Par rapport àMoroni, tous les travailleurs des milieux ru-raux, et des zones urbaines de Mwali, obtien-nent des revenus inférieurs. Le niveaud’instruction secondaire du père a"ecte po-sitivement les revenus du travail.

En quatrième lieu, les revenus des ménagessont issus de trois sources majeures : (i) lesgains de l’activité principale (36,9%) ; (ii)l’autoconsommation alimentaire (27,7%)  ;(iii) la valeur imputée du logement (23,9%).En fait, le revenu moyen annuel des ménages(699 000 FC) est très proche des dépensesmoyennes annuelles (698 600 FC), ce quitraduit un faible niveau d’épargne. Par ail-leurs, des di"érences signi!catives prévalentselon les îles et divers paramètres du chef deménage ou du groupe. En particulier, si lesrevenus de transferts, externes et internes re-présentent 2,5 pour cent de l’ensemble des re-venus des ménages, l’importance des envoisde fonds par tête à Ngazidja, comparative-ment à Ndzuwani, est à souligner (95 400 FCcontre seulement 31 100 FC). De même,l’IEM met en évidence l’ampleur des res-

sources de transferts des ménages gérés parune femme, comparativement aux ménagesmasculins (50 800 contre 88 600 FC).

Malgré le caractère peu urbanisé des Co-mores, le phénomène du chômage appelleune attention particulière. Il apparaît que13,5% des actifs de 7 ans et plus étaient auchômage en 2004 - une incidence en légèreaugmentation par rapport à 1995, bien que lacomparaison soit hasardeuse. L’enquête mon-tre que la population des chômeurs englobe47,6% de personnes n’ayant jamais travaillé,c’est-à-dire des jeunes la plupart du temps.En outre, les taux de chômage sont un peuplus élevés à Ngazidja (14,9 %) et à Mwali(15,0%), qu’à Ndzuwani (12,1%).

L’examen des caractéristiques des chômeursmet en évidence la spéci!cité du phénomèneà l’égard des jeunes : (i) pour les moins de 24ans, le taux de chômage frappe entre un quartet un tiers des personnes actives ; (ii) le rap-port des taux de chômage des 15-19 ans etdes 30-49 ans est environ de 5, et s’abaisseapproximativement à 4 lorsque la classe d’âgedes 20-24 ans est prise en compte ; (iii)64,9% des chômeurs ont entre 7 et 29 ans,tandis que 44,6% appartiennent à la classed’âge des 15-24 ans (42,4% des garçons et46,1% des !lles ; (iv) bien que les écarts ten-dent à diminuer pour la classe d’âge 25-29ans, la proportion de chômeuses jeunes parrapport à l’ensemble des jeunes !lles au chô-mage est presque deux fois plus élevée quecelle des jeunes garçons. Observons égale-ment que le chômage frappe davantage lesjeunes quel que soit leur niveau d’instruction.

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L’analyse du travail des enfants suggèrequelques paramètres in%uençant la scolarisa-tion. Ainsi, la probabilité de fréquentationscolaire des enfants de 7-17 ans décline avec: (i) la pauvreté; (ii) le statut d’agriculteur duchef de ménage, comparativement à celui desalarié protégé ; (iii) le fait pour le chef de fa-mille d’être un homme ; (iv) la localisationdes ménages à Ndzuwani. De même, les en-fants ont une probabilité plus élevée d’aller àl’école lorsque : (i) le chef est instruit ; (ii) lechef a un certain âge ; (iii) les ménages com-portent de nombreux enfants, notamment de5-14 ans, et d’adultes de plus de 60 ans ; (iv)les enfants sont ceux du chef. En outre, laprobabilité de scolarisation des !lles est plusfaible que celle des garçons, et l’e"et marginalest assez élevé.

H. RELANCER LA CROISSANCE ET RÉ-DUIRE LA PAUVRETÉ

Le pro!l de pauvreté met en évidence l’ur-gence de relancer le processus de croissanceet de lutter avec détermination contre lescauses de la pauvreté aux Comores. Les ré-sultats de l’EIM montrent l’importance querevêt la relance du secteur privé, notammentdans les domaines de l’agroalimentaire, pour

assurer une croissance économique forte etréduire la pauvreté de manière signi!cative.Cette dynamique doit cependant s’élargir auxopérateurs économiques des autres secteursporteurs (tourisme, commerce, travaux et bâ-timent) qui sont les seuls susceptibles d’ap-porter les investissements nécessaires pourrelancer la croissance, créer des emplois et ré-duire la pauvreté dans laquelle vivent denombreuses familles comoriennes.

Par contre, la croissance n’est pas su#sante enelle-même pour garantir une réduction signi-!cative de la pauvreté si les inégalités s’accen-tuent, que l’accès à l’éducation et à la santé nes’améliore pas et que l’environnement se dé-grade. Aussi, le gouvernement a fait de l’accèsà l’éducation, à des soins de santé de qualité(notamment en matière de santé reproduc-tive) et à la conservation de l’environnement,des priorités susceptibles d’améliorer lesconditions de vie des comoriens et des como-riennes dans le cadre de la présente SCRP.

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2ANALYSE DES CONDITIONS DE VIE ET DE LA PAUVRETÉ

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ANALYSE DES PERFOMANCESET DES CONTRAINTES

SECTORIELLES

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A. INTRODUCTION

Ce chapitre présente un diagnosticdes principaux secteurs écono-miques et sociaux ayant une inci-

dence sur la croissance et la réduction dela pauvreté. Neuf études sectorielles ontété réalisées dans le cadre de la prépara-tion de la SCRP. Chaque étude a établi undiagnostic sectoriel qui est présenté dansce chapitre sous forme synthétique. Pourchaque secteur, des pistes possibles d’in-

terventions dans le cadre de la SCRP ontété identi!ées.

Les diagnostics sectoriels portent sur leséléments suivants  : 1) une présentationdu secteur pour montrer son importanceéconomique et sociale, 2) les perfor-mances et les atouts du secteur, 3) les fai-blesses et les contraintes et 4) lesperspectives d’avenir du secteur.

Ces analyses ont permis d’identi!er lesfacteurs endogènes et exogènes quia"ectent les performances du sec-

teur. Les spéci!cités de chacune des îles ontété mentionnées lorsque les données le per-mettaient. Les secteurs et sous-secteurs ana-lysés sont les suivants :

• Agriculture, pêche et élevage• Tourisme• Énergie, eau potable et assainissement• Infrastructures économiques et de commu-

nication• Environnement et sureté publique• Gouvernance et cohésion sociale• Éducation• Santé• Secteur privé et !nancier

B. AGRICULTURE, ELEVAGE ET PECHE

Le secteur agroalimentaire (agriculture,pêche et élevage) est de loin le moteur del’économie comorienne. Il occupe la très

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grande majorité de la population, contribuede manière signi!cative aux revenus des mé-nages, constitue la principale source de de-vises et fournit une large part des produitsconsommés par la population, même si lesimportations de produits alimentaires de-meurent encore très importantes.

B1. LE SOUS-SECTEUR AGRICULTURE

La contribution de l’agriculture à l’économiecomorienne est majeure. Elle génère environ49% du PIB‚ 80% des emplois et près de 90%des recettes d’exportation du pays.

Le secteur agricole est généralement carac-térisé par les cultures suivantes: cultures vi-vrières (banane, taro, manioc, noix de coco)cultures maraîchères (tomate, laitue, pommede terre, oignon), cultures d’exportations (va-nille, giro%e, ylang-ylang, café et poivre), l’ar-boriculture fruitière (agrumes, avocats,mangues, jacquiers, goyaves) et la forêt.

Malgré les productions vivrières diversi!éeset le potentiel agricole du pays, le riz demeurel’aliment de base du régime alimentaire et ilest pour l’essentiel importé. La quasi-totalitédes productions vivrières, fruitières et maraî-chères est consommée localement. Les acti-vités de stockage et de transformation desproduits agricoles qui sont des opérations àforte valeur ajoutée sont encore limitées. Lavanille demeure le principal produit d’expor-tation agricole et la principale source de de-vises dans ce domaine. Au cours des années,l’Union des Comores est devenue le premierproducteur mondial d’essence d’ylang-ylang.

Performances et atouts du secteur

Il existe plusieurs facteurs objectifs qui lais-sent penser que le secteur agricole peutcontribuer fortement à la relance de la crois-sance et à la lutte contre la pauvreté aux Co-mores, si des e"orts particuliers sont déployéspour sa restructuration. Il s’agit notamment :• Dans le domaine vivrier et maraîcher, desvariétés à haut rendement et résistantes auxmaladies introduites avec succès et un nom-bre de plus en plus important d’agriculteursmaîtrisent les itinéraires techniques de pro-duction ;• Un réseau d’approvisionnement en intrantsagricoles est en place et fonctionnel ; • La volonté du gouvernement de relancer lesinvestissements dans le secteur agricole autravers des programmes d’investissement pu-blic (PIP) à moyen terme ;• La création de fonds de développement(fond de développement des cultures vi-vrières, fond de développement de la pêche,etc.) ;• L’existence d’une demande intérieure encroissance ; • Des potentialités de diversi!cation des cul-tures de rente ; • La transformation et la conservation arti-sanale des épices et des fruits ; • La culture d’espèces nobles (épices et par-fum) en association avec les cultures exis-tantes sur les parcelles.

Les cultures vivrières représentent 80% de laproduction agricole et contribue pour 47%environ de la valeur ajoutée du secteur agri-

3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

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cole. Elles sont cultivées sur de petites exploi-tations familiales et la production est essen-tiellement destinée à assurer la sécuritéalimentaire des ménages.

Au niveau des cultures fruitières, il existe unegrande diversité de fruits dont la récoltes’échelonne sur toute l’année. Ces conditionsexceptionnelles de production permettentd’o"rir des fruits frais tout au long de l’année.Il serait facile d’accroître la production defruits de manière à alimenter une entreprisede transformation de jus frais ou de concen-trés.

La contribution des cultures maraîchères à laconsommation nationale pourrait être ren-forcée par : (i) une large di"usion des solu-tions techniques éprouvées, (ii) uneamélioration des méthodes de conservation,(iii) une diversi!cation des formes deconsommation, et (iv) une meilleure organi-sation de la commercialisation qui limiteraitles coûts de distribution et l’irrégularité desapprovisionnements.

Un mouvement associatif a émergé et a prisen charge certaines fonctions à la base du dé-veloppement agricole : (i) organisation char-gée de la fourniture des biens et servicesagricoles de proximité: distribution d’intrantsagricoles, appui conseil, etc. ; (ii) organisationà vocation communautaire chargée d’animerles activités de mobilisation sociale, des acti-vités éducatives, de développer et de gérer encommun des équipements collectifs villageois; (iii) institutions !nancières rurales : caissesvillageoises, caisses d’épargne et de crédit ; et

(iv) organisation dont la vocation principaleest la représentation des producteurs et la dé-fense de leurs intérêts face à l’environnementextérieur, syndicat des agriculteurs, syndicatdes pêcheurs.

Faiblesses et contraintes du secteur

Le développement du secteur agricole como-rien nécessite pour son développement laprise en compte d’un certain nombre decontraintes majeures à lever et toute une sériede faiblesses auxquelles il faudrait remédier ;les plus importantes étant :• Pour les cultures vivrières, maraîchères etfruitières (gestion de l’eau, accès au foncier etsécurisation, enclavement des zones de pro-duction, insu#sance de structures de com-mercialisation, detransformation/conservation et d’approvi-sionnement, manque d’accès au crédit, ab-sence de moyens appropriés pour lesstructures d’encadrement) ;• Pour les cultures d’exportation (l’isolementet le morcellement entraînent des coûts deproduction et de main d’œuvre élevés a"ec-tant la compétitivité des produits comorienssur le marché international, faible diversi!-cation et absence de valorisation des produitsprimaires, absence de politique de marke-ting).

À ces contraintes spéci!ques, il faut ajouterla di#culté liée au renouvellement de la po-pulation agricole active (exode rural desjeunes, absence de revenus attrayants et im-médiats, absence de mécanisation appropriéepour diminuer la pénibilité du travail).

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Les organisations professionnelles agricolessont jeunes et manquent de moyens et de res-sources humaines pour répondre aux besoinsressentis par la communauté rurale face audésengagement de l’État des fonctions deprestations de services, d’encadrement, deproduction et de commercialisation.

Malgré ces contraintes, le secteur o"re un po-tentiel réel de croissance et peut avoir un im-pact signi!catif sur la réduction de lapauvreté puisqu’il occupe le premier rang entermes de contribution au PIB et de créationd’emplois.

Dans ce contexte les actions à envisager doi-vent cibler en priorité :• La dé!nition et la mise en œuvre d’une ré-forme foncière appropriée ;• Le renforcement des capacités des organi-sations paysannes et professionnelles ;• L’intensi!cation des productions agricoles(investissements en irrigation, mécanisation,sécuriser l’approvisionnement en intrants,fertilisation, accès au crédit, encadrement,formation, recherche, etc.) • La promotion de l’industrie agroalimentaire;• La valoriser des produits comoriens au tra-vers d’un label Comores ;• La création d’un cadre institutionnel favo-rable au développement harmonieux du sec-teur agricole ;• La promotion de l’entreprenariat agricole.

B2. LE SOUS-SECTEUR ELEVAGE

L’élevage est un sous-secteur qui apparaît mi-neur dans le secteur agroalimentaire puisqu’ilne représente que 11% de la valeur ajoutée dusecteur agroalimentaire en 2007, loin der-nière l’agriculture (49%), la pêche (31%) et laforêt (9%) (Compte Nationaux, 2008). Sur leplan de la contribution à lutte contre la pau-vreté, il représente un élément essentielpuisqu’il permet aux paysans pauvres de dis-poser d’un moyen d’épargne rapidement mo-bilisable en cas d’urgence (petits ruminantset volailles). Il est aussi un sous-secteur quiprésente un potentiel de développement trèsappréciable comme le montre les progrès ob-tenus depuis une vingtaine d’années dansl’intensi!cation des productions laitières bo-vine et caprine.

Aux Comores, le secteur de l’élevage estconstitué principalement de ruminants et devolailles, les autres espèces ne sont pas signi-!catives.

Élevage des ruminants

Pour ce qui est de l’élevage des ruminants, lasituation est caractérisée par :• E"ectifs et espèces : nombre total d’ani-maux faible globalement et par habitant, do-minés par les caprins et les bovins, l’e"ectifest plus important à Anjouan qu’à la GrandeComore (pertes importantes de cheptel en2003-2004 lors de l’épizootie de &éilériose);• Troupeaux fortement atomisés en raison despratiques de l’élevage: principalement à l’at-tache (empêcher la destruction des cultures); les animaux appartiennent aux éleveurs eux-

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

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mêmes et le gardiennage par un bouvier estpeu pratiqué ;• Peu de pâturages et ceux existants sont dequalité médiocre d’où une alimentation do-minée par l’apport des fourrages graminéeset des feuilles d’arbres récoltées ; les surfacesdes cultures fourragères sont peu importantessauf dans le Nioumakélé ; abreuvement sou-vent peu pratique et di#cile même s’il existedes cours d’eau car il faut transporter l’eauvers les animaux ;• Production faible en raison de la producti-vité médiocre des races locales, d’où dé!citdans la satisfaction des besoins de la popula-tion obligeant le pays à importer environ 80%de ses besoins en viande rouge ;• Situation sanitaire en nette dégradation de-puis 5 ans ; les importations de bovins et ca-prins sur pieds de la Tanzanie ont introduitde nouvelles maladies à tiques et virales dansles trois îles et plus particulièrement à laGrande Comore ; • Réhabilitation du laboratoire national d’éle-vage et de deux laboratoires régionaux à An-jouan et Mohéli et mise en place d’une airede quarantaine à Moroni ;• Encadrement technique et sanitaire faible,seules deux ONG vétérinaires, de productionanimale et de conseils ont en charge ce sous-secteur ;• Existence d’une laiterie à Anjouan (Grou-pement d’éleveurs a#lié au SNAC) mais dif-!cultés de fonctionnement ;• Échanges commerciaux des animaux deMohéli et d’Anjouan vers la Grande Comoreen sens unique, et d’Anjouan vers Mohéli etvice versa et de lait caillé d’Anjouan vers laGrande Comore.

L’aviculture

L’aviculture, elle, se caractérise essentielle-ment par :• E"ectifs et types : nombre total d’animauxet nombre de têtes par habitant faible, domi-nés à la fois par une aviculture villageoise etsemi-intensive ; cette dernière a subi unenette régression depuis 10 ans en raison desproblèmes d’approvisionnement en poussinset provendes ;• Aliments et poussins importés pour l’avi-culture semi-intensive ;• Production faible en raison de la producti-vité médiocre des races locales et de la faibletaille des exploitations avicoles semi-inten-sives, d’où dé!cit dans la satisfaction des be-soins de la population obligeant le pays àimporter environ 80% de sa consommationen viande blanche ;• Situation sanitaire dominée uniquementpar les pertes dues à la maladie de Newcastle;• Encadrement technique et sanitaire faible,seules deux ONG vétérinaires, de productionanimale et de conseils ont en charge ce sous-secteur ;• Groupements d’éleveurs présents à laGrande Comore (membre du SNAC) et An-jouan mais faible organisation.

Performances et atouts du sous-secteur

Beaucoup de progrès ont été enregistrés de-puis 5 ans au niveau de l’élevage des rumi-nants et de la volaille. Le sous-secteur élevageprésente des atouts dans le développement dela production laitière et les tentatives de pro-

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duction d’aliments de bétail.

Au niveau de l’élevage des ruminants• Augmentation de la production laitière bo-vine par animal (de 2 l à plus de 10 l par jour)et totale grâce aux croisements par monte na-turelle et par insémination arti!cielle avec dusang exotique à forte productivité à Anjouanet via l’introduction de vaches de race pure etlaitière (de la Tanzanie) à la Grande Comore,• Augmentation de la productivité caprine enviande grâce aux croisements avec les boucsBoer à Mohéli et Anjouan ;• Développement des cultures fourragèresdans les pôles de développement de la pro-duction laitière ;• Races locales bien adaptées et bonne ré-ponse à l’amélioration génétique ;• Éleveurs très réceptifs aux changementstechniques ;• Marché de la viande et du lait attrayant ;• Existence d’ONG capables de s’occuper dessoins vétérinaires, de l’insémination arti!-cielle et des conseils.

Au niveau de l’élevage des volailles• Tentative de mise en place de productiondes aliments de bétail à Anjouan ;• Tentative de mise en place d’une unité deproduction des poussins d’un jour à laGrande Comore;• Existence d’une pépinière d’aviculteurs pro-fessionnels très motivés ;• Marché de la viande blanche attrayant.

Faiblesses et contraintes du sous-secteur

Les faiblesses du sous-secteur élevage et les

contraintes auxquelles il fait face sont presquesimilaires qu’il s’agisse des ruminants ou dela volaille.

Au niveau de l’élevage des ruminants• Contrôle sanitaire défaillant au niveau des

frontières ;• Commercialisation du lait non organisée;• Manque de crédit à la production ;• Encadrement insu#sant ;• Faible soutien aux intrants vétérinaires, sur-tout vaccins non subventionnés par l’État(&éilériose, Fièvre de la Vallée de Rift).• Coûts de production très élevés face à laconcurrence des ruminants importés des paysvoisins comme la Tanzanie ou Madagascar

Au niveau de l’élevage des volailles • Approvisionnement en poussins et alimentsdi#cile ;• Manque de crédit à la production ;• Encadrement insu#sant ;• Coûts de production très élevés face à laconcurrence des ailes et cuisses des pouletsimportés.

Perspectives pour le secteur de l’élevage

• Intensi!cation de l’élevage bovin laitier parla monte naturelle et l’insémination arti!-cielle avec du sang à forte productivité et àadaptation facile ;• Intensi!cation de l’élevage caprin de pro-duction de viande par la monte naturelle etl’insémination arti!cielle avec du sang à forteproductivité et à adaptation facile ;• Soutien de l’aviculture semi-industrielle ;• Amélioration du contrôle sanitaire aux

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

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frontières et renforcement de la législationsur les importations des animaux sur pieds ;• Soutien aux acteurs du sous-secteur élevage;• Renforcement des capacités en ressourceshumaines.

B3. LE SOUS-SECTEUR PECHE

Malgré l’importance des produits de la mercomme source de protéines animales pour lapopulation et comme source de revenus po-tentiels incluant au travers de l’exportation, lapêche aux Comores est restée purement tra-ditionnelle jusqu’en 1985, dominée principa-lement par des embarcations archaïques et denavigation hautement risquée. C’est dans lecadre des accords de pêche avec le Japon etl’Union Européenne que des e"orts ont étéfaits en vue d’améliorer la %otte, les tech-niques de pêche, le développement de l’écolede pêche, la mise en place d’unités de conser-vation, etc.

La pêche se pratique sur une zone maritimeestimée à plus de 160 000 km² qui recouvre900 km² de plateau continental et 427 km decôte. Cette zone regorge de potentialités enressources estimées annuellement à 33 000tonnes lesquelles sont exploitées actuellementà hauteur de 64%. Elle emploie 6% de la po-pulation (soit 8 500 emplois directs et 24 000emplois indirects) et participe à hauteur de12% au PIB en 2008 et de 5% aux recettes endevises à travers les exportations.

Performances et atouts du sous-secteur

• L’existence d’une pêcherie artisanale profes-sionnalisée ;• Un degré de motorisation important (30%sur un parc de 5 000 embarcations) ;• Des structures d’appui-conseil plus oumoins opérationnelles ;• La possibilité d’accroître les prises à traversl’élargissement de la zone de pêche ;• La forte demande de produits de la pêcheau niveau du marché national, régional et in-ternational ; • Un contexte international de pêche marquépar une pleine exploitation des réserves exis-tantes de poissons ; • L’existence de niches inexploitées (céphalo-podes, langoustes et crevettes) ;• L’existence des stratégies de développementde la pêche (FAO, AAIDA, UE),

Malgré une faible exploitation de ces atoutson constate un accroissement de la produc-tion nationale de poissons qui est passée de6 000 tonnes en 1985 à 16 200 tonnes en2004, entraînant l’arrêt des importations depoissons de consommation courante.

Faiblesses et contraintes du sous-secteur

La cessation des programmes d’appui aucours des dernières années a laissé apparaîtredes faiblesses d’ordre humain, technique, ma-tériel et commercial :• Faiblesse des services d’appui et des capa-cités de gestion et de plani!cation du secteur;• Manque de données et d’information surles ressources ;• Faibles niveaux d’investissement du secteur

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privé dans les activités de pêche ;• Manque d’accès au crédit ;• Absence d’un système de sécurité en mer ;• Faiblesse des capacités de production ;• Surexploitation de la frange côtière ;• Absence d’aménagement des sites de débar-quement ; • Manque d’électricité et d’eau dans les sitesdes pêches ;• Absence d’un circuit organisé de commer-cialisation ;• Non valorisation des produits halieutiquesvers les marchés extérieurs.

Perspectives d’avenir du sous-secteur

Le sous secteur de la pêche aux Comorespeut contribuer beaucoup à la croissance éco-nomique et à la réduction de la pauvreté parl’amélioration de l’environnement technico-économique (amélioration des infrastructuresportuaires, de transformation à terre, des sub-ventions et autres facilités similaires) et del’opérationnalisation des plans de développe-ment de pêche. L’objectif est d’augmenter laproduction de plus de 50% du niveau actuel,de créer plus de 5 000 nouveaux emplois etd’accroître signi!cativement la contributiondu secteur au PIB, soit environ 16% en 2014.

C. LE SECTEUR DU TOURISME

Le secteur du tourisme est reconnu commeétant un secteur à fort potentiel de croissanceéconomique et d’emplois. En tant que secteuren forte corrélation avec les principaux do-maines du développement, il a un impact surdes secteurs directement liés à son activité

comme le transport, l’hôtellerie et les agences,mais également sur le commerce, les entre-prises du bâtiment et des travaux publics,l’énergie, l’agriculture, la pêche, l’artisanat, lestélécommunications et les manifestationsculturelles.

Actuellement, l’o"re hôtelière avoisine les472 lits. C’est largement en deçà de l’o"re desautres pays de la région : plus de 14 000 lits àMaurice et environ 4 600 lits aux Seychelles.La qualité de l’o"re en hébergement est iné-gale. Elle varie entre les normes internatio-nales d’accueil internationales et le confortsommaire que représente la majorité des éta-blissements gérés par des non professionnelset avec un personnel peu formé. On estimequ’environ 490 personnes travaillent dans lesactivités touristiques.

Les Comores ne disposent pas d’une struc-ture de formation hôtelière, mais grâce auprogramme régional tourisme COI/UE, plusde 100 employés du secteur de l’hôtellerie ontpu béné!cier de séminaires spécialisés dansle domaine. Au niveau national, la directiondu Tourisme a appuyé la formation de 150jeunes du niveau Troisième au niveau Termi-nale.

Avant 1989, la fréquentation touristique étaitsurtout composée du tourisme d’a"aires, demissions et de séjours des comoriens qui vi-vent en France. En 1989, avec l’ouverture deGalawa, le tourisme d’agrément est devenumajoritaire avec son incidence sur la fréquen-tation hôtelière qui a progressé rapidement.A partir de l’année 2000, une baisse impor-

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

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tante des arrivées touristiques a été enregis-trée. Celles-ci sont passées de 27 474 en 1998à environ 18 900 en 2003. Cette baisse estlargement attribuable à la fermeture du Ga-lawa en 2000.

La clientèle hôtelière provenait essentielle-ment de l’Afrique du Sud, de la France, del’Allemagne et de l’Angleterre. Cette pro-gression était due à la !abilité de la compa-gnie Emirates qui desservait les Comores etl’Afrique du Sud, les Comores et l’Europe,mais aussi aux e"orts de commercialisationet de promotion déployés par le complexeGalawa. De plus, le programme régionalCOI/tourisme, !nancé par l’UE a contribuéen permettant aux Comores de participer auxdi"érentes manifestations touristiques inter-nationales.

L’arrêt brusque de la compagnie Emirates, lafermeture de Galawa et l’instabilité politiqueont provoqué une baisse des arrivées. Cettesituation s’est traduite par une chute signi!-cative de recettes passant de plus de 5 mil-liards FC en 2000 à moins de 3 milliards FCen 2003.

Le secteur touristique de l’Union des Co-mores a plusieurs atouts, mais sou"re denombreux handicaps, certains propres au sec-teur et d’autres plutôt transversaux et struc-turels.

Les atouts du secteur

Le patrimoine naturel et culturel, les poten-tialités importantes d’activités de découverte

et sportives, et les activités villageoises for-ment une o"re touristique très attractive surl’ensemble du territoire national. Parmi lesatouts, on note :• Quarante-cinq (45) sites d’intérêt touris-tique déjà recensés ;• Un grand nombre d’espèces naturelles ;• Une %ore qui compte plus d’une centained’espèces d’orchidées ; • Des espèces parmi les plus remarquables dela faune marine (Cœlacanthes, tortues ma-rines et dugongs) ; • Un patrimoine historique national riche etvarié : des sites archéologiques, des édi!cesreligieux, des édi!ces liés aux anciens sulta-nats, des forti!cations et des sépultures ;• Un artisanat riche et en développement, no-tamment la sculpture sur bois, la bijouterietraditionnelle et surtout, des potentialités im-portantes en matière de main-d’œuvre quali-!ée dans le domaine de l’ébénisterie, de lavannerie et de la broderie ;• Une richesse culturelle qui s’étend aussi àd’autres manifestations telles que les cérémo-nies des grands mariages, les chants, lesdanses, la cuisine comorienne, le musée duCNDRS à Moroni, la médecine tradition-nelle, les jeux et les activités villageoises ;• Des activités sportives qui s’adaptent à l’en-vironnement naturel : la plongée sous-ma-rine, la pêche au gros au large et lesrandonnées en montagne ;• Un Code des Investissements attrayant.

Faiblesses et contraintes du secteur

Plusieurs contraintes entravent le développe-ment de l’activité touristique :

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• Faiblesse des infrastructures de base (routes,ports, aéroports et approvisionnement enénergie, etc.) ;• Assainissement défaillant des villes et vil-lages ;• Insu#sance des dessertes aériennes régio-nales et internationales et tarifs exorbitantssur les billets ;• Tarifs prohibitifs pour l’eau, l’énergie et lestélécommunications, taux d’intérêt élevés,transports aériens, maritimes et terrestres dé-!cients ;• Insu#sance des capacités hôtelières ;• Insu#sance d’investissements nationaux etinternationaux ;• Conditions d’accueil inadaptées dans lesports et aéroports ;• Cadre juridique de garantie et protectiondes investissements quasiment inexistant ;• Manque de transparence dans l’attributiondes concessions du patrimoine national ausecteur privé ;• Coût exorbitant du visa d’entrée dans le ter-ritoire national ;• Insu#sance de promotion pour l’artisanatcomorien. ;• Insu#sance de formation au niveau hôte-lier, restauration et guide ;• Absence d’un O#ce du tourisme ;• Marketing et commercialisation de la des-tination Comores inexistants.

Performances du secteur

Les Comores ont connu des périodes fastespour le tourisme : en 1995, le total des arri-vées touristiques a atteint 22 838 avec un picde 27 474 en 1998. Aujourd’hui, après la fer-

meture de Galawa et des di"érentes crisespolitiques, nous dénombrons 14 000 arrivéessoit 45% de la capacité hôtelière résiduelle.

Les recettes touristiques ont varié dans lemême temps de 5 milliards de FC (4,1% duPIB) en 2000 à 3 milliards de FC en 2005.Les emplois sont passés de 960 à 490 au-jourd’hui.

Perspectives d’avenir du secteur touristique

Fort de ces atouts, le gouvernement a adoptéune stratégie de développement du secteur en2005 qui a fait l’objet d’une actualisation en2008. Cette stratégie vise à préserver le pa-trimoine naturel et culturel, à impliquer lapopulation locale et à lutter contre la pau-vreté. Cette forme de tourisme est commu-nément appelée écotourisme. Cette stratégiequi demande le soutien des bailleurs de fondset l’intérêt des investisseurs internationaux etnationaux se concrétisera par :• La création des relais éco-touristiques et despôles patrimoniaux d’intérêt touristique ;• Le balisage des sentiers de randonnées ;• La mise aux normes des liaisons maritimesinterîles ;• L’amélioration des infrastructures de base ;• La formation des ressources humaines ;• La promotion et la commercialisation deproduits touristiques ;• La création d’un observatoire d’acquisitiondes données sur le tourisme ;• Le développement des circuits combinés ré-gionaux.

Le gouvernement a choisi, en concertation

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

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avec les acteurs du secteur, de redynamiser lesecteur touristique et d’en faire l’un des prin-cipaux secteurs de croissance au cours desprochaines années. En e"et, ce secteur pour-rait contribuer fortement à:

1. L’amélioration des conditions de vie de lapopulation à travers:• La création d’emplois directs (hébergementrestaurants, guides) ;• La création d’emplois locaux induits (trans-port, artisanat, agriculture, pêche) ;• Le développement et la diversi!cation desformations et des métiers ;• La création d’un marché propre à stimulerles productions locales telles que le maraî-chage, l’élevage, la pêche et l’artisanat ;• L’accroissement des liaisons passagers etcommerciales interîles en mettant en placedes liaisons sûres, rapides et fréquentes ;• Le désenclavement de l’espace touristiquenational ; • L’accès de la population nationale à desformes d’hébergement touristique et d’acti-vités de loisir.

2. Une activité respectueuse de l’environne-ment naturel et culturel par :• La sauvegarde et la mise en valeur des sitesnaturels ;• La structuration des activités culturellestelles que : 1) la restauration et la mise en va-leur du patrimoine culturel et historique ; 2)le développement des spectacles traditionnelset 3) le développement de l’artisanat.

Les Comores possèdent un riche patrimoineculturel et naturel. Ce patrimoine peut

constituer un puissant facteur de développe-ment de l’écotourisme. Il importe pour legouvernement que ses partenaires au déve-loppement soutiennent la relance du secteurtouristique dans le cadre de la SCRP. De cefait, les mouvements associatifs villageois, lesagences réceptives locales, les hôteliers et res-taurateurs, les clubs de plongée, les artisans,le monde rural, les pêcheurs, les distillateursd’essence naturelle seront les principaux bé-né!ciaires du développement touristique.

Avec les nouveaux projets d’investissementqui porteront la capacité hôtelière à 2 000 litsaux horizons de 2014, le tourisme peutcontribuer d’une manière signi!cative àl’amélioration du PIB national avec un espoirde création de 2 500 emplois directs.

D. LES INFRASTRUCTURES ÉCONO-MIQUES ET DE COMMUNICATION

Les infrastructures économiques et de com-munication sont des facteurs déterminantsdu processus du développement économique.Les infrastructures économiques font réfé-rence aux routes‚ aux télécommunications‚aux ports et aux aéroports. La défaillance desinfrastructures économiques !gure parmi lesprincipaux obstacles à la relance du secteurprivé et à la réduction de la pauvreté.

D1. LES INFRASTRUCTURES ÉCONO-MIQUES

Les infrastructures routières

Les infrastructures routières contribuent

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d’une façon indéniable à la croissance écono-mique et à la réduction de la pauvreté en fa-cilitant la circulation des biens et despersonnes, et en favorisant la création denouvelles activités économiques.

Le réseau routier national et régional aux Co-mores totalise 849 km, dont 665 km deroutes bitumées et 184 km de routes et pistesen terre. Il est reparti comme suit : 58,3% àNgazidja (495 km), 33,2% à Ndzuwani (256km) et 11,5% à Mwali (98 km). Le réseauroutier se caractérise actuellement par :• Une dégradation liée au manque d’entretien;• Une augmentation du tra!c de poids lourdsincontrôlée, surtout à Ngazidja ;• Un sous dimensionnement de la structurepar rapport aux sollicitations ;• Un besoin de désenclavement dans les ré-gions de production agricole et de pêche ;• Des routes en terre impraticables pendantune longue période de l’année ;• L’absence de signalisation.

Performances et atouts du sous-secteur desinfrastructures routières

Pour promouvoir les infrastructures routièrele pays pourrait s’appuyer sur :• La mise en place programmée d’une rede-vance d’usage pour alimenter le Fonds routierau lieu de la taxe actuelle dé!nie par la loi envigueur ; • Les ressources générées par la conventionrelative à la citoyenneté économique;• La création récente des nouvelles entre-prises routières ;

• Des études techniques et des dossiers deconsultation qui ont déjà été e"ectués pourla construction et/ou la réhabilitation destronçons de routes prioritaires et dont le !-nancement des travaux est déjà acquis pourcertains d’entre eux..

Faiblesses et contraintes des infrastructuresroutières

La principale contrainte qui entrave le dé-veloppement du sous-secteur est sans doutel’insu#sance de capacité nationale pour lagestion et le contrôle de l’entretien routierdont sa mise en œuvre fondamentale. Par ail-leurs, on note :• La lenteur dans la mise en place des coor-dinations des nouvelles structures adminis-tratives (gouvernorat-union) ;• Le manque d’entretien du réseau routier ;• Le non respect de la réglementation rou-tière ;• La dégradation permanente des routes liéeau vieillissement, au tra!c incontrôlé et aumanque d’assainissement ;• Le manque de contrôle des charges à l’es-sieu sur les routes ;• Le manque d’une base de données routières;• Le manque de logistique appropriée pourl’exécution des travaux d’entretien.

Perspectives d’avenir du sous-secteur des in-frastructures routières

La construction et l’entretien des routes re-présentent une source importante de créationd’emplois, notamment pour les plus démunis,

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

Page 47: ONU Comores

si l’on a recours à des technologies à haute in-tensité de main d’œuvre qui sont à privilégierchaque fois que cela est possible.

Le désenclavement et la réduction des coûtsde transport auront des impacts sur les coûtsde production et le prix des produits deconsommation, dans la mesure où ils tendentà augmenter la circulation des biens et despersonnes et à intensi!er l’activité écono-mique.

En outre, il faut souligner qu’un réseau rou-tier bien entretenu améliore non seulementl’accessibilité des populations aux services ad-ministratifs, aux centres de santé, aux écoles,etc., mais également au développement del’industrie telle que celle du tourisme.

Les pouvoirs publics des Comores envisagentd’entreprendre des travaux d’amélioration,d’élargissement et de mise au gabarit desplates-formes et des chaussées compatiblesavec le tra!c et la sécurité, ainsi que de dé-viation des villages.

La réhabilitation et l’extension du réseau rou-tier national devrait favoriser :• L’amélioration de la circulation des biens etdes personnes ;• Une croissance du développement touris-tique ;• Une réduction des frais de maintenance duparc automobile utilisé ;• L’amélioration des conditions de sécurité ;• L’accès aux marchés des produits agricoleset alimentaires ;• La création d’emplois.

D2. LES INFRASTRUCTURES PORTUAIRES

Les infrastructures portuaires facilitent lecommerce extérieur et le commerce inter îles.Les taux d’occupation pour le poste demouillage et les quais sont élevés si on tientcompte du temps séjourné à quai par les ba-teaux en provenance des îles et par la forteaugmentation du tra!c interîles. Le pays estactuellement sous-équipé en matière d’infra-structures portuaires.

La situation se caractérise comme suit :• Ngazidja concentre 80% des activités com-merciales du pays, mais ne dispose pas d’unport en eau profonde. De même, la valorisa-tion des produits de la mer est au centre dela relance du secteur privé. L’Union des Co-mores a signé depuis une douzaine d’annéesdes accords de pêche avec l’Union euro-péenne. L’absence d’une structure portuaireadaptée et le manque d’une stabilité énergé-tique ne permettent pas au pays de béné!cierdes avantages prévus par cet accord.• À Ndzuwani, le port en eau profonde deMutsamudu construit en 1982 sert de portde transbordement. Ses activités portuairessont en progression ces des dernières annéesmalgré le problème d’envasement enregistrédû au déversement de la rivière dans le bassindu port. L’amélioration de ces installationsportuaires permettrait le développement dutra!c du port.• Quant à Mwali, un accès maritime a étéréalisé en 1999-2001 à Bwangoma, dans lecadre des 6e, 7e et 8e FED. Le projet n’a pasatteint son objectif spéci!que. Le transbor-

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dement de passagers qui se réalise par les pi-rogues est dangereux lorsque la mer est agi-tée. Le pourcentage d’utilisation de l’accèsmaritime varie de 50 à 70% dans l’année. Lesmesures de correction pour optimiser son uti-lisation consisteraient à la protection de l’ou-vrage avec une digue en eaux profondes.

Actuellement, les installations portuaires sontexploitées par des sociétés privées de manu-tention telles que GOLF COM pour le portde Moroni et ASC pour celui de Mutsa-mudu.

Faiblesses et contraintes du sous-secteur desinfrastructures portuaires

Les principales faiblesses et contraintes dusous-secteur sont :• Le manque d’organisation de la capitaineriedu port de Mwali ;• Le manque de balisage pour tous les portsdu pays ;• La faiblesse du tirant d’eau au port de Mo-roni qui oblige la mise en rade de la plupartdes cabotages internationaux ;• L’ensablement du port de Mutsamudu parles sédiments transportés par la rivière se dé-versant dans le bassin ;• Le manque de protection du quai à l’accèsmaritime de Mwali ;• L’absence des équipements de débarque-ment et de levage à Mohéli ;• L’engorgement des quais et terre-pleins ;• L’incapacité des ports à fournir des servicesde qualité pour améliorer les délais d’appro-visionnement du pays en intrants, pièces derechange, matières premières pour les di"é-

rents secteurs économiques ;• Les nombreuses défaillances dans le sys-tème de tra!c maritime entre les îles incluantl’absence de ports secondaires y a"ectés ;• Les problèmes de sécurité des marchandisesen dépôt ;• La défaillance du système de la sécurité ma-ritime.

Perspectives d’avenir des infrastructures por-tuaires

Le gouvernement envisage de réexaminer lerôle des di"érents intervenants et à amenerles uns et les autres à respecter les engage-ments contractuels, ce qui aura pour e"et defaire baisser les coûts des services portuaires.

En outre, compte tenu du volume des activi-tés commerciales en croissance à Ngazidja età la perte de temps au mouillage de gros na-vires pour le transbordement des marchan-dises, le gouvernement de l’Union desComores souhaite doter Ngazidja d’un porten eau profonde comprenant :• Un quai d’activités commerciales ;• Un quai de transbordement de la pêche, in-cluant les installations frigori!ques appro-priées.

À Ndzuwani, pour que le Port de Mutsa-mudu puisse jouer pleinement son rôle deport d’accueil et de transbordement, les pou-voirs publics devront réaliser des travaux quiconsistent en :• La construction d’un barrage en amont dela ville de Mutsamudu pour retenir l’essentieldes sédiments et des matériaux charriés par

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

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la rivière ;• La réalisation du dragage pour le rétablis-sement des tirants d’eau d’origine ;• La dérivation de la rivière de Mutsamudu àpartir d’un point situé en amont du quai d’ac-cès au terre-plein sud vers l’extérieur du bas-sin.

À Mwali, en vue de rentabiliser l’accès mari-time et d’améliorer les conditions d’accèsconformément aux normes de sécurité ap-propriées et prévues par la navigation mari-time, le gouvernement compte conférer àl’accès maritime une vocation de port et at-ténuer l’importance de la houle qui engen-drait des accostages di#ciles. Ce qui revientà abriter le môle de la houle dépassant 0.5 met pouvant atteindre exceptionnellement plusde 6 m arrivant au fond de la baie.

D3. LES INFRASTRUCTURES AÉROPOR-TUAIRES

Les infrastructures dans le domaine se com-posent de l’aéroport international de Moroni« Prince Said Ibrahim » (AIMPSI) sis à Ha-haya à Ngazidja et des aéroports secondairesd’Ouani à Ndzuwani et de Bandar-Salama àMwali. Ces aéroports desservent les liaisonsaériennes tant internationales qu’interîles. Letra!c est cependant assez limité.

Les infrastructures aéroportuaires secon-daires se caractérisent par une dégradationdes pistes, l’absence d’équipement de sécurité– incendie et de sauvetage, et le manque declôture sur les trois aéroports. Ces défail-

lances compromettent la sécurité du trans-port aérien inter-îles.

Performances et atouts du sous-secteur desinfrastructures aéroportuaires

• L’adhésion des Comores à l’ASECNA per-met d’améliorer la sécurité et la navigationaérienne ;• La construction d’une nouvelle aérogare del’AIMPSI, la réhabilitation de la piste et l’ex-tension des espaces de stationnement pourles avions.

Faiblesses et contraintes du sous-secteur desinfrastructures aéroportuaires

• Le vieillissement de la piste d’atterrissagede l’aéroport international peut compromet-tre la sécurité aérienne des gros porteurs ;• L’espace réduit dans la salle d’arrivée despassagers ; • La défaillance du système organisationnel ;• Les aéroports secondaires sont marqués parles faiblesses suivantes:- une capacité d’accueil limitée aussi bienpour les avions que pour des passagers ;- une insu#sance d’équipements de naviga-tion aérienne (météo et radiocommunica-tions) ;- l’absence de balisage des pistes ;- une insu#sance de la clôture de protectiondes pistes et aérogare ;- l’absence d’un système de sécurité incendie.

Perspectives d’avenir du sous-secteur des in-frastructures aéroportuaires

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Les perspectives d’avenir du transport aériendans le contexte d’un pays comme les Co-mores n’est pas à démontrer. Pour que le sec-teur touristique puisse o"rir des perspectivesde croissance intéressantes, il est nécessairede disposer d’aéroports performants et sécu-ritaires. Il en va de même du développementdu fret aérien.

D4. LES INFRASTRUCTURE DE TÉLÉCOM-MUNICATIONS

Les télécommunications aux Comores ontconnu une diversi!cation au cours de l’année2004. La Société nationale des postes et té-lécommunications (SNPT) a mis en place unréseau de téléphones mobiles en complémentà celui des téléphones !xes déjà saturé depuislongtemps. En 2005, suite à la scission de laSNPT en Comores Télécom et en SociétéNationale des Postes et des Services Finan-ciers (SNPSF), d’autres services (réseaux) ontété crée à savoir les réseaux CDMA, ADSLet l’extension du réseau GSM. .

Performances et atouts du sous-secteur destélécommunications

• Les principaux atouts dont dispose le sous-secteur sont: Une croissance rapide des lignesinstallées due à la demande des nouveauxclients ; • Des installations des cabines téléphoniquesen zone rurale;• Une couverture téléphonique qui s’amélioreau fur et à mesure avec l’installation des mi-crocentrales dans les îles; • Une amélioration et un renforcement du

cadre institutionnel ;• L’existence d’une politique des TIC (secto-rielle).

Faiblesses et contraintes des télécommunica-tions

• Un relief accidenté rendant di#cile la cou-verture téléphonique dans certaines régions ;• La vétusté du réseau !laire ;• Les services de télécommunications peuperformants à des coûts jugés très élevés ;• Un cadre institutionnel et juridique dusous-secteur non respecté ;• La non-conformité vis-à-vis de la régula-tion en matière de marché public ;• Un temps d’intervention trop long pour lamaintenance (les dérangements).

Perspectives d’avenir du sous-secteur

Le développement de ce secteur nécessite laréhabilitation du réseau existant des télé-phones !xes en vue de permettre un meilleuraccès aux services de télécommunication.L’État entend concentrer ses e"orts sur l’aug-mentation de la capacité des réseaux de ma-nière à garantir:• Un meilleur accès au service à un prix rai-sonnable sur l’ensemble des îles ;• Une connexion plus %uide avec le reste dumonde pour accéder aux opportunités éco-nomiques ;• La promotion e#cace du secteur touris-tique en permettant aux opérateurs de se faireconnaître à travers des sites Web ;• La facilité dans les contacts à l’intérieur desComores et avec la diaspora ;

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

Page 51: ONU Comores

• La libéralisation du secteur des télécommu-nications.

E. LE SECTEUR DE L’ÉNERGIE, DE L’EAUET DE L’ASSAINISSEMENT

E1. LE SOUS-SECTEUR ENERGIE

L’énergie joue un rôle particulièrement im-portant dans le développement socioécono-mique. Elle est déterminante dans lefonctionnement des entreprises et permetl’amélioration des conditions de vie des mé-nages.

Le bilan énergétique des Comores fait res-sortir le bois comme principale source d’éner-gie (78% des besoins énergétiques) suivie deshydrocarbures (20%). Les autres sourcesd’énergie (électricité, gaz butane, etc.) repré-sentent une quantité négligeable (environ2%) de la consommation des ménages como-riens. L’extension des réseaux d’électricitéexistants et l’amélioration de la gestion et dela qualité des services pourraient avoir un im-pact signi!catif sur la croissance, contribuerau bien-être des ménages et se traduire parune diminution des prélèvements de matièresligneuses.

Le sous-secteur de l’énergie se caractérisepar:

• Une faible consommation d’énergie en gé-néral (122 ktep en 2001 soit 0.2 tep par ha-bitant) et d’énergie conventionnelle enparticulier révélateur d’un bas niveau de dé-veloppement économique ;

• Une forte dépendance vis-à-vis des com-bustibles ligneux dont l’exploitation entraînedes impacts environnementaux négatifs (dé-forestation massive, érosion, etc.) ;• Une forte augmentation de la consomma-tion des produits pétroliers (essence, gas-oilet pétrole lampant, lubri!ants) qui sont tota-lement importés, ce qui explique en partie lecoût élevé de l’énergie ; • Une utilisation limitée du gaz butane essen-tiellement dans les centres urbains. Saconsommation pourra être améliorée avec lebéné!ce d’une réduction de la taxe à l’impor-tation ; • Une faible exploitation des sources d’énergienouvelle et renouvelable malgré un potentielréel (hydroélectricité à Ndzuwani et Mwali,géothermie à Ngazidja, biomasse, solaire, éo-lien et marémotrice sur les trois îles) ;• Une production d’électricité essentiellementbasée sur l’exploitation des centrales ther-miques d’une puissance globale installée de24 MW ;• Un parc de production nécessitant un en-tretien adéquat en vue d’assurer une produc-tion pérenne et e#cace de l’énergie;• Un faible taux de rendement global du sys-tème électrique, en dessous de 45% pour l’en-semble du pays ;• Des pertes sur la capacité de productiond’électricité d’environ 55% attribuables auxfraudes et branchements clandestins, aux dé-!ciences techniques des réseaux et au faibletaux de recouvrement.

Performances et atouts du sous-secteur del’énergie

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Page 52: ONU Comores

• La participation communautaire à la réali-sation des projets d’électri!cation villageoise;• La politique du gouvernement fait du sec-teur énergie une priorité nationale ;• Une forte demande en énergie électrique enmilieu rural et urbain;• Une volonté des partenaires stratégiquesd’accompagner les Comores dans le dévelop-pement du secteur de l’énergie ; • La réalisation d’études d’extension des ca-pacités de stockage des produits pétroliers etd’études de développement du réseau élec-trique et des pré-études de production : hy-droélectrique, thermique et géothermique ;• Les potentialités réelles dans le domaine desénergies renouvelables notamment : l’hydro-électrique, le solaire, la biomasse, l’éolienne etla géothermie inexplorées.

Faiblesses et contraintes du secteur Énergie

• L’absence d’une politique et d’une stratégiesectorielle de l’énergie ;• La non clari!cation du cadre institutionnelet réglementaire du secteur de l’énergie ; • L’absence d’un plan directeur sectoriel glo-bal de l’énergie;• L’exiguïté du marché de l’énergie limitantainsi les économies d’échelle;• Le manque de !nancement pour l’accrois-sement de la capacité de production et la ré-habilitation des centrales électriques ;• Les di#cultés des sociétés d’État dans leservice public ;• Les di#cultés persistantes de recouvrement;• La faible autonomie énergétique : Di#cul-

tés d’approvisionnement et insu#sance descapacités de stockage des hydrocarbures ;• Les coûts du kilowattheure très élevés parrapport aux tarifs en vigueur ;• L’étude tarifaire la plus récente date de plusde 20 ans ;• L’incapacité de satisfaire la demande enénergie (puissance disponible de 7 MW in-férieure à l’appointe de 15 MW) ;• Le prix à la consommation très élevé ;• La non exploitation des énergies nouvelleset renouvelables ;• Le manque de renforcement des capacitésen ressources humaines et de transfert detechnologie;• Le manque de réponse énergétique dans lessituations d’urgence ;• L’exploitation anarchique de la biomasse(bois - énergie).

Perspectives d’avenir du secteur de l’énergie

• Doter le pays d’une politique et d’une stra-tégie du secteur de l’énergie ;• Clari!er le cadre institutionnel et réglemen-taire du secteur énergie ; • Élaborer un schéma directeur de l’énergie ; • Mettre en place un programme de maîtrisede l’énergie (maîtriser la consommation descombustibles ligneux qui aura pour e"et depréserver l’environnement) ;• Renforcer et sécuriser la production et ladistribution énergétique (augmenter le tauxd’accès à l’électricité par extension) ; • Actualiser les études existantes ; • Promouvoir les énergies de substitution.

La valorisation des énergies renouvelables

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

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permettrait dans un avenir rapproché de pas-ser de moins de 1% à environ 20% de l’éner-gie produite ou puissance installée. L’objectifest :• D’utiliser des ressources énergétique autresque le gasoil ; • De renforcer les capacités humaines et letransfert de technologie.

E2. LE SOUS-SECTEUR EAU POTABLE

L’accès à l’eau est essentiel pour le bon fonc-tionnement des secteurs sociaux, de l’activitééconomique et le bien-être des individus.Aux Comores, il existe essentiellement troissources d’approvisionnement : 1) les eaux desurface, 2) les eaux souterraines et 3) la col-lecte des eaux pluviales.

La source d’approvisionnement varie suivantl’île et la localité où l’on se trouve. D’une ma-nière générale, Anjouan et Mohéli dépendentdes écoulements super!ciels à partir dessources ou des rivières alors que la populationde Ngazidja s’approvisionne surtout à partirde la collecte des eaux pluviales et des eauxsouterraines.

Les premiers réseaux d’adduction d’eau ontvu le jour à Anjouan et à Mohéli au cours desannées 60. Il aura fallu attendre 15 ans pourque Ngazidja dispose de son premier réseaud’adduction d’eau à Moroni à partir d’unpuits situé à 6 km au sud de la capitale. Aucours des années 80, un projet du PNUD apermis de doter l’île de 22 puits exploitablessur la ceinture de l’île. Le gouvernement, avecl’appui de ses partenaires (UNICEF et

Banque mondiale notamment), des ONG etsurtout, la participation des communautés, aréalisé plusieurs réseaux d’adduction d’eau àpartir de ces puits. Selon l’enquête intégrale sur les conditions devie des ménages aux Comores de 2004, lessources d'approvisionnement en eau de bois-son les plus utilisées par les ménages sont :les bornes fontaines publiques (30,6%) et larécupération des eaux de pluies dans les ci-ternes (24,2%). Les raccordements à domicilene concernent que (15%) des ménages.

L’utilisation des eaux des pluies collectéesdans des citernes concerne plus de la moitiédes ménages à Ngazidja. Cette option est trèsvulnérable par rapport aux normes de qualitéet de quantité. Le pays ne dispose pas d’unepolitique nationale sur la qualité de l’eau. Lessources d’eau sont souvent insalubres etconstituent un facteur de risque potentielpour la santé des consommateurs. Cette si-tuation s’observe notamment à travers la pré-valence des maladies d’origines hydriquestelles que les maladies diarrhéiques et la ty-phoïde.

Performances et atouts du sous-secteur ap-provisionnement en eau

Les principaux atouts pour le développementdu sous-secteur sont :• L’existence des puits du projet PNUD réa-lisés sur le littoral de l’île de Ngazidja pou-vant servir à rehausser l’accès de la populationà l’eau ;• La pluviométrie demeure favorable pourl’ensemble du pays ;

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Page 54: ONU Comores

• L’existence des rivières et cours d’eau per-manents pour Anjouan et Mohéli ;• La disponibilité des communautés à contri-buer !nancièrement et matériellement à laréalisation de leurs projets dans le domaine ;• La disponibilité de compétences techniquesau niveau de la société nationale de l’eau etd’électricité pour accompagner la mise enœuvre des projets d’adduction d’eau;• L’existence d’études d’extension des réseauxd’eau au niveau du pays ;• Les communautés béné!ciaires des instal-lations d’eau sont préparées ou sensibiliséespour la prise en charge progressive ;• La disponibilité des partenaires au dévelop-pement et des ONG à appuyer les progrèsdans le secteur de l’eau.

Faiblesses et contraintes du secteur approvi-sionnement en eau

• L’absence d’une politique et d’une stratégiesectorielle de l’eau ;• La non clari!cation du cadre institutionnelet réglementaire du secteur de l’eau ; • L’absence d’un plan directeur sectoriel del’eau;• Le manque de bases de données !ables surl’accès à l’eau; • Les coûts élevés des projets pour les nappesd’eau souterraine qui nécessitent des moyenstechniques importants ;• Le manque de coordination et de commu-nication entre les di"érents acteurs interve-nant dans la promotion et le développementdu secteur ;• L’insu#sance des capacités techniques dansla gestion des réseaux d’adduction d’eau ;

• Le manque d’équipements et de moyensd’appui pour les systèmes d’adductions d’eau;• L’eau provenant des di"érents réseaux n’estpas systématiquement traitée ; • Le manque d’entretien adéquat des réseauxd’adduction d’eau ;• La gratuité de l’eau et le non recouvrementdes coûts liés à l’exploitation des réseauxd’eau.

Perspectives d’avenir du sous-secteur appro-visionnement en eau

Les Comores font de l’accès à l’eau un objec-tif fondamental du développement écono-mique et social. Les principaux dé!s auxquelselles sont confrontées consiste à :• Faire de l’élaboration du schéma directeurde l’eau une priorité absolue pour la relancedu sous-secteur ;• Redé!nir le cadre institutionnel et régle-mentaire du sous-secteur de l’eau ;• Institutionnaliser l’approche sectorielle del’eau aux Comores ;• Favoriser le renforcement des capacités enressources humaines et le transfert de tech-nologie ;• Réglementer et rendre obligatoire le traite-ment de l’eau aux Comores ;• Renforcer les infrastructures de production,de transport et de distribution de l’eau ;• Mettre en valeur les sources existantes ;• Sensibiliser et préparer les usagers de l’eausur la nécessité de recouvrement des coûts liésà l’exploitation des réseaux d’adduction d’eau;

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

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E3. LE SOUS-SECTEUR DE L’ASSAINISSE-MENT

Avec la croissance démographique accéléréeet l’urbanisation, on note une augmentationsigni!cative de la production de déchets mé-nagers (estimée à environ 1m3/habitant enmoyenne)‚ un accroissement des déchets hos-pitaliers non traités et une hausse des rejetsliés aux activités de transport (huiles de vi-dange, carcasses de voiture‚ etc.). Actuelle-ment‚ la production de déchets n’est prise encharge par aucune structure appropriée de ra-massage et de traitement. D’une manière gé-nérale‚ l’absence de système de gestion desdéchets et d’assainissement constitue un pro-blème majeur de santé publique.

La gestion des eaux usées et pluviales s’avèreune préoccupation majeure aussi bien en mi-lieu urbain qu’en milieu rural. Le problèmedemeure entier dans la plupart des villes quin’ont pu y consacrer les moyens nécessairespour faire face aux di#cultés engendrées parce type de nuisances. Dans les centres villes,les ordures qui s’entassent constituent égale-ment une forme de pollution visuelle et ellesdégagent de surcroît des odeurs fétides malsupportées par les habitants.

Performances et atouts du sous-secteur assai-nissement

On note une forte implication des commu-nautés dans les travaux de réhabilitation desruelles et de canalisation d’évacuation deseaux usées. Cela montre l’importance qu’ellesaccordent aux problèmes d’assainissement et

leur détermination à améliorer leur cadre devie.

Faiblesses et contraintes du sous-secteur del’assainissement

Les principales faiblesses et contraintes quientravent le développement du sous-secteursont :• Croissance mal maîtrisée des aggloméra-tions et prolifération des habitats précaires ;• Absence de plan d’urbanisation et deschéma d’aménagement urbain ;• Absence d’un cadre réglementaire de la ges-tion des déchets solides et liquides ; • Manque de latrines en milieu communau-taire ;• Manque de gestion des déchets et indispo-nibilité de sites d’enfouissement ; • Absence de politique et d’outils d’assainis-sement ;• Production croissante de déchets naturels ethumains ;• Dégradation intense des écosystèmes ;• Inexistence d’un système de gestion des dé-chets.

Perspectives d’avenir du sous-secteur de l’as-sainissement

L’enjeu consiste à améliorer la qualité ducadre de vie et de l’hygiène en milieu urbainet de mettre !n au développement anar-chique des agglomérations. Il s’agira de dé-velopper les capacités techniques, matérielleset organisationnelles nécessaires pour la miseen place d’un système de collecte et d’élimi-

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nation des déchets. La satisfaction des be-soins élémentaires des populations urbainesest un enjeu social très dépendant de l’amé-nagement urbain. La mise en place d’une po-litique d’aménagement des agglomérationsdevra garantir un cadre de vie agréable et du-rable pour les générations présentes et fu-tures. En e"et, les préoccupations viséesconsistent à promouvoir et à mettre en placedes outils pour aménager durablement les ag-glomérations en protégeant les ressources eten limitant les nuisances (pollutions, orduresménagères, insalubrité, con%its de voisinage,etc.).

La mobilisation des moyens et des ressourcess’avère plus que nécessaire à la mise en œuvrede la politique nationale de l’environnementet du plan d’action environnemental. Ce quipermettra par la suite de : • Concrétiser le schéma directeur de dévelop-pement des agglomérations ;• Garantir l’assainissement e"ectif des zonesd’habitation ;• Mettre en œuvre un système d’améliorationde la gestion des déchets ;• Prioriser la création des sites d’enfouisse-ment des déchets solides ;• Prévoir la création des latrines appropriéesen milieu communautaire et urbain.

F. L’ENVIRONNEMENT

Aux Comores, peut-être encore plus qu’ail-leurs, l’environnement apparaît comme lepivot des principaux secteurs d’activités éco-nomiques de production des biens et servicesmarchands. Des études récentes ont aussi

établi que la relance de la croissance aux Co-mores est fortement tributaire du développe-ment du tourisme, alors que le potentieltouristique du pays est basé sur la qualité ducadre de vie et de l’environnement naturel.L’environnement apparaît ainsi comme unsujet ne pouvant pas laisser indi"érent l’en-semble des acteurs du développement.

Au cours des dernières années, on a malheu-reusement assisté à une intensi!cation de ladégradation globale de l’environnement, la-quelle touche toutes les ressources naturelleset fragilise la base de la production. Ceci seretrouve à travers la dégradation des terres(57% des terres agricoles) et la déforestation(500 ha/an) et la mauvaise gestion des res-sources naturelles. A cela s’ajoute le manqued’outils de gestion adaptés des milieux ur-bains et des zones côtières ainsi que l’absencede politiques intégrées prenant en compte ladimension transversale de la problématiqueenvironnementale. L’érosion constatée de ladiversité biologique en milieu marin et côtiercomme en milieu forestier, porte sérieuse-ment atteinte à la capacité des écosystèmesterrestres et aquatiques à se renouveler natu-rellement. Cette situation a"ecte ainsi lesprocessus écologiques vitaux tels que le cyclede l’eau, la lutte contre les pollutions par l’en-vasement des zones côtières et marines, ainsique le dynamisme des zones tampons proté-geant contre les catastrophes naturelles.S’agissant des e"ets liés aux dérèglements cli-matiques, les impacts potentiels portent surles pertes accélérées des bandes de terres cô-tières, la diminution de la production agricoleet halieutique, la contamination des nappes

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aquifères côtières par l’eau de mer et le dépla-cement de plus de 10% de la population cô-tière.

Par ailleurs, il convient de noter que la plu-part des contraintes environnementales sontsimilaires à celles qui ont été identi!ées pourles PEID par l’Agenda 21 et le programmed’action de la Barbade : fragilité écologiqueet économique, forte vulnérabilité aux chan-gements climatiques et aux catastrophes na-turelles, faible capacité de réponse et degestion, ainsi que l’étroitesse de la base desressources et les coûts élevés de l’énergie.

Aussi, la détérioration de l’environnementrisque d’intensi!er la concurrence et lesrisques de con%it concernant l’accès à des res-sources partagées telles que les ressources ha-lieutiques et les eaux de surface. Ces dé!ssont indissociablement liés à des questionsplus larges de gouvernance et de précaritééconomique et sociale ; d’où l’ampleur et lacomplexité du dé! à relever. La probléma-tique environnementale apparaît ainsicomme un sujet d’acuité, en raison des dé!smultiples, mais aussi des opportunités consi-dérables, intrinsèquement liés à la gestion del’environnement et au développement dura-ble aux Comores.

Principaux atouts et opportunités du secteurde l’environnement

L’archipel des Comores et ses eaux territo-riales abritent des écosystèmes de valeursscienti!que et esthétique remarquables. Leurcaractère exceptionnel est révélé par des taux

d'endémisme élevés au sein des di"érentsgroupes de faune et de %ore et par la présenced’espèces emblématiques ou charismatiques.On reconnaît d’ailleurs aux Comores undegré de priorité élevé pour la conservationde la diversité biologique à l’échelle mondiale.En outre, le pays est classé dans la catégorie« complexe névralgique (Hot Spot) » pour ladiversité mondiale.

Le pays dispose ainsi d’un patrimoine géné-tique important caractérisé par la disponibi-lité des espèces médicinales, aromatiques,fourragères et agricoles. Aussi, les caractéris-tiques génotypiques des variétés présentesaux Comores ont été conservées, notammenten raison de la reproduction végétative pra-tiquée pour la vanille et de l’absence de pro-grammes d’introduction de nouvelles variétéspour ces espèces. La conservation et l’utilisa-tion durable des espèces et variétés cultivéesaux Comores présentent ainsi des béné!cesimportants à l’échelle régionale et mondiale,en assurant la pérennité d'un matériel géno-typique unique au pays ou à la sous-région etla préservation d'un potentiel adaptatif de cescultures de rente à l'échelle régionale. Cecontexte rend le pays éligible aux réseaux in-ternationaux et régionaux du commerce équi-table, comme moyen d’assurer un niveau derevenu pour les paysans, lourdement a"ectéspar l’érosion des prix à l’exportation.

Par ailleurs, il existe aux Comores des pra-tiques d’agroforesterie traditionnelle qui gé-nèrent de nombreux avantages en termes deconservation du milieu (sol, eau, habitat pourles espèces de faune et de %ore), et en termes

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de production (alimentaire, fourragères, boisd’œuvre et d’énergie). Ce système stable per-met une couverture permanente du sol, ré-duisant l’érosion, favorisant l’alimentation deseaux de surface, et permettant une excellentevalorisation de l’espace par l’étalement des cy-cles de production.

Il permet également de favoriser le maintiende la biodiversité par la grande diversité desespèces végétales qui la composent, et laconstitution d’habitats favorables à la pro-ductivité de nombreuses espèces végétales etanimales. Ceux-ci placent le pays en bonneposition, pour participer, en tant qu’acteurmajeur, à des réseaux et programmes de re-cherches scienti!ques au niveau régional etinternational.

En matière d’éco services, les Comores dis-posent des opportunités liées à une pluvio-métrie importante, un fort potentiel sur lessources d’énergie renouvelables et la disponi-bilité de terres fertiles dans certaines régionset non polluées. Le classement du payscomme puits de Carbone, ouvre aussi desavenues intéressantes pour accéder à dessources durables de !nancement, au titre desmécanismes globaux de !nancement de l’en-vironnement et du développement durable. Ils’ajoute à ces atouts, le potentiel que recèle levolcan Karthala en matière de géothermie etd’écotourisme.

Tout ce capital naturel o"re des vastes oppor-tunités de diversi!cation des sources de ri-chesse nationale et des alternatives crédiblesde revenus, au béné!ce d’une frange impor-

tante de la population, dont la survie dépendde l’exploitation des ressources naturelles.Ainsi, la gestion durable des ressources del’environnement reste un levier essentiel pourune croissance durable et pour la réductionde la pauvreté, compte tenu du potentiel dedéveloppement qu’il recèle en lien avec lesressources naturelles, la qualité de l’atmo-sphère et la riche biodiversité.

Principaux dé!s et obstacles dans le secteurde l’environnement

Aujourd’hui, les Comores se heurtent à denombreux dé!s environnementaux, notam-ment l’adaptation aux changements clima-tiques, la préservation de la biodiversité, lasécurité biologique, la gestion intégrée deszones côtières, l’accès à des services d’assai-nissement de base et de gestion de l’environ-nement urbain, la gestion durable desressources naturelles et la préparation, la pré-vention et la réponse des risques liés aux ca-tastrophes.

En e"et, les dé!s liés aux écosystèmes (ma-rins, côtiers, lacustres et terrestres) se tradui-sent par l’insu#sance des actions concrètespour leur gestion rationnelle. Ces contraintesse caractérisent par : (i) le défrichement ou ladéforestation, (ii) l’absence de politique et demécanismes de régulation et de sécurisationfoncière, (iii) l’absence de mécanismes deréactualisation et d’application des textes ré-glementaires sur la gestion des écosystèmes,(iv) la confusion entretenue des responsabi-lités liées à la non clari!cation des mandatset des missions des institutions en charge de

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la gestion de l’environnement, (v) l’extractionde ressources côtières (sable, galets, coraux etmangroves), (vi) la mauvaise occupation del’espace cultivable, (vii) l'utilisation de pra-tiques de pêches non durables (dynamites, !-lets à petite maille, pêche à pieds sur lescoraux, substances toxiques et/ou chimiques)et (viii) l’absence de système d’assainissementet de gestion intégrée de déchets.

De plus, il apparait que les tensions créées parla surexploitation et la mauvaise gestion desressources naturelles résultent, avant tout, dufait que les droits de propriété des ressourcesnaturelles sont mal dé!nis et les écoservicesmal évalués.

Dé!s liés aux dérèglements climatiques

Il est aussi clairement établi que les dérègle-ments climatiques accentuent les pressions etles facteurs de tension qui pèsent déjà sur lesressources naturelles tels que le sol, les forêtset les autres écosystèmes, notamment côtierset marins. De même, ces manifestations (élé-vation du niveau de la mer, inondation, tem-pête, raz de marrée et accentuation desphénomènes saisonniers) réduiraient la sûretéde l’approvisionnement en eau et augmente-raient la vulnérabilité des ressources agricoleset les risques de désastres. Les dérèglementsclimatiques se manifestent par : (i) une éro-sion côtière avec les conséquences liées à ladestruction des infrastructures socioécono-miques (route, digue, habitats côtiers, pertede terres), (ii) une diminution de la produc-tion agricole et de la pêche, (iii) une conta-mination des nappes aquifères côtières par

l’eau de mer, (iv) des risques accrus des pan-démies (paludisme, cholera, typhoïde, etc.),et en!n (v) le déplacement de 10% de la po-pulation côtière.

Dé!s liés aux catastrophes

L’Union des Comores fait partie des payspauvres, vulnérables et présentant beaucoupde risques, y compris les cyclones, la séche-resse, les épidémies, les tornades, les feux debrousses, les raz de marées, les inondations,les accidents majeurs, les glissements de ter-rain, les éruptions volcaniques et les risquesliés à la présence d’un volcan en activité(séismes). Cette vulnérabilité pourrait êtreaggravée par la faible capacité de préparation,de prévention et de réponses appropriées auxrisques et catastrophes.

Principaux enjeux

Au regard des dé!s et opportunités qui sous-tendent la promotion de l’environnement auxComores, trois enjeux globaux se pro!lent :• Inscrire les mesures de protection de l’envi-ronnement dans l’optique d’un développe-ment adaptatif régulé et qui met l’accent surla nécessaire symbiose entre économie et éco-logie;• Contribuer, au-travers des solutions envi-ronnementales, à la réduction de la pauvretéen solutionnant durablement des problèmesde mal développement, a"ectant le bien-êtredes populations ;• Matérialiser le caractère transversal et mul-tidimensionnel de la problématique environ-nementale dans un contexte où la vision

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dominante est très sectorielle.

Les perspectives en matière de promotion del’environnement sont guidées par une visionqui veut que : le pays dispose des capacitésessentielles pour concevoir et mettre enœuvre de manière relativement autonome,une politique, des stratégies et des initiativesconcrètes de gestion de l’environnement aux!ns de contribuer à relever les dé!s du déve-loppement durable existant en Union desComores.

Principes d’action

La conception des programmes d’actionsprioritaires et des actions y a"érentes sontguidés par les principes ci après décrits :• Concilier la lutte contre la pauvreté et lerespect de l’environnement ;• Soutenir l’utilisation rationnelle des res-sources naturelles et le développement de so-lutions alternatives ;• Promouvoir la gestion durable et la recons-titution du patrimoine forestier et des terresdégradées ;• Promouvoir la gestion décentralisée des res-sources naturelles et l’implication volontairesdes communautés.

G. GOUVERNANCE ET COHÉSION SO-CIALE

La gouvernance est le système de valeurs, depolitiques et d’institutions par lequel une so-ciété gère ses a"aires économiques, politiqueset sociales par le biais d’interactions au seinde l’État, la société civile et le secteur privé,

et entre ces di"érentes entités. Aux Comores,l’instabilité politique constatée depuis l’acces-sion du pays à l’indépendance favorise peu labonne gouvernance, le dialogue social et lerenforcement de l’état de droit. Cette situa-tion a pour conséquence l’a"aiblissement del’autorité de l’État, le disfonctionnement desinstitutions et de l’administration, l’a"aiblis-sement de la cohésion nationale, le non res-pect des textes juridiques et réglementaires,et l’enlisement de la pauvreté.

Les troubles politiques récurrents qui se sontsoldés par un a"aiblissement de l’État ontengendré une situation économique di#cile,en particulier pour les couches de la popula-tion les plus pauvres notamment les femmeset les enfants. Les e"ets négatifs induits parles politiques économiques successives et ladéfaillance des programmes sociaux ont eudes conséquences importantes sur le bien-être des individus et des ménages. Des seg-ments importants de la population vivent audessous du seuil de pauvreté et n’ont pas accèsaux services sociaux de base.

Pour pallier aux défaillances des structurespubliques, la population s’appuie sur les prin-cipes de la solidarité et de l’appartenance àun village, une région ou à une île aux dépensde son appartenance à l’Union. Ce sentimentest également renforcé par la perceptiond’une distribution inégale des faibles res-sources de l’État, la décentralisation inache-vée des institutions, le manque demécanismes de dialogue politique et social,et le manque de perspectives pour la jeunesse.

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Au nombre des faiblesses des structures pu-bliques, le système de protection sociale estquasi inexistant. Les mécanismes de pré-voyance collective qui permettent aux indivi-dus les plus vulnérables ou aux ménages defaire face aux conséquences des risques so-ciaux sont rudimentaires. Un rapport établipar le BIT faisait ressortir qu’en 2003, lenombre de béné!ciaires était inférieur à 5000 personnes, ce qui représentait moins de1% de la population totale du pays. En outre,le cadre juridique de la sécurité sociale quidate de l’époque coloniale a peu évolué. Lesproblèmes sont de plusieurs ordres : le champd’application matériel de la sécurité socialeest restreint et les agents de l’État et leursayant droits ne béné!cient pas de la couver-ture contre les risques professionnels, de cou-verture en cas de maladie, d’invalidité et dedécès et du soutien de famille. Les systèmesd’assurance maladie et d’indemnisation encas de maladie sont peu développés. Lechamp d’application personnel est égalementtrès réduit et les revenus distribués sont defaible ampleur. En!n les organismes gestion-naires rencontrent d’énormes di#cultés defonctionnement.

En matière d’emploi, le marché est encoredominé par le secteur informel. L’économieinformelle agricole est prédominante – essen-tiellement de subsistance ; l’économie infor-melle non agricole contribue à hauteurd’environ 16,2% de l’emploi national (EIM2004). Aussi, le chômage et le sous-emploisont importants en raison de la faible crois-sance économique des dernières années (de10,4% en 1995, le taux de chômage est passé

à 13,5% en 2004).

Le phénomène est généralisé et il n’y a pra-tiquement pas de di"érence entre chômageurbain (14,7%) et chômage rural (13,1%),mais le chômage a"ecte particulièrement lesjeunes (avec 44,6% de chômage pour les tra-vailleurs de 15-24 ans) et les femmes quiconnaissent un taux de chômage deux foisplus élevé que celui des hommes, quel quesoit le niveau d’instruction (19,2% contre9,2% pour les hommes).

L’o"re d’emploi est limitée et l’administrationcomorienne demeure le premier employeurdu pays. Cependant cette administration estconfrontée à de multiples di#cultés qui sontle gon%ement des e"ectifs et les retards dansle paiement des salaires et des prestationsprofessionnelles avec pour corolaire la dimi-nution du pouvoir d’achat des fonctionnairesqui engendre l’absentéisme, le laxisme et lacorruption, la saturation de la fonction pu-blique, le recrutement abusif en violation %a-grante des textes qui régissent la fonctionpublique. Aussi la masse salariale qui absorbeplus de 70% des recettes réelles (85% d’aprèsun pronostic de la mission FMI) ne permetpas à l’État de payer l’essentiel des frais pourpallier au plus urgent. En plus de ces di#cul-tés, l’administration comorienne est très cen-tralisée dans la capitale et à ce titre éloignéede la majorité des usagers (béné!ciaires).Cette centralisation pénalise les habitants desrégions et des zones périphériques du pays,d’où l’importance d’achever le processus dedécentralisation initié par la constitution du23 décembre 2001. En e"et, le pays a adopté

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en 2001 un nouveau cadre institutionnel quigénéralise le principe de subsidiarité et quiprévoit quatre niveaux de pouvoir: un niveaufédéral, un niveau insulaire, un niveau régio-nal et un niveau local. Ceci devra se traduire,sur le plan opérationnel, par des institutionset des mécanismes de gestion nouveaux, no-tamment au niveau local et régional. Cettedynamique de développement local a favoriséle développement des communes. Toutefois,celles-ci ne béné!cient pas de toutes les pré-rogatives qui leur sont dévolues notammentla gestion de l’état civil.

Le système d’état civil comorien se caracté-rise par la faiblesse de la fréquentation desservices d’état civil, des données d’état civil dequalité insatisfaisante et incomplète, un sousenregistrement important des donnéesd’actes d’état civil entachés par ailleurs desoupçons de fraudes. En!n, les informationsrelatives à la diaspora comorienne ne sontpresque pas prises en compte par le systèmed’état civil.

Ces problèmes qui caractérisent le systèmed’état civil comorien découlent en partie dela forte prévalence de la pauvreté qui conduità des stratégies de survie au niveau individuelet communautaire soutenu par des actes frau-duleux vis-à-vis de l’état civil et de mauvaisegouvernance. Ils se caractérisent aussi parl’inadéquation du système statistique nationalpour prendre en compte l’état civil commesource de données essentielles pour le déve-loppement et la lutte contre la pauvreté.

Concernant la substance du droit, elle est ca-

ractérisée par la mixité de plusieurs droitsdans lequel coexistent un système de droitfrançais, une coutume ancestrale et un sys-tème de droit musulman. Cette coexistencede sources de droit crée des incertitudes juri-diques qui peuvent être la source des nom-breuses contradictions juridiques observées.En outre le droit comorien n’est pas toujoursconforme aux nombreuses conventions rati-!ées par le pays.

L’Assemblée Nationale a engagé des travauxde réforme et de modernisation de la législa-tion du pays pour se conformer aux engage-ments internationaux. Toutefois, cetteinstitution sou"re d’une insu#sance des res-sources matérielles et humaines qui pénaliseson fonctionnement.

Le système judiciaire est caractérisé au-jourd’hui par de multiples dysfonctionne-ments qui rendent di#cile l’accès aux servicesde justice et entravent gravement son fonc-tionnement interne. Il sou"re d’une faiblestructuration institutionnelle, d’une insu#-sance marquée de capacités humaines quali-!ées, spécialisées et expérimentées et en!n,d’un manque de moyens de fonctionnement.L’organisation judiciaire demeure inachevée.Les tribunaux de base, notamment les tribu-naux cardiaux, les tribunaux de travail, les tri-bunaux du commerce, les tribunauxadministratifs et les tribunaux pour mineursainsi que la Cour suprême qui comporte troissections (judicaires, administratives et unesection des comptes) ne sont pas mis enplace. L’institution judiciaire manque à la foisde magistrats et de personnels associés

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constitués par les auxiliaires de justice d’unepart et par des agents administratifs de sou-tien d’autre part. Les gre#ers, les huissiers etles o#ciers de police judiciaire sont souventmal encadrés et peu motivés, faute de moyenset de procédures de gestion. Bien qu’il s’agissed’une activité libérale, la fonction d’avocat estégalement l’objet d’un grand souci. Les avo-cats sont peu nombreux et le texte qui lesrégit n’est pas actualisé.

Concernant l’exécution des décisions de jus-tice, celles-ci sont une source de di#cultésdans la mesure où aucun organe d’exécutionn’est prévu à l’heure actuelle. Qu’il s’agisse del’administration ou des particuliers, il ne peutqu’en résulter des situations d’impunité quia"aiblissent la force juridique des décisionsrendues, l’autorité des magistrats qui les ontrendues et, en dé!nitive, confortent le discré-dit de l’institution judiciaire toute entière.

Les di#cultés liées à l’exécution des décisionsde justice éclairent celles que rencontre le sys-tème pénitentiaire en raison de l'absence dansle pays d'établissements pénitentiaires dignesde ce nom. Les maisons d'arrêt existantes setrouvent dans une situation particulièrementdi#cile, d’une part parce qu’elles sont dansun état de vétusté avancé, et d’autre part parcequ’elles ne respectent pas les normes !xéespar les dispositions internationales relativesaux droits de l'homme.

Les bâtiments vétustes et délabrés, les condi-tions de détention inhumaines et le traite-ment dégradant des détenus incitent àl’évasion. Il n’existe pas de quartiers séparés

pour les femmes et les mineurs. Le personnelpénitencier est insu#sant, peu formé et peuéquipé. L’alimentation et les soins médicauxdes détenus sont à la charge des familles. Cesconditions ne répondent pas aux principesélémentaires des droits humains.

En e"et, les droits humains sont peu respec-tés aux Comores en dépit de l’existence d’unelégislation qui reconnaît les principaux ins-truments internationaux. Il existe en e"et undécalage réel entre les textes et les réalitésquotidiennes. De nombreuses violations desdroits de la personne sont perpétrées par ceuxqui sont censés les garantir. Ainsi les droitsde l’enfant et de la femme ne sont pas tou-jours respectés. Les mineurs font souventl’objet d’exploitation sexuelle, de violencephysique, de négligence, voire même de mal-traitance. Ces violences sont commises ausein de la famille, à domicile, dans les établis-sements scolaires, dans la rue, sur les lieux detravail. Le pays a peu de structure de prise encharge, d’accompagnement et d’appui psy-chologique et psychosocial des victimes deviolence. En outre bien que l’âge légal du ma-riage soit !xé á 18 ans pour les garçons et les!lles dans le nouveau code de la famille, lesmariages précoces demeurent néanmoinscourants.

Au niveau de la gestion des a"aires publiques,la participation de la femme à la prise des dé-cisions est faible. Au niveau économique, lesfemmes participent activement au dévelop-pement économique et à la lutte contre lapauvreté. Toutefois, elles sont victimes desinégalités en termes de charge de travail,

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d'accès limité au savoir et aux facteurs de pro-duction. Ces inégalités se caractérisent par laconcentration des femmes dans les secteursinformels de l’économie (commerce : 17% etagriculture, 49,9%), leur faible présence danscertains métiers qui semblent avoir un carac-tère masculin et en conséquence, leur faiblepouvoir décisionnel dans la sphère familialeet communautaire.

Conscient de cette situation, le Gouverne-ment a eu à élaborer plusieurs documents envue d’améliorer les conditions de vie de lafemme et des enfants et d’assurer une plusgrande équité entre les deux sexes. Ces docu-ments stratégiques sont notamment la rati!-cation des principaux instrumentsinternationaux, l’adoption du Code de la Fa-mille, la politique nationale de l’équité et del’égalité du genre, et la stratégie nationale deprotection des enfants les plus vulnérables.En outre, des structures nationales et insu-laires qui œuvrent pour la promotion et la dé-fense des droits de l'homme ont été mises enplace. Une loi portant sur la mise en place dela commission nationale des droits del’homme et des libertés a été votée en 2006.Cette loi n’est pas encore promulguée.

Des élections libres et transparentes sont ré-gulièrement organisées. Une loi électorale dé-!nissant des règles précises devant régirl’ensemble des opérations et des modalitéspropres à chaque scrutin ont été adoptées etrévisées en janvier 2007. Elle prévoit un or-gane de gestion des opérations électorales adhoc dénommé « Commission Électorale In-dépendante des Comores (CENI) », des «

Commissions Insulaires des Élections (CIE)» assistées par des secrétariats administratifspermanents (SAP) au niveau de l’Union(SNAP) et au niveau de l’île (SIAP).

Malgré les progrès considérables enregistrésen matière d’organisation des élections, cesstructures sou"rent d’une insu#sance en ca-pacités techniques et un manque de res-sources !nancières, matérielles et logistiques.En outre des électeurs ont une faible connais-sance de leurs droits et obligations.

Les di"érentes élections qui se sont dérouléesdepuis 2004 ont fait l’objet du contrôle de laCour Constitutionnelle qui a été mise enplace depuis 2004. Celle-ci est juge de laconstitutionnalité des lois de l’Union et desIles et veille à la régularité des opérationsélectorales tant dans les Iles qu’au niveau del’Union, y compris en matière de référendum.Elle est garante de la répartition des compé-tences entre l’Union et les Iles. Elle juge lecontentieux électoral et garantit les droitsfondamentaux de la personne humaine et leslibertés publiques.

Le respect des libertés publiques, la sécuritédes biens et des personnes et la lutte contrele terrorisme et la criminalité transnationaleconstituent des enjeux globaux et incontour-nables pour tous les pays. En e"et, les évène-ments du 11 septembre 2001 ont altéré laperspective globale de paix et de sécurité. Larésolution 1373 du Conseil de sécurité (28septembre 2001) dénote le lien entre le ter-rorisme international et le crime organisé,armes et tra!c de drogues, blanchiment d’ar-

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gent et contrebande de matériaux dangereux.La résolution 1373 est contraignante pourtous les États et a de profondes implicationspour le système juridique, le contrôle des %ux!nanciers et l’administration de la justice.Bien que les Comores soient un pays relati-vement sécuritaire, on dénote une augmen-tation de la criminalité et un besoin derenforcer la sécurité du territoire.

Performances et atouts en matière de gou-vernance et de cohésion sociale

• L’introduction par les constitutions del’Union et des îles du su"rage universel directcomme unique moyen d’accéder au pouvoirpolitique à tous les niveaux, ce qui permet auxpopulations de choisir leurs propres diri-geants ;• La mise en place de la Cour constitution-nelle qui contribue beaucoup au respect et àl’application de la constitution, mais aussi aufonctionnement des institutions actuelles ;• La rati!cation de plusieurs conventions in-ternationales qui portent sur les droits hu-mains et le droit des a"aires ;• L’adoption de lois et documents nationauxportant sur la protection sociale, le travail dé-cent, le genre, la famille, les enfants vulnéra-bles, l’organisation judiciaire, le systèmenational des statistiques, la préparation et laréponse aux urgences ;• La compilation des textes législatifs et ré-glementaires relatifs portant sur le droit civilet le droit des a"aires ;• La compilation des textes juridiques natio-naux et internationaux portants sur la protec-tion des enfants et des femmes ;

• La disponibilité d’un projet de réhabilita-tion de l’état civil, d’un document de stratégienationale de développement de la statistique,d’un document de projet de l’enquête démo-graphique et de santé, de la politique natio-nale pour l’équité et l’égalité du genre et deson plan d’action, et d’un plan national depréparation et de réponse aux urgences ;• L’existence et l’implication de structures pu-bliques et d’organisations non gouvernemen-tales de défense et de promotion des droitshumains dans les programmes de développe-ment.

Faiblesses et contraintes du sous-secteur

• L’instabilité politique qui entrave l’élabora-tion et l’adoption de textes légaux et régle-mentaires pertinents pour améliorer lagouvernance, la justice et la sécurité ;• Les con%its de compétences qui sont unfrein au bon fonctionnement des institutionsactuelles ;• L’exécution de certaines dépenses et recettesen dehors de toutes procédures budgétaireset de contrôle ;• Des abus de surfacturation et d’acquisitionde biens à des prix élevés d’une part, et descessions de biens à des prix symboliquesd’autre part ;• L’absence d’un contrôle parlementaire del’exécution du budget (contrôle à posteriori);• L’incapacité de l’État à honorer ses engage-ments (le paiement irrégulier des salaires desagents de l’administration et des dettes enversles privés) ;• Le recrutement inapproprié à la fonction

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publique qui entraine un alourdissement dela masse salariale ;• Le non achèvement du processus de décen-tralisation ;• Un système d’état civil défaillant ;• Le dysfonctionnement du système statis-tique national ;• Une corruption endémique ;• Les mécanismes de protection sociale rudi-mentaires ;• Une o"re d’emploi très limitée ;• Le dysfonctionnement du système judi-ciaire ;• L’absence de la prise en compte de l’intérêtsupérieur de l’enfant dans les politiques etprogrammes ;• Une discrimination à l’égard des femmes ;• La défaillance des mécanismes de prépara-tion et de réponse aux urgences ;• La non exécution des jugements et arrêtsdes tribunaux et Cours ;• L’insu#sance des ressources humaines etmatérielles des tribunaux et Cours;• L’accès di#cile aux textes législatifs et ré-glementaires ;• Le non respect des textes en vigueur ;• La non promulgation de la loi relative à lacommission nationale des droits de l’hommeet des libertés.

Perspectives d’avenir

Plusieurs conditions préalables doivent êtreréunies pour que la gouvernance et la cohé-rence sociale puissent jouer leurs rôles e"ec-tifs dans la SCRP. Venir à bout de la pauvreténécessite un combat acharné pour le renfor-cement de la cohésion sociale, la consolida-

tion de la paix et la mise en place de la pro-tection sociale, la lutte contre la corruption,le respect des droits humains, et une justiceforte préservant la paix et la stabilité sociale.Aussi, le processus de décentralisation doitêtre une réalité. Il faut aller au bout de ce pro-cessus, rapprocher l’administration des ci-toyens.

En e"et, la justice et la sécurité constituentles principaux instruments permettant de ga-rantir les libertés fondamentales, indissocia-bles à un développement qui puisse améliorerle bien-être de la population et réduire lapauvreté. L’État doit par conséquent protéger,promouvoir et garantir à l’individu la jouis-sance de ses droits et de sa sécurité.

Le combat contre la corruption passe néces-sairement par l’instauration d’un systèmetransparent à di"érents niveaux et par l’ap-plication intégrale des dispositions légales etréglementaires (des audits indépendants, im-plication de la société civile, des médias et desjuridictions compétentes).

Au niveau de la promotion des Droits del’homme, l’État doit l’intégrer dans le proces-sus de la mise en œuvre de tous les pro-grammes de développement et de la luttecontre la pauvreté. Cette stratégie doit s’ap-puyer sur des outils moraux, politiques et lé-gaux, et la mise en place de la CommissionNationale des Droits de l’Homme et des Li-bertés.

La SCRP doit s’appuyer sur les acquis del’évolution positive du nouveau cadre institu-

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tionnel de l’Union des Comores pour propo-ser des moyens adéquats a!n de rétablir labonne gouvernance. Ces moyens permettrontde renforcer les dimensions politique‚ écono-mique et sociale qui caractérisent la gouver-nance et la cohésion sociale avec l’objectif derelancer la croissance économique et de ré-duire la pauvreté.

H. LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION

L’éducation a une incidence directe sur lebien-être futur des individus. Elle est essen-tielle au développement socioéconomiqued’un pays car elle contribue à améliorer lesconditions de vie des individus en leur don-nant accès à plus d’opportunités écono-miques. Au niveau macro, une populationbien éduquée et instruite a une productivitésupérieure, est à même de maîtriser des tech-nologies modernes productives, et peut géné-rer une valeur ajoutée et des revenusimportants. Au niveau micro, l’éducationaugmente les possibilités d’un individu detrouver un emploi et permet, dans uncontexte de globalisation, d’être plus compé-titif, plus attrayant pour les employeurs etdonc, en meilleure position pour saisir les op-portunités.

Le secteur de l’éducation comorienne com-prend un système d’éducation formel et unsystème informel.

Le système d’éducation formel se composedes niveaux suivants:• L’éducation préscolaire ;• L’éducation élémentaire ;

• L’enseignement secondaire ;• L’enseignement technique et la formationprofessionnelle ;• L’enseignement supérieur et la recherche.

Le système d’éducation non formel com-prend : • L’éducation des jeunes et des adultes ;• L’apprentissage des métiers et l’alphabéti-sation.

Il convient de souligner que la di"érence fon-damentale entre ces deux systèmes repose ac-tuellement sur l’organisation et le!nancement du secteur. Pour le secteur for-mel, le gouvernement assure en grande partiel’o"re de services alors que pour le systèmeinformel, les ressources ne relèvent pas néces-sairement des politiques sectorielles.

Aujourd’hui le système d'éducation doit en-visager de nouvelles façons de faire pour per-mettre à l’éventail des fournisseurs de servicesd’éducation de contribuer e#cacement à pro-duire une éducation de qualité et réduire lapauvreté.

Présentation du secteur éducation

Le système éducatif formel est structuré parla carte scolaire nationale qui est divisée en18 circonscriptions d’inspection pédagogiquerégionale (CIPR) réparties comme suit : deux(2) à Mwali, cinq (5) à Ndzuwani et dix (11)à Ngazidja. Chaque CIPR est dirigée par uninspecteur pédagogique du primaire, assistépar quelques conseillers pédagogiques dontle nombre varie selon la taille de la CIPR.

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Au niveau élémentaire, l’Union des Comorestotalise 308 écoles élémentaires publiques (24à Mwali, 111 à Ndzuwani et 183 à Ngazidja)et 85 écoles élémentaires privées. Au niveaudu secondaire de premier cycle, le payscompte 53 collèges publics (y compris les sixcollèges islamiques), dont six (6) à Mwali, 14à Ndzuwani et 27 à Ngazidja, auxquels onpeut ajouter 89 collèges privés ainsi repartis :quatre (4) à Mwali, 27 à Ndzuwani et 58 àNgazidja. Au niveau du secondaire de secondcycle, il existe dix (10) lycées publics (dont 1à Mwali, cinq (5) à Ndzuwani et quatre (4) àNgazidja) et 62 établissements privés (dontdeux (2) à Mwali, 17 Ndzuwani et 43 à Nga-zidja). En!n, depuis la rentrée universitaire2006-2007, suite à la fusion des institutionsd’enseignement supérieur existantes (l’Ecoled’enseignement supérieur de Patsy à Ndzu-wani EESP intégré en 2008 à l’Université desComores), l’enseignement supérieur est as-suré par l’Université des Comores à traversses Facultés, Instituts et École ci-après :• Faculté de Lettre et des Sciences Humaines;• Faculté de Droit et de Sciences Écono-miques ;

• Faculté de Sciences et Techniques ;• Faculté Imam Cha!ou ;• Institut de formation des enseignants et derecherche en éducation (IFERE) ;• Institut Universitaire de Technologie (IUT);• École de Médecine et de Santé publique(EMSP) ;

Notons aussi l’existence d’un certain nombred’établissement et d’instituts privés d’ensei-gnement supérieur qui commencent à se dé-velopper dans di"érentes régions du pays.

Analyse des performances de l’éducation

Au titre de l’année scolaire et universitaire2006/2007, la population scolarisée dans l’en-semble des établissements publics et privés,du préscolaire au niveau supérieur est estiméeà 151 335 élèves, soit une augmentation de0.9% par rapport 2003. Le tableau suivantdonne la répartition de l’e"ectif scolaire parniveau.

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

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TABLEAU DE LA RÉPARTITION DE L’EFFECTIF SCOLAIRE PAR NIVEAU

2003 2007 Accoisse-mentNiveau d’enseignement E"ectif % E"ectif %

Education préélémentaire, communautaire et pri-vée1 1 618 1,1 2 720 1,8 13,9

Education élémentaire, publique et privée 104 274 71,4 104 418 69 0

Enseignement secondaire 1er cycle, public et privé 25689 17,6 27 256 18 1,5

Enseignement secondaire 2nd cycle, public et privé 11962 8,2 13 862 9,2 3,8

Enseignement supérieur et technique, public 2426 1,7 3 079 2 6,1

Total 145 969 100 151 335 100 0,9

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Source : MEN, Tableaux de bord 2002/2003, 2004 et 2006/2007.1Le dernier recensement scolaire opéré en 1999 fait état de 2 500 écoles

coraniques (Palashio) abritant 96 752 élèves tous âges confondus.

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Au niveau préscolaire, le nombre importantd’écoles coraniques qui existent dans le paysconstitue un atout majeur, surtout par le faitque chaque localité dispose d’au moins uneécole. En dehors de quelques écoles mater-nelles privées essentiellement implantéesdans les zones urbaines, l’éducation de la pe-tite enfance est assurée en grande partie à tra-vers ces écoles traditionnelles. Une politiquede restructuration de ce type d’enseignementest engagée par le ministère de l’Éducationnationale depuis 2003 dans 12 écoles pilotessituées en milieu rural et une école de réfé-rence. Cette expérience pilote a abouti, enmai 2009, à leur intégration dans le systèmeéducatif formel. Ainsi, les e"ectifs des élèvessont passés de 1 618 enfants en 2003 à 2 720enfants en 2007, soit une augmentation13.9% par an en moyenne. La part des e"ec-tifs scolarisés dans les écoles communautairesces dernières années est de 53.2%.

Au niveau élémentaire, de 2003 à 2007 les ef-fectifs des élèves du primaire (publics et pri-vés) sont restés stables à environ 104 000élèves. L’e"ectif des !lles a légèrement aug-menté de 46 225 à 48 582, soit une augmen-tation de 1,3% au niveau national. Laproportion de !lles dans le système a suivicette tendance passant de 44% en 2003 à47% en 2007. L’expansion des e"ectifs s’estmaintenue à peu près au rythme de crois-sance démographique, soit environ 2.4% paran pendant la période. La part du secteurprivé, dans l’enseignement primaire obliga-toire et gratuite, est restée stable à environ10%.

Le taux brut de scolarisation a enregistréeune baisse de l’ordre de 6.7 points entre 2003et 2007 (94.8% en 2007 contre 101,5 en2003) au niveau national. Toutefois, la scola-risation des !lles a été plus rapide que celledes garçons, avec une croissance moyennerespective de 1,3% par an, ce qui a fait aug-menter le taux net de scolarisation, passantde 66.4 en 2003 à 70.9% en 2007. On assisteces derniers temps, plus particulièrement àNdzuwani, à une tendance à l’égalité entre les!lles et les garçons au niveau du taux brutd’admission à l’école. La suppression des fraisd’inscription à l’école aussi bien pour les !llesque pour les garçons semble donc donner desrésultats.

L’écart entre le taux de scolarisation des gar-çons et celui des !lles s’est sensiblement ré-duit au niveau national, passant de 13.24 à4.07 points au cours de la même période auniveau de l’enseignement primaire. C’est àNgazidja et à Mwali que les écarts sont im-portants alors qu’à Ndzuwani, les disparitésentre !lles et garçons se réduisent. Elles sontplus fortes en milieu rural et chez les famillespauvres.

Au cours de l’année scolaires 2002/2003, lesous-secteur du primaire s’est doté de nou-veaux manuels scolaires sur les trois disci-plines fondamentales (français,mathématiques et sciences) à raison d’un livrepar élève. Cependant les dispositifs de ges-tion de ces manuels n’ont pas permis de lesrenouveler. La politique de location des ma-nuels à un prix abordable a eu pour consé-quences :

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

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• des di#cultés de paiement qui ont engen-dré des abandons ;• la mauvaise gestion par le conseil d’école desfonds perçus ce qui a entrainé des blocagesdans le fonctionnement de certaines écoles.

En matière d’encadrement pédagogique,toutes les CIPR sont pourvues en inspecteurset conseillers pédagogiques. Cet e"ort est denature à contribuer à améliorer l’encadrementet la formation continue des enseignants etdonc, par ricochet, améliorer la qualité desenseignements et des apprentissages. La cou-verture a été maintenue. Cependant le renou-vellement des encadreurs n’a pas respecté lespro!ls requis. Ensuite les aspects matériels(insu#sance didactique et logistiques,…) onta"ecté le secteur.

Au titre de la même période, les e"ectifs dupremier et du second cycle du secondaire ontaugmenté rapidement, passant globalementde 37 651 à 41 118 élèves, soit 2.2% d’ac-croissement par an, avec une proportion des!lles de 45%. Il faut noter toutefois que le se-cond cycle secondaire a enregistré une légèrehausse en termes de proportion des !lles, soit46.7% en 2007 contre 44.1% en 2003. Lapart du secteur privé de l’enseignement se-condaire a par contre légèrement baissé, pas-sant de 41.1% à 36.8% au cours de la période.Le taux brut d’admission observé en 2007 estde 34.9% contre 40.5% en 2003.

La plupart des établissements, surtout du se-condaire, sont dans un état de délabrementavancé. Les capacités d’accueil sont très limi-tées et certains établissements scolaires, no-

tamment du primaire et du secondaire, setrouvent contraints de refuser l’inscription àcertains enfants pourtant en âge de scolari-sation. Près de 78% des 1 735 salles desclasses existantes sont utilisées en double va-cation. Cette situation se traduit par un nom-bre grandissant d’enfants, surtout des famillespauvres et des milieux défavorisés, qui sontdépourvus d’éducation et grossissent la caté-gorie des enfants non-scolarisés et déscolari-sés.

L’enseignement technique et la formationprofessionnelle restent les sous-secteurs lesmoins fréquentés faute de structures d’accueilsu#santes. Il béné!cie de très peu d’investis-sements, malgré son importance indéniabledans le développement économique du pays,son rôle évident pour l’insertion des jeunesdans le marché du travail et la réduction duchômage et de la pauvreté.

À tous les niveaux d’enseignement général,des e"orts substantiels ont été accomplis enmatière de recrutement d’enseignants pourcompléter les e"ectifs existants. Au niveauprimaire, l’e"ectif est passé de 2 488 à 3 069enseignants entre 2003 et 2007, soit un ac-croissement de 5.4%. Quand au secondaire,la reprise des e"ectifs dans les établissementspublics a conduit à une augmentation sensi-ble des e"ectifs de l’ordre de 6.0% par an (soit1,184 en 2007 contre 938 en 2003). Ceci apermis de maîtriser les dé!cits chroniquesqui ont toujours éprouvé le bon déroulementdes années scolaires et d’abaisser le ratio maî-tre-élève. Au cours de la période de 2003 à2007, le ratio élèves par maître est passé de

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37.7 à 30.2 au niveau du primaire et de 23.6à 21.9 au secondaire, tous cycles confondus.

Il faut encore ajouter le problème de la dé-motivation des encadreurs pédagogiques(statuts), l’insu#sance du temps d’apprentis-sage (au primaire en particulier), l’accès limitéaux manuels scolaires pour les élèves, et lemanque de supports pédagogiques et didac-tiques pour les enseignants. Ces facteurs sontparmi les di#cultés qui expliquent les faiblesperformances du système éducatif, notam-ment la mauvaise qualité des enseignementset des apprentissages.

Par ailleurs, le rendement interne est très fai-ble. Les taux de promotion entre les diversniveaux d’enseignement sont très bas, et lestaux de redoublement et d’abandon demeu-rent encore très élevés à tous les niveaux d’en-seignement. Au primaire, par exemple, le tauxde redoublement varie entre 22% et 29%entre les îles, alors que le taux d’abandon sesitue entre 2% et 15%. Beaucoup d’enfantsquittent l’école primaire sans avoir acquis desconnaissances et des compétences essentiellesà la vie courante.

Sur le plan structurel, le pays fait face à uneforte demande d’éducation alors que les res-sources disponibles sont nettement insu#-santes. Malgré les e"orts !nanciers consentispar l’État pour le développement du systèmeéducatif, les résultats obtenus ne sont pas en-core à la hauteur des attentes. Le budget al-loué à l’éducation occupe une part importantedans le budget de l’État, mais il n’arrive pas àsatisfaire les besoins du système puisque plus

de 80% de ce budget est consacré au paie-ment des salaires. La gestion et l’administra-tion des services de l’éducation sontdé!cientes et se caractérisent par l’insu#-sance des ressources humaines, techniques et!nancières. Ces problèmes sont aussi alourdispar la gestion scolaire dans le contexte de ladécentralisation depuis 2002.

Au niveau du système non formel, l’éducationdes jeunes déscolarisés, des non scolarisés etdes adultes (dont le taux cumulé d’analpha-bétisme est estimé à 40,9% ; MICS2000/CG Plan 2001) est un domaine du sec-teur de l’éducation qui a été négligé par lepassé. On note l’absence d’une politique ettrès peu de programmes en faveur de cesgroupes. Par ailleurs, il n’y a pas vraiment decentres d’alphabétisation et de formation.En!n, le pays manque de matériels pédago-giques et didactiques adaptés et de forma-teurs compétents.

La crise économique qui a marqué le pays cesdernières années, ainsi que les di#cultésconséquentes au niveau des !nances pu-bliques ont durement pénalisé le secteur del’éducation en particulier les sous-secteurs del’éducation des jeunes déscolarisés et non sco-larisés, et des adultes et de l’enseignementtechnique et de la formation professionnelle.Les établissements qui fonctionnent encorese heurtent à de multiples problèmes dont lacapacité d’accueil très limitée, un environne-ment scolaire peu approprié, la vétusté des in-frastructures et des équipements, le manquede personnel enseignant quali!é et l’inadé-quation de la formation-emploi.

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

Page 73: ONU Comores

Faiblesses et contraintes du secteur de l’édu-cation

La situation décrite ci-après résume les prin-cipales contraintes auxquelles est confrontéle système éducatif :• Un déséquilibre entre la demande et l’o"republique d’éducation. En e"et, les capacitésd’accueil sont très limitées et contraignent, enconséquence, certains établissements scolairesà refuser l’inscription à certains enfants pour-tant en âge de scolarisation, notamment enmilieu rural. Cette situation est fréquentedans l’éducation élémentaire malgré le re-cours à la double vacation et même à une tri-ple vacation émergente ;• Un environnement scolaire peu motivantpour les enseignants et peu attrayant pour lesélèves, donc défavorable à la scolarisation desenfants, notamment des !lles. Beaucoupd’établissements scolaires, surtout des zonesrurales, sont dans un état de délabrement,parfois avancé et constitue, dans une certainemesure, une véritable menace pour la santé etla sécurité des enfants. Dans la grande majo-rité des écoles, il n’y a ni point d’eau ni la-trines ce qui n’encourage pas la scolarisationet la rétention des !lles ;• L’absence, dans le système éducatif formel,de structures de prise en charge de la protec-tion et de l’éducation de la petite enfance. Lesécoles coraniques qui accueillent la plupartdes enfants de 3 à 5 ans, évoluent en margedu système éducatif et en dehors de toutcontrôle administratif et pédagogique. Lesécoles maternelles privées n’accueillentqu’une proportion réduite d’enfants de cette

tranche d’âge ;• Un corps enseignant, surtout au primaire,dont la majorité n’a pas reçu les quali!cationsrequises ou la formation pédagogique néces-saire pour un encadrement e#cient des en-fants ;• La très faible maîtrise des langues d’ensei-gnement, et plus particulièrement le françaisqui est la première langue d’enseignementdans le système éducatif, par les enseignantset les élèves à tous les niveaux constitue unvéritable frein à une véritable amélioration dela qualité du système éducatif ;• L’absence de formation initiale, mais aussicontinue pour les enseignants du secondaire,ne permet pas un encadrement e#cient desélèves ;• La faiblesse des institutions de formationne permet pas d’assurer pleinement les for-mations initiales et continues des enseignants;• L’insu#sance des moyens pour un encadre-ment permanent au primaire (malgré la for-mation des nouveaux encadreurspédagogiques), et la quasi inexistence d’ins-pections au secondaire : les quelques inspec-teurs pédagogiques formés pour ce niveauservent dans les administrations de l’éduca-tion ou sont en détachement dans d’autressecteurs ;• On note ces dernières années une augmen-tation des établissements privés, particulière-ment au niveau du secondaire et du supérieur,sans mesures d’accompagnement et decontrôle ;• L'absence d'un réseau actif et adéquat d’en-seignement technique et de formation pro-fessionnelle susceptible d’o"rir des nouvelles

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opportunités aux jeunes et capable de pro-duire la main-d’œuvre nécessaire à l’essor éco-nomique du pays ;• Des disparités de scolarisation, encore per-sistantes, entre !lles et garçons, entre urbainet rural, entre familles aisées et familles pau-vres ;• Un enseignement supérieur peu diversi!éet dont l’o"re est quantitativement et quali-tativement limitée ; • L’inexistence d’une structure et d’une poli-tique appropriée pour la prise en charge del’éducation des jeunes déscolarisés et non sco-larisés et des adultes en situation d’analpha-bétisme ;• Une faiblesse de pilotage du système édu-catif, tant au niveau central que décentralisé,en matière de conception, de plani!cation etde gestion, de suivi et d’évaluation, de mobi-lisation et de gestion des ressources ;• La carte scolaire n’est pas respectée aveccomme conséquence le déséquilibre entrel’o"re et la demande scolaire et l’utilisationirrationnelle des ressources ;• L’absence de services spécialisés pour lesuivi sanitaire des enfants à l’école est un fac-teur d’absentéisme fréquent et d’abandon ;• Une diminution de la masse horaire an-nuelle en raison des grèves fréquentes ;• Une faible prise en compte de l’éducationen situation d’urgence.

Perspectives d’avenir du système éducatif

Pour une meilleure prise en charge de l’édu-cation de la petite enfance, il faudra créer unenvironnement approprié et propice à sondéveloppement. Cela consiste à restructurer

le sous-secteur, à harmoniser les programmeset les méthodes d’apprentissage et à formerles enseignants. Il s’agit de généraliser l’intro-duction des activités d’éveil et de jeux, et depromouvoir des méthodes actives d’appren-tissage dans toutes les écoles coraniques, te-nant compte des leçons de la phased'expérimentation initiée par le ministère del’Éducation nationale en collaboration avecl’UNICEF. Dans cette optique, le sous-sec-teur intégrera le système éducatif formel.Cette démarche s’inspirera de la stratégie na-tionale pour le développement intégral dujeune enfant aux Comores (DIJEC).

Dans tous les cas, il faut redoubler d’e"ortspour maintenir ces tendances et, à terme,pour atteindre les objectifs de l’EPT à l’ho-rizon 2015, conformément au Plan nationalde l’éducation pour tous (PNA/EPT), en en-visageant notamment de :• Développer et d’innover la protection etl’éducation de la petite enfance ; • Parvenir à assurer la scolarisation universellegratuite, obligatoire et de qualité au niveauprimaire ; • Éliminer toutes les formes d’inégalités descolarisation dans l’enseignement primaire etsecondaire, en particulier à renforcer l’éduca-tion des !lles ; • Renforcer l’accès et la qualité de l’enseigne-ment secondaire et de diversi!er l’o"re d’édu-cation de façon à donner les mêmes chancesde réussir à tous les jeunes ; • Promouvoir l’enseignement technique et laformation professionnelle des jeunes et o"rirà ces derniers les possibilités d’acquisition descompétences nécessaires de la vie courante et

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

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ainsi, leur permettre de mieux s’insérer dansla vie socioprofessionnelle;• Améliorer le niveau d’alphabétisation desjeunes et des adultes pour leur permettred’acquérir les connaissances et les compé-tences nécessaires à l’amélioration de leursconditions de vie; • Développer, diversi!er et renforcer un en-seignement supérieur de qualité au niveau del’Université des Comores susceptible de ré-pondre à la fois à la demande de formationdes jeunes générations et aux besoins du dé-veloppement du pays.

En!n, il s’avère indispensable de renforcer lescapacités de plani!cation, d’administration etde gestion du système éducatif, et de mettreen place une stratégie e#ciente pour optimi-ser et rationaliser l’utilisation et l’a"ectationdes ressources tant humaines, matérielles que!nancières.

I. LE SECTEUR SANTE

L’état de santé des individus est un indicateurclé à la fois du bien-être et de la pauvretéd’une population. Les mauvaises conditionssanitaires, notamment des pauvres, résultentde la relation complexe entre la santé et lapauvreté. La pauvreté est perçue dans ce sec-teur à travers: (i) le faible accès aux serviceset à des services de santé de qualité; (ii) laprévalence de certaines maladies prioritaires; (iii) le manque d'infrastructures sanitaires,d'hygiène et d'assainissement; et (iv) la recru-descence de la malnutrition et une alimenta-tion de mauvaise qualité. Non seulement lapauvreté mène à une mauvaise santé faute de

soins adéquats, mais un mauvais état de santécontribue à entretenir la pauvreté.

Dans le cadre de la PNS, le Plan national dedéveloppement sanitaire (PNDS) – Perspec-tives en 2015 est la référence du pays en ma-tière de développement sanitaire. Il metl’accent sur la participation communautairecomme stratégie permettant d’assurer lasanté pour tous et considère le district sani-taire comme la pièce maîtresse du dévelop-pement sanitaire. Compte tenu deschangements institutionnels, une clari!cationjuridique devra accompagner la mise enœuvre de la PNS.

En e"et, la réforme du système de santé aintroduit une structuration du secteur sur unmode pyramidal à trois niveaux de compé-tence hiérarchisés (central, intermédiaire etpériphérique). Le niveau central (niveau del’Union) est composé des institutions sui-vantes : (i) Cabinet du Ministre ; (ii) Secré-tariat Général ; Inspection générale de lasanté ;(iii) Direction Nationale de la Santé ;(iv) Directions centrales et services chargésde la coordination des programmes ; (v) Hô-pital National de référence et ; (vi) PharmacieNationale Autonome des Comores (PNAC).Au niveau des îles, on trouve l’administrationsanitaire et des centres hospitaliers régionaux.En!n le dernier niveau est constitué des Dis-tricts sanitaires (sept (7) à Ngazidja, sept (7)à Ndzuwani et trois (3) à Mwali), couvertspar deux centres médico-chirurgicaux à Nga-zidja et Ndzuwani et 3 centres médicaux ur-bains pour les trois îles. Par ailleurs, ces troisniveaux sont complétés par un réseau de dis-

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pensaires (Armée, CARITAS, Secteur privéet 49 postes de santé périphériques et di-verses structures de santé communautaire).Ce cadre devra permettre la mise en œuvree"ective de la politique nationale de santé. Cecadre qui peut être évolutif devra tenircompte des normes du PNDS et de la cartesanitaire en vigueur.

La loi fondamentale de l’Union des Comoresstipule que ce système doit tendre vers un ré-seau étendu et dense de structures sanitairesde base (l’accessibilité géographique à uncentre de santé dans un rayon de 5 km est es-timée à 63%). De gros e"orts devront êtredéployés dans les domaines de la formationdu personnel, la réhabilitation et le rééquipe-ment de certaines structures sanitaires et ladisponibilité des médicaments essentiels àmoindre coût. Ces e"orts devront se traduirepar un accroissement du taux de fréquenta-tion.

Malgré certains e"orts déployés, notammenten matière de formation et d’équipement,l’o"re des services de santé s’est dégradéequalitativement et quantitativement au coursdes années en raison de : (i) l’insu#sance duplateau technique et la vétusté du matérielbiomédical, médico-technique et la défail-lance de la maintenance du matériel; (ii) laperformance inadéquate du secteur pharma-ceutique; (iii) l'insu#sance de personnel qua-li!é ; (iv) la faiblesse du partenariat avec lesONG et la société civile ; (v) la mauvaise ges-tion et la faible motivation des personnels desanté ; (vi) la construction anarchique des in-frastructures sanitaires par les communautés

et dont le fonctionnement ne répond pas auxnormes de qualité requises (vii) la faible qua-lité des services et des soins ; et (viii) l’appli-cation partielle du plan de développementsanitaire ainsi que l’insu#sance de la coordi-nation et du pilotage des activités.

À ceci s’ajoutent la paupérisation croissantedes populations, la faible sensibilisation despopulations sur les problèmes de santé, lescoûts élevés des prestations sanitaires, l’ac-cueil inadéquat dans les structures de santé,l'insu#sance ou souvent l’absence même demédecins dans les centres de santé et l'indis-ponibilité des spécialistes médico-techniqueset les autres catégories d’agents de santé. Enoutre, l’absence d’une réglementation appro-priée, et le développement anarchique du sec-teur privé nuisent à la qualité des soins et àleur accessibilité, et contribuent aux coûtsélevés et non harmonisés des prestations sa-nitaires.

Ces insu#sances notoires, conjuguées à ladégradation des conditions d’hygiène et d’as-sainissement et au faible accès des popula-tions à l’eau potable et à un environnementsain, expliquent en bonne partie la persis-tance de certaines maladies telles que le pa-ludisme (première cause de morbidité et demortalité chez les enfants de moins de 5 ans),les parasitoses intestinales, la !lariose lym-phatique, les infections respiratoires aiguës etles maladies diarrhéiques. Elles sont égale-ment à l’origine de l’émergence de certainesmaladies à potentiel épidémique telles que lesarboviroses (Fièvre dengue, Chikungunya vi-rose).

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

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La morbidité et la mortalité liées à certainesmaladies non transmissibles notamment lesmaladies mentales, les cécités, les cancers, lediabète sucré, les maladies cardiovasculaireset l’hypertension artérielle continuent à in-quiéter. Les données concernant ces maladiessont quasi inexistantes.

La couverture vaccinale pour les six maladiesdu programme élargi de vaccination (PEV)qui pouvaient être évitées, est passée de 90%dans les années 90 à moins de 70% en 2004.Cette baisse place les Comores en dessous dela moyenne sous-régionale. Par contre, l’espé-rance de vie à la naissance est passée de 55ans en 1991 à 63 ans en 2002. Un examen decertains indicateurs de suivi des Objectifs dumillénaire relatifs à la santé de la mère et del’enfant, comme l’indique le tableau ci-des-sous, laisse clairement apparaître la faibleperformance du système sanitaire comorien,

surtout quand on sait que l’amélioration dela santé de la mère et de l’enfant, par la ré-duction des niveaux des mortalités maternelleet infantile, est au centre des préoccupationsdes pouvoirs publics telles qu’elles transpa-raissaient dans la PNS.

Ce taux de mortalité maternelle encore élevé,soit 381 pour 100 000 naissances vivantess’explique par la mauvaise qualité des soins etservices, le manque de suivi des grossesses,l’absence de réponses appropriées aux ur-gences obstétricales et néonatales, et ce, mal-gré les e"orts fournis, les références tardivesdans les formations sanitaires, les accouche-ments à domicile, la pauvreté, l’ignorance etl’analphabétisme.

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TABLEAU DES INDICATEURS DE SUIVI DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE LIÉS À LA SANTÉ DE LA REPRODUCTION

Indicateur 1991 1996 2000 2003

Taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans(pour 1000 naissances vivantes) 130 104 74 --

Taux de mortalité infantile(pour 1000 naissances vivantes) 86,3 77,3 59 79,3

Enfants d’un an e!ectivement vaccinés contre la rougeole (%) -- 48 56,3 71,8

Taux de mortalité maternelle (pour 100.000 naissances vivantes) 570 -- 517 381

Proportion d’accouchements réalisés avec l'assistance d'unpersonnel quali"é (%) -- 52 62 --

Source : Ministère de la Santé

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Le SIDA est devenu un problème préoccu-pant non seulement de santé publique, maiségalement de développement. En e"et‚même si le taux de prévalence à l’infection auVIH en 2003 est encore faible (0,025%), uneexplosion est possible et doit être prévenuedès maintenant.

En e"et, les enquêtes montrent une faibleconnaissance des modes de transmission duVIH et des méthodes préventives appro-priées ce qui rend certains groupes de la po-pulation particulièrement vulnérable. Parailleurs, on observe que la fréquence des au-tres IST chez les hommes symptomatiqueset les travailleuses du sexe est élevée et pour-rait contribuer à la propagation du VIH, lecas échéant.

Beaucoup de progrès ont été observés, maismalgré cela, le pays doit multiplier les e"ortspour pérenniser les actions de lutte contre lamaladie, notamment à travers la multiplica-tion des partenaires, le fonds mondial, laCOI, l’ONUSIDA, l’OMS, l’UNFPA, l’UN-CEF, le PNUD etc.

Le système de santé est marqué par une mau-vaise qualité de l’accueil et des prestationsdans les structures de santé du secteur publicainsi que par un secteur privé se développantanarchiquement avec des prestations oné-reuses et parfois douteuses. Cette situationconjuguée à d’autres facteurs socioculturelsinhérents au système de santé conduit la po-pulation à faire des déplacements coûteuxpour recevoir des soins, souvent très chers,dans le privé ou à l’extérieur du pays. Avec

leurs faibles revenus, les pauvres ont des di#-cultés à accéder à des soins de santé de qualitéen rapport avec leur situation sanitaire et ontdonc souvent recours à des méthodes tradi-tionnelles parfois néfastes pour leur santé. Iln’existe pas une politique nationale de priseen charge des indigents. Par contre un réseaude mutuelles de santé est en train de se dé-velopper dans les îles.

Performances et atouts du système de santé

Les principaux atouts du système de santésont :• L’existence d’une PNS ;• L’élaboration en cours du Plan National duDéveloppement du Système d’InformationSanitaire (PNDSIS) ;• La mise en place e"ective des instances dé-cisionnelles dans le cadre du développementsanitaire (CNS, CTNS, CCM, CNLS, etc.);• La mise en place de l’inspection générale dela santé ;• L’adoption du nouveau code de la santé ;• La volonté d’harmoniser les institutions del’État exprimée par la nouvelle loi fondamen-tale du 17 mai 2009 ;• L’accessibilité géographique aux services desanté primaire et secondaire ;• L’implication de la communauté aux acti-vités de santé ;• L’adoption du Schéma Directeur du Sys-tème d’Information Sanitaire ;• Le renforcement en cours des capacités dupersonnel de santé dans le cadre de la miseen œuvre du PNDRH ;• L’existence de l’Ordre National des méde-

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

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cins, pharmaciens et biologistes médicaux ;• L’existence de la PNAC, centrale d’achatdes médicaments essentiels ;• L’intérêt et la volonté de collaboration ma-nifeste de la part des partenaires au dévelop-pement ;• La dynamique associative et la solidaritécommunautaire ;• L’implication de la diaspora dans le !nan-cement de la santé.

Faiblesses et contraintes du système de santé

Le développement du système de santé estconfronté aux faiblesses et contraintes sui-vantes :• L’absence de clari!cation des textes o#cielsdé!nissant les relations fonctionnelles entrel’administration centrale et celle des îles au-tonomes, eu égard à l’adoption de la nouvelleloi fondamentale du 17 mai 2009 ;• La faible contribution !nancière de l’Étatqui n’atteint pas les 15% recommandés ;• L’absence des mécanismes novateurs pourle système de santé ;• L’insu#sance du plateau technique à tousles niveaux, malgré les e"orts fournis ;• L’insu#sance qualitative et quantitative enpersonnel de santé ;• L’absence de prise en charge des indigents ;• L’absence d’une politique de protection so-ciale généralisée à toute la population, no-tamment pour les indigents ;• Les défaillances de la gestion des ressourceshumaines liées au manque d’un plan de car-rière ;• Le nombre limité de cadres pour certainescatégories de personnel, sa mauvaise réparti-

tion, sa grande mobilité et sa faible motiva-tion ;• La faiblesse du système d’information sa-nitaire ;• La faible utilisation des services de santé parla population; • L’existence fréquente de con%its entre lesorganes de gestion communautaire et le per-sonnel de santé ;• L’insu#sance de la di"usion et la non ap-plication des textes réglementaires en vigueur;• Les ruptures fréquentes de médicaments es-sentiels ;• Le coût élevé des médicaments ;• Le disfonctionnement de l’Ordre Nationaldes médecins, pharmaciens et biologistes mé-dicaux ;• Le non fonctionnement des pharmacies dedistrict ;• L’accroissement de la fuite des cerveaux ;• La démotivation du personnel due au paie-ment irrégulier des salaires et aux mauvaisesconditions de travail.

J. LE SECTEUR PRIVE ET MICROFINANCE

J1. LE SOUS-SECTEUR PRIVÉ

Le secteur privé comorien est composé d’en-treprises de tailles variables, mais surtout demicro et petites entreprises. Il est en généralintensif en main-d’œuvre, générant ainsi desrevenus pour un nombre important de per-sonnes. Cependant, le tissu économique de-meure peu dense et est dominé au sommetpar quatre grandes entreprises parapubliques.Sur la base de la documentation disponible

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et des opinions d’experts, on estime à environ49 000 le nombre d’entreprises privées auxComores, incluant les secteurs formel et in-formel. Plus de 93% sont des micro-entre-prises, environ 6% des PME et moins de 1%sont de grandes entreprises. L’agroalimen-taire représente 63% du nombre d’entreprisesprivées, la pêche 18% et le commerce 11%.Par contre, l’industrie ne représente que 0,1%et le tourisme 0,4% du nombre total d’entre-prises privées.

Il faut relever le poids croissant de l’activitécommerce (distribution qui tend actuelle-ment à hypertrophier le secteur tertiaire desComores). Par contre, les PME-PMI sontpeu nombreuses dans le secteur manufactu-rier et l’industrie de la transformation. Ellessont plus nombreuses dans le secteur infor-mel, notamment dans le commerce de typeépicerie.

Le secteur privé moderne et structuré em-ploierait environ 8 000 personnes selon lesmeilleures estimations, soit environ 30%moins de personnes que le secteur public.

Historiquement, le secteur privé a été large-ment dominé par quelques sociétés d’import-export et de transformation des cultures derente. Ce n’est que vers les années 80 qu’on apu voir émerger une nouvelle générationd’entreprises de types modernes ayant l’am-bition de mettre sur le marché des produitsfabriqués sur place en substitution aux im-portations.

Le secteur privé comorien reste donc peu

structuré en dépit de certaines avancées ré-centes en matière d’investissement directétranger et de la réouverture de la BDC quia permis à certains entrepreneurs de relancerdes activités de production ou d’étendre desactivités commerciales existantes.

Sur le plan de sa structuration, on constatedepuis quelques années que le secteur privétente de s’organiser. En 2007, l’OPACO a en-trepris un remodelage de son organisation enprofessionnalisant sa direction et en propo-sant de nouveaux services à ses membres. Larétrocession de la Chambre de Commerceaux opérateurs privés donne également denouvelles perspectives au secteur privé. Onvoit par ailleurs émerger de nouvelles struc-tures qui entendent participer au développe-ment du secteur privé (la fédération dusecteur privé comorien et la fédération natio-nale des agriculteurs comoriens en particu-lier). En!n, on prévoit en 2009 que la CCIAde Ngazidja, avec l’appui du Programme derenforcement de capacité des services ducommerce, mette en place la Maison des Or-ganisations Professionnelles.

Si le secteur privé s’organise progressivement,le dialogue avec le secteur public reste encoreinsu#sant. Le secteur public s’engage dansdes actions qui ne sont pas toujours compa-tibles avec la promotion et le développementdu secteur privé. On note l’absence manifested’un cadre de concertation pour dé!nir unevéritable stratégie économique et les dé-!ances envers ce secteur privé sont autant defacteurs qui limitent la volonté et la capacitédes entreprises comoriennes à investir et à

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

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performer.

Les partenariats public-privé sur lesquels onfondait beaucoup d’espoir ne se sont pas ma-térialisés. Par contre, les expériences récentesde l’ANPI montrent quelques signes encou-rageants. Par exemple, certaines entreprisesdu secteur privé comorien pourraient être as-sociées à de grands groupes internationauxdans le cadre de partenariats et joint venturepour la réalisation de grands travaux et d’in-vestissements immobiliers.

Performances et atouts du secteur privé

Les principaux atouts pour la promotion dusecteur privé sont :• L’appartenance des Comores à la zone euros/franc, gage de stabilité relative de la monnaiecomorienne ;• L’adhésion aux ensembles d’intégrationsous-régionale (COI, COMESA, CEN-SAD, GAFTA, OCI, BID, UCCIOI) avecses avantages pour le développement deséchanges ;• Le futur accord de partenariat économiqueUE/COMESA, dans le cadre des Accords deCotonou, liant les Comores à l’Union euro-péenne o"rira des opportunités en termesd’accès au marché européen et la zone delibre échange (ZLE) ;• Le cadre AGOA, les Actes Uniformes del’OHADA, la Convention MIGA ; la SIDet SIASE (assurance des investissements dela BID), le cadre Intégré ;• L’appartenance des Comores à la Ligue desÉtats Arabes est une autre opportunité pouraccéder au marché arabe et faire des Comores

une plateforme d’accès au pays du Golfe ; • L’adhésion enclenchée à l’OMC ;• L’agrandissement et la mise aux normes in-ternationales de l`aéroport Saïd Ibrahim ;• L’intégration dans le processus de la globa-lisation et de la libéralisation de l’économiemondiale (libéralisation et ouverture du mar-ché des télécommunications) ;• La mise en place du câble sous marin !breoptique Projet EASSY ;• L’engagement du gouvernement à mettre enplace un cadre favorable à l’expansion du sec-teur privé à travers le processus de désenga-gement de l’Etat du secteur marchand pourse concentrer sur les missions normales deservices publics ;• Le renforcement des politiques liées à l’em-ploi et à la protection sociale ;• L’existence d’un nouveau code des investis-sements, moderne, attractif et fondé sur l'oc-troi d'incitations « liées aux résultats » et lefonctionnement de l’ANPI ;• Le programme de renforcement des ser-vices du commerce et l’existence d’études sec-torielles (vanille ; ylang ylang autres épices).

Faiblesses et contraintes du secteur Privé

Le développement du secteur privé estconfronté aux faiblesses et contraintes sui-vantes :• L’absence de suivi des engagements pris quiraccourcissent le champ de visibilité des in-vestisseurs ;• Un secteur secondaire quasi-inexistant li-mité à quelques PME ;• Un secteur tertiaire hypertrophié dominépar l’informel ;

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• Des possibilités de !nancement bancairesrestreintes ;• L’absence de structures de promotion ducommerce extérieur ;• La faiblesse des représentations commer-ciales à l'extérieur ;• L’absence de politique claire sur l’entreprise;• Le manque d’appui e#cace du système ju-diciaire au secteur privé pour le traitement ra-pide des litiges et la suppression desarbitraires de certains services !scaux ;• L’insu#sance de main-d’œuvre quali!ée ;• L’absence de culture d’entreprise et de ma-nagement.

Perspectives d’avenir du secteur privé

Depuis les années 80, les gouvernements suc-cessifs ont pris conscience du rôle que doitjouer le secteur privé en tant que partenaireau développement du pays. Les programmesde soutien au secteur privé devront favoriserle développement des capacités entrepreneu-riales et rendre disponible le !nancementpour des investissements productifs. Par ail-leurs, il faudra alléger les procédures de créa-tion d’entreprises et mettre en place certainesmesures incitatives en faveur de l’investisse-ment. L’État doit prendre les dispositionspermettant au secteur privé de progresser etde prendre une part plus importante dans lesprogrammes de développement.

J2. LE SOUS-SECTEUR FINANCIER ETMICRO FINANCE

Le secteur !nancier comorien a enregistréune forte croissance au cours des cinq der-nières années. En 2007, le système bancairene comptait qu’une seule banque commer-ciale. Aujourd’hui, le paysage bancaire achangé avec l’ouverture de nouvelles banqueset d’institutions de micro !nance.

Le secteur !nancier est caractérisé par :• La Banque pour l’Industrie et le Commerce(BIC) qui concentre plus de 60% du marchéde l’épargne et du crédit ; • La Banque de Développement des Co-mores (BDC) qui sert un nombre limité depetits et moyens entrepreneurs en raison desmodalités et des coûts de transaction élevésqui constituent une barrière à l’accès à ce typede service. Elle ne collecte pas l’épargne, maistire ses ressources d’emprunts réalisés auprèsd'institutions étrangères. La reprise des acti-vités de la BDC en 2008 a entraîné une ré-orientation de ses activités vers lameso!nance. Les activités liées au !nance-ment des entreprises nouvelles sont gelées,l’objectif étant de renforcer les entreprisesexistantes, voire de !nancer leur développe-ment ;• La SNPSF créé en 2005 a développé unnouveau service en introduisant les chèquespostaux en 2006 ;• Les deux réseaux d’institutions de micro-!-nance (Sanduk et Meck) se développent ra-pidement. Les MECK ont été agréés par laBCC en novembre 2005 ;• En 2009, on dénombre deux nouvellesbanques commerciales qui viennent de s’ins-taller. Exim Bank qui est une société quifonctionne pour l’heure comme un bureau de

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

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représentation et la Banque Fédérale duCommerce ; Deux agences postales ont étéouvertes en France pour faciliter les transfertsde la diaspora ;• Au niveau des sociétés de transfert de fonds,le monopole de Western Union a"rontemaintenant la concurrence avec l’apparitionde la Société Travelex et, depuis 2008, la so-ciété Money Gram.

Au niveau des services non bancaires, l’asso-ciation AMIE agit directement auprès desporteurs d’idées de projets en les accompa-gnant dans la formalisation de leurs projetset en leur donnant accès à du microcrédit al-lant de 50 000 FC à 500 000 FC. Le !nan-cement se fait sur la base d’une ligne de créditmise à disposition initialement par le PNUD.Aujourd’hui, AMIE est une association in-dépendante qui travaille en étroite collabora-tion avec le réseau des MECKS.

Le secteur !nancier formel est caractérisé parune intermédiation !nancière peu e#cace oùune faible partie de l’épargne est réinjectéedans l’économie à travers des prêts et des in-vestissements productifs qui tendent à forte-ment diminué. En e"et, les institutions!nancières formelles !nancent principale-ment des activités commerciales et les cam-pagnes pour les cultures de rente qui sont desopérations de court terme.

Le système !nancier a longtemps été en sur-liquidité, mais la conjoncture à conduit à unresserrement du crédit. Malgré cela, le sys-tème !nancier est aujourd’hui confronté à unproblème de manque de liquidité. Il faut

donc relancer l’épargne et assurer aussi lepaiement des salariés de la fonction publique.

De manière générale, les banques n’investis-sent plus dans le secteur productif. Cela s’ex-plique par plusieurs facteurs dont laperception d’un risque élevé des projets d’in-vestissement et des perspectives de rentabilitédes entreprises plutôt faibles dans le contexteéconomique et politique actuel.

Pour pallier au manque d’accès des pauvresaux services !nanciers formels, des institu-tions de micro !nance (IMF) sont apparuesvers le milieu des années 90. Les Caisses San-duk (réseau de 55 caisses qui couvre toutesles îles) et la Mutuelle d’Épargne et de Créditdes Komor (MECK) qui compte 13 caissessituées dans les trois îles, mais avec un volumed’opérations plus dense que les Sanduk.

Créé en 1993, avec l'appui de l'Agence fran-çaise de développement (AFD), le réseau descaisses SANDUK a pour objectif d'o"rir auxpopulations rurales l'accès aux services ban-caires de proximité. Les Mutuelles d’Épargneet de Crédit des Komor (MECK) ont pourleur part été créées en 1996 sous l'impulsiondu FIDA et du gouvernement comorien. Cesinstitutions !nancières décentralisées (IFD)accordent des crédits non seulement à despopulations moins fortunées, mais dévelop-pent des politiques de crédit similaires àcelles des établissements bancaires, en !nan-çant la production de la vanille et les activitésde négoce.

Ces deux réseaux ont gagné en popularité et

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leur part du marché ne cesse de croître indi-quant qu’elles répondent bien à l’existenced’un besoin. La part de l’épargne est passéede 15% en 2001 à 27% en 2004, et la part ducrédit de 12% en 2001 à 28% en 2004. Cesévolutions sont favorisées par les transferts dela diaspora estimés à 35 milliards FC qui in-terviennent aussi bien dans la constitution del’épargne que dans le remboursement de cré-dits contractés par les familles. L’AFD !-nance en ce moment des programmesd’appui au réseau des Sanduk et des MECK,dans le sens d’un assainissement des institu-tions et d’une consolidation du système.

Performances et atouts du secteur !nancieret de la micro !nance

L’appartenance des Comores à la zone Euroest un facteur de stabilité du système !nan-cier et de sécurité pour les investisseurs. Cetteappartenance éloigne les risques d’une poli-tique de crédit restrictive, même si on déplorele comportement trop prudent des banquescommerciales qui gêne la progression du cré-dit.

Au cours des dernières années, on observeune forte croissance des activités des IFD,marquées par une hausse des encours de dé-pôts, de crédits et du nombre d’adhérents :• Le réseau MECK disposait au 31 décembre2004 de 25 351 adhérents contre 19 105 endécembre 2003, d’un encours d'épargne deplus de 5 milliards FC, en hausse de 13% etd’un encours de crédit de 2,5 milliards FCcontre 1,7 milliard FC en décembre 2003.• L’activité du réseau des SANDUK, consti-

tué de trois unions régionales autonomes,s’est légèrement améliorée en 2004. Le nom-bre d’adhérents a atteint 22 070 contre 20355 en décembre 2003, les dépôts sont passésde 2 milliards FC à 2,4 milliards FC et l’en-cours de crédit de 1,2 milliard FC à 1,4 mil-liard FC sur la même période.

L’existence d’un cadre réglementaire régissantles IFD, permettant à la Banque centraled’exercer son autorité de supervision est unfacteur positif devant contribuer à la péren-nisation du système.

Faiblesses et contraintes du secteur !nancieret de la micro !nance

Les principales faiblesses et contraintes aux-quelles doit faire face le secteur !nancier etde la micro !nance sont essentiellement :• Un manque de concurrence réelle dans lemarché du crédit ;• Une absence de diversi!cation des produitset des agences de micro !nance ;• Une dépendance forte aux lignes de créditdes bailleurs de fonds ;• Un manque de suivi des dossiers de créditpour certaines institutions ;• La di#culté de bien canaliser les capitauxde la diaspora ;• Le faible niveau de rémunération del’épargne ;• Le système judiciaire pas su#samment e#-cace et organisé pour soutenir valablement lesecteur !nancier ;• Une confusion des rôles d’encadrement etde !nancement ;

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3ANALYSE DES PERFOMANCES ET DES CONTRAINTES SECTORIELLES

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• L’inadaptation des o"res de services !nan-ciers par rapport aux particularités de cer-taines activités ;• Un faible niveau de professionnalisme dansla gestion des IFD qui peut être fatale à cer-taines structures ;• Un manque de produits !nanciers qui per-mettraient de mieux gérer le risque ;• Des taux d’intérêt souvent jugés trop élevésau regard de la rentabilité des investissements;• Les institutions de la micro !nance qui n’at-teignent qu’une faible proportion de la popu-lation en milieu rural.

Perspectives d’avenir du secteur !nancier etde la micro !nance

Des initiatives sont en cours pour une banquede l’HABITAT, une banque des Investisse-ments et une Banque des émigrés. Avec la cé-lébration de l’année internationale de lamicro !nance, les IFD comoriennes ont pris

conscience du rôle prépondérant qu’elles sontappelées à jouer pour le développement éco-nomique local et dans la lutte contre la pré-carité au niveau de leurs communautés. Desappuis pour la professionnalisation de cesIFD s’avèrent indispensables pour profes-sionnaliser ces institutions. Les mutations quis’opèrent dans la composition de la diasporapourraient entraîner à moyen terme une ré-duction drastique des transferts.

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AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

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A. INTRODUCTION

La Stratégie de Croissance et de Ré-duction de la Pauvreté (SCRP) a étéélaborée selon trois principes de

base. Les parties prenantes sont convain-cues qu’il est possible de réduire de ma-nière signi!cative la pauvreté auxComores si le pays connaît (i) une crois-sance économique forte, (ii) une amélio-ration des capacités humaines etinstitutionnelles, et (iii) un renforcement

de la gouvernance et de la gestion pu-blique, avec entre autre, une clari!cationdes rôles, des responsabilités et deschamps de compétences entre l’Union etles îles, couplée à une refondation de lafonction publique.

Une croissance économique forte est indis-pensable à la réduction de la pauvreté

L’expérience des Comores et de nombreuxpays en développement montre que la crois-sance économique est une condition néces-saire à la réduction durable de la pauvreté.L’amélioration des conditions de vie de la po-pulation demande une augmentation de laproduction et de la productivité, la créationd’emplois et la génération de revenus. L’am-plitude de son impact dépend des perfor-

mances sectorielles‚ de l’environnement poli-tique et institutionnel‚ des politiques macroé-conomiques et sectorielles et du niveaud’inégalité qui prévaut entre les catégoriessocio-économiques et les milieux. De nom-breuses études montrent également que lacroissance économique peut être accompa-gnée par une augmentation ou une diminu-tion des inégalités suivant le secteur danslequel est concentrée cette croissance.Lorsqu’on observe une forte concentration deménages pauvres dans un secteur‚ on peut

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s’attendre à ce qu’une croissance forte dansce secteur ait des impacts plus importants surla réduction de la pauvreté que si la croissanceest induite par un secteur qui regroupe moinsde ménages pauvres. Par contre‚ si la crois-sance vient d’un secteur où l’on retrouve peude pauvres‚ elle peut aussi contribuer à ré-duire la pauvreté et les inégalités de manièreindirecte si le gouvernement met en place despolitiques de redistribution e#caces.

Il existe donc deux grandes options en termesde priorité sectorielle pour réduire la pauvretépar la croissance : soit privilégier la croissancedans les secteurs les plus porteurs où le paysdispose d’avantages comparatifs et assurerune certaine redistribution des fruits de cettecroissance à travers des politiques de redistri-bution, soit privilégier des politiques favora-bles à l’augmentation des revenus des pauvresdans leur secteur de concentration, ce qui setraduira également par un accroissement duPIB (« pro-poor policy »).

Le gouvernement des Comores entend pri-vilégier une approche mixte ciblant d’unepart‚ les secteurs dans lesquels sont concen-trés les pauvres de manière à accroître direc-tement et rapidement leur revenu en assurantd’autre part‚ le développement à moyenterme de nouveaux secteurs porteurs de crois-sance dont les fruits pourront être redistri-bués à travers une !scalité et des dépensespubliques à la fois équitables et incitatives.Dans une perspective de court terme, le sec-teur des micro et petites entreprises, et le sec-teur agroalimentaire en général (agriculture,pêche et élevage) ont particulièrement retenu

l’attention, car ce sont des secteurs dans les-quels on retrouve en général une proportionsigni!cative de ménages‚ une incidence de lapauvreté supérieure à la moyenne nationaleet donc des individus qui sont prédisposés àrépondre rapidement aux incitations (EIM,2004).

Au cours des dernières années, l’agriculturecomorienne a perdu des parts importantes dumarché domestique. On importe de plus enplus de fruits, de légumes et même de pro-duits vivriers en provenance du continentafricain. Aujourd’hui, la forte augmentationdes coûts de transport maritime et du prix in-ternational du riz qui a doublé en une annéerendent les produits locaux plus compétitifset o"rent des opportunités pour regagner desparts de marché, à condition de structurer lamise en marché en organisant les circuitscommerciaux, de manière à diminuer lescoûts de production et de transaction, d’ap-puyer les agriculteurs en veillant à la dispo-nibilité des intrants et de promouvoir laconsommation des produits locaux. Les au-torités sont convaincues que promouvoir lacroissance des secteurs agricoles et de lapêche contribuera directement à la créationd’emplois et de revenus pour les plus pauvres.

Dans le cadre d’une vision à moyen et longterme du secteur agricole, le gouvernementpense promouvoir le développement du sec-teur privé national dans certains créneauxbien ciblés du secteur agroalimentaire, orien-tés à l’exportation. Il s’agit d’une part de sta-biliser, et si possible d’améliorer les positionsactuelles dans les cultures de rente tradition-

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

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nelles de la vanille, du giro%e et de l’ylangylang, et d’autre part de développer de nou-velles cultures et de positionner le pays surdes niches à l’exportation. Des candidats po-tentiels seraient par exemple les fruits tropi-caux comme les lychees, la culture d’algues,l’élevage de langoustes et de crevettes, la cul-ture perlière, etc.

A moyen terme, le moteur de l’économie seratoutefois le développement du tourisme.Cette option est au centre de la stratégie dedéveloppement du gouvernement. Jusqu’àprésent, les Comores, en dépit d’un potentieltouristique évident, n’ont pas pu développerce secteur à l’instar des autres îles de l’OcéanIndien. Cette situation pourrait toutefoischanger au cours des prochaines années. Ene"et, des accords de !nancement ont été si-gnés pour plus de 250 millions de dollars avecdes groupes internationaux de tourisme pourdes investissements dans des complexes bal-néaires de haut standing. Les travaux ontcommencé sur l’ancien site de l’hôtel Galawa.

Le tourisme est un secteur particulièrementintéressant pour la réduction de la pauvretécar il est intensif en emplois et il peut créerdes e"ets d’entrainement pour plusieurs sec-teurs de l’économie. En outre, les emploisquali!és créés dans le secteur nécessitentpour la plupart une formation relativementcourte (de quelques mois à quelques années).C’est aussi un secteur qui, s’il est bien géré,représente une source durable de revenus etqui peut contribuer à protéger l’environne-ment. Le dé! des Comores est d’optimiser lesrevenus et béné!ces de la croissance touris-

tique en développant de multiples services re-liés au secteur, y compris l’approvisionnementen produits de la pêche, de l’élevage et del’agriculture. Dans l’hypothèse la plus défa-vorable, ces produits seront tous importés, cequi diminuera d’autant les e"ets d’entraîne-ment sur l’économie. Par contre, si les Co-mores suivent l’exemple des Seychelles et deMaurice, les liaisons entre le secteur touris-tique et les autres secteurs de l’économie se-ront nombreuses et dynamiques. Legouvernement est conscient des problèmesmais aussi des opportunités o"ertes. A!nd’assurer la cohérence et les synergies entreles secteurs, les concepts de pôle de dévelop-pement touristique et de Partenariat PublicPrivé (PPP) seront opérationnalisés. Il faudradé!nir les conditions d’un jeu gagnant-ga-gnant où les comoriens s’approprient pro-gressivement les compétences nécessaires etinvestissent aux côtés des investisseurs inter-nationaux.

Outre les questions liées au type de secteur àprioriser pour la croissance et la réduction dela pauvreté, la nature de la croissance auraégalement un impact sur la réduction de lapauvreté. Une croissance intensive en main-d’œuvre non quali!ée sera beaucoup plusporteuse de réduction de la pauvreté qu’unecroissance intensive en capital. Ceci signi!ede privilégier les technologies intensives enmain-d’œuvre, surtout non quali!ée, parexemple dans les travaux de construction etd’entretien de routes, dans le secteur de laconstruction, dans le secteur agroalimentaire,etc.

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Que ce soit sur l’identi!cation des créneauxporteurs dans l’agroalimentaire ou dans letourisme, des études sérieuses devront êtremenées pour évaluer la faisabilité technique,le potentiel du marché, les avantages compa-rés des Comores et un positionnement stra-tégique possible dans ces niches de marché.De même, des études doivent être menéespour identi!er les technologies intensives enmain-d’œuvre à promouvoir dans les di"é-rents secteurs qui assurent une qualité de pro-duits, la rentabilité des activités économiqueset la compétitivité des produits et services co-moriens.

L’amélioration du capital humain est au cœurdu processus de développement et de la luttecontre la pauvreté

La pauvreté n’est pas seulement due à la fai-blesse des revenus. Elle est également le ré-sultat d’un manque d’accès aux di"érentesformes de capital, en particulier de capitalhumain. Le gouvernement souhaite que tousles comoriens et toutes les comoriennessoient en bonne santé‚ bien éduqués et qu’ilssoient en mesure de s’épanouir personnelle-ment et professionnellement. Pour cela‚ il estnécessaire que les individus puissent saisir lesopportunités économiques qui leur permet-tront de gagner leur vie et d’assurer le bien-être de leur famille. Le secteur éducatif joueun rôle stratégique dans cette perspective caril est le mécanisme privilégié de transmissiondes valeurs sociales et de développement descompétences qui permettront aux individusde trouver les moyens et la motivation deconstruire un pays où il fait bon vivre.

Dans cette perspective, la SCRP met un ac-cent particulier sur les activités de formationprofessionnelle en plus des actions directe-ment orientées vers le secteur éducatif formel.Il est important d’allouer des ressources à laformation professionnelle et à l’alphabétisa-tion fonctionnelle des jeunes et des adultes.Ce sont des moyens e#caces pour favoriserleur insertion dans la vie professionnelle, no-tamment dans les secteurs porteurs d’emplois.On cherchera à promouvoir des !lières deformation courte - instituts de technologieagroalimentaire et les écoles des métiers del’hôtellerie et du tourisme pour fournir lamain-d’œuvre spécialisée et quali!ée néces-saire au développement des créneaux por-teurs identi!és.

La forte croissance démographique constitueune contrainte au développement du pays. Letaux de croissance démographique était del’ordre de 2‚1% (RGPH 2003), et rien n’in-dique qu’il a diminué au cours des dernièresannées. Il est clair que ce taux devra être ré-duit si l’on souhaite réduire la pauvreté demanière signi!cative à moyen terme. Ene"et, la croissance démographique accentuela demande de services sociaux de base alorsque les ressources !nancières et humainesdisponibles sont très limitées. Le gouverne-ment entend s’attaquer directement à ce pro-blème en renforçant les programmes deplanning familial. L’introduction de modulesde formation dans ce domaine dans les cursusde formation‚ tant au niveau du secteur pu-blic que du secteur privé‚ constitue une prio-rité. On sait en!n que la réduction du taux

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

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de croissance démographique repose égale-ment sur l’éducation au sens large et en par-ticulier‚ sur l’éducation des !lles etl’alphabétisation des adultes. Une attentionparticulière sera donc portée aux activitésdans ces deux domaines.

Le partage des responsabilités à travers unegouvernance responsable est garante d’un dé-veloppement durable

La bonne gouvernance est une condition né-cessaire à la réduction de la pauvreté aux Co-mores. Le gouvernement de l’Union desComores souhaite poursuivre le processus deréconciliation nationale‚ de démocratisationet de décentralisation pour que les îles quidisposent d’une plus grande autonomie et lesorganisations de la société civile soient deplus en plus responsabilisées et impliquéesdans le processus de gestion du développe-ment.

La faiblesse de la gouvernance et l’instabilitépolitique ont été des facteurs d’appauvrisse-ment et de blocage du processus de dévelop-pement économique et social. Le danger dusécessionnisme, qui a fait tant de mal, de-meurera aussi longtemps que le partage despouvoirs entre l’Union et les îles ne sera pasancré dans des pratiques démocratiques. Il estessentiel que les textes fondamentaux soientcompris de tous les citoyens et que la sociétécivile et les organisations citoyennes en soientles garants à travers l’exercice quotidien dupouvoir à l’échelon de leurs communautés etdes institutions au niveau des îles. Ce chan-gement de mentalité sera soutenu par l’école

qui assurera, dès le cycle primaire, une for-mation civique aux principes de la démocra-tie. Dans cette optique, il faut également faireune place plus importante à la communica-tion avec les populations et au développe-ment des média. Une société informée estgénéralement plus démocratique, mieux àmême de comprendre les enjeux et les choixdi#ciles qu’il faut faire, et peut, par le faitmême, contribuer plus e#cacement au pro-cessus de développement.

Parallèlement, il est aussi indispensable deprogresser rapidement sur la question du par-tage des champs de compétences entre lesdi"érents niveaux de gouvernement, tant auniveau sectoriel qu’intersectoriel. La Consti-tution de 2001 et la promulgation des lois or-ganiques en 2005 ont certes établi un cadreconstitutionnel, mais il faut à présent clari!erles responsabilités des di"érentes parties etmettre en place les instruments appropriéspour que chacune d’entre elles puisse exercerses droits. Trop souvent, pendant ces der-nières années l’action des administrations del’Union et des îles s’est trouvée bloquée enraison du manque de clarté et d’un consensuscommun sur les prérogatives des uns et desautres. Au départ la question est techniquemais elle dégénère rapidement et prend destonalités politiques, ce qui rend plus di#cilela solution des problèmes.

Il est donc tout à fait normal que la bonnegouvernance soit au centre des préoccupa-tions de la stratégie de réduction de la pau-vreté. Le gouvernement de l’Union entends’attaquer à cette question en partenariat avec

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

les gouvernements des îles le plus rapidementpossible pour que tous et toutes puissent re-lever les dé!s de la lutte contre la pauvreté.Des progrès rapides dans l’amélioration desconditions de vie seront recherchés car dansle passé la grande pauvreté, qui a"ecte encorede nombreux comoriens, a constitué un ter-reau fertile aux dérives aventurières. Labonne gouvernance économique est aussicentrale à ces e"orts de refondation de la na-tion. Non seulement une saine gestion desressources !scales sera recherchée mais lespouvoirs publics veilleront aussi à assurer un

bon fonctionnement des marchés et à en éli-miner les distorsions, source d’enrichissementillicite et facteur de démoralisation pour lescitoyens.

B. AXES STRATEGIQUES DE LA SCRP

Conformément aux principes et orientationsretenus, la SCRP 2010-2014 retient six (6)axes stratégiques et trente-deux (32) pro-grammes prioritaires à mettre en œuvre aucours des cinq prochaines années (Tableau 1).

TABLEAU 1 : AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES DE LA SCRP 2010-2014

Axes Stratégiques Programmes Prioritaires

Axe stratégique 1 : Stabiliser l’économie et établir les basesd’une croissance économique forte fondée sur l’équité

Programme 1.1 : Amélioration du fonctionnement de l'État et des "nancespubliques

Programme 1.2 : Intégration et facilitation du commerce intérieur et extérieur

Programme 1.3 : Amélioration de l’approvisionnement en énergie à faiblecoûtProgramme 1.4 : Amélioration des infrastructures économiques de base et desservices des communicationsProgramme 1.5 : Accroissement de l’accès à l’eau potable, à l'assainissementet gestion durable de la ressource

Axe stratégique 2 : Renforcer les secteurs porteurs en met-tant l’emphase sur le renforcement institutionnel et uneparticipation accrue des opérateurs économiques privés

I. Renforcement du secteur privé

Programme 2.1 : Appui à l’organisation du secteur privé

Programme 2.2 : Intermédiation "nancière et microcrédit

II. Relance de la croissance à travers les secteurs porteurs

• Sous-secteur agricole et élevage

Programme 2.3 : Renforcement de la sécurité du patrimoine foncier

Programme 2.4 : Appui à la création d’un environnement favorable au déve-loppement du secteur agricole

Programme 2.5 : Relance de la production agricole et agroalimentaire

Programme 2.6 : Protection du cheptel animal contre les maladies infec-tieuses exotiques et intensi"cation des "lières de productions animales

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Axes Stratégiques Programmes Prioritaires

Axe stratégique 2 : Renforcer les secteurs porteurs en met-tant l’emphase sur le renforcement institutionnel et uneparticipation accrue des opérateurs économiques privés

• Sous-secteur pêche

Programme 2.7: Création d’un environnement favorable au développementharmonieux du secteurProgramme 2.8: Développement du système de conservation, de transforma-tion et de la commercialisation des produits halieutiques

• Secteur touristique

Programme 2.9: Appui au développement touristique

Axe stratégique 3 : Renforcer la gouvernance et la cohé-sion sociale

Programme 3.1: Promouvoir la bonne gouvernance, la cohésion sociale, la so-lidarité et la consolidation de la paix

Programme 3.2: Amélioration du cadre juridique, promotion de la lutte contrela corruption et renforcement de la transparence dans la gestion des a!airespubliques

Programme 3.3 : Renforcer les capacités de l’institution judiciaire

Programme 3.4 : Lutter contre le terrorisme, la criminalité transnationale etrenforcer la sécurité civile

Axe stratégique 4 : Améliorer l’état sanitaire de la popula-tion

Programme 4.1 : Lutte contre le paludisme et les maladies prioritaires

Programme 4.2: Développement intégré de la santé sexuelle et génésique

Programme 4.3 : Lutte contre le VIH/SIDA et les infections sexuellement trans-missibles Programme 4.4 : Renforcement de l’e$cacité et de l’e$cience du système desanté dans toutes ses composantes

Axe stratégique 5 : Développer l’éducation et la formationprofessionnelle en vue d’améliorer le capital humain

Programme 5.1: Développement de l’éducation, de l’enseignement techniqueet de la formation professionnelle en adéquation avec le marché de l’emploi

Programme 5.2: Amélioration de l’accès et la qualité de l’éducation de base(préscolaire et élémentaire) et secondaireProgramme 5.3: Développement des ressources humaines compétentes et del’approche sectorielle (Swap) en éducation Programme 5.4: Promotion de l’alphabétisation et des activités sportives etde culturelles

Axe stratégique 6 : Promouvoir la durabilité de l’environ-nement et la sureté civile

Programme 6.1: Conservation de la biodiversité et partage équitable desavantages qui en découlent

Programme 6.2: Conservation et valorisation de l’agro biodiversité

Programme 6.3: Adaptation au changement climatique

Programme 6.4 : Eco assainissement des "nances publiques

Programme 6.5: Développement des capacités de gestion et de coordinationmultisectorielle de l’environnementProgramme 6.6. Mise en place des mécanismes de prévention et de gestiondes risques liés aux catastrophes naturelles et climatiques

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Axe stratégique 1 : Stabiliser l’économie et établir les basesd’une croissance accélérée et durable fondée sur l’équité

Cet axe concerne la conduite de réformes im-portantes des !nances publiques et la refon-dation de l’administration, l’adoption d’unepolitique commerciale incitative visant l’in-sertion des Comores dans l’économie régio-nale et mondiale, la mise en œuvre demesures visant à accroître la compétitivité del’économie comorienne, notamment dans lessecteur porteurs que sont l’agroalimentaire etle tourisme, la réalisation de réformes et d’in-vestissements en vue d’assurer un approvi-sionnement régulier en énergie à un coûtraisonnable, et la construction et l’améliora-tion des infrastructures économiques de base(routes, ports, aéroports, télécommunica-tions) en vue de soutenir le commerce exté-rieur, mais également permettre auxproducteurs et aux opérateurs économiquescomoriens de mieux saisir les opportunitésqu’o"re le marché intérieur. En!n, cet axeconcerne l’amélioration de l’accès à l’eau po-table et à des services d’assainissement.

Axe stratégique 2 : Renforcer les secteurs porteurs en met-tant l’emphase sur le renforcement institutionnel et uneparticipation accrue des opérateurs économiques

Cet axe stratégique concerne la mise enœuvre de programmes prioritaires visant àdévelopper et à accroître la productivité desecteurs porteurs de croissance économiqueet contribuant à réduire durablement la pau-vreté. Les secteurs concernés sont notam-ment l’agriculture, l’élevage, la pêche et letourisme. Si les !lières traditionnelles du sec-

teur agroalimentaire sont mieux connues etque leur contribution au développement éco-nomique et à la sécurité alimentaire n’est plusà démontrer, le secteur touristique o"re ungrand potentiel qui n’a jamais vraiment étéexploité.

Les mesures de cet axe visent le renforcementinstitutionnel et du cadre réglementaire ré-gissant les !lières porteuses, l’appui à l’inten-si!cation, à l’amélioration de la productivitéet au renforcement de la compétitivité, et lerenforcement des capacités commerciales etdes circuits de commercialisation. Sontconcernées également par cet axe, les mesuresd’accompagnement qui concerne le renforce-ment du système d’intermédiation !nancièreet l’accès aux microcrédits, le soutien aux ser-vices non !nanciers d’appui au développe-ment du secteur privé, et l’amélioration del’environnement des a"aires. Ces actionsconstituent aux Comores des mesures essen-tielles pour permettre l’insertion des moinsbien nantis dans l’économie moderne etconsolider le développement des micros etpetites entreprises souvent très vulnérablesaux chocs conjoncturels.

Axe stratégique 3 : Renforcer la gouvernance et la cohésionsociale

Cet axe vise à consolider la bonne gouver-nance et la cohésion sociale à travers laconstruction des institutions démocratiqueset administratives de l’Union et des îles. Ilvise notamment à renforcer le cadre régle-mentaire en clari!ant les responsabilités, lesrôles et les champs de compétences des ins-

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

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titutions nationales en vue d’un dialogue so-cial renouvelé et constructif.

À travers la mise en œuvre des programmesprioritaires retenus, cet axe permettra d’amé-liorer la gouvernance et l’e#cacité des insti-tutions publiques, de mettre en œuvre unevéritable politique de décentralisation au ni-veau des communes et communautés rurales,de renouer avec un dialogue social constructifet garant d’une paix et d’une sécurité accrue,de donner accès et de garantir à tous les ci-toyens une justice transparente et équitable,et en!n, de lutter contre la criminalité trans-nationale et renforcer la sécurité civile.

Axe stratégique 4 : Améliorer l’état sanitaire de la popula-tion

L’axe stratégique 4 vise à donner aux popu-lations un meilleur accès à des services desanté de qualité, notamment en faveur desgroupes plus vulnérables et aux populationsrurales, et à s’attaquer en priorité aux mala-dies anémiques et à l’amélioration du systèmede santé dans toutes ses composantes.

À ce chapitre, le gouvernement concentrerases e"orts dans la mise en œuvre de pro-grammes dont la !nalité est la lutte contre lepaludisme et les maladies prioritaires, l’amé-lioration de la santé maternelle et infantile, laprévention du VIH/SIDA, l’amélioration dela gestion du système de santé pour une plusgrande e#cience et e#cacité des services desanté, et l’amélioration de l’environnementhospitalier.

Axe stratégique 5 : Développer l’éducation et la formationprofessionnelle en vue d’améliorer le capital humain

Le secteur de l’éducation aux Comores doitcontribuer à produire une population édu-quée, capable de saisir les opportunités éco-nomiques et socialement responsable. Elle estun vecteur puissant de changement des com-portements qui doit également contribuer àatteindre les objectifs et doter les citoyensd’une meilleure gouvernance et d’une meil-leure santé. Le gouvernement entendconcentrer ses e"orts et orienter ceux de sespartenaires à relever ces grands dé!s.

L’axe stratégique 5 met l’emphase sur unmeilleur accès à une éducation de qualité àtous les niveaux, à recentrer les e"orts du Mi-nistère sur la formation technique et profes-sionnelle, et à soutenir davantage laformation non formelle à travers des actionsd’alphabétisation des jeunes et des adultes.

Axe stratégique 6 : Promouvoir la durabilité de l’environne-ment et la sureté nationale

Aux Comores, il convient de noter que laplupart des contraintes environnementalessont similaires à celles qui ont été identi!éespour les PEID par l’Agenda 21 et le pro-gramme d’action de la Barbade : fragilité éco-logique et économique ; forte vulnérabilitéaux changements climatiques et aux catas-trophes naturelles, faible capacité de réponseet de gestion, ainsi que l’étroitesse de la basedes ressources et les coûts élevés de l’énergie.

Aux Comores, peut-être encore plus qu’ail-

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SCRP

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leurs, l’environnement est le pivot des princi-paux secteurs d’activités économiques de pro-duction des biens et services marchands. Desétudes récentes ont montré que la croissanceaux Comores demeure fortement tributairedu développement du secteur agroalimen-taire et du tourisme, deux secteurs fortementdépendant du milieu naturel, de la qualité del’environnement et de sa conservation. Legouvernement a donc choisi de faire de l’en-vironnement un enjeu central de sa SCRP.Plusieurs programmes prioritaires ambitieuxseront mis en œuvre pour protéger l’environ-nement et veiller à sa régénération, à saconservation, et à son exploitation rationnelleet durable dans une perspective de bien-êtreactuel et pour les générations futures.

L’Union des Comores fait partie des payspauvres, vulnérable et présentant beaucoupde risques, y compris les cyclones, la séche-resse, les épidémies, les tornades, les feux debrousses, les raz de marées, les inondations,les accidents majeurs, les glissements de ter-rain, les éruptions volcaniques et les risquesliés à la présence d’un volcan en activité(séismes). Cette vulnérabilité pourrait êtreaggravée par la faible capacité de préparation,de prévention et de réponses appropriées auxrisques et catastrophes. Cette question estprise très au sérieux par le gouvernement quientend mettre en place des mécanismes deprévention et de gestion des risques et des ca-tastrophes dues au réchau"ement climatique.

4.2 ENJEUX TRANSVERSAUX

En complément aux six axes stratégiques dé-

crits ci-dessus, le gouvernement croit égale-ment important que les questions transver-sales suivantes soient prises en compte dansla formulation de tous les programmes prio-ritaires et la conduite des réformes touchantles institutions et le secteur public.

L’amélioration de la production et de l’accèsà l’information statistique qui apparaît indis-pensable à l’élaboration et au suivi des poli-tiques et programmes de développement.

Les insu#sances en matière d’informationstatistique et la nécessité d’améliorer les basesde données socio-économiques sont unepréoccupation transversale que l’on retrouvedans tous les axes stratégiques. Une stratégienationale de développement de la statistique(SNDS) a été validée en 2007. Elle est am-bitieuse et réclame des moyens importants.Sa mise en œuvre est une priorité, notam-ment en ce qui a trait à la mise en place d’uncircuit informatisé de la dépense publique etd’un système d’informations plus performantentre le niveau central et les îles dans les sec-teurs stratégiques de l’économie. Ces infor-mations sont essentielles pour lesuivi-évaluation de la SCRP et des stratégiessectorielles qui en découlent.

En e"et, un enseignement qui se dégage destravaux préparatoires de la SCRP est l’impor-tance de renforcer la formulation et le pilo-tage des politiques sectorielles. À l’instar dessecteurs pour lesquels des travaux sont déjàen cours, comme par exemple la politique desinfrastructures routières dont l’atelier de va-lidation a eu lieu en juillet 2008, un e"ort

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

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systématique doit être entrepris au cours dela mise en œuvre de cette SCRP pour que lessecteurs disposent des outils de plani!cation,des compétences et des informations néces-saires pour élaborer des stratégies sectoriellesvalables.

Si les stratégies sectorielles relèvent del’Union, elles doivent toutefois être élaboréesen concertation avec les îles autonomes. Or,les modalités de cette concertation posentproblème car les îles, à tort ou à raison, onttendance à considérer que leurs besoins nesont pas su#samment pris en compte. À cetégard, l’absence de données désagrégées parîle est un problème. Le circuit de l’informa-tion est imprécis, parfois inexistant entre lecentre et les îles. La demande de clari!cationconcerne donc les relations Union-îles ausein de chaque secteur.

Au même titre que la plani!cation, le suivi del’exécution et l’évaluation des programmespublics nécessitent l’accès à des informationsstatistiques et à des données !ables. Cesfonctions devront être renforcées dans lecontexte d’une gestion publique moderniséeet axée sur les résultats. La mise en œuvred’un dispositif articulé de suivi-évaluationexige un changement profond de mentalitéset l’adoption de nouvelles pratiques de ges-tion publique. Un renforcement des capacitésinstitutionnelles (au niveau de l’Union et desîles) sera nécessaire pour une mise en appli-cation d’une gestion plus e#ciente et plus ef-!cace des !nances publiques.

Le développement et l’accès aux nouvelles

technologies de production et de communi-cation est un dé! important à relever pouraccroître l’attrait, la productivité et la compé-titivité des Comores au niveau régional etmondial.

La croissance économique et l’améliorationdes conditions de vie de la population auxComores reposent, comme dans le reste dumonde, sur l’utilisation des nouvelles techno-logies disponibles dans tous les secteurs. Legouvernement‚ le secteur privé‚ les produc-teurs du secteur primaire et les acteurs de lasociété civile doivent avoir accès aux techno-logies modernes pour accroître leur produc-tivité et développer de nouvelles activitéséconomiques susceptibles de répondre auxbesoins de la population et à la demande ex-térieure.

L’accès à ces technologies est particulière-ment important pour le secteur agroalimen-taire où est concentrée la très grande majoritédes ménages pauvres. C’est un secteur où lesinnovations technologiques sont nécessairespour augmenter la productivité‚ maintenir lesparts des Comores sur le marché mondial etdévelopper de nouveaux secteurs d’activitésgénératrices de revenus. Il est essentiel queles institutions comoriennes d’enseignementsupérieur et de recherche soient associées àcet e"ort aux côtés des institutions concer-nées du Gouvernement et du secteur privé.

Par ailleurs‚ un meilleur accès aux nouvellestechnologies de l’information est essentielpour permettre aux Comores de mieux se po-sitionner sur le marché en forte croissance du

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tourisme et dans le secteur très dynamique del’externalisation des processus des a"aires(Business Processes Outsourcing , BPO). Lesprogrès en cours en matière de connectivitédoivent être poursuivis et les coûts d’opéra-tion doivent être réduits. Un signe favorableest que des investisseurs de la région ont prisrécemment des contacts avec les autoritéspour s’informer des possibilités de BPO auxComores.

Le Gouvernement entend développer uncadre institutionnel rigoureux et incitatifpour les investissements dans ce secteur.L’Agence Nationale pour la Promotion desInvestissements (ANPI) qui est en coursd’établissement étudiera les conditions desuccès des BPO, en se basant notamment surl’expérience de Madagascar et de Maurice,informera les opérateurs nationaux sur lesopportunités existantes et cherchera des par-tenaires à l’extérieur.

La prise en compte des questions de genre etdes droits humains dans la mise en œuvre detous les programmes est une priorité pour ga-rantir la paix et la sécurité, et favoriser un dia-logue social renouvelé et constructif

La contribution des femmes au processus dedéveloppement a été longtemps sous-estiméeaux Comores. Leur contribution à la produc-tion vivrière, à la commercialisation des pro-duits de l’agriculture et de la pêche, à lagénération de revenus, à la gestion domes-tique et à l’éducation des enfants est pourtantessentielle. En 2007, des études ont été me-nées sur l’équité et le genre et des recomman-

dations importantes ont été ensuite validéespar un Atelier National. Le gouvernementsouhaite redonner aux femmes la place quileur revient dans les processus de décisions etde développement. Les !lles et les femmesseront des groupes cibles prioritaires pourl’accès aux services sociaux (éducation, santé,planning familial), aux services économiques(services !nanciers, développement desmicro-entreprises) et à la justice. Le renfor-cement de la place de la femme aux niveauxsupérieurs du secteur public et dans les cen-tres décentralisés de décisions sera encouragé.

Le Gouvernement est désireux de mettre enœuvre une approche du développement quitient compte des droits humains pour enri-chir et élargir la stratégie de développementdu pays. Deux consultations ont eu lieu en2007 a!n de préparer l’insertion des droitshumains dans la SCRP. Des recommanda-tions ont été adoptées lors d’un atelier de va-lidation qui ont porté notamment sur : (i)l’identi!cation des groupes vulnérables, (ii) lanécessité de renforcer les capacités de la so-ciété civile pour qu’elle assume un rôle decontre-pouvoir et in%ue sur la mise en œuvred’une approche fondée sur les droits del’Homme dans la réalisation de la SCRP, (iii)l’élargissement de l’approche participative(principe d’inclusion) en impliquant les per-sonnes vulnérables dans les instances de pla-ni!cation et en dé!nissant des indicateursobjectivement véri!ables, (iv) l’adoptiond’une législation respectueuse des personnesvulnérables , (v) le renforcement des capacitésdes détenteurs de droits pour qu’ils puissentrevendiquer leurs droits ainsi que le renfor-

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

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cement des capacités des obligataires pour ré-pondre aux justes revendications qui leur sontfaites par les détenteurs de droits, (vi) l’adop-tion des textes législatifs pour établir un mé-canisme d’obligation de rendre compte.

L’intégration du commerce dans la SCRP estune condition nécessaire à la croissance, à lacréation de richesse et au développementsocio-économique des Comores.

Dans le cadre de l’adhésion au Cadre Intégré(CI), les Comores ont préparé en 2007 leurDiagnostic d’intégration du commerce dansles politiques de développement et de réduc-tion de la pauvreté. Cette étude a établi lesbases d’une approche transversale du com-merce international qui a permis de mettreen exergue : (i) les faiblesses d’organisationsdu secteur privé ainsi que les dé!ciences duclimat des a"aires et de l’investissement ; (ii)le besoin de renforcement de la compétitivitédu pays, ceci comprenant des réformes de la!scalité, une amélioration des infrastructuresde base et de la production d’énergie a!n dediminuer les coûts excessifs des facteurs, (iii)le renforcement de l’état de droit et du sys-tème juridique, (iv) le renforcement des ins-titutions relatives au commerce et àl’investissement, (v) l’amélioration du fonc-tionnement des marchés intérieurs (adoptiondes décrets d’application du code des mar-chés publics et mise en place de la législationsur la concurrence et la création d’une agencede surveillance des marchés), (vi) les réformesnécessaires pour participer aux accords duCOMESA et pour mettre à niveau les insti-tutions et entreprises en vue de l’EPA et de

l’entrée dans l’OMC, ainsi que (vii) des ac-tions ciblées pour lever les goulots d’étrangle-ment dans les secteurs productifs. Cetteétude a aussi montré l’importance de dimi-nuer les coûts de transport interîles.

Une matrice des actions prioritaires pourlever les goulots d’étranglement et renforcerles institutions responsables du commerce etde l’investissement a été préparée et validée.Le diagnosti du commerce et sa matrice d’ac-tions prioritaires ont été endossés par leConseil des Ministres en janvier 2008 et uneunité de mise en œuvre des projets vientd’être établie.

La priorité doit être donnée aux interven-tions visant l’atteinte des Objectifs du Mil-lénaire pour le développement (OMD)comme enjeux fédérateur d’amélioration desconditions socio-économiques de la popula-tion.

Dès 2006, le Gouvernement a demandé unappui pour étudier la position du pays parrapport aux OMD. En dépit du fait que lesComores aient des indicateurs sociaux supé-rieurs à ceux de la plupart des pays africains,il apparaît que sans un soutien massif de lacommunauté internationale, il sera impossi-ble d’atteindre les cibles retenues pour 2015.Des e"orts importants ont pourtant été faitset on constate une réallocation budgétaire enfaveur des secteurs sociaux. Très importantaussi est la prise de conscience qu’il n’existepas de fatalité mais des politiques dé!cientes.Une attention plus grande a notamment per-mis de diminuer la mortalité infantile ainsi

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SCRP

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que la mortalité des mères ; les petites !llesvont à l’école et même s’il existe encore desdi"érences en faveur des garçons, on constateque le taux de scolarisation des !lles aug-mente ainsi que le taux de rétention de cesdernières dans le système scolaire.

Une estimation des coûts pour atteindre lesOMD en 2015 a été faite en juin 2008. Lecoût total est estimé à 29 milliards $ US en-viron sur une période de 8 ans, dont plus dela moitié pour l’augmentation de la produc-tion et l’amélioration de l’accès à l’énergie, etla construction d’infrastructures de transport.

C. PROGRAMMES PRIORITAIRES PAR AXESTRATEGIQUE

La SCRP a retenu au total 32 programmesprioritaires. Ces programmes sont organisésen fonction des six axes stratégiques de laSCRP. Cette section présente le contenu dechacun des programmes. Leur plani!cationplus détaillée sera présentée dans un pland’actions couvrant la période 2010-2014. Lamise en œuvre des programmes prioritaireset des réformes se fera, pour l’essentiel, selonune approche sectorielle et sous la coordina-tion/tutelle des départements ministérielsconcernés. Par contre, certains programmes,par leur nature multisectorielle, devront êtremis en œuvre dans le cadre d’approches in-tersectorielles.

C1. AXE STRATEGIQUE I : STABILISERL’ÉCONOMIE ET ÉTABLIR LES BASESD’UNE CROISSANCE FORTE FONDÉESUR L’ÉQUITÉ

Quatre programmes prioritaires ont été iden-

ti!és pour créer les conditions d’un dévelop-pement économique durable. Ils visent prio-ritairement à améliorer la gestionmacro-économique, à mettre en place des ré-formes structurelles et à accroîtrela compéti-tivité de l’économie comorienne endiminuant les coûts des facteurs, et l’investis-sement dans des infrastructures de base et decommunication. Les programmes retenussont :

Programme 1.1 : Amélioration du fonction-nement de l'État et des !nances publiquesProgramme 1.2 : Intégration et facilitationdu commerce intérieur et extérieurProgramme 1.3 : Amélioration de l’approvi-sionnement en énergie à faible coûtProgramme 1.4 : Amélioration des infra-structures économiques de base et des ser-vices des communicationsProgramme 1.5 : Accroissement de l’accès àl’eau potable, à l'assainissement et gestion du-rable de la ressource

Programme 1.1 : Amélioration du fonction-nement de l'État et des !nances publiques

Les dernières années ont été particulièrementdi#ciles pour le gouvernement qui a dû faireface à un triple dé! : 1) une crise économiquesans précédent au niveau mondial et au plannational ; 2) une détérioration inquiétantedes !nances publiques et des conditions dansle secteur public ; 3) la persistance d’une crisepolitique et institutionnelle.

Le rapport PEFA réalisé en 2008 et portantsur un diagnostic approfondi des !nances pu-bliques a mis en évidence plusieurs faiblesses,insu#sances et disfonctionnements qui ca-

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

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ractérisent la gestion des !nances publiques.Au cours des dernières années, la détériora-tion des !nances publiques s’est accélérée etles entorses à la bonne gouvernance et à lagestion publique se sont multipliées. Le ré-sultat est qu’aujourd’hui le gouvernement estconfronté à une crise majeure des !nancespubliques et à une administration publiquedésorganisée et démotivée. L’heure est doncà la reconstruction et au retour à l’orthodoxiebudgétaire.

Dans ce contexte particulièrement di#cile, lacommunauté internationale a une fois de plusmanifestée son soutien au gouvernement àtravers l’octroi par le FMI, en décembre 2008,d’une Assistance d’Urgence Post Con%it(EPCA) . Sous réserve d’une bonne gestionéconomique et !nancière, le pays pourrait de-venir éligible en 2009 à l’initiative PPTE deréduction de la dette, et ultérieurement, àl’initiative MDRI . Ces objectifs ne sont pashors d’atteinte, mais demanderont, non seu-lement une grande rigueur budgétaire à courtterme, mais aussi une refondation de l’admi-nistration publique à moyen terme.

L’amélioration de la gestion !nancière etbudgétaire sera facilitée par l’adoption denouveaux instruments. Le gouvernement en-tend promouvoir une approche de gestionpublique axée sur les résultats et introduireles outils de Cadre de dépenses à moyenterme (CDMT) et de budgets-programmes.Parallèlement à l’adoption de ces réformes etnouveaux instruments, il sera indispensablede renforcer les capacités de l’administrationpublique et de revoir le système national deplani!cation, de gestion et de suivi-évalua-tion des programmes publics. Il sera aussi es-

sentiel de renforcer les %ux d’informationsentre l’Union et les Iles ainsi que la qualité etla régularité des statistiques. En e"et, sans cesrenforcements de capacités et du systèmed’information, il sera di#cile pour les auto-rités de piloter les politiques macro-écono-miques et sectorielles.

Le redressement des !nances publiques estindissociable d’une amélioration des institu-tions. La dégradation des conditions de fonc-tionnement de l’administration liée à sonsurdimensionnement par rapport aux capa-cités de !nancement du pays n’est pas seule-ment démotivante pour les agents publics enplace, elle conduit aussi à une fuite des élé-ments les mieux formés et les plus dyna-miques. Par ailleurs, la crise !nancièreconduit à la disparition pure et simple desmoyens de fonctionnement, et à une détério-ration des équipements. L’absence de toutsystème pérenne de gestion des équipements(inventaire annuel ; contrats d’entretien deséquipements…) conduit à des gaspillages im-portants. Le dénuement en matière demoyens de fonctionnement et d’équipementsrenforce la démotivation et la dépendancevis-à-vis des partenaires au développement.

Au-delà de l’e#cacité de l’État et d’une sainegestion des !nances publiques, la question dela privatisation des entreprises et des sociétésd’État est au centre des préoccupations dugouvernement et doit se poursuivre. Le dés-engagement progressif de l’État des secteursproductifs ainsi que des activités commer-ciales à la faveur du secteur privé est plus quenécessaire. Un tel désengagement se poursui-vra à travers une politique volontariste axéesur des mesures de réformes structurelles ap-

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profondies. La nécessité de ces réformes estrenforcée par l’ancrage des Comores au CO-MESA qui demande de réaliser des réformesdes douanes et des !nances publiques pourgarantir une plus grande harmonisation de laréglementation et des pratiques administra-tives.

Le Gouvernement est conscient des pro-blèmes structuraux et récurrents, mais aussides décisions di#ciles qui devront être prisespour redresser la situation des !nances pu-bliques et de l’administration dans son en-semble. Il entend relever ces dé!s dans lecadre de la mise en œuvre de la SCRP. Le re-dressement des !nances publiques, l’amélio-ration du fonctionnement de l’État et larefondation de la Fonction Publique sont desconditions du rétablissement des grandséquilibres macro-économiques nécessairespour une croissance économique forte, sus-ceptible de réduire la pauvreté.

Les objectifs, au cours de la période, sont decontenir les dé!cits publics, réduire la taillede l’État, assurer une meilleure allocation desressources publiques en faveur des secteursprioritaires et des programmes de lutte contrela pauvreté, et revoir la rôle de l’État dans lecontexte d’une économie ouverte sur lemonde, qui reconnaît la place et l’importancedu secteur privé dans le processus de crois-sance, de création d’emplois, d’améliorationdes conditions de vie des ménages et de ré-duction de la pauvreté.

Programme 1.2 : Intégration et facilitationdu commerce intérieur et extérieur

La politique commerciale ancrée sur le cadremultilatéral du commerce et le processus del`intégration économique régionale adoptéspar le Gouvernement contribueront à dyna-miser l’économie en réduisant les comporte-ments rentiers, en diminuant les coûts desfacteurs, en facilitant le commerce et en amé-liorant le climat des a"aires et de l’investis-sement. Le système multilatéral ducommerce et les accords avec le COMESAcontribueront à stabiliser la politique com-merciale en l’ancrant dans une économie demarché. L’un des résultats visé est un taux decroissance plus rapide et une diminution dela pauvreté. Il faudra toutefois prendre desmesures d’accompagnement (formation, ren-forcement des organisations et associationsprofessionnelles, accès à l’information et au!nancement) pour permettre aux moins biennantis de pro!ter de cette croissance et d’entirer les béné!ces.

Parallèlement, le gouvernement entend sti-muler le commerce intérieur des produits lo-caux de manière à permettre un meilleurapprovisionnement des populations. Des ré-formes seront entreprises pour lever les bar-rières qui entravent la circulation des produitset en augmentent les prix au détriment desplus démunis. Ces mesures devraient favori-ser les %ux commerciaux interîles et garantirune plus grande régularité dans les approvi-sionnements.

Programme 1.3 : Amélioration de l’approvi-sionnement régulier en énergie à faible coût

L’accès à l’énergie est un élément clé pour larelance de l’économie. Les problèmes éner-

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gétiques que connaît le pays depuis déjà unedécennie nécessitent une vision stratégiquede moyen et de long terme. Le diagnosticréalisé dans le secteur de l’énergie a mis enévidence la nécessité d’avoir une gestion ra-tionnelle de la biomasse, d’assurer une plusgrande autonomie au niveau des produits pé-troliers importés, d’améliorer l’e#cacité dessystèmes de production et de distribution, dediversi!er l’o"re énergétique par de nouvellessources d’énergies telles que le solaire, l’hy-draulique, l’éolienne et la géothermie. Ene"et, l’exiguïté du marché, les coûts élevés deproduction de l’électricité qui s’expliquent parle prix élevé du pétrole, entraînent des pro-blèmes majeurs pour le développement dupays. Ces problèmes sont accentués par l’ab-sence d’une stratégie sectorielle, par un cadreinstitutionnel peu clair et par une insu#sancedes ressources humaines pour assurer unegestion e#cace du secteur.

Pour faire face à ces dé!s, la SCRP a retenuun programme prioritaire dont les objectifsvisent à : (i) clari!er et renforcer le cadre ins-titutionnel et organisationnel ainsi que doterle pays d’une stratégie nationale pour amé-liorer la gestion de l’énergie ; (ii) renforcer lesinfrastructures énergétiques de stockage, deproduction et de distribution et (iii) réduireles pertes techniques et non techniques liéesà la production, la distribution et la commer-cialisation de l’énergie à travers un pro-gramme national de maîtrise et d’e#cacitéénergétique.

Une diminution du coût de l’énergie devraiten résulter et améliorer l’accessibilité aux ser-vices énergétiques. Ce programme visera éga-

lement à favoriser la substitution du bois dechau"e par la promotion de technologiesnouvelles pour la cuisson, notamment lesfoyers améliorés et l’utilisation des carburantsmodernes. En!n, l’accent sera mis sur la di-versi!cation des sources d’énergies a!n decontribuer à l’autonomie énergétique du payset à la promotion de sources d’énergie proprepour la préservation de l’environnement.L’impact attendu de ces mesures est la satis-faction du droit humain d’accès à l’énergie,l’amélioration de la vie sociale et la facilita-tion des activités économiques, en particulierpour les femmes.

Programme 1.4 : Amélioration des infra-structures économiques de base et des ser-vices des communications

Le coût des facteurs de production aux Co-mores sont élevés, beaucoup plus que ceuxobservés dans les pays de la région. L’insula-rité et la taille restreinte du marché, encoreaggravée par la division du territoire nationalen plusieurs îles, expliquent en partie que lescoûts de l’énergie, de l’eau et des transportssoient supérieurs à la moyenne des pays voi-sins. Il existe toutefois d’autres facteurs quiexpliquent cette situation. Au-delà des ten-sions et disputes qui ont empêché le fonc-tionnement normal des services techniquesde l’administration au cours des dix dernièresannées, on note l’absence de mise à niveaud’infrastructures construites pour la plupartil y a une vingtaine d’années et qui répondentavec di#culté à l’accroissement de la de-mande domestique et à l’introduction denouveaux processus de commercialisation etde production.

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SCRP

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Des investissements signi!catifs sont néces-saires pour créer les conditions d’une relancede la croissance. L’insu#sance, la mauvaisequalité et la gestion dé!ciente des infrastruc-tures (routes, ports, aéroports) ont pour e"etd’accroître les coûts des échanges intra etinter îles et de renchérir le coût des intrantsimportés, réduisant ainsi la compétitivité desentreprises. Cela augmente le coût des pro-duits importés de consommation, réduisantle pouvoir d’achat des ménages, notammentdes plus démunis.

Les routes. Une étude pour établir une poli-tique sectorielle des transports routiers à l’ho-rizon 2030 a été réalisée en 2007. Elle a étévalidée en juillet 2008. Cette étude a été !-nancée par la Commission Européenne, unedes sources principales de !nancement pourla mise en œuvre du programme retenu. Leprogramme prévoit l’entretien et la réparationdes routes nationales ainsi que leur élargisse-ment. Des travaux sur les routes secondairespour désenclaver les centres de productionsont aussi programmés. Des formations se-ront assurées pour améliorer la gestion et lecontrôle des travaux.

Par ailleurs, la Loi des !nances de 2007 a crééun compte spécial du Trésor Public dé-nommé « Fonds d’Entretien Routier »,(FER). Ce compte sera alimenté par 15% desproduits de la taxe unique sur les produits pé-troliers (TUPP). Un fonds d’entretien routierexistait auparavant et devait être alimenté di-rectement par une redevance d’usage prélevéesur les hydrocarbures. Ce mécanisme avait

toutefois cessé de fonctionner e"ectivementdepuis 2004 en raison des tensions entre lesîles, ce qui avait entrainé la cessation des ver-sements au Fond. Le dé! pour le Gouverne-ment sera d’assurer le transfert e"ectif desressources au FER et de les utiliser unique-ment pour l’entretien et les réparations du ré-seau routier.

Les ports. Il est notamment prévu d’e"ectuerle dragage du port de Mutsamudu et deconstruire une digue %ottante au port deMoroni, une solution intermédiaire avant unedécision sur la localisation d’un port en eauprofonde. Dans le cadre de la SCRP, des tra-vaux d’identi!cation d’un site approprié etune étude de préfaisabilité auront lieu. L’airede stockage des conteneurs à Moroni devraaussi être agrandie. La reprise des travauxd’aménagement du port de Mohéli est éga-lement programmée et il faudra veiller àaméliorer sa gestion. Les marchandises à des-tination de Mohéli arrivent d’abord à laGrande Comores ou à Anjouan et repartentensuite à Mohéli, ce qui se traduit par destransbordements successifs qui occasionnentdes prix élevés sur tous les produits d’impor-tation. La possibilité d’une péréquation desprix de transport pourrait être envisagée.

La réalisation de petits ports de pêche, dotésd’un minimum d’équipements de stockage etde chaîne du froid sur les trois îles, continueradans le cadre de la mise en œuvre de la SCRP.Il en résultera une diminution des coûts detransport des zones de pêche vers les centresurbains et un début de structuration du com-merce du poisson. Il devrait en résulter un lis-

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sage de l’o"re des produits halieutiques, ac-compagnée probablement d’une diminutiondes prix.

En parallèle, des mesures seront prises pouraméliorer la gestion des ports (équipementsinformatiques), renforcer la sécurité (balisagede l’entrée des ports, dotation d’équipementsde communication et de radars), et faciliterl’utilisation des installations (nettoyage desquais du matériel non réparable, entretien despoints d’eau et d’électricité, caniveaux…). LeGouvernement renforcera les fonctions etmissions de l’Autorité Portuaire des Comoresdont l’action est aujourd’hui limitée àl’unique port de Moroni.

Les aéroports. D’importants travaux ont étéréalisés pendant ces dernières années. Il s’agitnotamment de la construction d’une nouvelleaérogare à Moroni et de l’amélioration de lasécurité dans l’aéroport. Il faudra transformerla clôture partielle de l’aéroport en clôturecomplète et doter l’aéroport d’un scannerpour le fret car les compagnies aériennes in-ternationales refusent d’embarquer des mar-chandises qui n’ont pas été scannées.

Les besoins des aéroports de Mohéli etd’Anjouan sont similaires : Il faudrait repren-dre le revêtement des pistes, e"ectuer un ba-lisage minimum, construire ou aménager lesaérogares existantes et doter les installationsd’une protection incendie.

Sur le plan de la gestion et de la coordinationdes di"érents services intervenant dans lesaéroports, beaucoup reste à faire et le gouver-

nement souhaite rationaliser et assurer unemeilleure coordination entre les services.

Il est aussi prévu une meilleure coordinationentre les infrastructures routières, portuaireset aéroportuaires et la réalisation de passe-relles pour assurer un transfert rapide et faciledes passagers et des marchandises entre lesdi"érents modes de transport.

Les télécommunications. Au cours des der-nières années, les Comores sont entrées dansl’ère du téléphone portable. En moins de cinqans, les abonnés à la téléphonie mobile ontdépassé le nombre des téléphones !xes. Pa-rallèlement, l’introduction de l’Internet etplus récemment des connexions ADSL àhaut débit ont aussi gagné des parts appré-ciables de marché. L’accès à l’information etla %uidité des échanges ont donc augmentéconsidérablement, même en milieu rural. Ene"et, chaque village est aujourd’hui doté, auminimum, d’une cabine téléphonique, ce quia permis d’ouvrir au plus grand nombre l’ac-cès aux technologies de l’information. Le prixdes communications est certes encore élevécomparé aux tarifs de Madagascar. La déci-sion récente de libéraliser le secteur et de l’ou-vrir à un second opérateur de téléphoniemobile introduira la concurrence, avec pro-bablement une baisse du prix de l’unité decommunication. Le gouvernement est déter-miné à poursuivre ses e"orts pour améliorerl’accessibilité et la qualité des services decommunication.

Programme 1.5 : Accroissement de l’accès àl’eau potable, à l'assainissement et gestion du-

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rable de la ressource

L’accès à une eau de qualité constitue un be-soin fondamental qu’il importe de satisfaireen priorité. Cette dimension du bien est in-denti!ée dans les OMD et !gure parmi lespriorités de la SCRP. La relation entre l’eaupotable et la santé de la population estconnue. En général, ce sont les groupes lesplus démunis qui sont les plus sujets aux ma-ladies liées à une mauvaise qualité de l’eau.Les risques de maladies hydriques et de pol-lutions sont très élevés aux Comores, notam-ment en raison de l’inexistence de protectiondes puits et des pompages, ainsi que l’absencede mécanismes de suivi et de contrôle de laqualité des eaux. Seules quelques analyses desalinité sont ponctuellement et partiellementréalisées. L’insalubrité s’observe notammentà travers la prévalence des maladies d’originehydrique telle que les maladies diarrhéiqueset typhoïdes. Des études ont montré quel’utilisation d’eau de mauvaise qualité pourl’alimentation est à l’origine des maladies in-fectieuses et parasitaires qui sont encore au-jourd’hui la première cause la mortalité et lamorbidité aux Comores. Dans le même sens, la qualité de vie et lasanté des individus dépend directement del’environnement dans lequel ils vivent. Unmilieu sain et assaini est un facteur détermi-nant de la santé des individus, notammentdes enfants qui sont beaucoup plus vulnéra-bles aux maladies liées à un milieu insalubre.Avec la croissance démographique et l’urba-nisation qui s’accélère, on note une augmen-tation signi!cative de la production dedéchets ménagers et d’eaux usées‚ un accrois-

sement des déchets hospitaliers non traités etune hausse des rejets liés aux activités detransport (huiles de vidange, carcasses de voi-ture‚ etc.). L’absence de système de prise encharge et de gestion des déchets ménagers,des eaux usées et d’assainissement constitueun problème majeur de santé publique. Lagestion des eaux usées et pluviales s’avère unepréoccupation majeure aussi bien en milieuurbain qu’en milieu rural.

Aux Comores, l’accès à une eau de qualité estencore un luxe pour la très grande majoritéde la population. Moins de 15% de la popu-lation aurait accès à une source d’eau potableselon les normes reconnues. Par ailleurs, lepays est dépourvu totalement en matièred’assainissement. Les eaux usées et les dé-chets solides sont jetés à la mer ou déversésdans le milieu de vie immédiat de la popula-tion.

Le pays ne dispose ni d’une stratégie natio-nale ni d’un schéma directeur de l’eau. Lesactions dans le secteur de l’eau et de l’assai-nissement sont menées dans l’absence quasitotale d’un cadre institutionnel et réglemen-taire, ce qui réduit leur e#cacité et impactdans les résultats.

C2. AXE STRATEGIQUE II : RENFORCERLES SECTEURS PORTEURS EN METTANTL’EMPHASE SUR LE RENFORCEMENTINSTITUTIONNEL ET UNE PARTICIPA-TION ACCRUE DES OPERATEURS ECO-NOMIQUES PRIVES

Au total, neuf (9) programmes prioritaires

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

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ont été identi!és au niveau de l’axe straté-gique 2. Ils sont regroupés en deux grandssous-ensembles : (I) le renforcement du sec-teur privé (2 programmes), et (II) la relancede la croissance à travers les secteurs porteurs(7 programmes).

Programme 2.1 : Appui à l’organisation dusecteur privé.Programme 2.2 : Intermédiation !nancièreet microcrédit.

Les secteurs porteurs concernent l’agricultureet l’élevage, la pêche et le tourisme. Les pro-grammes prioritaires sont organisés selon cestrois sous-catégories.

• Sous-secteur agricole et élevageProgramme 2.3 : Renforcement de la sécuritédu patrimoine foncier.Programme 2.4: Appui à la création d’un en-vironnement favorable au développement dusecteur agricole.Programme 2.5: Relance de la productionagricole et agroalimentaire.Programme 2.6: Protection du cheptel ani-mal contre les maladies infectieuses exotiqueset intensi!cation des !lières de productionsanimales.

• Secteur de la pêcheProgramme 2.7: Création d’un environne-ment favorable au développement harmo-nieux du secteur.Programme 2.8: Développement du systèmede conservation, de transformation et de lacommercialisation des produits halieutiques.

• Secteur touristiqueProgramme 2.9: Appui au développementtouristique.

C2.1 Renforcement du secteur privé

Le secteur privé est faiblement structuré. LesChambres de Commerce, de l’Industrie et del’Agriculture viennent de sortir d’une longuecrise occasionnée par des divergences de vueavec l’Administration qui avait décidé de lesmettre sous tutelle. En septembre 2007, desélections consulaires ont eu lieu et une nou-velle équipe élue par les membres est à la têtede l’Union des Chambres de commerce.Quant aux organisations professionnelles,elles rendent un service limité à leurs mem-bres. À côté du secteur structuré qui est com-posé essentiellement de petites et moyennesentreprises, il existe un secteur informelconsidérable qui exerce une concurrence dé-loyale.

Les entreprises ont besoin de compétencesdans des domaines ne relevant pas directe-ment de leur champ d’expertise, mais qui sontindispensables à leur développement. Cesservices concernent par exemple le conseillégal, la comptabilité, la gestion, le contrôlequalité, l’informatique, l’analyse de marché,le marketing, les choix technologiques dansla production, la transformation, la commer-cialisation, l’emballage, le stockage, la gestionde l’information, le service après vente, etc.Le secteur de conseils est peu développé etrepose d’une part sur quelques projets aidantà la création d’entreprises et d’autre part, surun nombre réduit d’entreprises embryon-

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naires et aux moyens limités vendant leursservices aux entreprises existantes. Dans uneperspective de mise en place d’une o"re du-rable et concurrentielle, il est important derenforcer les sociétés privées de conseil,contribuant ainsi à la création progressive dutissu entrepreneurial indispensable au déve-loppement du secteur privé.

Le secteur privé comorien comprend aussi lesecteur des services !nanciers. Jusqu’à l’annéedernière, il y avait une seule banque privéegénéraliste, la BIC, et deux réseaux d’institu-tions !nancières décentralisées (IFD), le ré-seau des MECK et le réseau SANDUCK.En 2008, deux nouvelles banques, l’Exim-bank de Tanzanie et une banque koweitienneont reçu l’accord de la Banque Centrale pourouvrir des succursales aux Comores. Enoutre, la Banque de Développement des Co-mores a été recapitalisée et vient de rentrersur le marché. Elle a ouvert un guichet pourla micro!nance et elle apparaît comme uncompétiteur des MECK et SANDUCK.Bien que le système soit sur liquide, le créditdemeure dispendieux et les services proposéssont restreints et ne correspondent pas auxbesoins d’un pays en développement. Onpeut toutefois espérer que les nouvellesbanques contribueront à insu(er plus decompétition, avec pour résultat l’introductionde nouveaux produits !nanciers, comme parexemple la société de capital risque, et pro-gressivement une baisse des taux d’intérêt.

Deux programmes prioritaires ont été iden-ti!és pour relever le dé! du renforcement dusecteur privé.

Programme 2.1 : Appui à l’organisation dusecteur privé

Des actions bien ciblées seront faites pourrenforcer les capacités humaines et institu-tionnelles des Chambres de Commerce etdes Associations Professionnelles pour leurpermettre d’apporter des services utiles àleurs membres. Ces actions s’intégreront dansun ensemble d’interventions visant à amélio-rer le climat de l’investissement, accroître lacompétitivité des entreprises, diminuer leséconomies de rente et la !scalité, notammentdes grandes entreprises, renforcer les institu-tions judiciaires avec des magistrats spéciali-sés en matières !nancières et commerciales,mise en place de la Cour Suprême, et mise enpratique du plan comptable de l’OHADAqui a été adopté il y a plusieurs années par lesComores. Il est aussi prévu le développementd’une instance arbitrale des di"érends quipourrait être logée à la Chambre de Com-merce. En!n, l’adoption des arrêtés d’appli-cation du nouveau Code des Investissementset la création d’une Agence Nationale dePromotion des Investissements « Invest inComores » en 2008 complète ce dispositif.Dans le cadre de ce programme, il est prévuque cet établissement public autonome pour-suive son travail d’harmonisation et de sim-pli!cation des procédures administrativesliées à la création d’entreprises, et renforce lacoopération avec des partenaires extérieurspour stimuler l’investissement étranger.

Programme 2.2 : Intermédiation !nancièreet microcrédit

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Il est prévu de mettre en place des formationspour les élus et les salariés des IFD, et de ren-forcer les capacités d’audit et de contrôle in-terne des institutions. Des e"orts seront faitspour obtenir l’agrément par la Banque Cen-trale de l’Union régionale des Sanduck deMohéli et de Ngazidja. Sur le plan du déve-loppement de nouveaux produits !nanciers,des consultations auront lieu avec les popu-lations et les opérateurs pour mieux dé!nirles cibles et les produits désirés. Des mesuresprudentielles renforcées seront adoptées et unmécanisme obligatoire d’assurance del’épargne dans les IFD sera mis en place.

Les femmes constituent déjà plus de 50% dela clientèle des IFD et des e"orts seront faitspour augmenter ce taux car de nombreusesfemmes pauvres souhaitent emprunter pourde petits crédits pour leurs activités de né-goce. Dans le contexte actuel, il n’y a pas deproduits !nanciers qui répondent à ce besoin.Des e"orts seront faits pour développer desactions spéci!ques pour ce groupe de la po-pulation.

C2.2. Relance de la croissance à travers lessecteurs porteurs

La relance de la croissance et la réduction du-rable de la pauvreté passent par le dévelop-pement et la croissance des secteurs porteurssusceptibles de créer des revenus et de la ri-chesse. Aux Comores, ces secteurs sont soitceux où l’on retrouve une proportion signi!-cative de la population et qui ont été tradi-tionnellement les secteurs moteurs de

l’économie comorienne (agriculture, élevageet pêche), soit un secteur largement sous-dé-veloppé, mais qui o"re un grand potentieltant en termes de croissance directe qu’entermes de croissance indirecte à travers les ef-fets d’entrainement qu’il pourrait avoir pourle reste de l’économie (tourisme). Les sept (7)programmes prioritaires de ce sous-ensemblede l’axe 2 sont donc présentés selon les quatresous-secteurs porteurs.

Secteur agricole et élevage

Aux Comores, l’agriculture et l’élevage sonttraditionnellement liés au sein d’une mêmeexploitation agricole. Les exploitations sontde petite taille et le bétail (vaches, brebis etcaprins) est attaché à un pieu. L’élevage sertsurtout à satisfaire les besoins du ménage enviande, en lait et aussi en engrais pour les solsagricoles, mais contribuent également à gé-nérer des revenus d’appoint et comme méca-nisme d’épargne. Quatre programmesprioritaires ont été identi!és pour relever lesdé!s dans le secteur agricole et de l’élevage.

Programme 2.3 : Renforcement de la sécuritédu patrimoine foncier

Le problème foncier se pose à la fois entermes physique sur le plan de l’accès à laterre et en termes juridique ou de droit depropriété. Ces deux dimensions sont interdé-pendantes. En termes physiques, le problèmefoncier est fondamentalement un problèmede gestion des terroirs villageois, d’aménage-ment de ceux-ci pour le maintien et la re-constitution de leur fertilité, de taille des

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exploitations liée à l’extrême densité démo-graphique, et de morcellement de celle-ci quiva jusqu’à l’émiettement en micro parcelles.En termes juridiques, il s’agit de l’absence dedroit ou la non application d’un droit fonciermal dé!ni et peu reconnu.

En 2007, un accord de !nancement a étéconclu avec l’AFD pour la constitution d’uncadastre. Les travaux sont en cours et conti-nueront pendant la mise en œuvre de laSCRP. Parallèlement, l’État prendra des me-sures pour encourager l’enregistrement desbiens fonciers. Le coût de l’enregistrementqui est actuellement très élevé sera drastique-ment baissé pour permettre aux plus mo-destes de procéder à l’enregistrement. Ilfaudra aussi clari!er et harmoniser le droitrelatif à la propriété des terres, au métayageet aux droits et obligations des di"érents in-tervenants. Il en résultera une plus grande sé-curité et plus de transparence, ce quipermettra à terme d’organiser le marché desbiens fonciers.

Programme 2.4 : Appui à la création d’un en-vironnement favorable au développement dusecteur agricole

Dans le contexte de partage des responsabi-lités entre l’État et la société civile, les orga-nisations paysannes et professionnelles ainsique les opérateurs privés sont amenés à jouerun rôle de plus en plus important dans le pro-cessus de développement économique dumonde rural. Ils doivent participer à la dé!-nition des orientations stratégiques, à la miseen œuvre de celles-ci et au suivi-évaluationdes actions engagées.

La faible performance du secteur agricoles’explique par une implication insu#santedes opérateurs économiques dans les méca-nismes de prise de décision, de plani!cationdes actions et d’appropriation des fonctionsclefs du développement rural.

Pour relancer la croissance dans le secteuragricole, il est nécessaire de renforcer le dé-veloppement participatif et communautaire,en mettant un accent particulier sur les acti-vités productives, sur les aspects organisation-nels liés à la gestion technique, administrativeet !nancière des organisations paysannes etsur la coordination de tous les intervenants.

Programme 2.5 : Relance de la productionagricole et agroalimentaire

Le vivrier et les produits pour la consomma-tion locale. La population comorienne est es-sentiellement rurale (70%) et vit del’agriculture. Les productions vivrières et ma-raîchères ont fait l’objet de plusieurs projetspilotes au cours des dix dernières années. Lesitinéraires techniques d’intensi!cation de laproduction sont bien maîtrisés. Les variétésà haut rendement tolérantes aux maladies ontété identi!ées et testées avec succès en milieupaysan, mais leur vulgarisation à grandeéchelle n’a pas encore réellement démarré. Defait, la production locale reste insu#sante etne couvre pas la demande du marché inté-rieur. Le pays, en plus d’importer les denréesalimentaires exotiques (riz, farine de blé,huile, sucre, viande, lait en poudre), achète degrandes quantités de produits vivriers et ma-raîchers des pays voisins (Madagascar, Tan-

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zanie, Afrique du Sud). Ces importations pé-nalisent les Comores car pour certains pro-duits et dans certaines régions, elles tendentà se substituer à la production locale.

La faiblesse de la production agricole natio-nale s’explique par plusieurs facteurs, parmilesquels : (i) le caractère familial des petitesexploitations agricoles orientées prioritaire-ment vers la sécurité alimentaire de la familleet non la production commerciale ; (ii) la fai-blesse des investissements susceptibles d’ac-croître la production ; (iii) le manqued’organisation des !lières vivrières et maraî-chères pour la commercialisation des produits; (iv) la faible productivité ; et (v) le taux dechange qui favorise les importations au dé-triment des produits locaux.

Les cultures de rente. Elles ont traditionnel-lement joué un rôle important dans le déve-loppement économique des Comores. Ces!lières font face aujourd’hui à des %uctua-tions importantes des prix sur le marchémondial et à un franc comorien particulière-ment fort par rapport aux devises des pays dela sous-région et du dollar américain. Par ail-leurs, le manque d’investissement a entraînéune baisse de la qualité et de la productivitéde ces cultures. Malgré ces di#cultés, il n’enreste pas moins que ces spéculations o"rentun potentiel important. Elles pourraientcontribuer à augmenter signi!cativement lesrevenus des producteurs, des transformateurset de l’État.

Ce programme vise à soutenir l’intensi!ca-tion et l’amélioration de la productivité agri-cole à travers un meilleur accès aux intrants

et aux technologies de production, l’organi-sation et la structuration des !lières, et la réa-lisation d’investissements visant à faciliter lacommercialisation et l’exportation des pro-duits agricoles.

Programme 2.6 : Protection du cheptel ani-mal contre les maladies infectieuses exotiqueset intensi!cation des !lières de productionsanimales

La lutte contre la pauvreté en milieu ruralpasse aussi par un développement de l’élevageet du petit élevage en particulier pour satis-faire les besoins alimentaires de base des po-pulations vulnérables, mais également pourgénérer des revenus monétaires complémen-taires. Compte tenu de l’exiguïté des surfacesagro-pastorales disponibles‚ l’augmentationde la production animale doit passer par uneamélioration de la productivité, et par une di-versi!cation en renforçant le petit élevage,plus facile à contrôler et qui nécessite moinsde super!cies et de ressources. Par ailleurs‚ lepetit élevage constitue une activité généra-trice de revenus majeurs pour les femmes.Pendant ces dernières années un problème aété l’importation d’animaux malades (notam-ment des bovins) qui ont été à l’origine d’épi-démies qui ont décimé le bétail.

Des actions seront prises pour rendre plus ef-!caces les inspections sanitaires pour les ani-maux importés. Il est également prévu lamise sur pied d’un service-conseil pour ap-puyer les petits producteurs, en particulier lesfemmes qui s’occupent du petit élevage.

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Secteur de la pêche

Les Comores disposent d’un potentiel ha-lieutique important qui pourrait contribuersigni!cativement à la croissance‚ à la réduc-tion de la pauvreté et à une alimentation demeilleure qualité de la population. Toutefois,l’importance de la ressource est mal connueet repose sur des estimations faites il y a unetrentaine d’années. La première priorité estdonc d’établir une base solide de connais-sances de la ressource exploitable dans desconditions renouvelables. Deux programmesprioritaires ont été identi!és pour relever lesdé!s dans le secteur de la pêche.

Programme 2.7 : Création d’un environne-ment favorable au développement du secteur

Le développement de la pêche repose sur lacréation d’un environnement incitatif et fa-vorable à l’augmentation des captures, respec-tueux des équilibres écologiques et durenouvellement de la ressource.

Le gouvernement souhaite encourager l’or-ganisation du secteur, connaître la ressourceexploitable et promouvoir une gestion res-ponsable des ressources halieutiques pour unemeilleure e#cacité économique du secteur.La structuration du secteur passe par le ren-forcement des organisations professionnellesde pêcheurs, et des structures et services d’ap-pui.

Programme 2.8 : Développement du systèmede conservation, de transformation et decommercialisation des produits halieutiques

Au cours des 20 dernières années, les Co-mores ont réussi à transformer la pêche tra-ditionnelle en une pêche artisanale, utilisantdes bateaux en !bre de verre, avec des petitsmoteurs. Les techniques de pêche ont aussiévolué. Le résultat aujourd’hui est que lapêche artisanale satisfait relativement bien lademande aux Comores. C’est un succès indé-niable.

Le développement futur de la pêche como-rienne passe par la modernisation de la pêcheartisanale, ce qui demande (i) l’introductionde nouvelles techniques de pêche, (ii) l’utili-sation de plus grands bateaux, capables d’alleren haute mer, (iv) la vulgarisation de tech-niques de conservation du poisson, (v) le dé-veloppement de la chaîne de froid et (vi)l’organisation de la commercialisation. Il y adéjà des opérateurs comoriens désireux d’allerde l’avant. La modernisation de la pêche ar-tisanale contribuera, non seulement à la sa-tisfaction des besoins du marché domestique,mais aussi à l’intégration graduelle de lapêche comorienne dans les marchés d’expor-tation.

Le gouvernement, avec la participation desintervenants du secteur, entend soutenir lese"orts de valorisation et de promotion desproduits de la pêche pour accroître la créationd’emplois et de revenus.

Une plus grande capacité de conservation etde transformation des produits halieutiquesréduira les pertes et est une condition essen-tielle au développement du secteur. Le gou-

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

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vernement entend favoriser l’accroissementdes capacités de conservation et de transfor-mation. Par ailleurs, des e"orts doivent êtrefaits pour trouver de nouveaux débouchésplus lucratifs pour absorber un accroissementdu volume des prises et le développement denouveaux produits.

La modernisation de la pêche demandera desinvestissements pour l’aménagement de pe-tits ports de pêche, la construction de hangarsde stockage et de chambres froides ainsi quel’aménagement des pistes pour accéder auxréseaux des routes nationales a!n de permet-tre un écoulement rapide des prises vers lescentres de consommation.

Secteur du tourisme

Les Comores ont un avantage comparatif in-déniable au niveau touristique, mais inex-ploité, contrairement aux îles de l’OcéanIndien pour lesquelles le tourisme a été unmoteur puissant de développement. En 2007,les arrivées de touristes à Maurice et aux Sey-chelles s’élevaient respectivement à 906.000et 161.000 contre un peu plus de 20.000 auxComores. L’organisation Mondiale du Tou-risme a prévu un taux d’accroissement de6,3% l’an du secteur touristique, sur la pé-riode 1995-2020, dans la région de l’OEAIndien.

La contrainte principale aux Comores est lemanque d’établissements hôteliers. En 2005,la capacité d’accueil pour les trois îles de l’ar-chipel était de 238 chambres, soit 472 lits. Larépartition géographique était très inégale,

soit 83% des chambres à Ngazidja, 9% à Mo-héli et 8% à Ndzuwani. Le niveau de confortet d’équipement varie très fortement, et seu-lement un quart est du niveau trois étoiles.Aucun de ces établissements ne propose untourisme balnéaire. L’absence d’établisse-ments touristiques de classe internationaleest étroitement liée aux di#cultés politiquespersistantes depuis 1997.

Parmi les handicaps transversaux, citons (i)les coûts élevés du transport aérien entre lesComores et les pays émetteurs et entre les îlesde l’archipel. En outre, la plupart des com-munications ne sont pas directes, ce qui al-longe le temps de transport ; (ii) le coût élevédu crédit et l’importance de l’investissementrequis pour la construction des infrastruc-tures hôtelières.

En 2007, deux accords de !nancement im-portants ont été conclus pour la mise en va-leur du nord de l’île de la Grande Comore ;l’un avec Dubaï World, portant sur la créa-tion d’un nouveau complexe touristique surle site de l’ancien hôtel Galawa, et l’autre avecComores Gulf Corporation pour la construc-tion d’un village touristique près du Lac saléet la rénovation de l’hôtel Itsandra à Moroni.

Une politique de développement touristiqueparaît donc aujourd’hui possible, dont les ef-fets d’entraînement sur l’économie et sa di-versi!cation pourraient être ressentis dès2010. L’importance et la qualité des e"ets àtravers l’économie sont toutefois très variablesen fonction de sa capacité à fournir des pro-duits locaux –fruits et légumes, produits de

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l’élevage et de la mer, matériaux de construc-tion, des services (micro-entreprises) et del’emploi. A cet égard, on notera dans la pers-pective d’une politique de réduction de lapauvreté, l’importance de l’emploi créée di-rectement et indirectement, la possibilitépour de nombreux emplois de formationcourte ou même sur le tas, et le pourcentageélevé d’emplois féminins.

Le créneau visé est celui des touristes declasse moyenne et moyenne supérieure. Ils’agit essentiellement d’un tourisme balnéairebasé sur les magni!ques plages que comptentles Comores, avec toutefois une connotationd’éco-tourisme autour des particularités,uniques au monde, o"ertes par les Comores,comme les promenades pédestres vers le cra-tère volcanique du Kartala, la découverte dela plus grande chauve-souris connue qui vitdans la forêt vierge ou encore le cœlacanthe,un poisson vieux de plusieurs millions d’an-nées que l’on croyait disparu et le site extra-ordinaire du parc national marin de Mohélioù les baleines se retrouvent pour procréer.

La relation entre tourisme balnéaire et éco-tourisme est souvent perçue comme celled’une relation antagonistique. Cette visionest fausse et est contredite par de nombreuxexemples dans le monde : il y a en fait com-plémentarité entre les deux formes de tou-risme et non pas opposition. Par exemple,c’est le tourisme balnéaire qui apporte l’indis-pensable massi!cation qui permettra de ré-duire les coûts de transport et d’augmenter lafréquence et la qualité des connections inter-nationales et nationales. Cette diminution

des coûts favorisera le développement del’éco-tourisme qui à son tour apportera l’op-portunité d’expériences uniques à ceux quichoisissent l’option du tourisme balnéaire.L’option retenue par les Comores sera donccelle d’un développement balnéaire maîtrisé,ouvert sur les opportunités culturelles et éco-logiques que le pays o"re.

Un programme prioritaire a été identi!é pourrelever le dé! du développement du secteurtouristique.

Programme 2.9 : Appui au développementtouristique

L’État continuera la politique actuelle de re-cherche d’investisseurs internationaux pourla mise en œuvre de projets touristiques degrande envergure, répondant aux normes in-ternationales. Il est souhaitable que les pro-chains projets se situent dans les îles deMohéli et d’Anjouan a!n d’assurer un déve-loppement équilibré entre les îles. La poli-tique actuelle sera in%échie pour créer despôles de développement touristique, quicomprendront (i) un plan d’aménagementdes sols, (ii) des actions d’aménagement desaéroports et ports, des routes, et de l’accès àl’électricité, (iii) la liberté du ciel a!n d’intro-duire la concurrence entre les compagnies detransport aérien, (iv) la passation de contratsd’approvisionnement entre les hôtels et lescommunautés paysannes, (v) l’appui au déve-loppement de micro-entreprises et d’activitésgénératrices de revenus. A!n d’assurer unmaximum de synergie, des PPP seront déve-loppés avec les opérateurs économiques et les

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

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collectivités locales. Par ailleurs, le dévelop-pement de l’hôtellerie d’a"aires dans les villessera encouragé ainsi que les microréalisationsd’hébergement en milieu rural.

La promotion du produit touristique como-rien sera assurée à travers l’Internet (créationd’un site Web interactif ), la réalisation d’unCD-ROM, de brochures et prospectus, laparticipation ciblée à des foires touristiques.Sur le plan des aménagements d’éco-tou-risme, des sentiers de randonnées serontaménagés et balisés, les monuments et siteshistoriques réhabilités et la production fol-klorique et artisanale encouragée. Des zonesde protection de la faune et de la %ore serontcrées dans les trois îles et des moyens addi-tionnels seront mis en place pour entretenirle parc marin de Mohéli et y réprimer le bra-connage.

Des e"orts considérables seront aussi faitspour améliorer la formation professionnelleaux di"érents métiers de l’hôtellerie et de larestauration. En attendant que les capacitéslocales de formation se mettent en place, desformations dans les pays de la région serontorganisées pour recycler le personnel hôtelierexistant et former les jeunes. Il faudra aussiveiller à un apprentissage des langues, notam-ment l’anglais et l’arabe.

La mise en œuvre de cet ambitieux pro-gramme demandera un renforcement de laDirection du Tourisme, qui à terme pourraitse transformer en ministère. Pour le moyenterme, la création d’un O#ce du Tourismeest envisagée mais pendant les deux ou trois

prochaines années ses fonctions peuvent êtreremplies par les capacités existantes, en at-tendant le décollage e"ectif du tourisme, quiaura lieu en 2010/2011, avec l’ouverture desdeux grands complexes touristiques en coursde réalisation dans le nord de la Grande Co-more. Dans l’immédiat, la priorité devraitêtre donnée à la mise en place d’un méca-nisme de coordination, regroupant les minis-tères concernés, les opérateurs économiqueset les municipalités.

C3. AXE STRATEGIQUE III : RENFORCERLA GOUVERNANCE ET DE LA COHE-SION SOCIALE

Aux Comores, l’instabilité politique consta-tée depuis l’accession du pays á l’indépen-dance favorise peu la bonne gouvernance, ledialogue social et le renforcement de l’état dedroit. Cette situation a pour conséquencel’a"aiblissement de l’autorité de l’État, le dis-fonctionnement des institutions et de l’admi-nistration, l’a"aiblissement de la cohésionnationale, le non respect des textes juridiqueset réglementaires, toutes choses qui résultenten une augmentation de la pauvreté.

La bonne gouvernance et la cohésion socialesont donc des conditions nécessaires à la ré-duction de la pauvreté aux Comores. Le gou-vernement de l’Union souhaite consolider leprocessus de réconciliation nationale‚ de dia-logue social, de démocratisation et opération-naliser le processus de décentralisation pourque les îles et les organisations de la sociétécivile soient de plus en plus responsabiliséeset impliquées dans les processus de gestion

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du développement.

Les relations entre l’Union et les îles sont dif-!ciles, quelques fois paralysées, en raison del’imprécision de l’articulation des responsa-bilités entre les administrations. Les institu-tions font face à des imprécisions qui sontparalysantes et sources de con%its. Il existe àtous les niveaux, chez les techniciens, une de-mande forte de clari!cation. Des progrèssont toutefois observés dans certains secteurscomme l’éducation et pourraient être répli-qués. Le Gouvernement est conscient desproblèmes et est décidé à y faire face.

Parallèlement, il faudra au niveau de la miseen œuvre des programmes et politiques im-pliquer de manière systématique les instancespolitiques et techniques des îles, et les com-munautés a!n d’élaborer une programmationplus !ne, jusqu’au niveau communal et com-munautaire. Cela ne pourra être fait que demanière progressive, au fur et à mesure quedes informations statistiques désagrégées au-ront été rassemblées et analysées et que lescapacités de mise en œuvre auront été déve-loppées au niveau des communes et organi-sations professionnelles de base. A cet égard,une démarche participative au niveau descommunautés est incontournable. Sa mise enœuvre demandera des e"orts importants, éta-lés sur plusieurs années, de formation et d’en-cadrement des cadres locaux.

La justice est un autre élément clé dans unÉtat de droit. Elle protège la paix publiqueen réglant les con%its qui opposent les indi-vidus ; qui dit « droit », substitue la peine lé-

gale à la vengeance privée, réduit les troublessociaux causés par le crime et par l’e"et de sesdécisions, et sauvegarde les libertés indivi-duelles.

À travers cet axe, le gouvernement souhaiterenforcer les capacités individuelles et insti-tutionnelles de gouvernance démocratique envue d’asseoir une cohésion sociale, un cadrejuridique cohérent, et des mécanismes deprotection sociale et de sécurité civile baséssur la promotion des droits humains et latransparence dans la gestion des a"aires pu-bliques.

Quatre (4) programmes prioritaires ont étéidenti!és pour mettre en œuvre l’axe 3. Ils’agit de :

Programme 3.1: Promouvoir la bonne gou-vernance, la cohésion sociale, la solidarité etla consolidation de la paix ;Programme 3.2: Améliorer le cadre juridique,promouvoir la lutte contre la corruption etrenforcer la transparence dans la gestion desa"aires publiques ;Programme 3.3 : Renforcer les capacités del’institution judiciaire ;Programme 3.4 : Lutter contre le terrorisme,la criminalité transnationale et renforcer lasécurité civile.

Programme 3.1: Promouvoir la bonne gou-vernance, la cohésion sociale, la solidarité etla consolidation de la paix

Les Comores ont connu ces dernières annéesune situation politique di#cile qui a forte-

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

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ment ébranlé l’unité nationale. Dans lecontexte de la réconciliation nationale, unenouvelle constitution a été adoptée, dé!nis-sant un cadre institutionnel, dont la com-plexité exige une attention particulière dansla mise en place des institutions démocra-tiques a"érentes. Ce cadre institutionneldonne plus d’autonomie et de responsabilitéaux îles, mais représente un dé! dans sa miseen place et dans son opérationnalisation. Ladécentralisation contribuera à assurer unestabilité politique qui est nécessaire à la re-lance du développement et de la lutte contrela pauvreté. C’est aussi un moyen éprouvépour rapprocher le citoyen des gouvernants.Elle permet d’accroître l’e#cacité de la ges-tion du développement et une meilleure qua-lité des services publics‚ grâce notamment àl’implication des populations concernées.

La décentralisation sera poursuivie égale-ment au niveau communal : les institutionsseront mises en place ainsi que les formationsnécessaires pour les cadres communaux etpour informer la population de ses droits etdevoirs. Une assistance dans ce secteur estdéjà en cours avec l’Union Européenne.

Un autre chantier important sous ce premierprogramme est la réforme de la fonction pu-blique. Elle comprendra la maîtrise des e"ec-tifs et la clari!cation des relations entrel’Union et les îles pour réduire les duplica-tions, la réorganisation des ministères suivantles missions et les tâches à accomplir, des op-portunités de formation pour les fonction-naires pour élever le niveau de compétence etles services rendus au public, et la dotation en

moyen de fonctionnement et en équipement.L’informatisation sur une grande échelle aug-mentera la productivité des services tout encontribuant à di"user des pratiques de bonnegouvernance.

Finalement, il est aussi prévu des mesures derenforcement des organisations de la sociétécivile qui devraient leur permettre de jouerun rôle de contre-pouvoir démocratique.

Programme 3.2: Améliorer le cadre juridique,promouvoir la lutte contre la corruption etrenforcer la transparence dans la gestion desa"aires publiques

L’État joue un rôle central dans le processusde développement‚ entre autre par la fourni-ture de biens et de services publics et la coor-dination des actions de développement. Latransparence et l’imputabilité dans la gestiondes a"aires publiques permettent d’assurer unengagement e"ectif de tous les acteurs du dé-veloppement autour des priorités retenues.

Il est généralement admis que la corruptionest un phénomène répandu aux Comores.D’ailleurs, les audits réalisés au niveau de ladette intérieure et des entreprises publiquesattestent de ce fait. Cette corruption a desconséquences néfastes sur le développementdu pays. Elle tend à rendre l’économie natio-nale moins compétitive et l’investissementmoins attractif à cause des surcoûts et de l’in-certitude qu’elle engendre pour les opérateurséconomiques. Elle augmente les coûts desproduits et des services au consommateur,notamment ceux destinés aux pauvres qui

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n’ont que peu d’alternatives. Par ailleurs, lacorruption fausse le système d’incitations enintroduisant des distorsions dans le systèmede promotion sociale. À ce titre, la luttecontre la corruption se présente comme undé! majeur que le pays est décidé à relever.

Programme 3.3 : Renforcer les capacités del’institution judiciaire

Dans le pays, la justice rencontre d’énormesproblèmes structurels et fonctionnels qui af-fectent sa bonne marche et l’empêchent dejouer son rôle de défenseur des droits et deslibertés, en particulier pour les populationsvulnérables. L’accès de ces dernières à la jus-tice est limité par son éloignement du justi-ciable, le coût élevé du procès, les carencesdans l’assistance judiciaire et l’ignorance dudroit. Cette situation conduit certaines per-sonnes et certaines communautés à des règle-ments parallèles qui ne garantissent pasnécessairement la paix sociale et le respect desprincipes du droit contenus dans la loi.

Les sources de droit comorien ont donnénaissance à un système juridique au sein du-quel se superpose le droit musulman, lestextes de loi votés par le législateur comorienet le droit coutumier. Il serait judicieux depréconiser leurs conformités avec les dispo-sitions stipulées dans les pactes, traités etconventions régionaux et internationaux ra-ti!és par les Comores à l’instar de ce qui adéjà été fait pour la mise en œuvre de laconvention sur les droits de l’enfant et l’har-monisation du droit des a"aires avec lestextes de l’OHADA.

Les activités envisagées permettront de !na-liser l’architecture du système judiciaire enprenant les dispositions nécessaires pourmettre en œuvre les lois approuvées mais quin’ont pas été encore mises en vigueur, commepar exemple l’établissement de la Cour su-prême, de former et de spécialiser les juges,de renforcer les capacités de toute la chaînejudiciaire (avocat, gre#er, o#cier de policejudiciaire…), de promouvoir et disséminer ledroit commercial de l’OHADA et de rati!erles conventions internationales. Des instancesde conciliation et d’arbitrage sont prévuesa!n d’accélérer les procédures et de désen-gorger les tribunaux. Un e"ort sera aussi faitpour améliorer les conditions carcérales.

Programme 3.4 : Lutter contre le terrorisme,la criminalité transnationale et renforcer lasécurité civile

La sécurité des biens et des personnes et lalutte contre le terrorisme et la criminalitétransnationale constituent des enjeux globauxet incontournables pour tous les pays. Ene"et, les évènements du 11 septembre 2001ont altéré la perspective globale de paix et desécurité. La résolution 1373 du Conseil desécurité (28 sept 2001) note le lien entre leterrorisme international et le crime organisé,armes et tra!c de drogues, blanchiment d’ar-gent et contrebande de matériaux dangereux.La résolution 1373 est contraignante pourtous les États et a de profondes implicationspour le système juridique, le contrôle des %ux!nanciers et l’administration de la justice.Bien que les Comores soient un pays relati-

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

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vement sécuritaire, on dénote une augmen-tation de la criminalité et un besoin de ren-forcer la sécurité du territoire.

L’Union des Comores, comme plusieurs pays,est vulnérable à de possibles activités terro-ristes sur son territoire. Par sa nature géogra-phique (avec une zone maritime exclusive de240 000 km2) et ses faibles capacités techno-logiques, le pays est exposé à divers pro-blèmes liés à la sécurité.

Il est prévu notamment d’équiper les aéro-ports (scanner pour les marchandises) et dedoter les services de douane et de police dedeux vedettes et d’équipement de communi-cation pour assurer la sécurité de ses eaux ter-ritoriales.

C4. AXE STRATEGIQUE IV : AMELIORERL’ETAT SANITAIRE DE LA POPULATION

La santé est une dimension essentielle dubien-être d’une population et un déterminantde la productivité du travail. Les mauvaisesconditions sanitaires des pauvres résultent dela relation complexe entre la santé et la pau-vreté. La pauvreté est perçue dans le secteurde la santé à travers: (i) le faible accès aux ser-vices et à des soins de santé de qualité; (ii) lemanque d'infrastructures sanitaires, d'hy-giène et d'assainissement; et (iii) la recrudes-cence de la malnutrition et d’unealimentation de mauvaise qualité. Non seu-lement la pauvreté mène à une mauvaisesanté faute de soins adéquats, mais un mau-vais état de santé contribue à entretenir lapauvreté.

La tenue des États Généraux de la santé en2001, a fait le point sur la mise en œuvre duPlan National de Développement Sanitaire(PNDS) et de la réforme du système desanté. Des résolutions ont été prises pour éla-borer une politique nationale tenant comptede la nouvelle con!guration politico-admi-nistrative de l'Union des Comores ainsi quedes problèmes prioritaires de santé publiquequi se posent au niveau du pays. Cette poli-tique a été adoptée le 8 avril 2005. L'OMSapporte son concours à l’administration de lasanté pour procéder à la réactualisation duPNDS.

Quatre programmes prioritaires ont été iden-ti!és pour mettre en œuvre l’axe 4. Il s’agit de:

Programme 4.1 : Lutte contre le paludismeet les maladies prioritaires ;Programme 4.2 : Développement intégré dela santé sexuelle et génésique ;Programme 4.3 : Lutte contre le VIH/SIDAet les infections sexuellement transmissibles; Programme 4.4: Renforcement de l’e#cacitéet de l’e#cience du système de santé danstoutes ses composantes ;

Programme 4.1. Lutte contre le paludisme etles maladies prioritaires

Le paludisme demeure l’un des problèmes desanté publique les plus importants du pays.Malgré les résultats encourageants enregistrésces trois dernières années, cette a"ection reste

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le principal motif de consultation et d'hospi-talisation dans les structures médicales etcontribue à maintenir des taux d’absentéismeélevés dans les écoles et les lieux de travail.Tous les âges sont touchés par cette a"ection,mais les enfants de moins de 5 ans et lesfemmes enceintes constituent les deuxgroupes les plus vulnérables. La prévalencedu paludisme est plus élevée en milieu ruralqu’en milieu urbain, à cause notamment de lamoindre utilisation de moustiquaires impré-gnées d'insecticide dans les campagnes. D’au-tres maladies comme la tuberculose, la lèpre,le tétanos néonatal, la !lariose et la poliomyé-lite a"ectent la population, notamment lespauvres.

Le paludisme. À l’instar des pays d’endémiepalustre de la région africaine, le Gouverne-ment comorien a inscrit parmi ses prioritéssanitaires la lutte contre le Paludisme. Cecis'est traduit par l'adhésion du pays à l'initia-tive « Faire Reculer le Paludisme ». Cet en-gagement à l’Initiative RBM a conduit lepays à l'élaboration du premier plan straté-gique de lutte contre le Paludisme 2001-2006, puis au nouveau plan révisé 2007 -2012. Ce plan a pris en compte les Objectifsde la Déclaration d’Abuja ainsi que ceux desOMD.

Ce plan vise à réduire la prévalence, la mor-talité et la morbidité liées au paludisme d’aumoins 50% d’ci 2012. Les principales actionssont la prévention par l’utilisation à largeéchelle des moustiquaires imprégnées d’in-secticides longue durée (MIILD), l'utilisationciblée des pulvérisations intra domiciliaires

(PID) d’insecticide, le Traitement PréventifIntermittent (TPI) des femmes enceintes, letraitement des cas de paludisme par les Com-binaisons &érapeutiques à base d’Artémisi-nine (ACT) et la promotion de la lutte antilarvaire par des poissons larvivores.

Développement des programmes nationauxde lutte contre les maladies non transmissi-bles. La dégradation des conditions d’hygièneet d’assainissement, l’insu#sance du systèmenational de surveillance épidémiologique ca-ractérisée par l’absence d’un laboratoire na-tional de santé et l’absence de servicesd’inspection et de contrôle sanitaire exposentaussi le pays aux %ambées de maladies àtransmission vectorielle telles que les arbovi-roses et la !èvre jaune.

D’autres maladies comme la tuberculose, lalèpre, le tétanos néonatal, la !lariose et la po-liomyélite a"ectent la population, notam-ment les pauvres. Des programmes sont encours pour lutter contre ces maladies ou pourles éliminer ou les éradiquer. Ces pro-grammes seront soutenus et renforcés en vuede cibler de manière plus spéci!que les pau-vres. Des actions comme (i) le dépistage pré-coce et le traitement de la lèpre et de latuberculose seront renforcés ; (ii) il va demême pour la campagne de traitement pré-ventif de masse de la !lariose lymphatique et(iii) du programme élargi de vaccination pourla prévention de la poliomyélite, du tétanoset des autres maladies contrôlables par la vac-cination ; (iv) les services de surveillance etd’alerte des épidémies seront renforcés. Parailleurs, il est prévu l’adoption de mesures

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

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spéci!ques pour les cas aigus de malnutrition.

Les maladies non transmissibles, notammentle diabète sucré, les maladies cardiovascu-laires, l’hypertension artérielle, les cancers, lacécité et les psychoses mentales préoccupentles professionnels de la santé à cause desdécès de plus en plus fréquents dus à ces ma-ladies. Les données sur ces maladies sontquasi inexistantes. Par conséquent, il s’avèreurgent d’entreprendre des investigations pourévaluer leur prévalence au niveau de la com-munauté et de développer des programmesappropriés. Des mesures seront prises pourassurer la prise en charge des maladies non-transmissibles.

Programme 4.2 : Développement intégré dela santé sexuelle et génésique

Les populations défavorisées du milieu rural,en particulier, n'ont pas accès à des servicesde SR/PF de qualité, ce qui explique en par-tie les forts taux de fécondité (5,1 enfants parfemme) et de mortalité maternelle (381 pour100 000 naissances vivantes) et infanto-juvé-nile enregistrés (74 pour 1 000).

La faible disponibilité de services de SR/PFs’explique, entre autres, par la faible opéra-tionnalité des structures périphériques, liée àl’insu#sance de personnel quali!é (on y re-trouve presque exclusivement des in!rmiersde l'assistance médicale), à la vétusté des bâ-timents et à l’insu#sance de matériel adé-quat. Par conséquent, les populations sontcontraintes de se rendre dans les structuresde santé plus éloignées qui ne disposent, elles

non plus, de services de qualité répondant auxbesoins de ces populations. Ce qui impliquedes frais supplémentaires limitant l’accessibi-lité des pauvres aux soins de santé.

Outre les insu#sances du côté de l’o"re, lefaible taux d'utilisation des services de SR/PFs’explique par le manque d’intérêt que mani-festent les ménages ruraux et défavorisés pources services. Ceux-ci ne sont pas en généralconvaincus de l’importance de ces services,d’autant que leur coût représente un obstaclemajeur pour des femmes à faible revenu etaux grossesses répétées. Pour répondre à cettesituation, l‘option retenue par le Gouverne-ment est axée sur l’amélioration des servicesde santé reproductive dans les formations sa-nitaires périphériques. La formation du per-sonnel sera renforcée ainsi que les dotationsen équipements et en consommables. Lesservices seront dotés de moyens de transportpour les urgences obstétricales. Il est aussiprévu la réhabilitation de 49 postes de santéet de 15 centres de santé de district. Des ac-tions relevant de la communication socialeseront sous-contractées avec les radios ruraleset les ONG pour sensibiliser la population,notamment les plus jeunes.

Programme 4.3 : Lutte contre le VIH/SIDAet les infections sexuellement transmissibles

Le taux de prévalence de l’infection à VIHest encore faible dans le pays. Toutefois, lerisque d’une explosion est possible en raisonde la pauvreté en tant que facteur contribuantau SIDA, du faible taux d’utilisation des pré-servatifs, de la montée croissante d’une pros-

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SCRP

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titution surtout clandestine, de la multiplica-tion des échanges avec des pays fortementtouchés par la pandémie, d’un retour massifd’une diaspora comorienne très jeune ainsique la prévalence élevée des IST. De plus, lafaible connaissance des modes de transmis-sion du VIH et des méthodes préventives ap-propriées rend la population très vulnérableà ce %éau.

Même si le taux séroprévalence est estimé à0,09 en 1999 et à 0,025% en 2003 aveccon!rmation d’une prédominance chez lesexe féminin et chez les adultes de 15 à 49ans (0,13%), une explosion est possible etdoit être prévenue dès maintenant.

Les facteurs de nature à favoriser l’extensionde l’épidémie sont présents. Il s’agit en parti-culier de : (i) la prévalence élevée des infec-tions sexuellement transmissibles ; (ii) unniveau faible de connaissance sur les modesde transmission et de prévention du VIHdans la population générale ; (iii) une faibleutilisation du préservatif lors des rapportssexuelles occasionnels ; et (iv) des attitudesdiscriminatoires à l’égard des personnes vi-vant avec le VIH/SIDA.

Ce programme vise à maîtriser la propaga-tion du VIH/SIDA et à réduire l’incidencedes IST. Pour atteindre ces résultats, les me-sures envisagées sont : la construction dedeux nouveaux centres de dépistage; laconstruction et l’équipement d’un CentreNational de transfusion sanguine; la sensibi-lisation des populations, en particulier desjeunes et des personnes à risque, et la distri-

bution des préservatifs. En outre, les dispen-saires seront approvisionnés en médicamentsAnti-Rétro-Viraux et le personnel recevrades formations appropriées. Des actions decommunication sociale seront lancées dansles écoles pour sensibiliser les jeunes et les or-ganiser en groupe de soutien mutuel. Finale-ment, il est prévu de réaliser une enquêtenationale pour évaluer l’évolution de la pro-pagation de la pandémie.

Programme 4.4 : Renforcement de l’e#cacitéet de l’e#cience du système de santé danstoutes ses composantes

La gestion des soins de santé a"ecte direc-tement la qualité des services de soins desstructures de santé en général. Elle a un im-pact sur l’accessibilité de soins, la maîtrise desdépenses de santé par une utilisation plus ef-!cace des ressources !nancières, humaines etmatérielles disponibles. Conscient de ce pilierdu DSCRP, la Politique Nationale de Santé(PNS) de février 2005 prévoyait sept pointsd’opérationnalisation. Ces points sont tou-jours valables car très peu de progrès ont eulieu entre 2005 et aujourd’hui. Les actionsdécrites ci-dessous seront engagées dans lecadre de la présente SCRP :- l’engagement politique de l’État en vued’augmenter la part du budget de la santédans le budget national à la hauteur de 15%;- l’utilisation de la technique de la « partici-pation simulée » qui consiste à négocier avecles communautés pour que chacun prenneconscience de l’intérêt à participer à la ges-tion et au !nancement des services de santé.

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

Page 123: ONU Comores

Il faut considérer les usagers des structures desanté comme des vrais partenaires ; - l’égalité et l’équité dans les structures desanté, d’où une meilleure administration pluse#cace et plus e#ciente, un exercice plus ri-goureux des responsabilités envers les popu-lations et des services plus performants et unemeilleure qualité de soins. - des actions de formation des cadres desanté, la révision du plan de développementdes ressources humaines et la mise en placed’un système informatisé seront entreprispour améliorer l’e#cacité des services desanté;- la création et la gestion d’un environnementfavorable à la santé: accès à l’eau potable et àl’assainissement, la salubrité et la sécurité del’environnement, des régimes alimentairesappropriés et des modes de vie favorables àla santé ;- l’approche contractuelle entre les interve-nants de la santé, sans le désengagement del’État pour !nancer la santé ;- la diversi!cation des modes de !nancementde la santé, notamment par : (i) le renforce-ment du système de mutuelle ; (ii) la créationd’un système d’assurance maladie qui concer-nerait dans un premier temps les sociétésd’État, les grandes sociétés privées et lesfonctionnaires de l’État (Les systèmes devraitêtre améliorés puisque certaines de ces socié-tés (SNPT, MAMWE, etc.) prennent déjàpartiellement en charge les soins de santé deleurs employés) ; et (iii) la mise en place pro-gressive d’une assurance dans les communau-tés qui s’appuierait sur les réseaux deMutuelles de Crédit (MECK) dans les Cen-tres Urbains et des Caisses d’Épargne dans

les villages (SANDUK).

C5. AXE STRATEGIQUE V : DEVELOPPE-MENT DE L’EDUCATION ET DE LA FOR-MATION PROFESSIONNELLE EN VUED’AMELIORER LE CAPITAL HUMAIN

La pauvreté n’est pas seulement due à la fai-blesse des revenus. Elle est également le ré-sultat d’un manque d’accès aux di"érentesformes de capital, en particulier de capitalhumain. Le secteur éducatif a un rôle straté-gique à jouer dans cette perspective car il estle mécanisme privilégié de transmission desvaleurs sociales et de développement descompétences qui permettront aux individusde trouver les moyens et la motivation deconstruire un pays où il fait bon vivre.

La formation des ressources humaines est es-sentielle au développement économique car,dans une économie de marché de plus en plusintégrée, la compétitivité des entreprises etl’attrait du pays pour les investisseurs étran-gers potentiels dépendent en bonne partie dela disponibilité d’une main-d’œuvre quali!éeen quantité su#sante dans les domaines ap-propriés. En particulier, il y a une forte de-mande insatisfaite pour des diplômés del’enseignement technique et professionnel.

Le Ministère de l’Éducation Nationale, del’Enseignement Supérieur et de la Recherches’est doté en 2005 d’un Plan Directeur del’Éducation et de la Formation qui couvreune période de cinq ans : 2005 – 2009. Ceplan s’est inspiré notamment du Plan Natio-nal de l’Education pour Tous et du DRSP-

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SCRP

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Intérimaire. La part des dépenses en éduca-tion dans les dépenses totales de l’État estpassée de 19,6% en 2004 à 39% en 2007selon le rapport 2008 de l’ODEROI. Unepart importante du budget de l’Etat est doncconsacrée à l’éducation, considérée comme unsecteur hautement prioritaire. Les dépensespubliques totales d’éducation représentent3,1% du PIB en 2004. Cela reste insu#santpar rapport à l’objectif de 6% du PIB recom-mandé au niveau international. En outre, lesretards de plusieurs mois dans le paiementdes salaires minent le moral des enseignants.

En dépit de certains progrès réalisés pendantles dix dernières le système éducatif comorienprésente encore des lacunes graves. Ces dé!-ciences et les raisons qui les sous-tendentavaient été analysées et reconnues dans laSCRP intérimaire. Ces analyses sont toujoursvalables. Dans le cadre de la SCRP 2010-2014, il conviendra de revoir les allocationsbudgétaires et les a"ectations de personnelvers les secteurs les plus prioritaires. Il faudraaussi augmenter la qualité et l’e#cacité del’éducation, ce qui impliquera de compléteret d’améliorer la formation du corps ensei-gnant, un dispositif de suivi des professeurset l’élimination progressive de la double va-cation. De plus, l’enseignement technique etla formation professionnelle reste un dessous-secteurs les moins fréquentés faute destructures d’accueil su#sante. Il béné!cie detrès peu d’investissements, malgré son impor-tance indéniable dans le développement éco-nomique du pays, son rôle évident pourl’insertion des jeunes dans le marché du tra-vail et la réduction du chômage et de la pau-

vreté. Ce secteur fera l’objet d’une attentionparticulière de même que l’enseignement su-périeur pour permettre de former des profes-sionnels et des cadres susceptibles derépondre aux besoins du marché du travail.

Quatre programmes prioritaires ont été rete-nus dans le cadre de l’axe 5. Il s’agit de : Programme (5.1) : Développement de l’édu-cation, de l’enseignement technique et de laformation professionnelle en adéquation avecle marché de l’emploiProgramme (5.2) : Amélioration de l’accès etla qualité de l’éducation de base (préscolaireet élémentaires) et secondaireProgramme (5.3) : Développement des res-sources humaines compétentes et de l’ap-proche sectorielle (Swap) en Education Programme (5.4) : Promotion de l’Alphabé-tisation et des activités sportives et de cultu-relles

Programme 5.1: Développement de l’éduca-tion, de l’enseignement technique et de la for-mation professionnelle en adéquation avec lemarché de l’emploi

Dans la perspective de la lutte contre la pau-vreté l’enseignement technique et la forma-tion professionnelle constituent un outilmajeur pour contribuer au développement ducapital humain. La formation des ressourceshumaines, et surtout d’une main d’œuvrequali!ée et compétente, est essentielle au dé-veloppement durable du pays, et donc pourla croissance économique. Elle permet d’unepart, aux béné!ciaires de disposer d’un métierpermettant d’améliorer les conditions de vie

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

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de leurs ménages et, d’autre part, dans uncontexte de mondialisation où la compétiti-vité des entreprises devient de plus en plusgrande, elle favorise l’attrait d’investisseursétrangers potentiels qui exigent entre autresl’existence d’une main-d’œuvre quali!ée enquantité su#sante.

Il convient de promouvoir l’enseignementtechnique au niveau du premier cycle du se-condaire et de développer un programme vo-lontariste de formation professionnelle enfaveur des jeunes déscolarisés et non scolari-sés et des adultes qui constituent une propor-tion importante de la population active, pourleur permettre de mieux s’insérer dans la viesocioprofessionnelle du pays.

En matière de formation technique et pro-fessionnelle, la priorité consistera à réorgani-ser le sous-secteur, à réhabiliter les écolesexistantes, à en construire des nouvelles et àles équiper en matériels adéquats, à diversi!erl’o"re de formation et à former les forma-teurs. Cette option doit nécessairement tenircompte des besoins de développement dupays.

Dans le contexte de réconciliation nationale,l’Université est un instrument incontournablede la cohésion sociale et de la consolidationde l’unité nationale. Dans ce sens, elle est ap-pelée à jouer un rôle fondamental dans lerenforcement de l’identité nationale et la pro-motion d’un nouvel esprit citoyen. À cet e"et,l’université doit disposer d’un environnementapproprié et attrayant, et des capacités d’ac-cueil su#santes pour satisfaire la demande de

formation des cadres intermédiaires et supé-rieurs dans les domaines jugés prioritairespour le développement du pays.

Elle doit également diversi!er son o"re deformation suivant le double objectif de satis-faire les aspirations des jeunes répondant àleur demande de formation tout en tenantcompte des enjeux édictés par la mondialisa-tion.

Programme 5.2: Amélioration de l’accès et laqualité de l’éducation de base (préscolaire etélémentaires) et secondaire

L’éducation préscolaire n’existe pas dans lesystème éducatif formel comorien. La priseen charge de la protection et de l’éducationde la petite enfance sont assurées par l’écolecoranique (institution séculaire fortementancrée dans le pays et présente dans toutes leslocalités) et depuis peu, par l’école maternellede type occidental implantée principalementdans les centres urbains, mais qui accueilleune in!me partie des enfants de la tranched’âge de 3 à 5 ans. Pourtant, les études ten-dent à con!rmer qu’une éducation satisfai-sante de la petite enfance, tant au sein de lafamille que dans le cadre de programmes plusstructurés, ont un impact positif sur le déve-loppement et les capacités d’apprentissagedes enfants. Ce programme vise à renforcerles capacités d’accueil et d’encadrement desenfants.

Dans la perspective d’atteindre une éducationde qualité pour tous à l’horizon 2015, le gou-vernement se doit de réhabiliter, construire et

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SCRP

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équiper des salles de classe, réactualiser lesprogrammes et les méthodes d’enseignementen renforçant les disciplines scienti!ques,renforcer les langues d’enseignements notam-ment le français, assurer la formation initialeet continue des inspecteurs pédagogiques etdes enseignants aussi bien du niveau élémen-taire que secondaire, renforcer les capacitésdes institutions de formation, faciliter la dis-ponibilité et l’accessibilité des manuels sco-laires aux élèves et des matérielspédagogiques et didactiques aux enseignants,pour garantir l’e#cacité de l’apprentissage etaméliorer la performance du système éduca-tif. Des mesures d’accompagnement, d’accré-ditation et de contrôle doivent permettre deconstruire un partenariat solide et constructifentre le public et le privé. Ce programme apour objectif d’améliorer l’o"re et la qualitéde la formation académique aux niveaux descycles primaire et secondaire.

Programme 5.3: Développement des res-sources humaines compétentes et de la Swapen Éducation

Renforcer les capacités des cadres interve-nants dans le secteur de l’éducation en ma-tière de plani!cation, de gestion et desuivi-évaluation se traduira par une utilisa-tion plus e#cace des ressources allouées ausecteur. Actuellement, la faible performancedu secteur s’explique en partie par un manquede capacité dans les unités administratives etles structures de suivi et de coordination. Ilimporte de veiller à une meilleure formationdes enseignants, tout cycle confondu, à com-mencer par la formation des formateurs.

Un autre facteur handicapant est l’absence demoyens de fonctionnement et l’irrégularitédes paiements des salaires des enseignants,d’où des grèves fréquentes des enseignants.Le renforcement institutionnel du secteuréducatif devra s’insérer dans le cadre pluslarge de la réforme budgétaire et d’une amé-lioration de la gestion des !nances publiques.

Programme 5.4: Promotion de l’Alphabéti-sation et des activités sportives et de cultu-relles

L’analphabétisme constitue un des princi-paux obstacles au développement social etéconomique du pays. L’analphabétisme re-présente un dé! majeur à relever dans la pers-pective d’atteindre l’éducation pour tous àl’horizon 2015 et pour atteindre les objectifsdu millénaire pour le développement.Jusqu’ici, les Comores ne disposaient pasd’une politique d’éducation des jeunes nonscolarisés ou en situation de retour à l’anal-phabétisme. Les femmes, en particulier, sontles plus touchées par l’analphabétisme.

Le taux cumulé d’analphabètes reste encoretrès élevé aux Comores. Il est estimé à 40,9%selon l’enquête MICS 2000 et concerne par-ticulièrement des populations économique-ment productives. Cette situation constitue àla fois un frein à la croissance économique etun facteur de vulnérabilité et de paupérisa-tion. Une action conséquente doit être entre-prise dans le cadre de la lutte contre lapauvreté pour permettre à cette importantetranche de la population active d’acquérir les

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

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connaissances et compétences nécessaires àl’amélioration de leurs conditions de vie et departiciper e#cacement à l’e"ort commun dereconstruction de l’économie nationale etainsi d’améliorer, individuellement et collec-tivement, leurs conditions de vie.

C6. AXE STRATEGIQUE VI : PROMOU-VOIR LA DURABILITE DE L’ENVIRONNE-MENT ET LA SURETE CIVILE

Les contraintes qui a"ectent les Comoressont similaires à celles qui ont été identi!éespour les PEID par l’Agenda 21 et le pro-gramme d’action de la Barbade : fragilité éco-logique et économique ; forte vulnérabilitéaux changements climatiques et aux catas-trophes naturelles, faible capacité de réponseet de gestion, ainsi que l’étroitesse de la basedes ressources et les coûts élevés de l’énergie.La politique nationale et le plan d’action en-vironnementale, qui constituent les docu-ments de référence, ont révélé des tendanceset menaces environnementales lourdes etpréoccupantes. Celles-ci concernent la dégra-dation des terres et la déforestation, l’absenceou la mauvaise gestion des ressources natu-relles, la détérioration de l’environnement etle manque d’outils de gestion adaptés des mi-lieux urbains et des zones côtières ainsi quel’absence de politiques intégrées prenant encompte la dimension transversale de l’envi-ronnement.

Le cadre politique, économique, juridique etréglementaire n’est pas approprié au contexteactuel et nécessite d’être révisé ou complétéen tenant compte de l’autonomie accordéeaux îles : (i) le cadre organique promulgué ne

dé!nit pas le partage entre l’Union et les îlesdes compétences relatives à la gestion et laprotection de l’environnement, (ii) de nom-breux textes d’application de la Loi Cadre re-lative à l’Environnement n’ont jamais étéélaborés, (iii) le cadre juridique national n’apas été révisé pour constituer un cadre habi-litant de mise en œuvre des conventions ra-ti!ées par le pays, (iv) il n’y a pas d’institutionen charge de l’élaboration, de la révision et del’harmonisation des textes juridiques relevantde di"érents secteurs ; (v) Il existe une ina-déquation entre les ressources humaines pré-vues dans les cadres organiques et les besoinspour remplir les missions dévolues aux insti-tutions. Les moyens !nanciers propres prévuspour équiper et faire fonctionner les direc-tions sont quasi-inexistants. En conséquence,ces institutions ne sont pas en mesure deremplir les missions qui leurs sont dévoluesnotamment la plani!cation, la coordination,l’animation, l’encadrement et la sensibilisa-tion. Six programmes prioritaires ont étéidenti!és pour relever ces dé!s.Programme 6.1: Conservation de la biodiver-sité et partage équitable des avantages qui endécoulentProgramme 6.2: Conservation et valorisationde l’agro biodiversitéProgramme 6.3: Adaptation au changementclimatiqueProgramme 6.4 : Eco assainissement des !-nances publiquesProgramme 6.5: Développement des capaci-tés de gestion et de coordination multisecto-rielle de l’environnementProgramme 6.6. Mise en place des méca-nismes de prévention et de gestion desrisques liés aux catastrophes naturelles et cli-

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SCRP

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matiques

Programme 6.1: Conservation de la biodiver-sité et partage équitable des avantages qui endécoulent

Aux Comores, la quasi-totalité des activitésde subsistance de la population sont baséessur l’exploitation directe des ressources natu-relles. Ces dernières constituent ainsi la prin-cipale source de revenu pour les catégories dela population, les plus touchées par le dramede la pauvreté humaine et monétaire. Or, cesressources et les écosystèmes associés sontmenacés par des activités d'exploitation noncontrôlée, au risque de compromettre defaçon irréversible, ce potentiel économiqueessentiel. L’enjeu correspondant à cette préoc-cupation est que la conservation de la biodi-versité contribue au développement socioéconomique durable du pays ; en particulierles communautés locales, constituant la ma-jorité de la population et qui dépendent desressources naturelles pour leur survie.

L’exploitation durable et la valorisation desressources naturelles sont incontestablementdes leviers essentiels pour renverser les ten-dances actuelles, marquées par une paupéri-sation et une marginalisation croissantes despopulations et améliorer ainsi leurs condi-tions de vie. L’outil adéquat et envisagé à ceniveau est la création et l’opérationnalisationd’un réseau d’aires protégées, cogéré avec lescommunautés villageoises. Au-delà des di-mensions de protection de l’environnementet de gestion durable des ressources naturellesdes zones à protéger, ces dernières ont aussi

comme vocation principale de servir d’outilsd’attrait et de rayonnement de la vocation écotouristique exceptionnelle et latente que lesComores n’ont toujours pas su valoriser et detirer tous les béné!ces que le pays peut es-compter pour contribuer au développementéconomique et à son progrès social.

Programme 6.2: Conservation et valorisationde l’agro biodiversité

Il existe aux Comores un type d’agroforeste-rie traditionnelle qui comporte de nombreuxavantages en termes de conservation du mi-lieu (sol, eau, habitat pour les espèces defaune et de %ore), de même qu’en termes deproduction (alimentaire, bois d’œuvre eténergie). Ce système de culture ancestrale auxComores est très stable et permet une cou-verture permanente du sol, réduisant l’éro-sion, favorisant l’alimentation des eaux desurface, et permettant une excellente valori-sation de l’espace au niveau de la parcelle parl’étalement des cycles de production. On re-trouve plusieurs types de systèmes agro fo-restiers traditionnels en fonction desconditions écologiques des sites, de leur ex-position, des sols et de leur drainage.

La spéci!cité des produits comoriens reposed’une part sur les méthodes de productiontraditionnelles qui répondent aux exigencesde la culture agrobiologique et, d’autre part,à la présence de variétés endémiques aux Co-mores ou devenues rares à l'échelle régionale.Les caractéristiques génotypiques des varié-tés présentes aux Comores ont été conser-vées, notamment en raison de la reproduction

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

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végétative pratiquée pour la vanille et de l’ab-sence de programmes d’introduction de nou-velles des variétés pour ces espèces. Laconservation et l’utilisation durable des es-pèces et variétés cultivées aux Comores pré-sente ainsi des béné!ces importants àl’échelle régionale et mondiale, en assurant laconservation d'un matériel génotypiqueunique au pays ou à la sous-région et la pré-servation d'un potentiel adaptatif de ces cul-tures de rente à l'échelle régionale.

L’amélioration de la productivité de ce sys-tème et sa stabilisation devraient permettrede limiter la déforestation et l’extension desterres cultivées au détriment des forêts natu-relles, contribuant ainsi à la fois à la conser-vation de l’agro biodiversité et à celle de ladiversité biologique des écosystèmes fores-tiers.

L’enjeu à ce niveau est donc de conserver etde valoriser les variétés et les espèces d’im-portance agricole et les systèmes agro fores-tiers traditionnels particuliers aux Comoresainsi que d’en promouvoir l’exploitation.

Programme 6.3: Adaptation au changementclimatique

Comme la plupart des milieux tropicaux fra-giles, les îles Comores sont très vulnérableset sensibles aux changements climatiques.Les e"ets aujourd’hui connu des change-ments climatiques sur les écosystèmes etdonc les ressources productives, les espècesvégétales et animales, et sur le milieu marinsont des éléments de grande préoccupation

pour un petit pays insulaire comme les Co-mores. Au-delà des catastrophes naturelles,les changements climatiques sont suscepti-bles d’entraîner des changements irréversiblesdans les modes de vie et de production despopulations, et de compromettre les condi-tions de vie déjà précaires de nombreusescommunautés.

Les e"ets liés aux changements climatiquesportent sur les pertes accélérées des bandesde terres côtières, la diminution de la produc-tion agricole et halieutique, la contaminationdes nappes aquifères côtières par l’eau de meret le déplacement de plus 10% de la popula-tion côtière. À l’instar des PEID , les Co-mores souscrivent aux objectifs de réductiondes émissions de gaz à e"et de serre et adhè-rent aussi au principe d’anticiper les phéno-mènes liés aux changements climatiques etde s’y préparer. Diversi!cation des sourcesd’énergie pour tendre vers l’autonomie éner-gétique et limiter le déboisement des forêtsnaturelles, en développant des projets pilotesà partir d’autres sources d’énergie, dont l’éner-gie éolienne, le solaire, l’hydroélectricité etdes parcelles de reboisement communautairepour le bois de chau"e.

Les changements climatiques auront doncdes impacts importants sur la santé, la sécu-rité alimentaire, l’activité économique, les res-sources en eau et l’infrastructure physique.Ces impacts sont de nature à provoquer desbouleversements dans cet archipel dont l’éco-nomie et la vie sont largement tributaires del’agriculture, du tourisme, de la pêche et dontles populations vivent majoritairement sur le

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4AXES STRATÉGIQUES ET PROGRAMMES PRIORITAIRES

littoral. La dérive climatique risque d’anéan-tir, en particulier, les e"orts de développe-ment engagés et les stratégies spéci!quespour la sécurité alimentaire et la réduction dela pauvreté. Ainsi, les changements clima-tiques ajoutent-ils de nouvelles di#cultésdans la progression vers le développementdurable. Le nouveau dé! consiste aujourd’huià faire face aux impacts actuels et futurs deschangements climatiques et à prendre la me-sure nécessaire pour atténuer les impacts

Programme 6.4 : Eco assainissement des !-nances publiques

L’intégration de la dimension écologiquedans la sphère des !nances publiques et dansle !nancement de l’activité économique estune démarche tout à fait nouvelle aux Co-mores. Le système !scal comorien n’a pas in-tégré les préoccupations classiques de luttecontre la pollution et de préservation des res-sources naturelles et des écosystèmes. Il en estde même pour les mesures incitatives desti-nées à promouvoir les activités positives pourl’environnement. Le code de marché publicquant à lui, n’exige pas l’intégration desclauses environnementales dans les appelsd’o"re publique. Le décret instituant lesétudes d’impacts ne s’est pas traduit par uneapplication concrète, en raison de l’absencedes dispositions pratiques de mise en œuvreet d’une méconnaissance totale des disposi-tions législatives s’y rapportant.

Le réseau des IFD en gestation aux Comoresne s’est pas donné, tout au moins en pratique,la vocation de porter les enjeux que sous-tendla !nance éthique, hormis la dimension ins-

titution de crédit de proximité. Le fonction-nement et les conditions d’octroi des créditsdi"èrent de peu, à ceux des institutions !nan-cières classiques. À date, il n’existe pas de mé-canismes institutionnels de garantiesolidaires et des structures associatives de na-ture à soutenir et à rendre pérennes les créditsécologiquement et socialement responsables.Deux initiatives sont actuellement expéri-mentées par le projet AMIE en instaurant unsystème de garantie solidaire à travers des as-sociations féminines dans le cadre de prêtsspéci!ques pour les femmes défavorisées, etpar la MECK Moroni en octroyant des prêtssolidaires dans le domaine de l’agriculture enpartenariat avec le SNAC . Le concept de !-nance éthique et les outils d’application cor-respondants dont le crédit et l’investissementsocialement et écologiquement responsablesconstituent un champ nouveau pour les ac-teurs locaux.

Une étude réalisée par l’UICN avec l’appuidu PNUD a conclu sur la pertinence de met-tre en place un fonds !duciaire pour laconservation de la biodiversité. Le dévelop-pement d’un tel outil !nancier impliquera lamise en place des mécanismes de !nance-ments alternatifs et innovateurs, y compris lesmécanismes de conversion de la dette exté-rieure au travers la conversion de la dette na-ture. L’enjeu à ce niveau porte surl’intégration e"ective des critères des durabi-lités dans les instruments de gestion des !-nances publiques et le développement desmécanismes de !nancement qui prennent enconsidération l’impératif de préserver le pa-trimoine naturel et l’équité sociale.

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SCRPProgramme 6.5: Développement des capaci-tés de gestion et de coordination multisecto-rielle de l’environnement

L’ensemble de ces dispositifs reconnaît que ledéveloppement durable des Comores est lar-gement tributaire de la capacité du gouver-nement et de la population à assurer unegestion durable des ressources naturelles etdes écosystèmes. Or le manque de capacitéconstaté à tous les niveaux hypothèque lamise en œuvre e"ective des politiques et ins-truments de plani!cation et de gestion envi-ronnementale.

Eu égard à ce qui précède, le renforcement auniveau systémique, institutionnel des struc-tures de gestion de l’environnement aux ni-veaux national et insulaires est à considérercomme prioritaire. Il est aussi pertinent d’éta-blir une plani!cation régionale du dévelop-pement durable pour mieux cadrer les actionsqui sont identi!ées sous chaque composante.Cette démarche est d’autant plus pertinenteau regard du contexte actuel où le pays sedote d’un nouveau cadre institutionnel et ad-ministratif.

L’enjeu porté par cette action consiste à doterle pays d’outils de connaissance et de gestionde l’environnement, et à mettre en place uncadre législatif et réglementaire, des institu-tions et des services publics e#caces. Il estaussi question de former des spécialistes,d’informer et de sensibiliser la populationa!n de faciliter leur participation à la gestionenvironnementale. La réalisation des objectifsdécrits à ce niveau implique de développer lescapacités nationales et locales à intégrer l’en-

vironnement dans les plans et programmesde développement et sa gestion transversale.

Programme 6.6. Mise en place des méca-nismes de prévention et de gestion desrisques liés aux catastrophes naturelles et cli-matiques

Les risques naturels majeurs auxquels les Co-mores sont habituellement exposés sont lescyclones tropicaux, les inondations, les raz demarées et pour la Grande Comore l’éruptiondu volcan le Karthala et les autres risquesinhérents à la présence d’un volcan en acti-vité.

S’agissant des changements climatiques, lerapport national établit que les populationsde la zone côtière sont très exposées à desévénements exceptionnels tels que des cy-clones et vents violents qui pourraient pren-dre la forme de raz-de-marée. Desprécipitations abondantes pourraient occa-sionner des glissements de terrain et deséboulements de talus. Des infrastructuresstratégiques pourraient être détruites et lescommunications intra et inter îles devenirdi#ciles.

Ici, le principal enjeu porte sur la maîtrise etla prévention des risques et des catastrophesnaturelles et climatiques. Les préoccupationsqui y sous-tendent sont articulées autour desdispositifs de préparation, de réponse et degestion des risques des désastres.

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ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUEET CADRAGE

MACROÉCONOMIQUE 2010 – 2014

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Page 133: ONU Comores

A. INTRODUCTION

Les politiques économiques du gou-vernement ont des impacts impor-tants sur la croissance économique

et la réduction de la pauvreté. Elles a#ec-tent, soit directement, soit indirectement,les conditions dans lesquelles s’opèrentles choix des entreprises et des ménagesen termes d’allocations de ressources‚ decréation de valeur ajoutée et de distribu-tion des revenus dans les activités de pro-

duction‚ de transformation‚ de commer-cialisation et de consommation de bienset de services. Au niveau agrégé‚ elles af-fectent les grands équilibres macroécono-miques, le niveau des prix et le taux decroissance de l’économie.

Le gouvernement reconnait qu’un environ-nement macroéconomique stable est unecondition nécessaire à la croissance écono-mique et à la réduction de la pauvreté. Cetenvironnement a"ecte directement la perfor-mance des entreprises‚ le pouvoir d’achat desindividus et la capacité de l’État à o"rir desservices publics essentiels, comme une édu-cation de base accessible et de qualité et dessoins de santé primaires pour tous.

Les objectifs macroéconomiques du gouver-

nement dans le cadre de la SCRP concernentd’une part, le respect des grands équilibreséconomiques‚ en particulier le niveau de dé-penses de l’État et du dé!cit public, la ba-lance des paiements et le niveau général desprix, et d’autre part, la création d’un environ-nement favorable à une croissance écono-mique forte et durable à travers la promotiondu secteur privé, notamment les secteurs por-teurs que sont le tourisme, l’agriculture, lapêche et l’élevage. Les politiques écono-miques qui permettront de créer ces condi-

SCRP

133

Page 134: ONU Comores

tions concernent les politiques budgétaires et!scales‚ la politique commerciale, la politiquemonétaire et celles touchant les réformes ducadre légal et institutionnel.

Ce chapitre présente dans un premier temps,l’évolution récente de l’environnement écono-mique aux Comores et les perspectives éco-nomiques et !nancières à court terme. Dansun deuxième temps, un cadrage macroécono-mique et !nancier est réalisée selon trois scé-narii : : 1) un scénario « SCRP » qui impliqueune croissance modérée à forte, le respect desgrands équilibres macroéconomiques et unengagement fort des PTF pour soutenir lamise en œuvre de la SCRP ; 2) un scénario «OMD » de croissance accélérée accompagnéed’un programme d’investissement majeur desPTF en vue d’atteindre les OMD en 2015 ;et 3) un scénario « FMI » basé sur les prévi-sions du Fond Monétaire International. Lastratégie de mise en œuvre de la SCRP re-pose sur le premier scénario.

B. ÉVOLUTION RECENTE DE L’ENVIRON-NEMENT ECONOMIQUE AUX CO-MORES

Selon les données provisoires du Commissa-riat Général au Plan, le taux de croissance duPIB réel était de 0,8% en 2007 et s’établiraitaux environs de 0,2% en 2008, soit les ni-veaux les plus bas enregistrés au cours dixdernières années. Ce ralentissement de lacroissance serait lié notamment à la restric-tion de l’o"re de crédit du secteur bancaire

aux entreprises publiques qui s’est traduited’une part, par la pénurie de certains produitsde base tel que le riz et les produits pétrolierset d’autre part, par la crise énergétique qu’aconnue le pays au second semestre de 2008entraînant une paralysie de l’ensemble dessecteurs de l’économie.

Dans le domaine des !nances publiques, endépit de l’amélioration des recettes inté-rieures, notamment !scales (+9,7% par rap-port à 2007), l’augmentation des dépensescourantes (+22%) s’est traduite par une dé-gradation des principaux soldes budgétaires,a#chant un dé!cit du solde budgétaire debase de l’ordre de 3,5% du PIB en 2008contre 2,9% en 2007.

Les tensions de trésorerie se sont traduitespar des accumulations d’arriérés de paie-ments sur les salaires, un accroissement de ladette intérieure, notamment envers les entre-prises privées, et le non respect des échéancessur la dette extérieure. Le dé!cit global horsdons s’est creusé, atteignant plus de 13% duPIB contre 10% en 2007, alors que le dé!citdu solde global a#che une amélioration sen-sible, représentant -2, 5% du PIB contre -3,2% en 2007. En valeur nominale, le dé!citdu solde budgétaire de base est passé de 4,7milliards FC en 2007 à 6,1 milliards FC en2008.

Les données provisoires de la DGB indi-quent des recettes !scales qui s’établissent à18,3 milliards FC en décembre 2008 contre

5ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE ET CADRAGE MACROÉCONOMIQUE 2010 – 2014

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Page 135: ONU Comores

16,7 milliards FC en décembre 2007. Cetteamélioration s’explique notamment, par laforte croissance des recettes douanières quiont pratiquement doublé sur la période. Lesrecettes non !scales ont progressé de 13,6%pour s’établir à 5,1 milliards FC contre 4,5milliards FC en 2007 en liaison avec la situa-tion !nancière di#cile enregistrée par les so-ciétés d’État.

Les dépenses totales et les prêts nets ont aug-menté de 22%, représentant 26% du PIB en2008. Cette évolution serait liée à la fois àl’augmentation des dépenses courantes et àl’augmentation des dépenses en capitalconsacrées essentiellement à la réhabilitationdes routes dans la capitale (+55%).

TABLEAU 5.1 : RECETTES BUDGÉTAIRES DE L’ÉTAT

RECETTES BUDGÉTAIRES DE L’ETAT (EN MILLIONS DE FC)

2006 2007 2008

Recettes "scales dont: 17,260 16,578 18,288

Impôts sur les revenus et les béné"ces 3,804 4,555 4,159

TC et assimilées 980 2,592 2,631

Commerce international 8,533 5,984 9,169

Recettes non "scales dont: 4,296 4,482 5,091

Recettes et services 1,678 - -

Total des recettes 21,556 21,160 23,379

TABLEAU 5.2 : DÉPENSES BUDGÉTAIRES COURANTES DE L’ÉTAT

DÉPENSES BUDGÉTAIRES DE L’ETAT (EN MILLIONS DE FC)

2006 2007 2008

Traitements et salaires 13,205 16,578 18,288

Biens et services 5,568 4,555 4,159

Transferts 3,392 2,592 2,631

Intérêts de la dette 1,144 5,984 9,169

Autres dépenses courantes 2,457 4,482 5,091

Total des dépenses 25,766 27,298 29,799

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Source : Ministère des Finances, FMI

Source : Ministère des Finances, FMI

SCRP

Page 136: ONU Comores

La situation de la dette publique s’est amé-liorée sensiblement avec l’apurement des ar-riérés de la BAD suite à la conférence desbailleurs de fonds organisée à Paris en dé-cembre 2007. Par ailleurs, en décembre 2008,le gouvernement a signé un programmePost-con%it avec la FMI qui s’est traduit pardes décaissements de 1,8 milliard FC (5,5millions USD), contribuant à la réductiondes arriérés intérieurs et consolidant par lefait même la position extérieure de la BanqueCentrale. A !n l’année 2008, l’encours de ladette représenterait 68,5% du PIB contre65,7% en 2007. La situation est devenue cri-tique au point que les principaux partenaires

au développement des Comores ont dû ac-cepter le report des échéances des principalesobligations du gouvernement au titre du ser-vice de la dette.

Les prévisions de recettes et de dépenses parprincipaux postes budgétaires sont indiquéesci-dessous. Les prévisions du budget de l’Étatpour l’année 2009 a#chent 24,4 milliardsFC de recettes et 25,9 milliards FC de dé-penses, dégageant un dé!cit budgétaire cou-rant de 1,5 milliard FC. La dette publique estprojetée pour l’année 2009 est de 4,4 mil-liards FC.

BUDGET GÉNÉRAL (EN MILLIONS DE FC) - 2009Recettes "scales 18145Recettes non "scales 6239Recettes exceptionnelles -Recettes externes 11426Total des recettes 29571Dépenses courantes 30069Rémunération du personnel 17125Biens et services 6308Transferts 3512Intérêts de la dette 758Dépenses courantes sur "nancement extérieur 2366Dépenses en capital 11007Sur "nancement propre 1006Sur "nancement extérieur 9465Financées sur fonds de contrepartie 536Total dépenses 41076Solde primaire 3566

TABLEAU 5.3 : BUDGET GÉNÉRAL DE L’ÉTAT

136

Source : Loi de Finances 2009

5ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE ET CADRAGE MACROÉCONOMIQUE 2010 – 2014

Page 137: ONU Comores

La crise énergétique et la restriction de l’accèsau crédit bancaire en 2008 ont dominé la si-tuation économique des Comores. Au-jourd’hui encore, les délestages continuent àperturber l’activité, repoussant ainsi les signesd’une reprise économique.

Les principaux secteurs productifs, incluantles transports et le commerce, ont égalementconnu une baisse en 2008 en raison de la criseénergétique et !nancière. Cependant, labonne tenue de la production agricole desti-née au marché local, soutenue par la haussedes prix mondiaux des denrées alimentaires,et la relative embellie du secteur des bâti-ments et travaux publics, ont quelque peu at-

ténué l’impact de la crise sur les producteursagricoles. Le taux de croissance réel du PIBa été inférieur à 1%, réduite, en e"et, par uneforte in%ation se situant autour de 7%, in%a-tion gon%ée surtout par les coûts élevés ducarburant et du transport.

Les principaux produits d’exportation (vanilleet giro%e) ont connu une forte baisse en rai-son de la faiblesse continue des cours mon-diaux, la force du FC et la faible productivitédans ces !lières. Les exportations ont forte-ment chuté, s’établissant à 2,2 milliards FCcontre près de 5 milliards FC en 2007, soitune baisse de plus de 55%.

PRODUITSQUANTITÉS (TONNES) VALEURS (MILLIONS FC)

VAR (VAL)08/07 EN%

2006 2007 2008 2006 2007 2008

Vanille 60 74 35 1009 1274 643 -50

Giro%e 1670 2722 915 2054 2866 679 -76

Ylang ylang 40 31 47 913 711 796 +12

Autres essences 0,1 0,1 0,1 54 54 19 -64

Autres produits 687 687 941 60 60 74 +23

Total 2457 3514 1939 4089 4964 2212 -55

TABLEAU 5.4: ÉVOLUTION DES EXPORTATIONS DES COMORES

137

Source : Direction Générale des Douanes

SCRP

Page 138: ONU Comores

La valeur des importations a augmenté, poursa part, de 27% en adéquation avec la haussedes cours du pétrole et des produits alimen-taires sur les marchés internationaux, en dépitdes pénuries de certains produits, notammentle riz dont les quantités importées ont dimi-nué de moitié.

Les importants transferts de fonds de la dias-pora, qui représentent environ 25% du PIB,

ont soutenu l’activité de construction et laconsommation des ménages, deux facteursqui ont entrainé une augmentation des im-portations, notamment de ciment, de maté-riaux de construction et de voiture. La facturepétrolière a également augmenté.

ProduitsQuantités (tonnes) Valeurs (millions FC) Var (val)

08/07 en%2006 2007 2008 2006 2007 2008

Riz 32137 38281 19404 4037 5871 5114 -13

Viande, poisson 4995 5116 5808 3044 3359 3799 +13

Farine 5475 5204 5452 891 939 1250 +33

Sucre 5537 4206 3646 1361 950 746 -21

Produits laitiers 1958 1489 1592 1154 902 1155 +28

Produits pharmaceutiques 197 204 201 700 549 625 +14

Tissus confaction 1162 898 957 703 751 501 -33

Produits petroliers 55132 35837 36460 9888 10649 12505 +17

Ciment 66823 41508 63529 3129 2432 3264 +34

Véhicules 2169 2540 3440 2944 2989 9532 +219

Fer, fonte, acier 6673 3167 4957 2763 1133 1856 +64

Autres produits 20697 26679 68112 21681 19191 22865 +19

Total 202955 164949 220796 45189 49716 63213 +27

TABLEAU 5.5 : ÉVOLUTION DES EXPORTATIONS DES COMORES

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Source : Direction Générale des Douanes

5ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE ET CADRAGE MACROÉCONOMIQUE 2010 – 2014

Page 139: ONU Comores

Selon ces données provisoires disponibles, ledé!cit commercial s’est établi à 61 milliardsFC en 2008 contre 44,8 milliards FC en2007, atteignant 9,5% du PIB en 2008 contre6,7% de PIB en 2007. Le taux de couverturedes importations par les exportations s’estdonc fortement dégradé, passant de 10% en2007 à 3,5% en 2008, en relation directe avecla baisse des exportations et l’augmentationdes importations.

Les données sur les déséquilibres du com-merce extérieur sont également indicatives dela surévaluation du Franc comorien (FC) parrapport aux devises des pays de la sous-ré-gion. Les données de l’EDIC montrent ene"et que le FC se serait considérablementapprécié par rapport aux autres devises despays de l’Océan indien réduisant par le mêmefait les avantages comparés des Comoresdans ses secteurs traditionnels d’exportation.

C. PERSPECTIVES ECONOMIQUES ACOURT TERME

Pour l’année 2009, les objectifs macroécono-miques du gouvernement sont : (i) un taux decroissance réel du PIB de 0,8%; (ii) un tauxd’in%ation moyen de moins de 5%; (iii) undé!cit de la balance des opérations courantescontenu à 8,5% du PIB; (iv) des investisse-ments équivalent à 12,3% du PIB; (v) uneamélioration du solde budgétaire primaire de1% du PIB, traduisant ainsi la nécessaire ré-duction des dépenses, notamment au niveaude la masse salariale, et en!n; (vi) une légèrecontraction des créances bancaires nettes surl’État visant un accroissement soutenu du

crédit bancaire au secteur privé.

En ce qui concerne la gestion des !nancespubliques, le budget 2009 vise principale-ment la réduction du dé!cit du solde budgé-taire primaire (excluant les dons) à 1,6% duPIB contre 2,7% en 2008. Cet ajustementsera obtenu par des économies sur les dé-penses de sécurité, la masses salariale et cellesliées aux réponses à la crise du secteur éner-gie. Les recettes publiques attendues et lesdépenses totales sont évaluées respectivementà 24,4 milliards de FC, soit 13% du PIB et à40,5 milliards de FC, soit 21,5% du PIB.Compte tenu des dons programmes et pro-jets déjà identi!és de 13,8 milliards ou 7,3%du PIB selon le rapport du FMI, et d’une ré-duction nette des arriérés de paiement de 2,5milliards environs, soit 1,3% du PIB, le dé!citbudgétaire global base caisse devrait atteindre2,5% du PIB en 2009 contre 1,3% en 2008.

La performance macroéconomique anticipée,les perspectives de croissance et les prévisionsen matière de !nances publiques pour 2009ne sont pas à la hauteur des enjeux et desdé!s auxquels le pays fait face s’il souhaitebriser le cercle vicieux de pauvreté dans lequelil se trouve enfermé. En e"et, la situation ac-tuelle est caractérisée par un « double gap ».D’une part, un dé!cit extérieur important quis’explique par la faiblesse des exportations debiens et services et d’autre part, par un dé!citintérieur lié à la faiblesse de l’économie quiréduit les revenus des entreprises, des mé-nages et par le fait même, les recettes del’État. Le gouvernement n’a donc pas demarge de manœuvre. L’endettement s’accé-

139

SCRP

Page 140: ONU Comores

lère et le service de la dette a atteint un niveauinsoutenable. Cette situation provoque à sontour des transferts nets négatifs entravanttoute possibilité de !nancement du dévelop-pement économique et donc, de réduction dela pauvreté.

Les besoins de !nancement nets de l’État autitre de l’exercice 2009 sont évalués à 8,5 mil-liards de FC environ, soit 4,5% du PIB. Cegap de !nancement prend en compte le ser-vice de la dette extérieure de 4,5 milliards deFC, dont 3,3 milliards de FC au titre du ser-vice courant de la dette et 1,2 milliard de FCau titre d’arriérés. Le gouvernement estconfronté aux transferts nets négatifs de 3,7milliards de FC, soit 2% du PIB. Une crois-sance forte et soutenue sera indispensablepour briser ce cercle vicieux qui asphyxie lit-téralement le processus de développement aulieu de l’accompagner et de l’ampli!er.

Le gouvernement est conscient de la néces-sité d’améliorer l’intermédiation !nancièrepour stimuler le développement du secteurprivé et soutenir la croissance. Deux nouvellesbanques étrangères (EXIMBANK de Tanza-nie et la Banque Fédérale des Comores) ontainsi démarré leurs activités sur place en2008. Cela devrait donner un peu d’oxygèneau secteur privé et permettre la relance pro-gressive des activités commerciales.

L’étude diagnostic sur l’intégration du com-merce (EDIC) a à nouveau souligné la né-cessité de développer le potentiel touristiqueconsidérable des Comores en attirant des In-vestissements Étrangers (IDE). Compte tenu

du potentiel existant, on estime que les en-trées d’IDE pourraient passer d’une moyenneannelle de 0.4% du PIB sur la période 2000-07 à environ 2% du PIB à moyen terme, ali-mentées principalement par lesinvestissements touristiques des États dugolfe, (Koweït et Émirats Arabes Unis).

Par ailleurs, l’amélioration e"ective du climatd’investissement permettra d’attirer des IDEet d’encourager la population à consacrer unepart croissante des importants envois defonds de la diaspora vers des investissementsproductifs plutôt qu’à la consommation ex-clusive. Le projet de Code des Investisse-ments, approuvé par le Parlement en 2007,devrait favoriser cette tendance. Par ailleurs,la mise en place d’un guichet unique pour lesinvestisseurs et l’opérationnalisation del’Agence Nationale pour la Promotion desInvestissements (ANPI) devraient contribuerà créer un environnement plus dynamique etplus favorable à l’investissement.

En!n, la libéralisation du commerce extérieurest également en cours avec la transformationen impôts intérieurs indirects des droits dedouane spéci!ques levés sur les produits clés.En outre, les droits de douane ad valorem ontété ramenés à un niveau maximum de 20%.

C. CADRAGE MACROECONOMIQUE

Les conditions macroéconomiques à réaliser,les niveaux de croissance à atteindre dans lessecteurs économiques et la contribution desPTF pour assurer le !nancement de la stra-tégie de croissance et de réduction de la pau-

140

5ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE ET CADRAGE MACROÉCONOMIQUE 2010 – 2014

Page 141: ONU Comores

vreté sont spéci!és dans le cadrage macroé-conomique. Il intègre aussi les orientationsdu programme que le gouvernement a négo-cié avec le FMI et anticipe les perspectivespositives d’une négociation de la FRPC,après l’évaluation à la mi-2009 du pro-gramme d’Aide d’Urgence Post-Con%it(AUPC) qui s’est achevé en mars 2009.En!n, il tient compte de l’estimation descoûts d’atteinte des OMD aux Comores.

Les implications chi"rées des programmessectoriels sont spéci!ées suivant les anticipa-tions de croissance sectorielles. Celles-ci sefondent sur les projections d’investissementdans les secteurs concernés et prennent encompte la contribution de chaque secteur àla formation de la croissance nationale. Lecadrage macroéconomique est ainsi déroulésuivant les trois (03) scenarii suivants :

1. Le cadrage macroéconomique dit « SCRP» présente les projections de la situation deréférence. Il intègre l’incidence quantitativedes stratégies sectorielles adoptées dans lecadre de la SCRP sur le pro!l de la croissanceéconomique et le cadre macroéconomique àmoyen terme;

2. Le deuxième scénario dit « OMD » intègrel’évaluation des coûts pour l’atteinte des Ob-jectifs du Millénaire pour le Développementaux Comores en considérant des investisse-ments massifs des PTF et une forte amélio-ration des capacités d’absorption de l’aide parle pays;

3. Le troisième scénario dit « FMI » consi-

dère les simulations faites par le Fond Mo-nétaire International dans le cadre desConsultations conjointes de 2008 au titre del’article IV de ses statuts avec l’Union desComores. Ce scénario repose sur les ten-dances récentes en matière de performanceéconomique des Comores et prend encompte la conjoncture économique mondiale.Les projections du FMI s’arrêtent en 2013alors que la SCRP s’échelonnent jusqu’en2014. Aussi, les projections ont été complé-tées pour l’année 2014 en répliquant les va-leurs de l’année 2013 pour des !ns decomparaisons avec les autres scénarii.

C1. SCÉNARIO SCRP

Selon ce scénario, la croissance économiquede 2010 à 2014 se fondera principalement sur: (i) une évolution soutenue des activités dusecteur agricole; (ii) le développement du sec-teur touristique; (iii) le dynamisme et la pro-gression du secteur bancaire et del’intermédiation !nancière; (iv) la résolutionde la crise du secteur de l’énergie qui rendraitpossible une amélioration de la productivitédans tous les secteurs de l’économie, et en!n;(v) les e"ets induits par les nouveaux inves-tissements inhérents à la mise en œuvre de laSCRP.

Le taux de croissance du Produit IntérieurBrut réel devrait se situer en 2009 à environ1.2%, un niveau légèrement supérieur à l’ob-jectif de 0,8% initialement anticipé par legouvernement. La mise en œuvre e"ective dela SCRP devrait permettre à l’économie co-morienne de retrouver le chemin d’une crois-

141

SCRP

Page 142: ONU Comores

sance en termes réel plus soutenu pour at-teindre un taux de croissance du PIB réel de2.5% en 2010 et tendre vers 5.6% en 2014.Sur la période 2010-2014, la croissance duPIB réel devrait se situer en moyenne au en-viron de 4.3%.

Cette relativement bonne performance del’économie résulterait de l’amélioration com-binée des activités et des investissements dansles secteurs primaire, secondaire et tertiaire.Sur la période 2010-2014, ces secteurs de-vraient enregistrer respectivement des taux decroissance annuels moyens de 4.6%, 2.18% et3%.

La réalisation de ces objectifs de croissancerequiert que :

a. Le gouvernement observe une grande dis-cipline budgétaire et maîtrise ses !nances pu-bliques pour dégager un minimum deressources nécessaires au !nancement de laSCRP; b. La masse salariale reste constante, sinon secontracte suivant la mise en œuvre des ré-formes dans le secteur public;c. Des ressources supplémentaires soient al-louées à la mise en œuvre de la SCRP à tra-vers des investissements accrus etparticulièrement dans les secteurs porteursque sont l’agriculture, l’élevage, la pêche et letourisme;d. L’investissement dans le secteur agricolesoit particulièrement important en raison deson poids dans la formation du PIB et de sonrôle prépondérant dans l’économie commeprincipale source de création de richesse, de

revenus et d’emplois;e. Des réformes visant à améliorer le climatd’investissement soient faites a!n d’attirerdavantage d’IDE pour soutenir le dévelop-pement du secteur tourisme ;f. Le gouvernement mette l’accent sur la pro-motion des activités reliées au secteur touris-tique a!n d’exploiter l’énorme potentiel de cesecteur ;g. La mobilisation et la collecte des ressources!scales sont renforcées ;h. Le gouvernement prenne les dispositionsnécessaires pour obtenir un allégement duservice de sa dette externe au titre de l’initia-tive PPTE ;i. la masse monétaire augmente sensiblementpour accompagner la croissance des activitéséconomiques, avec un contrôle par ailleurs duniveau de l’in%ation; j. le dynamisme du secteur bancaire se tra-duise par une facilité d’accès au crédit pourles populations pauvres a!n de soutenir le dé-veloppement d’activités génératrices de reve-nus et pour le secteur privé.

Les hypothèses de croissance sectorielle 2010- 2014

Le secteur primaire restera le principal mo-teur de la croissance à moyen terme. Le tauxde croissance attendu sera de 2.5% en 2010pour atteindre 5.9% en 2014, tiré principale-ment par les sous-secteurs agricole et pêche.Avec des investissements importants prévusdans le secteur agricole, notamment pourmoderniser l’appareil de production, aug-menter sensiblement la productivité et amé-liorer les canaux de commercialisation par la

142

5ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE ET CADRAGE MACROÉCONOMIQUE 2010 – 2014

Page 143: ONU Comores

construction de routes de désenclavement, laproduction agricole devrait croître à 15%.L’acquisition de nouveaux bateaux de pêcheet la hausse des capacités de transformation,de stockage avec plus de chambres froides etd’exportation, couplées à la rationalisationd’octroi de licence aux navires étrangers per-mettront d’atteindre un taux de croissanceréel de 15% pour la pêche. En raison descontraintes existantes dans le sous-secteur del’élevage, son évolution sera plus modeste àenviron 6%. La branche sylviculture, avecl’exploitation d’ylang-ylang, connaîtrait unecroissance également modérée à 6%, avec laconsolidation des Comores comme premierproducteur mondial.

Le secteur secondaire devrait avoir une mo-deste contribution à la formation du PIB surla période 2010-2014, en raison d’importantsajustements à réaliser et surtout, de la fai-blesse du sous-secteur industrie manufactu-rière dans l’économie comorienne. Lesprojections de croissance prévues en 2010 eten 2014 sont respectivement de 0.5% et de1.7%. La croissance de l’industrie manufac-turière restera modérée (6.5%) et devrait êtretirée, à moyen terme, par le possible démar-rage des activités de transformation du sous-secteur pêche.

Le sous-secteur Énergie et Eau devraitconnaitre une évolution de 12% en moyenneavec les investissements engagés dans la mo-dernisation des installations. L’améliorationde la situation dans ce sous-secteur devraitavoir des e"ets positifs sur la productivité desautres secteurs de l’économie. Dans le même

sens, la construction des routes, avec des in-vestissements importants de l’Union Euro-péenne, et les investissements privés dans laconstruction immobilière devraient permet-tre au sous-secteur bâtiment et travaux pu-blics de connaître un taux de croissance de7.5%. La contribution de ce sous-secteur à laformation de la richesse nationale restera ce-pendant modeste. Par contre, le secteur agri-cole devrait béné!cier de la construction desroutes qui contribueront à faciliter l’écoule-ment de la production.

Dans ce scénario, la croissance du secteur ter-tiaire sera fortement portée par l’évolution dusous-secteur hôtellerie avec une croissanceanticipée de 15.5% en moyenne entre 2010et 2014 principalement due au développe-ment du secteur touristique. La revitalisationde l’activité bancaire et de la micro!nancesont susceptible d’améliorer le volume, etdonc l’accès au crédit. La forte croissance dusecteur !nancier, 15% en moyenne, devraitentraîner l’ensemble du secteur tertiaire.

Les transports et télécommunications de-vraient également connaître une forte crois-sance (15% en moyenne annuelle sur lapériode 2010-2014) avec des investissementsdans la téléphonie mobile et les télécommu-nications, et la libéralisation du secteur. Leralliement du câble sous-marin en courspourrait considérablement augmenter les ca-pacités du secteur des télécommunications etcontribuer à réduire les coûts des services.En!n, l’amélioration des routes, l’installationde nouvelles compagnies aériennes et laconstruction d’un aéroport international à

143

SCRP

Page 144: ONU Comores

Anjouan sont autant d’investissements quisoutiendront le dynamisme attendu du sous-secteur transport.

Au niveau de la demande, elle devrait êtretirée par la demande extérieure qui devraitconnaître un regain avec la reprise mondialedès 2010. L’augmentation des exportationsde 4% en moyenne sur la période 2010-2014,la relance de la consommation !nale et le re-dressement de l’investissement, caractérisé enparticulier par la hausse des IDE, devraientalimenter signi!cativement la croissance. Letaux d’investissement sur !nancement inté-rieur demeura faible cependant, passant de1% en 2010 à environ 2.3% en 2014. Parcontre, l’investissement sur !nancement ex-térieur devrait augmenter de manière impor-tante, d’environ 12% en moyenne sur lapériode 2010-2014. Le taux d’investissementpasserait alors à 6.9% en 2009 pour atteindre14.3% en 2012, mais chuterait légèrement à13.3% en 2014.

Au niveau des !nances publiques, leur conso-lidation devrait être enclenchée et poursuivieavec la hausse continue des recettes budgé-taires de 13.6% du PIB en 2010 à 15% duPIB en 2014. Un e"ort particulier de mai-trise des dépenses courantes, notamment dela masse salariale, permettra de réduire leurimportance de 15,2% du PIB en 2010 à13.5% en 2014. Le solde primaire du PIB de-vrait alors s’améliorer pour se transformer enléger excédent à partir de 2013.

En!n, le scénario SCRP prend en compteune petite partie seulement (3%) des besoinsde !nancement requis pour l’atteinte desOMD qui sont par ailleurs estimés à 29,5milliards de dollars US de 2008 à 2015.

144

5ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE ET CADRAGE MACROÉCONOMIQUE 2010 – 2014

Page 145: ONU Comores

TABLEAU 5.6 : PRINCIPAUX AGRÉGATS MACROÉCONOMIQUES DU CADRAGE SCRP (*)

PROJECTIONS 2009 2010 2011 2012 2013 2014PIB au prix du marché (milliards de FC) 184,2 194,88 208,01 223,7 242,13 262,76Recettes budgétaires 23,95 26,5 28,71 32,7 35,59 39,41

Recettes "scales 18,97 21,24 23,09 26,5 29,06 32,32

Recettes non "scales 4,97 5,26 5,62 6,03 6,54 7,09

Dépenses totales 40,7 57,24 61,1 65,26 69,02 70,67

Dépenses en capital 12,71 27,1 29,3 31,9 33,3 34,9

Dépenses courantes 27,99 30,14 31,8 33,36 35,72 35,77

Salaires 16,3 16,79 16,95 17,46 17,63 17,98

Salaires/Recettes totales (en%) 68,1 63,3 59,1 53,9 49,5 45,6

Dépenses d’investissement "nancées sur res-sources propres 1,01 2 3,1 4,2 5,1 6,1

Dépenses d'investissement "nancées sur res-sources extérieures 11,7 25,1 26,2 27,7 28,2 28,8

Financement Externe 12,34 12,12 13,2 14,58 16,17 16,5

Dons projets 11,04 12,12 13,2 14,58 16,17 16,5

Dons non projets 1,3 0 0 0 0 0

Solde Primaire -4 -3,6 -3,1 -1 -0,1 3,6Solde Global hors dons 16,8 -30,7 -32,4 -32,9 -33,4 -31,3

Besoin de Financement 4,42 18.61 19,19 18,31 17,25 14,76Taux de Croissance réel du PIB (en%) 1,2 2,5 3,6 4,4 5,5 5,6

145

Source : Ministère des Finances, du Budget et du Plan - Commissariat Général au Plan(*) Données en milliards de Francs Comoriens, sauf indication contraire

SCRP

Page 146: ONU Comores

TABLEAU 5.7 : PRINCIPAUX AGRÉGATS MACROÉCONOMIQUES DU CADRAGE SCRP (**)

PROJECTIONS 2009 2010 2011 2012 2013 2014PIB au prix du marché (milliards de FC) 184,2 194,88 208,01 223,7 242,13 262,76Recettes budgétaires 10,3 10,9 11,1 11,8 12 12,3

Recettes "scales 2,7 2,7 2,7 2,7 2,7 2,7

Recettes non "scales 13 13,6 13,8 14,5 14,7 15

Dépenses totales 19,5 29,1 29,1 28,9 28,4 26,8

Dépenses en capital 6,9 13,9 14,1 14,3 13,8 13,3

Dépenses courantes 12,6 15,2 15 14,6 14,6 13,5

Salaires 8,9 8,8 8,3 8 7,6 7,1

Salaires/Recettes totales (en%) 68,08 63,35 59,05 53,93 49,53 45,63

Dépenses d’investissement "nancées sur res-sources propres 0,5 1 1,5 1,9 2,1 2,3

Dépenses d'investissement "nancées sur res-sources extérieures 6,4 12,9 12,6 12,4 11,6 11

Financement Externe 6 6,2 6,3 6,5 6,7 6,3

Dons projets 11,04 12,12 13,2 14,58 16,17 16,5

Dons non projets 0,7 0 0 0 0 0

Solde Primaire -2,2 -1,9 -1,5 -0,4 -0,1 1,4Solde Global hors dons -9,1 -15,8 -15,6 -14,7 -13,8 -11,9

Besoin de Financement 2,4 9,6 9,2 8,2 7,1 5,6Taux de Croissance réel du PIB (en%) 1,2 2,5 3,6 4,4 5,5 5,6

146

(**) Données en % du PIB, sauf indication contraire

5ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE ET CADRAGE MACROÉCONOMIQUE 2010 – 2014

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C2. SCÉNARIO OMD

Le scénario précédent (SCRP) prend en compte uniquement une in!me partie des be-soins de !nancement requis pour atteindre les OMD. Le scénario OMD est basé poursa part sur l’étude du costing des OMD réalisé par les départements ministériels et prenden compte l’ensemble des coûts relatifs à l’atteinte des OMD.

Ce scénario implique des investissements très important de la part des PTF dans les sec-teurs de l’Agriculture, l’Éducation, le Genre, la Santé, l’Eau et l’Assainissement, l’Énergieet les Transports. Il fait l’hypothèse d’une amélioration signi!cative des capacités d’ab-sorption des ressources externes par le gouvernement.

Les tableaux suivants indiquent le niveau des investissements requis par secteur d’OMDen FC et en $ US pour !n de comparaison.

147

SCRP

Page 148: ONU Comores

TABLEAU 5.8 : AGRÉGATION DES COÛTS D’ATTEINTE DES OMD EN 2015

ENERGIE (Données en $ américains)Interventions 2008 2009 2010Amélioration du système de cuisson 1 179 125 2 204 289 3 279 197 4 Electri"cation sur/hors réseau 161 738 026 329 276 437 504 732 559 688 Force motrice 98 399 127 260 157 147 Coût total 163 015 550 331 607 986 508 168 904 692 9 ENERGIE (Données en FC)Interventions 2008 2009 2010Amélioration du système de cuisson 365 528 619 683 329 564 1 016 551 145 1 365 Electri"cation sur/hors réseau 50 138 788 036 102 075 695 325 156 467 093 307 213 405 Force motrice 30 503 743 39 450 625 48 715 707 58 Coût total 50 534 820 398 102 798 475 514 157 532 360 159 214 829 5

ROUTES TRANSPORT (Données en $ américains)Interventions 2008 2009 2010Route nationale 28 293 110 29 534 501 30 775 892 32 Route urbaine 4 845 798 5 203 634 5 561 470 5 Piste rurale 17 571 345 18 330 520 19 089 695 19 Construction de ponts 260 894 879 276 591 025 292 287 172 307 Transports maritimes 84 115 746 96 304 556 108 493 367 120 Transports aériens 30 700 804 32 623 051 33 922 185 35 Coût total 426 421 681 458 587 287 490 129 780 522 2 ROUTES TRANSPORT (Données en FC)Interventions 2008 2009 2010Route nationale 8 770 863 985 9 155 695 235 9 540 526 485 9 925 Route urbaine 1 502 197 473 1 613 126 545 1 724 055 616 1 834 Piste rurale 5 447 116 820 5 682 461 070 5 917 805 320 6 153 Construction de ponts 80 877 412 365 85 743 217 771 90 609 023 177 95 474 Transports maritimes 26 075 881 250 29 854 412 500 33 632 943 750 37 411 Transports aériens 9 517 249 281 10 113 145 951 10 515 877 328 11 108 Coût total 132 190 721 175 142 162 059 072 151 940 231 676 161 907 8

148

5

Page 149: ONU Comores

2011 2012 2013 2014 2015 2008-2015

405 741 5 585 876 6 821 628 8 115 090 9 468 428 41 059 374 404 292 880 599 879 1 081 638 263 1 291 849 449 1 511 574 882 6 449 813 787188 430 221 159 255 388 291 171 328 565 1 667 520

998 463 886 406 915 1 088 715 279 1 300 255 710 1 521 371 875 6 492 540 681

2011 2012 2013 2014 2015 2008-2015 779 668 1 731 621 694 2 114 714 720 2 515 677 877 2 935 212 611 12 728 405 948 330 416 272 985 962 423 335 307 861 536 400 473 329 310 468 588 213 516 1 999 442 273 868

413 338 68 559 404 79 170 321 90 263 048 101 855 111 516 931 297 523 422 274 786 143 521 337 501 736 576 403 079 270 235 471 625 281 288 2 012 687 611 113

2011 2012 2013 2014 2015 2008-2015

017 283 33 258 674 34 500 065 35 741 456 36 982 848 261 103 829 919 305 6 277 141 6 634 977 6 992 813 7 350 648 48 785 786 848 870 20 608 045 21 367 220 22 126 395 21 510 261 160 452 348 983 318 323 679 464 339 375 611 355 071 757 370 767 904 2 526 651 130 682 177 132 870 988 145 059 798 157 248 609 169 437 419 1 014 212 661 832 351 36 590 765 38 470 462 39 963 543 41 844 224 289 947 385

283 305 553 285 077 585 408 133 617 144 573 647 893 304 4 301 153 139

2011 2012 2013 2014 2015 2008-2015 357 735 13 310 188 985 10 695 050 235 11 079 851 485 11 464 682 735 80 942 186 883 984 688 1 945 913 759 2 056 842 830 2 167 771 902 2 278 700 973 15 123 593 786 149 570 6 388 493 820 6 623 838 070 6 859 182 320 6 668 180 913 49 740 227 903 828 583 100 340 633 989 105 206 439 395 110 072 244 801 110 072 244 801 783 261 850 288 475 000 41 190 006 250 44 968 537 500 48 747 068 750 48 747 068 750 314 405 925 000 028 863 11 343 137 007 11 925 843 150 12 388 698 277 12 388 698 277 89 883 689 249

824 439 171 518 373 811 181 476 521 180 191 314 817 535 191 314 817 535 1 333 357 473 109

149

SCRP

Page 150: ONU Comores

TABLEAU 5.8 : AGRÉGATION DES COÛTS D’ATTEINTE DES OMD EN 2015 (SUITE)

GENRE (Données en $ américains)Interventions 2008 2009 2010Sensibilisation en santé reproductive 825397,4875 991335,8979 1159045,417 1327Formation professionnelle des jeunes "lles 932800,6363 1080137,29 1232316,749 137Participaction politique des femmes 8606 47212,60326 7150,021739Arrêter la violence faite aux femmes 5582277,753 6915295,46 8319209,206 9769Questions systémiques 30847047,49 40445007,23 50648103,53 6146Coûts administratifs 1909806,468 2473949,424 3068291,246 3697Coût total 40 105 936 51 952 938 64 434 116 77 6   GENRE (Données en FC)Interventions 2008 2009 2010Sensibilisation en santé reproductive 255 873 221 307 314 128 359 304 079 411    Formation professionnelle des jeunes "lles 289 168 197 334 842 560 382 018 192 427    Participaction politique des femmes 2 667 860 14 635 907 2 216 507 3    Arrêter la violence faite aux femmes 1 730 506 104 2 143 741 593 2 578 954 854 3 028    Questions systémiques 9 562 584 722 12 537 952 241 15 700 912 094 19 055    Coûts administratifs 592 040 005 766 924 321 951 170 286 1 146    Coût total 12 432 840 109 16 105 410 750 19 974 576 012 24 072 1  

DEVELOPPEMENT RURAL (Données en $ américains)Interventions 2008 2009 2010Productivité agricole 26 407 782 93 205 592 119 776 232 146    Mobilisation communautaire 27 796 653 36 945 968 47 293 091 58    Petite irrigation 545 313 685 028 824 932   Recherche 359 274 436 587 528 934   Coût total 55 109 023 131 273 176 168 423 189 206 6   DEVELOPPEMENT RURAL (Données en FC)Interventions 2008 2009 2010Productivité agricole 8 186 412 372 28 893 733 499 37 130 631 914 45 301    Mobilisation communautaire 8 616 962 436 11 453 250 124 14 660 858 122 18 249    Petite irrigation 169 047 136 212 358 757 255 728 853 306    Recherche 111 375 052 135 342 092 163 969 686 198    Coût total 17 083 796 996 40 694 684 472 52 211 188 575 64 056 0  

150

Page 151: ONU Comores

2011 2012 2013 2014 2015 2008-2015

7844,949 1491696,374 1665176,287 1843169,63 2026367,283 11330033,3378111,67 1534304,028 1689050,82 1820851,245 1939433,576 11607006,01

10506 10506 10506 10506 115642,4 220635,0259380,963 11271709,15 12807294,02 14375451,49 15995543,87 85036161,9168682,58 72918923,97 85010705,08 97759355,43 111205522,5 550303347,97726,308 4361356,976 5059136,61 5790466,689 6564125,484 32924859,21 652 252 91 588 496 106 241 869 121 599 800 137 846 635 691 422 043

2011 2012 2013 2014 2015 2008-2015

 631 934 462 425 876 516 204 649 571 382 585 628 173 858 3 512 310 331  214 618 475 634 249 523 605 754 564 463 886 601 224 409 3 598 171 865  256 860 3 256 860 3 256 860 3 256 860 35 849 144 68 396 858

   508 098 3 494 229 837 3 970 261 145 4 456 389 960 4 958 618 601 26 361 210 192    291 601 22 604 866 430 26 353 318 576 30 305 400 183 34 473 711 989 170 594 037 836    295 156 1 352 020 663 1 568 332 349 1 795 044 674 2 034 878 900 10 206 706 354    198 267 28 392 433 914 32 934 979 334 37 695 938 149 42 732 456 901 214 340 833 436

2011 2012 2013 2014 2015 2008-2015

 134 501 407 153 593 221 609 097 263 280 812 314 690 688 1 592 258 296  869 876 71 798 407 86 224 254 102 372 343 120 603 882 551 904 473 988 497 1 206 124 1 539 978 2 160 752 3 955 370 11 905 994 639 594 772 725 933 796 1 129 860 1 370 542 6 171 314  632 467 480 930 850 310 307 124 368 943 766 440 620 482 2 162 240 077

2011 2012 2013 2014 2015 2008-2015

   695 335 126 217 613 785 68 698 820 053 81 617 051 610 97 554 113 196 493 600 071 764    661 443 22 257 506 264 26 729 518 623 31 735 426 204 37 387 203 433 171 090 386 649

 433 935 373 898 541 477 393 173 669 833 062 1 226 164 647 3 690 858 103  274 136 239 544 840 289 476 743 350 256 685 424 868 156 1 913 107 390

   064 850 149 088 563 429 96 195 208 591 114 372 567 561 136 592 349 431 670 294 423 906

151

Page 152: ONU Comores

TABLEAU 5.8 : AGRÉGATION DES COÛTS D’ATTEINTE DES OMD EN 2015 (SUITE)

EAU ET ASSAINISSEMENT (Données en $ américains)Interventions 2008 2009 2010Eau 57 554 291 60 245 365 62 936 440 65    Assainissement 1 321 388 195 1 403 404 177 1 485 420 160 1 567    Traitement des eaux usées - - - Hygiene dans les écoles - - - Complément traitement - - - Coût total 1 378 942 486 1 463 649 543 1 548 356 600 1 633 0   EAU ET ASSAINISSEMENT (Données en FC)Interventions 2008 2009 2010Eau 17 841 830 304 18 676 063 303 19 510 296 302 20 344    Assainissement 409 630 340 374 435 055 295 010 460 480 249 646 485 905    Traitement des eaux usées - - - Hygiene dans les écoles - - - Complément traitement - - - Coût total 427 472 170 678 453 731 358 313 479 990 545 948 506 249 7  

EDUCATION (Données en $ américains)Interventions 2008 2009 2010Education pré-scolaire 4 307 395 4 497 315 4 680 743 4    Education primaire 37 557 605 38 093 865 44 037 509 50    Education secondaire 12 011 718 6 963 103 12 576 898 18    Alphabétisation des adultes 328 795 348 499 368 982   Coût total 54 205 513 49 902 781 61 664 132 74 9   EDUCATION (Données en FC)Interventions 2008 2009 2010Education pré-scolaire 1 335 292 391 1 394 167 547 1 451 030 329 1 507    Education primaire 11 642 857 695 11 809 097 996 13 651 627 741 15 727    Education secondaire 3 723 632 651 2 158 562 014 3 898 838 520 5 875    Alphabétisation des adultes 101 926 446 108 034 579 114 384 414 120    Coût total 16 803 709 183 15 469 862 135 19 115 881 004 23 231 8  

5

152

Page 153: ONU Comores

SCRP

2011 2012 2013 2014 2015 2008-2015 627 514 68 318 588 71 009 662 73 700 736 76 391 811 535 784 408

   436 143 1 649 452 126 1 731 468 108 1 813 484 091 1 895 500 074 12 867 553 074 - - - - - - - - - - - - - - - - - -

   063 657 1 717 770 714 1 802 477 770 1 887 184 827 1 971 891 884 13 403 337 481

2011 2012 2013 2014 2015 2008-2015   529 301 21 178 762 300 22 012 995 299 22 847 228 299 23 681 461 298 166 093 166 405    204 282 511 330 158 918 536 755 113 554 562 180 068 190 587 605 022 826 3 988 941 452 800

- - - - - - - - - - - - - - - - - -

   733 583 532 508 921 218 558 768 108 853 585 027 296 488 611 286 484 123 4 155 034 619 205

2011 2012 2013 2014 2015 2008-2015

 861 971 5 043 595 5 227 286 5 414 180 5 605 094 39 637 577  735 010 47 232 681 51 574 435 56 556 872 62 347 075 388 135 051  954 152 26 364 760 28 543 606 31 490 089 34 523 858 171 428 184 390 272 412 395 435 381 459 258 484 058 3 227 640  941 404 79 053 431 85 780 708 93 920 399 102 960 084 602 428 452

2011 2012 2013 2014 2015 2008-2015

   210 878 1 563 514 309 1 620 458 505 1 678 395 834 1 737 579 193 12 287 648 986    853 020 14 642 131 139 15 988 074 965 17 532 630 232 19 327 593 123 120 321 865 910    787 145 8 173 075 524 8 848 517 811 9 761 927 494 10 702 395 906 53 142 737 064

 984 220 127 842 526 134 968 132 142 370 116 150 057 845 1 000 568 278    835 263 24 506 563 497 26 592 019 412 29 115 323 676 31 917 626 068 186 752 820 238

153

Page 154: ONU Comores

TABLEAU 5.8 : AGRÉGATION DES COÛTS D’ATTEINTE DES OMD EN 2015 (SUITE)

SANTE (Données en $ américains)Interventions 2008 2009 2010Coûts systémiques 65 019 176 59 234 734 64 675 020 87    Santé infantile 107 170 221 107 673 303 110 835 300 167    Santé maternelle 3 240 176 3 091 789 3 080 851 3    VIH/SIDA 1 270 324 5 043 950 8 965 018 13    Paludisme 1 674 597 1 718 151 1 763 265 1    Tuberculose 31 992 32 824 33 686   Coût total 178 406 486 176 794 749 189 353 139 273 5   SANTE (Données en FC)Interventions 2008 2009 2010Coûts systémiques 20 155 944 709 18 362 767 415 20 049 256 105 27 203    Santé infantile 33 222 768 528 33 378 723 796 34 358 942 871 51 948    Santé maternelle 1 004 454 592 958 454 446 955 063 766 1 031    VIH/SIDA 393 800 442 1 563 624 491 2 779 155 554 4 039    Paludisme 519 124 977 532 626 805 546 612 095 561    Tuberculose 9 917 441 10 175 382 10 442 559 10    Coût total 55 306 010 690 54 806 372 335 58 699 472 950 84 795 5  

154

5ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE ET CADRAGE MACROÉCONOMIQUE 2010 – 2014

Page 155: ONU Comores

2011 2012 2013 2014 2015 2008-2015

 754 815 112 133 862 163 259 545 190 528 660 219 890 066 962 495 877  574 843 227 651 760 353 241 469 422 162 142 493 703 594 1 990 012 631  328 065 3 613 235 4 133 054 4 471 302 4 826 415 29 784 885  031 837 17 250 574 21 619 849 26 150 011 30 811 212 124 142 775  809 959 1 858 232 1 908 069 1 959 447 2 012 546 14 704 266

34 578 34 752 35 684 36 645 37 233 277 394  534 096 362 542 415 544 197 670 645 308 207 751 281 066 3 121 417 829

2011 2012 2013 2014 2015 2008-2015

   992 558 34 761 497 184 50 610 458 818 59 063 884 482 68 165 920 598 298 373 721 868    201 315 70 572 045 736 109 504 855 509 130 870 263 971 153 048 114 032 616 903 915 758    700 061 1 120 102 763 1 281 246 639 1 386 103 551 1 496 188 517 9 233 314 334    869 450 5 347 677 963 6 702 153 224 8 106 503 450 9 551 475 763 38 484 260 338

 087 380 576 051 844 591 501 404 607 428 710 623 889 294 4 558 322 509  719 097 10 773 229 11 062 164 11 360 034 11 542 379 85 992 286

   569 862 112 388 148 720 168 701 277 758 200 045 544 198 232 897 130 582 967 639 527 095

155

SCRP

Page 156: ONU Comores

TOTAL SECTEURS OMD (Données en $ américains)Interventions 2008 2009 2010ENERGIE 163 015 550 331 607 986 508 168 904 692    ROUTES TRANSPORT 426 421 681 458 587 287 490 129 780 522    GENRE 825 397 991 336 1 159 045 1    DEVELOPPEMENT RURAL 26 407 782 93 205 592 119 776 232 146    SANTE 178 406 486 176 794 749 189 353 139 273    EDUCATION 54 205 513 49 902 781 61 664 132 74    ASSAINISSEMENT 1 378 942 486 1 463 649 543 1 548 356 600 1 633    Coût total 2 228 224 896 2 574 739 274 2 918 607 831 3 344 2   TOTAL SECTEURS OMD (Données en FC)Interventions 2008 2009 2010ENERGIE 50 534 820 398 102 798 475 514 157 532 360 159 214 829    ROUTES TRANSPORT 8 770 863 985 9 155 695 235 9 540 526 485 9 925    GENRE 12 432 840 109 16 105 410 750 19 974 576 012 24 072    DEVELOPPEMENT RURAL 17 083 796 996 40 694 684 472 52 211 188 575 64 056    SANTE 55 306 010 690 54 806 372 335 58 699 472 950 84 795    EDUCATION 16 803 709 183 15 469 862 135 19 115 881 004 23 231    ASSAINISSEMENT 427 472 170 678 453 731 358 313 479 990 545 948 506 249    Coût total 588 404 212 040 692 761 858 755 797 064 551 133 927 160 2  

TABLEAU 5.8 : AGRÉGATION DES COÛTS D’ATTEINTE DES OMD EN 2015 (SUITE)

156

5ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE ET CADRAGE MACROÉCONOMIQUE 2010 – 2014

Page 157: ONU Comores

2011 2012 2013 2014 2015 2008-2015

 998 463 886 406 915 1 088 715 279 1 300 255 710 1 521 371 875 6 492 540 681  283 305 553 285 077 585 408 133 617 144 573 647 893 304 4 301 153 139  327 845 1 491 696 1 665 176 1 843 170 2 026 367 11 330 033  134 501 407 153 593 221 609 097 263 280 812 314 690 688 1 592 258 296  534 096 362 542 415 544 197 670 645 308 207 751 281 066 3 121 417 829  941 404 79 053 431 85 780 708 93 920 399 102 960 084 602 428 452

   063 657 1 717 770 714 1 802 477 770 1 887 184 827 1 971 891 884 13 403 337 481    283 270 4 007 703 840 4 329 853 834 4 808 937 698 5 312 115 269 29 524 465 912

2011 2012 2013 2014 2015 2008-2015

   523 422 274 786 143 521 337 501 736 576 403 079 270 235 471 625 281 288 2 012 687 611 113    357 735 10 310 188 985 10 695 020 235 11 079 851 485 11 464 682 735 80 942 186 883    198 267 28 392 433 914 32 934 979 334 37 695 938 149 42 732 456 901 214 340 833 436    064 850 149 088 563 429 96 195 208 591 114 372 567 561 136 592 349 431 670 294 423 906    569 862 112 388 148 720 168 701 277 758 200 045 544 198 232 897 130 582 967 639 527 095    835 263 24 506 563 497 26 592 019 412 29 115 323 676 31 917 626 068 186 752 820 238    733 583 532 508 921 218 558 768 108 853 585 027 296 488 611 286 484 123 4 155 034 619 205    282 982 1 131 980 963 285 1 231 388 350 760 1 380 415 791 792 1 538 516 011 129 8 287 692 021 876

157

SCRP

Page 158: ONU Comores

C3. SCÉNARIO FMI

Se référant aux tendances récentes et aux ef-forts entrepris dans le cadre de l’Appui d’Ur-gence Post Con%it du FMI, les Comoresdevraient connaître une contraction de lacroissance du PIB réel en comparaison auscénario précédent. En e"et, le taux de crois-sance se situerait en moyenne à 3.6% sur lapériode 2010 à 2014, contre 4.3% dans le scé-nario SCRP.

Le taux d’investissement devrait atteindre14.5% en moyenne annuelle avec cependant

une faiblesse de l’épargne intérieure qui at-teint un plafond de 5.2% en 2013.

Au niveau des Finances publiques, les e"ortsentrepris pour maîtriser la masse salariale etles dépenses publiques en général se tradui-ront sur le dé!cit de !nancement qui devraitse contracter au !l des ans pour atteindre2.1% du PIB en 2013 contre 4.8% en 2009.Le solde primaire intérieur devrait par ail-leurs s’améliorer pour être en léger excédent,à 0.3% du PIB en 2013 contre -1.6% en2009.

TABLEAU 5.9 : PRINCIPAUX AGRÉGATS MACROÉCONOMIQUES DU CADRAGE SUIVANT LE SCÉNARIO FMI (*)

Projections 2009 2010 2011 2012 2013PIB au prix du marché (milliards de FC) 192.82 199.45 211.84 226.96 244.36Recettes budgétaires 24.48 25.94 28.39 31.55 34.94

Recettes "scales 18.31 19.62 21.68 24.36 27.20

Recettes non "scales 6.17 6.32 6.71 7.19 7.74

Dépenses totales 40.80 42.48 45.40 49.04 52.84

Dépenses en capital 12.30 13.30 14.60 16.26 18.36

Dépenses courantes 28.50 29.18 30.80 32.77 34.49

Salaires 16.90 17.09 17.60 18.48 19.13

Salaires/Recettes totales (en%) 69% 66% 62% 59% 55%

Dépenses d’investissement "nancées sur res-sources propres 1.03 1.25 1.41 1.71 2.23

Dépenses d'investissement "nancées sur res-sources extérieures 10.74 11.47 12.57 13.88 15.39

Financement Externe 16.79 6.2 6.3 6.5 6.7

Dons projets 11.33 6.20 6.30 6.50 6.70

Dons non projets 5.46 0 0 0 0

Solde Primaire -3.2 -2.6 -1.8 -0.6 0.6Solde Global hors dons -16.3 -16.5 -17.0 -2.8 -1.6

Besoin de Financement 9.22 6.97 6.50 6.49 5.15Taux de Croissance réel du PIB (en%) 1 2 3 3.5 4.1

158(*) Données en milliards de Francs Comoriens, sauf indication contraire

Sources : autorités comoriennes, et estimations et projections des services du FMI.

Page 159: ONU Comores

TABLEAU 5.10 : PRINCIPAUX AGRÉGATS MACROÉCONOMIQUES DU CADRAGE SUIVANT LE SCÉNARIO FMI (**)

Projections 2009 2010 2011 2012 2013PIB au prix du marché (milliards de FC) 192.82 199.45 211.84 226.96 244.36Recettes budgétaires 12.7 13 13.4 13.9 14.3

Recettes "scales 9.5 9.8 10.2 10.7 11.1

Recettes non "scales 3.2 3.2 3.2 3.2 3.2

Dépenses totales 21.2 21.3 21.4 21.6 21.6

Dépenses en capital 6.4 6.7 6.9 7.2 7.5

Dépenses courantes 14.8 14.6 14.5 14.4 14.1

Salaires 8.8 8.6 8.3 8.1 7.8

Salaires/Recettes totales (en%) 69% 66% 62% 59% 55%

Dépenses d’investissement "nancées sur res-sources propres 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9

Dépenses d'investissement "nancées sur res-sources extérieures 5.6 5.8 5.9 6.1 6.3

Financement Externe 5.9 6.1 6.3 6.5 6.7

Dons projets 5.9 6.1 6.3 6.5 6.7

Dons non projets 0 0 0 0 0

Solde Primaire -1.6 -1.3 -0.8 -0.3 0.3Solde Global hors dons -8.5 -8.3 -8 -1.2 -0.7

Besoin de Financement 4.8 3.5 3.1 2.9 2.1Taux de Croissance réel du PIB (en%) 1 2 3 3.5 4

159

(**) Données % du PIB, sauf indication contraireSources : autorités comoriennes, et estimations et projections des services du FMI.

Le tableau 5.11 à la page suivante présente de manière comparative les di"érents scénarii.

SCRP

Page 160: ONU Comores

PROJECTIONS2010 2011

Scénario de base

ScénarioOMD

Scénario FMI

Scénario de base

ScénarioOMD

Scénario FMI

Scén de b

PIB au prix du marché (milliards FC) 194.88 199.5 208.01 211.8

Recettes budgétaires (en% du PIB) 13.6 0 13 13.8 0 13.4

Recettes "scales (en% du PIB) 10.9 9.8 11.1 10.2

Recettes non "scales (en% du PIB) 2.7 3.2 2.7 3.2

Dépenses totales (en% du PIB) 29.1 0 21.3 29.1 0 21.4

Dépenses en capital (en% du PIB) 13.9 6.7 14.1 6.9

Dépenses courantes (en% du PIB) 15.2 14.6 15 14.5

Salaires (en% du PIB) 8.8 8.6 8.3 8.3

Salaires / Recettes totales 63.3 65.87 59.1 62.0

Dépenses d'inv. Fin. Int (en% duPIB) 1 0.6 1.5 0.7

Dépenses d'inv. Fin. Ext (en% duPIB) 12.9 5.8 12.6 5.9

Financement Ext (en% du PIB) 6.2 0 6.1 6.3 0 6.3

Dons projets (en% du PIB) 6.2 6.1 6.3 6.3

Dons non projets (en% du PIB) 0 0 0 0

Solde Primaire (en% du PIB -1.9 -1.3 -1.5 -0.8

Solde Global dons exclus.% PIB -15.8 -8.3 -15.6 -8

Besoin de Financement (en mil-liards de FC) 18.6 672 6.97 19.2 773 6.50

Taux de Croissance Réel du PIB 2.5 2 3.6 3

TABLEAU 5.11 : ANALYSE COMPARATIVE DES TROIS SCENARII

160

5ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE ET CADRAGE MACROÉCONOMIQUE 2010 – 2014

Page 161: ONU Comores

2012 2013 2014nario base

ScénarioOMD

Scénario FMI

Scénario de base

ScénarioOMD

Scénario FMI

Scénario de base

ScénarioOMD

Scénario FMI

223.27 226.96 242.13 244.4 262.76 244.4

14.5 0 13.9 14.7 0 14.3 15 0 14.3

11.8 10.7 12 11.1 12.3 11.1

2.7 3.2 2.7 3.2 2.7 3.2

28.9 0 21.6 28.4 0 21.6 26.8 0 21.6

14.3 7.2 13.8 7.5 13.3 7.5

14.6 14.4 14.6 14.1 13.5 14.1

8 8.1 7.6 7.8 7.1 7.8

53.9 58.6 49.3 54.75 45.6 54.75

1.9 0.8 2.1 0.9 2.3 0.9

12.4 6.1 11.6 6.3 11 6.3

6.5 0 6.5 6.7 0 6.7 6.3 0 6.7

6.5 6.5 6.7 6.7 6.3 6.7

0 0 0 0 0 0

-0.4 -0.3 -0.1 0.3 1.4 0.3

-14.7 -1.2 -13.8 -0.7 -11.9 -0.7

18.3 899 6.50 17.3 1098 5.15 14.8 1492 5.15

4.4 3.5 5.5 4 5.6 4

161

SCRP

Page 162: ONU Comores

ESTIMATION DES BESOINS DE FINANCEMENT DE LA SCRP

6

162

Page 163: ONU Comores

A. INTRODUCTION

Au cours de la période 2010-2014, legouvernement entend concentrerses e#orts et orienter ceux des PTF

pour la mise en œuvre des programmesprioritaires identi!és. Au total, la stratégiecompte trente-deux (32) programmesprioritaires. Les ressources !nancières re-quises, incluant les ressources déjà mobi-lisées, sont estimées à environ 463milliards de FC sur la période, soit 92 mil-

liards de FC en moyenne par année. Lesressources !nancières à rechercher aucours de la période s’établissent à 418 mil-liards de FC, soit environ 83 milliards deFC par année en moyenne.

163

SCRP

Page 164: ONU Comores

Axes Stratégiques Financement acquis

Financement à rechercher

Totaux

Millions de FC Pourcentage

Axe I : Stabiliser l’économie et établirles bases d’une croissance forte fon-dée sur l’équité

20 389 234 285 254 674 55

Axe II : Renforcer les secteurs por-teurs en mettant l’emphase sur lerenforcement instititionnel et uneparticipation accrue des opérateurséconomiques privés

802 55 025 55 826 12

Axe III : Renforcer la gouvernance etla cohésion sociale 6 560 14 817 21 377 4,6

Axe IV : Améliorer l’état sanitaire dela population 8 406 62 234 70 641 15,2

Axe V : Promouvoir l’éducationet laformation professionnelle en vued’améliorer le capital humain

4 020 28 768 32 788 7,1

Axe VI : Promouvoir la durabilité del’environnement et la sûreté civile 5 013 23 030 28 043 6,1

Grand total 45190 418159 463 349 100

TABLEAU 6.1 : BESOINS PAR AXE STRATÉGIQUE POUR LA PÉRIODE 2010-2014 (MILLIONS DE FC)

164

6ESTIMATION DES BESOINS DE FINANCEMENT DE LA SCRP

Page 165: ONU Comores

Grands secteurs Financement acquis

Financement à rechercher

Totaux

Millions de FC Pourcentage

Agriculture 47 15 808 15 854 3,4

Pêche 558 18 607 19 165 4,1

Elevage 0 9 781 9 781 2,1

Tourisme 0 6 025 6 025 1,3

Energie 850 70 154 71 004 15,3

Eau potable et assainissement 14 190 26 445 40 635 8,8

Infrastructures économiques et decommunication 3 616 67 025 70 641 15,2

Environnement et sûreté publique 5 013 23 030 28 043 6,1

Education 4 020 28 768 32 788 7,1

Santé 8 406 62 234 70 641 15,2

Secteur privé et "nancier 197 4 804 5 001 1,1

Gouvernance et cohésion sociale 6 560 14 817 21 377 4,6

Réformes des "nances publiques etpolitique commerciale 1 733 70 661 72 394 15,6

Grand total 45 190 418 159 463 349 100

TABLEAU 6.1 : BESOINS PAR GRAND SECTEUR POUR LA PÉRIODE 2010-2014(MILLIONS DE FC)

Les ressources actuellement disponibles pour la période sont de 46,1 milliards de FC, soit environ 9,2milliards par année (Annexe 1).Par ailleurs, il faut souligner que l’exercice de budgétisation de la SCRP indique des besoins de 'nan-cements largement supérieurs aux estimations du scénario SCRP du cadrage macroéconomique, maistrès inférieurs aux besoins évalués lors de la budgétisation des OMD.La répartition des 'nancements requis par axe stratégique et par programme prioritaire de la SCRPest présentée dans les tableaux suivants.

165

SCRP

Page 166: ONU Comores

TABLEAU 6.3 : BUDGET DE L’AXE 1 PAR PROGRAMME POUR LA PÉRIODE 2010-2014 (MILLIONS DE FC)

Programmes2010 2011 20

ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS

Programme 1 : Amélioration dufonctionnement de l’Etat et des "-nances publiques

578 17 056 253 15 437 199

Programme 1.2 : Renforcement descapacités pour l’insertion dans lecommerce international et national

119 713 113 405 110

Programme 1.3 : Amélioration del’approvisionnement en l’énergie àfaible coût

330 13 938 260 13 924 260

Programme 1.4 : Amélioration desstructures et des services de com-munications

3 616 11 559 0 12 255 0

Programme 1.5 : Accroissement del’accès à l’eau potable, à l’assainisse-ment et gestion durable de la res-source

3 030 5 097 2 790 5337 2 790

Total Programmes de l’Axe 1 7 643 48 363 3416 47 358 3 359

AXE STRATEGIQUE I : STABILISER L’ÉCONOMIE ET ÉTABLIR LES BASES D’UNE CROIS-SANCE ACCÉLÉRÉE ET DURABLE FONDÉE SUR L’ÉQUITÉ

Le budget de l’axe 1 par programme pour la période 2010-2014 se situe à environ 255 milliards de FC,dont 234 milliards à rechercher.

166

6ESTIMATION DES BESOINS DE FINANCEMENT DE LA SCRP

Page 167: ONU Comores

012 2013 20142010 - 2014Grand total

A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER

15 587 218 15 710 143 4 793 1 391 68 583

406 0 292 0 262 342 2 078

13 924 0 14 184 0 14 184 850 70 154

11 034 0 15 595 0 16 582 3 616 67 025

5 337 2 790 5 337 2 790 5 337 14 190 26 445

46 288 3008 51 118 2 933 41 158 20 389 234 285

167

SCRP

Page 168: ONU Comores

TABLEAU 6.4 : BUDGET DE L’AXE 2 PAR PROGRAMME POUR LA PÉRIODE 2010-2014 (MILLIONS DE FC)

Programmes2010 2011 20

ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS

Programme 2.1 : Appui à la promo-tion du secteur privé 123 1 607 36 397 26

Programme 2.2 : Intermédiation "-nancière et micro-crédit 5 700 10 420 0

Programme 2.3 : Appui à la re-structuration et à la consolidationdu patrimoine foncier

10 221 5 557 5

Programme 2.4 : Appui à la créa-tion d’un environnement favorableau développement du secteur agri-cole

9 1 708 9 966 9

Programme 2.5 : Relance de la pro-duction agricole et argoalimentaire 0 2 569 0 2 758 0

Programme 2.6 : Protéger le chep-tel animal de production contre lesmaladies infectieuses et intensi"erles "lières de productions animales

0 993 0 1 307 0

Programme 2.7 : Création d’un en-vironnement favorable au déve-loppement harmonieux du secteur

22 108 0 44 3

Programme 2.8: Développementdu système de conservation, detransformation et de commerciali-sation des produits halieutiques

113 2 862 100 2 037 100

Programme 2.9 : Appui au déve-loppement touristique 0 1 570 0 1 415 0

Total Programmes de l’Axe 2 282 12 338 160 9 901 143

AXE STRATEGIQUE II : RENFORCER LES SECTEURS PORTEURS EN METTANT L’EM-PHASE SUR LE RENFORCEMENT INSTITUTIONNEL ET UNE PARTICIPATION ACCRUEDES OPERATEURS ECONOMIQUES

Le budget de l’axe 2 par programme pour la période 2010-2014 se situe à environ 55,8 milliards de FC,dont 55 milliards à rechercher.

168

Page 169: ONU Comores

012 2013 20142010 - 2014Grand total

A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER

210 1 5 1 5 187 2 224

180 0 1 295 0 0 10 2 580

732 0 50 0 50 20 1 610

906 0 1 197 0 1 197 27 5 974

2 769 0 33 0 95 0 8 224

2 072 0 2 560 0 3 127 0 9 781

47 8 42 12 68 45 309

3 622 115 4 446 85 5 331 513 18 298

1 360 0 980 0 700 0 6 025

11 898 124 10 608 98 10 573 802 55 025

169

SCRP

Page 170: ONU Comores

TABLEAU 6.5 : BUDGET DE L’AXE 3 PAR PROGRAMME POUR LA PÉRIODE 2010-2014 (MILLIONS DE FC)

Programmes2010 2011 20

ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS

Programme 3.1 : Promouvoir la co-hésion sociale et la consolidationde la paix

807 1 490 530 837 470

Programme 3.2 : Promouvoir lalutte contre la corruption et amé-liorer la transparence dans la ges-tion des a!aires publiques

1 081 688 469 700 334

Programme 3.3 : Renforcer les ca-pacités de l’institution judiciaire 375 449 310 515 285

Programme 3.4 : Lutter contre leterrorism, la criminalité transver-sale et renforcer la securité civile

0 1 475 0 945 0

Total Programmes de l’Axe 3 2 263 4 102 1 309 2 997 1 089

AXE STRATEGIQUE III : RENFORCER LA GOUVERNANCE ET LA COHESION SOCIALE

Le budget de l’axe 3 pour la période 2010-2014 se situe à 21,7 milliards de FC, dont 14,8 milliards à re-chercher.

170

6ESTIMATION DES BESOINS DE FINANCEMENT DE LA SCRP

Page 171: ONU Comores

012 2013 20142010 - 2014Grand total

A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER

1 027 260 865 180 635 2 247 4 854

507 114 377 10 10 2 008 2 282

965 20 835 0 270 1 660 4 186

765 360 195 285 115 645 3 495

3 264 754 2 272 475 1 030 6 560 14 817

171

SCRP

Page 172: ONU Comores

TABLEAU 6.6 : BUDGET DE L’AXE 4 PAR PROGRAMME POUR LA PÉRIODE 2010-2014 (MILLIONS DE FC)

Programmes2010 2011 20

ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS

Programme 4.1 : Lutte contre lepaludisme et les maladies priori-taires

1 407 2 200 626 2 347 659

Programme 4.2 : Développementintégré de la santé sexuelle et gé-nésique

2 878 2 1 453 2

Programme 4.3 : Lutte contre leVIH/SIDA et les infections sexuelle-ment transmissibles

20 20 20 108 20

Programme 4.4 : Renforcement del’e$cacité de l’e$cience du sys-tème de santé dans toutes sescomposantes

3 122 53 0 9 378 0

Total Programmes de l’Axe 4 4 550 701 681 13 374 681

AXE STRATEGIQUE IV : AMELIORER L’ETAT SANITAIRE DE LA POPULATION

Le budget de l’axe 4 pour la période 2010-2014 se situe à 70,6 milliards de FC, dont 62,2 milliards à re-chercher.

172

6ESTIMATION DES BESOINS DE FINANCEMENT DE LA SCRP

Page 173: ONU Comores

012 2013 20142010 - 2014Grand total

A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER

2 347 1 670 2 064 764 2 166 5 126 11 211

1 293 0 1 308 0 1 313 6 6 245

216 20 135 20 149 100 696

8 594 0 9 539 0 9 915 3 174 44 083

12 450 1 690 13 045 784 13 543 8 406 62 234

173

SCRP

Page 174: ONU Comores

TABLEAU 6.7 : BUDGET DE L’AXE 5 PAR PROGRAMME POUR LA PÉRIODE 2010-2014 (MILLIONS DE FC)

Programmes2010 2011 20

ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS

Programme 5.1 : Développementde l’éducation, de l’enseignementtechnique et de la formation pro-fessionnelle en adéquation avec lemarché de l’emploi

458 72 609 124 773

Programme 5.2 : Amélioration del’accès et la qualité de l’éducationde base (Préélémentaires, élémen-taires et secondaires)

538 3 174 690 3 560 5

Programme 5.3 : Développementdes ressources humaines compé-tentes et de la SWAp en éducation

17 241 12 571 17

Programme 5.4 : Promotion de l’al-phabetisation et des activités spor-tives et culturelles

0 343 0 518 0

Total Programmes de l’Axe 5 1 012 3 829 1311 4 772 795

AXE STRATEGIQUE V : DEVELOPPER L’EDUCATION ET LA FORMATION PROFES-SIONNELLE EN VUE D’AMELIORER LE CAPITAL HUMAIN

Le budget de l’axe 5 pour la période 2010-2014 se situe à 32,8 milliards de FC, dont 4 milliards à recher-cher.

174

6ESTIMATION DES BESOINS DE FINANCEMENT DE LA SCRP

Page 175: ONU Comores

012 2013 20142010 - 2014Grand total

A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER

228 878 435 0 1 853 2 718 2 711

4 654 0 3 871 26 3 987 1 258 19 246

782 0 1 006 0 1 223 45 3 822

625 0 713 0 790 0 2 989

6 289 878 6 024 26 7 854 4 020 28 768

175

SCRP

Page 176: ONU Comores

TABLEAU 6.8 : BUDGET DE L’AXE 6 PAR PROGRAMME POUR LA PÉRIODE 2010-2014 (MILLIONS DE FC)

Programmes2010 2011 20

ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS

Programme 6.1 : Conservation dela biodiversité et partage équitabledes avantages qui en découlent

156 317 10 322 10

Programme 6.2 : Conservation etvalorisation de l’agro biodiversité 0 1 200 0 1 230 0

Programme 6.3 : Adaptation auxchangements climatiques 1 012 3 200 810 2 200 630

Programme 6.4 : Eco assainisse-ment des "nances publiques 260 850 260 950 260

Programme 6.5 : Développementdes capacités de gestion et decoordination multisectorielle del’environnement

0 293 0 272 0

Programme 6.6 : Mettre en placeun système de préparation, de ré-ponse et de gestiondes risques etdésastres naturels et climatiques

117 35 92 35 0

Total Programmes de l’Axe 6 1 545 5 895 1 172 5 009 900

AXE STRATEGIQUE VI : PROMOUVOIR LA DURABILITE DE L’ENVIRONNEMENT ETLA SURETE NATIONALE

Le budget de l’axe 6 pour la période 2010-2014 se situe à 28 milliards de FC, dont 23 milliards à recher-cher.

176

6ESTIMATION DES BESOINS DE FINANCEMENT DE LA SCRP

Page 177: ONU Comores

012 2013 20142010 - 2014Grand total

A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER ACQUIS A RECHERCHER

300 8 250 8 200 192 1 535

1 100 0 1 010 0 700 0 5 240

2 500 430 1 500 430 1 100 3 312 10 500

950 260 850 260 750 1 300 4 350

225 0 195 0 195 0 1 180

54 0 54 0 47 209 225

5 129 698 3 859 698 2 992 5 013 23 030

177

SCRP

Page 178: ONU Comores

178

CADRE DE SUIVI-ÉVALUATION DE LA SCRP

7

Page 179: ONU Comores

179

A. CONTEXTE

La Stratégie de Croissance et de Ré-duction de la Pauvreté (SCRP) 2010-2014 vise l’atteinte de plusieurs

objectifs‚ notamment une croissance éco-nomique forte et soutenue‚ une réductiondurable de la pauvreté monétaire etl’amélioration des conditions de vie et dubien-être socio-économique des mé-nages. Le degré d’atteinte des objectifssera mesuré par un ensemble d’indica-

teurs de résultats à travers l’opérationna-lisation d’un dispositif de suivi-évalua-tion. Ce dispositif est donc unecomposante essentielle pour la mise enœuvre de la SCRP. La collecte, le traite-ment et l’analyse des données, de mêmeque la production périodique de rapportsd’avancement et de performance sont es-sentiels au suivi et à l’évaluation des per-formances des politiques et desprogrammes mis en œuvre dans le cadrede la SCRP, au pilotage de la SCRP et auprocessus de prise de décision.

SCRP

Le dispositif de suivi-évaluation de laSCRP intérimaire n’a malheureuse-ment pas fonctionné comme il aurait

dû pour plusieurs raisons. Il faut notammentrappeler la situation sociopolitique particu-lière qu’a connue le pays au cours des 3 der-nières années qui n’a pas permis de faire degrandes avancées à la fois dans la mise enœuvre de la SCRP et dans l’opérationnalisa-tion du dispositif de suivi-évaluation. D’au-tres facteurs sont également venus perturberla mise en œuvre du dispositif. On note entreautres, un manque de coordination du dispo-sitif au niveau central, l’absence de moyenspour que les structures concernées puissentconduire correctement les activités de suivi-

évaluation, l’insu#sance de personnel quali!éet de compétence dans le domaine, l’absenced’outils techniques qui aurait permis d’opéra-tionnaliser le dispositif de suivi-évaluation, etle manque de précisions quant aux attentesdes utilisateurs et des décideurs en matière desuivi-évaluation de la SCRP.

Le Gouvernement reconnaît les insu#sancesdu dispositif de suivi de la SCRP intérimaireet entend apporter des correctifs pour le ren-dre opérationnel et plus e#cace. Il est envi-sagé dans le cadre de la mise en œuvre de laSCRP de renforcer ce dispositif au plan ins-titutionnel, en termes de capacités, et à tra-vers un redressement du système de collecte

Page 180: ONU Comores

et d’analyse des données sectorielles et desdonnées portant sur les conditions de vie desménages en particulier. Des e"orts serontégalement faits pour responsabiliser davan-tage les secteurs et les structures décentrali-sées à travers un appui aux GroupesTechniques Sectoriels (GTS) et aux Comitésde Plani!cation et de Suivi-Évaluation duDéveloppement (COPSED). Il est envisagénotamment de renforcer les capacités insti-tutionnelles en matière de plani!cation opé-rationnelle et de suivi d’exécution desprogrammes et des projets, et de les accom-pagner dans la mise en œuvre de ces proces-sus.

Par ailleurs, le gouvernement entend renfor-cer la Direction Nationale de la Statistiquepour qu’elle soit en mesure de mieux coor-donner le dispositif d’enquêtes nécessaires ausuivi-évaluation de la SCRP. Sur le plan ins-titutionnel, il sera également important d’as-socier les structures décentralisées duministère du plan dans les îles et la société ci-vile dans le suivi a!n d’améliorer l’appropria-tion de la SCRP par les populations, leprocessus participatif, et de ce fait, renforcerla qualité des services et l’e#cacité de la miseen œuvre des politiques et programmes.

Le dispositif technique et institutionnel re-tenu est simple et adapté au contexte géogra-phique et institutionnel du pays. Il tientcompte des capacités humaines et !nancièreslimitées du gouvernement, et implique autantque possible les structures existantes déjà im-pliquées dans la mise en œuvre de la SCRP.

B. PRINCIPES ET OBJECTIFS DU DISPOSI-TIF DE SUIVI-ÉVALUATION

La mise en œuvre du dispositif suivi-évalua-tion favorisera une combinaison de méthodesqualitatives et quantitatives, et de visions dis-ciplinaires, en accord avec la nature multidi-mensionnelle des conditions de vie et de lapauvreté. Les préoccupations transversales,notamment de genre et de droits humains, decommerce, d’accès aux technologies mo-dernes d’information et de production, etd’atteinte des OMD seront systématique-ment prises en compte dans les méthodolo-gies et activités de suivi-évaluation.L’approche en la matière sera autant que pos-sible participative et inclusive.

Le dispositif de suivi-évaluation de la SCRPest régi par les six principes suivants:

1. La consolidation des acquis et de l’existant;2. La promotion de l’approche participativeet de l’appropriation nationale;3. L’adoption progressive de l’approche « ges-tion axée sur les résultats » au plan nationalet sectoriel;4. La responsabilisation des ministères tech-niques et des îles dans l’exécution et le suivides di"érents programmes prioritaires rele-vant de leur champ de compétence;5. La dynamisation et le renforcement del’appareil statistique aussi bien aux niveauxcentral, sectoriel que décentralisé;6. L’implication de la Société Civile dans leprocessus de suivi-évaluation.

La mise en œuvre du dispositif devra être

180

7CADRE DE SUIVI-ÉVALUATION DE LA SCRP

Page 181: ONU Comores

progressive pour tenir compte des contraintesde ressources et de capacités, avec des activi-tés de renforcement institutionnel et humain,et des extrants intermédiaires à chaque étape.Plutôt que de mettre en place une superstruc-ture complexe intégrant un grand nombre destructures en devenir, ce qui risquerait d’hy-pothéquer le démarrage du dispositif par desdiscussions sur le partage des compétences etpar des besoins signi!catifs de !nancement,l’approche retenu est pragmatique: il s’agirade commencer par des actions rapides débou-chant à court terme sur des produits jugésutiles par les décideurs et les utilisateurs dudispositif, puis de développer progressive-ment des partenariats stratégiques entre lesstructures impliquées pour étendre et appro-fondir le dispositif.

Le dispositif de suivi-évaluation de la SCRPa pour objectifs de fournir des données et desanalyses:

1. Pertinentes pour le suivi de la SCRP etutiles pour la prise de décisions. Pour ce faire,il sera fondamental de bien coordonner lesacteurs concernés et les di"érentes opérationsde collecte, d’analyse et de di"usion des don-nées, et l’élaboration des rapports d’avance-ment et de performance ;

2. Représentatives et !ables au niveau central,des îles et des catégories socio-économiques.Pour ce faire, il sera important de s’assurer dela rigueur des outils de collecte et de traite-ment des données, et de réaliser des analysesdésagrégées et utiles à la prise de décisions ;3. Sur une base régulière pour être utile au

moment opportun. Il sera important de biencoordonner le dispositif pour respecter les ca-lendriers de collecte, d’analyse, de productiondes rapports et de di"usion des informationsaux di"érents utilisateurs.

Le dispositif de suivi-évaluation devracontribuer à :

1. Réduire les duplications de données, ce quipermettra de faire des économies substan-tielles de ressources !nancières, humaines etmatérielles, et de réduire la confusion relativeà di"érentes valeurs d’un même indicateur;2. Rendre les données et les analyses dispo-nibles à tous les utilisateurs, ce qui supposeun bon système de gestion de l’informationet une stratégie de communication. Dans cecadre, la mise en place graduelle d’un systèmeintégré de gestion de l’information sera né-cessaire pour assurer une bonne gestion pu-blique des programmes et un suivi adéquat.

C. CADRE INSTITUTIONNEL POUR LESUIVI-ÉVALUATION

Le cadre institutionnel retenu pour opéra-tionnaliser le dispositif de suivi-évaluation dela SCRP est organisé autour de sept (7)structures et concerne les ministères secto-riels et les institutions impliquées dans lamise en œuvre de programmes et projets dedéveloppement.

1. Comité Interministériel de Suivi et deCoordination ;2. Comité Stratégique de Coordination del’Aide au Développement ;

181

SCRP

Page 182: ONU Comores

3. Comité Technique de Pilotage de la SCRP(Commissariat Général au Plan) ;4. Secrétariat Technique Permanent de S&Ede la SCRP ;5. Direction Nationale de la Statistique/Structures déconcentrées du Ministère duPlan dans les trois (3) îles ;

6. Groupes Techniques Sectoriels (GTS) ;7. Comités de Plani!cation et de Suivi-Éva-luation du Développement (COPSED) dansles trois (3) îles.

La !gure 7.1 présente le cadre institutionneldu dispositif.

182

-----------------------------

-----------------------------

-----------------------------

Commissariat Général au Plan

Comité technique Permanent

de Pilotage de la SCRP

Comité Interministeriel

de Suivi et de

Coordination

Départements Ministériels

Transversaux

(Economie et Finances)

et Banque Centrale

Secretariat Technique

Permanent

de S&E de la SCRP

Direction

Nationale de la

Statistique et

Direction du

Ministère du Plan

dans les îles

Groupes Techniques

Sectoriels (GTS)

Comités de Planification et de

Suivi-Evaluation du Développement

(COPSED)

Organisations de la Société Civile

----

----

----

----

----

----

----

-

Comité Stratégique de

Coordination de l’Aide

au Développement

FIGURE 7.1 : CADRE INSTITUTIONNEL DE SUIVI-ÉVALUATION DE LA SCRP

7CADRE DE SUIVI-ÉVALUATION DE LA SCRP

Page 183: ONU Comores

Le Comité Interministériel de Suivi et deCoordination est la structure gouvernemen-tale responsable de la prise de décisions poli-tiques et du dialogue avec les partenaires audéveloppement. À ce titre, ce Comité coor-donnera la tenue de réunions ponctuellespour être constamment informé de l’étatd’avancement de la mise en œuvre de laSCRP. Il a la responsabilité de prendre les dé-cisions qui s’imposent pour améliorer la coor-dination et l’e#cacité du dispositif de miseen œuvre des politiques, des programmes etde projets de développement dans le cadre dela SCRP. Le Comité interministériel de suiviet de coordination est placé sous la Prési-dence du Secrétaire général du Gouverne-ment. Il est composé de l’ensemble desmembres du conseil des ministres du gouver-nement. Son secrétariat est assuré par leCommissariat Général au Plan qui préside leComité Technique de Pilotage de la SCRPet le dispositif de S&E.

Le Comité Interministériel de Suivi et deCoordination sera en relation étroite avec leComité stratégique de coordination de l’aideau développement dont la responsabilité estd’assurer une bonne coordination et une plusgrande e#cacité de l’aide au développementdes Comores. Au besoin, ce Comité pourrademander au Secrétariat de Pilotage de laSCRP de lui faire le point sur l’état d’avan-cement de la SCRP ou de certains pro-grammes ou projets. Le Comité stratégiquede coordination de l’aide au développementest placé sous la Présidence du Chef de l’État.Il est composé des membres d’un Conseil ex-traordinaire des ministres et des partenaires

techniques et !nanciers (PTF). Son secréta-riat est assuré par le Commissariat Généralau Plan.

Le Comité Technique de Pilotage de laSCRP est la structure responsable de super-viser, de coordonner et de piloter la mise enœuvre et le suivi-évaluation de la SCRP. Cecomité est au cœur du dispositif de mise enœuvre et de suivi-évaluation. Il est appuyé parle Secrétariat Technique Permanent de S&Ede la SCRP qui est son bras droit et qui as-sure son secrétariat. Il s’assure que le dispo-sitif de S&E fonctionne adéquatement etrespecte les calendriers de suivi et de rappor-tage.

Le Commissariat Général au Plan, à traversle Comité de Pilotage et le Secrétariat Per-manent de S&E de la SCRP, est responsablede rendre compte au Comité Interministérielde Suivi et de Coordination de l’état d’avan-cement de la SCRP. Il sera également appeléà informer le Comité Stratégique de Coor-dination de l’Aide au Développement del’exécution des programmes prioritaires et desprojets mis en œuvre dans le cadre de laSCRP.

De manière plus spéci!que, le Comité Tech-nique de Pilotage de la SCRP a les respon-sabilités suivantes :

1. Coordonner la mise en œuvre et le dispo-sitif de suivi-évaluation de la SCRP;2. S’assurer que les indicateurs de perfor-mance retenus sont cohérents avec les axesstratégiques de la SCRP et les OMD, et

183

SCRP

Page 184: ONU Comores

qu’ils permettent d’apprécier les progrès réa-lisés en matière de croissance et de réductionde la pauvreté;3. Proposer un programme de travail poursuivre l’évolution des conditions de vie et dela pauvreté‚ coordonner les études sur lescauses de la pauvreté et les évaluations d’im-pacts de certaines interventions mises enœuvre ;4. Coordonner et contribuer à l’élaborationdes rapports annuels sur l’état d’avancementde la mise en œuvre de la SCRP ;5. Réaliser ou coordonner la réalisationd’études thématiques en rapport avec laSCRP et en fonction des besoins des déci-deurs et des utilisateurs du système de suivi-évaluation.

Ce comité aura également la responsabilitéde di"user les résultats des études et des rap-ports d’avancement réalisés par les acteurs dudispositif de suivi-évaluation de la SCRP.Cela inclut la publication des études et desrapports d’avancement‚ l’organisation d’ate-liers de présentation des résultats à l’intentiondes décideurs‚ la di"usion de l’informationauprès des acteurs de la société civile et dupublic en général, et le développement d’unréseau d’échanges avec les ministères secto-riels et les représentations dans les îles.

Le Comité Technique de Pilotage de laSCRP est composé des membres du ComitéTechnique de Coordination de l’Aide insti-tué par le décret N° 09_062/PR auxquelss’ajoutent tous les Secrétaires Généraux desministères ainsi que les Directeurs de Plandes îles. Le Comité de Pilotage de la SCRP

est présidé par le Commissaire général auPlan.

Le Secrétariat Technique Permanent deS&E de la SCRP travaillera en étroite colla-boration avec les Groupes Techniques Sec-toriels (GTS) qui ont en charge les activitésde plani!cation, de mise en œuvre et de ges-tion des programmes et projets, de suivid’exécution des programmes et des projets, etde la collecte des données sectorielles. Il estla cheville ouvrière de tout le cadre institu-tionnel et veille quotidiennement à la miseen œuvre de la SCRP. Il est en charge de lapréparation du rapport annuel de mise enœuvre de la stratégie, et à ce titre, il travailleavec les GTS qui jouent un rôle central dansla préparation des rapports annuels de per-formance des programmes et projets. Ce tra-vail se fera en lien étroit avec les Comités dePlani!cation et de Suivi-Évaluation du Dé-veloppement des îles sous la coordination duSecrétariat Technique de Pilotage et de S&Ede la SCRP.

Les Groupes Techniques Sectoriels (GTS)des ministères sectoriels produisent des in-formations importantes pour le suivi-évalua-tion de la SCRP. Ils contribuent notammentau suivi d’exécution des programmes priori-taires en rendant disponibles les informationssur l’état d’avancement des programmes et deprojets. Dans cette perspective‚ la mise enplace des Cadres de Dépenses Sectorielles àMoyen Terme (CDS-MT) et la préparationde Plan de Travail Annuel (PTA) servirontde base opérationnelle à la mise en œuvre etau suivi d’exécution des programmes priori-

184

7CADRE DE SUIVI-ÉVALUATION DE LA SCRP

Page 185: ONU Comores

taires de la SCRP. Ce dispositif techniquepermettra aux ministères de faire l’analyse dudegré d’atteinte des résultats de leurs pro-grammes sur une base annuelle en fonctiondes ressources qui leur ont été allouées. L’im-plantation des budgets-programmes faciliterale suivi d’exécution des programmes priori-taires à travers une approche de gestion axéesur les résultats (GAR).

Les GTS sont présidés par les SecrétairesGénéraux des Ministères Sectoriels et sontcomposés d’agents techniques des ministèreset des PTF. Ils travailleront à la mise en placede stratégies et d’approches sectorielles et ausuivi des !nancements du secteur, en droiteligne avec les termes du décret présidentielN° 09_062/PR portant sur la mise en placedu dispositif institutionnel de coordinationde l’aide.Les Comités de Plani!cation et de Suivi-Évaluation du Développement (COPSED)produisent des informations fondamentalespour le suivi-évaluation de la SCRP au ni-veau des îles. Ils travailleront en étroite col-laboration avec les GTS pour la plani!cation,la mise en œuvre et le suivi-évaluation desprogrammes et projets de développement.Les COPSED sont en relation directe avecles béné!ciaires et seront donc les structuresde première ligne dans le dispositif de suivi-évaluation. Ils participeront activement auxactivités du dispositif dans leur île respective.

La Direction Nationale de la Statistique estla structure o#cielle chargée de la collecte etde l’analyse des données statistiques. Dans lecadre du dispositif de suivi-évaluation de la

SCRP, la Direction Nationale de la Statis-tique assurera la coordination du dispositif decollecte, en étroite collaboration avec lesstructures déconcentrées du Ministère duPlan dans les îles, à travers la mise en œuvrede la Stratégie Nationale de Développementde la Statistique (SNDS). À ce titre, elle aurala responsabilité de conduire et de superviserles opérations de collecte des données au ni-veau national, de produire les di"érents rap-ports portant sur le développementsocio-économique du pays et les conditionsde vie des ménages, et de contribuer à la pro-duction des rapports d’avancement et de per-formance en lien avec les structuresimpliquées dans la mise en œuvre et le suivi-évaluation de la SCRP.

La Direction Nationale de la Statistique s’ap-puiera sur les Services Statistiques des struc-tures déconcentrées du Ministère du Plandans les îles. Ces structures seront renforcéessur le plan technique pour être en mesure dejouer un rôle clé dans le dispositif de collectedes données sur le terrain.

La Direction Nationale de la Statistiquepoursuivra son mandat de réalisation desgrandes enquêtes nationales‚ notamment lerecensement, l’enquête Démographie etSanté (DHS), et l’enquête intégrée auprès desménages (EIM). Elle devra également jouer,en étroite collaboration avec le SecrétariatPermanent de S&E de la SCRP, un rôle dechef de !le pour :

1. Identi!er les besoins d’information desutilisateurs du dispositif de suivi-évaluation

185

SCRP

Page 186: ONU Comores

et les indicateurs pour lesquels des informa-tions seront requises ;2. Collecter et mettre en forme les donnéessecondaires nécessaires au suivi de la SCRP ;3. Réaliser les enquêtes sur les conditions devie des ménages ;4. Analyser les données sur les conditions devie et la pauvreté ;5. Participer à la réalisation d’enquêtes ponc-tuelles en rapport avec le suivi-évaluation desprogrammes et projets de la SCRP.

Parmi les autres partenaires du dispositif, leMinistère des Finances/Direction du Budget,le Ministère de l’Économie et la BanqueCentrale joueront aussi un rôle clé dans ledispositif de suivi-évaluation de la SCRP entant que producteur d’études et d’informa-tions sur l’économie, les recettes et les dé-penses de l’État, et sur les indicateursmacroéconomiques et !nanciers. Ces don-nées seront utilisées dans le cadre du suivi-évaluation de la SCRP pour apprécier laperformance globale et sectorielle de l’écono-mie. Les services concernés des ministères se-ront notamment impliqués dans lapréparation de certaines sections du rapportannuel d’avancement de la SCRP.

En!n, la Société Civile participera au dispo-sitif de suivi-évaluation à plusieurs niveaux.D’abord, en tant que béné!ciaire direct desprogrammes et des projets de développe-ment, elle fournira des appréciations quantaux services reçus. À ce titre, elle participeraaux diverses enquêtes en rapport avec lesuivi-évaluation de la SCRP en fournissantdes informations importantes pour la mesure

des résultats et des futurs besoins. Ensuite,elle participera directement aux activités demise en œuvre et de suivi-évaluation partici-patives, notamment dans l’organisation, l’ani-mation et le rapportage des perceptions despopulations quant aux programmes et projetsmis en œuvre. En!n, la société civile partici-pera aux séances de sensibilisation sur les ré-sultats et les conclusions des rapportsproduits par les acteurs du dispositif. On par-tagera les enseignements avec la société civileet les recommandations de manière à accroî-tre l’e#cacité et l’e#cience des programmeset des projets mis en œuvre.

D. CARACTÉRISTIQUES DU DISPOSITIFDE SUIVI-ÉVALUATION

Le dispositif de suivi-évaluation vise à pro-duire des informations utiles à la prise de dé-cision. Il est organisé en trois (3)composantes complémentaires :

1) Le suivi d’un nombre réduit d’indicateursde résultats de la SCRP ; 2) Le suivi d’exécution des programmes etdes projets qui seront mis en œuvre dans lecadre de la SCRP ; 3) L’évaluation des politiques et des pro-grammes mis en œuvre dans le cadre de laSCRP.

• Suivi des indicateurs de résultats

Cette première composante permettra d’ap-précier l’évolution des conditions de vie de lapopulation et la performance de l’économiecomorienne à travers la mesure d’un nombre

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7CADRE DE SUIVI-ÉVALUATION DE LA SCRP

Page 187: ONU Comores

réduit d’indicateurs de résultats (e"ets et im-pacts). Il s’agira essentiellement de suivre etde mesurer sur une base annuelle, ou àchaque deux ans, les indicateurs de résultatsprésentés à l’annexe I du présent documentde manière à disposer des informations et desdonnées nécessaires à l’élaboration d’un rap-port annuel d’avancement de la SCRP.

Cette composante consiste à organiser et àsuperviser les activités de suivi de la pauvreté,des conditions de vie des ménages et de la si-tuation économique et sociale en général. Ils’agit de la production systématique d’indi-cateurs de base pour chacun des domainesprioritaires identi!és dans le SCRP. Cettecomposante fournira notamment les donnéessur : (i) l’évolution de la pauvreté ; (ii) la crois-sance économique globale, sectorielle et lecadre macroéconomique; (iii) le développe-ment des infrastructures ; (iv) le développe-ment du secteur privé; (v) le secteur social(éducation, santé et protection sociale); et (vi)la gouvernance.

• Suivi d’exécution des programmes priori-taires de la SCRP

Cette seconde composante a pour objectif depermettre le suivi de l’exécution des pro-grammes et projets mis en œuvre dans lecadre de la SCRP. Elle permettra de suivrel’utilisation des ressources !nancières et l’at-teinte des cibles annuelles de résultats que sesont !xés les structures concernées dans lecadre de la mise en œuvre de leur plan de tra-vail annuel (PTA).

Chaque secteur responsable de la mise enœuvre de programmes et projets devra pro-duire un rapport annuel de performance éta-blissant un lien entre l’utilisation desressources obtenues et les résultats atteintspar rapport aux cibles visées sur la période.Ces rapports seront utilisés comme docu-ment de référence dans la production du rap-port annuel d’avancement de la SCRP.

Le suivi d’exécution concerne donc la collecteet l’analyse des informations !nancières et del’utilisation de ressources et des indicateursde processus, d’activités, d’extrants et d’e"etsdes programmes et projets. Les rapports an-nuels de performance des programmes etprojets porteront plus spéci!quement sur :

1) La mesure de la performance en matièrede gestion !nancière (indicateurs d’intrant);2) La mesure de la performance institution-nelle et de gouvernance en matière de gestiondes processus et la réalisation des activitésselon les calendriers et les budgets retenus(indicateurs de processus et d’activités);3) La mesure et le suivi des réalisationsconformément aux cibles retenues de ma-nière à mesurer les écarts entre les prévisionset les réalisations (indicateurs d’extrants);4) La mesure des perceptions, de la satisfac-tion et de l’utilisation des services par les po-pulations cibles (indicateurs d’e"et). Lesenquêtes auprès des béné!ciaires seront unélément important du dispositif de suivi-éva-luation. Elles permettent d’avoir une appré-ciation par les usagers des services qui leursont o"erts par les structures administratives,les maîtres d’œuvre ou les entreprises pu-

187

SCRP

Page 188: ONU Comores

bliques.Ces informations permettront d’analyser lesécarts entre les prévisions et les réalisationsphysiques et budgétaires dans l’exécution desactivités des programmes prioritaires a!n derecommander des ajustements dans l’exécu-tion des interventions/programmes ou desréallocations dans les budgets de manière àtendre plus e#cacement vers les objectifsvisés.

• Analyse de politiques et évaluation de pro-grammes et des projets

Cette troisième composante porte sur l’éva-luation des politiques, des programmes et desprojets. Les évaluations se feront sur une baseponctuelle en fonction des besoins des déci-deurs et des disponibilités des ressources.Cette composante pourra inclure des évalua-tions ex ante de projets potentiels, des éva-luations intermédiaires et de !n de projet,ainsi que des évaluations d’impact ex post.Ces dernières auront pour but de mesurerl’impact d’un programme ou d’une politiquesur les agents socio-économiques et les po-pulations cibles.

Les évaluations s’appuieront sur les donnéesadministratives et les données d’enquêtes re-cueillies par les départements sectoriels, desdonnées d’enquêtes spéci!ques conduites au-près de groupes cibles, et des données pri-maires recueillies dans le cadre d’enquêtesauprès des ménages réalisées par la DirectionNationale de la Statistique.

Les évaluations visent à mesurer les e"ets des

politiques, des programmes et de projets surles groupes cibles et sur les objectifs de déve-loppement de la SCRP (croissance, pauvretéet développement social). Les évaluationspermettent d’établir des liens entre l’exécutiondes programmes et projets d’une part, et lesrésultats en termes de développement et dubien-être des groupes cibles d’autre part. Lesétudes d’évaluations devront être program-mées en fonction des calendriers de mise enœuvre et de l’exécution e"ective des pro-grammes et projets sectoriels, les besoins desdécideurs pour la révision des programmes etdes stratégies sectorielles, et ceux de la SCRP.

Elles devront servir également à apprécierl’e#cacité des programmes prioritaires au re-gard des objectifs de long terme dé!nis dansla SCRP. Pour le Secrétariat Technique Per-manent de S&E de la SCRP, il s’agira essen-tiellement d’identi!er et de faire le choix desproblématiques pertinentes à analyser,d’identi!er les prestataires de services quipeuvent être des acteurs internes ou externesaux programmes et aux projets (centres de re-cherche, cabinets d’études, consultants, etc.),d’allouer les ressources, et de superviser laréalisation, la di"usion des études et l’exploi-tation des résultats pour améliorer les poli-tiques, les programmes et les stratégiesd’intervention.

Le dispositif de suivi-évaluation permettraaux décideurs d’avoir des informations perti-nentes et des rapports d’avancement de laSCRP sur une base annuelle, des rapportsannuels sur la performance des programmeset des projets mis en œuvre par les structures

188

7CADRE DE SUIVI-ÉVALUATION DE LA SCRP

Page 189: ONU Comores

impliquées, et des rapports sur l’appréciation(satisfaction) par les groupes cibles des ser-vices o"erts dans le cadre des programmes etprojets mis en œuvre. Ponctuellement, le dis-positif fournira des analyses approfondies àtravers les résultats des évaluations.

E. RAPPORTS D’AVANCEMENT ET CA-LENDRIER DES PRODUITS

Le rapport d’avancement de la mise en œuvrede la SCRP constitue le document-synthèsede l’ensemble des produits du dispositif desuivi-évaluation de la SCRP. Il sera élaboréannuellement et de façon participative. LeCommissariat Général au Plan assurera lacoordination de son élaboration. Il inclura leséléments suivants :

- Une synthèse des éléments conjoncturels etdes développements récents, des acquis dansla mise en œuvre de la SCRP structurée selonles axes stratégiques de la SCRP, ainsi qu’unrécapitulatif de l’exécution du Plan d’Action(PA) ;- Ce document-synthèse valorisera égale-ment les rapports de performance portant surla mise en œuvre des programmes priori-taires. Ces rapports analyseront l’exécutiondes programmes et projets. L’élaboration an-nuelle de ces rapports devrait constituer uneobligation administrative des ministères.- Une annexe statistique viendra consoliderles informations, notamment sur les condi-tions de vie et la pauvreté, la croissance éco-nomique et le cadre macro, les infrastructures,le secteur privé, le secteur social (santé, édu-cation et protection sociale), et la gouver-

nance. Cette annexe est le principal produitdu suivi des indicateurs de résultats.- Une annexe portant sur les programmes etprojets de manière à présenter un récapitula-tif du PTA organisé par secteur.

Pour respecter le calendrier d’élaboration desrapports, le dispositif devra maintenir, ali-menter et centraliser les informations sur : (i)les indicateurs de l’annexe 1 et (ii) l’exécutiontechnique et !nancière des programmes etdes projets.

Les divers rapports et études de suivi et d’éva-luation pourront être archivés sur un site In-ternet a!n d’en faciliter la di"usion et laconsultation par les utilisateurs. Il importe dedonner une grande visibilité aux produits dudispositif de S&E. D’autres canaux de com-munication des résultats seront égalementenvisagés pour assurer une bonne appropria-tion des résultats et aussi favoriser leséchanges sur les bonnes pratiques.

F. IMPLICATIONS POUR LA STRATÉGIENATIONALE DE DÉVELOPPEMENT DELA STATISTIQUE

Le suivi-évaluation des actions retenues dansle cadre des cinq axes stratégiques nécessiteune masse importante d’information qui im-plique le renforcement du système statistiquenational. Dans cette perspective, la mise enœuvre de la stratégie nationale de développe-ment de la statistique constitue une bonneopportunité pour assurer le fonctionnemente"ectif du dispositif de S&E. En e"et, lamise en œuvre de cette stratégie vise à répon-

189

SCRP

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dre aux besoins des utilisateurs de statistiquesen développant les domaines-clés de collectede données, en investissant dans l’infrastruc-ture de base pour une bonne collecte et ges-tion de l’information, en renforçant lescapacités d’analyse, en améliorant la di"usiondes données et en renforçant la coordinationavec les autres unités du dispositif. Tous ceséléments permettront de consolider le dispo-sitif de S&E.

G. IMPLICATIONS EN MATIÈRE DE REN-FORCEMENT DES CAPACITÉS

Les multiples dé!s liés au système nationalde gestion de l’information statistique et lanouveauté que va représenter la mise en placed’un système d’information, de suivi et d’éva-luation axé sur la réduction de la pauvreté etla gestion participative du développement,laissent apparaître plusieurs domaines d’ap-pui nécessaire au bon fonctionnement du dis-positif de mise en œuvre et desuivi-évaluation.

Les acteurs du dispositif devront disposerd’outils de collecte, d’analyse et des guides-types pour aider l’élaboration des di"érentsrapports d’avancement et de performance. Àcet égard, un calendrier précis de productiondes di"érents rapports devra être arrêté etrespecté par l’ensemble des parties prenantes.

Tous les acteurs du système national de pla-ni!cation, de gestion des programmes et desuivi-évaluation devront béné!cier de renfor-cement de capacités et d’accompagnementdans la mise en œuvre des outils de suivi-éva-

luation. La qualité et la pertinence du suivi-évaluation reposent largement sur les e"ortsqui seront faits en amont pour renforcer ledispositif de plani!cation nationale, notam-ment au niveau des secteurs et des structuresde la société civile impliqués dans la mise enœuvre des programmes et projets. En e"et, ilsera di#cile de mettre en place un dispositifde suivi-évaluation performant si les pré-misses en matière de plani!cation opération-nelle de programmes et de projets ne sont pasrespectées. On pense notamment à la maî-trise d’outils comme le cadre logique et à lacapacité de dé!nir des indicateurs de perfor-mance pertinents et de les documenter, deconcevoir des budgets et d’établir des chro-nogrammes réalistes, d’établir des plans depassation de marchés et de gérer le cycle degestion des marchés publics, de gérer la miseen œuvre des programmes et des projets, d’ef-fectuer des contrôles et des audits rigoureux,etc. Il sera donc important de prévoir dans lecadre du dispositif de mise en œuvre et desuivi-évaluation de la SCRP un programmede renforcement des capacités qui portera surl’ensemble du cycle de programmation, demise en œuvre et de suivi-évaluation des po-litiques, des programmes et des projets à l’in-tention des acteurs concernés.

Sur le plan institutionnel, il faudra corrigerles dysfonctionnements notés au cours de laphase intérimaire pour favoriser une bonnecirculation des informations entre les partiesprenantes, améliorer le fonctionnement desstructures de concertation et de pilotage, etélaborer un cahier de charges précis pourtoutes les structures impliquées dans le suivi-

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7CADRE DE SUIVI-ÉVALUATION DE LA SCRP

Page 191: ONU Comores

évaluation de SCRP.

H. IMPLICATION POUR L’EFFICACITÉ ETL’HARMONISATION DE L’AIDE PU-BLIQUE AU DÉVELOPPEMENT

La SCRP constitue le document de référencepour orienter le processus de développementet les interventions de tous les PTF sur lespriorités nationales. Un travail préalabled’état des lieux a été réalisé, auquel tous lesPTF ont été associés. Les nombreusesconsultations entre le gouvernement et lesPTF ont montré l’importance de continuerles e"orts mutuels de coordination pour amé-liorer l’e#cacité de l’aide.

Le plan d’action 2010-2014 qui permettrad’opérationnaliser la SCRP sera validéconjointement par le gouvernement et lesPTF. Le gouvernement entend, à travers ceplan d’actions : i) renforcer la coordinationde l’aide basée sur les priorités nationales eta#rmer son leadership ; ii) améliorer latransparence, l’e#cacité et la responsabilitédans la gestion des ressources a"ectées au dé-veloppement ; iii) consolider les approchesprogrammes et les dispositifs communs demise en œuvre de l’aide ; et iv) harmoniser lagestion des missions des partenaires tech-niques et des travaux analytiques en vue deréduire les coûts y a"érents.

Par ailleurs, le Gouvernement s’emploiera àrenforcer le dispositif de dialogue avec lesPTF à travers la consolidation des groupestechniques sectoriels conjoints sur la base despriorités dé!nies dans la SCRP. Dans ce

cadre, il sera organisé : (i) des revues secto-rielles annuelles conjointes ; et (ii) une revueannuelle conjointe sur la SCRP. Le Gouver-nement souhaitent que ces revues se dérou-lent avant la !n du premier semestre dechaque année de manière à ce que les recom-mandations puissent être prises en comptepour l’élaboration des budgets-programme etdu budget général de l’État.

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SCRP

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Conclusion

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La Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté (SCRP) est le nouveau cadrefédérateur de toutes les stratégies sectorielles et constitue le document de référence des in-terventions du Gouvernement pour la période 2010-2014. La SCRP a été élaborée et va-lidée avec la participation de toutes les composantes de la société comorienne.

Le succès de la cette stratégie dépendra largement de la capacité du gouvernement à en as-surer une bonne appropriation par les di"érents acteurs concernés. Ainsi, cela requiert :

• Une appropriation e"ective du contenu de la stratégie par les structures chargées de samise en œuvre, au niveau de l’administration centrale et des îles, ainsi qu’au niveau des col-lectivités à la base ;• Des e"orts soutenus de la part du Gouvernement pour la mobilisation des ressources etleur bonne utilisation, en priorité, pour la mise en œuvre e#cace des programmes priori-taires ;• Un renforcement des capacités institutionnelles et humaines à tous les niveaux (central etdes îles) pour assurer la mise en œuvre et le suivi-évaluation e#cace de la SCRP ;• Une plus grande harmonisation de l’aide des Partenaires Techniques et Financiers confor-mément à la Déclaration de Paris.

Pour réduire les risques, le Gouvernement entend renforcer le dispositif de pilotage et ins-tituer un mécanisme de concertation avec tous les acteurs. Ce dispositif institutionnel in-clura la mise en place d’un système de suivi-évaluation performant, responsable de suivreles progrès accomplis et de proposer des mesures correctives si nécessaire.

Dans le but de rendre la SCRP opérationnelle, le Gouvernement élaborera un Plan d’Actionpour permettre la mise en œuvre de la SCRP. Ce Plan d’Action permettra de préciser surle moyen terme, les programmes prioritaires et les investissements qui contribueront à ac-célérer la croissance et à réduire durablement la pauvreté. Ce plan d’action fera le lien entrela SCRP, les stratégies sectorielles et les ressources requises pour atteindre les objectifs !xés.

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