On vous demande, sachez répondre
Transcript of On vous demande, sachez répondre
Actualités pharmaceutiques
• n° 523 • février 2013 •10
questions de comptoir
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2012.12.008
On vous demande, sachez répondre
Je souhaiterais allaiter mais je ne me sens pas capable d’arrêter de fumer sans substitut nicotinique. Est-ce possible ?
F La réponse du pharmacien
L’allaitement maternel est toujours bénéfique
pour l’enfant, il faut donc conseiller aux femmes
d’allaiter même si elles éprouvent des difficultés à
arrêter ou si elles poursuivent leur tabagisme1. Il est indis-
pensable de ne pas les culpabiliser. Toutefois, beaucoup
de femmes qui ne sont pas parvenues à arrêter de fumer
pendant la grossesse sont capables de le faire en vue de
l’allaitement en raison de la présence concrète du bébé.
Si l’arrêt de la cigarette sans traitement nicotinique
substitutif est la mesure optimale, l’allaitement mater-
nel, même avec substitution nicotinique, est toujours
préférable à la poursuite du tabagisme ou à un allai-
tement artificiel. Afin de favoriser l’arrêt, les substituts
nicotiniques doivent être proposés le plus précoce-
ment possible, dès le séjour à la maternité. Les subs-
tituts à durée de vie courte tels que les gommes ou
les comprimés sublinguaux doivent être privilégiés en
première intention. Les formes orales de substitution
nicotinique entraînent des pics sériques de nicotine
juste après la prise. Ils doivent être pris juste après la
tétée et jusqu’à deux heures précédant
la tétée suivante, afin de minimiser la
quantité de nicotine ingérée par l’en-
fant. En cas de consommation tabagique
importante, les timbres peuvent également
être envisagés, à condition de préférer ceux dont la
durée de vie est de 16 heures ou de les ôter le soir sans
faute. Les tétées nocturnes doivent être encouragées
autant que possible, la concentration de nicotine étant
moins forte durant cette période2. En cas de tabagisme
persistant, le nombre de cigarettes sera limité, et elles
seront fumées après la tétée et hors du domicile. L’en-
fant est un fumeur passif potentiel pouvant inhaler le
monoxyde de carbone, composé sans doute le plus
toxique pour le nourrisson et qui augmente les risques
de mort subite. Le tabagisme passif accroît également
la survenue des maladies ORL et bronchopulmonaires,
des bronchiolites et de l’asthme3. Il est donc indispen-
sable de proscrire le partage du lit si la mère fume.
1 Anaes. Conférence de consensus. Grossesse et tabac. Lille, 2004.2 Fontaine B. Smoking and breastfeeding: how can we help mothers stop smoking? Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction. 2005;34(HS1):209-12.3 Gomez C, Delcroix M. Tabac et allaitement. La revue Sage-femme. 2004;3:101-9.
Mon chien se gratte mais je ne parviens pas à voir de puces sur son pelage. Que faire ?
F La réponse du pharmacien
Il n’est pas toujours aisé de trouver les puces parasitant
un animal de compagnie. Ces ectoparasites sévissent
toute l’année. Il est néanmoins noté une activité plus
forte au printemps et à l’automne.
Il faut commencer par réaliser une simple observation
à rebrousse-poil sur des zones clairsemées, au niveau
des oreilles, de la croupe ou de l’intérieur des cuisses du
chien. En cas d’échec, il suffit de brosser le chien avec un
peigne très fin afin de faire tomber les petites particules
noires présentes dans son pelage, sur un mouchoir ou
un essuie-tout humidifié. Si l’animal est effectivement
parasité, ces formes noires, qui représentent en fait les
excréments des puces, une fois écrasées, forment un
point rouge.
À l’occasion de cette découverte, il peut être utile de
vermifuger l'animal puisque les puces sont un hôte
intermédiaire de Dipylidium caninum, un parasite
responsable du tæniasis du chien. Enfin, il faut savoir
que les parasites retrouvés sur l’animal ne repré-
sentent que 1 % de la population totale
des puces présentes, sous différents
stades (larves, nymphes,
œufs), dans l’environnement.
Ainsi, si l’animal a effective-
ment des puces, il est indispen-
sable de traiter l’environnement et tous
les animaux du foyer en même temps.
Tabagisme et grossesse
Parasitose du chien
C ette rubrique, “questions de comptoir”, est conçue pour vous apporter des éléments de réponse éclairée face aux multiples questions que vous posent quotidiennement vos patients au comptoir de l’officine, dans le vaste domaine de la santé.
© Fotolia.com
© Fotolia.com
© DR
© DR
© DR
Jérémy VONO
Actualités pharmaceutiques
• n° 523 • février 2013 • 11
questions de comptoir
Déclaration d’intérêts :
l’auteur déclare ne pas avoir
de confl its d’intérêts en relation
avec cet article.
L’auteurJérémy VONOPharmacien, 3 rue Jean-
Giraudoux, 19290 Sornac,
France
© Fotolia.com
© Fotolia.com
Combien de temps après un rapport à risque peut-on se faire dépister du sida ?
F La réponse du pharmacien
Une personne contaminée par le virus de
l’immuno déficience humaine (VIH) qui ferait le test
de dépistage trop tôt risquerait d’obtenir un résultat
négatif tout en étant porteuse du virus.
Le test de dépistage du VIH se réalise dans un labora-
toire, sur prescription, après consultation d’un médecin.
Il est aussi possible de l’effectuer sans ordonnance
dans les centres de dépistage anonyme et gratuit du
sida (CDAG) ou dans les centres d’information, de dia-
gnostic et de dépistage des infections sexuellement
transmissibles (CIDDIST). Il y est anonyme, gratuit et
s’effectue sans rendez-vous.
Le test réalisé au laboratoire est un ELISA combiné,
consistant à détecter les anticorps présents dans l’or-
ganisme spécifiques du VIH (anticorps anti-VIH-1 et
anti-VIH-2) couplés à la recherche de l’antigénémie p24.
En cas d’exposition supposée au VIH datant de moins
de 6 semaines, une recherche initiale d’infection par
le VIH doit être réalisée chez le sujet exposé dès la
première consultation. Mais elle
devra être répétée 6 semaines
après l’exposition supposée au
virus. Il est, en effet, estimé que le
test peut être faussement négatif durant
les 6 semaines qui suivent le rapport à risque
de contamination. Cette période couvre la fenêtre
sérologique correspondant au temps nécessaire pour
que le système immunitaire ait produit un nombre suf-
fisant d’anticorps détectables. Le test rapide d’orienta-
tion diagnostique (TROD) peut aussi être proposé aux
partenaires en situation d’urgence dans les accidents
d’exposition sexuelle récente. Il s’agit d’un test unitaire
de réalisation simple et conçu pour donner un résultat
dans un délai court (moins de 30 minutes générale-
ment). Par rapport au test de dépistage classique, le
délai de fiabilité du test rapide après une prise de risque
est plus long. En effet, il est nécessaire d’attendre 3 mois
pour avoir un résultat fiable1.
1 Haute Autorité de santé. Dépistage de l’infection par le VIH en France. Modali-tés de réalisation des tests de dépistage. HAS, 2008.
Dépistage du VIH
© DR© DR
Quels sont les médicaments pouvant déclencher un syndrome de Raynaud ?
F La réponse du pharmacien
Le phénomène de Raynaud est d’origine multifacto-
rielle. Une enquête étiologique systématique doit être
proposée chez tout sujet présentant cet acrosyndrome.
Le phénomène de Raynaud touche 10 à 15 % de la
population française1. Il s’agit la plupart du temps d’un
phénomène primitif idiopathique (maladie de Raynaud).
Parmi les étiologies des phénomènes de Raynaud
secondaires, les médicaments vasoconstricteurs sont
retrouvés. Cet effet indésirable est décrit après la prise
de bêtabloquants par voie orale, mais aussi par voie
ophtalmique avec les collyres antiglaucomateux. Cer-
tains médicaments dérivés de l’ergot de seigle doivent
aussi être envisagés. Les triptans exercent une vaso-
constriction préférentielle sur les vaisseaux méningés
mais l’action du sumatriptan sur les lits vasculaires
périphériques n’est pas négligeable. L’effet vasocons-
tricteur sur les extrémités du méthylphénidate a été
rapporté dans plusieurs observations. La bléomycine,
une chimiothérapie antinéoplasique, provoquerait un
phénomène de Raynaud chez un tiers des patients
traités, et peut évoluer vers la nécrose2. On note aussi
une imputabilité possible des interférons, de la bro-
mocriptine, de la caféine et des sympathomimétiques
nasaux3 devant un phénomène de Raynaud secondaire.
Ces acrosyndromes induits ne régressent pas forcé-
ment avec l’arrêt du traitement. La prise en charge repose
avant tout sur la protection contre le froid et
l’humidité. Il est aussi nécessaire d’arrêter
le tabac, de diminuer la consommation de
caféine et, bien entendu, de
proscrire l’utilisation de médi-
caments vasoconstricteurs. w
1 Pistorius MA, Carpentier PH. Bilan étiologique minimal du phénomène de Raynaud : un consensus d’experts. Journal des Maladies Vasculaires. 2012;37:207-12.2 Lazareth I. Acrosyndromes médicamenteux. Journal des Maladies Vascu-laires. 2009;34:120.3 Vayssairat M. Phénomène de Raynaud. Les raffinements de la sémiologie. Journal des Maladies Vasculaires. 2010;35:85-6.
Syndrome de Raynaud et médicaments
mation de
© DR