Ombres chinoises, guignol, marionnettes - takey. · PDF file8 OMBRESCHINOISES...

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    OMBRES

    CHINOISES

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  • OMBRES CHINOISESGUIGNOL, MARIONNETTES

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    LIBRAIRIE MONDIALE10, Rue de VUnwersit

    PARISCOLLECTION PAUL PACLOT & Ci

  • OMBRES CHINOISESGUIGNOL. MABIONNETTES

    PREMIRE PARTIE

    OMBRES CHINOISES

    Les ombres chinoises furent de tout temps un divertis-

    ement fort recherch des peuples de l'Orient.

    Dars rinde, au Japon, en Chine, des comdiens vont devillage en village, de palais en palais, transportant leurs

    trteaux et donnant leurs reprsentations, comme allaientdans notre France fodale, les montreurs de btes, les jon-

    gleurs et les mnestrels.

    A Java, ce spectacle porte le nom de Wagan-Coulet,L'on y donne, de mme que dans les grands thtres,des pices mythologiques et hroques : les topeng dont le

    Drincipal personnage se nomme Wara-Sumbadara.En Turquie et dans tous les pays de religion islamique,

    es pays de la suprme paresse, un thtre aussi mobile,aussi, simple et aussi amusant, ne pouvait manquer d'trjfort got des indignes souverainement ennemis de l'ef-

    ortj mme en vue du plaisir.

  • 6 OMBRES CHINOISES

    Lea chagazill^ c'est le nom arabe des ombres chi-noises obtinrent donc, l-bas, un succs rapide et du-rable, grce aux exploits du fameux Garagousse^ frre la

    fois de Polichinelle et de Paillasse, et grce aussi aux

    malheurs de son ternelle victime Hadji-Ayouatt.

    Les Franais trouvrent ce spectacle en Algrie lors de

    la conqute et, pour ne point sans doute porter trop

    brutalement atteinte aux coutumes des indignes, l'y

    tolrrent, quoiqu'il fut loin d'tre convenable. Certains

    historiens affirment mme qu'une partie de l'htel Latour-du-Pin, Alger, lui fut attribu. Mais un jour matreGaragousse, s'tant avis d'tre un peu trop violemmentpatriote et d'attaquer de rude faon l'autorit franaise,

    reut l'ordre officiel de disparatre, sur le champ, pour nepoint revenir. Son acte de dcs date de 1841.

    Dans l'Europe centrale et occidentale, ce divertissementne pntra que plus tard.

    En France particulirement, on ne le connat gureavant 1767. C'est du moins ce que nous apprend, non sansquelque vive ironie, le baron Grimm, dans sa Correspon-dance littraire.

    Aprs l'opra franais, crit en effet cet auteur, je neconnais pas de spectacle plus intressant pour les enfants;il se prte aux enchantements, au merveilleux et aux catas-trophes les plus terribles. Si vous voulez, par exemple,que le diable emporte quelqu'un, l'acteur qui fait le diableB'a qu' sauter par dessus la chandelle place en arrire,et, sur la toile, il aura l'air de s'envoler avec lui par lesairs. Ce beau genre vient d'tre invent en France, ol'on en a fait un amusement de socit aussi spirituel quenoble; mais je crains qu'il ne soit touff dans sa nais-sance par la fureur de jouer des proverbes. On vient d'im.

  • OMBRES CHINOISES 7

    primer Vheureux pch pms les ombres scnes chan-geantes. Le titre nous apprend que cette pice a t^reprsente en socit vers la fin de Tanne 1767... Il faut

    esprer que nous aurons bientt un thtre complet de

    pareilles pices...

    Ce document nous fournit certainement de trs iat-

    ressantes indications sur l'origine de ce spectacle eu

    France.

    Cependant il contient une erreur. Ce beau genre n'a pas

    t invent en France ; il est tout fait ce que l'on appelle

    un article d'importation, c'est--dire une chose provenaot

    de l'tranger. Sans doute, le baron Grimm pouvait ignore?, cette poque, l'origine orientale des ombres chinoises,

    mais il savait parfaitement, l'ingrat !... qu'avant de pn-

    trer chez nous, elles existaient en Allemagne, o elles

    avaient certainement fait les dlices de son enfance sojas

    le nom de SchattenspieLMais ne chicanons pas trop, sur ce point, le spirituel

    correspondant du duc de Saxe-Gotha et de Catherine la

    Grande et empruntons-lui encore une description de ce

    spectacle cette poque.

  • 8 OMBRES CHINOISES

    veill(, audacieux dans sa nouveaut, est dj presque

    dmod le lendemain.Au temps du baron Grimm, l'clairage tait ple et incer-

    tain, les silhouettes mal dessines ; on voyait, au travers

    de la toile, les fils l'aide desquels on les faisait mouvoir.

    Nanmoins le succs de ces petits bonshommes noirsfut grand, lorsque, en 1775, le nomm Ambroise les pr-senta au public, dans son Thtre des rcrations de la

    Chine . Le spectacle offrait, d'ailleurs, en dehors ducharme de la nouveaut, une certaine varit que le gnie

    de Srnphin laissera trs loin derrire, il est vrai. La re-lation lous en a t conserve l'occasion d'un voyage

    Londres entrepris par Ambroise en 1776 et des reprsen-

    tations qu'il donna dans cette cit. On y voyait une tem-pte, le tonnerre, la grle, des vaisseaux faisant naufrage,

    une scne comique qui deviendra bientt le fameux PontCass ^^ de Guillemain, une seconde scne dont le mmeauteur ne tardera pas tirer la Chasse aux Canards ,enfin un magicien arm de sa lgendaire baguette faisantsubir des hommes, des animaux, des arbres, diversesmtamorphoses.

    Mais dj, vers 1770, dans le jardin Lannion, Ver-

    sailles, le sieur Franois-Dominique Sraphin avait jet

    les bases de son thtre et obtenu rapidement un succstrs marqu avec ses Ombres scnes changeantes .La Reine s'tait mme inquite de savoir si ce spectacletait amusant; et sur la rponse affirmative qui lui avait tfaite, elle avait charg un officier de la cour de ngocieravec le sieur Sraphin, afin d'obtenir de celui-ci qu'il

    vnt, au palais, donner plusieurs reprsentations par se-maine

    L'honneur tait grand pour matre Sraphin.

    L'habile homme ne se hta point d'accepter cependant.Il demanda d'abord une rtribution de 1,200 francs parreprsentation; puis 1,000 francs, puis 600 francs, et finit

    par en obtenir 300, auxquels s'ajouta, le 22 avril 1781, le

  • OMBRES CHINOISES 9

    droit pour son thtre de porter le titre de Spectacle

    des Enfants de France .

    En 1784, arriv la fortune et taquin par l'ambition,

    Sraphin vient s'installer dans la Galerie de Valois, au

    Palais-Royal, devenu le cur de Paris, grce aux travaux

    ordonns par le duc de Chartres qui, plus tard, devait

    tre Philippe-galit et donner son nom cet immense

    monument. Quelques-annes aprs, Sraphin hidiquera,

    en effet, son adresse de la faon suivante : Palais Egalit,

    Portrait de Sraphin.

    galerie de pierre, n** 121, du ct de la rue des Bons-Enfants.

    L'introducteur en France des ombres scnes chartegantes entre ds lors en contact avec un public plusnombreux et va conqurir la grande renomme dont sonspectacle jouira dsormais dans le monde des enfants.

    L'installation eut lieu le 8 septembre. Il y avait unereprsentation tous les jours 6 heures du soir, et deux,le dimanche, 5 heures et 7 heures. Les prix d'entres'levaient 24 sols, 12 sols et 6 sols. Les places de24 sols taient des fauteuils bras; celles de 12 sols, des

    chaises dos, sans bras; celles de 6 sols, des tabourets,

    sans dos ni bras...

    Alors, commence l're de ces pices dont le charme

  • 10 aMBRES CHINOISES

    blouit, certes, les coUcgiennes et les collgiens de ce

    temps, beaucoup plus que ceux du thtre classique

    Citons entre autres : le Magicien Rhotomago.YEmbarrasdu mnage^ Arlequin Corsaire^ VEnrlement suppos^enfin la Chasse aux canards et surtout le fameux PontCass dont le refrain est encore sur bien des jeunes l-

    vres.

    Mais pourquoi ne donnerions-nous pas un passage dece chef-d'uvre du genre?

    La scne reprsente une rivire et un pont dont l'arche

    est rompue. Un petit gas travaille l'une des extrmits.

    A l'autre, arrive un voyageur qui veut passer et ne peutpas... Il appelle.

    LE PETIT GAS [Icvant la tte).

    Qui m'appelle?... j

    LE VOYAGEUR

    H! donc! c'est moi mon petit bonhomme. Pourrais-tume dire si la rivire est profonde.

    LE PETIT GAS

    Les cailloux touchent la terreLire lire laire!

    Les cailloux touchent la terreLire Ion pha !

    LE VOYAGEUR

    Eh ! troua de l'air! je le sais bien; et tu ne m'apprends rien de nouveau! Mais, dis-moi, l'ami.

    L,E PETIT GAS

    H! monsieur I

  • OMBRES CHINOISES 11

    LE VOYAGEUR

    Dis-moi donc, mon petit, si je pourrais passer Teau?

    LE PETIT GAS

    Tiens, cette btise! Pourquoi ne la passeriez-vous

    pas?

    Les canards l'ont bien passeLire lire laire

    Les canards Font bien passeLire Ion pha !

    LE VOYAGEUR

    H! dis donc, l-bas, monsieur le mal appris, est-ce

    que tu me prends pour un canard?

    LE PETIT GAS {sautaiit et riant).

    Ob ! que nenai ! Vous me faites plutt l'effet d'ua grosdindon!

    LE VOYAGEUR

    Voyez un peu l'impertinent! Mais c'est jeune et celaveut rire... H! l'ami!

    LE PETIT GAS

    H! Monsieur!

    LE VOYAGEUR

    Pourrais-tu me dire qui appartient cette belle maisonque je vois l-bas!

    LE PETIT GAS

    A qui lie appartient ? Pardine ! faut pas tre malin poura!

    Elle appartient son matre

    Lire lire laire !

    Lire lire laire !

    Elle appartient son matra

    Lire Ion ]hal

  • 12 OMBRES CHINOISES

    LE VOYAGEUR

    Lire Ion pha! Lire Ion pha !... H ! l'ami!

    LE PETIT GAS

    H ! Monsieur !

    LE VOYAGEUR

    Y vend-t-on du vin, au moins, dans cette maison I

    LE PETIT GAS

    Si on y vend du vin ?

    On en vend plus qu'on n'en donne,Lire lire laire!