L’Oiseau de Feu Vendredi 12 juin 2015 20H Arsenal Metz Direction Yao-Yu Wu Violon Nemanja Radulovic Igor Stravinsky Scherzo fantastique Sergueï Prokofiev Concerto pour violon n-2 Igor Stravinsky Variations « A la mémoire d’Aldous Huxley » L’Oiseau de feu (Suite version 1919)

Igor Stravinsky ( 1882-1971) Scherzo fantastique (op.3) Il s’agit de la seconde œuvre orchestrale composée par Igor Stravinsky. Elle est inspirée par « La Vie des abeilles » de Maurice Maeterlinck que Stravinsky lit en 1907. La pièce, qui dure une quinzaine de minutes, fut adaptée en ballet par Léo Staats, dix ans plus tard, à l'Opéra de Paris sous le titre Les Abeilles. Composée à Oustiloug, entre juin 1907 et mars 1908, l’œuvre est dédiée au pianiste et compositeur Alexandre Ziloti. Stravinsky, quoique ayant composé son œuvre en s'inspirant du texte de Maeterlinck, n'avait pas de réelle intention de programme en tête. Le compositeur n'apprécia donc pas que sa pièce soit adaptée en ballet. « Un peu de mauvaise littérature fut imprimée sur la page de garde de ma partition pour satisfaire mon éditeur qui croyait qu'une histoire allait faire vendre la musique. » Il écrit plus tard sur une lettre de Maeterlinck : « Lettre de M. Maeterlinck, et ses déclarations ridicules au sujet de l'argument des Abeilles, un ballet classique sans argument, réalisé sur la musique de mon Scherzo fantastique. » Nicolaï Rimski-Korsakov, professeur de Stravinsky à ce moment et compositeur déjà très célèbre, avait lu le manuscrit et l’avait apprécié, mais n'entendit jamais l'œuvre, sa santé ayant commencé à décliner. La création a eu lieu le 6 février 1909 à Saint-Pétersbourg, sous la direction d'Alexandre Ziloti, dans un programme comprenant également la création de Feu d'artifice. Ce concert fut un des plus importants de la carrière de Stravinski puisqu'il fit découvrir le compositeur à Serge de Diaghilev. 1908 Événements contemporains Aux USA, la Ford Motor Company produit les premières automobiles Model T, vendues à 15 millions d’exemplaires. L'Autriche annexe la Bosnie-Herzégovine. Le Congo devient une colonie belge. Première publication du quotidien économique Les Échos. Les peintres Pablo Picasso et Georges Braque fondent le Cubisme. Décès du compositeur russe Nicolaï Rimski-Korsakov. Œuvres contemporaines Ravel Gaspard de la nuit, Debussy Chilrden’s corner pour piano. Schönberg, 2eQuatuor à cordes.

Serge Prokofiev (1891 – 1953) Concerto pour violon n-2 Allegro moderato, Andante assai, Allegro ben marcato Prokofiev écrit son 2e Concerto pour violon en 1935 à l’intention du violoniste français Robert Soetens. Le compositeur est alors à la croisée des chemins de son existence personnelle – hésitant à s’installer de façon définitive dans la nouvelle URSS – après s’être exilé entre 1918 et 1933. La gestation de l’œuvre bénéficiera de l’expérience de son Premier Concerto pour violon écrit dix-huit ans plus tôt. Ce Deuxième Concerto devait primitivement affecter la forme d’une grande sonate pour violon et piano, puis Prokofiev se ravisa pour finalement adopter la forme concerto. Il fut entrepris à Paris, puis terminé à Voroneje et à Bakou. La structure en est à nouveau classique, en trois mouvements, avec un tempo lent central et un énergique rondo conclusif. Le violon virtuose, mais d’une virtuosité discrète, tisse ses interventions dans un dialogue continu avec l’orchestre, se privant du déploiement démonstratif des cadences de solistes, totalement absentes. La première audition mondiale fut donnée à Madrid, le 1er décembre 1935, par Robert Soentens au violon et l’Orchestre Symphonique de Madrid sous la direction d’Enrique Arbos en présence du compositeur. Prokofiev effectuait alors une tournée méditerranéenne qui le conduisit d’Espagne au Portugal puis en Afrique du Nord. Deux mois plus tard Soetens créait le Concerto devant le public parisien. 1935 Événements contemporains Création des lois de Nuremberg par Hitler qui excluent les Juifs de la vie politique et sociale du pays. En Allemagne, interdiction du jazz à la radio. En France, création du Front Populaire. En URSS, le mineur Stakhanov invente un nouveau processus de production visant un meilleur rendement. Création par Staline du stakhanovisme : mode de travail que Staline impose aux soviétiques. L'Italie envahit l'Éthiopie. Décès du compositeur Alban Berg. Décès à Paris du compositeur Paul Dukas. Œuvres contemporaines Richard Strauss La Femme silencieuse, Gershwin Porgy and Bess, Stravinski Concerto pour deux pianos, Berg Concerto « À la mémoire d’un ange », Prokofiev Roméo et Juliette.

Igor Stravinsky ( 1882-1971) Variations « Aldous Huxley in Memoriam » (1964) Après le décès, en 1939, de sa femme Iekaterina, Stravinsky part vivre à Los Angeles avec sa seconde épouse, Vera de Bosset, et acquiert la nationalité américaine (1945). C'est là que, découvrant les « Viennois » Schönberg, Berg et Webern – celui dont il se sent le plus proche –, il adopte les principes de la musique sérielle. Un opéra, The Rake's Progress (1951), de même que Le Septuor (1953), Les Trois Chants de Shakespeare et In memoriam Dylan Thomas (1954) marquent cette période de renouvellement qui culmine avec le ballet Agon (1957). Dépouillé, voire austère, le style de Stravinsky fait de plus en plus place à l'inspiration religieuse dont témoignent Le Canticum sacrum (1956) et Threni (1958), créés en la basilique Saint-Marc de Venise. Composées à Santa Fe de juillet 1963 à octobre 1964, Les Variations « Aldous Huxley in memoriam » pour orchestre, font partie de ces pièces ultimes, conçues comme autant d'hommages à des artistes admirés. Stravinsky s’était lié d'amitié avec Aldous Huxley depuis 1949, et fut très affecté par sa mort en novembre 1963, survenue le même jour que l’assassinat du président Kennedy. Les Variations avaient été commencées avant, mais Stravinsky les dédia à la mémoire de son ami, tout en concédant qu’elles auraient été éloignées de ses goûts musicaux. Dans cette œuvre dodécaphonique, il s’agit de variations non sur un thème, mais sur une série de notes. Rythmes et timbres sont les deux éléments vers lesquels tendent toutes les recherches. Entre les premières mesures et les interludes, à l’instrumentation éparpillée, les trois variations sont confiées à des ensembles de douze instruments : la première à douze violons, la seconde à dix altos et deux contrebasses et la troisième à douze instruments à vent. 1964 Événements contemporains La France reconnaît la Chine populaire. A Chypre, début de la guerre civile. Décès à New Delhi de Jawaharlal Nehru, Premier Ministre de l'Inde depuis son indépendance. Création au Caire de l'Organisation de la Libération de la Palestine (O.LP.). En Afrique du Sud, Nelson Mandela et huit autres membres de l'ANC sont condamnés à la prison à perpétuité. Un accord permet aux Berlinois de se rendre en RDA 4 fois par an. Martin Luther King reçoit le prix Nobel de la paix. En URSS, chute de Khrouchtchev, remplacé par le couple Brejnev/ Kossyguine. Œuvres contemporaines Chostakovitch Quatuors n° 9 et 10, Maderna Hyperion, Stockhausen Mixtur.

L'Oiseau de feu , Suite de ballet (1919) 1. Introduction : L’Oiseau de feu et sa danse, Variations de l’Oiseau de feu/ 2. Ronde des princesses/ 3. Danse infernale du roi Kastcheï/ 4. Berceuse. Finale. Le ballet L'Oiseau de Feu fut la première commande que Stravinsky reçut de Diaghilev pour les spectacles des Ballets Russes à Paris. Premier ouvrage d’une grande série qui devait se poursuivre avec Petrouchka et Le Sacre du Printemps qui vaudra à son auteur une renommée mondiale. « Faites-moi de l'imprévisible » lui avait demandé Diaghilev, en lui en imposant le thème : la légende russe de l'Oiseau de Feu. Le thème du conte russe confronte l'univers maléfique du magicien Kachtchei et celui plus bénéfique de l'oiseau de feu avec l'intervention du héros Ivan Tsarévitch, prince qui a su s'attirer la reconnaissance de l'oiseau et qui vaincra les forces du mal grâce à lui. Stravinsky écrit dans l'urgence, après une retraite dans la demeure de son maître Rimski-Korsakov, qui venait de disparaître, quelque temps plus tôt. Dès l'hiver 1909 l'œuvre avance, et au fur et à mesure des morceaux, elle est travaillée par les Ballets Russes. Il s'agit donc d'un véritable travail de troupe, où les contraintes des danseurs, des décorateurs, du théâtre modèlent l'œuvre. Du premier au dernier de ses dix-neuf numéros, la partition de Stravinsky est un vaste poème symphonique. L'œuvre ne prétend pas encore à un langage révolutionnaire et l'influence de Rimski-Korsakov reste encore bien présente. La création a lieu le 25 juin 1910, sous la direction de Gabriel Pierné, à l’Opéra de Paris, lors de la deuxième saison des Ballets russes, avec un succès immense. Désormais Stravinsky est célèbre, mais toujours insatisfait. Il avait fait de la très belle musique fonctionnelle, très illustrative, suivant le pas des danseurs et même leurs particularités. Pourtant il trouvait que la chorégraphie trop désordonnée, ne rendait pas justice à sa musique dont il était fier. II entreprit alors d'en tirer des Suites pour orchestre pour démontrer l'universalité de son œuvre. Il en écrira 3, en 1911, 1919 et 1945. C’est la Deuxième, celle de 1919, qui est proposée dans ce concert. Réalisée à Morges en Suisse, elle est écrite pour un orchestre légèrement plus réduit que celui du ballet et comprend cinq numéros : Les trois premiers épisodes de l'ouvrage - Introduction, Danse et Variation de l'oiseau de feu - sont enchaînés. Le début évoque d'abord l'ambiance inquiétante de la nuit dans les jardins de Kastcheï, mauvais génie des contes russes. Elle s'éclaire avec l'apparition de l'Oiseau, dont la Variation s’inspire des meilleures pages orientalisantes de Rimski-Korsakov. Vient ensuite la Ronde des princesses avec une mélodie empruntée au Recueil de chants russes de Rimski-Korsakov. Le centre dynamique de la Suite est évidemment la fantastique Danse infernale du roi Kastcheï. La Berceuse est une rêverie paisible dans laquelle le basson chante une mélodie apaisante. L'apparition au cor d'une nouvelle mélodie russe, puisée elle aussi dans le recueil de Rimski-Korsakov, puis amplifiée progressivement par tout l’orchestre, marque la transition vers le finale, sorte de grand choral national aux harmonies radieuses. 1910 Événements contemporains Construction du Théâtre des Champs-Élysées par Perret. Le peintre d'origine russe Wassily Kandinsky exécute sa première œuvre abstraite. Œuvres contemporaines Debussy livre 2 des Préludes pour piano, Mahler Symphonie n 10 (inachevée), Ravel Ma mère l'Oye.

Yao-Yu Wu Chef d’orchestre Né en 1989, Yao-Yu Wu obtient sa licence avec une spécialisation en direction d’orchestre à l’Université nationale des Arts de Taipei où il étudie avec Sung-Jen Hsu. Dans le cadre de ses études, il dirige régulièrement des pièces d’étudiants en classe de composition, des concertos pour le festival de l’Université ainsi que des projets qu’il monte lui-même. En 2011, il dirige Tslila pièce du compositeur israélien Amit Gilutz, pour la Ligue des Compositeurs Asiatiques. Il participe à de nombreuses masterclasses et obtient les félicitations de Rodney Winther, Andreas Delfs, Lü Shao-Chia, Nicolas Pasquet et Dominique Rouits. En 2012, il est accepté à la 53e masterclasse de Weimar tenue par le professeur Nicolas Pasquet. En 2013, Yao-Yu Wu interprète l’opéra La Sonnambula (Bellini) et des extraits de Rigoletto (Verdi) avec le département de musique de l’Université nationale des Arts de Taipei. Cette même année, il réussit un formidable triplé en remportant le Grand Prix de direction du Concours international de jeunes chefs d’orchestre de Besançon Franche-Comté le « Coup de cœur du public » et le « Coup de cœur de l’Orchestre ».

NEMANJA RADULOVIC Violon A 29 ans, dans ses concerts et avec ses

enregistrements, Nemanja Radulovi! s’adresse résolument à un public de jeunes mélomanes. Ses interprétations et sa présence scénique attisent les salles. Né en Serbie en 1985, Nemanja Radulovi! a commencé ses études musicales en 1992, et a obtenu dès 1996 le Prix d’Octobre pour la musique de la Ville de Belgrade puis, en 1997, le Prix

Spécial du Ministère de l’Education de la République Serbe « Talent de l’année 1997 ». Il a participé à des masterclasses avec Yehudi Menuhin, Salvatore Accardo, ainsi que Joshua Epstein, et Dejan Mihailovic. Il s’est installé en France à l’âge de quatorze ans et s’est perfectionné auprès de Patrice Fontanarosa au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Après avoir été consacré « Révélation internationale de l’année » lors des Victoires de la Musique 2005, et nommé « Rising Star » en 2006/2007, il joue dans les plus grandes salles européennes parmi lesquelles le Concertgebouw d’Amsterdam, le Mégaron d’Athènes, la Cité de la Musique de Paris, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, la Philharmonie de Cologne et le Carnegie Hall. En 2006, il remplace au pied levé Maxim Vengerov dans le Concerto de Beethoven, Salle Pleyel, avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France et Myung-Whun Chung. Il se produit dès lors avec les plus grands orchestres d’Europe, d’Asie et d’Amérique. En 2012, il fait ses débuts à Melbourne et en Chine, ainsi qu’à Munich avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par M. W. Chung, et avec le Deutsche Symphony Orchestra. Nemanja Radulovi! participe aux plus grands festivals de musique : La Chaise Dieu, Aix-les-Bains, Flâneries Musicales de Reims, Nuits Musicales du Suquet, Colmar, Sisteron, Périgord Noir, Belgrade, Verbier... Il se produit régulièrement en récital avec Marielle Nordmann, Susan Manoff, Dominique Plancade, Laure Favre-Kahn, Anne Gastinel,. Nemanja Radulovi! a remporté de nombreux concours internationaux : Joachim de Hanovre, Georges Enescu, Stradivarius, Menuhin, Wieniawski-Lipinski. En 2013, il publie sous le label Deutsche Grammophon, son album « Paganini Fantasy » consacré à une sélection parmi les célèbres Caprices, mais aussi au Concerto n-1 et la Sonate n-12. Il signe la même année un contrat international d’exclusivité avec le prestigieux label Deutsche Grammophon et publie en novembre 2014 « Carnets de Voyage », album dans lequel il retrace sa vie en musique.