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Revue francophone internationale de recherche infirmière (2015) 1, 23—30 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com CLINIQUE /Étude pilote Odeurs, plaies et curcuma : hypothèses et pratique clinique Odours, wounds and turmeric: Hypotheses and clinical practice Isabelle Fromantin (PhD) (infirmière) a,, Audrey Hurgon (PharmD) (docteur en pharmacie) b , José Dugay (PhD) (maître de conférences) c , Vincent Semetey (PhD) (chargé de recherche) d , Irène Kriegel (MD) (anesthésiste réanimateur) a a Unité plaies et cicatrisation, département d’anesthésie réanimation douleur (DARD), Institut Curie, 26, rue d’Ulm, 75005 Paris, France b Pharmacie, Institut Curie, 26, rue d’Ulm, 75005 Paris, France c LSABM, ESPCI ParisTech, 10, rue Vauquelin, 75005 Paris, France d UMR 168, laboratoire de physicochimie, Institut Curie, 26, rue d’Ulm, 75005 Paris, France MOTS CLÉS Bactérie ; Curcuma ; Étude préliminaire ; Odeur ; Plaie tumorale Résumé Introduction. L’odeur est une perception. Dans une majorité des situations, les odeurs nauséa- bondes des plaies peuvent être traitées. Mais sur des lésions spécifiques (comme sur les plaies tumorales évoluées), ce symptôme reste parfois incontrôlable, entraînant des mouvements naturels de répulsion. Le curcuma, connu en tant qu’épice, est évoqué comme potentiellement efficace sur les odeurs des plaies. Objectif. Évaluer les intérêts de l’application de curcuma sur les plaies malodorantes, en vue de développer un travail de recherche structuré (recherche translationnelle et/ou recherche et développement) si les résultats semblent encourageants. Matériel et méthode. Étude préliminaire avec utilisation des données recueillies lors d’un travail de thèse ; observation de l’efficacité clinique des applications locales de curcuma et réalisation d’une première série de tests d’absorption, d’adsorption et microbiologique. Résultats. Cliniquement, une réduction complète ou partielle de l’intensité des odeurs a été observée. Le curcuma semble être légèrement moins performant à capturer les composés vola- tils que le charbon, cependant l’analyse par chromatographie a mis en évidence une multitude de COVs (> 100) dont de nombreux arômes qui pourraient expliquer l’efficacité clinique. Le curcuma semble ne pas pouvoir être considéré comme un absorbant, même s’il absorbe une Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (I. Fromantin). http://dx.doi.org/10.1016/j.refiri.2015.01.002 2352-8028/© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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Revue francophone internationale de recherche infirmière (2015) 1, 23—30

Disponible en ligne sur

ScienceDirectwww.sciencedirect.com

CLINIQUE /Étude pilote

Odeurs, plaies et curcuma : hypothèseset pratique cliniqueOdours, wounds and turmeric: Hypotheses and clinical practice

Isabelle Fromantin (PhD) (infirmière)a,∗,Audrey Hurgon (PharmD) (docteur en pharmacie)b,José Dugay (PhD) (maître de conférences)c,Vincent Semetey (PhD) (chargé de recherche)d,Irène Kriegel (MD) (anesthésiste réanimateur)a

a Unité plaies et cicatrisation, département d’anesthésie réanimation douleur (DARD),Institut Curie, 26, rue d’Ulm, 75005 Paris, Franceb Pharmacie, Institut Curie, 26, rue d’Ulm, 75005 Paris, Francec LSABM, ESPCI ParisTech, 10, rue Vauquelin, 75005 Paris, Franced UMR 168, laboratoire de physicochimie, Institut Curie, 26, rue d’Ulm, 75005 Paris, France

MOTS CLÉSBactérie ;Curcuma ;Étude préliminaire ;Odeur ;Plaie tumorale

RésuméIntroduction. — L’odeur est une perception. Dans une majorité des situations, les odeurs nauséa-bondes des plaies peuvent être traitées. Mais sur des lésions spécifiques (comme sur les plaiestumorales évoluées), ce symptôme reste parfois incontrôlable, entraînant des mouvementsnaturels de répulsion. Le curcuma, connu en tant qu’épice, est évoqué comme potentiellementefficace sur les odeurs des plaies.Objectif. — Évaluer les intérêts de l’application de curcuma sur les plaies malodorantes, en vuede développer un travail de recherche structuré (recherche translationnelle et/ou rechercheet développement) si les résultats semblent encourageants.Matériel et méthode. — Étude préliminaire avec utilisation des données recueillies lors d’untravail de thèse ; observation de l’efficacité clinique des applications locales de curcuma etréalisation d’une première série de tests d’absorption, d’adsorption et microbiologique.

Résultats. — Cliniquement, une réduction complète ou partielle de l’intensité des odeurs a été observée. Le curcuma semble être légèrement moins performant à capturer les composés vola-tils que le charbon, cependant l’analyse par chromatographie a mis en évidence une multitudede COVs (> 100) dont de nombreux arômes qui pourraient expliquer l’efficacité clinique. Lecurcuma semble ne pas pouvoir être considéré comme un absorbant, même s’il absorbe une

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (I. Fromantin).

http://dx.doi.org/10.1016/j.refiri.2015.01.0022352-8028/© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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quantité non négligeable de liquide. L’absence de zones d’inhibition autour des plots de curcumaaprès ensemencement d’une gélose avec E. coli MG 1655 est en défaveur d’une activité anti-bactérienne significative. Cependant, des articles démontrant une efficacité à base d’extraits(alcool) de curcuma imposerait la réalisation d’une nouvelle série de tests.Conclusion. — La poursuite de ce travail préliminaire pourrait permettre d’améliorer la qualitédes soins des plaies malodorantes, l’acquisition de connaissances sur un domaine peu exploréet l’éventuelle formulation d’un nouveau topique à base de curcuma.© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDSBacteria;Malignant wound;Odour;Preliminary study;Turmeric

SummaryIntroduction. — Odour is a perception. In most situations, the putrid odours of wounds canbe treated. However, on specific lesions (such as evolved malignant wounds), this symptomsometimes remains uncontrollable, leading to natural movements of repulsion. Turmeric, usedas a spice, is said to be potentially effective in the treatment of wound odours.Objective. — To assess the benefit of applying turmeric to malodorous wounds, with a view todeveloping a structured research study (translational research and/or research and develop-ment) if the results are encouraging.Material and method. — Preliminary study with the use of data gathered as part of a thesisproject; observation of the clinical efficacy of local applications of turmeric and carrying outof an initial series of absorption, adsorption and microbiological tests.Results. — Clinically, a total or partial reduction of odours was observed. Turmeric appears to beslightly less effective on all volatile compounds than charcoal, but the chromatographic analysishighlighted high levels of VOCs (> 100) including a number of aromas which could explain theclinical efficacy. It appears that turmeric cannot be considered as an absorbent, despite thefact that it absorbs a significant quantity of liquid. The absence of zones of inhibition around thediscs of turmeric after inoculation of an agar plate with E. coli MG 1655 suggests that there isno significant antibacterial activity. However, articles demonstrating efficacy based on turmericextract (alcohol) raise the need for a new series of tests to be carried out.Conclusion. — The continuation of this preliminary study could help to improve the quality ofthe care of malodorous wounds, the acquisition of knowledge of a little-explored field and thepotential formulation of a new turmeric-based topical medication.© 2015 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

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’odeur est une perception, l’impression que produisentur l’organe de l’odorat les émanations volatiles de cer-ains composés organiques (COVs). Pour devenir une odeur,e composé odorant doit être capté par le système olfac-if qui le transforme en un message perceptible par leerveau. Les odeurs sont transmises du nez (épithéliumlfactif) au rhinencéphale (« nez du cerveau ») via un sys-ème nerveux olfactif extrêmement sensible et complexeactivation combinée d’un ensemble de récepteurs). Cesnformations olfactives sont complétées par celles du sys-ème trigéminal (véhiculant des informations non olfactivesais complémentaires comme les sensations irritatives).Pour que l’odeur soit percue, elle doit être suffisamment

oncentrée. En fonction de la concentration, on définit leeuil de détection lorsque le sujet signale la présence de’odeur sans toutefois l’identifier, et le seuil de reconnais-ance lorsque le sujet peut identifier l’odeur. La capacité à

ercevoir des odeurs varie d’un individu à l’autre. Ces dif-érences sont imputables à des paramètres comme l’âge, leexe ou la consommation de tabac.

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L’odeur nauséabonde est un symptôme observé surertaines plaies nécrotiques, infectées ou tumorales. Ceymptôme dépasse le simple désagrément puisqu’il peutntraîner des mouvements naturels de répulsion, tant dans’entourage que dans le corps médical, et isoler progressi-ement le patient. Les odeurs nauséabondes renvoient desmages négatives et sales. Les patients expriment parfois’impression de mort ou de pourrir en évoquant l’odeur deeur plaie [1].

Dans une grande majorité des situations, les odeurseuvent être traitées en quelques jours en en supprimanta cause : détersion d’une nécrose, drainage d’un abcès,raitement des bactéries en surface.

Mais sur des lésions telles que les plaies tumorales, unraitement étiologique de l’odeur n’est pas toujours possiblet ce symptôme perdure en plus du cancer extériorisé à laeau [2].

La prévalence des plaies tumorales chez les patients trai-és pour un cancer, toutes localisations confondues, n’estas bien documentée. Elle est estimée entre 5 et 10 % selon

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Trois séries de tests ont été simultanément réalisés pourcerner les propriétés de ce produit et servir de base deréflexion pour des études ultérieures :

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les études [3,4] ; donc bien moins fréquente que les autresplaies chroniques. Dans l’étude la plus récente [5] réali-sée en Suisse, la prévalence de patients atteints de cancersmétastatiques et développant une plaie tumorale est de6,6 %.

Pour traiter les odeurs des plaies, des solutions sont dis-ponibles telles que les pansements au charbon (Actisorb®)ou des antibiotiques (métronidazole, par exemple) [4,6].Mais ces traitements sont limités en termes d’efficacité etde tolérance, d’où l’essor de solutions alternatives durantces dernières décennies (huiles essentielles, miel, déso-dorisants, etc.) [7,8]. Le curcuma, utilisé en médecinetraditionnelle dans de nombreux pays, est évoqué commepotentiellement efficace sur les odeurs et les bactéries. Sonfaible coût et sa simplicité d’utilisation en font un produitpotentiellement intéressant pour le traitement symptoma-tique des plaies.

Curcuma longa, de la famille des Zingibéracées, est ori-ginaire du sud de l’Asie. Connu depuis des millénaires,principalement en Asie, le curcuma est utilisé non seule-ment comme épice, mais aussi comme plante médicinale.C’est l’un des constituants du « curry ». Sa couleur jaunenaturelle, son goût et son odeur caractéristiques en fontune épice très utilisée dans l’alimentation.

En médecine traditionnelle, la plante a été utilisée pourstimuler la digestion et protéger l’ensemble des organesdigestifs. De nombreuses études ont décrit ses puissantespropriétés antioxydantes, anti-inflammatoires, antibacté-riennes, ce qui a suscité son intérêt dans la préventionou le traitement de pathologies telles que l’arthrose, lesulcères, les plaies, le psoriasis. Des études plus récentes sesont intéressées à ses propriétés antiprolifératives, antitu-morales [9,10]. La partie de la plante utilisée en médecinetraditionnelle est le rhizome réduit en poudre. Le principalcomposé actif est la curcumine, un polyphénol hydrophobe,qui est un puissant antioxydant.

L’échec à contrôler des odeurs nauséabondes lors desituations cliniques difficiles a motivé l’amorce d’uneréflexion sur la problématique de l’odeur, l’utilisation ducurcuma et la réalisation de premiers tests sur ce mêmeproduit. Étant donné la complexité à traiter ce symptôme,une approche transdisciplinaire autour de ce problème desoin s’est imposée (infirmière, pharmacien et chimistes dedifférentes spécialités).

Cet article vise à décrire une démarche de rechercheconstruite à partir d’hypothèses reposant sur des travauxdéjà réalisés et une pratique clinique. Il ne s’agit pas d’uneétude à part entière, mais d’une étape entre « l’idée » etce qui deviendra peut-être une étude translationnelle ou derecherche et développement ; une phase préliminaire indis-pensable où la réflexion est enrichie par la mise en communde connaissances et compétences de plusieurs disciplines etpratiques (soins, recherche).

Objectif

Évaluer les intérêts de l’application de curcuma sur les

plaies malorodorantes, en vue de développer un travailde recherche structuré (recherche translationnelle et/ourecherche et développement) si les résultats semblentencourageants.

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atériel et méthode

es données et résultats relatifs à l’odeur, ses traitements etne enquête de perception sensorielle ont été extraits d’unravail de thèse intitulé : Étude de la flore bactérienne danses plaies tumorales du sein : incidence des biofilms bacté-iens sur l’évolution des plaies et le développement d’odeurs11]. Trente-deux patients porteurs de plaies tumorales duein avaient été inclus dans cette étude comprenant troisvaluations sur 42 jours (J0, J21, J42).

Les analyses des bactéries aérobies et anaérobies, duiofilm et des composés volatils ont été faites à partir derélèvements réalisés sur les plaies (curette) et sur lesansements usagers. L’enquête de perception sensorielle

été effectuée grâce à la participation de 33 infirmierst médecins volontaires répartis sur six groupes, dans laême journée. Les cultures de huit bactéries identifiées

omme odorantes ont été disposées dans des inhalateurst les géloses rehaussées afin que l’odeur soit davantageerceptible. Les cultures de bactéries anaérobies ont étéenouvelées pendant la journée. Un questionnaire anonyme

été remis à chaque volontaire, contenant :des informations générales ;l’évaluation de l’intensité de l’odeur (en 7 niveaux) ;l’évaluation qualitative par le choix d’adjectifs représen-tant l’odeur sur une liste indicative, une description librede l’évocation de chaque odeur par les volontaires (adjec-tifs), et la typicité.

L’efficacité d’applications locales de curcuma (Curcumaonga, COOPER, FR) a été observée cliniquement sur deslaies tumorales évolutives et très malodorantes de quatreatients en échec des traitements symptomatiques recom-andés sur cette indication. Le curcuma a été utilisé eneuxième intention étant donné le faible niveau de preuvesnon encore établi) de son efficacité. Il était appliqué direc-ement sur les plaies et recouvert des pansements drainants

absorbants. Le curcuma utilisé dans cette étude est uneatière première pharmaceutique sous forme d’un extrait

ec dont la teneur en curcumine est supérieure à 95 %, beau-oup plus riche que certaines formes galéniques (poudres,eintures, gélules) ou produits alimentaires (poudres culi-

igure 1. Pot de Curcuma longa en poudre (circuit pharmaceu-ique).I. Fromantin.

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Figure 2. Échantillons de nécrose seule, nécrose + curcuma,nécrose + charbon, dans des flacons SPME (Solid Phase Microextrac-t©

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D’autres COVs semblaient montrer une tendance à aug-

ion), pour analyse en chromatographie en phase gazeuse.J. Dugay.

évaluation du pouvoir absorbant (pharmacie — InstitutCurie) : comparaison des capacités d’absorption entredifférents absorbants : a. le charbon (Actisorb®), indiquésur les plaies malodorantes ; b. la carboxyméthylcellulose(CMC, COOPER, FR), un des composés fréquemment uti-lisés pour la fabrication des pansements absorbant ; c. lacholestyramine (COOPER, FR), une molécule utilisée dansla fabrication de divers médicaments et qui interfère avecl’absorption (par exemple : Questran®) ; d. le curcuma(COOPER, FR). Les produits ont été disposés de facon àrecouvrir une surface de 5 cm × 5 cm et pesés à l’état secsur une balance de précision (Sartorius). Puis, ils ont étédisposés dans des pots pour l’expérimentation. Chaqueheure, 1 mL de sérum physiologique a été mis en contactde l’échantillon. Les produits ont été pesés à saturationet à 24 heures (la matière pouvant continuer à absorberdu liquide par capillarité, progressivement) ;évaluation des capacités d’adsorption des COVs (LSABM,ESPCI — ParisTech) : des analyses par chromatographieen phase gazeuse (couplage HS-SPME/GC/FID-MS) surdeux séries d’échantillons de nécrose de deux plaiesdifférentes ont été réalisées, en comparant les chromato-grammes de : nécrose seule, nécrose + curcuma (0,16 g),nécrose + charbon (0,09 g). Les nécroses prélevées surdes plaies malodorantes avaient été réparties, à poidségal (environ 0,8 g), dans trois pots et congelés à—80◦ immédiatement après le prélèvement, jusqu’àl’expérimentation (Fig. 2) ;évaluation de l’activité antimicrobienne du curcuma surune bactérie (UMR 168, Institut Curie — CNRS) avec lamesure de la zone d’inhibition autour du curcuma aprèsensemencement d’une gélose (LB-agar) avec E. coli MG1655.

ésultats

’odeur et les composés volatils des plaies

umorales

’odeur peut être source d’émotions agréables ou désa-réables. Le caractère agréable ou désagréable (voire

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versif) d’une odeur peut être inné ou acquis, ou pourartie culturel car associé à des souvenirs. Concernantes plaies tumorales, l’ensemble des cliniciens, quellesue soient leurs cultures, semble s’accorder sur le carac-ère dérangeant de l’odeur des plaies tumorales lorsquee symptôme s’exprime, d’où la réalisation d’études sures produits tels que le métronidazole, susceptibles deéduire ce symptôme [12,13]. Une étude réalisée en Indeémontre ainsi l’efficacité du curcuma sur 62 patients por-eurs de lésions tumorales (localisations ORL > 50 %) avec unefficacité sur les odeurs rapportée dans plus de 90 % desas [14].

Une seule publication caractérise les COVs issus de cinqlaies tumorales malodorantes [15]. Les patients ont défini’odeur comme soufrée, deux l’ont associée également à unedeur de fromage et trois à une odeur de poisson pourri. LesOVs ont été extraits de compresses posées sur leurs plaiesendant 6 à 12 heures et analysés par chromatographie enhase gazeuse (GC) par micro-extraction en phase solideSPME) couplé à un spectromètre de masse et un olfacto-ètre. L’auteur conclut que :l’odeur de soufre, qui semble la plus omniprésente, seraitcausée par le diméthyle trisulfure (DMTS) ;d’autres structures de composés volatils identifiées pour-raient être associées à des odeurs telles que l’acideacétique (odeur aigre), l’acide isobutyrique (odeurde fromage), l’acide butyrique (odeur de fromage etvomi) et l’acide isovalérique (odeur de fromage et depieds) ;l’ensemble de ces COVs peut être produit par des bac-téries anaérobies d’où l’efficacité du métronidazole surles odeurs qui, en agissant sur ces bactéries, réduits lesCOVs.

Afin de vérifier ces hypothèses sur une plus grande sériet une population plus homogène, la caractérisation desOVs a été réalisée par une méthode similaire, à partir de2 échantillons de pansements usagés de plaies tumoralesu sein recueillis à l’Institut Curie lors de la réfection desoins. Pour étudier le lien entre les composés volatils etes odeurs, les données relatives à l’intensité des odeursde 0 à 4) recueillies lors des évaluations cliniques par leatient et l’évaluateur ont été croisées avec la présencees différents COVs. L’identification des COVs est basée surne comparaison de leur spectre de masse avec ceux de laase de données NIST (National Institute of Standards andechnology).

Les résultats montrent une différence significative (teste Fisher p < 0,05) sur l’odeur (divisée en 2 groupes : groupe

: absente, groupe 1 : faible, modérée, intense) pour troisomposés volatils :

deux liés à la présence d’odeur : le disulfure de diméthyle(DMDS) (p = 0,04) qui évoque le plus souvent une odeurd’ail pourri, et le phénol (p = 0,01) qui évoque quant à luiune odeur de goudron ;un associé à une notion de non-odeur : le butylhydroxyto-luène (BHT) (p = 0,04).

enter les odeurs tels que des cétones types 2-Heptanonep = 0,09), 2-Butanone (p = 0,08) et les composés organosul-urés dont le diméthyle trisulfure (DMTS).

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Figure 3. Application de curcuma sur une plaie tumorale évo-lutive chez un patient en phase terminale, lors d’un soin sousanesthésie générale, après nettoyage de la plaie au sérum physio-logique.© I. Fromantin.

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Test microbiologique

Odeurs, plaies et curcuma : hypothèseset pratique clinique

Il est cependant difficile de grouper ces composés volatilsstructurellement car, souvent, des molécules de structuresimilaire ont des odeurs qui se ressemblent, mais danscertains cas, de petites modifications structurales peuvententraîner des perceptions olfactives totalement différentes[16].

L’odeur des bactéries des plaies

En 2010, 32 volontaires de l’Institut Curie ont accepté departiciper à une enquête de perception sensorielle sur lesbactéries odorantes : 28 femmes et quatre hommes, âgésde 26 à 60 ans (médiane : 41,5). Seize pour cent d’entre euxétaient fumeurs. Huit bactéries ont été sélectionnées à par-tir de prélèvements de plaies tumorales du sein sur le critèreunique d’être considérées comme odorantes par les techni-ciennes du laboratoire de microbiologie : 1. Escherichia coli,2. Pseudomonas aeruginosa, 3. Alcaligenes faecalis, 4. Pro-teus mirabilis, 5. Staphylococcus lugdunensis, 6. Acineto-bacter baumanii, 7. Porphyromonas asaccharolytica,8. Fusobacterium necrophorum.

Dans l’analyse des résultats, une nette différence estobservé entre les souches 1, 2, 3 décrites comme fortement« végétales », mais aussi « urineuses », et les souches 4, 5, 6,8 décrites comme « cadavériques ». La souche 7 se démarquedes autres car davantage « excrémentielle ». Le caractèreextrêmement malodorant des anaérobies strictes est connu[17] et concorde avec cette enquête.

Le curcuma en pratique clinique

Le curcuma a été appliqué en deuxième intention sur quatreplaies tumorales évoluées, très exsudatives et délabrantes,après échec des traitements conventionnels : médronidazole(Flagyl®) ou acide clavulanique et amoxicilline (Augmentin®)administrés par voie générale, associés à des pansements aucharbon et des pastilles de charbon insérées dans les panse-ments secondaires. Il s’agissait de situations extrêmes, enphase palliative avancée ou terminale. Les traitements misen place depuis plus de quatre jours et qui ne permettaientpas de contrôler des odeurs d’intensité forte à très forte,ont été poursuivis lors de la mise en place du curcuma.

Le curcuma en poudre a été appliqué directement surles plaies, après un nettoyage au sérum physiologique ouà l’eau, en quantité suffisante pour recouvrir l’ensembledes lésions (Fig. 3). Il était recouvert de pansementsdrainants-absorbants (alginate ou fibres de CMC). Les pan-sements étaient refaits tous les 1 à 3 jours, les risques(hémorragiques) ou confort du patient (fatigue, douleur) nepermettant pas une réfection quotidienne des pansements.

Dans tous les cas, une réduction complète ou partiellede l’intensité des odeurs a été observée, dans le sens oùl’odeur n’était plus perceptible dans les couloirs des servicesoù les patients étaient hospitalisés, moindre ou nulle dansles chambres et supportable lors de la réfection des soins. ÀJ1, l’efficacité était complète dans tous les cas, imputableau curcuma et aux soins. Lorsque les soins étaient espacésde trois jours, les odeurs réapparaissaient à J2 ou J3, avec

une augmentation progressive de l’intensité explicable parla saturation des produits.

La coloration orangée liée à l’application de curcuman’était pas gênante dans ces situations de fin de vie.

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est d’absorption sur le curcuma

a cholestyramine (0,499 g) a été saturée avec 1 mL deérum physiologique ; le charbon (0,333 g) et le curcuma0,443 g) après 2 mL. La CMC (1,530 g) n’a été satu-ée qu’après l’ajout de 6 mL de sérum physiologique. À4 heures, l’aspect de la cholestyramine était toujours trèsiquide avec un poids de 1,426 g, le charbon avait gardé unspect très mouillé pour un poids de 1,638 g, le curcumatait granuleux et mouillé pour un poids de 1,721 g et laMC avait un aspect de gel humide et sec pour un poids de,056 g (Fig. 4a—d).

est d’adsorption du curcuma

es composés volatils identifiés comme liés aux odeurs dans’étude sur les plaies tumorales du sein ont été retrouvésur les deux séries d’échantillons (composés sulfurés, phé-ol). L’ajout du pansement au charbon s’est révélé efficaceis-à-vis de pratiquement tous les composés. Le curcuma

également piégé les COVs, et notamment les composésulfurés, mais avec une efficacité variable sur les deuxchantillons. Par rapport au charbon, l’analyse du curcumaermet de mettre en évidence une multitude de composésolatils (> 100) dont de nombreux arômes (Fig. 5).

près application de curcuma et une nuit à l’incubateur, unebsence de zones d’inhibition autour des plots de curcuma

été observée, en défaveur d’une activité antibactérienneignificative.

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Figure 4. Tests d’absorption. Évaluation à 24 h : a : cholestyramine ; b : CMC ; c : curcuma ; d : charbon.© I. Fromantin.

Figure 5. Identification des COVs émanant du curcuma seul (courbe du haut) et du charbon seul (courbe du bas) par HS-PPME/Gc/FID-MS.© J. Dugay, I. Fromantin.

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Odeurs, plaies et curcuma : hypothèseset pratique clinique

Discussion

L’évaluation des odeurs et, donc, des produits en capacitéde les neutraliser, est problématique dans la pratique cli-nique et la réalisation d’études étant donné sa complexitéet l’absence d’unités de mesures objectives et standar-disées. En effet, les paramètres caractérisant une odeursont quantitatifs (intensité), qualitatifs (description) ettemporels (évolution dans le temps). Or, à ce jour, lesévaluations ne prennent en compte que l’aspect quantitatifdes odeurs, potentiellement biaisé par l’adaptation oul’habituation. Plusieurs échelles d’évaluation des odeursdes plaies sont proposées : celles de Haugton et Young[18] et de Van Rijswijk [19] cotées chacune sur quatreniveaux, et celle de Grocott [20] (échelle Teler : TreatmentEvaluation by Le Roux’s Method) cotée sur six niveaux etspécifique aux plaies tumorales.

L’efficacité positive du curcuma en pratique cliniquesur les quelques cas cliniques où il a été appliquépeut sembler étonnante (voire contradictoire) par rapportaux résultats obtenus en chromatographie qui pourraientêtre interprétés comme soulignant une moins grandeefficacité du curcuma par rapport au charbon. Il est pro-bable que les différences entre les résultats obtenus enpratique clinique et en chimie analytique soient liés au faitque :• même si le curcuma adsorbe/absorbe des composés vola-

tils avec une variabilité plus importante que le charbon,les nombreux arômes qu’il émet masquent ou modifientla perception de l’odeur de la nécrose ;

• l’odeur peut être majorée par la présence de composésidentifiés (par exemple : DMDS, phénol), mais la percep-tion et le caractère agréable ou désagréable de l’odeursont le fait d’un ensemble de composés (« bouquet »).Aussi semble-t-il nécessaire de poursuivre ce travail enadjoignant à l’analyse chimique par chromatographie enphase gazeuse une étude (perception sensorielle) sur lacaractérisation de l’odeur percue sous ses aspects quali-tatifs, la symbolique et la typicité de l’odeur.

En effet, la production de DMDS et DMTS est fréquem-ment reportée dans la littérature sur les COVs émis par lescorps en décomposition, avec la prédominance de DMDS.L’association entre l’odeur de ces deux composés volatils etl’état cadavérique semble forte. Dans une étude réalisée en2008 sur les odeurs des corps inhumés, ces deux COVs fontpartie des cinq composés qui persistent jusqu’à la décompo-sition de tous les tissus, ce qui n’est pas le cas des dérivés dubenzène, aldéhydes, cétones et alcools associés égalementà la décomposition des corps [21]. Le DMTS et DMTS seraientaussi, avec le méthanethiol, les constituants majeurs del’odeur fétide et désagréable des matières fécales [22].Quant au phénol, il est identifié comme faisant partie desprincipaux constituants des arômes de fromages de natureassez odorante tels que le pont-l’évêque [23].

Les émotions et l’ancrage perceptif provoqués par lesodeurs des plaies mériteraient d’être décrits, car si ellessont associées à des corps putréfiés, des matières fécales ou

du fromage, cela pourrait peut-être expliquer les attitudeset plaintes parfois envahissantes. Il est également possiblede s’interroger sur les éventuels effets neuropsychiques descomposés volatils.

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Le curcuma semble ne pas pouvoir être considéré commen absorbant, même s’il absorbe une quantité non négli-eable de liquide. Afin d’affiner les premiers résultats,l paraîtrait nécessaire d’étudier sa capacité d’absorptionomparativement à une compresse sèche (standard poure recouvrement des plaies), avec un ajout plus progres-if de liquide (0,4 mL/h, avec humidification toutes les0 minutes). De même, de nouveaux tests microbiologiques’imposent puisque, dans la littérature, des articles ontémontré une efficacité à base d’extraits (alcool) de cur-uma sur diverses bactéries [24,25].

Ces premières réflexions et tests sont encourageants etevraient permettre d’amorcer une recherche de finance-ent (académique ou partenariat industriel) pour effectuer

n travail scientifique plus rigoureux (preuve d’efficacité,ormulation).

onclusion

a poursuite de ce travail préliminaire pourrait permettre’améliorer la qualité des soins des plaies malodorantes pare développement d’une utilisation maîtrisée (indications,imites) du curcuma ; l’acquisition de connaissances sur unomaine peu exploré, à savoir la perception sensorielle eton impact sur les soins et le malade ; l’éventuelle formula-ion d’un nouveau topique à base de curcuma.

Ce produit est d’autant plus intéressant qu’il est dispo-ible, à faible coût, dans de nombreux pays émergents quie heurtent à la même problématique de l’odeur, associéearfois à une grande précarité.

emerciements

’auteur remercie la Direction générale de l’offre deoins (DGOS), dans le cadre du Programme hospitalier deecherche infirmière et paramédicale (PHRIP).

éclaration d’intérêts

es auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enelation avec cet article.

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