OCTOBRE 2019 MODULE 5 « RELATION- COMMUNICATION

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Institut de Formations des Promotion aide-soignant-2019-2020 Professions Sanitaires et Sociales HWEILLIA Thierry OCTOBRE 2019 MODULE 5 « RELATION- COMMUNICATION » Etablir une communication adaptée à la personne et son entourage La chose la plus importante en communication, c'est d'entendre ce qui n'est pas dit. Peter Drucker : Artiste, écrivain, Enseignant (1909 - 2005)

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Institut de Formations des Promotion aide-soignant-2019-2020 Professions Sanitaires et Sociales HWEILLIA Thierry

OCTOBRE 2019

MODULE 5 « RELATION-

COMMUNICATION »

Etablir une communication adaptée à la personne et son

entourage

La chose la plus importante en communication, c'est d'entendre ce qui n'est pas dit. Peter Drucker : Artiste, écrivain, Enseignant (1909 - 2005)

SOMMAIRE

Introduction : …...............................................................................................................page 1

Présentation du lieu du stage : …...................................................................................page 1

Présentation de la personne : ….................................................................................... page 1

Description de la situation : …........................................................................................page 1-2

Mon ressenti : ……………………………………………………………………………………………………………page 2

Questionnement : ……………………………………………………………………………………………………...page 2

Analyse : ……………………………………………………………………………………………………………………page 3-5

Conclusion : ………………………………………………………………………………………………………………page 6

Bibliographie : ………………………………………………………………………………………………………….

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Introduction : Je suis élève aide-soignant à l'institut de formation des professions sanitaires et sociales de Nouvelle-Calédonie, au sein de la promotion 2019-2020. Pour l'analyse de situation qui est demandée dans le module 5, « Relation et communication », je vais vous présenter une situation que j'ai rencontré durant le stage n°2 (10/06/19 au 07/07/19).

Par souci de confidentialité, les noms des personnes seront changés, le nom de l’établissement et du service ne seront pas mentionnés.

Tout d’abord je vous présenterai le lieu du stage, le patient, un descriptif de la situation vécue, mon ressenti face à celle-ci, le questionnement qui en découle, l’analyse de la situation puis je finirai par une conclusion.

Le lieu du stage : Un centre hospitalier dans un service qui prend en charge les enfants. Une capacité de 10 lits, un office, une salle de soin qui est également la salle de réanimation.

La personne : Je l’appellerai Alex, il a 15 ans, il est sourd de naissance et n'a pas encore appris à parler, en cause un syndrome de Noonan. Il communique via la langue des signes et commence à lire sur les lèvres. Il est d'origine mélanésienne, il vient de kââla-gomen et a été adressé par un centre hospitalier voisin pour un abcès au niveau du scrotum. Après être passé au bloc pour un drainage chirurgical, il est hospitalisé dans le service le 12 juin pour une surveillance postopératoire et une antibiothérapie. Il reste également le temps qu’il n’ait plus besoin de l’association du meopa et d’un antalgique durant la réfection de son pansement, car il y a un méchage au niveau de l’abcès, ce qui est très douloureux pour lui.

La situation : J’ai fait la connaissance d’Alex à son entrée, il y a deux jours. En dehors de sa mère qui lui rend visite dans l’après-midi, il ne communique avec personne. Je passe de temps en temps le voir dans sa chambre, pour m’assurer qu’il va bien et pour « discuter » du mieux que je peux avec lui. C’est cette attention qui m’a permis de nouer un lien avec lui.

Nous sommes le vendredi 14 juin et il est 10h15. Une infirmière, nous l'appellerons Emma, me demande de l’assister pour la réfection du pansement d'Alex.

On est donc tous les trois dans la salle de soin, Emma prépare son matériel, Alex est allongé sur la table de soin et je me tiens à côté de lui, le masque branché sur le meopa, attendant les instructions de l'infirmière.

Son matériel étant prêt, elle s'approche d'Alex tout en lui expliquant le soin qu’elle va réaliser mais Il ne la regarde pas et ne sait donc pas qu'elle lui parle. Je lui dis qu'Alex est atteint de surdité, elle lève les yeux vers moi et l'air perplexe me demande : « comment on va s'y prendre ».

Je me demande aussi quoi faire et je me souviens de ce que sa maman m'avait dit : « je ne signe quasiment plus, pour qu'Alex apprenne à lire sur les lèvres ».

Je regarde Alex, je lui touche le bras pour attirer son attention, il me regarde et je lui montre mes lèvres, il me fait un signe de tête pour me dire qu’il a compris. Je lui dis lentement et en articulant ce que l'on attend de lui et le déroulement du soin :

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« L'infirmière va refaire le pansement, il faut que tu enlèves ton short et ton boxer, ensuite tu vas respirer dans le masque, ça sert à avoir moins mal. Ensuite l'infirmière va nettoyer le bobo et remettre un pansement propre. Je vais rester à côté de toi, tu as compris ? ». Il me fait signe qu'il a bien compris et s'exécute. La gêne se voit sur son visage et se lit dans ses yeux. Je couvre ses parties intimes avec un champ stérile, je le regarde et lui fait une grimace. Il rigole et je le sens se détendre tout doucement.

Je transmets à Emma qu'Alex à compris et qu'il est prêt. Elle me demande de lui mettre le masque, et après avoir attendu 30 secondes elle commence à enlever doucement le pansement. Immédiatement il commence à s’agiter, il grimace et grogne de douleur. Je pose une main sur sa cuisse pour l’immobiliser et une main sur son épaule pour l’apaiser. Emma lui demande s’il a mal, mais il a les yeux fermés et ne la vois pas, je fais donc le relais entre eux. Je tente d'attirer son attention en serrant un peu son bras mais Alex plisse les yeux, grimace, se couvre le visage avec ses mains et gémit de plus en plus fort à cause de la douleur, et ce malgré le meopa. Je serre son bras un peu plus fort, il ouvre les yeux et me regarde, je décide de changer de méthode, je continu de lui parler et j'ajoute des gestes pour détourner son attention afin qu'il se concentre sur moi et qu'il oubli un peu sa douleur. Les signes qu'il me fait en retour me rassure sur le fait qu’il me comprend, il engage avec moi une discussion en langage des signes bien que je ne comprenne pas tout ce qu'il me dit. Le soin se termine, je l'aide à se rhabiller. Emma me demande de rester aux côtés d'Alex le temps que les effets du meopa se dissipent et de le raccompagner dans sa chambre lorsque les vertiges auront disparu. Après lui avoir dit de rester allongé quelques minutes, je lui fais des gestes pour lui demander s’il a encore mal, s’il a des vertiges, il secoue la tête en faisant le signe qu'il n'en a pas, je lui tends ma main qu'il prend et nous sortons de la salle de soin pour retourner jusqu’à sa chambre. Il est 10h45.

Mon ressenti :

Avant le soin je me demandais quel serait mon rôle.

Pendant le soin j'ai été mis face à trois problématiques :

– La difficulté de communication due à cette différence de langage et à mon manque de connaissance de la langue des signes.

– La douleur du patient, son expression, son interprétation et sa gestion.

– La gestion de la pudeur d'un adolescent.

Ces problématiques ont été pour moi une source de stress car je faisais face à une situation totalement inédite pour moi. J’ai dû improviser sur le moment, tout en gardant à l’esprit les attentes de l’infirmière qui m’avait demandé de l’assister, et les besoins du patient. Je me devais de garder le contrôle de mes émotions pour ne pas rendre Alex nerveux pendant la réalisation de ce soin invasif et douloureux.

A la fin du soin je me suis senti satisfait du travail réalisé par Emma et moi, satisfait d'avoir pu établir avec Alex, une communication que je pense avoir été suffisante, et des retours positifs qu’il m’exprimés par des signes encourageants et des sourires. Néanmoins je me suis posé certaines questions :

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Questionnement :

Ma communication était-elle adaptée à Alex ? Les informations que je lui ai transmises, les a-t-il toutes comprises ?

La prise en charge de la douleur était-elle adaptée ?

Quelles actions mettre en place pour gérer la nudité et la pudeur d’Alex ?

Quelles autres méthodes de communication aurai-je pu utiliser à ce moment précis ?

Analyse :

« Toute communication implique un émetteur, un récepteur, un message et un canal de communication. Communiquer signifie être en relation avec. Il y a souvent dans la notion de relation à l’autre la notion d’intérêt, et c’est souvent la raison des échanges entre êtres humains. Dans une relation, l’information n’est pas toujours partagée, elle peut être imposée par l’émetteur et subie par le récepteur. L’information est proposée par l’émetteur et reçue par le récepteur qui l’accepte ou non. »1

« Nous distinguons deux types de communications : verbale et non verbale. La communication verbale comprend tout ce qui passe par les mots, le langage et fait appel au sens de l'ouïe. Elle correspond à environ 20% de l’échange entre les interlocuteurs. 80% de la communication est de l’ordre du non verbal. Cette dernière “correspond à l’expression du visage et aux postures du corps que l’on adopte : c’est le langage du corps.” La communication non verbale passe ainsi par le regard, les mimiques ou encore la gestuelle ».2 Dans ma situation, la difficulté de communication se situais au niveau du canal utilisé, puisqu’Alex est sourd et je ne signe pas. La communication verbale était donc impossible. La communication non-verbale était donc la seule option. Je me suis adapté en faisant des signes qui me paraissais le plus proche de ce que j’essayais de lui dire. Le fait qu’il me réponde, qu’il s’adapte lui aussi à moi, en simplifiant ses réponses, me renseignait, sur le fait qu’il me comprenait, et souhaitait lui aussi communiquer avec moi. Qu’il avait besoin de ce lien à ce moment-là. Pour lui signifier ma présence à ses côtés, l’interpeller et le rassurer, j’ai également utilisé le toucher comme outils.

« Le toucher est un sens qui est lié à la fonction tactile de la peau et des muqueuses. C'est une sensation et une perception corporelle qui implique les deux participants dans une relation d'intimité, puisqu'il n'est pas possible de toucher sans être touché. Le toucher est basé sur 5 éléments : Froid, Chaud, Contact, Pression, Douleur. » « Les bénéfices pour la personne soignée : Prévenir ou soulager la douleur, faciliter le vécu de la lourdeur des soins, diminuer le seuil du stress, améliorer l’estime de soi, sentir et ressentir le corps, augmenter le seuil de réceptivité tactile, intégrer les modifications progressives du schéma corporel, libérer les émotions, améliorer la communication verbale et non verbale. » « Les bénéfices pour le

1 La communication, Bouchut Clio du 16 juillet 2019 2 https://www.infirmiers.com/pdf/tfe-parisot.pdf page 3

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soignant : Evaluer, prévenir ou soulager la douleur, faciliter la dispensation des soins, initier ou enrichir une relation d'aide, cibler ses limites et capacités dans le champ de la distance intime »3

« Le toucher est universel et nécessaire au développement physique et mental de l’être humain. La réflexion sur l’utilisation du toucher est indispensable à l’exercice professionnel de tout soignant effectuant un soin sur le corps d’une personne, le soignant doit être attentif et responsable à la manière dont il pose ses mains. Il doit réfléchir et agir de manière à être en échange permanent avec la personne soignée. » « La pratique du toucher s’inscrit dans une dynamique de mobilisation des ressources de la personne soignée pour l’aider à conserver, maintenir ou restaurer son autonomie. Ils sont physiques, mentaux et émotionnels. Il permet aussi de prévenir, abaisser les douleurs, de diminuer le stress, d’améliorer la communication verbale ou non verbale. Il dépend du niveau d’attention, de présence et de disponibilité du soignant. »4

« Dans la pratique soignante, le toucher assure “la libération d’endorphines [...]. Cette stimulation de la peau déclenche une activité cérébrale dont l’effet en retour provoque un accroissement de la sensibilité et de la réceptivité”.

Les endorphines sont des neurotransmetteurs qui assurent plusieurs rôles tels que l’action analgésique, la régulation des comportements agressifs et l’action sédative. Elles agissent sur le plaisir, l'émotivité et l'affectivité de la personne. De plus, l’action mécanique du toucher prodigué “favorise le relâchement des tensions”. Ainsi, celui-ci va provoquer la diminution des tensions musculaires, permettre à la personne de se détendre et de redécouvrir son schéma corporel.

Pour terminer, le toucher “permet d’accompagner, calmer, rassurer et détendre, tout en instaurant une relation plus authentique et humaine”. Il montre à la personne qu’elle est placée au cœur des soins et lui permet, de par l’attention qui lui est portée, de retrouver son identité d’Homme à part entière. »5

Dans le toucher, j’ai utilisé le contact en début de soin pour créer un lien avec Alex, en maintenant ce contact tout au long du soin. Cela a également servi à déceler des signes et réactions de sa part. La pression pour attirer son attention lorsque le contact a rompu, pour l’apaiser et le réconforter et enfin la chaleur comme preuve d’empathie. Les différents retours que j’ai reçu du patient au cours du soin m’ont rassuré sur le fait que mes actions étaient appropriées et qu’elles avaient fonctionnées avec lui, notamment au niveau de la douleur et du stress.

Pour ce qui est de la prise en charge de la douleur, Alex a eu un antalgique 15 minutes avant le soin. Puis pendant le soin, du meopa lui a été administré. L’administration du meopa se fait sur prescription médicale par des soignants formés à son utilisation. Il est utilisé dans le but de diminuer la douleur et l’anxiété liée aux soins. Lorsque son action est insuffisante, il doit être associé à d’autres moyens antalgiques.

3 https://www.espacesoignant.com/soignant/soins-relationnels/toucher-dans-le-soin 4 https://www.espacesoignant.com/soignant/soins-relationnels/toucher-dans-le-soin 5 https://www.infirmiers.com/pdf/tfe-parisot.pdf page 9

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Et comme mentionné un peu plus tôt, j’ai utilisé le toucher pour l’apaiser et j’ai communiquer via son canal dans le but de détourner son attention. Bien qu’à certains moments, il me paraissait avoir très mal, je pense que nos actions ont été adaptés. Le stress qui découlé du soin en lui-même a été bien géré, mais avec le recul, je me rends compte que l’une des choses qui a le plus impacté son état émotionnel, c’était de devoir être nu et d’être vu sans que cela soit volontaire.

« La pudeur est un sentiment de gêne qu’une personne peut ressentir à l’idée de montrer une partie ou la totalité de son corps, ou de rendre public ses sentiments ou des émotions estimés comme intime. »6

« La pudeur est donc un sentiment, une émotion qui permet de protéger l’intimité physique qui peut entraîner un sentiment de gêne, pour le patient lors de soins portant atteinte à l’intimité physique. » « L’adolescent fait partie des personnes les plus vulnérables à l’hôpital principalement du fait qu’il traverse une période de bouleversements biologiques qui modifient à la fois son aspect physique et son état psychique. En effet, la puberté modifie rapidement son corps qu’il doit s’approprier et reconnaître comme étant le sien. L’intimité est ainsi très importante aux yeux de l’adolescent. »7

Alex a 15 ans, il est adolescent et en pleine découverte de son corps. Sa mère me confiait la veille du soin, qu’il avait été surpris par un surveillant de l’internat de son école, se masturbant devant un porno dans les toilettes. Du fait de sa surdité, il n’avait pas réalisé qu’il pouvait être entendu.

De se retrouver à nouveau dans une situation où son intimité été exposé sans que cela soit volontaire, la gêne qu’il pouvait ressentir à ce moment été tout à fait normale. Emma avec l’expérience s’est montrée attentionnée et lui a laisser le temps de se déshabiller, de s’installer sur le brancard et que je le recouvre du champ stérile pour s’approcher. Quant à moi, je me suis positionné de sorte à ce qu’il puisse se cacher derrière moi pour lui donner le sentiment d’être à l’abri des regards. Notre comportement à Emma et moi s’est divisé en 2 axes :

- Prendre une certaine distance vis-à-vis d’Alex, pour qu’il puisse sentir que son intimité lui appartenait toujours, et bien que présents dans cet aspect de son intimité, que nous avions bien conscience de cette frontière invisible.

- Faire preuve d’empathie, de sorte à garder et consolider ce lien de confiance.

A la fin du soin après avoir raccompagné Alex dans sa chambre, je suis retourné voir Emma. Je voulais savoir s’il y avait dans le service ou dans l’hôpital, des moyens de communications existant pour les personnes atteintes de surdité. Elle m’a répondu qu’à sa connaissance, il n’y en avait pas.

En y repensant par la suite, je me suis dit que j’aurai pu utiliser l’ordinateur mobile du service pour pouvoir lui faire lire tout le déroulement du soin, les consignes et les attentes que l’on avait. Cela lui aurait également servi à nous dire, s’il avait bien compris et ce qu’il ressentait à ce moment-là.

6 Soins de confort, Limousin Isabelle du 07 mars 2019 7 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01688345/document page 20

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Conclusion :

Avoir fait ce travail d’analyse m’a permis de me rendre compte de toutes les connaissances qu’il faut mobiliser et de l’expérience des autres dont il faut se servir et s’enrichir pour pouvoir s’informer et se « former », dans le but d’apporter aux patients des soins personnalisés à chacun. Que le travail d’équipe est une nécessité. Que se remettre en question et chercher les réponses que l’on ne possède pas soi-même, permettent de s’améliorer et d’avancer plus loin encore. J’ai entendu à plusieurs reprises de la bouche des formateurs et des professionnels lors des stages que : « on continu d’apprendre, encore aujourd’hui ». En tant que futur professionnel, c’est une aptitude et une qualité que je me dois de développer dans le but de « mieux faire », car je serai amené à travailler avec des « êtres humains ».

Bibliographie :

La communication, Bouchut Clio du 16 juillet 2019

https://www.infirmiers.com/pdf/tfe-parisot.pdf page 3

https://www.espacesoignant.com/soignant/soins-relationnels/toucher-dans-le-soin

https://www.espacesoignant.com/soignant/soins-relationnels/toucher-dans-le-soin

https://www.infirmiers.com/pdf/tfe-parisot.pdf page 9

Soins de confort, Limousin Isabelle du 07 mars 2019

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01688345/document page 20