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RECETTE Cuisinez vos feuilles mortes P. 17 TêTE DE TRUC Mickey Mouise P. 16 TRIBUNAL Coût du lapin P. 8 VOTATION Des clics et des couacs P. 4-5 JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA Vendredi 10 octobre 2014 // N o 206 CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch EBOLA Un Blanc * touché ! * nom connu de la rédaction

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RECETTECuisinez vos feuilles mortes P. 17

TêTE dE TRuCMickey MouiseP. 16

TRibunalCoût du lapinP. 8

VoTaTionDes clics et des couacs P. 4-5

JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA

Vendredi 10 octobre 2014 // No 206 CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch

EBOLAUn Blanc * touché !

* nom connu de la rédaction

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Vigousse vendredi 10 octobre 2014 Vigousse vendredi 10 octobre 2014

Enfin une révolution dans le domaine de la

recherche médicale, claironnait-on en substance,

mardi dernier, sur les ondes de RTS La 1ère.

Est-ce que Novartis, après avoir investi quelques

millions, allait annoncer la mise au point d’un

vaccin contre le virus Ebola, identifié en 1976 déjà ?

Non : la révolution en question est bien plus importante

que ça pour le monde occidental : en Suède, un premier

bébé est né dans un utérus transplanté. Une opération

lourde qui peut avoir des effets néfastes à terme. La

greffe ne sera donc que provisoire, le traitement antirejet

provoquant un risque accru de cancer de la peau. Gageons

que ce marché-là intéressera l’industrie pharmaceutique.

La veille, sur la même chaîne, Rony Brauman, ex-président

de Médecins sans frontières, expliquait que la

dynamique d’expansion de l’épidémie de fièvre Ebola est

problématique : une courbe de croissance presque verticale

au Liberia, une évolution difficile à suivre en Sierra Leone

et ailleurs... Trop tardivement détectée, le 23 mars 2014 en

Guinée, par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la

maladie n’en fait aujourd’hui qu’à sa tête.

Brauman confirmait que ce retard de plusieurs semaines

pris au départ se paie cher. Et que les critiques envers

l’OMS, émanation de l’ONU, sont justifiées : « Les moyens

sont en diminution, les priorités vont aux intérêts privés

qui ont fait main basse sur l’organisation. » Les Etats se

retirent, les pharmas s’engouffrent et dictent l’agenda.

Bien sûr, des centres de soins sont créés dans l’urgence ;

bien sûr, 3000 militaires états-uniens volent au secours

de l’Afrique de l’Ouest, mais il manque du personnel

formé. De manière générale, c’est bien l’effondrement des

systèmes de soins dans ces régions qui pose problème.

Et les conséquences sur la santé mère-enfant sont

considérables, constate Médecins du Monde Suisse.

Un cas d’Ebola au Texas, d’autres en Europe ? Les médias

s’emballent et la panique s’installe. Elle est hors de propos

pour Brauman, qui la met en balance avec la morbidité

africaine. Justement, le nombre de cas officiellement

notifiés à l’OMS s’élève à 7492, dont 3439 décès.

Mais un garçon est né en bonne santé. Il est Suédois et

pèse 1 kilo 775.

a f f a i R E s E n C o u R TC ’ E s T P a s P o u R d i R E ! Q u E l l E s E M a i n E ! 32

Matrice africaineJean-Luc Wenger

Tissus de conneriesFin septembre, lors d’une action dirigée par une obscure ONG locale, les Moscovites ont pu échanger leurs tee-shirts d’origine occidentale contre 30 000 liquettes de fabrication russe. But de l’opération : tourner en dérision les sanctions internationales liées à la crise ukrainienne. Quelques patriotes ont troqué les maillots arborant des slogans comme « I love New York » ou « Paris mon amour » contre de fiers « On s’éclate bien sans votre Coca-Cola ! » ou encore « Les Topols n’ont pas peur de vos sanctions ». Mieux vaut se battre avec des fringues qu’avec des flingues.

Leçon de TessinSelon le Département des sciences de la société (DSS), le Tessin est le canton suisse où l’on vit le mieux et le plus longtemps (étude basée sur les données de 2012). La durée de vie des femmes atteint 86 ans et celle des hommes 81 ans, c’est-à-dire un an de plus que dans le reste du pays. Et trois personnes sur quatre déclarent se sentir bien dans leur environnement, soit largement plus que la moyenne nationale. Vivre vieux et vivre heureux, voilà une recette de Latins aux petits oignons.

LE CHIFFRE

93 323C’est, selon les données de

Terre des Hommes, le nombre de personnes secourues par

la marine italienne entre janvier et juillet 2014. Près de 100 000 migrants qui, inhumainement entassés

sur des bateaux de fortune, risquent leur vie en mer (plus

de 3000 ont péri depuis le début de l’année) pour rejoindre l’Europe. Une

situation tragique qui, au vu de la détérioration des

conditions de vie en Libye, en Syrie, en Erythrée et ailleurs,

ne cesse d’empirer. Des hommes à l’amer.

a droite toute !« Si j’étais ministre, je privatiserais tout de suite les postes, les chemins de fer, la RAI (Radiotelevisione italiana), les sociétés municipales et je recalculerais les retraites supérieures à 3500 euros », a déclaré sans fioriture Yoram Gutgeld, conseiller économique de Matteo Renzi. Dans les prochains mois, cet Israélien naturalisé Italien de 55 ans est appelé à jouer un rôle primordial dans la réduction des dépenses publiques de la botte. Et dans le domaine de l’argent, le bien nommé Gutgeld sait y faire.

Politique-fictionLe 5 octobre, les Zougois ont réélu tous leurs conseillers d’Etat déjà en place, soit deux UDC, deux PDC, deux PLR et une Verte. Mais il y avait quand même du nouveau : pour la première fois depuis 120 ans, le scrutin avait lieu à la proportionnelle. Histoire d’expliquer ce « nouveau » système, la Chancellerie avait distribué un exemple didactique et fictif, que 10 % des électeurs ont glissé tel quel dans l’urne. A Zoug, la démocratie n’est pas vraiment en bonne voix.

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Vigousse vendredi 10 octobre 2014 Vigousse vendredi 10 octobre 2014

Au soir du 28 septembre 2014, dimanche de votations, la Chan-cellerie fédérale communiquait triomphalement que « jusqu’à 65 % des votants ont utilisé le canal élec-tronique » : une fallacieuse ânerie statistique (voir encadré) reprise à la lettre par l’ATS et par de nombreux médias, ce qui a fait bondir Pierre Santschi, physicien et ancien député Vert au Grand Conseil vaudois. Fa-rouchement rétif au vote par inter-net, il en dénonce avec vigilance les failles et les risques.Il y a cinq ans, alors que le can-ton de Genève voulait à tout

prix fourguer aux Vaudois son logiciel pour le vote des citoyens de l’étranger, Pierre Santschi et quelques autres grincheux avaient démontré, preuve à l’ap-pui, que ledit système n’est pas franchement au point. D’autant, fâcheuse dérive, qu’il place l’exer-cice démocratique sous le seul auspice des bureaucrates, ce qui n’est jamais très bon. « Dans un bureau de vote, tous les partis sont représentés et se contrôlent les uns les autres. Mais quid de la crédibi-lité du résultat quand la réception et le dépouillement des bulletins

De Deux Choses l’urne La Confédération mise sur le vote par internet, mais le développement des logiciels patine et la sécurité est loin d’être garantie. Du bulletin papier au bulletin électronique, la démocratie devient-elle virtuelle ?

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électroniques sont de facto sous le contrôle technique de la seule admi-nistration ? » Judicieuse question.Autre menu défaut : le système du bout du lac ne permettait pas le recomptage objectif des voix en cas de résultat serré ou de contes-tation. Là-dessus, en juillet 2013, le pirate informatique Sébastien Andrivet avait démontré avec éclat les failles du dispositif genevois en y glissant un virus capable de changer les « non » en « oui » et réciproque-ment : ennuyeux. La même année, la Cour des comptes genevoise poin-tait une « absence de vision claire et de stratégie » au sein de l’Etat.

or la Confédération, malgré toutes ces faiblesses, continue de prôner le recours au vote électronique. « Les cantons sont responsables pour les votations et le choix du système tech-nique utilisé », commente Thomas Abegglen, préposé à l’information pour les droits politiques à la Chan-cellerie fédérale. « Non, la Confé-

dération n’a pas adopté le modèle genevois. Elle a seulement défini les conditions légales et techniques pour le vote électronique. » Pour Stéphane Koch, spécialiste des technologies de l’information, la plupart des problèmes consta-tés sont liés au fait que les cantons ont mandaté des sociétés privées qui se concurrencent plutôt que de coopérer et dont les travaux restent confinés à la Suisse : « Il aurait fallu développer le système de manière ouverte. De nombreuses universités à travers le monde y travaillent. »D’une fiabilité imparfaite lors des votations populaires, le bulletin électronique ne se révèle guère plus sûr dans le cas des élections, s’in-quiète le lanceur d’alerte Pierre San-tschi. Si les têtes de liste se détachent nettement, qu’en est-il des viennent- ensuite ? Le doute s’est ainsi immis-cé dans les dernières élections saint-galloises au Conseil national : l’UDC Toni Brunner caracolait en tête, mais les scores des suivants étaient si ser-

Deux tiers de quoi ?Douze cantons ont recouru au bulletin électronique le 28 septembre dernier pour un total de 170 000 électeurs autorisés à voter via internet : des citoyens établis à l’étranger et, dans les cantons de Genève et neuchâtel, les indigènes également. Ces 170 000 personnes représentent 3 % du corps électoral suisse et seules 25 886 d’entre elles ont fait usage de leur droit de vote.

D’où sort donc la proportion de 65 % de votes électroniques claironnée par la Chancellerie fédérale ? elle ne concerne en réalité que l’Argovie, dont 2482 citoyens expatriés sur 7863 ont voté. et sur ces 2482, 1620 l’ont fait par internet, d’où ce taux de 65 %. Ainsi présenté, le triomphe est relatif.

Bourreau de vote

En novembre 2013, l’initiative 1 : 12 des Jeunes socialistes suisses était sèchement rejetée par 65 % des voix. Alors que les milieux économiques se félicitaient du résultat, d’autres s’interrogeaient sur le sens de ce refus, neuf mois à peine après l’acceptation, par 68 % des votants, de l’initiative Minder contre les rémunérations abusives. Plus récemment, en mai 2014, c’est l’initiative pour l’ins-tauration d’un salaire minimum à 4000 francs qui était balayée par 76 % des voix.

Qu’est-ce à dire ? A chaque scru-tin, les analystes patentés ont fait leur boulot, à savoir débiter en urgence des graphiques et livrer de doctes opinions avant de passer à autre chose le lendemain. Mais on ignore toujours ce que les gens considèrent exactement comme des salaires justes et raisonnables. Au lieu de tourner sans recul au-tour du pot, au gré de votations ponctuelles difficiles à interpréter, pourquoi ne pas poser la question directement ?

C’est désormais fait grâce à l’International Social Survey Programme, un machin hyper-sérieux et rigoureux qui mène des enquêtes sociales statistiques et réunit près de cinquante pays. Sur la base de données recueil-lies en 2012, des chercheurs ont donc évalué la perception des disparités salariales à travers le monde : 55 238 personnes, vivant dans quarante pays et sur les six continents, ont for-mulé deux estimations : d’abord, combien gagnent réellement un grand patron et un employé non qualifié d’une compagnie nationale ; ensuite, combien ils devraient gagner dans l’idéal.

Les résultats montrent que les gens ont du cœur, mais qu’ils sont très naïfs. En moyenne mondiale, ils se figurent qu’un « top mana-ger » gagne 10 fois plus qu’un em-ployé non qualifié et ils voudraient que ce rapport soit de 4,6. Il y a bien sûr des différences entre pays, mais en gros tout le monde trouve que les différences salariales sup-posées sont excessives. Sauf qu’ils

sont très loin du compte. Aux Etats-Unis par exemple, les gens estiment qu’un grand patron gagne 30 fois plus qu’un ouvrier alors qu’en réalité c’est 354 fois plus ! En Suisse, les sondés pensent que le salaire maximal est 14 fois plus élevé que celui du salarié de base alors qu’il est 148 fois supérieur. Mieux, les gens situent le rap-port idéal à 1 : 5. En calculant à la hausse, ça représentait 1,5 million de dollars par an pour un ouvrier non qualifié…

l’InTernATIonAle Une étude demande aux Terriens d’estimer la différence légitime entre le salaire d’un grand patron et celui d’un ouvrier non qualifié. Surprise : les Suisses pensent comme tout le monde, mais votent le contraire.

Le Mondial des inégalités

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Jalousie ? Aigreur de gauchistes et autres largués rétrogrades ? Pas du tout : même les riches de droite considèrent que le rapport idéal se situe autour de 1 : 5. Relativement constantes et quasiment indépen-dantes du niveau social, des reve-nus, des opinions politiques et des origines, ces estimations interna-tionales traduisent un désir uni-versel de justice sociale. En somme, le monde entier sous-estime les écarts salariaux réels et n’en pense pas moins qu’ils de-vraient être sérieusement réduits. Cette perception naïve des dif-férences peut-elle expliquer les choix saugrenus du peuple suisse lors des votations ? Difficile à dire, car l’étude ne tient pas compte du fait que, décidément, y en a point comme nous. Sebastian Dieguez

How Much (More) Should CEOs Make ? A Universal Desire for More Equal Pay, S. Kiatpongsan & M. Norton, Perspectives on Psychological Science, à paraître.

rés que le moindre dysfonctionne-ment du bazar électronique pouvait chambouler le classement. Avec des bulletins en papier, comptés et s’il le faut recomptés manuellement, les choses sont claires et nettes. « On touche à l’essence même du scrutin universel. Pourquoi pas un tirage au sort ? » ironise Santschi.

la Chancellerie fédérale pour-suit sa stratégie en martelant que la sécurité prime la vitesse. « A partir de 2015, chaque votant disposera d’un moyen encore plus puissant pour s’as-surer que son vote a été transmis selon sa volonté », assure Thomas Abegg-len. Mais tout pirate sait qu’un dis-positif de sécurité, si élaboré soit-il, est là pour être percé ou contourné. Après tout, si de petits génies par-viennent à pénétrer les systèmes ultrasécurisés du FBI, d’autres pourraient sûrement « craquer » le vote électronique helvète… De fait, les méthodes d’anonymisation et de chiffrage ne convainquent pas

tous les spécialistes. « Remettre en cause la sécurité est fondamental », explique Stéphane Koch, pour qui l’avenir démocratique n’en sera pas moins numérique.Il est vrai que le vote traditionnel sur papier n’est pas totalement sûr non plus. « Il existe déjà des moyens de tricher. Des gens mal intentionnés pourraient piller les boîtes aux lettres. La possibilité de fraude existe, nous sommes des humains. Après, c’est une question d’échelle… », note Stéphane Koch. Pour lui, la technologie nu-mérique doit encore être améliorée, en particulier pour garantir l’ano-nymat du vote. Il y ajoute une uto-pie : la signature électronique, qui a déjà valeur juridique et qui serait porteuse de progrès : « On pourrait lancer et signer électroniquement une initiative ou une pétition, et j’ima-gine un système de confirmation, un mois après le premier paraphe, pour éviter l’impact émotionnel. » Autre rêve informatique : « Dans le cadre d’une élection, on pourrait voter contre un candidat, chose impos-sible actuellement. On éviterait ain-si le vote blanc et on saurait, si untel est élu, quel pourcentage d’électeurs n’en voulait absolument pas. » Inté-ressant, en effet.Reste une question : le peuple suisse votera-t-il un jour pour ou contre le vote électronique ? Jean-Luc Wenger

muLTipLicaTiondes gains

voix-civoix-Là

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Vigousse vendredi 10 octobre 2014 Vigousse vendredi 10 octobre 2014

Ces dix dernières années, le bud-get que chacun consacre aux télé-communications a explosé. A tel point que les limites intuitives en matière de dépense tendent à s’estomper. Même pour les gens raisonnables ou modestes (ou les deux), il n’est plus impensable d’investir plus d’un millier de francs par an pour un abonnement et un téléphone intelligent.

Du coup, pour les riches ou les m’as-tu-vu (ou les deux), il est compliqué de se distinguer de la masse en frimant avec son télé-phone. La marque britannique Vertu l’a bien compris : avec ses smartphones en cuir d’autruche ou de lézard vendus des milliers de francs, elle séduit des dizaines de milliers de gogos, lesquels font chauffer leurs cartes de crédit dans les boutiques de luxe de Genève, seule ville suisse où le Vertu soit disponible pour l’instant.Comme ni l’écran inrayable, ni la coque incassable, ni le processeur ultrapuissant ne suffisent à justi-fier le prix du bidule, Vertu joue la même carte que les hôtels en

manque d’arguments : le concierge haut de gamme. En l’occurrence, il s’agit d’une troupe d’esclaves poly-glottes parqués dans un centre d’appel et qui 24 heures sur 24 sont à la disposition des clients pour les renseigner et les bichon-ner, leur appeler un taxi ou leur réserver une table au restaurant. C’est évidemment de l’esbroufe puisque passer par les services de son « concierge » n’est pas vrai-ment plus rapide que d’appeler directement un restaurant… Mais c’est délicieusement désuet et c’est très classe.

FrIMe rIChe La marque Vertu vend ses téléphones portables entre 5000 et 20 000 balles : du tape-à-l’œil pas à l’œil.

Au-delà de ça, le bigophone Vertu est identique à n’importe quel autre appareil fonctionnant avec Android : mêmes icônes, mêmes applications, mêmes bugs. Et même besoin de changer son téléphone une année à peine après l’achat. Mais peu im-porte, l’essentiel est que l’appareil soit inaccessible au commun des mortels et surtout, surtout, que ça se voie. Reste qu’à 20 000 francs, le ma-chin est encore trop abordable pour que les crâneurs multimilliardaires puissent se distinguer des simples rupins. Avec Vertu, on devine le cercle vicieux. Samuel Dubuis

Coûts de fil

Vendredi 10 octobre 2014 se déroule la 12e journée mondiale contre la peine de mort. Initiée en 2003, cette action a donné lieu à toutes sortes de mobilisations, principalement en Belgique, au Canada, en France, en

Italie et au Mexique. Officiellement reconnue par l’Union européenne et la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, elle prône l’abolition pour une justice sans peine capitale.

Chaque année, ladite journée est consacrée à une thématique parti-culière. La cuvée 2014 est dédiée à la santé mentale. Même si ça semble humainement inconcevable, c’est un fait : des personnes atteintes de troubles mentaux graves sont en-core mises à mort. La récente affaire des frères Brown et Collum en Caro-line du Nord (Vigousse, 19.09.14) n’est que l’un des exemples de cette

aberration judiciaire ; diminués psy-chiquement (Brown a l’âge mental d’un enfant de 9 ans) et incapables de se défendre correctement, ces deux hommes ont passé trente ans dans le couloir de la mort pour

Jour De ForCe Entre la Journée mondiale de la poste le 9 et celle des filles le 11 octobre, le 10 est consacré à une cause capitale.

meurtre avant d’être enfin reconnus innocents il y a tout juste un mois.Le 10 octobre fournit également l’occasion de rappeler quelques chiffres glaçants (recensement Am-nesty International 2013). L’année dernière, la planète comptabilisait encore un tiers de pays maintenant officiellement la peine de mort dans leur arsenal légal. Parmi ceux-ci, 22 ont procédé à des exécutions avec en tête la Chine, puis l’Irak, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Etats-Unis. En excluant la Chine, qui zigouille à tout-va, mais classe ses morbides statistiques sous le sceau « secret défense » (plusieurs milliers d’exé-cutions selon les vagues estimations disponibles), 778 personnes ont été officiellement mises à mort contre 682 en 2012. Une forte augmenta-tion due principalement à la situa-tion politique en Irak et en Iran.Des chiffres macabres aux-quels il faut ajouter les milliers de condamnés qui, à travers le monde, attendent au fond de geôles sordides le trépas sous une forme ou une autre : électrocution, décapitation, injection létale, lapi-dation, pendaison et autres joyeu-setés. Hélas pour eux, une journée mondiale ne dure que 24 heures.

Alinda Dufey

Délit de boissonPubliée dans la revue médicale British Journal of Nutrition, une étude espagnole fait le point sur les boissons énergisantes. Après quatre ans de recherche et d’expérimentations, il s’avère, sans grande surprise, que ces infâmes jus chimiques contiennent beaucoup trop de caféine et autres stimulants. Mauvaise pour la santé, l’absorption de telles saletés n’améliore donc que faiblement les performances sportives et provoque en revanche insomnie et nervosité. Un breuvage à sucrer.

f a i T s d i V E R s E T V a R i É sf a i T s d i V E R s E T V a R i É s 76 h i s T o i R E s E n C o u R T C o n s o & C o n s o R T s

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Quand les constructeurs automo-biles tentent de passer au vert, le résultat peut être cocasse. Honda Suisse a lancé voici quelques mois le concours Best-Ecodriver (meil-leur conducteur écolo, en langue nationale). A priori, pourquoi pas… Les participants s’inscrivent chez un concessionnaire pour tester une voiture prêtée sur un parcours pré-défini. Ceux qui consommeront le moins de carburant se verront ré-compensés. Par un vélo, un séjour à l’alpage, un panier garni bio ? Non : par une année d’essence gratuite. Fallait pas rêver. Et vu le succès dudit concours, l’idée de feindre une conduite économe pour mieux polluer ensuite durant douze mois s’avère très porteuse.

Pour honda, le prétexte vert sert aussi d’appât pour inciter les cha-lands potentiels à tester ses cylin-drées. Il suffit de parcourir la page Facebook de la marque pour consta-ter que l’astuce marketing marche à plein : les futurs participants s’y délectent, non seulement en rêvant d’essence à gogo, mais aussi à la per-pective de poser leurs fesses dans les bolides flambant neufs. Aucune trace de préoccupation écologique dans leurs commentaires, évidemment. A concours idiot, réclame débile : un petit troupeau de spécimens mâles et femelles pose, l’air pénétré et l’at-titude conquérante, dans un décor verdoyant à souhait. L’écologie est un concept marketing qui roule. Autre concours Honda, Kiss me I’m yours (embrasse-moi je suis à toi) ne vaut pas mieux. Ciblant les femmes, il enjoint aux concurrentes de se photographier en train d’em-brasser la carrosserie d’une Honda Jazz. Après quoi la candidate la plus appréciée sur la Toile pourra gagner le modèle en question, ou alors une séance photo à Zurich. Objet d’un prochain concours Honda : déterminer quel est le concours Honda le plus crétin.

Noémie Matos

Bêtes de concours

En marge de la superbe exposition « Sous le drapeau syndical 1845-2014 » présentée par le Musée cantonal vaudois d’archéologie et d’histoire (Lausanne, Espace Arlaud, jusqu’au 25.01.15), de mauvais esprits ont relevé un détail piquant sur une toute récente casquette aux armes du Syndicat suisse des services publics (SSP). Affilié à l’Union syndicale suisse et à la Confédération syndicale internationale, le SSP lutte contre l’exploitation des travailleurs, le libéralisme débridé, les délocalisations et autres abjections du capitalisme mondialisé, mais fait fabriquer ses casquettes en Chine. Chapeau ! Vigousse

Gaucherie

homme sweet hommela suisse a aboli la peine capitale en 1942 en droit ordinaire (et en 1992 en droit militaire). elle rejette depuis lors de récurrentes propositions visant à sa réintroduction partielle. elle est aussi signataire de divers traités internationaux interdisant toute condamnation à mort. elle a accueilli à Genève, en février 2010, le 4e Congrès mondial contre la peine de mort. et fin septembre 2014, lors de l’assemblée des nations unies, le président de la Confédération Didier Burkhalter, actif dans ce combat, a appelé les etats à œuvrer à l’abolition universelle de la peine de mort d’ici à 2025. l’espoir fait vivre.

A mort et à travers

grand cri de monacoPour avoir été vainement et longuement baladé dans les bureaux de l’administration monégasque, un homme a copieusement laissé éclater sa mauvaise humeur. Après qu’il eut dit haut et fort tout ce qu’il pensait du prince Albert et de sa famille, l’homme a été interpellé et condamné à 3 mois de prison ferme. Le crime de lèse-majesté : sur le Rocher, on en fait toute une montagne.

Pas bêteLa ville d’Amsterdam a inauguré un nouveau zoo qui n’abrite ni éléphants, ni lions, ni autres grosses bestioles, mais des milliers de microbes ! Contrairement aux zoos classiques, qui ne présentent que la faune visible, Micropia s’est donné pour mission de « montrer la micro-nature ». Bien qu’ils aient plutôt mauvaise réputation en tant que vecteur de maladies, les microbes représentent deux tiers des organismes de la planète et ils sont très utiles à la vie terrestre. Ayant coûté plus de 10 millions d’euros, ce parc réserve de grandes découvertes.

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Vigousse vendredi 10 octobre 2014 Vigousse vendredi 10 octobre 2014

8 9f a i T s d i V E R s E T V a R i É s Q u E l l E s E M a i n E !

« J’étais dans une colère noire, j’ai tapé sur le lapin… »

Audience en correctionnelle dans un tribunal d’arrondissement. Noms fictifs mais personnages réels et dialogues authentiques.

Monsieur Pasche est accusé de voies de fait qualifiées, dommages à la propriété, menaces qualifiées, contrainte et contravention à la loi sur la protection des animaux. Son épouse, quant à elle, est poursuivie pour tentative de meurtre.– Ce n’est pas la première fois que votre couple a affaire à la justice, commente le juge. Vos relations mouvementées ont donné lieu à des visites de la police à votre domicile, des plaintes de Madame et quelques arrestations de Monsieur. Maintenant que vous êtes séparés, vous en êtes à quoi ?– en fait il vit chez moi… murmure l’accusée.– Vous êtes à nouveau ensemble ? s’étonne le magistrat.– Il n’y a jamais eu de séparation ! réagit le mari.– J’ai essayé de le chasser, sanglote la femme, mais il me suit continuellement, il me harcèle. si ça continue, je vais m’enfuir de chez moi !– Pourquoi tu dis ça ? hier soir, chez nous, elle ne tenait pas du tout ces propos… Je ne comprends pas pourquoi tu dis ça.– Peut-être parce que vous la dérouillez fréquemment et qu’elle porte plainte avec photos et rapports médicaux à l’appui, suggère le procureur.– Je fais beaucoup d’efforts dans notre vie de couple et avec nos enfants : pour ma violence, j’ai suivi une thérapie et tout va mieux.– non, ça ne va pas mieux ! s’étrangle l’épouse. Dès qu’on est ensemble, ça ne va pas. Je veux que tu sortes de ma vie.Un ange passe dans la salle d’audience. Puis le magistrat reprend la parole.

– examinons les chefs d’accusation. Monsieur, reconnaissez-vous avoir, lors d’une vive altercation, traité votre épouse de pute, l’avoir saisie violemment par les cheveux pour la mettre à terre avant de la rouer de coups alors qu’elle était enceinte. et, alors que vous nettoyiez les dégâts de la dispute, vous avez fini de passer votre rage sur le lapin qui gambadait dans le salon en le massacrant avec l’embout de l’aspirateur.– Je l’ai peut-être un peu frappée et injuriée, mais elle me poussait, elle était hystérique. et après je nettoyais ce qu’elle avait cassé et, j’avoue, comme j’étais dans une colère noire, j’ai tapé sur le lapin. Mais bon, il était vieux, on cherchait à s’en débarrasser…– Pauvre Panpan, fait le procureur. Quant à vous, vous êtes incapable de la moindre introspection. selon vos explications, Madame cherche et mérite les raclées que vous lui mettez. Vous n’avez aucun remords !– non, c’est faux. Je regrette d’avoir fait du mal au lapin.– Ah ! Je suis content que vous renonciez à plaider la charité envers un lapin sourd, aveugle et maniaco-dépressif, ironise le juge. – et vous regrettez aussi ce que vous avez fait subir à votre épouse ? poursuit le procureur.– oui, mais elle exagère toujours sur ce qui s’est passé. Cette fois-là, c’est elle qui m’a empoigné, et comme elle ne se laissait pas faire…– Voilà qui est très discourtois, raille le président.– Ce que j’essaie d’expliquer, c’est que quand je lui tirais les cheveux, elle résistait…– et donc il a fallu lui mettre des coups ? Autrement dit, vous admettez ?– euh… oui.– Vous reconnaissez aussi les autres plaintes pour menaces et coups ?– oui.– Bien. reste la fois où Monsieur a été blessé à la base du cou avec un ciseau à poulet. Que s’est-il passé ?– Il allait encore me frapper, déclare la femme. Cette fois, je n’ai pas voulu me laisser faire, alors, quand il s’est approché, je l’ai piqué avec le ciseau.– C’est faux, j’étais tranquille sur le canapé, elle s’est énervée et m’a poignardé. C’est elle qui a perdu son calme, ça lui arrive souvent.– Incroyable… souffle le procureur. Vous êtes un véritable salaud, un tyran domestique, un sale manipulateur et vous essayez de nous faire croire que tout est la faute de votre femme.Reconnu coupable, monsieur Pasche, écope de 18 mois de prison dont 8 ferme. Quant à Madame, elle est libérée des charges d’accusation. Lily

Plus VrAI Que

VECUfaux-fuyardStéphane Luciani, un homme de main de la mafia corse, a été interpellé après plusieurs années de cavale. Selon les indices recueillis par les enquêteurs, il avait fui en Afrique en 2011. Or c’est lors d’une bête visite de contrôle au domicile de son épouse, à Bastia, que les policiers sont tombés nez à nez avec lui ! Le « fugitif » a révélé que depuis plusieurs mois il se planquait tranquillement chez lui. Pour la police, l’affaire se corse.

Le goût des autresPour célébrer dignement le lancement de la cinquième saison de la série de zombies Walking Dead, un chef britannique a crée un hamburger au goût de chair humaine. S’inspirant des conseils d’experts du cannibalisme, notamment des écrits du journaliste William Seabrook ou des déclarations du tueur japonais Issei Sagawa, le cuisinier a élaboré une recette faite de viandes de veau, de porc, de foie de poulet et de moelle osseuse. Il en ressort un plat savoureux qui, affirme-t-il, hume bon la bidoche humaine. Miam !

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. . . E n C o u R T

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Vigousse vendredi 10 octobre 2014 Vigousse vendredi 10 octobre 2014

l E f i n M o T d E l ' h i s T o i R E 11b i E n P R o f o n d d a n s l ' a C T u10

La petite maison des horreurs dans la prairiele JournAl InTIMe Du FuTur Du ProFesseur JunGe Cette semaine : je me débrouille très bien depuis que tous les animaux ont disparu de la planète.

28 mars 2044. Lorsque ces im-béciles de défenseurs des bêtes avaient tiré la sonnette d’alarme il y a trente ans parce que la moi-tié des espèces animales avaient déjà disparu de la planète à cause de l’homme, je ne m’étais pas inquiété plus que ça. Je suis quelqu’un d’optimiste, et puis surtout je trouve que ça ne sert à rien de changer ses habitudes si elles ont fait leurs preuves. Sur-tout, j’ai toujours été convaincu de la supériorité de l’être humain. D’ailleurs, le temps m’a donné raison : voici trois ans que la dernière bestiole a été envoyée ad patres et on se débrouille très bien tout seuls.

30 avril 2044. La température est douce aujourd’hui. C’est un temps idéal pour travailler aux champs. Je sors la charrue de la grange et attelle le père Simon, sa femme et leurs deux filles. Nous travaillons d’arrache-pied pour retourner la terre ingrate dans la-quelle je planterai mon colza. La fillette la plus âgée renâcle un peu et je dois faire usage de mon fouet pour la faire avancer. Sale bête.

Pitc

h

22 mai 2044. Tranquillement installé dans mon rocking-chair, le fusil de chasse sur les genoux, je surveille qu’aucun membre de la famille Luongo ne tente de prendre la fuite tandis qu’ils sont éparpillés dans le champ et pol-linisent les plantes. Les jeunes Boéchat, quant à eux, butinent les fleurs en bordure du bois en vue de la préparation du miel.

17 juin 2044. Je suis allé faire un tour du côté de l’enclos où broutent les Liechti. Leurs longues toisons frisées ont belle allure. Il sera bientôt temps de les tondre et de filer leur laine. J’aurai besoin de chaussettes chaudes pour cet hiver.

4 août 2044. J’ai cassé la chaîne du vélo avec lequel je fournis l’énergie pour alimenter la trayeuse électrique. Quelle guigne ! Je vais encore devoir traire Mme Semelet et les filles Imhof à la main…

23 septembre 2044. J’ai enfin fini d’écorcher le grand-père Boillat. Mais quel cirque ! Il n’a pas arrêté de hurler comme un beau diable.

Je tends ensuite sa peau sur des cadres en bois. Après tannage, je vais me couper une belle veste à franges de cow-boy que je pourrai porter lorsque je fais ma tournée d’inspection du domaine sur le dos du fils Frund.

3 novembre 2044. La Saint-Mar-tin approche à grands pas. Comme le veut la tradition, nous allons bouchoyer l’aîné des Martin. Cette année, c’est au tour du Sébastien. Nous l’avons bien engraissé et je

Le 8e conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

14

0Dites, chef, pourquoi vous m’envoyez des photos de paysages

dévastés ? C’est pris en Syrie ? En Ukraine ?

Des paysages dévastés ?

Hein ? Mais pourquoi vous

faites ça ?

Ça s’appelle du sexting. Tous les politiciens commencent à s’y mettre !

Ah bon ? C’est bizarre…

Sur les images, je vois des cratères, de

profondes tranchées, des buissons décharnés…

Attendez, en fait ça pourrait être des poils…

Ah mince, vous avez raison, j’avais enclenché le zoom par inadvertance.

Ah mais pas du tout. Je viens de vous faire parvenir plusieurs selfies de moi tout nu.

Quoi que je pense de cette débilité,

je vous assure que ce n’est pas ça que j’ai reçu.

Ben c’est la mode.

C’est très excitant !

pense qu’il va nous durer tout l’hiver. A son visage rougeaud, on peut deviner qu’il a le sang épais. Ça va faire un boudin du tonnerre !

15 décembre 2044. Vraiment, on n’a pas besoin des animaux pour s’en sortir. Par contre, ce qui m’in-quiète, c’est que la moitié des fa-milles du village ont déjà disparu. Il faudra qu’on soit plus économes à l’avenir. Professeur Junge, surviva-liste de la pensée contemporaine

« Ce système ne répond pas à l’équité absolue, mais la dif-férence de traitement avec les autres contribuables se jus-tifie »,  avez-vous  déclaré  en conférence de presse le lundi 6 octobre, à propos des riches étrangers au bénéfice de forfaits fiscaux.  Et  vous  l’admettez, c’est en légère contradiction avec la Constitution fédérale, laquelle est fondée sur le principe de l’égalité. 

L’initiative  « Halte  aux  pri-vilèges  fiscaux  des  million-naires »,  sur  laquelle  nous voterons le 30 novembre, vise justement à clarifier les choses en stipulant dans ladite Constitution que « les privi-lèges fiscaux pour les personnes physiques  sont  illicites ».  Mais vous, vous prônez le statu quo, fût-il en désaccord avec le texte fondateur. Vous pré-férez laisser le choix à chaque canton de négocier avec ses nantis. A vos cotés lundi, le conseiller d’Etat valaisan Mau-rice Tornay, au nom des cantons de montagne, vous a appuyée lourdement. Personne ne triche, a-t-il assuré, craignant un résultat proche de celui de l’initiative  Weber.  Mais  vous le savez, les bénéficiaires des cadeaux bonus ont trouvé asile au bord du lac Léman principa-lement, entre Vaud et Genève. Quand Zurich a aboli le forfait fiscal en 2009, Patricia Kaas en était déjà partie. Mais celles et ceux qui y sont restés, dont Tina Turner, paient désormais un impôt normal et les recettes du canton y ont gagné. Face à vos arguments, les citoyens suisses pourraient bien, quant à eux, ne pas déclarer forfait. 

Jean-Luc Wenger

A Eveline Widmer-SchlumpfDîme dame

le CourrIer DU CHIEUR

Tard pour barbareContrairement aux apparences et malgré tous les efforts déployés par les djihadistes, l’étymologie est ce qu’elle est : le mot « barbu » n’a rien à voir avec le mot « bar-bare ». Certes, on peut supposer qu’au fil de l’Histoire bien des barbares aient été barbus, comme Yahvé ou Guillaume Tell par exemple ; mais pas mal d’autres ne l’étaient pas, à l’instar d’Idi Amin Dada ou de Maggie Thatcher. Du reste, même Conan le Barbare est rasé de près, c’est dire. S’il est ainsi clairement avéré que tous les barbares ne sont pas bar-bus, il est non moins évident que tous les barbus ne sont pas bar-bares, sauf à admettre que Socrate ou Léonard de Vinci aient été des brutes dépravées et des sauvages mal dégrossis. Par conséquent, c’est bien ce qu’on disait, les termes « barbu » et « barbare » ne sont aucunement liés. Et soit dit sans acrimonie, on se demande bien à quoi bon ergoter alors que la chose était clairement spécifiée dès le début, franchement. La barbe, à la fin.

le mot « barbare », donc, dérive du grec ancien barbaros, lequel désignait en vrac et en gros tous les gens qui ne parlaient pas le grec ancien. Quand un étranger tentait de s’exprimer dans son langage à lui, l’hellénophone nor-mal n’entendait qu’un charabia d’onomatopées mêlées de borbo-rygmes rugueux qui faisaient « ba ba ba » ou « bar bar bar ». D’où le mot, dit-on.

Désagréables et vaniteux, les Grecs partirent naturellement du prin-cipe que les individus ne parlant pas leur langue étaient forcément moins civilisés qu’eux. Le terme « barbare » devint donc rapide-ment, par extension, synonyme de « demeuré », « inculte », « primi-tif », « sanguinaire ». Ce qui n’allait pas sans susciter une certaine hos-tilité teintée de mépris.

Après avoir efficacement soigné le complexe de supériorité des Grecs en leur montrant qui étaient les meilleurs au plan militaire, les Romains s’emparèrent du mot « barbare », qu’ils latinisèrent et appliquèrent ensuite, indistinc-tement, à tous les peuples vivant un peu plus au nord qu’eux, notamment les Celtes et les Ger-mains. C’était très injuste envers les Celtes, dont la civilisation était élaborée et d’ailleurs assez proche de la culture romaine (pour les Germains, ça allait). Mais c’était commode : il suffisait de considé-rer tous les « barbares », par défini-tion instables et agressifs, comme une menace permanente, ce qui permettait de justifier aisément

l’invasion de leurs territoires au prétexte de guerres préventives.

Jules César, pour ne citer que lui, usa et abusa de la combine. Ce sale menteur alla jusqu’à prétendre de-vant le Sénat romain, 58 ans avant le premier couinement du petit Jé-sus, que les Helvètes étaient de dan-gereux sauvages perpétuellement assoiffés de violences et de destruc-tion, et que dès lors il fallait à tout prix les empêcher de nuire au voi-sinage des contrées romaines. Ayant réussi à apeurer et à convaincre les sénateurs, Jules César envahit donc la Gaule où il sema les violences et la destruction.En guerre contre les méchants Helvètes et autres Gaulois si dangereusement sanguinaires et cruels, le gentil et valeureux Jules affama, déporta, réduisit en escla-vage, mutila et massacra allègre-ment des milliers de gens, civils compris. Mais c’était tout à fait légitime, bien sûr, puisque c’était pour le bien de la civilisation.Judicieusement employé, le mot « barbare » s’avère donc fort utile aux civilisés : il leur permet de pra-tiquer la barbarie en toute bonne conscience.Deux millénaires plus tard, le terme « barbare » revient en force. Il est vrai qu’il désigne à mer-veille et à juste titre les enragés islamistes trancheurs de têtes. Il est donc martelé à l’envi par les civilisés qui, pour ne citer que le plus anecdotique, ont mis au point les charmants supplices d’Abou Graïb. Laurent Flutsch

Fig. 1. Invasion barbare.

Le strip de Bénédicte

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Vigousse vendredi 10 octobre 2014 Vigousse vendredi 10 octobre 2014

C u l T u R EC u l T u R E 1312

DÉlIre Lou, par la Cie de l’Ovale, texte et musiques : Pascal Rinaldi, salle CO2, La Tour-de-Trême, le 10 octobre à 20 h, www.co2-spectacle.ch

DÉTenTe Junior Tshaka, concert acoustique, café-théâtre Le Bilboquet, Fribourg, le 10 octobre à 20 h 30, www.lebilboquet.ch

son Festival Vernier sur rock, 30e édition, salle des fêtes du Lignon, Vernier, les 10 et 11 octobre, www.verniersurrock.ch

ATMosPhÈre Par les pouvoirs qui nous sont conférés, anecdotes musicales par Provox, Théâtre de la Voirie, Pully, les 10-11 octobre à 21 h et le 12 à 17 h, www.regart.ch/th-voirie

JoIe Dimitri clown : les temps forts de 55 années, de et avec Dimitri, Théâtre de Carouge, du 10 au 12 octobre, www.tcag.ch

TAlenTs Sonopack : electronic festival, Genève, du 10 au 12 octobre, www.sonopack.ch

IllusIon Swiss fantasy show : 2e édition, Théâtre de Beausobre, Morges, les 11 (11-19 h) et 12 (9-18 h) octobre, www.swissfantasyshow.ch

ADouCIssAnT Laverie paradis, de Claude-Inga Barbey, Cie Sans Scrupules, Théâtre de Valère, Sion, le 14 octobre à 20 h 15, www.theatredevalere.ch

PoIlADe Pourquoi les filles ne s’épilent jamais le premier soir, de & par Karine C., Théâtre du Pommier, Neuchâtel, le 16 octobre à 20 h, www.ccn-pommier.ch

FrIsson Carminho, concert de fado, salle communale d’Onex, le 16 octobre à 20 h 30, www.spectaclesonesiens.ch

hIlAre Marc Donnet-Monay transmet sa joie, Belle Usine, Fully, les 16 et 17 octobre à 19 h 30, www.belleusine.ch

exPÉrIMenTATIon Lab/Life, deux expositions sur le vivant, Musée de la main, Lausanne, jusqu’au 22 février 2015, www.museedelamain.ch

BrouIllon DE CULTURE

Pour ceux qui aiment les érables, mais pas le sirop. C’est un gars qui va si vite qu’il se croit déjà arrivé, qui a l’insolence de sa jeunesse (25 ans, déjà cinq films au compteur !) et dont la tête, à claques, donne envie de lui dire d’aller se faire enfler ailleurs. Et pourtant, avec Mommy, Xavier Dolan, même s’il fait toujours le malin, s’il continue, ici ou là, à agacer, signe un tsunami émo-tionnel qui finit par tout empor-ter sur son passage. Son tiercé du désordre – une mère dérangée, un fils incontrôlable, une voi-sine maniaco-dépressive – est gagnant. Pour voir la vie en né-vroses, direction le Québec !

Pour ceux qui croient que le mariage, c’est le bonheur. Amy a disparu. Son mari (Ben Affleck) y serait-il pour quelque chose ? En dire plus serait... criminel. Gone Girl est un jeu de piste pervers dont le machiavélisme scénaris-tique signe l’acte d’accusation des médias, de l’opinion publique impudique et du mariage. La pire des prisons n’a pas de barreaux.

Pour ceux qui écoutent encore Jean-Jacques Goldman. « J’ai pas choisi de naître ici/ Entre l’igno-rance et la violence et l’ennui/ J’m’en sortirai, j’me le promets ». Et elle s’en sort, la jeune héroïne de Papa was not a Rolling Stone, film « de banlieue ». Chansons de JJG, beauf à la Cabu (Marc La-voine à contre-emploi), vocabu-laire de la rue : un film qui n’est pas inconnu à cette maladresse...

Pour ceux qui retombent en enfance. Lou ! Journal infime est l’adaptation d’une BD sur les pe-tits tracas de la vie d’une mère et

à Vous De VoIr Les rapports mère-fils (Mommy), mère-fille (Papa was not a Rolling Stone ; Lou ! Journal infime), mère-poupée (Annabelle) ne sont jamais faciles. Mais être mari et femme (Gone Girl), ça vous met aussi les nerfs à rude épreuve.

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Gare aux grilles par égé No 67

horIZonTAl 1 Chef à Kiev 2 livrent livres 3 revoir son devoir – Mec extra 4 s’interrompt sans envie de lardon – César dans le septième art 5 héros de Berlioz – Touchaient la galette il y a belle lurette 6 sortie de secours – Département et ruissellement 7 radie de la vie – Méprisé par l’altruiste – signifie 8 langue de rat – Piaille après le travail 9 Premier en math – etourdis 10 Quand on ne vole pas soi-même – un Müller qui montre son derrière vert à la Terre entière.

VerTICAl 1 Confisque au nom du fisc 2 où joue le comédien pour le Parisien – Coin du feu 3 seine et oise 4 Problèmes entre l’enclume et le marteau – espace qui casse le moral de Blocher 5 Démonstratif collectif – Moi, résident de hollande 6 siffleraient le navet 7 Vaguais ou divaguais – Marque qu’on payait en marks 8 Il mit du vin dans son eau – C’est une première 9 Gratter matière textile 10 Bougresses sans finesse – Quand Fermi affirme.

solution pour les nuls dans le prochain numé[email protected]

Connaît-on vraiment John Huston ? Quels films a-t-il réalisés ? Dans lesquels a-t-il joué ? Un certain nombre de personnes sèchent après avoir cité Le faucon maltais, d’autres en énumèrent deux ou trois de plus, mais cerner le cinéaste aujourd’hui paraît bien difficile. En dehors de ses quelques succès commerciaux, il reste une abondance de films méconnus à découvrir, dont ce petit chef-d’œuvre maudit aujourd’hui réédité.Un triangle amoureux moite et sombre entre un major obsédé par l’ordre (Marlon brando), sa femme infidèle (Elizabeth Taylor) et un soldat de passage, beau gosse mais pas autrement béni des dieux. Voilà l’histoire. Dans cette œuvre un brin étouffante, le réalisateur démontre avec force que les agissements convulsifs des humains sont bien inutiles. Ce film est très noir par son message, mais somptueux visuellement ; Huston désirait que le film soit teinté en sépia doré comme si toute l’action se reflétait dans un œil d’or. Le studio paniqua à cette idée et mutila le film, aujourd’hui restauré. Un bijou ! Michael Frei, Karloff, films cultes, rares et classiques, Lausanne

Reflets dans un œil d’or, de John Huston, 1967, Warner, Vf et Vost, DVD et Blu-ray, 108 min.

Des védés

Cage dorée

Ces quatre-là ont beau s’afficher masquées (voir l’intérieur de la pochette), on les reconnaîtra entre toutes. C’est que Laurence Crevoi-sier, Sara Oswald, Annick Rody et Camille Stoll, alias Barbouze de chez Fior, s’ingénient à déconstruire toutes leurs références musicales avec un art qui semble n’apparte-nir qu’à elles. Deux ans après s’être attaquées à La poule au pot molécu-laire, les voilà qui, sur cette nouvelle galette, s’essayent à contrer ce qu’en jargon médical on appelle la Poly-somnographie ; autrement dit l’exa-

Des cédés

somme, toutes !

Un festival

Que du bonheur

Des films

hématomes crochus

L’Association Porte-Bonheur, qui apporte aide et écoute aux orphelins de Suisse, a concocté un festival 2014 de derrière les fagots. Trois soirées de gala avec repas, musique, humour, danse et spectacles (Calixte de Nigremont, Christelle Chollet, Les Chum’s, Pietro Nobile, Tiziana Coco et bien d’autres) pour passer un bon moment en soutenant une belle cause. Une opération à cœurs ouverts. A. D.

men des variables physiologiques d’un patient endormi. Le traitement proposé tient en 14 plages et autant de voyages entre musique de chambre (à coucher, forcément) et compositions plus contemporaines, crissements de l’ar-chet sur les cordes, chuchotements fantomatiques et autres chants élé-giaques. L’exercice, parfaitement réussi à notre goût, a le mérite d’être à la fois ludique et de ne jamais se prendre trop au sérieux. Quant à vous donner le goût du sommeil, on demande à voir… Roger Jaunin

Polysomnographie, Barbouze de chez Fior. 14 titres. www.barbouzedechezfior.com www.irascible.ch

de sa fille. Laid, ça l’est et si Lou y est, nous pas...

Pour ceux à qui les poupées foutent les jetons ! Ce qui fait peur, c’est que ce film ne sort pas direc-tement en DVD. Annabelle, pou-pée qui ne dit pas non au démon ? Rien à cirer ! Bertrand Lesarmes

Mommy, de Xavier Dolan (2 h 19); Gone Girl, de David Fincher (2 h 29); Papa was not a Rolling Stone, de Sylvie Olayon (1 h 39); Lou ! Journal infime, de Julien Neel (1 h 44); Annabelle, de John R. Leonetti (1 h 38). Tous en salles.

Un bouquin

Pulp frictionA première vue, l’objet ressemble à un habile pastiche. Posé sur mon bureau, sa couverture agui-chante me lance des œillades plutôt explicites : « Prends-moi, explore-moi, feuillette-moi, ca-resse-moi. » On a ses faiblesses ; je m’exécute.« Joyce. Un sacré numéro celle-là. Mlle Cul-Malpropre, princesse de la Queue-leu-leu, Reine des Ven-deuses de Cigarettes qui se laissait pincer les fesses à chaque paquet. J’ai cru que ce serait sexy avec elle, mais depuis quelque temps ça ne l’est plus, mon pote. J’ai peut-être été idiot au départ, mais après, j’ai vite compris. Joyce… une souil-lon paresseuse, sale, égoïste. Ma femme. »

Pas de doute, c’est un roman noir. Du hardboiled amerloque à la mode pulp, même. Trash, humour cinglant, première per-sonne, rebondissements, gon-zesses impossibles, meurtres, vols, arnaques, la totale. Il s’agit d’un bon Jim Thompson des six-ties avec un titre qui déménage : A hell of a woman (Une femme d’enfer).Mais bien plus qu’une réédi-tion, la chose en jette carrément. Superbes illustrations à la carte à gratter de Thomas Ott, grand format, tranches jaunes, cahier biographique central, feuilleton-nage de circonstance : de la série B en première classe. Ils ne font manifestement pas les choses à

moitié aux éditions La Bacon-nière de Genève, faut que je les tienne à l’œil. Sebastian Dieguez

A Hell of a woman, de Jim Thompson, richement illustré par Thomas Ott, éditions La Baconnière, 207 pages + cahier central. Exposition des dessins originaux de Thomas Ott jusqu’au 9 novembre à la librairie Humus, à Lausanne (www.humus-art.com)

23e festival Porte-bonheur, Théâtre de la Marive, Yverdon-les-Bains, du 9 au 11 octobre, www.porte-bonheur.ch

C’est (presque) reparti du côté de Lutry où L’Esprit frappeur rouvrira ses portes le vendredi 31 octobre prochain pour une saison 2014-2015 qui commencera avec le nouveau spectacle de Yanowski (Le Cirque des mirages, cette fois-ci en solo) et se terminera le 7 juin 2015 en compagnie du groupe Boulouris & Lee Maddeford. 23 têtes d’affiche, autant de premières parties catégorie découvertes pour, en tout, pas loin de 70 représentations. Partenaire du lieu, Vigousse vous renvoie au programme complet de cette saison sur le site www.espritfrappeur.ch

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Vigousse vendredi 10 octobre 2014 Vigousse vendredi 10 octobre 2014

15s u i s s E - f i C T i o n

Les questions se bousculaient dans la tête de la jeune femme.

Tout cela lui avait paru si réel ! Elle ne pouvait croire que cette « Paradeplatz » n’était qu’une illusion. Certes, elle avait bien retenu de ses origines guatémaltèques quelques superstitions innocentes telles que l’opposition millénaire entre les divinités Tezcatlipoca

Episode 8Résumé : Projetée dans la Suisse virtuelle du professeur Glutz, Greta en revient terrifiée par sa vision d’une dictature zurichoise dominée

par l’argent et peuplée de banquiers vampires.

et Tlahuizcalpantecuhtli qui déterminerait de tout dans l’ordre de l’univers, mais guère plus. Rien ne l’avait préparée à pareille sorcellerie mentale. Revoyant les infâmes banquiers vampires qui se précipitaient sur elle en grimaçant, elle ne put contenir un frisson d’effroi.« Je vois que vous êtes encore sous le choc, dit Glutz. Et il est tard, je vais vous montrer votre

chambre, rien de tel qu’une bonne nuit de sommeil pour se remettre de ses émotions. » Greta, hagarde, regarda à peine la chambre dans laquelle l’amena le professeur. Elle ne vit que le lit, se glissa tout habillée sous les couvertures et n’entendit même pas Glutz sortir et refermer la porte. Toute la nuit, elle fit des rêves étranges, où se croisaient des banquiers vampires se nourrissant d’argent liquide et des gnomes infâmes transportant des coffres, ses amis Olaf et Giulietta qui venaient à sa rescousse à dos du majestueux oiseau quetzal, et aussi une étrange bestiole qui ronflait lourdement à ses côtés.« Réveillasse-toi, poufiasse ! »Greta sursauta et mit quelques minutes à réaliser qu’elle se trouvait au manoir de Kouen-Matchu. Le jour s’était levé, une intense grisaille perçait les fines courtines d’une petite

fenêtre. Reprenant ses esprits, elle se leva et trouva Glutz au fond d’un couloir, dans ce qui ressemblait à un atelier de mécanique. « Votre singe m’a traitée de poufiasse », dit-elle sobrement.« Pardon ? » fit Glutz en se retournant, tandis qu’il ôtait une sorte de masque de soudeur. « Ah, Cédric. C’est une marmotte. Oui, je l’ai installé à côté de votre lit pour lui apprendre à faire réveille-matin. Il n’est pas encore très au point, surtout avec ce problème de conjugaison qui… Mais peu importe, il est presque midi, vous avez dormi longtemps. Allons déjeuner à La Beuverie, vous devez avoir faim. Nous détaillerons votre cahier des charges en dégustant une bonne totché-mystère. Et souriez, c’est votre premier jour ! »

(encore à suivre)

le CAhIer DES SPORTS

14 R E b u T s d E P R E s s E

Est-ce que tu beuzzes ? Toute l’actu qui fait du clic

Mini beuzzes

Niouzes

INFRAR… Grosse sensation sur le plateau d’Infrarouge lorsque le débat s’est soudain achevé alors qu’aucun des invités n’a pu développer le fond de sa pens…

Je ne vous ai pas interr…

Eh bien merci à tous d’avoir particip…

Je n’ai pas encore eu la par…

laissez-moi termin…

Pas tous en même…

Privés de samuel bendahan pendant quelques heures, ils mettent fin à leurs jours

C’est un drame que les autorités prennent très au sérieux. L’émotion dans la communauté romande est en effet très forte : ce n’est pas tous les jours que 246 personnes se suicident la même après-midi. L’analyse des nombreuses lettres laissées par les défunts a facilement permis d’élucider la cause de cette hécatombe, renforçant l’inquiétude générale. Juste avant de se jeter par la fenêtre, par exemple, cet instituteur a rédigé le mot suivant : « Voilà bien 3 heures que je cherche sur Twitter, Facebook, dans les blogs, dans les magazines, dans les journaux, à la radio et à la télévision une opinion ou un conseil de Samuel Bendahan. Mais rien, toujours rien. C’en est trop, je perds le cap, mon esprit s’égare et se dessèche, le monde n’a plus de sens pour moi. Adieu. » Tous les autres messages reflétaient la même détresse.Interrogé par les enquêteurs, Samuel Bendahan, le médiatique socialiste et économiste à l’EPFL, a déclaré : « Je crois bien que je bossais précisément à ce moment-là, je dois pouvoir retrouver quelques étudiants et une femme de ménage qui ont dû me voir et pourraient en témoigner. Vous voyez bien, par conséquent, qu’il s’agit d’un affreux concours de circonstances. » Pour éviter une prochaine vague de suicides, des spécialistes envisagent de cloner Samuel Bendahan afin qu’il soit désormais vraiment présent partout à la fois et tout le temps.

Scandale écologique On aurait trouvé des produits chimiques dans l’essence.

Oups ! Ses seins surgissent malencontreusement de son chemisier lors de l’enterrement de son mari mort dans d’épouvantables circonstances. Toutes les images dans notre diaporama.

Générosité Le gagnant de l’Euro Millions dédie sa victoire « à la demi-douzaine de crétins que j’ai fait poireauter un quart d’heure au kiosque afin de remplir et valider cette connerie de grille ». Sebastian Dieguez

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ChArITÉAquaplaning : aqua, comme eau, et planing, comme planer. ou planter (se). se manger un camion-grue à plus de 250 km/h, ça peut faire mal. surtout quand on ne s’y attend pas ou quand un commissaire de piste a « oublié » d’agiter un drapeau jaune, ou rouge, le premier signifiant danger, le second arrêt de la course.

Bref, tout le monde s’est mélangé les pinceaux et les pluies diluviennes qui tombaient ce dimanche-là sur le circuit de Zuzuka n’ont rien fait pour arranger les choses. Du coup, les chevaliers du cambouis s’interrogent : fallait-il suspendre l’épreuve ? Doit-on interdire de courir sous l’averse ? Faut-il remplacer les dépanneuses par des grues (pléonasme) ? et pourquoi les images, effroyables, montrant Jules Bianchi encastrant sa monoplace dans ledit camion-grue ont-elles disparu des écrans télé ? là, on a la réponse : mauvaise pub pour la F1, intervention immédiate des sponsors et, version officielle, « souci de ménager la famille du pilote ». A choix. le fait est que depuis que le grand cirque de la F1 nous a « déshabitués » de ce genre de scène, ça tourne, ça hurle, ça pollue, ça coûte bonbon et ça n’a même pas, ou plus, la décence de nous procurer le grand frisson. un peu comme si on interdisait aux boxeurs de se bourrer le pif ou, pire encore, qu’on s’obstine à filmer le volley féminin de face : ça perd tout son attrait.

D’accord, c’est moche de se moquer d’un p’tit jeunot dont c’était « le rêve » de faire vroum et qui se retrouve à lutter contre la mort. n’empêche que quelqu’un aurait pu pendre la peine de lui dire qu’il n’est pas prudent de sortir en décapotable par temps de pluie. C’eût été charitable.

et ce sera tout pour cette semaine.

Roger Jaunin

Chaque mardi, grâce au jour-nal Le Temps, je suis autorisée à me mettre « dans la tête » de qui je veux. C’est vraiment chic de leur part, ils me donnent même 3000 signes en deuxième page. C’est parce que mon job, c’est écri-vaine, alors cette chronique, c’est comme un exercice de style où j’aurais le droit d’écrire n’importe quoi grâce à mon regard d’artiste sur l’actualité. J’en ai déjà fait un premier recueil, mais comme tous les gens qui me connaissent me disent que c’est très réussi et que je suis belle, je continue.

Ce 30 septembre, j’étais particu-lièrement inspirée. J’avais décidé de me mettre dans la tête d’Hervé Gourdel, l’otage français exécuté par l’EI. Un super exercice de style ! Lui, c’était un peu spécial, parce que sa tête était détachée de son corps, et je ne pouvais décemment pas « me mettre » dans une tête toute seule, là, comme ça, sanguinolente, par terre. Ça n’aurait pas eu de sens. Alors j’ai précisé : « Dans la tête d’hervé Gourdel, avant de mou-rir. » Comme ça, il n’y avait plus

aucun problème de logique. Puis j’ai réfléchi très fort, probablement comme Hervé Gourdel avant de mourir, mais dans le château où j’habite, pas dans le désert. Et j’ai compris qu’il avait dû se dire que c’était « un beau jour » et « un bel endroit pour mourir ». Exactement ce qu’aurait pensé une écri-vaine pleine de tact et de sensibilité, par pure coïncidence. Ensuite j’ai cherché sur internet des in-formations sur les derniers jours d’Hervé Gourdel dans le but de remplir le reste de mes 3000 signes.Je crois que c’était vraiment le plus beau des hommages, très sobre, digne et délicat. On m’a dit que l’acteur et chroniqueur français François Morel, quelques jours après moi, a aussi fait un magni-fique hommage à Hervé Gourdel. Il paraît qu’il l’a fait uniquement à la demande de madame Gourdel, parce que son mari aimait beau-coup ses chroniques sur France

Inter, et qu’il a su trouver les mots justes avec beaucoup d’hu-milité. Je n’ai pas écouté, mais ça m’a donné une idée. Je crois que je vais faire « dans la tête de ma-dame Gourdel » prochainement, comme la fois où je m’étais mise à la place du gars dont la copine s’était fait découper, sous ses yeux, par un bateau sur le lac de Bienne. Peut-être que j’essaierai « dans la tête de François Morel » un jour, ça n’a pas l’air trop com-pliqué. PCC : Sebastian Dieguez

Dans la tête de Mélanie Chappuis

contrôle aux FrontiersCe n’est pas toujours dans la presse ou sur internet qu’on lit les pires conneries. Les publications scientifiques réservent aussi de belles surprises. Ainsi le journal Frontiers in Public Health a mis en ligne le 23 septembre un article intitulé « Questioning the HIV-AIDS hypothesis : 30 years of dissent », qui se propose, en apparence, d’examiner l’historique des « négationnistes du sida », c’est-à-dire les quelques conspirationnistes qui nient tout lien entre le virus VIH et le sida. Sauf que l’article n’est rien d’autre qu’un plaidoyer en faveur de cette vue. Patricia Goodson, l’auteur de la diatribe, n’a aucune expertise en virologie et encore moins sur le sida, et les deux toubibs responsables d’en évaluer la qualité scientifique non plus. Il s’agit donc d’une pure escroquerie, visant à glisser dans un

journal « sérieux » une vieille lune discréditée depuis longtemps : l’idée que le sida aurait été créé de toutes pièces pour éliminer les homosexuels et/ou les Africains.

On se souvient que Frontiers, bouquet de journaux scientifiques fondé et administré à l’EPfL, s’était déjà récemment illustré en retirant un article scientifiquement et éthiquement irréprochable sous la pression de climatosceptiques qui n’appréciaient pas de se voir étudiés de trop près (Vigousse N° 185, 28.03.14). On y lit également régulièrement des articles ouvertement parapsychologiques défendant l’existence de la télépathie, la précognition et autres sottises. L’article négationniste est actuellement « sous enquête » et on peut espérer qu’il sera retiré. Mais les charlatans connaissent désormais une Frontiers qu’ils peuvent franchir allègrement. S. D.

Page 9: o VoTaTion TRibunal TêTE dE TRuC RECETTE Des clics Coût du ... · Leçon de Tessin Selon le Département des sciences de la société (DSS), le Tessin est le canton suisse où l’on

Vigousse vendredi 10 octobre 2014

l a s u i T E a u P R o C h a i n n u M É R o16

Trois cercles, un grand et deux plus petits pour les oreilles : ainsi naquit en 1928, sous le crayon d’Ub Iwerks et sur l’idée de Walt Disney, Mortimer Mouse. Trouvant ce pré-nom peu vendeur, madame Disney convainquit son époux de rebaptiser sa souris Mickey.Il fit sa première apparition à l’écran le 18 novembre 1928. Papa Walt lui-même lui prêtait sa voix, jusqu’à ce que sa toux nicotinée lui imposât de passer la main en 1946. Entre-temps, le rongeur devenu planétaire avait fait la fortune de son créateur : au cinéma, en magazines, en effi-gies, les trois cercles faisaient énor-mément de ronds.

si les studios Disney s’étaient lan-cés dès 1937 dans la réalisation de longs-métrages bêtifiant les œuvres des frères Grimm, de Charles Per-rault, de Rudyard Kipling ou de Jules Vernes, Mickey n’en pour-suivit pas moins sa carrière triom-phale : gagnant la télévision, il devint l’emblème universel de la

marque. Il vécut en 1955 l’inaugu-ration du Disneyland de Californie, premier royaume enchanté payant (très payant) conçu par la firme. A la même époque, Disney folâtrait aussi dans le monde magique du maccarthysme et de ses chasses aux sorcières. Walt succomba à la cigarette en 1966. La société de Mickey ouvrit ensuite le Disneyworld de Floride, puis le Tokyo Disneyland, le Disney-

land Paris et le Hong Kong Disney-land, le Shanghai Disneyland étant encore un royaume en chantier.

C’est à la Terre entière que l’em-pire vend désormais du rêve, non sans donner des cauchemars à ses salariés. Ceux du complexe pari-sien ont souvent dénoncé le flicage et les règles de fer, les horaires de folie et les salaires de misère en livrant un décompte de faits très loin du conte de fées. Aujourd’hui, Euro Disney plonge dans la mouise financière et s’écrase en Bourse. Détentrice de 40 % des parts, la maison mère californienne annonce qu’elle va déverser des montagnes de billets verts et prendre le contrôle en s’ar-rangeant avec le prince saoudien Al-Walid, 10 % des actions. Génial artiste devenu magnat, Walt Disney avait dit : « J’espère qu’on n’oubliera pas une chose : tout a commencé avec une souris. » Et tout finit avec des requins.

Laurent Flutsch

Mickey Mouse, un destin animé

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« C’est juré, je me mets à l’eau. »

M. Phelps, champion de natation

Il a dit la semaine prochaine

(ou du moins ça se pourrait bien)