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1 BP : 1016 Yaoundé Tél : +237 222 230 835 Fax : +237 222 227 298 Mail : [email protected] Ecole de Développement et de Management des Collectivités Locales (EDMCL-INJS) Elément constitutif : Ingénierie du développement local (FP 106) Pour le Cycle I Par Dr AMOUGOU Martial Patrice Conseiller Principal de Jeunesse et d’Animation Manager des Systèmes d’Information Documentaire Ingénieur de la Formation et des Systèmes d’Emploi Docteur Ph.D. en Linguistique appliquée REPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix-Travail-Patrie ---------- INSTITUT NATIONAL DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS ---------- REPUBLIC OF CAMEROON Peace-Work-Fatherland ---------- NATIONAL INSTITUTE OF YOUTH AND SPORTS ----------

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Ecole de Développement et de Management des Collectivités Locales

(EDMCL-INJS)

Elément constitutif :

Ingénierie du développement local

(FP 106)

Pour le Cycle I

Par

Dr AMOUGOU Martial Patrice Conseiller Principal de Jeunesse et d’Animation

Manager des Systèmes d’Information Documentaire

Ingénieur de la Formation et des Systèmes d’Emploi

Docteur Ph.D. en Linguistique appliquée

REPUBLIQUE DU CAMEROUN

Paix-Travail-Patrie

---------- INSTITUT NATIONAL DE LA

JEUNESSE ET DES SPORTS

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Descriptif de l’enseignement

L’enseignement sur l’ingénierie de développement local met à disposition des outils permettant

d'influencer, définir, conduire, accompagner et évaluer une stratégie de développement local et

territorial.

Objectif général

Cet enseignement a pour objectif général de familiariser l’apprenant avec les structures et

langage relatifs au développement local et à la décentralisation.

Objectifs spécifiques

Au terme de cet enseignement, l’apprenant doit être capable de :

Définir clairement les concepts de développement local et de décentralisation ;

Identifier les enjeux les acteurs et leur rôles dans un contexte de développement local et

de décentralisation ;

Réaliser un diagnostic, une évaluation, une étude de faisabilité, une capitalisation

d'expérience ;

Concevoir, monter, mettre en œuvre et gérer un programme ou un projet de

développement ;

Manager une organisation et une équipe ;

Elaborer et mettre en œuvre une stratégie de communication, de lobbying et de

plaidoyer ;

Mettre en place et piloter des partenariats ;

Elaborer des analyses prospectives pour aider à la décision.

Modalités d’enseignement

Ce cours a une valeur de 06 crédits, soit un volume horaire compris entre 90 et 120 heures

d’enseignement. Sa réalisation commande la mise à disposition d’un support de cours élaboré

par l’enseignant. Un diaporama sert de soutien aux échanges pédagogiques en salles, qui sont

renforcés par le travail personnel de l’étudiant.

Modalités d’évaluation

Une évaluation sur table sanctionne la fin de ce cours. C’est la note de l’examen. Toutefois, un

contrôle continu est effectué à chaque séance, prenant en compte la participation des apprenants

aux échanges pédagogiques interactifs, qui donnent lieu à des bonus, dont la somme constitue

la note de contrôle continu. Cette note est associée à celle de la synthèse où les groupes de

travail sont invités à opérer une capture synthétique du document de cours.

Structure de l’enseignement

Cet enseignement comporte deux parties. La première, constituée d’informations théoriques en

relation avec la décentralisation et le développement local. La deuxième partie quant à elle, se

focalise sur les aspects pratiques de l’ingénierie du développement local. Il s’agit de montrer

comment s’opérationnalise la démarche de planification, en s’adossant sur la Méthode accélérée

de Recherche participative (MARP).

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Première Partie

I- Bref historique et définition du développement local

I.1. Du développement rural intégré au développement local

I.2. L'émergence de la démarche gestion des terroirs

- De 1960 à 1980 : la voie « productiviste » ;

- Le milieu des années 1980 : L'émergence de l'approche GT ;

- Les résultats de la démarche gestion des terroirs ;

- Les limites de la démarche gestion des terroirs

I.3. Vers le développement local

II- La décentralisation

II.1. Exemple de pays africain ancré dans le processus de décentralisation : le Burkina

Faso.

- Une décentralisation imposée par les bailleurs de fonds

- D'une planification centralisée à une planification locale

- Cadre politico-juridique de la décentralisation au Burkina Faso

- Quelques implications de la décentralisation sur les actions de développement

local

II.2. La décentralisation au Cameroun

- Les lois de Décentralisation

- Partage du pouvoir au cœur de l'état unitaire décentralisé

III- Stratégies et enjeux de la décentralisation et du développement local et perception

de la population locale

III.1. Les stratégies de la décentralisation et du développement local

III.1.1. Les stratégies de la décentralisation

- L'appropriation sociale et politique de la décentralisation

- Le transfert des compétences et des ressources

- Le renforcement des capacités locales

- L'appui à l'élaboration et à la mise en œuvre des plans de développement locaux

- Le pilotage et la coordination

- La participation locale

III.1.2. Les Stratégies du développement local

- Le projet à entrée technique

- L'approche par l'accompagnement institutionnel

- L'approche par le soutien aux initiatives locales

III.2. Les enjeux de la décentralisation et du développement local

III.2.1. Les enjeux de la décentralisation

- Les enjeux politiques

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- Enjeux économiques

- Enjeux socioculturels

III.2.2. Les enjeux du développement local

- Perceptions de la population des enjeux et des stratégies de la décentralisation et du

développement local

- Les compétences et les responsabilités des acteurs et l'Etat et la participation de la

population au développement local.

- Les compétences et les responsabilités des acteurs locaux et L'Etat

- Les compétences et les responsabilités des acteurs locaux et L'Etat telles que

généralement définies

- Les compétences et les responsabilités de l'Etat

- Les compétences et les responsabilités du conseil régional

- Les compétences et les responsabilités des conseils provinciaux

- Les compétences et les responsabilités des élus

- Les compétences et les responsabilités de la société civile

- Les attributs de la CVGT (Comités Villageois de Gestion des terroirs)

- Les compétences et les responsabilités de la population

III.2.3. Appréciations des compétences et responsabilités des acteurs locaux et de l'Etat

III.2.4. La participation des populations aux projets et programmes de développement

- Le caractère dynamique de la participation

- Les modèles de participation

- L'ouverture institutionnelle

- « L'offre » de participation de l'autorité locale

- Le désir de collaborer

- L'appui conseil à l'organisation des communautés

- « La demande » de participation de la population locale

- La prise de conscience

- Le degré d'organisation

- Le leadership communautaire

- Le désir de collaborer avec les autorités locales

Deuxième partie ! Cadre opératoire de la MARP

Section 1. Bref aperçu sur les notions fondamentales de la MARP

- La MARP qu'est-ce que c'est?

- A quoi sert la MARP ?

- Les éléments-clés de la MARP

Section 2. Les différents types de MARP

- La MARP exploratoire

- La MARP thématique

- La MARP de planification participative

- La MARP de suivi et évaluation

Résumé

Section 3. Les concepts-clés de la MARP

- La participation

- Un processus d'apprentissage

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- Connaissances et savoirs populaires

- Un processus itératif

- La flexibilité

- L’innovation

- L’interaction

- La pluridisciplinarité au sein de l'équipe de recherche MARP

- La rapidité dans la génération des résultats

- L ' exploration

- La triangulation

- Les biais

Résumé

Section 4. Les outils et techniques de la MARP

- La revue des données secondaires

- L'observation directe

- L'atelier préliminaire

- L'Interview Semi-Structurée (I.S.S.)

- Les principes de l'Interview Semi-structurée

- Pour bien planifier et bien conduire l'ISS: aide-mémoire N° 1

- Pour bien planifier et bien conduire MSS: aide-mémoire N° 2

- Guide d'entretien pour une interview semi-structurée dans une communauté de pêche

- Les diagrarnmes

- Les calendriers

- Le diagramme de Venn

- Les cartes

- Le transect

- Le profil historique

- Les techniques de classification

- La classification préférentielle

- La classification selon le niveau de richesse ou de prospérité

- Les jeux

- Les citations révélatrices et les proverbes

- Les photographies

- Les contes et les légendes

- Quand utiliser les outils et techniques de la MARP

Résumé

Section 5. Comment planifier et exécuter une étude de terrain par la MARP.

lère étape: La phase de préparation

2e étape: Le travail de terrain : utilisation des outils et techniques de la MARP

- Comment faire un transect

- Comment procéder aux classifications:

- La classification préférentielle

- La classification selon le niveau de richesse ou de prospérité

- Le choix des unités à classer

- Le choix des personnes-ressources pour la classification

- Les questions que vous devez vous poser pendant et après la classification

- Faites faire une carte du village par les populations elles-mêmes

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3e étape: Analyse, rédaction de l'avant-projet du rapport de l'étude

4e étape: La restitution, la validation, la rédaction du rapport final et la publication des résultats

Références bibliographiques

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PREMIERE PARTIE : Eléments théoriques sur le développement local et la

décentralisation

Bref historique du développement local

La question du développement humain est si préoccupante aujourd'hui qu'elle mobilise les

acteurs à tous les niveaux : institutionnel, administratif, associatif, etc. Pendant plusieurs

décennies, les pays africains ont été soumis à un système de gestion dirigiste n'ayant forcément

pas pris en compte les besoins essentiels des populations à la base. Mais malgré les immenses

richesses naturelles (60% du total de la planète) dont disposent les pays en voie de

développement, les peuples sont d'éternelles victimes des maladies endémiques, de la

sécheresse, de l'analphabétisme, de la dégradation de l'environnement et du cadre de vie, et

d'une paupérisation de plus en plus grandissante. (PNUD, 1996).

En effet, pendant les deux décennies qui ont suivi les indépendances (période dite du « Tout

Etat «), l'effort de développement dans les pays du sahel par la mise en œuvre de certains

programmes d'aménagement du territoire ne s'est pas réduit à la seule intervention de la

puissance publique ; même si elle a été forte dans tous les secteurs de l'économie. A ces

programmes ont succédé des années plus tard l'ère des projets qui s'est affirmée au cours des

années 70. Ces projets étaient d'inspiration technocratique et faisaient peu de place à la

participation des producteurs peu ou pas associés à la définition des objectifs et des contenus

du projet. Pendant cette ère des projets, deux stratégies valorisant le niveau local ont commencé

à s'affirmer: Il s'agit de l'action des ONG et de la politique de décentralisation menée par

certains pays africains. La période des années 85 à nos jours est dominée dans tous les pays du

sahel par le désengagement des Etats qui se traduit par un ensemble de mesures. Cette période

qui pourrait être analysée comme une ère de responsabilisation des organisations populaires,

est également marquée par la dualité des stratégies insuffisamment concertées entre l'Etat et les

populations. (Idem).

Dans le contexte par exemple du Burkina, l'Etat a défini des priorités de développement à

travers le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) basées sur quatre points focaux

que sont :

- le renforcement d'une croissance équitable ;

- la garantie de l'accès des plus pauvres aux services sociaux de base ;

- la multiplication des opportunités d'emploi et de production de revenu auprès des plus pauvres

;

- et la promotion de la bonne gouvernance. (MEDEV, 2004).

Le concept de développement local paraît encore insuffisamment maîtrisé et d'importants

débats ont été mené ou se mènent toujours. Sous cet angle, il paraît nécessaire de cerner les

origines de celui-ci ainsi que les contenus que les autres lui donnent afin de mieux comprendre

son opportunité dans le contexte et les réalités de ces pays à dominance rurale.

Ainsi, le développement local pourrait se définir comme un processus dynamique dans lequel

les acteurs organisés et mobilisés initient et mettent en œuvre des actions sur un espace donné

en vue de l'amélioration de leurs conditions de vie. (Benoit Lisch, 1995). Il doit par ailleurs

s'appuyer sur certains éléments de base tels que : la gouvernance locale, une vision commune

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du développement de la collectivité, une réappropriation de l'espace collectif, une auto analyse

des besoins, la participation des populations, la prise en compte des besoins individuels et

collectifs et la mise en place d'une plateforme de travail négociée entre partenaires (idem).

Apparu dans les années 60, la notion de développement local est partie du principe selon lequel

la mobilisation des potentialités locales (ressources naturelles, sociales, individuelles, etc.) peut

orienter les dynamiques socio-économiques et les dynamiques de développement en général.

En France par exemple, certains acteurs prirent conscience que leurs territoires n’avaient pas

bénéficié des effets des initiatives de développement économique engagés pendant l’après-

guerre. Pour eux, il s’agissait alors d’orienter leur destin selon des décisions prises localement

avec pour objectif de mobiliser les potentialités et les ressources de groupes sociaux et de

communautés locales, afin d’en tirer un bénéfice social et économique, en premier lieu pour les

groupes en question. Dans ce sens, le développement local correspondait à une critique du

fonctionnement économique en faisant le constat que toutes les collectivités humaines, tous les

territoires, ne pourront pas remplir les conditions d’une intégration à un fonctionnement

économique national et, à plus forte raison, mondial. C’est ainsi que l’approche en termes de

développement local conduit à considérer que le développement ne découle pas seulement de

la valeur économique des activités et qu’il ne relève pas seulement des systèmes organisés de

production et des institutions centralisées mais est aussi lié à de petites initiatives localisées, à

la mobilisation de la population locale autour de projets utilisant des ressources locales. Il

apparait alors d’une part comme une réponse à la mondialisation naissante à l’époque, dont on

commence à peine à ressentir les conséquences et les enjeux, d’autre part à l’approche classique

de l’aménagement du territoire, très centralisé. Ainsi, ce concept montant en puissance depuis

une cinquantaine d’années, semble aujourd’hui en maturation, au regard de la remise en cause

des centralismes consubstantiels au développement économique. Petit à petit, le développement

local s'impose dans le langage populaire, alors que c'est l'expression développement

communautaire (community-based development) que l'on utilisait au Québec en référence aux

initiatives adoptées dans un cadre d'intervention partenariale en vue de répondre au problème

du sous-emploi.

Le concept de développement local et les pratiques qui s'y rapportent se caractérisent par la

multiplicité des discours et des programmes, tour à tour complémentaires et contradictoires. Le

développement local est une pratique institutionnalisée sous de multiples facettes. Devenue un

phénomène de plus en plus préoccupant pour de nombreuses sociétés, le développement local

s’impose aujourd’hui à la fois comme une philosophie du développement, une grille de lecture

du développement qui oriente d’ailleurs les pratiques sociales de différents acteurs qui y sont

impliquées (communautés, OSC, acteurs de la solidarité internationale, acteurs publics) et par

conséquents les politiques publiques qui les sous-tendent. Cette problématique a pris de

l’ampleur aujourd’hui dans plusieurs pays africains à la faveur de la décentralisation vers

laquelle ils semblent tous s’orienter. Le concept de développement local devient de part et

d'autre de l'Afrique de plus en plus familier. Il s’impose de plus en plus par endroits comme

stratégie prioritaire de développement. On comprend dès lors qu'il s'agit avant tout d'une

démarche ou d'une pratique qui, contrairement au développement régional, ne s'appuie pas sur

un cadre théorique rigoureusement défini. En tant que processus de diversification et

d’enrichissement des activités économiques et sociales sur un territoire d’échelle locale à partir

de la mobilisation et de la coordination de ses ressources matérielles et immatérielles, le

développement local constitue à la fois une posture vis-à-vis de la question du développement,

une méthode pour le développement des territoires locaux ainsi qu’un cadre d’analyse de ses

ressorts.

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Mais comment en est-on arrivé à passer d'une approche descendante à cette approche de

développement local ?

Du développement rural intégré au développement local

L'approche dite de « gestion des terroirs », apparait au Burkina Faso en 1984. Cependant, dès

les années 60 et dans la décennie 70, des initiatives similaires mais relativement isolées avaient

vu le jour ; notamment au Niger, au Sénégal et au Mali avec la mise en place d'unités

expérimentales de gestion agro-sylvo-pastorales. Elle nait de la convergence de plusieurs

démarches (animation rurale, lutte contre la désertification, recherche-développement,

organisation des filières de production et de commercialisation etc.) et tente de répondre à des

préoccupations que les projets antérieurs n'avaient pas su ou pu absorber : la mise en valeur

durable du patrimoine naturel, la prise en main du développement par les communautés locales,

la promotion des entreprises de service privés ou associatives (coopération française, 1994).

Ici il est question de voir comment les différents gouvernements africains sont passés d'une

approche de GT à une approche de développement local.

L'émergence de la démarche gestion des terroirs

Dans le but de mieux appréhender le sujet, nous l'avons scindé en deux périodes.

- De 1960 à 1980 : la voie « productiviste »

Durant cette période, selon la coopération française, les stratégies de développement mettent

l'accent sur l'introduction et la diffusion de « paquets technologiques » devant permettre

l'augmentation de la production agricole et la croissance économique. Dans un contexte

économique relativement favorable et un environnement naturel considéré comme stable, cette

voie du développement « productiviste » permet certains succès tel que l'extension des cultures

réservées à l'exportation : coton, arachides ... (coopération française, 1994).

Cependant, les limites du model apparaissent rapidement. Les techniques et matériels introduits

ne bénéficient pas systématiquement aux productions vivrières qui restent largement

extensives. L'occupation des espaces agricoles utiles s'accélère du fait de l'expansion

démographique rapide et conduit localement à une dégradation du potentiel naturel productif

(idem).

A cette situation s'ajoutent la lourdeur et le dirigisme des structures d'encadrement et de services

créées par les Etats en amont et en aval des producteurs. Dans le courant des années 1980, avec

l'apparition de projets dits de « développement rural intégré », ces structures paraétatiques se

voient de plus confier l'amélioration des équipements collectifs, ce qui alourdis encore leur

fonctionnement et grève leur budget. Comme corollaire, les services aux producteurs et la

maintenance des équipements se dégradent sans que les organisations paysannes, les

collectivités locales quand elles existent ou le secteur privé soient en mesure d'assurer le relais

(ministère de la coopération Française, 1994).

- Le milieu des années 1980 : L'émergence de l'approche GT

L'approche se base sur le concept de terroir. Celle-ci désigne un espace géographique de taille

variable, continu ou discontinu qui réunit l'ensemble des terres contrôlées par une communauté

rurale : terres cultivées, jachères, zone sylvo- pastorales, brousse. Le terroir constitue à la fois

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un repère (pour justifier l'appropriation des ressources ou le refus de les partager) et une garantie

de cohérence (le terroir est un lieu d'enracinement et d'évolution de la société villageoise). Dans

cet espace délimité par le droit coutumier, l'objectif est d'initier par des mesures d'incitations

financières et par la fourniture de conseils, un double processus :

- De restauration et de gestion durable des ressources naturelles,

- D'intensification des productions végétales et animales et de diversification des services en

amont et en aval de la production agricole. (Ministère de la coopération française, 1994)

L'idée est aussi de susciter la création d'organisations villageoises représentatives capables de

mobiliser la population autour de ces enjeux, de négocier et de faire respecter une

règlementation de l'utilisation des ressources naturelles par les habitants du village comme par

leurs voisins.

Toutefois, la démarche gestion des terroirs a pour objectif principal de créer les conditions

nécessaires à l'établissement de formes d'utilisation des terres qui soient à la fois durables, sans

préjudice majeur pour l'environnement, socialement acceptables et économiquement rentables

(Simbroek et al, 1994 cité par Serigne ; M. T et Bara.G, 2002).

Les résultats de la démarche gestion des terroirs

L'adoption de cette approche par la plupart des projets de gestion des ressources naturelles

intervenant dans le Sahel, a contribué à la réalisation d'un certain nombre d'acquis parmi

lesquels Serigne M.T et Bara. G citent :

le déplacement de l'échelle de planification et de mise en œuvre des programmes de

développement du niveau central vers le niveau local ;

l'implication plus forte des populations locales dans les actions de développement ;

le renforcement de la concertation interne entre les acteurs ;

la prise en compte plus affirmée de la dimension organisationnelle et méthodologique

à la place des «paquets technologiques» ;

le développement d'une vision globale du concept de développement ;

~ l'éveil ou la résurgence de la conscience écologique des populations locales, etc.

Les limites de la démarche gestion des terroirs

Toujours par rapport aux explications de la coopération française, la démarche gestion des

terroirs a connu trop de limites, au nombre desquelles on peut citer :

l'application de la démarche parfois trop mécaniste : La volonté de structurer la

démarche et de lui donner une cohérence théorique a dans certains cas, nui au réalisme

de l'approche et au souci de responsabiliser les populations.

les difficultés à déboucher sur des réalisations concrètes : En l'absence de procédures

fixant les marches à suivre pour l'instruction, le financement et l'exécution des plans,

certaines initiatives ont été mal conçues ou mal réalisées ; d'autres ont été abusivement

subventionnées.

les structures d'intervention mal adaptées : Les structures d'intervention adaptées ne sont

pas exemptes de reproches. La gestion des personnels et des financements des projets,

qui obéit en fait au cadre administratif général, rend l'autonomie des projets souvent

fictive. Les équipes de terrain disposent rarement de la souplesse d'intervention

nécessaire.

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un contexte économique et institutionnel contraignant : Diverses contraintes d'ordre

économique et institutionnel ont également pesé sur la mise en place des actions de

gestion de terroirs (Ministère de la coopération Française, 1994).

Par rapport à toutes ces limites, les différents pays se voient donc obligés de progresser

vers une approche de développement local

Vers le développement local

Selon toujours cette coopération, la démarche « gestion des terroirs » en posant en préalable à

toute intervention l'acquisition d'une connaissance approfondie du milieu, a permis une

meilleure identification avec les populations rurales des véritables contraintes à une mise en

valeur durable des espaces ruraux. Elle a fait ressortir la prééminence des facteurs sociaux,

législatifs et économiques sur les seules contraintes techniques. Elle a également montré qu'il

s'agissait moins de sensibiliser les populations que de leur donner les moyens de s'organiser,

de concevoir de nouvelles pratiques et d'en gérer elles-mêmes la mise en œuvre en tant que

maîtres d'ouvrage.

Compte tenu de l'expérience acquise sur le terrain, l'approche a progressivement évolué. Elle

aboutit aujourd'hui à ce que l'on appelle une « approche de développement local » qui se

différencie de l'approche gestion des terroirs sur les points suivants :

Un diagnostic plus global : les projets ont aujourd'hui pour premier souci de porter leur

zone d'intervention par un diagnostic global. L'Etat veut ainsi se donner les moyens de

mieux soutenir les initiatives des populations et d'identifier les axes d'intervention

complémentaires qui dépassent l'échelle des terroirs, mais conditionnent néanmoins leur

mise en valeur durable.

La GT n'est plus une fin en soi, mais la composante d'un développement local

durable.

Des communautés actrices et responsables : les projets ne désignent plus eux- mêmes

les communautés- cibles, mais interviennent à la demande auprès des communautés qui,

après une campagne d'information, sollicitent leur appui en exprimant des problèmes

précis. Un contrat sommaire confirmant l'accord des communautés sur les conditions

d'intervention générales du projet doit être établi.

Des procédures transparentes : un second souci est d'instruire et de financer les

initiatives des communautés d'une façon qui garantisse au mieux leur caractère pertinent

et responsable (idem). Aussi, des procédures claires et transparentes doivent être

conçues avec des représentants des communautés, qui définissent la marche à suivre

pour l'instruction, le financement et la mise en œuvre des initiatives locales ; ainsi que

les tâches de chacun des partenaires et leurs relations de collaboration. L'implication

directe des communautés dans la formulation de ces règles et mécanismes d'intervention

est actuellement favorisée à travers l'instauration de commissions locales. (Ministère de

la Coopération Française, 1994)

Devant l'impuissance des projets sectoriels à juguler ces problèmes selon cette coopération

française, et tenant compte des nouvelles politiques de libéralisation de l'économie et de

décentralisation des pouvoirs de l'Etat, beaucoup de pays africains ont tenté de promouvoir des

modes d'intervention plus participatifs et plus globaux, dits de « développement local », qui

visent à :

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Appuyer les initiatives de développement à la base en renforçant la

responsabilisation des populations dans l'aménagement et la gestion durable de

l'espace et des ressources naturelles ;

Favoriser la redéfinition des rôles de l'administration ;

Appuyer la structuration de la société civile et l'émergence d'opérateurs locaux

de développement.

Le développement local se veut une démarche d'impulsion de développement par le bas. Ce qui

suppose que les communautés locales (groupes et individus) s'impliquent davantage au

processus de développement de leur territoire Neya Sihe (2008). C'« est un processus qui prend

naissance à travers les initiatives des habitants des terroirs organisés pour opérer des choix

responsables, pour créer une dynamique d'amélioration des conditions locales de vie, et pour

défendre leurs intérêts face au pouvoir public » Mercoiret (1994).

Pour Hassane (1999) cité par Marcel coffi ; H ; Djihoun, (2007), le développement local est la

conséquence de l'effondrement des modèles de développement centralisé et des opportunités

qu'offrent les collectivités locales en matière de développement participatif. Ce concept de

développement local a été aussi abordé par les participants au colloque sur « Développement

local et Gestion des ressources naturelles» organisé à Douala au Cameroun en 1998. Selon eux

le développement local peut se définir comme un processus qui vise à construire un mieux-être

des populations à l'intérieur d'un espace donné, avec une approche où différents acteurs se

rencontrent, échangent et édifient ensemble un projet de société. Cette expression «

développement local», utilisée depuis quelques décennies en France, est selon Dabire & Logo

(1996), d'un usage récent en Afrique Noire, usage largement impulsé du nord. Le couplage des

deux thèmes « développement» et « local» appelle l'articulation de deux caractéristiques

essentielles : la durée qui doit marquer toute démarche de développement, et l'espace ; c`est à

dire le territoire local concerné par cette démarche (Mengin, 1989 cité par Fall, 2004, p.6). Il

trouve en effet que c'est « une intervention structurée, organisée, à visée globale et continue

dans un processus de changement des sociétés locales en proie à des déstructurations et des

restructurations».

Le développement local est donc une démarche globale de mise en mouvement et en synergie

des acteurs locaux pour la mise en valeur des ressources humaines et matérielles d'un territoire

donné en relation négociée avec les centres de décision des ensembles économiques, sociaux et

politiques dans lesquels ils s'intègrent (P. Houée, 1992). Ce concept renvoie ainsi de façon

générale, à la participation des différents acteurs à la libération des initiatives ; en particulier

celles locales et communautaires (S. Diallo, 2006 cité par Neya sihé, 2008, p19).

La plupart des chercheurs et développeurs admettent qu'il y a une dynamique locale de

développement quand sont satisfaits les trois critères suivants :

l'existence d'un projet d'avenir collectif ;

l'existence d'une structure plus ou moins formalisée exprimant qui porte le projet ;

une volonté du groupe initiateur de créer une articulation du processus local avec son

environnement. (Mission de décentralisation du Mali, 1997).

Le développement local a certes de multiples définitions, mais force est de reconnaitre qu'il

est avant tout une dynamique économique et sociale voire culturelle plus ou moins concertée,

impulsée par des acteurs individuels et collectifs sur un territoire donné. Ce territoire (espace

économique et social construit) n'est pas isolé mais articulé à des espaces plus vastes (D.

Gentil et B. Husson, 1996, p5). D'une façon générale donc, le concept de développement local

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appelle un esprit de cohésion, de mise en synergie des forces d'une population locale pour le

développement de leur territoire.

Le concept de développement local se révèle de plus en plus comme une panacée pour de

nombreux projets intervenant en Afrique. Il s'inscrit dans le cadre d'une recherche de

développement le plus approprié dans un contexte de décentralisation affichée comme option

dans ces pays africains, qui prend le relais des formules de développement participatif ou

d'autopromotion connues jusqu'ici à travers des projets localisés et limités dans leurs actions.

Nécessité donc s'impose à nous de présenter les origines de ce processus de décentralisation qui

défraie la chronique dans nos contrées africaines.

La décentralisation

Plusieurs auteurs ont tenté de donner une définition à la décentralisation. Ainsi de l'avis de

Sawadogo.R.A (2001), la décentralisation est la voie indiquée sinon la voie obligée. Elle permet

la réalisation d'une synthèse sociale et offre un cadre approprié pour une bonne gestion et un

partage équilibré des pouvoirs et des ressources économiques. Il définit ainsi la décentralisation

comme un processus qui consiste à transférer des fonctions, des pouvoirs et des responsabilités

de l'administration centrale à une administration autonome et distincte. A priori la

décentralisation est un processus intéressant car, elle répond à plusieurs motivations qui sont

souvent portées par des acteurs différents : les Etats eux-mêmes, les populations concernées et

leurs représentants, les ONG et les divers types de coopérations.

D'une manière générale, la décentralisation consiste à reconnaître l'existence de personnes

morales autres que l'Etat, dotées d'organes propres et de l'autonomie financière. C'est ce que

Sawadogo R A et Pamphile S (2004), cité par Doly C (2010), pensent d'ailleurs quand ils disent

que la décentralisation est un mode d'organisation institutionnelle qui consiste à faire gérer par

des organes délibérants élus les propres affaires d'une collectivité territoriale ou locale. Pour

ces auteurs, par le principe de la personnalité morale, c'est à dire la reconnaissance d'une

personnalité juridique propre, des pouvoirs de décision sont reconnus à des entités

administratives autres que l'Etat et non situées par rapport à lui dans une relation hiérarchique.

On ne peut donc parler de décentralisation qu'au moment où les organes chargés des affaires

locales émanent de la collectivité et non de l'Etat et possèdent à l'égard de celui-ci une

autonomie réelle.

Claude Ouattara, intervient également dans ce sens car pour lui, Il s'agit en fait d'attribuer des

compétences autonomes à des structures dirigées par des organes élus au suffrage universel par

les administrés eux- mêmes et dont les actes sont soumis à un simple contrôle de l'égalité par

la voie juridictionnelle. Vue sous cet angle, la décentralisation repose selon lui sur trois

conditions essentielles :

La reconnaissance de la personnalité morale à des collectivités autre que l'Etat central ;

ce qui indique que ces collectivités ont des intérêts particuliers dignes d'être protégés.

Ces intérêts particuliers sont résumés dans la notion d'affaires locales.

La reconnaissance à la collectivité du droit de gérer elle-même ses affaires par

l'intermédiaire d'organes désignés par elle. Ce critère de la gestion par les organes

propres distincts des agents de l'Etat et non soumis au devoir d'obéissance hiérarchique,

appelle dans un système démocratique, l'élection de ces membres.

Le contrôle de l'Etat central sur les organes et les actes des collectivités territoriales. Ce

contrôle doit à la fois respecter l'autonomie de la collectivité ; ce qui exclut l'exercice

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d'un pouvoir hiérarchique, et l'empêche de déborder sa sphère de compétence. Il peut

être plus ou moins étendu selon le degré d'autonomie des collectivités décentralisées.

Ainsi, le concept de décentralisation est par essence un moyen de donner plus d'autonomie aux

populations soucieuses de leur avenir. C'est une expression de démocratie permettant à une

population locale d'impulser son propre développement ; en un mot, « un développement par

tous et pour tous ».

Exemple de pays africain ancré dans le processus de décentralisation : le Burkina Faso.

La constitution de 1991 du Burkina soulignait que la décentralisation est un élément clef pour

la promotion du développement et de la démocratie et dans la lutte contre la pauvreté. Elle vise

également à donner aux initiatives locales, un environnement institutionnel permettant de la

valider et de pérenniser ainsi la dynamique de développement « local » qui donne aux acteurs

leurs véritables places et responsabilités dans la prise en charge de leur propre devenir. La

décentralisation apparaît a priori comme un instrument de facilitation et de consolidation du

développement de proximité en rupture avec les pratiques d'un développement centralisé, initié

et programmé sans implication véritable des acteurs locaux que cette décentralisation va

désormais considérer comme organisation de la société civile (Marc Totté et al, 2003).

En effet, le discours sur le développement a beaucoup changé au cours des vingt dernières

années parallèlement à la remise en cause du rôle de l'Etat, à la mise en œuvre des politiques

d'ajustement structurel et de la décentralisation. On a beaucoup vanté l'émergence d'une

démocratie locale capable de contrebalancer les tendances hégémoniques des Etats

centralisateurs.

Une décentralisation imposée par les bailleurs de fonds

Si les politiques de municipalisation et de communalisation ont été mises en œuvre bien avant

la période des ajustements structurels y compris pendant la période coloniale, elles ont le plus

souvent été conçues par l'Etat central pour encadrer la société. La réforme des Etats pendant la

première phase de l'ajustement structurel a perpétué cette logique : elle se limitait à une

déconcentration, les pouvoirs publics préservant la plupart de leurs prérogatives. Au cours de

la deuxième phase, les bailleurs de fonds ont tenté d'imposer des politiques de décentralisation

complète en faisant pression sur les Etats ; tandis que ces derniers essayaient de maîtriser au

mieux ces processus grâce notamment au contrôle des moyens budgétaires des organisations

locales ou à la « caporalisation » des associations (Marc Totté et al, 2003)

La décentralisation en Afrique de l'ouest ne prend donc réellement son essor que dans les années

90 par une accélération du mouvement de démantèlement des Etats sous les pressions des

bailleurs. La transformation des institutions nationales revêt ainsi une importance considérable

dans les politiques prônées par les institutions de Bretton Woods ; lesquelles voient dans la

décentralisation et les organisations de base un moyen de promouvoir le « capital social » en

tant que réseau d'acteurs non institutionnels. En outre, pour les pays francophones, l'unicité des

voies empruntées tient également au fait que les textes juridiques sont pour une grande part

calqués sur les lois françaises de décentralisation ; bien que leur degré d'application ait été assez

variable (idem).

Pourtant, il est possible de déceler des originalités nationales dans l'application des réformes

selon Marc totté, Tarik Dahou et René Billaz (2003) ; l'histoire des sociétés a imprimé sa

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marque aux évolutions institutionnelles et politiques de chaque pays. En effet les réformes se

caractérisent par des rythmes différents, résultats de forces contradictoires : Au sein de cadres

historiques variés, la trajectoire des Etats qui tentent de reproduire leur hégémonie et les

stratégies des institutions internationales qui tiennent à faire appliquer leurs recommandations.

Il est par conséquent important de présenter l'évolution de ces réformes. Le BF est le pays retenu

pour faire l'objet d'études de cas. Ce pays a en effet été choisi pour illustrer comment se sont

manifestées les spécificités nationales dans la mise en œuvre de la décentralisation.

D'une planification centralisée à une planification locale

Le Burkina Faso a hérité d'un système de gestion centralisé tant au niveau administratif que

financier. Au bout de trente années après l'indépendance, le pays semblait toujours avoir

d'énormes progrès à faire non seulement pour la modernisation de l'Etat mais aussi et surtout

pour l'amélioration du cadre et des conditions de vie de la grande majorité des populations.

Durant toute cette période, l'action publique avait un double réflexe face à toute initiative visant

l'amélioration des conditions de vie au niveau local. D'abord, l'administration du territoire

semblait être à la recherche permanente d'une pertinence territoriale. (Zongo. B, 2005). En

témoignent, les multiples découpages administratifs intervenus depuis lors. Ensuite,

l'omniprésence et l'interventionnisme de l'Etat étaient de mise dans la gestion des affaires

locales (idem). L'émergence et l'implication d'un réseau d'acteurs dans la gestion des affaires

locales n'étaient pas à l'ordre du jour. Cependant, le pays a connu une période d'exception entre

1983 et 1987 marquée par la révolution démocratique et populaire qui a «bousculé les lignes«

en matière de planification tant au niveau national que local.

Cadre politico-juridique de la décentralisation au Burkina Faso

La décentralisation commence au Burkina Faso en 1974 avec la création de 11 départements

qui constitueront avec les communes, des collectivités décentralisées. En 1983, on assistera à

la création des provinces. Aussi, à cette époque, d'aucuns considéreront l'existence des comités

de défense de la révolution (CDR) comme « un mouvement de décentralisation réel poussé

jusqu'à la gestion du pouvoir d'Etat.. » (CND, 1998).

A la faveur des années 90 marquées par l'apparition des mesures d'ordre institutionnel dans le

processus de planification démocratique dans les pays en voie de développement (François

Charbonneau, Paul Lewis, Claude Manzagol, 2003), le Burkina Faso connaît un renouveau du

discours politique national promu par l'adoption de la constitution le 2 juin 1991. C'est dans

cette constitution que la décentralisation au BF trouve son fondement juridique. Cette dernière

« affirme le principe de l'organisation administrative du territoire en collectivités locales.

Celles-ci s'administrent librement par les conseils élus et dans les conditions fixées par la loi »

(PDM, 2000). Un nouveau paysage institutionnel se dessinait et inaugurait une nouvelle ère

pour la planification tant à l'échelle nationale que locale. Il s'agit de la décentralisation qui

permettra par la suite l'émergence et l'affirmation de nouveaux acteurs au niveau national et

local : les collectivités locales.

La décentralisation marque un changement fondamental par la délégation de compétences aux

nouvelles entités administratives et territoriales. En effet, elle « ...consacre le droit des

collectivités locales à s'administrer librement et à gérer les affaires propres en vue de

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promouvoir le développement à la base et à renforcer la gouvernance locale »1. La consécration

de ce nouveau paysage institutionnel s'est réalisée par l'adoption des textes d'orientation de la

décentralisation2. Promulgués en 1998, Ils précisent les lois d'orientation de la décentralisation

prises en 1993 dans le sillage de la constitution de la quatrième république adoptée en 1991. Le

processus de décentralisation a été concrètement engagé en février 1995 par l'instauration via

des élections locales, dans trente-trois communes urbaines dotées d'organes délibérants. À

terme, le pays étendra la communalisation à l'ensemble du territoire par la mise en place

progressive et négociée d'un maximum de cinq cents communes urbaines et rurales, chacune

ayant ses spécificités. Grâce à cette disposition légale, non seulement des collectivités locales

ont vu le jour dans l'organisation du territoire national, mais aussi et surtout l'exercice de la

planification locale glissera progressivement du niveau central vers l'échelon local. Dès lors, le

niveau local devient l'échelle stratégique pour l'observation des relations entre l'autorité

publique locale et la population. D'ailleurs, cette nouvelle architecture institutionnelle a fait

émerger à l'échelle locale un certain nombre d'enjeux que Charles M'Back (2003) identifie

comme étant la quête pour un développement local et une «démocratie locale ».

La décentralisation au Burkina Faso a tenu compte des spécificités du pays. Les textes

d'orientation de la décentralisation (TOD) comprennent quatre lois dont celle d'orientation de

la décentralisation au Burkina Faso, celle d'organisation de l'administration du territoire, la loi

d'organisation et de fonctionnement des collectivités locales, et enfin la loi de programmation

de la mise en œuvre de la décentralisation.

La première précise les objectifs assignés à cette dernière. Elle stipule que la décentralisation

consacre le droit des collectivités territoriales ou collectivités locales à s'administrer librement

et à gérer des affaires propres en vue de promouvoir le développement à la base et la

gouvernance locale.

Sur le plan de l'organisation du territoire, le Burkina Faso est organisé d'une part en collectivités

locales (à savoir la province et la commune) dotées de la personnalité morale et de l'autonomie

financière et d'autre part, en circonscriptions administratives (la province, le département et le

village) qui sont des cadres de représentation de l'État et de coordination des activités de ses

services déconcentrés.

En 2004, l'Etat burkinabé a franchi un pas déterminant pour la mise en œuvre de ces textes

grâce à l'élaboration du code général des collectivités territoriales (CGCT) qui détaille

l'organisation générale, la direction et les articulations du processus de décentralisation, les

compétences et ressources à transférer et les structures à créer pour en faire une réalité. Ce code

s'appuie également sur la riche expérience du Burkina Faso en matière d'approche du

développement participatif au niveau local. Les élections des conseils municipaux dans 302

communes nouvellement créées se sont tenues en avril 2006. Les commissions villageoises de

1 Loi 040/98//AN du 3 août 1998 portant orientation de la décentralisation au BF, modifiée par l'Assemblée

Nationale le 2 juillet 2001, articles 2 et 3. Citée par Liliane Pierre avec la collaboration d'Emeline BAILLY et

Sophie DUBOIS, Dispositif de décentralisation : gouvernement des territoires, stratégies municipales et

marchandisation foncière (Burkina Faso), Programme de recherche urbaine pour le développement, GEMDEV-

ISTED, 2004, 120p.

2 Loi 043/98/AN du 6 août 1998 portant organisation fonctionnement des collectivités locales modifie par la loi

Num.013-2001 du 2 juillet 2001 portant modification des lois Num 040/98/AN du 03août 1998, Num. 043/98/AN

du 6 août 1998 et son décret de promulgation Num. 2001-385/PRES.

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gestion des terroirs (CVGT) qui ont participé à la gestion des terroirs, cèdent la place désormais

à des conseils villageois de développement (CVD) formellement élus. Ce processus traduit une

certaine évolution de la démocratie. Il vise également à donner aux initiatives locales, un

environnement institutionnel permettant de la valider et de pérenniser ainsi la dynamique de

développement « local« qui donne aux acteurs leur véritables place et responsabilités dans la

prise en charge de leur propre devenir.

Les enjeux de la décentralisation sont donc théoriquement explicites dans ce pays : il s'agit de

transférer le pouvoir et les compétences auparavant dévolus à l'Etat, à des assemblées locales

élues ayant un budget et un exécutif propres et cela selon une loi votée. Cette politique semble

donc en principe, appropriée à l'implication des collectivités locales dans le développement de

leur territoire.

Mais chaque pays interprète et opérationnalise la décentralisation selon ses propres logiques,

voire ses propres contradictions. Parfois il ne s'agit que d'un prétexte pour engager une «

recomposition« politique qui impose par exemple à tout candidat à un mandat local,

l'appartenance à un parti. Certains analystes dressent la décentralisation contre le

développement local reprochant entre autres à l'administration d'instrumentaliser la

décentralisation au seul bénéfice d'un pouvoir central dont les « bonnes intentions » ne seraient

que virtuelles (une décentralisation « d'appareil « ).

Quelques implications de la décentralisation sur les actions de développement local

Du rapport de Ali Almouate Abdoul Nasser (2010), il est ressorti que le

dysfonctionnement dans la gestion compromet souvent les efforts de développement

local. Il provient généralement des acteurs chargés de la gestion des collectivités

territoriales mais aussi du manque d'appui de l'Etat ; car le transfert des compétences et

des ressources prévues par la loi pose problème à cause de leur faiblesse.

Il faut aussi selon lui, noter le déficit quantitatif et qualitatif des acteurs de gouvernance.

Les communes souffrent d'un manque considérable de ressources humaines pour leur

fonctionnement. Ce déficit est manifeste tant du point de vue quantitatif que qualitatif.

Tout est dû à l'absence de textes cohérents pour l'organisation des services locaux.

Les conseillers viennent d'horizons et de secteurs d'activités divers ; ils méconnaissent

leur mission sur le terrain de la décentralisation et sur la gestion des pouvoirs. En effet,

certains n'ont même pas été à l'école ou ont un niveau inférieur ne leur permettant pas

une rapide assimilation ou compréhension des textes (idem).

Enfin, Ali Almouate Abdoul Nasser (2010) trouve que le manque de cohésion sociale

observé au sein des populations entre les villages entrave l'exécution des opérations de

développement de type collectif. Cette situation est généralement passée sous silence

par les acteurs alors qu'elle doit être considérée comme une contrainte à résoudre.

En effet, s'il est admis que développement local et décentralisation peuvent s'enrichir

mutuellement, il n'en demeure pas moins vrai que ces deux processus peuvent être aussi

antagonistes. Moussa Ka (2009) pour sa part trouve par exemple que la prolifération anarchique

d'initiatives locales peut échapper au contrôle des élus locaux, faisant ainsi planer le risque

d'une fragilisation de la décentralisation dans la mesure où les populations peuvent ne plus rien

attendre des élus. Pour l'instant, la collectivité locale considérée comme acteur incontournable

pour la conduite d'actions de développement local n'a pas donné les résultats escomptés selon

lui. Le plus souvent les élus mettent en avant leurs intérêts électoraux plutôt que d'apporter de

vraies solutions ou un soutien actif aux initiatives locales naissantes. En outre, il existe très

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souvent des conflits de compétences entre élus et autorités déconcentrées de l'Etat qui se sentent

dépouillées de leurs prérogatives d'une part, et entre élus et populations qui ne se retrouvent pas

dans les initiatives portées par les élus d'autre part (idem). Le clientélisme politique et la

corruption ne font qu'amplifier ces phénomènes. L'irruption de considérations partisanes sur le

champ du développement se présente ainsi comme une donnée inéluctable de blocage dès lors

que les élus se présentent comme les seuls initiateurs de stratégies de développement local.

Si la loi donne la possibilité aux citoyens de participer à la gestion des affaires locales, selon

Moussa Ka (2009), ce pouvoir est peu exercé à cause de leur faible niveau d'instruction, de

l'analphabétisme et de la difficulté d'accéder aux textes de lois et aux sources d'information.

Des impacts de la décentralisation sur les actions de développement local, le groupe d'action

développement local et décentralisation au Togo (1998), pour abonder dans le même sens que

Moussa ka, cite :

le clientélisme politique, entraîné et amplifié par la décentralisation ;

« l'irruption de considérations partisanes ; car de plus en plus d'élus initient avec les

autres acteurs locaux, des stratégies de développement local ;

l'incohérence des découpages territoriaux.

Fissou Kouma (2004), pour sa part trouve que le plus souvent, les relations

entre les Maires et le Préfet sont parfois conflictuelles. En effet, l'étude technique des

dossiers soumis à l'appréciation des services du Préfet fait l'objet d'une arnaque.

Pour que le budget ou le compte administratif soit examiné, les collaborateurs du

Préfet chargés de l'étude du dossier exigent que le Maire leur donne «quelque

chose ». Celui qui ne se soumet pas à cette exigence verra son dossier « bloqué ».

En dehors des appuis légaux prévus pour le Préfet, le Maire est tenu de faire face à

certaines dépenses du Préfet ; notamment les réceptions qu'il organise. Les

interventions des forces de maintien de l'ordre font la plupart du temps l'objet de

sollicitations du Maire ; même quand celles-ci se font hors du territoire communal.

C'est ainsi que le Préfet envoie très souvent des messages aux maires de son

département pour leur annoncer la tournée du Commandant de compagnie de

gendarmerie. Ce n'est pas tout puisque le même message instruit les maires de

fournir à ce dernier du carburant (idem). Tout se passe comme si les services

déconcentrés de l'Etat n'avaient pas de budget de fonctionnement.

Selon lui, le recouvrement de l'impôt libératoire sur le revenu agricole au

Benin, fait le plus souvent l'objet de conflits avec les Maires. Les Sous-préfets lors de

leurs descentes sur le terrain ponctionnent entre 10 à 20% des recouvrements

effectués pour leur carburant et le repas frais des membres de la commission de

recouvrement ; alors que l'appui prévu au Sous-préfet dans le budget lui est

débloqué dès que le budget communal est approuvé. De plus, le taux de

recouvrement de l'impôt libératoire sur le revenu agricole est très bas ; dans tous les

cas, si le Maire refuse la ponction de 20%, aucun recouvrement de l'impôt libératoire

ne sera fait ; puisque la commission de recouvrement n'effectuera aucune descente sur le terrain.

Dans ces conditions, faut-il supprimer l'appui légal au Sous-préfet prévu dans le budget de la

Commune ?

Toujours de l'explication de Fissou Kouma (2004), la commission des marchés publics placée

auprès de chaque Préfet au Benin, est une manière légale d'escroquer les communes quand on sait

que le Maire en tant que maître d'ouvrage doit débourser une importante somme pour les frais de

la tenue de ladite commission. Or, le Maire qui est un élu du peuple a envie de réaliser les promesses

faites lors de la campagne électorale pour prétendre briguer un autre mandat. Il ne devrait pas être

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soumis à ce genre de tracasseries nécessaires pour les gestionnaires des crédits de l'Etat qui n'ont

aucun compte à rendre aux populations.

Au Benin, au niveau provincial, les budgets votés au niveau des communes et visés par les Préfets

doivent être revêtus du visa du Contrôleur provincial des finances. A ce niveau, selon ses dires, la

commune concernée doit débourser de l`argent pour accélérer le processus comme cela se passe

habituellement aux finances. Par ailleurs, au Benin pour que les différents dossiers soient vérifiés

au niveau du service provincial des communes avant leur transmission au cabinet du Gouverneur

pour visa, il faut débloquer «quelque chose » pour les agents de ce service, faute de quoi, les

dossiers importants tels que les budgets risquent de traîner paralysant ainsi le fonctionnement de la

commune (kouma. F 2004).

Se référant à la loi, il est dit que : « l'autorité de tutelle a pour mission de provoquer toutes

dispositions d'ordre administratif, économique et social propres à assurer le développement

harmonieux des communes ». Dans la pratique, Fissou Kouma fait savoir que la tutelle ne remplit

pas correctement la mission qui lui est assignée. On peut dire que la tutelle ruine les communes et

incite les maires à détourner les crédits au profit de celle-ci. Généralement, on a l'impression que

les Maires sont les seuls à gérer des crédits dans la circonscription communale puisque tout repose

sur la mairie. Tous les services sollicitent le soutien de la mairie pour leur fonctionnement, y

compris ceux qui ne font rien pour aider le Maire dans l'exercice de ses fonctions. Pour arriver à

leur fin, leurs demandes d'aide sont transmises au Maire via l'autorité de tutelle. Par ailleurs, la

tutelle au niveau central se prête également à ce jeu d'arnaque des communes.

Les maires subissent selon lui, des pressions et des abus de toutes sortes de telle manière que leurs

budgets ne sont pas normalement exécutés. En dehors de la tutelle conventionnelle du Préfet, du

Gouverneur et du Ministre de l'administration territoriale et de la décentralisation, les interventions

du contrôleur provincial des finances dans les budgets communaux, du centre provincial de la

comptabilité matières, de l'agence de régulation des marchés publics dans les affaires communales

peuvent être assimilées à une forme de tutelle. Ces différentes formes de tutelle paralysent ou mieux

nuisent au fonctionnement des communes au Benin.

Marc Totte, Tarik Dahou et Rene Billaz (2003), trouvent que l'application réelle des dispositifs de

la décentralisation telle que présentées à travers les Textes d'orientation de la décentralisation

(TOD) dans nos pays, connaît des difficultés majeures parce que la commune est « plus gérée

politiquement du dehors que du dedans ». La légitimation et la légalisation du pouvoir politique

comme acteur principal de l'orientation et de la conduite du processus ont conduit à un

repositionnement de l'ensemble des acteurs ; y compris le pouvoir traditionnel qui a quitté sa zone

de neutralité pour se « mouiller » avec le politique. Pour qu'un maire puisse rester à la tête de son

conseil et mieux gérer sa commune selon eux, il doit non seulement chercher la « grâce » du pouvoir

politique central, mais aussi celle des pôles de pouvoir traditionnels. De leur avis, trois leçons

majeures sont à retenir de cette expérience :

la décentralisation avec les enjeux multiples qu'elle comporte peut contribuer à

l'exacerbation de la division des différents pôles de pouvoir traditionnel, politico-économique et

institutionnel). Le pouvoir traditionnel, censé être l'élément de régulation de certaines sociétés

africaines, se politise de plus en plus et perd sa crédibilité institutionnelle avec la partialité liée à

son appartenance politique ;

l'influence notoire des partis politiques dans le choix des hommes et des femmes qui

doivent décider au nom des populations et dans la gestion quotidienne du processus de

développement des communes conduit très souvent à un « nomadisme politique » des élus en

fonction des opportunités et des risques. Ce nomadisme constitue une stratégie anti-aléatoire pour

assurer un meilleur positionnement dans l'arène politique. « Rien ne se fait sans la politique » ;

la gestion durable du foncier et le rejet de la Réorganisation agraire et foncière(RAF)

constituent des défis majeurs d'une recherche de cohérence dans le processus de décentralisation.

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N'est-il pas contradictoire de donner des pouvoirs aux collectivités décentralisées et d'ignorer les

pratiques et les politiques qu'elles définissent pour gérer leur patrimoine ? Se demandent Marc

Totté, et al (2003). Selon eux, cette question mérite une analyse plus profonde mais le constat est

là, les règles actuelles de fonctionnement proposées par les acteurs dominants sont battues en

brèche par les acteurs locaux en fonction des intérêts de leurs leaders et en fonction des positions

de ceux-ci dans les formations politiques.

D'autres auteurs trouvent que la décentralisation n'a pas que des impacts négatifs sur le

développement ; Il existe aussi des effets positifs.

Moussa Ka(2009), après analyse trouve qu'avec la décentralisation, le citoyen parce que davantage

motivé à agir sur les institutions de sa cité d'où se prennent les mesures qui font gouverner sa vie,

sera plus prompt à s'associer à d'autres partageant les mêmes intérêts et points de vue que lui afin

d'accroître son pouvoir d'influence sur son environnement institutionnel. Pour lui, le cadre

associatif qui permet l'intégration des intérêts individuels et leurs expressions dans des formes

collectives plus organisées, trouve dans la décentralisation des conditions plus favorables à sa

manifestation. De ce point de vue, la société civile dont l'une des composantes essentielles est

constituée par le tissu associatif devient, par l'entremise de la décentralisation, un atout pour la

population locale dans ses entreprises de négociation avec les autorités locales pour la création d'un

meilleur cadre de vie. Avec la décentralisation, le citoyen prend, donc, vite conscience que le cadre

associatif peut, à terme, être un instrument du développement. Pour rappel, l'un des objectifs de la

décentralisation est de renforcer les identités locales qui susciteraient à leur tour des dynamiques

d'actions collectives autour de projets de développement à l'échelle des collectivités locales.

Toujours est-il que l'absence de coordination entre les différents intervenants c'est-à-dire les divers

acteurs, rend illisible et inefficace les actions entreprises (idem). Il y a également :

la planification globale des initiatives de développement local dont les collectivités sont

désormais chargées. Cette planification permet de transformer des initiatives locales de

développement en initiatives de développement local ;

l'avènement d'un cadre de concertation, dans le cadre fédérateur de la collectivité locale

;

le financement du développement local ;

l'expérience des anciennes autorités locales (anciens élus) pour contribuer au processus

de développement local (Moussa Ka, 2009).

A un tout autre niveau, les gouvernements sont de plus en plus confrontés à la grande

mécanique économique qui les connecte chaque jour un peu plus aux réalités d'un monde en

mouvement et à des partenaires financiers qui imposent à la fois rigueur et transparence dans la

gestion de leurs « affaires ». Alors face à un tel constat, un certain nombre de questions sont posées

:

Partant de ces constats, il est établi une corrélation entre les concepts de Décentralisation et

de Développement local représenté à travers le schéma ci-dessous.

Développement local - Développement à la base

- Mobilisation des acteurs à la base - Existence d'un projet collectif

- Mobilisation des ressources locales

- Fourniture des services sociaux de base - Responsabilisation de la population

- Participation de la population

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Décentralisation - Transfert de compétences

- Autonomie dans la gestion des affaires locales

- Existence d'autorités locales élues

- Participation politiques et fonctionnement des organes locaux - Partage équilibré des pouvoirs et

des ressources

Enjeux et les stratégies de la décentralisation et du développement local et perception de la

population locale

Il s'agit ici de cerner les stratégies de mise en œuvre de la décentralisation et du développement

local, d'aborder leurs enjeux et de donner les différentes perceptions que les populations locales ont

de ces enjeux et de ces stratégies.

Les stratégies de la décentralisation et du développement local Toute politique de développement doit être accompagnée de stratégies. C'est dans cette optique que

nous essayons de donner les différentes démarches de mise en œuvre de la décentralisation et du

développement local.

Les stratégies de la décentralisation

Les démarches de décentralisation sont diverses et varient selon les grandes orientations définies

par chaque pays pour la mise en œuvre de sa politique de décentralisation. Ainsi l'approche

stratégique globale de mise en œuvre de la décentralisation est bâtie sur plusieurs axes majeurs que

nous avons identifiés à travers notre revue de littérature.

L'appropriation sociale et politique de la décentralisation

Elle vise le renforcement et l'adhésion de tous les acteurs au processus dans des espaces homogènes

et viables. C'est pourquoi, il s'avère nécessaire d'élaborer et de mettre en œuvre un plan

d'information et de communication sur la décentralisation avec la participation des différents

acteurs (CSMOD 2006-2015, 2007). Ainsi, pour la mise en place des communes rurales, une

stratégie de formation et d'information doit être conçue et se traduire par:

au niveau de l'information, une ouverture démocratique à travers l'utilisation des médias

modernes afin de donner la plus large audience possible à la

philosophie et aux enjeux inhérents à la communalisation rurale. Cette stratégie doit se concrétiser

par la traduction en langues nationales des textes relatifs à l'extension de la décentralisation au

monde rural;

au niveau de la formation, elle pourrait être assurée par une institution décentralisée multi

plénière s'articulant sur un réseau de centres de formation régionaux, de programmes

d'alphabétisation, de contractualisation de compétences locales. Les formations seront conçues

dans une perspective de long terme et dans l'optique d'un développement des compétences et des

capacités locales. (Ouedraogo G, 2003).

Par ailleurs, la mobilisation de tout le Gouvernement s'avère nécessaire afin de créer un

environnement favorable devant permettre à la population de s'approprier le processus de

décentralisation ; car sans une appropriation et un leadership local durable, la décentralisation sera

mort née (Ministère de l'administration locale et des affaires sociales du Rwanda, 2000, p7).

Le transfert des compétences et des ressources

L'organisation d'une décentralisation administrative et l'adoption des textes législatifs y afférents

ne suffisent pas pour une décentralisation effective. Pour passer d'une décentralisation formelle à

une décentralisation réelle, il faut encore conférer à la collectivité locale des pouvoirs et des

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prérogatives concrètes dans les matières qui concernent les affaires locales. La règlementation de

la décentralisation doit ainsi indiquer sans équivoque les domaines de compétences qui engagent

dorénavant la responsabilité de l'Etat et ceux qui engagent la responsabilité de la commune (mission

de décentralisation et réformes institutionnelles du Mali, 1997).

Le renforcement des capacités locales

Cela nécessite la mise en place des premières infrastructures de la décentralisation, la mise en

œuvre des plans locaux de développement et des stratégies de mobilisation et d'utilisation optimale

des ressources des acteurs. Il nécessite également un dispositif à même d'assurer la formation,

l'appui conseil et la promotion de la maîtrise d'ouvrage local. (CSMOD 2006-2015, 2007).

Pour se faire, ceci doit aller de pair avec le renforcement de la fonctionnalité des services

déconcentrés de l'Etat. Aussi, développer des capacités de gestion managériale, administrative et

technique au niveau du gouvernement local pour permettre une fourniture de services sociaux

effectifs, efficients, responsables et équitables, un développement pour tous est la pierre angulaire

du succès de la gouvernance locale ; car sans développement des capacités, la décentralisation n'est

pas durable (Ministère de l'administration locale et des affaires sociales du Rwanda, 2000).

L'appui à l'élaboration et à la mise en œuvre des plans de développement locaux Il vise à créer un environnement à même de stimuler le développement économique en vue de

contribuer à l'édification des économies locales fortes dans le cadre de la lutte contre la pauvreté

(CSMOD 2006-2015, 2007).

En effet, les différents acteurs doivent pouvoir faire preuve de manière persistante d'une effectivité

et d'une efficacité exemplaires ainsi que d'un esprit de responsabilité dans la planification,

l'exécution, le suivi et l'évaluation de tous les programmes et projets relatifs à la décentralisation

dans le pays ; car, sans une efficacité et une responsabilité exemplaires, les problèmes actuels de

performance auxquels est confronté le gouvernement central seront transférés aux unités

décentralisées. Il n'est donc pas nécessaire de décentraliser l'inefficacité et le manque de

responsabilité (Ministère de l'administration locale et des affaires sociales du Rwanda, 2000).

Le pilotage et la coordination

La mise en œuvre de cet axe devra permettre de mieux clarifier le rôle des structures de coordination

et de concertation et veiller à la tenue régulière de leurs différentes sessions. A cet effet, les moyens

nécessaires à leur fonctionnement devront être déterminés de manière adéquate et budgétaire

(CSMOD 2006-2015, 2007).

Par ailleurs, la mise en place et le renforcement d'une structure organisationnelle s'avère nécessaire

pour assurer la mobilisation et la coordination effective de toutes les parties prenantes au niveau du

leadership de l'Etat, du secteur privé, du leadership des administrations locales, de la société civile,

des donateurs, de tous les partenaires au développement pour s'approprier et appuyer le processus

de décentralisation ainsi que la bonne gouvernance en général. (Ministère de l'administration locale

et des affaires sociales du Rwanda, 2000).

La participation locale

La participation est un maillon essentiel dans la mise en œuvre de toute politique de décentralisation

qui se veut efficace et durable.

Toutefois, les différents acteurs de la décentralisation devraient pouvoir assurer la participation

locale et insuffler un esprit d'autosuffisance dans la population en mobilisant et en utilisant

effectivement les ressources locales, humaines, matérielles et financières pour planifier, exécuter,

contrôler et mettre en place, de manière durable, une gouvernance locale devant permettre la

fourniture participative de services sociaux à tous les citoyens ; car, si la population locale ne peut

pas mobiliser ses propres énergies et ressources pour son propre développement, si elle doit

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dépendre éternellement de l'assistance extérieure, on ne pourrait parler de gouvernance locale

(Ministère de l'administration locale et des affaires sociales du Rwanda, 2000). En outre, le

renforcement de la participation politique au niveau local par l'organisation d'élections locales

libres et justes à travers lesquelles les populations locales vont élire leurs leaders qui seront

responsables devant elles est d'une importance non négligeable (idem).

En effet, le processus de décentralisation est un processus dynamique à inscrire dans la durée, et sa

mise en œuvre nécessite des adéquations que seule la vision prospective permettra de repérer.

Les Stratégies du développement local

Le concept de développement local recouvre une grande diversité de démarches, de stratégies et de

méthodes. Au-delà des libellés et des affichages, on peut néanmoins à travers notre revue de la

littérature, identifier quelques grands types de stratégies fondées sur des options différentes. Nous

retiendrons en effet les stratégies proposées par Patrick Freudiger, Jean-pierre Jacob et Jean-david

Naudet (1999) ; car faisant le point de toutes les méthodes de développement local vues à travers

notre lecture. Ainsi, on peut distinguer :

les interventions à entrer technique utilisant de manière privilégiée l'instrument

projet ;

les interventions de type « programme », subdivisées en :

des approches d'accompagnement institutionnel ;

des approches d'appui aux initiatives.

Le projet à entrer technique

Il vise à délivrer et à diffuser un message sur la nécessaire réhabilitation des conditions physiques

du milieu de type gestion et conservation des sols et des espaces. Pour promouvoir son message, le

projet utilise en priorité les services déconcentrés des ministères (ministère de l'agriculture

notamment). Ces derniers ont pour rôle d'appuyer l'action du projet. Leur implication permet

d'espérer que les opérations entreprises seront prolongées au-delà de la durée de l'intervention. De

ce fait, le renforcement institutionnel des services déconcentrés apparaît comme un objectif

secondaire obligatoire. La durabilité de l'action s'appuie donc sur deux formes d'appropriation : une

appropriation des messages techniques par les populations et une appropriation des objectifs par

les services techniques.

Dans le cours de l'action, le projet peut également s'appuyer sur des partenaires d'exécution hors

administration (ONG par exemple). Pour parer à certaines déficiences en matière de gestion et de

coordination des activités, le projet mettra en outre en place un cadre de concertation réunissant les

principales institutions publiques et privées qui comptent localement.

L'approche des projets de type gestion de terroir n'est plus comme par le passé, entièrement

descendante. Les projets proposent plutôt des regards croisés entre le diagnostic des techniciens et

la connaissance du milieu par les acteurs eux-mêmes. La première phase de planification des

activités est constituée à partir de ces regards croisés. Afin de promouvoir la maîtrise des acteurs

sur les enjeux identifiés, les projets participent également à l'organisation des communautés. Le

bien-fondé de ce type de projet repose d'abord sur la pertinence de ses apports techniques dans la

situation où il intervient et dans l'impact que l'action de ces techniques peut avoir sur la préservation

des ressources naturelles et à plus ou moins long terme, sur les conditions de vie des populations.

L'approche par l'accompagnement institutionnel

Elle part de l'idée que le goulot d'étranglement essentiel du développement local est l'organisation

insuffisante des acteurs locaux, et de ce fait leur incapacité à proposer des réponses collectives face

aux enjeux auxquels ils sont confrontés.

La démarche cherche d'abord à repérer les « acteurs-clés », porteurs de visions endogènes et

structurantes. L'action d'accompagnement consiste à appuyer la concrétisation de ces visions en

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aidant à la mise en œuvre d'opérations définies par les « porteurs de projets ». Le renforcement des

capacités des acteurs locaux apparaît dans tous les cas comme un axe essentiel d'appui. Le

partenariat entre le bailleur et les individus et institutions locales est au cœur de l'approche.

Cette primauté donnée à l'accompagnement, au partenariat et au développement institutionnel a

conduit à rompre avec l'instrument projet ou a cherché à mieux en équilibrer le cycle : moindre

importance accordée à la phase de conception trop déterminante dans les projets classiques, grande

souplesse d'exécution ; y compris dans la programmation des moyens afin de répondre aux

incertitudes et aux opportunités, effort de suivi important. L'accompagnement institutionnel s'opère

directement à l'aide de fonds souples gérés par le représentant local donateur. Dans cette démarche,

la durabilité des acquis est assurée par la prise progressive d'autonomie des institutions appuyées.

L'approche par le soutien aux initiatives locales

Elle recouvre l'ensemble des options qui tendent à dissoudre l'approche projet en proposant que les

enjeux classiques de l'intervention, en terme de pouvoir de décision et d'allocation des ressources

financières soient pris en charge en grande partie par les bénéficiaires, aux travers d'instruments de

type fonds d'investissement. En tant que tel, l'approche peut donc intéresser des acteurs privés ou

des acteurs publics, de type collectivités territoriales. L'intervention se fixe pour principal objectif

de permettre la réalisation des projets définis et sélectionnés par les acteurs eux-mêmes ; que ces

projets émanent

de collectifs ou d'individus. Elle ne joue pas de rôle direct dans l'orientation des investissements.

Le soutien aux initiatives se fixe également comme objectif essentiel de développer la maîtrise

d'ouvrage locale sur les actions entreprises. L'impact recherché ne concerne pas les seuls

gestionnaires des fonds, mais également l'ensemble de l'environnement socio-économique par les

effets induits résultant de la mise en œuvre des projets des acteurs.

Afin d'établir cette relation de soutien aux porteurs d'initiatives, l'intervention doit mener plusieurs

actions structurantes. La première est d'appuyer l'organisation des bénéficiaires de façon à

construire le dispositif d'expression et de sélection des initiatives ; la seconde est de renforcer

certaines capacités des individus, des institutions et des entreprises permettant le montage,

l'évaluation et la réalisation des projets des porteurs d'initiatives. L'approche de soutien aux

initiatives repose donc sur les présupposés suivants :

les acteurs locaux sont eux-mêmes porteurs des solutions à leur propre développement,

mais ce sont les opportunités de mise en place de ces solutions qui font défaut ;

les acteurs de l'économie locale doivent participer étroitement à la dynamique de

concrétisation des initiatives.

C'est sur cette structuration progressive de l'environnement socioéconomique que reposent les

espoirs de durabilité de l'action de l'intervention.

Les enjeux de la décentralisation et du développement local La décentralisation a certes une relation étroite avec le développement local comme nous l'avons

vu précédemment, mais tous deux ont des enjeux comme toute politique de développement. Ainsi,

pour une bonne compréhension de ces enjeux, nous allons d'abord présenter ceux de la

décentralisation et ensuite aborder ceux du développement local.

Les enjeux de la décentralisation

Les projets de décentralisation en Afrique reposent en règle générale sur le présupposé explicite

que la trop grande centralisation des décisions politiques au sommet de l'Etat étouffe les initiatives

politiques et économiques locales. Cette situation amène à parler d' « Etat commando. »

(Bierschenk T et de Sardan JPO, 1998). La décentralisation revêt selon ces auteurs un enjeu central

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et sa portée ne peut s'évaluer qu'à l'échelle des communes où la participation à la base est la clé de

voûte pour une réelle prise en compte des aspirations des populations.

Ainsi toute politique de décentralisation vise des objectifs précis dont l'importance et la pertinence

sont fonction du contexte sociopolitique et économique. Il reste cependant certain que dans tous

les cas de figure, les enjeux sont d'une importance capitale. Les enjeux politiques, économiques et

socioculturels sont ceux retenus dans cette étude.

Les enjeux politiques

Avant la politique de décentralisation, le développement était géré par le gouvernement central qui

décidait des besoins des populations ; tous les auteurs reconnaissent cela. Ainsi selon Marcel Coffi

h. Djihoun (2007), la conséquence d'une telle gestion a été :

o une mauvaise planification des actions de développement ;

o la non-implication des populations dans la prise de décisions et la gestion ;

o des investissements ne répondant pas aux besoins des populations.

L'un des objectifs premiers de la décentralisation est de favoriser la participation de toute la

population locale. Elle offre ainsi plus de responsabilité au citoyen d'influencer la vie collective ;

par exemple en votant les conseillers municipaux pour le représenter, en se faisant élire et en

militant dans un parti politique(Idem). La conviction est de plus en plus partagée qu'il ne peut y

avoir donc de développement sans une adhésion des populations et sans une référence à leurs

assises culturelles. La participation est reconnue comme indispensable pour engager et soutenir le

processus de développement. L'action au niveau du quartier, du village, du terroir est plus

prometteuse de résultats que la réalisation d'infrastructures ou le soutien de sociétés régionales de

développement (D. Gentil et B. Husson, 1996, p2). L'instauration d'un échelon local de

représentation constitue de ce point de vue une possibilité pour mieux prendre en compte les

aspirations des habitants. Mais pour Karim Dahou (2003), la décentralisation ne saurait se réduire

à un transfert de prérogatives du pouvoir centrale aux autorités locales. Pour qu'elle tteigne son

véritable objectif, qui est de tirer le meilleur parti possible des ressources locales, il pense tout

comme les autres qu'elle doit encore permettre aux populations de participer pleinement à la

valorisation de leur environnement. Au-delà de sa dimension institutionnelle, la décentralisation

devrait ainsi viser les sphères privées et s'appuyer sur tous les acteurs qui font preuve d'un réel

dynamisme.

La décentralisation politique de l'avis de Pamphile S(2000), c'est la mise en place d'organes

délibérants au niveau communal. Les conseillers élus constituent le conseil municipal qui dispose

sous la direction d'un maire élu par ses pairs, d'une autonomie politique et juridique dans la gestion

des affaires locales. Toutefois le haut-commissaire de la province assure la tutelle de l'État sur le

conseil communal. Ceci par conséquent, apparait en Afrique comme une avancée significative ; car

elle est perçue comme un choix favorable au processus de démocratisation et comme un

encouragement aux dynamiques de développement local. La réforme de décentralisation et plus

particulièrement la création des communes sur l'ensemble du territoire, permet à la commune d'être

le fruit d'une démocratisation de l'administration qui confère à chaque citoyen dans sa localité une

part de responsabilité et de liberté dans la gestion des affaires de sa localité (PAVD/Mali, 2004).

La création des communes renforce ainsi le processus de démocratisation en créant les conditions

et les modalités d'une participation directe des citoyens au processus de prise de décisions locales.

Ils redeviennent les acteurs de leur destin et les vrais partenaires d'un Etat qui ne peut plus exister

en dehors d'eux. La décentralisation entraîne ainsi un mouvement de renaissance des hommes et

des femmes là où ils vivent et la revalorisation de leur savoir-faire et de leur culture. Elle permet

également à la commune d'être un espace de développement : Les citoyens de la commune

partagent dorénavant avec l'Etat des responsabilités du développement de leur commune. Ils en

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deviennent le principal moteur en participant au processus de prise de décision en matière de

programmation du développement, de gestion des ressources et de l'environnement. Les politiques

de développement ne partiront plus exclusivement d'en haut pour redescendre vers le bas. Elles

seront d'abord et avant tout conçues à la base. C'est ainsi que les communes bénéficieront d'un

patrimoine et des ressources propres et seront en charge de la gestion de ce patrimoine et de ces

ressources aux fins de générer un développement économique et social de la collectivité

(PAVD/Mali, 2004). La conduite du processus de décentralisation demeure donc éminemment

politique car il s'agit de «partager le pouvoir«. Ce partage du pouvoir de décision ne doit pas être

perçu comme un danger potentiel qui affaiblirait ou remettrait en cause le pouvoir d'Etat. Il y a à

ce niveau d'énormes progrès à faire, nécessitant moins de suspicion et beaucoup d'information-

formation. (Marc Totte, et al, 2003).

La décentralisation est également un puissant facteur d'intégration entre les multiples régions et

ethnies. En accordant aux futures collectivités une autonomie de gestion et en leur transférant un

certain nombre de compétences précises, l'Etat reconnait l'égalité du droit pour chaque collectivité

au développement et le maintien des originalités locales. (Idem).

En effet, un enjeu politique majeur de la décentralisation est la restauration de la crédibilité de l'Etat

; le rejet de l'institution étatique par le corps social est largement imputable à l'incapacité de l'Etat

à satisfaire les besoins essentiels des citoyens au niveau local. Il s'agit donc de concevoir un

nouveau type d'Etat qui reconnaisse un rôle et une place aux initiatives individuelles et de groupes

à travers l'émergence d'un système administratif et de représentation locale transparent, consensuel

mais autonome dans ses décisions, et sachant négocier avec l'Etat d'une part, et les organisations

communautaires d'autre part (PAVD/Mali, 2004). Cette vision permet de recentrer les interventions

directes de l'Etat sur les missions de souveraineté à l'issue d'un transfert équilibré de compétences

qui responsabilise les collectivités territoriales.

Par ailleurs, la décentralisation est soutenue par l'ensemble des acteurs de coopération. Les

institutions multi ou bilatérales lui portent une attention soutenue en terme de recomposition des

différents niveaux de pouvoir et de spécification de leur compétences respectives ; les agences

privées qui se sont données pour mandat l'action au niveau local, l'appuient également en ce qu'elle

concoure à une meilleure prise en compte des aspirations des populations. Deux raisons essentielles

expliquent cet intérêt : - Tout d'abord les résultats des politiques menées par les Etats depuis trente

ans sont globalement décevants ; elle a conduit à l'hypertrophie des secteurs contrôlés par la

puissance publique et non à une amélioration généralisée des conditions de vie de la majorité de la

population. - Ensuite, Il ne s'agit plus d'organiser l'Etat pour qu'il assure un rôle de pilote du

développement mais rechercher des voies qui permettent de libérer les forces initiatives que portent

toutes les sociétés qui se pensent dans l'avenir (D. Gentil et B. Husson, 1996). La décentralisation

devient ainsi un thème majeur du discours sur le développement par contrainte en raison de la

défaillance des Etats, mais aussi par nécessité parce qu'elle est un moyen de l'expression des

groupes de population et de pérennisation des actions engagées.

Au final, trois grandes familles de motivation ont permis aux Etats africains de mettre en œuvre

des politiques de décentralisation. Il s'agit de :

- la décentralisation comme modalité pour favoriser la mobilisation des populations en

vue d'un développement à la base durable ;

- la décentralisation comme moyen d'approfondissement et d'enracinement de la

démocratie au niveau local ;

- la décentralisation comme entreprise de restructuration de l'Etat et de légitimation des

institutions.

Enjeux économiques

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En effet, la décentralisation renforce l'engagement des populations à réaliser leurs micro-projets en

comptant sur leurs propres initiatives. Aussi, le citoyen profite d'un développement local accéléré

avec la prise en compte de ses préoccupations et bénéficie également de biens et de services qui

correspondent à ses besoins (Marcel Coffi.H, 2007).

Mais indépendamment des enjeux économiques internationaux, il ressort de la littérature que sur

le plan purement interne la décentralisation présente un certain nombre d'avantages économiques

certains.

La décentralisation accompagne et facilite l'action de ce que l'on appelle «la décentralisation non

formelle« ; c'est-à-dire l'action des associations non gouvernementales et autres groupements

coopératifs qui agissent au niveau local. La décentralisation pourra accompagner ce mouvement

plus ou moins spontané d'activisme local. Au niveau provincial ou communal, des cadres de

concertation se créent pour discuter des problèmes de développement économiques et sociaux

souvent en marge d'une légalité restés en retrait jusque-là (Claude Ouattara). La décentralisation

favorisera en outre la promotion d'un développement économique durable grâce à la libération des

énergies locales et l'utilisation optimum des ressources disponibles dans les localités. Grâce à une

identification plus certaine des véritables besoins des populations et leur auto-responsabilisation

progressive dans la gestion des affaires locales, la vie économique à la base sera plus animée et

plus apte à surmonter les différents écueils qui ont jusque-là freiné la croissance économique et la

bonne gestion des ressources naturelles (idem).

En effet, les communautés locales sont les plus à même de définir les mesures les mieux adaptées

aux diversités des situations particulières en présence. Elles seront ensuite plus enclines à trouver

les moyens nécessaires à leur réalisation. Le monopole des décisions au niveau central est

aujourd'hui condamné à laisser la place à un Etat mobilisateur et facilitateur d'initiatives locales de

développement par les communautés de base.

Les réformes économiques actuelles reposent sur l'idée libérale qui est également à la base de la

décentralisation. Il s'agit dans un 1er cas de libérer l'initiative privée d'une règlementation étouffante

ou de la compétition déloyale d'entreprises publiques bénéficiaires de monopoles ou dévoreuses de

subventions. Dans un second cas, il s'agit de libérer les initiatives locales pour la satisfaction des

intérêts généraux (Claude Ouattara). L'idée de base dans les deux cas semble être ici la libération

des initiatives. Moins qu'un désintérêt donc, le désengagement de l'Etat, c'est la reconnaissance par

l'Etat que d'autres personnes sont mieux à même de prendre en charge la satisfaction des besoins

dans tels ou tels secteurs de développement.

Toutefois, la décentralisation semble être à même de favoriser une meilleure adéquation des

programmes de développement et des besoins locaux, et une mobilisation plus spontanée des

ressources. Cette dynamisation des économies locales s'articule autour de :

o la conception d'une approche de développement s'appuyant d'abord sur la capacité de

mobilisation des ressources locales ;

o la réintégration de la dimension spatiale dans l'approche de résolution des problèmes

économiques et sociaux ;

o une nouvelle répartition des compétences (pouvoirs de décision), des ressources

(humaines et financières) et du patrimoine national entre l'Etat et les collectivités ;

o la mise en place de nouvelles méthodes et règles de relation de partenariat entre les

acteurs appuyant le développement local notamment la coopération décentralisée

(PAVD/Mali, 2004).

Par ailleurs, Chaque collectivité territoriale constituera un espace d'initiatives ; un niveau de

programmation, de réalisation des actions de développement et d'organisation de la gestion et de la

fourniture des services publics essentiels qui fondent le développement (idem).

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Enfin, la décentralisation permet aux collectivités locales de jouir d'une autonomie de gestion pour

certaines formes de fiscalité (vente de timbres communaux par exemple) et la collecte des taxes

communales (Pamphile. S, 2000).

Enjeux socioculturels

La décentralisation offre une possibilité de valorisation et de promotion des valeurs culturelles.

C'est-à-dire qu'elle favorise la promotion des sites touristiques, des traditions, des masques, des

mets traditionnels etc. (Marcel Coffi H. Djihoun, 2007). Ainsi donc, la décentralisation ambitionne

de faire des communes les points d'ancrage culturel du processus de démocratisation et de libre

administration : « l'érection en commune doit remplir avant toute considération, le critère

fondamental de l'adéquation du cadre territorial et humain concerné, qui se traduit par la réunion

de certaines conditions dont la volonté de vivre ensemble, l'existence de liens de solidarité et la

viabilité économique » (PAVD/Mali, 2004).

En outre, elle permet aux diverses initiatives locales de s'exprimer en vue d'un développement local

maîtrisé par les populations elles-mêmes et crée un espace de diversité culturelle (idem). En d'autres

termes, la décentralisation permet un cheminement vers un modèle de société où l'homme pris dans

son contexte de vie de tous les jours est rendu plus responsable et plus impliqué dans l'initiation et

la mise en œuvre des différentes actions devant transformer progressivement ses conditions de vie

(Claude Ouattara).

Par ailleurs, la décentralisation permet une autonomie de gestion des affaires administratives au

niveau de la commune. Celle-ci dispose par exemple d'un service de l'état civil et d'une

comptabilité. (Pamphile S, 2000). Sur ce point, un consensus existe pour reconnaître la proximité

de l'administration comme un des avantages de la décentralisation. En effet, la création de la

commune selon Pamphile, facilite les démarches administratives (obtention de la carte d'identité,

acte de naissance, mariage civil...) pour ses habitants qui ne doivent plus se rendre à la préfecture.

Ceci est d'autant plus important que les gens savent que plus leur localité s'urbanise, plus il devient

nécessaire d'être en règle administrativement.

Toutefois, au-delà de ses nombreux enjeux socioculturels, la décentralisation induit des

changements importants mais paradoxaux dans ses façons de concevoir le développement : la

référence à la collectivité locale devient centrale, mais l'unanimité politique n'est plus une exigence,

elle devient même suspecte. L'apport principal de la décentralisation serait bien de ce point de vue

de prôner un pluralisme des opinions et des visions. La décentralisation force également le débat

sur la chose publique (en particulier le rapport public/privé), car elle permet une organisation au

niveau local de la division du travail entre représentants chargés des intérêts publics et représentés

censés assurer leurs objectifs de production et le paiement de l'impôt (Jacob.J-P, 1998).

Les enjeux du développement local

La littérature sur les enjeux du développement local n'est pas aussi fournie que celle de la

décentralisation ; néanmoins nous retenons quelques écrits d'auteurs. Le développement local est

avant tout un processus endogène s'inscrivant dans un territoire vécu, conduisant à un projet global

de société en articulation avec l'extérieur (Handicap international, 2007). Dans ce sens, Le

développement local doit également être pensé comme une « arène politique » dans le sens où

s'affrontent différents pouvoirs et groupes stratégiques pour l'accès aux ressources et au pouvoir de

contrôle sur la distribution de droits (Olivier de Sardan, 1995). Cela n'a rien d'une évidence tant la

tendance est forte de réduire le développement local à la simple (mais nécessaire) réalisation

massive d'infrastructures socioéconomiques de base (pistes, écoles, centres de santé, puits, forages,

etc.).

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Une autre caractéristique du développement local est que, lorsque la dimension institutionnelle est

présente, elle s'inscrit dans un esprit de pluralisme des formes d'institutions et des acteurs et prône

généralement l'unanimité politique, contrairement à la décentralisation (Marc Totte, 2003).

Par ailleurs, il crée une dynamique interne au sein des populations dans la prise en charge de leurs

propres affaires à travers la création d'une capacité de contrôle des ressources et réalisations locales

et de réaction face aux éléments extérieurs. (PAVD/Mali, 2004). Ce processus de mobilisation et

de changement s'organisent sur des aires géographiques de nature différentes. En outre, le

développement local n'est pas la défense d'un territoire contre les autres territoires ; mais une

démarche solidaire contre toute forme de localisme en mettant toutefois en exergue les avantages

comparatifs dans le but d'une harmonisation et d'une complémentarité entre les zones

géographiques d'un même Etat. Il crée des institutions spécifiques et pousse à la rétention locale

des richesses (idem).

Ainsi de tous ses enjeux, il ressort que le développement local renforce l'identité et la cohésion

socioculturelle, crée des espaces de coopération, de dialogue, de réflexion et de créativité, et

constitue également une alternative aux modèles classiques de développement.

Perceptions de la population des enjeux et des stratégies de la décentralisation et du

développement local Des textes actuellement en discussion dans plusieurs pays africains, les premières réalisations et

les réactions des paysans montrent cependant que les modalités pratiques prévues pour la

décentralisation risquent fort d'aller à l'encontre des objectifs prévus. Leurs inquiétudes portent sur

les points suivants :

La décentralisation est pour le moment décidée au sommet et imposée aux populations.

Définir une réforme du sommet quand on a comme objectif de «mobiliser les populations«, c'est se

moquer du monde ou avouer que la mobilisation ou la participation des populations n'est qu'un

élément décoratif du discours. Quand on connaît par ailleurs la méfiance des populations vis-à-vis

de ce qui vient de l'extérieur, et particulièrement de l'Etat, on ne peut que rester sceptique sur les

chances de réussite. Actuellement pour la majorité des paysans interrogés, la décentralisation va

être une magouille entre les partis, un moyen de prélever davantage d'argent sans qu'on voie les

réalisations. » (D. Gentil et B. Husson, 1996,p3).

En effet, s'il est encore fréquent de rencontrer généralement parmi les couches les plus défavorisées

de la population, des personnes qui n'ont jamais entendu parler de la décentralisation ou qui n'en

connaissent que le nom un nombre non négligeable de personnes au Benin qui sont à même de lui

donner un contenu en ont une compréhension erronée ou confuse (Christophe A, 2006). Le plus

souvent, elles assimilent à la décentralisation les autres aspects de la réforme territoriale et est ainsi

régulièrement confondue avec le découpage territorial (idem).

En outre, l'arrivée de l'Etat au niveau local est ressentie par les populations locales comme une

nouvelle source de contraintes et de dangers. Si aux yeux des populations, la décentralisation n'agit

pas positivement sur leur cadre de vie et de travail, sur leurs revenus, sur leur éducation, sur leur

santé, alors ils jugeront inutile la construction politique de la décentralisation (Sawadogo. R. A,

2003 cité par M. Totte et al, 2003, p96).

La décentralisation étant toujours un phénomène nouveau au Benin, de l'avis de Christophe André,

il est bien malaisé de savoir aujourd'hui ce qu'elle sera concrètement et quelles en seront les

conséquences pratiques pour les populations. Selon lui, si l'on ajoute à cela la mauvaise information

ou l'absence d'information qui règne à son propos au sein de la population, on comprend plus

aisément pourquoi l'attitude des uns et des autres vis-à-vis de la décentralisation, qu'elle soit

positive ou négative, reflète fondamentalement un positionnement par rapport à l'État. L'État reste

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le référent ultime, l'interlocuteur absolu de la population, comme l'illustrent bien ces propos d'une

jeune marchande appréhendée par ce dernier :

"Tout ce que l'État décide est bon. Est- ce que nous pouvons quelque chose contre notre sort ? Le

mieux pour nous maintenant est de regarder faire".

Aussi, pour une certaine catégorie de population, la décentralisation est perçue comme une réforme

de l'État parmi d'autres ; telles que la création des départements et des provinces (Pamphile. S,

2000). Pour la population, l'initiative vient de l'État et c'est lui qui la met en œuvre. Ainsi elle ne

conçoit pas la décentralisation comme un champ politique à investir (idem).

Il est cependant un aspect de la décentralisation qui inquiète fort une frange de la population au

Benin pour qui ce processus ne se résume pas à un mot ; c'est la question des moyens financiers

dont disposeront les communes décentralisées. En effet, bien ou mal comprise, la décentralisation

consiste néanmoins pour les populations locales en un retrait de l'État dont elles craignent qu'il se

transforme en un abandon. Selon ce point de vue, la décentralisation laisserait alors aux seules

nouvelles communes la responsabilité d'assurer le développement local. Or il s'agit là d'une tâche

qui nécessite des moyens financiers non négligeables et à laquelle les populations accordent la plus

grande importance ; leurs attentes dans ce domaine portant prioritairement sur un entretien de

qualité et le développement de l'infrastructure routière ainsi que l'adduction d'eau et l'électrification

(Christophe A, 2006). Dans leur esprit, le développement local constitue déjà à l'heure actuelle la

fonction principale de l'administration locale (après celle de délivrer des documents administratifs)

et ils estiment à ce propos qu'elle l'assume mal ou insuffisamment. Elles redoutent que la

décentralisation ait pour effet d'accentuer cette situation, l'État se désengageant davantage tout en

n'allouant pas plus de moyens financiers aux entités décentralisées (idem).

Aussi de l'avis toujours de Christophe André (2006), ne voyant pas de quelle façon les entités

décentralisées pourraient subvenir à leurs besoins accrus, la population locale redoutent souvent

d'être abandonnées par l'État dont ils attendent toujours l'intervention et craignent que la

décentralisation ne les livre par conséquent à eux-mêmes.

Toutefois, il existe une certaine tranche de la société civile qui reconnait les effets positifs de

l'avènement de l'érection des mairies. Selon Pamphile sebahara (2000), Pour cette dernière, il ya

une facilité des démarches administratives liée à la proximité de la commune et à la disponibilité

de ses agents ainsi que des réalisations du conseil municipal en matière de développement.

Les compétences et les responsabilités des acteurs et l'Etat et la participation de la population au

développement local. Ce dernier chapitre de notre étude se donne pour objectifs d'identifier et d'analyser d'une part les

compétences et les différentes responsabilités qu'occupent les acteurs locaux et l'Etat dans le

processus de décentralisation et d'autre part étudier la participation de la population locale aux

projets et programmes de développement.

Les compétences et les responsabilités des acteurs locaux et L'Etat Il est de plus en plus évident que le développement d'un pays n'est pas l'affaire d'une minorité de

personnes mais de tous les membres de la communauté sans exception. D'où la nécessité de définir

les rôles et les responsabilités de chaque tranche de la communauté pour un développement des

plus harmonieux.

Ainsi pour une meilleure compréhension de ces rôles et responsabilités que jouent ces acteurs

locaux et l'Etat, nécessité s'impose à nous de les définir d'abord sous un angle tel que proposé par

les textes avant de donner les différentes opinions des auteurs sur cette question.

les compétences et les responsabilités des acteurs locaux et L'Etat telles que généralement

définies

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Dans la plupart des pays qui ont adopté la réforme de décentralisation, il est définis des rôles et des

pouvoirs pour chacun des acteurs et ceux à travers des textes bien structurés.

Les compétences et les responsabilités de l'Etat

La fonction de l'Etat est et restera déterminante dans deux domaines essentiels : en matière de

relations extérieures (contrôles des importations, valeur de la monnaie, politique d'ouverture aux

investissements étrangers) comme espace de débat pour fixer les grandes orientations de la

politique économique interne (fiscalité, soutien aux circuits de commercialisation des produits

agricoles, aménagement d'infrastructures...) (D. Gentil et B. Husson, 1996, p5). Ainsi, Les services

déconcentrés de l'État concourent par leur appui à la réalisation des projets de développement

économique, social et culturel des collectivités locales. Les affaires financières sont gérées avec

l'assistance des services déconcentrés de l'État qui sont compétents en la matière : le service de la

perception qui s'occupe des taxes du secteur informel d'une part, et la division fiscale de la province

qui assure la gestion technique du projet de lotissement et la vente de timbres fiscaux d'autre part

(TOD, 2001). Cet exemple illustre le rôle central que jouent les services déconcentrés de l'État dans

l'appui aux nouvelles structures communales.

L'État, à travers le gouvernement et les différents départements ministériels, joue un rôle de premier

plan dans la conception, l'élaboration et la mise en œuvre de la décentralisation à l'échelle nationale.

Le rôle de l'État ne se limite pas à légiférer. Ainsi l'article 126 des TOD cité par Laurent P.J (1995),

stipule que « l'État entretient avec les collectivités locales, dans le domaine de leurs compétences,

des relations contractuelles, d'assistance et de contrôle ». Aussi, le devoir d'assistance de l'État

envers les collectivités locales s'exerce sous forme de subventions, de dotations spéciales, de mise

à la disposition de ressources humaines ou matérielles, d'appui technique et financier (idem).

Le préfet est l'autorité de tutelle la plus proche des communes. Son rôle consiste à déceler les erreurs

sur les budgets et comptes administratifs et ou les irrégularités par rapport aux textes réglementaires

et proposer des corrections au Maire (Fissou K, 2004).

En effet, plusieurs administrations exercent leur tutelle sur les communes. C'est à ce titre que de

nombreux actes de la commune, aussi bien les délibérations du conseil municipal que les arrêtés

des magistrats municipaux subissent un contrôle à priori ou à posteriori. Ainsi, Martin Finken

(1996) dans « Commune et gestion municipale au Cameroun », relève :

o les contrôles exercés par le Ministère chargé des Finances et du Budget sur les finances

communales ;

o les contrôles de l'Administration chargée des forêts sur les initiatives des municipalités

pour se doter d'un patrimoine forestier ;

o les interventions du Ministère chargé de l'Urbanisme et de l'Habitat en matière de

confection et d'application des plans d'urbanisme ;

o les autorisations préalables à obtenir de l'Administration chargée des domaines avant

toute aliénation du domaine privé national et des contrôles exercés par cette même

administration sur l'utilisation du domaine public communale ;

o l'intervention du Ministère chargé de la Justice au moment de la prestation de serment

par les maires et quand il s'agit de parapher et de coter les registres d'Etat civil ;

o la tutelle exercée par le Ministère de l'Administration Territoriale et de la

Décentralisation, forme la plus large et la plus connue.

La nouvelle répartition des responsabilités ne remet aucunement en cause la sécurité ni

l'existence d'un Etat souverain (mission de décentralisation et des réformes institutionnelles

du Mali, 1997). Toutes les compétences qui fondent l'existence de l'Etat sont exclues du

champ des transferts de compétences ; Ces compétences relèvent de la souveraineté de

l'Etat. Ce sont notamment :

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o la mission de défense nationale ;

o la distribution de la justice (législation, organisation des cours et tribunaux, l'unicité de

la jurisprudence) ;

o les relations internationales ;

o l'orientation du développement national (planification, coordination, etc.) (idem).

D'un côté, on demande à l'Etat de se désengager au profit des collectivités locales, et de

l'autre, on lui demande beaucoup d'investissements au profit de ces collectivités afin de leur

assurer une base de départ en termes d'infrastructures administratives et sociales et de

personnel.

Les compétences et les responsabilités du conseil régional

Le conseil régional est constitué de conseillers régionaux issus des conseils municipaux. Cette

assemblée se réunit pour examiner et adopter les activités de développement de la région (TOD,

2001). A ce titre, il doit :

o définir les orientations en matière de développement de la région conformément aux

grandes orientations nationales ;

o élaborer et adopter le plan régional de développement, contrôler son exécution et en

assurer l'évaluation périodique ;

o mobiliser les ressources financières internes et externes.

Les compétences et les responsabilités des conseils provinciaux

Selon les TOD (2001), les conseils provinciaux délibèrent sur toutes les questions intéressant la vie

des provinces.

Il s'agit comme on le voit d'une vaste compétence de principe.

Les affaires locales que les collectivités décentralisées doivent gérer ont un contenu indéterminé.

A côté de cette compétence de principe les conseils provinciaux délibèrent sur :

o les comptes administratifs et de gestion ;

o les taxes et redevances perçues directement au profit de la province;

o les acquisitions, les aliénations ou les échanges de biens mobiliers ou immobiliers

de la province;

o l'acceptation ou le refus de dons et legs d'organismes étrangers (Moussa Ka, 2009).

les compétences et les responsabilités des élus

Pour les partenaires de l'association monde rural (AMR), les rôles de l'élu sont entre autres un

décider, un mobiliser, un communiquer sur un pouvoir législatif et de contrôle (Sidwaya n°6648 du

09/04/2010).

En effet ; le maire est responsable sous le contrôle du conseil municipal, de l'exercice des

compétences attribuées à la commune. Il est ordonnateur du budget communal, officier d'état civil,

représentant de la commune dans les conseils, commissions et organismes dans lesquels cette

représentation est prévue par les lois et règlements (TOD, art. 118 à 127). Il est aussi le représentant

de l'État dans la commune (idem, art. 122). Autrement dit, il est le chef de l'administration

communale (idem, art. 143). En d'autres termes, le maire est l'organe exécutif de la commune et le

conseil municipal en est l'organe délibérant (TOD, art. 80).3 Toutefois, le conseil municipal est

composé de l'ensemble des conseillers. Il est présidé par le maire. Le bureau communal comprend

le maire, les deux adjoints au maire et les présidents des commissions permanentes. Ces

commissions sont dirigées par des présidents qui rendent compte au maire. Le maire et ses adjoints

ne peuvent pas présider par ses commissions.

Le conseil municipal a la responsabilité de :

o définir des grandes voies en matière de développement de la commune,

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o élaborer et adopter le plan communal de développement, contrôler son exécution et en

assurer l'évaluation périodique,

o mobiliser les ressources financières internes et externes,

o assurer l'exécution par priorité des activités de développement.

Pour assurer cette responsabilité au niveau village, le conseil municipal s'appuie sur les CVD qui

sont les structures chargées de l'animation du développement sous son contrôle.

Par ailleurs, il est consulté sur toutes les décisions à prendre par d'autres organes et autorités sur

des questions intéressant la commune ou engageant sa responsabilité. Il contrôle aussi l'action du

maire. Le conseil municipal se réunit en session ordinaire sur convocation du maire et ses séances

sont publiques. Il peut toutefois se réunir en session extraordinaire ou siéger à huis clos sur tout ou

une partie de son ordre du jour. De cette description du cadre juridique régissant les élus locaux,

apparaît leur double mission : celle de représenter la population qui les a élus et de gérer les affaires

communales d'une part, et celle de représenter l'État en tant que garant de l'intérêt général ou public

d'autre part. Ainsi jouissent-ils des compétences essentielles pour l'amélioration des conditions de

vie des habitants de leur commune (TOD, 2001).

Eu égard à ce qui précède, les élus communaux ont un double défi à relever. Ils doivent d'une part,

mettre en place des structures de base pour le fonctionnement de leur commune, et d'autre part faire

preuve d'efficacité afin de gagner non seulement l'adhésion de la population mais aussi la crédibilité

et les compétences nécessaires pour assumer leurs attributions. Les élus locaux, en particulier le

maire, doivent investir beaucoup de temps dans l'élaboration des projets de demande de

financement à soumettre aux agences d'aide ou à participer aux réunions avec celles qui ont des

projets sur le territoire de sa commune (Pamphile. S, 1995).

Toutefois, la décentralisation ne doit pas être une occasion de transfert de l'inefficacité du niveau

central au niveau local. Le rôle que peuvent efficacement jouer les municipalités en matière

économique est essentiellement d'ordre organisationnel ; afin de mettre à la disposition des

opérateurs locaux un environnement favorable à leurs activités, les municipalités ont pour charge :

o l'amélioration des infrastructures (voies de circulation) et des équipements de

soutien à la production (gares routières, abattoirs, entrepôts frigorifiques, halles et marché, zones

d'activités artisanales, etc.).

o la sécurisation de l'environnement général de la micro entreprise en matière de

règlementation des activités économiques, de fiscalités et surtout d'occupation de l'espace (sécurité

alimentaire). (PAVD/Mali, 2004).

Au-delà de ces types d'intervention génératrices de recettes pour les municipalités, celles-ci peuvent

jouer un rôle d'intermédiation et de structures d'appui capable d'accompagner et de soutenir les

initiatives locales de développement : aides à la création d'entreprises, formulation de projets, aide

dans la recherche de financement, fournir une formation et une éducation fonctionnelle centrée sur

la société et l'économie, ses rouages et son fonctionnement etc.

En outre, les municipalités sont par les commandes publiques qu'elles lancent, un agent de

développement non négligeable de l'économie locale. Elles peuvent également offrir un cadre de

négociation à tous les acteurs de la vie économique locale (entreprises modernes, chambre de

commerce et d'industrie, chambre des métiers, etc.). La commune doit produire des services publics

qui s'inscrivent dans ses champs de compétences. Elle peut le faire directement ou le confier à un

opérateur sous sa responsabilité (PAVD/Mali, 2004).

Les compétences et les responsabilités de la société civile

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La société civile est non seulement un lieu où s'expriment des solidarités multiples mais aussi un

espace où peuvent survenir la concurrence et les conflits entre les acteurs. Ainsi reconnaître et

entretenir les potentialités des organisations de la société civile tout en faisant preuve de sélectivité

parmi celles-ci, constitue un défi majeur auquel sont confrontées les agences de coopération qui

interviennent dans le développement local (Pamphile. S, 1995).

Le rôle de la société civile consistera toutefois, à contrôler l'action publique des élus, à exercer une

influence sur les actions des autorités locales, à améliorer l'offre des services aux citoyens etc. Par

ailleurs, les collectivités villageoises prennent de plus en plus conscience de la nécessité de

s'impliquer dans le développement du pays (Sansan Lucien Kambire, p14). Les nombreuses

associations pour la plupart «de développement« suscitent la participation populaire aux activités

de développement aux côtés des collectivités locales. Les autorités locales font de ces associations

de développement donc des partenaires privilégiés chaque fois qu'il s'agit de promouvoir les actions

de développement : créations d'écoles, de dispensaires, construction de puits, de retenues d'eau ...

(idem)

Toutefois, les organisations non gouvernementales eux aussi ne sont pas en reste. Elles apportent

une contribution appréciable au développement socio- économique des collectivités locales. Les

autorités locales comptent de plus en plus avec elles. Les ONG de leur côté acceptent de plus en

plus être membre des cadres de concertations, des partenaires de développement au niveau

provincial, départemental et villageois (Sansan Lucien Kambire, p14).

Les organisations traditionnelles sont des organisations de jeunes, de femmes ou d'anciens qui

fonctionnent sur la base du consensus. Ces organisations constituent ainsi un cadre de mobilisation

des communautés villageoises ; car, avec beaucoup de doigté, les autorités locales peuvent les

amener à jouer un rôle important dans la sensibilisation pour des actions de développement (idem).

Les attributs de la CVGT (Comités Villageois de Gestion des terroirs)

Les attributs de la CVGT avaient été à l'ordre du jour lors du séminaire de formation sur la démarche

et les méthodes du développement local, organisé par le PNGT II. En effet la CVGT est l'organe

qui fait le lien entre le village et tous les intervenants extérieurs en matière de gestion des terroirs

et aménagement du territoire. Elle participe à la définition du schéma directeur d'aménagement du

terroir villageois, contribue à la mise en œuvre du schéma d'aménagement (ou plan d'aménagement)

et exécute l'ensemble des contrats concourant à la matérialisation du plan, attribue et retire les terres

du village selon les principes d'utilisation rationnelle des terres, règle les litiges résultant de

l'exploitation des terres du village, veille au respect des principes directeurs de la gestion du terroir

et enfin rend compte régulièrement aux instances du village ou toute autre instance supérieure de

l'exécution des tâches confiées à la commission et tout problème dépassant ses compétences.

Les compétences et les responsabilités de la population

En effet, la démocratie étant « le pouvoir pour le peuple et par le peuple » rend obligatoire la

participation et le contrôle permanent des actes des décideurs par les citoyens. Il est important de

souligner que le législateur a mis en place des mécanismes de participation et d'information des

populations. Les textes prévoient effectivement, les possibilités de participation et d'information

des citoyens sur la conduite des affaires locales. Ils peuvent :

o faire au Président du conseil régional, au Maire ou au Président du conseil rural toutes

propositions relatives à l'impulsion du développement économique et social et à

l'amélioration du fonctionnement des institutions ;

o demander à ses frais, la communication des procès-verbaux du conseil régional, du

conseil municipal ou du conseil rural ;

o assister aux réunions des conseils : les séances sont en principe publiques ;

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o demander au gouverneur, préfet ou sous-préfet d'exercer son contrôle de légalité sur

les actes des autorités locales sans préjudice du recours direct dont ils disposent. (Moussa

K, 2009).

Si ces textes permettent la règlementation du processus de décentralisation, il va sans dire qu'ils

rencontrent des difficultés dans leur application.

Appréciations des compétences et responsabilités des acteurs locaux et de l'Etat En effet, l'État central réglemente l'action de ses services déconcentrés ; mais en ce qui concerne

les réalisations concrètes en matière d'appui à la décentralisation et au développement local, l'action

de l'État central apparaît limitée par deux principaux handicaps. Primo, le problème des ressources

humaines et financières ; secundo, l'État doit gérer des demandes qui semblent a priori

contradictoires (Laurent P.J, 1995).

Dans le processus de décentralisation en Guinée par exemple, le pouvoir central a attribué des

pouvoirs de délibération et d'exécution aux collectivités rurales décentralisées ; toutefois, la portée

et les principes de cette délégation de compétences restent définis et contrôlés par l'État central

(Christiane Loquai et al, document de réflexion ECPDM n°32).

En outre, au regard des textes règlementaires, il apparaît clairement que ces structures de

l'Administration Territoriale pèsent de tout leur poids dans le fonctionnement des communes parce

que bénéficiant d'un pouvoir de sanction et d'aliénation du domaine privé national et des contrôles

exercés par cette même administration sur l'utilisation du domaine public communale (Mengue

Nkili Pauline, 2004). Le processus de décentralisation ne doit donc pas être perçu comme un

engagement incontrôlé de l'Etat, mais bien d'une nouvelle répartition des pouvoirs liés à des

objectifs de démocratie et de développement (mission de décentralisation et des réformes

institutionnelles du Mali, 1997).

En ce qui concerne les élus communaux, ceux-ci rencontrent beaucoup de difficultés dans l'exercice

de leurs missions ; ce qui réduit leur champs de responsabilités (Pamphile. S, 2000). L'une des

obstacles est par exemple l'insuffisance voire l'absence de ressources financières et humaines (peu

de techniciens au service des élus, qualification très faible de certains membres du conseil

municipal etc.). Un autre handicap dans l'exercice de leurs missions est lié au statut de bénévolat

de leurs fonctions. En d'autres termes, les élus municipaux ne peuvent pas se consacrer à temps

plein à leurs mandats parce qu'ils poursuivent leurs activités professionnelles d'avant les élections.

Même si « les employeurs sont tenus au vu de la convocation régulière, de libérer leurs salariés

membres du conseil municipal, le temps nécessaire pour participer aux sessions du conseil ou aux

réunions des commissions, cela pose quelques difficultés ; car les communes ne disposent pas

encore du personnel qualifié » (idem). En principe, l'administration municipale devrait jouer un

rôle important pour aider le maire à préparer et à mettre en œuvre les décisions pertinentes et les

interventions concrètes du conseil. Toutefois, dans la pratique, peu nombreuses sont les

municipalités en Guinée qui disposent des ressources financières suffisantes ou des compétences

en termes de lobbying pour pourvoir aux postes correspondants des divisions techniques et

socioculturelles. Elles doivent faire face à une situation paradoxale. De nombreux postes techniques

sont vacants ou occupés par des personnes dépourvues des qualifications appropriées.

Simultanément, les municipalités doivent conserver un nombre disproportionné d'effectifs sous-

qualifiés provenant des anciens services des sous-préfectures urbaines qui viennent maintenant

gonfler les charges salariales des municipalités (Commission européenne, 1997, p. 15).

En effet, le terme de « société civile » est souvent utilisé de façon polysémique par les acteurs de

la coopération internationale. En effet, toutes les composantes de la société civile ne jouent pas un

rôle d'acteurs du développement (au sens moderne du terme), ni ne reflètent une vie associative

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véritable. Certaines d'entre elles manquent en effet d'objectifs clairs. Elles sont généralement peu

structurées et reposent souvent sur des individualités fortes (Pamphile. S, 2000).

La population locale a un pouvoir de contrôle sur les actions des autorités locales ; c'est ce qui

ressort des textes. Mais dans la pratique, Il apparaît sur la base d'entretiens menées, que l'inefficacité

des mécanismes de sanction et notamment de recours judiciaire constitue un facteur limitant

strictement le contrôle des populations locales et leur pouvoir de sanction à l'égard de leurs

représentants municipaux (Christiane Loquai et al, document de réflexion ECDPM n°32).

Même si les «acteurs décentralisés« peuvent être limités dans leurs capacités technique,

professionnelle et organisationnelle, ils peuvent aussi les développer et les renforcer par le biais

des actions qu'ils mettent en œuvre (FED, 1996). A ce titre, la responsabilité des acteurs locaux

aux diverses étapes du processus suppose qu'ils puissent y prendre part de manière active, maîtriser

la problématique de développement de leurs localités et prendre des décisions en connaissance de

cause. Il est aujourd'hui communément admis que la participation des acteurs à la base est une

condition essentielle pour le développement durable. Ces énergies et ces ressources humaines

existent et ne demandent qu'à participer au développement des communes (idem).

Tout laisse à penser donc que l'Etat continue d'exercer une large tutelle sur les communes ; ce qui

va à l'encontre des objectifs de la décentralisation qui se veut être un transfert d'une grande partie

de ses compétences aux collectivités territoriales. Cela ne serait-elle pas l'une des causes de la

problématique de la participation de la population locale aux travaux de construction de leur localité

?

La participation des populations aux projets et programmes de développement Meister (1971) cité par Moussa Ka(2009), définit la participation comme " une organisation

volontaire de deux ou plusieurs individus dans une activité commune dont ils n'entendent pas

uniquement tirer les bénéfices personnels et immédiats".

En effet, la mise en œuvre d'une politique de développement qui répond aux aspirations légitimes

et naturelles des millions d'hommes et de femmes en lutte perpétuelle pour leur survie ne peut se

faire que dans le contexte de décentralisation qui constitue l'option privilégiée pour la promotion

de développement local. La viabilité des communes étant une condition pour l'efficacité de cette

décentralisation, la participation de tous les acteurs devient donc une préoccupation majeure et

permanente pour les tenants de cette nouvelle approche de développement local.

Le caractère dynamique de la participation

La participation ne se construit pas à travers un état statique. Elle évolue en fonction de la

configuration du système d'acteurs en présence et aussi de la redistribution des responsabilités

assignées à chacun des acteurs présents ( Zongo B, 2005). Tout se passe donc en réalité comme s'il

existait une négociation permanente pour le partage des responsabilités entre les parties prenantes.

L'usage du concept de la participation a connu une réelle évolution depuis les années 1950.

Cependant, à travers la définition retenue, il apparaît que la participation revêt un caractère

dynamique dû au fait qu'elle s'installe dans une situation donnée dans laquelle il est possible

d'identifier les acteurs en présence et leurs caractéristiques intrinsèques.

Les modèles de participation

Pour analyser le caractère dynamique de la participation, nous nous interrogeons au préalable sur

les modèles de participation. A ce propos, Ramos et Roman (Ramos exaltacion et Ma AA, Roman,

pp 101-122), nous proposent un modèle constitué de trois étapes : Les intrants, la phase de

conversation, et les extrants. Les intrants représentent tous les éléments (ce sont les Connaissances

théoriques et pratiques, contribution physique et financière, main d'œuvre, etc.) qui sont apportés

par les autorités locales et la population locale en vue de la production d'un service. La phase de

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conversation représente l'apprentissage du travail d'équipe (échange des contributions respectives)

entre les autorités locales et la population locale. Les extrants concernent les résultats, le fruit de

l'association des éléments constituant les intrants.

Ainsi une collectivité locale est habituée à une forme de réception passive des services pour sa

population, l'adoption d'une démarche de participation exigera une période d'apprentissage,

d'assimilation et d'adaptation. Au cours de cette phase, la mise en place d'une structure de

coordination s'avère nécessaire pour la collecte des demandes populaires, l'analyse et le traitement

de l'information, et la combinaison des intrants pour solutionner les problèmes posés. Le

fonctionnement d'une telle instance devrait en principe être assuré à la fois par quelques

représentants du côté des autorités locales et ceux du côté de la population locales. Or, ce ne sont

en général que les représentants du côté des autorités locales qui s'en occupent (idem). Dans un tel

cas de figure, on pourrait se demander jusqu'à quel point la population locale est-elle disposée à

faire de l'autorité un partenaire ?

Comment cette population pourrait-elle acquérir une parcelle de pouvoir vis-à-vis de l'autorité

public ? Seules les revendications de la part des populations pourraient lui permettre d'être élevé

au rang de partenaire, donc d'acquérir un pouvoir de négociation et d'action par rapport à l'autorité

public (Hardoy jorge E et satterwaite David, 1993, pp 111-159).

Au final, on peut retenir que la phase de conversation constitue le point névralgique de l'interaction

entre l'autorité public et la communauté locale. Cette interaction se focalise souvent autour des

revendications et des pressions (les demandes) effectuées par la population qui en définitive, influe

sur l'attitude (l'offre) de l'autorité publique.

« L'offre » de participation de l'autorité locale

De la littérature, il ressort que trois éléments déterminants caractérisent l'offre de participation de

l'autorité locale. Ce sont :

- l'ouverture institutionnelle ;

- le désir de collaborer ;

- l'appui conseil à l'organisation des communautés.

L'ouverture institutionnelle

L'objectif majeur de cette ouverture est d'intégrer la population particulièrement les plus pauvres,

dans le processus de prise de décision. « A democratic process in which people, particularly the

weak and the poor, are not passive receivers of a development project at the end of a top-down

approach, but are requested to identify their livelihood with the help of the financial, technical, and

human resources offered by the development project, as well as their own» (Satterwaite. David,

2003, pp 15-45).

Cette ouverture caractérise alors des modifications ou des évolutions institutionnelles opérées par

l'autorité locale au fur et à mesure que se développe et se renforce le partenariat avec les différentes

communautés. Autrement dit, c'est aller à la recherche d'un consensus dans le partage du pouvoir

(de décision) car, plus ces deux groupes d'acteurs interagissent, plus le partage du pouvoir devient

un enjeu.

Le désir de collaborer

Les autorités publiques semblent avoir une vision critique des attitudes de la population locale et

aussi de leur cadre de vie. Ainsi, ces lieux sont perçus comme « des nids de marginaux incapables

et sans volonté de payer pour les services et qui sont à la fois victimes et responsables des piètres

conditions dans lesquelles ils vivent. » (Campbell T, 1987, 186-192).

Cette vision ironique de Campbell illustre bien la conception négative et réductrice de la population

locale parfois développée par les autorités publiques. Toutefois, il peut arriver que ces dernières

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écartent l'idée de toute collaboration car pensant être les mieux placés pour trouver des solutions

aux problèmes de cette population. Dans une telle situation, la participation est alors perçue comme

un facteur de ralentissement et d'alourdissement des mécanismes de prise de décision et de

l'efficacité des services publics.

Pourtant, le processus de la participation communautaire commande une autre approche de la

perception des problèmes du milieu communautaire par l'autorité publique. Jean Pierre Elong

Mbassi (2001), en appelle alors à une nouvelle vision car, « Les solutions les plus novatrices et les

plus efficaces émergent en partant de ce que veulent les gens eux-mêmes.»4 Effectivement,

contrairement aux idées reçues, la population locale dispose d'une très bonne connaissance

physique et sociale de son cadre de vie. Ce capital de savoir mieux exploité, peut être mis au service

des collectes de données, de la mobilisation des ressources locales, etc. De plus, il est aujourd'hui

admis que les populations locales ont le droit de se prononcer sur toutes les questions

d'aménagement qui modifient l'environnement de leur cadre de vie. En leur reconnaissant ce droit

et en impliquant les membres des communautés dans le processus de planification, l'autorité locale

pourrait ainsi poser les jalons d'une collaboration fructueuse pouvant conduire à de meilleurs

résultats dans le processus de la participation.

L'appui conseil à l'organisation des communautés

Il a été établi précédemment que pour rentrer dans une dynamique d'interaction avec l'autorité

publique, la population locale est mise en demeure de s'organiser. Or le manque de ressources, de

temps et surtout le manque de formation sont autant d'obstacles qui entravent la capacité

d'organisation de cette population. Par la suite, l'autorité publique se doit de lui apporter une

assistance particulière pour une meilleure interaction entre ces deux acteurs dans le processus de la

participation.

« La demande » de participation de la population locale

Pour caractériser la demande de participation de la population locale, Bernard zongo (2005) cite

les points suivants qui sont en général évoqués dans la littérature spécifique au concept de la

participation. Il s'agit :

- de la prise de conscience de la population ;

- du degré d'organisation de la population ;

- du leadership ;

- et enfin du désir de collaborer avec les autorités locales.

La prise de conscience Elle renvoie à la perception que la population pourrait avoir de son environnement. Ainsi, la

perception des problèmes par la population est fonction de son histoire, de ses conditions de vie

socio-économiques, etc. (Jean François Tremblay, 1994). Il devient alors difficile d'apprécier le

degré de prise de conscience d'une population puisque d'une communauté à une autre, la nature des

besoins change.

Une communauté donnée pourrait donc avoir sa propre logique de perception des problèmes

différente de celle de l'œil extérieur. Toutefois, en raison de l'existence de besoins universels au

sein de toute communauté (PNUD, 1994), il est fort possible d'aborder la prise de conscience au

sein de la population. Echanger avec les autorités locales nécessitera alors de la part de la population

une forte capacité de perception de sa propre réalité en vue de la transformer grâce au processus de

planification. Par la suite, elle peut être en mesure d'identifier ses besoins (problèmes), leurs causes

directes ou indirectes et les conséquences si toutefois ces besoins ne sont pas satisfaits ou résolus.

La population peut en outre faire appel à sa conscience pour apprécier et juger les solutions qui lui

sont proposées par les autorités publiques locales. Dès lors, la prise de conscience devient un

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vecteur de mobilisation utilisé par les membres d'une communauté pour prendre part au processus

de participation.

Le degré d'organisation

L'hétérogénéité de la population, la pauvreté, les subordinations politiques, les disparités de

revenus, etc. compliquent souvent l'émergence de la solidarité au sens large dans une communauté

(Nawani, 1984 cité par Moser, 1989). Pourtant, pour rentrer en interaction avec l'autorité publique,

la population doit faire montre d'une certaine forme de cohésion sociale. Par la suite, l'union et

l'organisation leur sont s'imposées comme une nécessité pour s'ériger en partenaires et faire valoir

leurs revendications au moment de l'action.

Le leadership communautaire

Dans toute communauté, il existe des leaders qui sont considérés comme des représentants de la

communauté par les acteurs extérieurs. Ces leaders peuvent émerger à plusieurs sources de

légitimité. En Afrique, « Aux cotés des leaders de l'Etat moderne, d'autres acteurs émanent d'autres

sources de légitimité, émergent et obtiennent une forte adhésion des populations locales. Il s'agit

des détenteurs de la légitimité coutumière (et religieuse) et ceux ayant la légitimité d'action (les

diverses organisations de la société civile : association, ONG, etc.). » (Jean pierre Elong Mbassi J

P cite par Nach Mback. C, 2003).

Par ailleurs, la coexistence de ces divers leaders pose la question de leur mode d'émergence. En

effet, le processus d'émergence des leaders n'est pas le même selon que l'on se positionne du côté

de l'autorité publique ou du côté de la population. Les critères d'émergence n'étant pas les mêmes.

Au demeurant, plus la communauté se reconnaîtra dans ses leaders, plus elle sera disposée à prendre

part à la mobilisation populaire. En d'autre terme, l'existence d'un leadership actif, dynamique et

surtout reconnu au sein de la communauté détermine l'engagement de cette dernière dans le

processus de participation. Et l'inverse aussi pourrait se justifier : la participation peut conduire à

l'émergence de nouveaux leaders plus représentatifs au sein de la communauté.

Le désir de collaborer avec les autorités locales

Pour la population, s'associer avec les autorités locales dans une démarche commune de production

n'est pas toujours une évidence (Zongo. B, 2005). Une certaine forme de réticence existe au sein de

la population. Le taux élevé d'illettrisme, l'expérience historique malheureuse avec les pouvoirs

publics et les normes socioculturelles en Guinée par exemple, constituent autant d'obstacles à la

participation populaire (Christiane Loquai et al, document de réflexion ECDPM n°32).

En général, les mauvaises expériences du passé sont toujours évoquées pour justifier le déni de

confiance à l'endroit des autorités locales. Aussi, l'insuffisance de communication entre ces

dernières et la population, la corruption et la pléiade de promesses électorales non tenues

contribuent à générer une méfiance croissante à l'égard des autorités publiques. Gagner le défi du

processus de participation, nécessite peut être donc l'établissement de nouveaux rapports de

confiance, de nouvelles règles de jeu faciles à comprendre et à respecter surtout par la population.

Au final, grâce aux revues savantes consultées, nous avons pu retenir les éléments d'analyse qui

permettent de mieux cerner les logiques propres à chaque acteur qui cherche à avoir le contrôle sur

les ressources et les institutions de contrôle du processus de participation. Ainsi, pour l'autorité

publique, ces éléments d'analyse sont : l'ouverture institutionnelle, le désir de collaborer, et l'appui

conseil à l'organisation. Du côté de la population locale, il s'agit de la prise de conscience, du désir

de collaborer, de la capacité d'organisation, et enfin le leadership.

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La décentralisation au Cameroun

L’histoire de la décentralisation au Cameroun est antérieure à l’indépendance du pays. On peut

rappeler à cet effet que c’est en 1941 que furent créées les Communes de Yaoundé et de Douala.

Depuis ces années, la pratique de la décentralisation n’a cessé d’évoluer au Cameroun à travers

l’avènement de la mise en place d’autres communes. Toutefois, c’est surtout la loi N°96/06 du 18

janvier 1996 portant révision de la constitution du 02 Juin 1972 qui a donné une impulsion nouvelle

et un rôle accru et déterminant à la décentralisation pour améliorer et dynamiser le développement

politique, social et économique du Cameroun.

Indicateur du niveau d’enracinement de la culture démocratique du pays, la décentralisation rend

effective la participation des citoyens à la gestion des affaires locales. Elle est porteuse de

réels espoirs d’un développement durable. Au Cameroun, le processus de décentralisation est en

cours et avance sereinement.

L’histoire de la décentralisation au Cameroun est antérieure à l’indépendance du pays. On peut

rappeler à cet effet que c’est en 1941 que furent créées les Communes de Yaoundé et de Douala.

Depuis ces années, la pratique de la décentralisation n’a cessé d’évoluer au Cameroun à travers

l’avènement de la mise en place d’autres communes. Toutefois, c’est surtout la loi N°96/06 du 18

janvier 1996 portant révision de la constitution du 02 Juin 1972 qui a donné une impulsion nouvelle

et un rôle accru et déterminant à la décentralisation pour améliorer et dynamiser le développement

politique, social et économique du Cameroun.

En effet, le titre 10 de cette loi traite des collectivités territoriales décentralisées de la République,

il s’agit des régions et des communes. Si en 1996, l’institution communale était en soi une réalité

bien connue autant par les aînés que par la jeune génération, Il n’en était pas de même pour les

régions qui renvoyaient certes à une réalité administrative tout aussi connue à savoir la Province,

mais déjà, le terme région que l’on découvrait à cette occasion apportait des éléments novateurs

que la loi elle-même allait se charger de décliner pour une meilleure compréhension des enjeux de

la décentralisation.

En effet, l’enjeu majeur de la décentralisation est de promouvoir le développement durable en

impliquant les populations de la base à la gestion de leurs affaires. Il s’agit d’aller bien au-delà de

ce que l’institution communale permettait de faire jusque-là. Et oser franchir le pas décisif d’une

grande responsabilisation des populations. Une incitation à prendre des initiatives au plan local et

de s’investir dans la recherche des solutions idoines aux problèmes locaux.

Donner un contenu concret à la gestion de proximité et une réelle autonomie à ces entités, en

reconnaissant à la base le pouvoir de partager l’initiative des projets et des décisions engeant la

vie de la localité et cette de la nation, au final.

La loi définit et codifie le cadre d’existence et de fonctionnement optimal de cette autonomie. Ainsi,

en tant que personnes morales de droit public, les collectivités locales décentralisées jouissent de

l’autonomie administrative et financière pour la gestion des intérêts régionaux et locaux. La loi

affirme que les collectivités territoriales décentralisées sont librement administrées par les conseils

élus qui ont pour mission de promouvoir le développement économique, social, sanitaire, éducatif,

culturel et sportif de ces collectivités. Par de la cette autonomie reconnue, le Cameroun demeure

un état unitaire décentralisé. La constitution précise que l’Etat assure la tutelle sur les collectivités

territoriales décentralisées et veille à leur développement harmonieux sur la base de la solidarité

nationale, des potentialités régionales et de l’équilibre inter-régional.

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Proclamée par la loi constitutionnelle du 18 Juin 1996, la décentralisation annoncée restait à rendre

opérationnelle en l’inscrivant dans un processus de mise en œuvre bien maîtrisé et judicieusement

encadré par la loi et les textes réglementaires subséquents et veiller parallèlement au renforcement

des capacités des acteurs impliqués à l’application concret de cette décentralisation.

Le cadre juridique évoqué ci-dessus appelait de toute évidence la mise en cohérence de toute la

législation existante en matière d’organisation et de fonctionnement de l’institution communale et

les régions pour les adapter au contexte nouveau créé par l’avènement de la décentralisation. Sur

le sujet tout un arsenal législatif et réglementaire était en vigueur, notamment :

La constitution du 02 Juin 1972.

La loi N°74/23 du 058 Décembre 1974 portant sur l'organisation communale et ses divers

modificatifs subséquents.

La loi ou 87/015 du 15 Juillet 1987 portant sur la création des Communautés Urbaines.

La loi N°92/002 du 14 Août 1992 fixant les conditions d’élection des conseillers

municipaux.

Le Décret N°77/91 du 25 Mars 1977 déterminant les pouvoirs de tutelle sur les communes,

les syndicats de communes et établissements communaux, plus l’ensemble de ses

modificatifs subséquents.

Le Décret N°77/85 du 07 Mai 1996 modifiant certaines dispositions du décret N°77/85 du

22 Mars 1977 fixant les modalités de fonctionnement et de gestion du FEICOM plus

l’ensemble de ses modificatifs.

Le mouvement associatif communal est animé par deux organisations :

L’Association des Communes et Villes du Cameroun (ACVC)

L’union des Communes et Villes du Cameroun (UCVC)

De même, le Fond d’Equipement et d’Intervention Inter – Communal (FEICOM) restructuré en

2006 et le Centre de Formation pour l’Administration Municipale (CFAM) sont les deux

principales structures d’encadrement des communes.

Les lois de Décentralisation

A la suite de la loi N°96/06 du 18 Janvier 1996 portant révision de la Constitution du 02 Juin 1972

en son titre 10 traitant des collectivités locales décentralisées, un nouveau dispositif législatif est

entré en vigueur.

Il abroge certaines dispositions de loi N°74/23 du 05 Décembre 1974 portant sur

l'organisation communale et celle du 15 Juillet 1987 portant sur la création des Communautés

Urbaines. Un ensemble de trois textes législatifs constitue l’essentiel du nouveau dispositif, à

savoir une loi dite d’orientation de la décentralisation (Loi N°2004/017 du 22 Juillet 2004) fixant

les règles générales applicables en matière de décentralisation territoriale.

Cette loi définit la décentralisation comme un transfert par l’Etat aux collectivités territoriales

décentralisées de compétences particulières et de moyens appropriés. Pour le Législateur

Camerounais, la décentralisation constitue l’axe fondamental de promotion du développement, de

la démocratie et de la bonne gouvernance au niveau local. Très important à relever, les collectivités

territoriales décentralisées exercent leurs activités dans le respect de l’Unité Nationale, de

l’intégrité du territoire et de la primauté de l’Etat. Ces précisions du législateur sont des données

fondamentales dans le contexte de notre pays, ou la tentation scissionniste s’est parfois manifestée

d’une manière plus au moins sérieuse.

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Votés en 2004, ces textes très attendus sont venus combler la soif de précision, de lisibilité et de

visibilité qui voilait jusque-là les contours encore imprécis du processus de décentralisation

annoncé avec force par le texte constitutionnel du 18 Janvier 1996.

Ce cadrage législatif rendu disponible permet désormais de lire l’ensemble du processus de

décentralisation dans ses détails et donne la possibilité de procéder de manière rigoureuse et

méthodique à la mise en place des diverses structures et de pouvoir en temps opportun l’ensemble

des maillions des éléments indispensables à un fonctionnement optimal de cette délicate machine.

Il va sans dire que pareille manœuvre exige pas mal d’habilité. Une réelle dextérité. Une véritable

vision politique pour prévenir les erreurs d’appréciation souvent porteuses de lourdes conséquences

au plan des intérêts immédiats des citoyens et la stabilité de l’Etat.

Il faut donc préparer mûrement les citoyens à assumer efficacement les responsabilités nouvelles

et accrues que leur impose le transfert des compétences, inscrit en lettres capitales dans le

processus de décentralisation.

Partage du pouvoir au cœur de l'état unitaire décentralisé

Le nouveau contexte met en scène des acteurs nouveaux, mais appelés à prendre des initiatives

cruciales dans la gestion des affaires locales. Et ce dans les divers domaines où des compétences

leur sont dévolues précisément, au plan économique, social, sanitaire, éducatif, culturel et sportif.

D’où les efforts de vulgarisation des textes fondateurs de la décentralisation, pour promouvoir leur

appropriation optimale par les différents acteurs sociaux à travers de nombreux séminaires

et ateliers de renforcement des capacités pour permettre aux élus locaux de maîtriser leur rôle afin

de faire des municipalités des centres d’application de la bonne gouvernance, et des conseils

municipaux, d’authentiques écoles de démocratie. Le législateur affirme à ce propos que la

Commune est la collectivité territoriale décentralisée de base. Notons a cet effet que la robustesse

de tout édifice dépend de la solidité de ses fondations qui constituent sa base. C’est à dire

l’importance des municipalités dans la réussite du processus de décentralisation au Cameroun. La

bonne santé des régions sera à coup sûr tributaire des belles performances des municipalités qui en

constituent le socle. De la santé physique et mentale des élus locaux dépendra aussi certainement

la qualité des conseillers régionaux dont ils constituent le collège électoral.

L’un des atouts essentiels du processus en cours est de répondre à un besoin essentiel sans cesse

exprimé par la population de la base de participer à la prise de décision et à la gestion des affaires

qui les concernent. Ceci explique toute l’attention portée au suivi des activités des élus locaux dans

l’exercice de leurs fonctions où le moindre écart ne leur est point pardonné.

Bien au contraire, on a pu le vérifier au cours des derniers mois. En effet, de nombreux élus locaux

convaincus de malversations financières, d’abus de biens sociaux, d’atteinte à la fortune publique

et de délits similaires ont dû prendre la fuite ( c'est le cas du Maire de la Commune Urbaine

d’arrondissement de Yaoundé VI ) et dans tous les cas ils subissent le déshonneur de leur

déchéance prononcée par la plus haute autorité du pays nonobstant les poursuites judiciaires

encourues (c'est le cas du Maire de la Commune d’Eyumojock et celui de son collègue de la

Commune de Ndom). Est- il meilleure illustration du souci permanent de s’assurer que les

Communes, ces laboratoires de la décentralisation, demeurent le reflet des espoirs que la société

fonde pour impulser le développement local.

Si l ‘échéancier politique national ne subit pas de modification, l’année 2007 devrait être une année

électorale. Le mandat des députés à l’assemblée Nationale élus en Juin 2002 arrive à son terme

en Juin 2007, celui des conseillers municipaux élus à la même date arrive également à terme.

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Si le processus de décentralisation venait à s’accélérer après le renouvellement des conseils

municipaux, la mise en place des régions pourrait voir le jour dans des délais relativement courts.

C’est évidemment un processus délicat et coûteux pour lequel il vaut sans doute mieux s’avancer

à pas mesurés, question de s’assurer que l’on garde la bonne cadence et donc renvoyer l’éventualité

d’un faux pas au nombre des hypothèses les moins plausibles. Tant il est vrai qu’on ne joue pas au

hasard avec le destin des individus. La gestion des affaires publiques fût-elle au niveau local est

tout un art qui s’apprend à bonne école. Un fiasco au plan local peut avoir de graves répercussions

au niveau central et national et peut affecter l’ensemble du système. Courir à la décentralisation

peut être un choix contestable. Il est certainement avisé de si engager par étapes successives.

Sagement. En toute prudence !

Deuxième partie ! Cadre opératoire de la MARP

Une des techniques que les Programmes locaux de développement adoptent pour atteindre leurs

objectifs est la MARP (Méthode Accélérée de Recherche Participative ou Méthode Active de

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Recherche et de Planification Participatives) qui prend en compte les points de vue et les pratiques

des membres de la communauté.

Pourquoi la MARP?

Le développement de la MARP remonte à la fin des années 70 où plusieurs spécialistes de

la recherche en sont arrivés à la conclusion que les méthodes habituelles de recherche ne reflétaient

pas toujours les réalités rurales et qu'elles étaient très lourdes, trop longues et trop formelles. Par

surcroit, elles coutaient très cher et la collecte ainsi que le traitement des données prenaient

beaucoup de temps. Il a donc fallu se baser sur les nombreuses expériences de terrain pour élaborer

une méthode qui permette de produire des informations plus fidèles et dont la nature participative

donne, à terme, un pouvoir a la population locale.

La MARP est décrite comme étant une méthodologie de collecte rapide d'informations riches et

fiables sur le terrain par la combinaison de différents outils et techniques qui suscitent et

maintiennent la participation des communautés tout le long du processus. En tant qu'approche basée

essentiellement sur la participation, elle favorise la mise en œuvre des actions pour jeter les bases

d'une meilleure organisation et de responsabilisation des communautés. L’intérêt de l’utilisation de

la M.ARP réside particulièrement dans son aptitude à répondre aux impératifs de promotion d'une

approche favorisant l'information et la sensibilisation des différents acteurs, ainsi que l'instauration

d'un dialogue continu entre les communautés et les intervenants dans la connaissance du milieu, le

suivi des activités et l'évaluation des résultats.

En tant qu'instrument de collecte et d’analyse des informations de base, la MARP est bien indiquée

pour susciter une dynamique participative de la communauté, favoriser une meilleure connaissance

du milieu à partir de la production de données fiables et adéquates. Au total, on peut dire que la

MARP permet une meilleure compréhension des réalités des communautés, connaissance dont la

maitrise conditionne la pleine participation des communautés au processus de prise de décisions

pour aboutir à la planification du développement local.

Section 1

BREF APERÇU SUR LES NOTIONS FONDAMENTALES DE LA MARP

1.1 La MARP : qu'est-ce que c'est?

La MARP (Méthode Accélérée de Recherche Participative ou Méthode Active de Recherche et de

Planification Participatives) ou PRA (Participatory Rapid Appraisal) est une méthodologie

d'investigation rapide en milieu rural. Elle trouve sa source dans le RRA (Rapid Rural Appraisal)

mis en pratique et enseigné à l'instigation des chercheurs anglo-saxons aussi renommés que R.

CHAMBERS ou à l'initiative de certaines ONG.

La MARP est une approche de collecte rapide sur le terrain d'informations riches et fiables par une

équipe multidisciplinaire et par le biais de différentes interactions Par cette méthodologie, il s'agit

essentiellement de susciter une prise de conscience de la population locale de ses problèmes et des

causes de ceux-ci, et de créer les conditions d'une recherche et d'une formulation des solutions à

ces problèmes. En raison de sa flexibilité, cette méthodologie peut être utilisée pour plusieurs

applications du développement.

La MARP se définit comme étant "un processus intensif, itératif et rapide d'apprentissage orienté

vers la connaissance des situations’’.

La MARP est un processus:

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Intensif, itératif, parce qu'elle n'est pas linéaire et qu'elle instaure un dialogue pour un

échange permanent d'informations entre les personnes-ressources venues de l'extérieur

d'une part et les membres de la communauté d'autre part ;

Rapide dans la génération des résultats en procédant a l'analyse des données tout au long de

l'étude. Pour cela, l'analyse, la revue, l'évaluation, la discussion et la critique des données

sont effectuées itérativement d'un bout à l'autre des différentes phases de étude ;

qui permet d'obtenir des informations et de les analyser dans des limites de temps assez

courtes ;

pour un apprentissage orienté vers la connaissance des situations locales. En effet, la MARP

met l'accent sur la valorisation des connaissances et savoirs des populations locales.

La MARP est une approche rapide, éclectique, globale et orientée vers les interactions

communautaires en matière de recherche pour ce qui est de la collecte et de l'évaluation des

informations sur le terrain. Elle est rapide parce que les intervenants peuvent être rapidement

informés des résultats; elle est éclectique parce qu'elle utilise une variété de techniques d'interview

et d'enquête permettant d'obtenir les informations spécifiques à collecter; elle est globale en ce sens

qu'elle saisit une marge multidisciplinaire de la situation locale; enfin, elle est interactive parce

qu'elle crée le dialogue entre les techniciens et les communautés.

La MARP encourage le recours à des supports visuels élaborés par les villageois aides des agents

de développement, et ce, au fur et à mesure que le processus de discussion et d'auto-analyse évolue.

Son instrumentation est surtout sous-tendue par un ensemble d'attitudes, d'aptitudes et de

comportements sans lesquels le processus ne peut fournir de bons résultats. La MARP conduit

inéluctablement á débattre du changement, d'un changement qualitatif qui doit amener les

communautés locales d'une situation donnée à une situation jugée meilleure, A. un mieux-être.

Beaucoup de techniques liées à la MARP ont été utilisées pour obtenir des résultats fiables à

moindre cout aussi bien en termes de temps que d'argent. Mais la MARP est essentiellement un

processus accéléré d'apprentissage par le biais de différentes interactions qui permettent de réunir

une information "riche et fiable".

Il existe aussi des méthodes intuitives et hasardeuses à côté de celles qui sont très structurées et

quantitatives. La méthodologie MARP est la résultante des deux parce qu'elle permet de produire

des informations plus fidèles; la nature participative du processus donne, à terme, un pouvoir à la

population locale.

La MARP s'appuie essentiellement sur de petites équipes pluridisciplinaires qui utilisent une

variété de méthodes, outils et techniques spécialement choisis pour permettre une meilleure

connaissance des situations locales.

1.2 A quoi sert la MARP?

A cause de la flexibilité de la méthodologie, la MARP peut être utilisée pour plusieurs applications

adaptées à des situations spécifiques par différentes personnes. Par exemple, pour aider les

techniciens à comprendre les systèmes agricoles et halieutiques dans une zone donnée, aider les

planificateurs de projet à identifier les problèmes et à trouver des solutions possibles dans la zone

couverte par le projet, motiver et apporter un appui à la communauté pour identifier, analyser ses

propres problèmes, exiger et décider les solutions appropriées.

La MARP peut aider à approfondir la connaissance de problèmes particuliers ou de sujets

rencontrés au cours d'un travail de développement et à évaluer l'impact ou le progrès d'un travail

de développement dans une zone donnée avec la communauté cible.

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La MARP peut se substituer à l'enquête de type formel dans une situation donnée et être utilisée

comme méthode complémentaire dans d'autres situations.

1.3 Les éléments-clés de la MARP

La MARP est une approche qui se veut documentée au départ, c'est-à-dire qu'elle est basée sur une

étude préalable des données secondaires (documentation) disponibles sur la zone de l'étude; elle

est par essence exploratoire, qualitative, ciblée, participative, interactive et itérative sur le terrain.

La MARP préconise et exige une finalisation immédiate et efficace des résultats de l'étude et une

orientation pour des actions participatives

De même, la rapidité dans la génération des résultats que préconise la MARP implique que l'analyse

des données soit un processus continu tout au long de l'étude. Ainsi par exemple, l'analyse, la revue,

l'évaluation, la discussion et la critique des données sont-elles effectuées itérativement d'un bout à

l'autre des différentes phases de l'étude.

La restitution ou 'feed-back" à la communauté sur les lieux mêmes de l'étude des données recueillies

pendant l'étude constitue une particularité de cette méthode qui se veut innovante pour la collecte

de l'information, participative et performante en termes de développement

Ce "feed-back" des résultats de l'étude MARP à la communauté s'effectue nécessairement avant

que les personnes-ressources venues de l'extérieur quittent la zone d'étude, c'est-à- dire tout juste

après la rédaction du brouillon du rapport, de façon à pouvoir faire compléter certaines

informations, faire préciser certaines omissions par la communauté ou à retrancher certaines

informations jugées non adaptées.

Section 2

LES DIFFERENTS TYPES DE MARP

SeIon les pionniers et les utilisateurs courants de la MARP, on peut distinguer quatre types de

MARP, à savoir:

la MARP exploratoire,

la MARP thématique,

la MARP de planification participative et

la MARP de suivi et évaluation

2.1 La MARP exploratoire

La MARP exploratoire est utilisée pour la collecte d'informations sur un problème général, collecte

au cours de laquelle l'accent est surtout mis sur les problèmes prioritaires pour aboutir à la

formulation d'hypothèses préliminaires pouvant guider des recherches ultérieures. Elle ouvre

généralement la voie à d'autres recherches approfondies qui peuvent avoir des impacts sur la vie

des communautés.

Une MARP exploratoire doit faire une recherche générale sur la zone où elle doit chercher à

explorer un aspect particulier de la vie de la zone, comme le traitement du poisson, le rôle des

femmes et leur statut, la santé ou l'approvisionnement en eau par exemple.

2.2 La MARP thématique

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La MARP thématique est utilisée pour approfondir la connaissance sur un thème spécifique

identifié, généralement, à partir d'une MARP exploratoire et pour aboutir à la formulation

d'hypothèses spécifiques, avec peut-être des recommandations pour une action à mettre en œuvre.

Si, par exemple, une agence de développement pense qu'il y aura un effet positif à introduire un

nouveau type d'engin qui, d'après elle, doit aider la communauté, elle peut recourir à une MARP

thématique pour voir si la technologie répond A. un besoin réel des communautés de pêche,

déterminer quel impact cette technologie peut avoir, quels problèmes elle peut créer à d'autres

communautés de pêche avoisinantes, quel impact elle peut avoir sur les mareyeuses et qui doit être

intéressé ou capable de participer A un éventuel essai ou démonstration de la technologie

2.3 La MARP de planification participative

Elle peut être utilisée pour impliquer les populations dans la planification ou le réajustement des

actions qui les concernent, on obtient ainsi un programme ou plan identifié et mis en place par les

populations elles-mêmes.

Une des caractéristiques essentielles de la MARP est qu'elle doit permettre aux populations locales

d'exprimer leurs idées et d'enseigner aux personnes extérieures leur mode de vie, leurs problèmes

et leurs connaissances Dans ce sens, on peut dire que toutes les MARP sont "participatives". Les

MARP peuvent, toutefois, être utilisées non seulement pour apprendre de la population, mais aussi

pour s'assurer qu'elles sont impliquées dans l'identification, la planification et l’exécution de projet

de développement naissant. Les MARP de ce type peuvent être appelées "participatives".

2.4 La MARP de suivi et évaluation

Elle est souvent employée pour évaluer les résultats d'un programme ou d'une action en vue de la

révision des hypothèses de base et, éventuellement, en vue du réajustement du programme.

Résumé

la MARP exploratoire qui est souvent utilisée pour la collecte d'informations sur un problème

général, au cours d'une MARP exploratoire, l'accent est surtout mis sur les problèmes prioritaires

pour aboutir à la formulation d'hypothèses préliminaires pouvant guider des recherches ultérieures.

Vous pouvez, par exemple, utiliser la MARP exploratoire pour effectuer une étude de milieu ou

une étude de base dans un village de pêcheurs ou sur un débarcadère.

la MARP thématique qui est utilisée pour approfondir la connaissance sur un thème spécifique

identifié, généralement a. partir d'une MARP exploratoire, et pour aboutir à la formulation

d'hypothèses spécifiques et des recommandations pour une action à mettre en œuvre. Une MARP

thématique peut être utilisée pour étudier, par exemple, un aspect particulier de la

commercialisation des produits de la pêche dans une localité, l'introduction d'un nouvel engin de

pêche, les coûts et revenus des femmes de pécheurs, pour réaliser une enquête-cadre ou pour

démarrer tout simplement un programme d'alphabétisation fonctionnelle identifié lors de la

conduite d'une MARP exploratoire.

la MARP de planification participative souvent utilisée pour impliquer les populations dans la

planification ou le réajustement des actions qui les concernent, on obtient ainsi un programme ou

plan identifié et mis en place par les populations elles-mêmes la MARP de suivi et évaluation

utilisée pour évaluer les résultats d'un programme ou d'une action.

Section 3

LES CONCEPTS-CLES DE LA MARP

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3.1 La participation

Par la MARP, vous devez créer les conditions nécessaires à la participation permanente de la

communauté a. la démarche d'analyse des contraintes et des potentialités locales, de réflexion et de

recherche de solutions aux problèmes qui seront identifiés. L'important pour la MARP est de

pouvoir susciter et entretenir la participation de la communauté pour s'assurer qu'elle est partenaire

dans le processus de la recherche et pourra, par la suite, s'approprier les actions qui suivront l'étude

et assurer ainsi leur durabilité.

Conduire une étude de terrain par la MARP, c'est faire la recherche "avec" les populations et non

"sur" les populations.

3.2 Un processus d'apprentissage

La MARP préconise notamment de procéder à l'analyse et à évaluation permanentes des activités

pour ainsi amorcer un processus d'apprentissage à travers ces activités, à travers les diverses

personnes à rencontrer et à travers la synthèse et la restitution à la population des données

recueillies.

Cet apprentissage n'a pas besoin d'être formel ou structuré. En effet, quelques indications chiffrées,

quelques schémas de cartes ou de transects, suffisent pour confirmer ou illustrer l'analyse.

L'essentiel est que des réponses pertinentes soient apportées aux questions-problèmes. La

compétence des chercheurs doit se baser sur la curiosité et l'intuition pour aboutir, par

l’intermédiaire de l'observation participative et objective, à des suggestions et à des propositions

nouvelles.

Cet apprentissage doit être aussi systémique, c'est-à-dire cumulatif, pour tous les participants

incluant des professionnels en formation et la population locale.

3.3 Connaissances et savoirs populaires

Le savoir traditionnel, donc populaire, peut être défini comme étant l'ensemble des expériences et

connaissances utilisées par un groupe déterminé dans le processus de prise de décisions concernant

les problèmes et défis qui l'interpellent. Ainsi dans les localités, il existe un "savoir populaire"

important. Ce savoir comprend à la fois des fragments de connaissances scientifiques, des données

objectives, une conscience partielle des causes d'un problème, des connaissances empiriques utiles.

L'idée est de tenir compte du savoir traditionnel des membres de la communauté, de découvrir et

d'utiliser leurs aptitudes à trouver des solutions à des situations auxquelles ils sont confrontés et de

prêter une grande attention aux connaissances qu'ils peuvent avoir à communiquer sur des

interventions ou projets à programmer. Vous ne devez pas vous fier exclusivement à votre

interprétation personnelle des phénomènes à étudier, vous devez constamment tenir compte du

savoir accumulé au fil du temps par la communauté avec laquelle vous réalisez étude.

En définitive, ne pas tenir compte du savoir traditionnel procède d'une attitude d'arrogance et de

gaspillage qui rend le travail de recherche fondamentalement improductif.

3.4 Un processus itératif

La MARP n'est pas linéaire, encore que par sa flexibilité, elle encourage les différents intervenants

ou partenaires à revoir constamment leur approche, leurs hypothèses, l'utilisation des outils au fur

et a. mesure que l'étude évolue par l'instauration d'un système d'échanges permanents des

informations entre eux et la communauté.

3.5 La flexibilité

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Un autre principe non moins important en MARP est celui de la flexibilité dans la mise en pratique

du plan de l'étude. Ce plan est supposé être assez flexible pour vous permettre de mieux exploiter

les nouvelles connaissances qui peuvent apparaitre pendant l'étude.

Cette flexibilité requiert de pouvoir changer le plan durant le travail de terrain en posant par

exemple des questions pour approfondir un nouveau sujet auquel vous n'avez pas pensé lors de

l'élaboration de vos hypothèses.

3.6 L'innovation

Les outils déjà disponibles peuvent suffire pour obtenir l'information recherchée. Mais vous devez

toujours garder à l'esprit que, si la situation l'exige, vous devez envisager la possibilité de

développer et de tester de nouveaux outils plus adaptés. Les techniques et outils utilisés dans la

MARP évoluent.

3.7 L'interaction

Elle s'entend pour l'interaction entre les personnes-ressources d'une part et entre celles-ci et la

population d'autre part en vue d'un échange dynamique d'expériences et de points de vue.

3.8 La multidisciplinarité au sein de l'équipe de recherche MARP

La MARP privilégie la multidisciplinarité des personnes ressources ayant différentes formations et

expériences pour mener une étude de terrain. Entre autres, elle exige une interaction

pluridisciplinaire avec les acteurs paysans qui, en dernier ressort, valident les résultats de l’étude.

La MARP prescrit que l’équipe soit composée de spécialistes de sciences sociales, de spécialistes

dans le domaine spécifique de l’étude et dont un ou deux membres au moins ont eu des expériences

avec la MARP, qu'elle comprenne des hommes et des femmes pour éviter le biais sexuel, qu'elle

soit formée de personnes du milieu et des personnes extérieures au milieu, qu' elle ait en son sein

des personnes aptes à communiquer et analyser des situations données et comprenne des personnes

de tous âges pour éviter les influences.

II est bien indiqué de ne pas trop insister sur l’importance d'avoir un équilibre entre hommes et

femmes dans l'équipe. Probablement le biais le plus commun dans une collecte d'informations est

de considérer que les personnes-ressources de sexe masculin ne savent rien sur les femmes dans la

communauté, parce que selon les croyances locales: "c'est difficile de parler aux femmes si vous

êtes homme" ou "les femmes ne jouent pas un grand rôle dans l’économie du village".

3.9 La rapidité dans la génération des résultats

La rapidité dans la génération des résultats que préconise la MARP implique que l'analyse des

données soit un processus continu tout au long de l'étude. Ainsi par exemple, l'analyse, la revue,

l’évaluation, la discussion et la critique des données sont-elles effectuées itérativement d'un bout

a. l'autre des différentes phases de l’étude. La MARP permet d'obtenir des informations et de les

analyser dans des limites de temps assez courtes.

3.10 L'exploration

Les meilleurs résultats d'une recherche sont souvent ceux auxquels on s'attendait le moins. En

conséquence, les membres de l'équipe MARP doivent être préparés à trouver sur le terrain de

nouveaux centres d'intérêt qui peuvent changer fondamentalement le cours de l’étude. La curiosité

est, en effet, une vertu de la MARP.

3.11 La "triangulation"

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Le principe de la "Triangulation" stipule que le fait d'étudier un problème à partir d'un seul outil ou

technique peut conduire à des biais. La "triangulation" prescrit donc de recourir plusieurs sources

ou méthodes différentes d'information (au moins trois), à leur comparaison et à leur recoupement,

pour étudier un même phénomène. La "triangulation" vous permet d'éviter les biais en abordant un

problème sous plusieurs angles et d'obtenir ainsi des données complètes et fiables.

La MARP recommande particulièrement d'appliquer le principe de la "triangulation" lors.

de la composition de l'équipe de recherche;

du choix des outils et techniques A. utiliser, et

du choix et de la participation des unités d'observation.

3.12 Les biais

Dans toute étude de terrain, il existe naturellement des biais et la MARP reconnait l'impossibilité

de les éliminer complètement; aussi recommande-t-elle d'en prendre conscience tout le long de

l'étude et d'en tenir compte pour éviter des distorsions lors des conclusions de l'étude.

Différents types de biais

En MARP, on reconnait principalement

le biais spatial (qui a rapport à la tendance à favoriser les zones facilement accessibles et

certains villages ou zones étant écartés parce que la route qui y mène est impraticable, d'où

la possibilité de biais liés au choix du site, des personnes, des zones, etc.).

le biais de saison (qui est lié à la tendance de mener la recherche pendant les périodes les

plus confortables de l'année; il faut savoir choisir le moment approprié pour la MARP en

fonction du thème de votre étude et de la disponibilité des membres de la communauté);

le biais lié au statut économique ou social (ne prenez pas en compte les riches seulement

ou les pauvres seulement, encore moins les personnes les plus en vue uniquement, il faut

considérer tous les membres de la communauté),

le biais sexuel (même s'il s'agit d'un thème qui concerne les femmes, le point de vue des

hommes doit être pris en compte, et vice versa),

le biais de politesse

le biais lié aux attentes des populations.

Pour éviter les biais

A la fin de votre étude de terrain, vous pouvez être sûr que vous n'avez pas eu des informations

biaisées, si:

vous n'avez pas parlé uniquement aux personnes influentes, instruites ou à des membres

bavards de la communauté ;

vous n'avez pas vu seulement quelques endroits de la zone qui sont situés près de la route

principale ;

vous n'avez pas rencontré seulement quelques leaders locaux ou politiciens qui voulaient se

faire voir ;

vous n'avez pas seulement appris au sujet de la situation actuelle et non les autres temps de

l'année ou sur le passé ;

vous n'avez pas parlé aux hommes ou aux femmes seulement ;

vous n'avez pas seulement parlé au sujet des choses liées à votre intérêt ou à votre discipline.

Résumé des concepts-clés de la MARP

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1 La participation

2 Un processus d'apprentissage

3 Connaissances et savoirs populaires

4 Un processus itératif

5 La flexibilité

6 L'innovation

7 L'interaction

8 La pluridisciplinarité

9 La rapidité dans la génération des résultats

10 L'exploration

11 La triangulation

12 Les biais.

Section 4

LES OUTILS ET TECHNIQUES DE LA MARP

De tous les temps, les chercheurs ont toujours utilisé presque tous les outils préconisés par la

MARP, la nouveauté réside surtout dans l'utilisation combinée de la plupart de ces outils pour

obtenir une information plus fiable et la participation et l'implication de la communauté qui sont

fortement encouragées. Les outils et techniques préconisés par la MARP pour la collecte et

l'analyse permanente des données comprennent principalement:

La revue des données secondaires

L'observation directe faite au cours d'une visite ou d'une marche à. travers le village

L'atelier préliminaire

L'interview semi-structurée

Les diagrammes: calendriers, diagramme de VENN, cartes et transects

Le profil historique

Les techniques de classification: la classification préférentielle, la classification selon le

niveau

de richesse ou de prospérité

Les jeux

Les citations révélatrices et les proverbes

Les photographies

Les contes et les légendes.

4.1 La revue des données secondaires

Le premier outil que vous devez utiliser dans une étude par la MARP est certainement la revue des

données secondaires. Vous devez répondre à la question: quelles sont les données disponibles sur

la zone ou sur le sujet?

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Pour ce faire,

1- Cherchez toute source possible d'information existante sur la localité ou sur le sujet à traiter

par votre étude.

2- Revoyez les informations existantes, collectez tout ce qui semble en rapport avec votre

étude, résumez-les sommairement ou copiez-les pour distribution aux autres membres de

l'équipe.

3- Essayez de trouver au moins une carte détaillée ou une photographie aérienne sur la zone

de l'étude.

4- Photocopiez-la si possible ou faites une esquisse simplifiée dans laquelle vous pouvez

insérer vos propres informations pendant l'évolution de l'étude.

5- Vous devez vous réunir avec les autres membres de l'équipe pour discuter de vos

découvertes et de celles qui sont applicables à l'étude.

VOTRE AIDE-MEMOIRE POUR LA REVUE DES DONNEES SECONDAIRES

1. Voici les sources auxquelles vous pouvez chercher des documents en rapport avec votre

étude:

Statistiques officielles, direction des pêches, documents et rapports de projets.

Autres services travaillant dans le village ou autre village similaire: leurs rapports,

documents de projets,

Bibliothèques locales : pour des documents historiques, légendes et traditions, cartes et

photos.

Université: pour informations historiques, études anthropologiques, mémoires et thèses

d'étudiants.

Compagnie de mines ou de pétrole, bureau militaire : pour les cartes, législation, photo

aérienne.

Les missionnaires pour les documents historiques.

2. Avez-vous distribué ou photocopié les résumés des documents utiles aux membres de l'équipe?

3. Avez-vous une bonne carte de l'endroit où vous voulez faire l'étude par la MARP?

4. Après avoir passé en revue les informations utiles collectées, &es-vous prêt à répondre aux

questions que l'on peut vous poser pendant l'étude par la MARP?

4.2 L'observation directe

Au cours d'une visite organisée et guidée travers le village ou la zone de l'étude, vous pouvez

converser avec quelques personnes-ressources membres de la communauté et leur poser des

questions d'ordre général sur la communauté.

Il vous faudra les observer, observer également tout ce qui concerne l'habitat, les conditions de vie

en général, etc. Pour cela, marchez avec elles à travers le village ou sur les points importants de la

zone d'étude, parlez avec elles des problèmes auxquels la communauté est confrontée et essayez de

vérifier de façon sommaire les hypothèses que vous avez formulées pour votre étude.

4.3 L'atelier préliminaire

Après la revue des données secondaires :

1. vous devez organiser une réunion ou un atelier impliquant tous les membres de l'équipe, le

promoteur de l'étude, toutes les personnes directement intéressées par la conduite ou les résultats

de l'étude, de préférence quelqu'un qui a une large connaissance de la zone à étudier.

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2. Au cours de cette réunion des membres de l'équipe, vous devez présenter les objectifs de votre

étude et expliquer pourquoi il est nécessaire de l'entreprendre.

3. Vous devez ensuite présenter brièvement les conclusions de la revue des données secondaires,

discuter les caractéristiques importantes et décider des problèmes qui sont résolus et quelles

informations font défaut.

4. Soit en atelier, soit au sein de l'équipe, vous devez apprêter les points suivants:

une liste révisée des questions critiques et importantes pour lesquelles vous attendez une

réponse pendant l'étude. (Vous devez vous référer à ce que vous voulez apprendre sur le

terrain) ;

une liste préliminaire des informations à collecter pendant l'étude et les sujets à

approfondir ;

les lieux et personnes à visiter et les contacts des à prendre dans la localité ;

Enfin, vous devez revoir les questions et les listes des sujets et décider de celles que vous

pouvez couvrir et celles que vous ne pouvez pas aborder pendant votre étude en termes de

superficie, temps, sujets, etc.

VOTRE AIDE-MEMOIRE SUR L'ATELIER PRELIMINAIRE

Avez-vous invite toutes les parties concernées directement par l'atelier préliminaire comme

institutions gouvernementales, ONG locales, techniciens sur le terrain, communauté, élus locaux?

Avez-vous pu obtenir toutes les données secondaires spécifiques? Les avez-vous copiées et

distribuées aux autres membres de l'équipe?

Avez-vous décidé des limites à accorder à votre étude, en termes de temps nécessaire, l'aire

géographique à couvrir, les sujets ou thèmes pour lesquels la recherche s'effectue?

Avez-vous élaboré une liste des personnes-ressources à contacter? leaders locaux, chef de

village, chefs religieux, autorités administratives, notables, personnes travaillant pour le

développement du village.

Avez-vous élaboré une liste des lieux importants à visiter?

Avez-vous des carnets de notes, des stylos et des crayons?

Avez-vous pris des dispositions pour l'organisation de la logistique sur le terrain, savoir,

transport, hébergement, restauration des membres de l'équipe, etc. ?

4.4 L'interview Semi-Structurée (ISS)

L'Interview Semi-Structurée (ISS) est une discussion avec un individu ou un groupe d'individus

sur un sujet bien précis par exemple, pour découvrir ou pour comprendre une situation, vérifier des

hypothèses, découvrir les préoccupations des différents groupes socio-professionnels et leurs

perceptions des problèmes et atouts de la communauté.

Pour réaliser l'interview, les méthodes participatives exigent surtout d'être maitre dans l'art de la

communication, c'est-à-dire de savoir écouter et poser des questions pertinentes. L'interview doit

être vivante et conduite dans une ambiance sociale et favorable.

L'ISS permet à tous les intervenants de débattre du sujet, pas en répondant à des questions, mais

sur la base d'idées introduites dans la discussion par un guide qui ne tient pas un questionnaire,

mais qui a noté seulement les grandes lignes des informations à obtenir.

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L'ISS est probablement l'outil le plus utilisé en MARP pour le recueil de données. Notez que tout

le monde peut poser des questions, mais la façon dont vous conduisez l'ISS conditionnera beaucoup

la qualité des informations que vous obtiendrez.

Pour bien réaliser une ISS, vous devez avoir une idée claire et précise du sujet dont vous voulez

parler avec l'interviewé; vous ne devez pas avoir sur vous une liste de questions, mais tout au plus

un guide d'entretien portant sur les sujets et résultats que vous voulez avoir. L'ISS suppose que les

questions soient construites au fur et à mesure de l'interview, ce qui nécessitera de votre part une

habileté à penser vite.

Vous devez procéder A. un enchainement progressif des questions, en partant des questions d'ordre

général et moins sensibles pour aboutir aux questions plus spécifiques et plus délicates. La

flexibilité vous recommande de pouvoir orienter le contenu de votre guide d'entretien en fonction

des réponses de votre interlocuteur et des sujets qui peuvent surgir à travers ses réponses.

Important: Gardez toujours à l'esprit que, pendant l'INTERVIEW SEMI-STRUCTUREE

ou pour toute autre forme d'investigation orale avec les membres de la communauté, VOUS

NE DEVEZ JAMAIS POSER DE QUESTIONS FERMEES.

POSEZ PLUTOT DES QUESTIONS OUVERTES.

Exemple de questions fermées:

Est-ce que vous pêchez souvent le "bonga"?

Avez-vous des problèmes de commercialisation de poisson?

questions pour lesquelles vous obtiendrez -oui" ou "non" comme réponses.

Exemples de questions ouvertes:

Quelles sont les espèces de poisson que vous péchez souvent?

Quels problèmes rencontrez-vous pour la commercialisation de votre poisson?

questions pour lesquelles vous obtiendrez naturellement une série de réponses qui vous éclaireront

mieux sur le sujet et orienteront la suite de l'interview.

IMPORTANT:

Notez bien que pour obtenir des informations utiles et complètes pendant votre étude MARP, vous

devez toujours vous référer fondamentalement aux six questions de recherche suivantes:

QUOI? QUI? QUAND? OU? COMMENT? POURQUOI?

Amener la communauté à décrire le sujet ou réactivité faisant l’objet de la discussion.

Qui est impliqué dans réactivité? Qui est affecté par elle?

Qui en tire des bénéfices?

Quand activité a-t-elle été exécutée? Quand a-t-elle démarré?

Ou à quelle période doit-elle être réalisée?

OU a-t-elle été réalisée? Pourquoi là et non ailleurs?

Comment est-elle arrivée? Y a-t-il d'autres alternatives pour la réaliser?

Pourquoi s'est-elle ainsi déroulée et non autrement?

4.4.1 Les principes de l'Interview quand il prépare la marée du lendemain avec son

Semi-Structurée

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Vous devez soigneusement planifier l'interview avant de vous rendre sur le terrain; Une interview

ne doit pas être conduite par plus de trois personnes; une personne peut poser les questions et les

autres prennent notes, le plus discrètement possible, de ce qui est dit. Il faut donc éviter d'être au

nombre de six pour interviewer un ou deux membres de la communauté; d'avoir sur soi de grands

bloc-notes où vous avez plusieurs pages de questions.

Pour prendre des notes, de petits carnets peuvent s'avérer très opérationnels. Vous devez vous

informer sur les coutumes locales (p.e. ce qui est acceptable comme heures de visite à domicile,

interview des femmes par des hommes, les formules de politesse, etc.) et en tenir compte dans la

conduite de l'interview.

Vous devez choisir le moment le plus approprié pour les interviews, particulièrement quand les

populations sont disposées à parler. A titre d'exemple, n'interviewez pas le pêcheur quand il est en

train de débarquer sa production de poisson ou quand il est en train de la vendre (il serait très

préoccupé par la recette du jour), encore moins quand il prépare la marée du lendemain avec son

équipage. Interviewez-le plutôt quand il est en train de ramender son filet, ou quand il est en train

de prendre l'air à la plage;

N’interrogez" pas le pêcheur comme le ferait un policier ou un gendarme venu pour une enquête

policière; conversez avec lui de façon décontractée en l'abordant par des questions simples mais

intéressantes sur sa journée ou ce qu'il fait au moment on vous êtes arrivé.

Evitez de prendre au vol le pêcheur et de commencer par l'interviewer : il doit avoir été informé à

l'avance et préparé pour. La durée de l'interview ne doit pas être trop longue, sinon votre

interlocuteur s'ennuie : il vous appartient de juger de l'opportunité, en considérant qu'on pense

généralement que 30 à40 minutes suffisent pour une interview. Enfin, méfiez-vous de la "personne-

ressource" qui a réponse à toutes vos questions, qui empêche les autres de vous informer, qui se

donne le droit d'assister avec voix prépondérante à toutes vos interviews et qui, de ce fait, vous

induit dans les BIAIS. Après chaque interview, vous devez vous retrouver en équipe pour analyser,

évaluer et compléter, si possible, les informations obtenues.

4.4.2. Pour bien planifier et bien conduire l'ISS Aide-mémoire N° 1

Pour bien planifier et bien conduire l'ISS,

le étape: Vous dressez une liste exhaustive des personnes-ressources que vous pensez être des

informatrices utiles sur les conditions locales, les problèmes, l'histoire et la culture de la zone

d'étude. Ces personnes pourraient être: les leaders locaux, les enseignants, les agents de santé, les

personnes âgées, les agents du développement rural, etc.

2e étape: Avant de rencontrer les personnes ci-dessus, vous établissez une liste des informations

que vous aimeriez obtenir de chacune d'elles.

3e étape: Vous contactez systématiquement chacune de ces personnes et vous parlez avec elles

pour avoir un point de vue général sur la zone de l'étude.

4e étape: Pendant les interviews des personnes ressources, essayez d'obtenir une vue générale sur

la façon dont la communauté est organisée, sur les différents groupes sociaux existants, leur mode

de vie, leurs activités, etc.

Ces personnes ressources peuvent également vous renseigner sur les données de base du village ou

du débarcadère.

5e étape: Sur la base de ces contacts préliminaires, et en fonction des sujets qui vous intéressent,

vous planifiez des interviews avec des membres des différents groupes au sein de la communauté

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6e étape: Avant chaque interview, décidez de comment vous allez aborder chaque sujet de votre

guide d'entretien, surtout s'il n'y a pas d'autres techniques particulières qui pourraient aider votre

interlocuteur à communiquer ses idées.

4.4.3 Pour bien planifier et bien conduire l'ISS: Aide-mémoire N° 2

Pour réaliser l'ISS, avez-vous élaboré un guide d'entretien?

Avez-vous préparé plusieurs façons de poser des questions sur le même sujet?

Avez-vous prévu de rechercher la même information par l'utilisation de plusieurs outils de

la MARP? (triangulation)

Avez-vous décidé quels membres de l’équipe poseront les questions et ceux qui prendront

les notes?

Avez-vous choisi le meilleur moment pour interviewer les membres de la communauté?

Variez-vous le contexte dans lequel vous réalisez les interviews? (au débarcadère, dans les

maisons, près de l'église, de la mosquée, au lieu de fumage, au puits, au marché, A. la place

publique, etc.)

Avez-vous besoin de discuter avec des membres d'autres communautés pour étayer vos

informations sur certaines questions ou êtes-vous sûr que tous les sujets et solutions sont

déjà sérieusement discutés?

Les techniques utilisées pendant l'interview ont-elles été efficaces ou pouvez-vous en

utiliser d'autres pour recueillir plus d'informations sur les mémés questions?

Pensez-vous A. la durée de chaque interview? Vous êtes-vous entendus sur la durée de

l'interview?

Avez-vous discuté de nouveaux sujets apparus pendant que vous réalisez l'interview? Avez-

vous cherché leurs solutions? Ces sujets et solutions vous seront-ils utiles dans la recherche?

Les interviews se sont-elles déroulées avec des groupes constitués ou seulement avec des

groupes artificiels?

Qui conduit la discussion au sein de la communauté et pourquoi celui-là dans ce cas précis?

Est-ce A. cause de son rang social, de son âge, de son instruction, de son éloquence?

Qui a peu parlé pendant la discussion avec la communauté? Est-ce à cause de son rang

social, de son âge, de sa timidité, de son manque d'instruction?

Pendant les discussions de groupe, la communauté a-t-elle eu à réagir sur vos thèmes?

Y a-t-il eu des différences importantes entre les informations recueillies pendant l'entretien

avec des membres de la communauté quand ils sont seuls et celles fournies quand ils sont

en groupe?

Quels problèmes semblent être la cause de ces déviations?

Les hommes et les femmes ont-ils équitablement participé aux discussions de groupe?

Y a-t-il eu des individus dans le groupe qui ont été interviewés parce qu'ils se montraient

plus actifs, plus informés ou représentatifs d'une partie de la communauté? Devriez-vous

les interviewer séparément?

4.5 Les diagrammes

Les diagrammes sont utilisés pour générer de façon visuelle l'information et en faciliter l'analyse et

la compréhension par les membres de la communauté Les diagrammes permettent d'explorer les

situations aussi bien dans le temps que dans l'espace.

4.5.1 Les calendriers

Tandis que les cartes donnent des informations sur les caractéristiques géographiques d'une zone,

les calendriers permettent de comprendre les changements qui s'opèrent tout au long de l'année. Il

peut être nécessaire d'ajuster les unités de temps utilisées si votre interlocuteur n'est pas familier

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avec les mois du calendrier romain. Dans certaines zones, l'utilisation du calendrier lunaire est plus

pertinente Dans d'autres, il faudra utiliser le calendrier traditionnel.

Les calendriers saisonniers (journaliers, hebdomadaires, mensuels, annuels) sont élaborés pour

produire des informations par la communauté, pour concevoir un tableau complexe des variations

saisonnières des activités dans la communauté. Parmi les facteurs qui se prêtent à la présentation

du calendrier saisonnier, on peut citer

variation du temps

saisons de la localité

changements saisonniers dans l'utilisation des engins de la localité

disponibilité en eau

saisonnalité des maladies

variation saisonnière dans la demande des produits locaux.

terminologie locale des mois, des saisons et les façons de diviser l'année.

Ces calendriers seront construits soit de façon complexe, soit de façon simple autant que

nécessaire, mais ils doivent montrer les correspondances et les liaisons entre les différentes

activités et les changements saisonniers.

4.5.2 Le diagramme de VENN

Le diagramme de Venn est un outil qui vous permet d'explorer les problèmes organisationnels du

village et les relations entre le village et l'extérieur. II est utilisé spécialement pour illustrer les

interactions et les rapports entre les groupes, les institutions et les individus dans la communauté

Pour construire un diagramme de Venn, vous commencez par tracer un large cercle qui représente

le village. Tout autre cercle à l'intérieur de celui-ci représente une organisation interne au village

(association ou groupement de femmes, comité de parents d'élèves, groupement ou association de

jeunes, etc.)

Les organisations extérieures ayant un impact sur le village sont illustrées par des cercles qui

prennent origine à l'extérieur et qui recoupent le cercle représentant le village. En général, la taille

du cercle montre l'importance de l'organisation. Quand les cercles représentant différentes

organisations se touchent ou se superposent, cela montre l'existence de relations entre ces

organisations. Quand les cercles ne se touchent pas, les organisations n'ont aucune relation entre

elles. Quand les cercles intersectent, il existe une interaction dont l'importance est illustrée par

l'importance de l'intersection.

La confection de ce diagramme peut être quelquefois assez complexe; mais son intérêt réside

surtout dans la discussion suscitée pendant et après l'exercice d'élaboration du diagramme

VOTRE AIDE-MEMOIRE SUR LE DIAGRAMME

Le diagramme est-il construit pour être compris par la communauté, par vous-même et d'autres

membres de l'équipe ou simplement pour intéresser certains aux résultats de l'étude?

Quels sont les principaux problèmes, les caractéristiques que vous avez voulu représenter dans le

diagramme?

Les sujets illustrés dans le diagramme ont-ils besoin d'être illustrés?

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Pourriez-vous les illustrer mieux avec un autre type de diagramme? (cartes, transects, diagramme

de VENN, etc.)

Les diagrammes préparés avec la population peuvent-ils être utilisés pour mieux éclairer les

conclusions de votre étude?

4.5.3 Les cartes

La carte est un outil qui vous permet de faire la représentation schématique d'une zone donnée tout

en en faisant ressortir les points importants. Elle laisse percevoir l'environnement de la localité, sa

situation géographique, en même temps qu'elle vous renseigne sur l'occupation et l'exploitation de

l'espace de la localité par les communautés. L'élaboration d'une carte participative établit le contact

entre vous et les membres de la communauté, en même temps qu'elle vous informe d'une façon

visuelle sur la zone.

Les cartes tracées par les membres de la communauté vous donnent une idée sur la perception qu'ils

ont de leur aire géo-politico-administrative, de ce qu'ils considèrent comme important pour eux

dans leur environnement local. Les cartes peuvent aussi fournir des informations précieuses sur des

aspects qui ont été oubliés ou non observes par votre équipe.

Qu'ils soient alphabétisés ou non, les membres de la communauté sont généralement en mesure de

tracer des cartes très schématiques. Si certaines personnes éprouvent des difficultés pratiques à

commencer la carte, vous pouvez les y aider en donnant certains repères, par exemple les maisons,

les routes, les noms des propriétaires des maisons, etc.

On peut faire des cartes des zones de pêche, des mouvements des courants, des vents, des marées,

etc. Par les cartes, vous pouvez très bien générer des informations relatives à l'espace et à

l'utilisation de l'espace terrestre et maritime par la communauté.

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4.5.4 Le transect Le transect est un diagramme montrant les principales caractéristiques et les changements survenus

le long d'une ligne tracée à travers le village ou aux environs de la zone de votre étude. peut être

considéré un outil complémentaire de la carte. En effet, tandis que la carte donne une vue aérienne

de l'espace, le transect en donne une coupe horizontale prenant une direction qui permet de couvrir

l'essentiel des variations du bio-écosystème de la zone. Le transect permet de prospecter la localité,

en suivant un parcours déterminé au préalable pour découvrir la diversité du milieu.

A travers le transect, vous voyez le relief, les types de sols, les espèces végétales, les activités

agricoles ou de pèche, etc. Le transect peut être utilisé pour aider à morceler la localité de l'étude

en zones, soit suivant le type d'activité exécutée ici, ou selon les problèmes rencontrés là, la

population qui y vit ou y travaille, ou le type de plantes ou d'animaux trouvés çà et là.

Les transects peuvent être utilisés sous une forme simple pour aider la population à exprimer ce

qu'elle sait de son environnement. Ils peuvent aussi être développés pour illustrer une grande

quantité d'informations sur le village dans une forme claire et concise. Ils peuvent être utilisés

comme représentations graphiques des potentiels inexploités ou sous-exploités existants dans la

communauté.

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4.6 Le profil historique Le profil historique est un diagramme qui montre non pas ce qui s'est passé au cours d'une année

seulement, mais plutôt les événements importants qui se sont déroulés tout au long de la vie du village

ou de la zone. Généralement, ce genre d'information est détenu par les personnes âgées, les historiens et

les griots du village. Il est possible de mettre l'accent sur les événements qui présentent une importance pour l'étude par la MARP.

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4.7. Les techniques de classification

4.7.1 La classification préférentielle

La méthode de classification préférentielle consiste à demander à une personne d'établir une priorité

de ses préférences, besoins, ou opinions sur différentes questions. La classification est un exercice

qui peut être utilisé à plusieurs occasions pour obtenir de la communauté l'expression de

ses priorités, les raisons qui motivent son choix et la façon dont elle répartit les biens.

Le principe de base d'une classification est d'avoir des répondants, soit dans un groupe, soit

individuellement, pour classifier une série d'articles ou d'éléments qui sont importants pour eux,

selon un jeu de critères qu'ils considèrent eux-mêmes comme pertinents Pour ce faire, une bonne

animation est nécessaire.

4.7.2 La classification selon le niveau de richesse ou de prospérité

Une autre méthode de classification est celle dite "Classification selon le niveau de richesse ou de

prospérité". Elle peut être utilisée pour découvrir les critères par lesquels la richesse est mesurée

dans une communauté, vous pouvez, par exemple, demander aux personnes interrogées

approximativement le nombre de personnes qui, dans la communauté, sont considérées comme

riches, pauvres, très riches, très pauvres, ensuite vous pouvez demander ce qui fait classer chaque

groupe comme riche ou pauvre stratifier la communauté plus précisément selon le niveau de

richesse, par exemple pour découvrir les objets par lesquels la richesse est mesurée, pour découvrir

soit différents groupes, familles ou individus dans la communauté en demandant qui possède le

plus ou le moins de biens.

Cette technique de classification se base sur la définition que les populations locales donnent au

concept de "richesse". Une étape préliminaire de cet exercice consistera donc à demander à la

personne ressource qui va faire la classification de préciser ce que "richesse" veut dire pour elle.

Cette étape constitue déjà un pas pour comprendre l'importance que l'on donne aux différentes

ressources locales disponibles.

L'utilisation des résultats d'une telle classification permet d'éviter certains biais liés au statut et à

l'influence de l'individu. En effet, la typologie qui aura été établie permettra d'inclure dans

l’échantillon des personnes à interviewer, aussi bien des individus aisés que des individus pauvres.

4.8 Les jeux L'utilisation des jeux vous permet de connaître la préférence des gens en fonction de la culture

locale; les jeux vous permettent aussi de voir comment les villageois prennent les décisions

d'allocation de leurs ressources. Analysez les différents jeux courants dans la zone où vous faites

votre étude et vous pourrez les adapter pour faire participer les membres de la communauté à votre

étude.

4.9 Les citations révélatrices et les proverbes Quand vous faites votre étude dans une zone rurale, vous vous apercevrez qu'au cours des

discussions, les membres de la communauté utilisent souvent des proverbes ou des citations d'une

personne de référence avant de répondre à vos questions.

Si vous faites bien attention, vous pouvez noter que ces proverbes et citations sont souvent en

rapport avec le sujet dont vous débattez et à l'analyse, ces citations et proverbes vous montrent un

aspect des croyances et des visions des membres de la communauté.

Prenez soin de noter ces proverbes et citations qui pourraient vous servir à mieux comprendre la

communauté, un avantage non négligeable est que si lors de la restitution des

résultats de vos travaux à la communauté, vous utilisez rationnellement ces proverbes et citations

pour illustrer votre présentation, les villageois considéreront que vous êtes intégré à eux et que vous

leur parlez avec des termes qui leur sont propres

4.10 Les photographies

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Les photographies sont des outils souvent très efficaces pour provoquer une discussion ou des

réactions avec les personnes-ressources membres de la communauté sur une situation donnée.

Prenez des photos des endroits importants du village, des points que les villageois peuvent

reconnaitre; prenez des photos des membres de la communauté pendant qu'ils travaillent avec vous,

pendant qu'ils sont dans leur milieu.

Quand vous leur présentez ces photos lors de la restitution, vous sentez un vif intérêt de leur part,

intérêt dont vous devez profiter aussitôt pour discuter des aspects spécifiques en rapport avec votre

étude.

4.11 Les contes et les légendes Les contes et les légendes se réfèrent à l'histoire et aux faits marquants de la communauté et sont

souvent racontés la nuit. Ils vous permettent aussi de connaitre les croyances de la communauté.

Etant donné qu'ils ont souvent lieu la nuit, prévoyez dans votre programme d'y prendre part dans

la mesure du possible et notez toutes informations utiles et intéressantes pour votre étude.

Résumé des outils et techniques de la MARP Les outils et techniques préconisés par la MARP pour la collecte et l'analyse permanente

des données comprennent principalement:

La revue des données secondaires

L'observation directe au cours d'une visite ou d'une marche à travers le village

L'atelier préliminaire

L'interview semi-structurée

Les diagramrnes: calendriers, diagramme de VENN, cartes et transects

Le profil historique Les techniques de classification: la classification préférentielle, la classification selon le niveau

de richesse ou de prospérité

Les jeux

Les citations révélatrices et les proverbes

Les photographies

Les contes et les légendes.

Quand utiliser les outils et techniques de la MARP?

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IMPORTANT: Notez bien que pour obtenir des informations utiles et complètes pendant votre étude MARP vous devez toujours vous référer fondamentalement aux six questions de recherche suivantes

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Section 5

Comment planifier et exécuter une étude de terrain par la MARP?

Quatre grandes étapes sont à définir:

lère étape: La phase de préparation

2e étape: Le travail de terrain

3e étape: La phase d'analyse des résultats et de rédaction du projet de rapport

4e étape: La restitution, la validation, la rédaction du rapport final et la publication des résultats.

5.1. lère étape: La phase de préparation

Cette étape de préparation de l'étude consiste principalement à:

choisir le thème de l'étude, formuler les hypothèses, choisir le site définir la composition de l'équipe

collecter des données secondaires sur la zone de l'étude

procéder à une première analyse de ces données et à

planifier le travail de terrain.

Pour organiser une étude de terrain par la MARP, que faut-il faire?

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Ce travail peut être fait par deux ou trois personnes qui connaissent bien la zone de l'étude et qui

savent bien comment procéder.

En principe, il vous faudra quelques jours ou quelques semaines pour effectuer ce travail

préparatoire, ceci en fonction du sujet et du but de l'étude, de la taille de la zone, des facilités

administratives, des difficultés de communication, etc.

VOTRE AIDE-MEMOIRE SUR LA PHASE DE PREPARATION

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5.2 2e étape: Le travail de terrain: utilisation des outils et techniques de la MARP

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Vous devez très bien planifier le travail de terrain car la plupart du travail d'apprentissage et

d'analyse des données s'effectue à ce niveau. Mais ici, et malgré cette planification, vous ne devez

pas oublier le principe de la flexibilité dans la mise en pratique de votre plan; ce plan doit donc être

assez flexible pour vous permettre de mieux exploiter les nouvelles connaissances qui peuvent

apparaître pendant l'étude.

Cette flexibilité requiert de vous de pouvoir changer votre plan durant le travail de terrain en posant

par exemple des questions pour approfondir un nouveau sujet auquel vous n'avez pas pensé dans

vos hypothèses, en sélectionnant d'autres lieux par exemple ou d'autres personnes-ressources à

interviewer, etc. (or N'oubliez surtout pas qu'essentiellement, le travail de terrain pendant une étude

MARP est pratique et orienté sur la population dont vous devez obtenir Pentière participation. Vous

ne travaillez pas "A la place" de la communauté, mais vous travaillez plutôt "avec" elle.

Pendant le travail de terrain, VOUS DEVEZ donc:

Chercher au maximum à connaitre les savoirs populaires courants sur la localité où vous menez

votre étude;

Étudier les différentes catégories socio-professionnelles locales évoluant dans cette localité,

leurs perspectives, leurs coutumes et pratiques sociales, etc.

Converser avec les membres de la communauté, les interviewer, les observer, marcher avec eux à

travers le débarcadère et parler avec eux des problèmes auxquels ils sont confrontés

pour mieux les connaitre et gagner leur confiance.

La MARP vous permet d'utiliser une combinaison d'interviews avec les principales personnes

ressources, et avec les membres des ménages que vous avez sélectionnés.

Comme il a été dit pour la phase de démarrage, vous commencez très tôt l'analyse et l’évaluation

des données recueillies, c'est-à-dire tout au début de l'étude et vous poursuivez cette analyse tout

au long du travail de terrain.

Sur le terrain donc, vous devez, au sein de votre équipe, organiser des renions et des séances de

discussions pour faciliter l'analyse des données recueillies pendant l'étude.

Pendant ces séances,

VOUS DEVEZ

Revoir, réviser et analyser les notes de terrain après chaque interview importante (ou au moins une

fois par jour) afin d'éviter les oublis et erreurs d'interprétation qui peuvent sérieusement affecter

vos résultats.

En MARP, l'analyse des données est un processus continu tout au long de l’étude. L'analyse, la

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revue, l’évaluation, la discussion et la critique des données sont effectuées itérativement d'un bout

à l'autre des quatre phases décrites plus haut.

5.2.1 Comment faire un transect

Les étapes de préparation d'un transect sont les suivantes:

1- Après avoir bien étudié la configuration de la zone d'étude, vous déterminez les

directions des transects en fonction du thème de votre étude et du nombre de transects que vous

voulez réaliser;

2- Ensuite, vous choisissez une ligne ou une série de lignes traversant la zone d'étude

et qui passeront à différents endroits jugés importants dans la localité.

3- Vous marchez le long de cette ligne imaginaire en notant tous les aspects importants

et les changements que vous avez rencontrés. Selon le centre d'intérêt de l'étude et de votre capacité

personnelle, vous prendrez note des éléments suivants: types de sol, faune, flore, cultures, autres

ressources naturelles, sources d'eau, problèmes pertinents rencontrés en agriculture et types

d'activités, moyens d'existence dans différentes zones. matériels et équipements de pêche en

utilisation ou vétustes rencontrés sur la plage.

4- Prenez le temps de vous arrêter et de bavarder avec les personnes rencontrées

pendant la marche le long de votre ligne choisie. Posez-leur des questions sur tout ce que vous avez

observé, sur ce qu'elles font, les problèmes qu'elles rencontrent, etc.

5- Ensuite, vous devez obtenir de la population, soit en groupe, soit individuellement,

d'identifier les diverses zones qui ont été marquées et vous vérifiez si elle accepte le tracé que vous

avez fait

6- Posez des questions et discutez avec la communauté sur les aspects suivants:

Qu'est-ce qui se passe dans chaque zone?

Pourquoi ceci se produit-il ici et non ailleurs?

Quels problèmes rencontrent-ils?

Y a-t-il eu des changements ici dans le passé et pourquoi?

Quelles solutions possibles trouvez-vous pour chaque problème de chaque zone?

D'autres questions peuvent être éventuellement posées selon le centre d'intérêt et les priorités de

votre étude.

5.2.2 Comment procéder aux classifications

La classification préférentielle

Les étapes préliminaires dans un exercice typique de classification préférentielle sont les suivantes:

Si vous faites l'exercice avec un groupe, essayez d'avoir un groupe qui est vraiment intéressé et

bien informé des sujets que vous voulez classifier.

En vous basant soit sur une catégorie d'éléments que vous voulez étudier, soit sur un sujet que le

groupe ou l'individu avec lequel vous vous entretenez mentionne comme étant important,

choisissez les éléments que vous aimeriez classifier.

Demandez aux répondants de lister les éléments individuels dans chaque catégorie et essayez

d'avoir un groupe de 3 à 7 différents éléments qui sont significatifs pour la population avec laquelle

vous parlez. L'essentiel est de savoir ce qui est important pour les répondants et non pour les

enquêteurs.

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Posez la question à ceux avec qui vous parlez sur les qualités de chaque élément; ne posez pas des

questions du genre "Qu'est-ce qui est bon ou qu'est-ce qui est mauvais parmi les éléments à

classifier".

Ecrivez le critère par lequel les gens jugent les sujets; transformez-les tous en critères positifs et

négatifs et essayez de mettre ensemble les critères qui sont essentiellement les mêmes.

Par exemple, le pécheur avec qui vous parlez mentionne les huit critères suivants pour le choix de

différents engins de pêche:

moins cher à acquérir

utilisable pour capturer plusieurs espèces de poisson

utilisable toute l’année

ne capture pas beaucoup de poissons

peut être utilisé régulièrement

facilement réparable

utilisable par une personne seulement

ne dure pas longtemps.

Vous pouvez résumer ces critères comme suit:

bon marché

multiples et fréquentes utilisations

productif

facile à réparer

durable.

Vous pouvez élaborer un petit tableau dans lequel les réponses aux questions pourront être classées

systématiquement.

Mettez les sujets sur la colonne des ordonnées du tableau et les critères sur la colonne des abscisses.

Ajoutez une colonne où vous pouvez noter les sujets intéressant les personnes interrogées.

Pour chaque critère, demandez premièrement à tout le monde le meilleur engin. Selon le nombre

de sujets (ex. engins) que vous avez couverts, vous pouvez alors demander lequel est le second ou

lequel est le mauvais. C'est mieux de progresser du bon au mauvais.

Ensuite, éliminez les sujets du milieu.

En dernier lieu, demandez aux personnes interrogées quel type d'engin elles choisiraient si on leur

demandait d'en avoir un. Le résultat est souvent surprenant et peut vous conduire à une bonne

discussion et à une meilleure compréhension des critères utilisés par les gens.

La classification selon le niveau de richesse ou de prospérité

Différentes techniques de classification ont aussi été développées pour permettre de discuter

d'autres caractéristiques de la communauté. Parmi celles-ci, on peut citer la classification selon le

niveau de richesse ou de prospérité qui se construit à partir de la définition que les populations

elles-mêmes donnent à la richesse.

Puisque cette technique se construit partir de la définition que les locaux eux-mêmes donnent à la

richesse, vous ne pouvez l'utiliser qu'avec des personnes ayant une connaissance assez poussée de

la situation de chaque concession de la localité.

Toutefois, l'exercice devient fastidieux quand vous travaillez avec une liste supérieure à 50

personnes. Avec un nombre plus grand, il est possible soit de travailler par quartier, soit de tirer un

échantillon au hasard à partir de la liste complète des chefs de concession.

5.2.3 Le choix des unités à classer

Avant de commencer la classification, il est bon d'avoir une idée sur l'organisation du village et de

considérer les objectifs de l'étude pour décider du choix des unités à classer.

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Voulez-vous classer les concessions? (Oui peut-être si vous êtes intéressé par les problèmes de

sécurité alimentaire et s'il existe une gestion commune des stocks alimentaires au sein de la

concession).

Etes-vous intéressé par les différences de revenus entre femmes? (Cela peut se justifier si vous

étudiez, par exemple, les revenus des femmes en fonction des activités, de la période de l'année ou

de l'utilisation qu'elles font de ces revenus).

Les points qui suivent décrivent les principales étapes à suivre dans ce type de classification.

Certaines d'entre elles doivent faire l'objet d'une grande réflexion avant le démarrage de l'exercice

L'expérience a montré que quand l'exercice est bien expliqué, les personnes ressources ne

manifestent aucune réticence à participer. Les problèmes apparaissent seulement lorsque des

explications claires n'ont pas été fournies à la personne-ressource et si cette dernière a des

appréhensions sur l'utilisation future de l'information.

5.2.4 Le choix des personnes ressources pour la classification

La sélection des personnes-ressources est une phase critique. Au moins trois personnes ayant

différentes fonctions dans la communauté devront être choisies (triangulation). La personne-

ressource doit bien connaitre tout le monde ou au moins la grande majorité des personnes dans le

village. Il est bon de mettre en confiance la personne-ressource avant de démarrer l'exercice. La

personne peut être quelqu'un qui est déjà en interaction avec l'équipe.

La classification doit être faite en privé si possible.

Si la personne-ressource est analphabète, un membre de l'équipe peut lui lire, au fur et à mesure,

les noms sur les cartes avant de les lui remettre pour classification.

Voici les différentes étapes à suivre:

Identifiez l'unité qui sert de base de classification, pirogue, ménage, par exemple.

Préparez la liste des noms des différents chefs d'unités à classer.

Mettez un nom sur une carte et numérotez la carte.

Identifiez une personne-ressource et expliquez-lui l'exercice. Bien lui préciser que vous ne

cherchez pas à connaître la richesse d'individus donnés, mais plutôt à vous informer sur les

différents niveaux de richesse qui existent dans le village.

Retirez du jeu de cartes celle portant le nom de la personne-ressource.

Discutez le concept de richesse pour voir la définition que lui donne la personne-ressource.

Demandez à la personne-ressource de classer les cartes en piles homogènes comprenant

chacune des individus de niveau de richesse comparable.

La personne-ressource décidera du nombre de piles.

Vérifiez les piles avec la personne-ressource pour vous assurer qu'il n'y a pas d'autres

changements à introduire.

Discutez avec la personne-ressource des éléments qui caractérisent chaque groupe. Par

exemple, dans un village, les concessions considérées comme les plus riches étaient celles

qui possédaient beaucoup de terre, de matériels agricoles et des revenus provenant de

l’émigration.

Dans un autre village, le facteur déterminant la richesse peut être le nombre de pirogues

possédées par la personne.

A la lumière de ce qui précède, posez toute autre question pouvant aider à mieux

comprendre le problème des revenus dans le village.

Remerciez la personne-ressource et précisez lui encore une fois que vous n'étiez pas

intéressé de

vous informer de la situation de personnes données, mais plutôt de celle plus générale des

groupes.

Reportez sur une feuille (feuille N 1) les informations relatives aux différentes piles.

Affectez un poids à chaque catégorie.

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La somme des poids étant égale à 1, vous divisez ce chiffre par le nombre de catégories

créées par la personne ressource.

Le résultat correspondra au poids du groupe "plus riche", le groupe suivant aura un poids

égal à 2

fois celui du premier groupe, et ainsi de suite jusqu'au dernier groupe "plus pauvre" à qui

sera affect& un poids de 1.

Répétez les étapes 4-10 avec les autres personnes-ressources.

Calculez le nombre de points pour chaque unité. (feuille N 2).

Notez les situations "anormales" qui apparaissent, c'est-à-dire si une carte est placée dans

le groupe des riches par une personne-ressource et dans un groupe de pauvres par une autre.

Organisez la liste en ordre &croissant (feuille N 3).

Repérez et séparez (il suffit de tracer un trait entre les catégories) en catégories les différents

groupes assez homogènes qui ressortent de la classification.