Numero22

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22 juin.2013 Interview : François Bussy Rubrique libre Etudier loin d’ici Les camps de GSE Plein d’autres choses... Le journal des étudiants en géosciences et environnement Des geo’s en ballade

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AEGE Geosciences Geography Environnment Geology Lausanne

Transcript of Numero22

22juin.2013

Interview : François Bussy

Rubriquelibre

Etudier loin d’ici

Les campsde GSE

Plein d’autres choses...

Le journal des étudiants en géosciences et environnement

Des geo’sen ballade

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L’Irrégulier

Dedans

Nous

Edito 3 / L’Aege te parle 4 / Entretien avec François Bussy 5&6 / Les camps de GSE : camp de cartographie géomorphologique 7&8 - projet de géomorphologie 9&10 - excursion en sciences de la Terre 11 / Rubrique libre : Manon Stalder 12 / Etudier loin d’ici : Camille Bochet 13 - Elodie Bouvier & Cynthia Bonzon 14&15 / Des géo’s en balade : Wanda Wietlisbach 16&17 / Portfolio : Stephan Utz 18

Rédacteur en chef : Corentin Neuffer (rédaction) & Jean-Baptiste Bosson (mise en page) Comité de rédaction : Sandrine Folly, Estelle Guex, Vincent Humphrey, Yoan Pétremand, Lucie Rosset, Sébastien Ruttimann, Stephan Utz, Wanda Wietlisbach

Ont également participé : Camille Bochet, Cynthia Bonzon, Elodie Bouvier, François Bussy, Gaétan Métral, Manon Stalder, Nicolas Vallotton & Sophie Wietlisbach

Numéro 22, paru le 4 juin 2013, Editeur FGSE

http://www3.unil.ch/wpmu/aege/lirregulier/

Sauf mention contraire, toutes les photos figurant dans ce numéro ont été réalisées par Stephan Utz

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EditoEn cette fin d’année bien chargée pour tout le monde, nous n’avons malheureusement pu vous fournir qu’un numéro raccourci de votre journal préféré. En effet, les doctorants étant bien chargés, difficile de leur demander d’expliquer leur thèse à Mamie, surtout quand les délais ne sont pas adéquats. Mais pas de souci, l’essentiel y est :

Si vous n’avez pas vu Cynthia, Elodie et Camille ce semestre, c’est parce qu’elles étaient loin ; l’Irrégulier leur a demandé de vous faire part de leur expérience d’étudiantes à l’étranger. Vous retrouverez l’entretien d’un professeur, en l’occurrence M. le Doyen François Bussy, qui nous fera part de sa vision très fraîche et consensuelle de la faculté. Une fois n’est pas coutume, c’est aux abords de la cité de Calvin que nos deux guides sont allés faire leur tour, profitant par la même occasion pour aller grimper.

Les étudiants de la fac étaient apparemment en panne d’inspiration avec seulement un texte reçu pour la rubrique libre… On espère vous lire un peu plus le prochain semestre, ce journal c’est aussi (et surtout) le vôtre.

Par contre, on a décidé de vous gâter au niveau des camps et excursions avec deux camps de géographie physique (Cartographie géomorphologique et Projet de géomorphologie) et une excursion de sciences de la Terre.

Mais en parlant de ces camps justement… en quittant Arolla sous la neige, tout le monde s’est dit au revoir, comme si on avait vécu un mois ensemble. J’avais personnellement rarement vu cela. Ensemble un mois ? trois ans en fait… Trois ans sans se connaître voire sans se causer ou se saluer. Trois ans à côtoyer des personnes que l’on découvre sous d’autres facettes (bonnes et mauvaises) pendant ces camps et qui ont chacune des histoires à raconter. Comme pour nous rappeler que l’université, même si cet aspect-là n’est pas souvent mis en avant, peut aussi être une école de vie et que, sauf s’il le décide lui-même, la phase de socialisation de l’individu ne s’arrête jamais.

Bonne lecture, courage à tous pour la période d’examen(s) qui nous attend et à la prochaine !

Pour l’Irrégulier,

Corentin Neuffer, rédacteur en chef

L’Atlas vu depuis Aït Ben Haddou (Maroc)

Corentin Neuffer

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L’Irrégulier

En ce mois de mai hivernal, il fait bon se rappeler que le soleil nous fit part de sa clémence pour les principaux événements de l’AEGE tel que le week-end de ski à Torgon et Unilive durant lequel le comité de l’AEGE a tenu la roulotte Cardinal. Celle-ci est d’ailleurs restée dans un stress hydrique sévère jusqu’à son assèchement en grande partie due à l’évapotranspiration prononcée des étudiants. La journée des métiers 2013 a été elle aussi remarquable de par votre participation et nous vous en remercions chaleureusement.

La première partie du 10ème anniversaire de l’AEGE a eu lieu au Lido dans une ambiance festive. Nous avons hâte de vous offrir la 2ème partie qui restera encore un secret bien gardé jusqu’à la rentrée. Il ne nous reste plus qu’à remercier toutes les personnes qui ont œuvré à animer cette année académique et à souhaiter aux nouveaux co-présidents, Julia et Adrian, le meilleur pour leur mandat!

L’Aege te parleYoan Pétremand & Gaétan Métral

Parle à l’IrrégulierTu as envie de proposer un article, des photos ou des dessins ? Tu souhaites participer à la rédaction d’un journal (de la conception à la mise en page) ? Tu as détesté ou adoré un article ? N’hésite pas à nous écrire à l’adresse:

[email protected]

Le nouveau T-shirt de la faculté vient d’arriver! Bravo à Sandrine Folly (qui vient d’intégrer l’équipe de l’Irrégulier ;-) pour son design gagnant. Vous pouvez le commander auprès de l’Aege :

www.unil.ch/aege

Lac de Joux depuis la Dent de Vaulion

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Entretien avec François Bussy Professeur à l’ISTE et Doyen de la FGSE

Quel métier rêviez-vous de faire étant enfant ?

Je m’attendais à cette question mais il m’est difficile d’y répondre… A part pompier pendant quelques années, je pense que je n’avais pas d’idée extrêmement précise, pas celle de devenir géologue en tout cas.

Avez-vous eu un parcours particulier avant le monde académique ou est-ce venu naturellement ?

C’est venu naturellement, sans interruption majeure. J’ai suivi un parcours classique : Gymnase, université à Lausanne, thèse dans la même université, séjour à l’étranger et retour à l’université de rattachement. C’est un parcours à ne pas suivre à l’heure actuelle parce qu’en général les possibilités de progression sont limitées.

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir doyen ?

Alors je dirais qu’on m’a poussé, on est venu me chercher. La tradition est que le doyen sortant cherche un successeur en consultant aussi les doyens antérieurs. Ce collège de doyens établit une petite liste de ‘papables’. J’ai eu un peu l’impression, sans vouloir me dénigrer, que j’ai été sollicité faute d’alternatives. Il y avait certainement d’autres professeurs assez bons dans la gestion administrative mais qui n’avaient pas de temps disponible pour cela ou qui étaient là depuis trop peu d’années. Il faut tout de même une certaine connaissance de la faculté et aussi du système scolaire dans le pays. J’ai un peu hésité devant l’ampleur de la tâche sachant que c’est une faculté jeune qui est en pleine restructuration et je savais que ça allait être un gros défi car le décanat précédent a dû faire face à des difficultés. Le fait d’avoir été sollicité était un paramètre très important. J’étais aussi dans ma carrière à un moment où j’avais envie de relever un nouveau défi.

Je n’ai aucune culture administrative et je n’aime pas l’administration, mais j’aime que les choses soient bien organisées. Ça peut être un atout comme un handicap. Un atout dans le sens où je ne fais pas de l’administratif par plaisir et donc je vise avant tout l’efficacité. Un handicap car personne ne sait à l’avance si on va être bon ou non dans l’administratif. Au début, il y avait plein de procédures que je ne connaissais pas. J’ai fait des bourdes ou court-circuité la Direction, sans le vouloir mais parce que je pensais faire au plus simple et au plus logique. Mais l’administration a sa logique propre qui est souvent lourde et très hiérarchisée. Mon maître mot est l’efficacité.

Quels sont les inconvénients et les avantages que vous procure le poste de doyen, hormis le fait d’avoir un plus grand bureau ?

Ce n’est même pas le cas (rires). Mon bureau de prof est plus beau que celui-là, car je l’ai choisi en priorité, à titre de modeste et unique rétribution pour mon travail de coordination entre le BUD et les futurs utilisateurs de Géopolis entre 2008 (!) et 2012.

Les avantages c’est d’avoir la vue d’ensemble de tout ce qu’il

se passe dans la faculté. J’ai pris un énorme recul. Très vite, on a une manière de voir les choses qui est assez différente de celle des collègues. On découvre l’historique de la faculté. On a un contact direct avec la Direction et les collègues des autres facultés. On a donc une vue d’ensemble de tout ce qu’il se passe dans l’université. C’est assez vertigineux, ça ouvre de très larges horizons.

Les inconvénients c’est que c’est une responsabilité très lourde. Pour mes proches, je suis souvent absent psychologiquement, même quand je suis présent physiquement. Je n’arrive pas à fermer la porte du bureau et ne plus penser à mon travail. La principale difficulté est la gestion des personnes. Soit entre moi et les gens soit en tant qu’arbitre. S’il n’y avait que l’argent, ce serait facile. On découvre toutes les tensions internes qui existent dans tous les services. Les gens ont placé des espoirs en vous donc on génère souvent de nouvelles frustrations. On a aussi un réel pouvoir de décision dont il ne faut pas abuser. On pèse pas mal sur le destin des gens et sur leur carrière. Cela m’effraie plus que cela ne m’exalte.

Les géologues voyagent beaucoup ! Racontez-nous un voyage qui vous a particulièrement marqué ?

Oui, il y’en a deux qui ont eu lieu l’année dernière. Mon voyage en Himalaya qui cristallisait plusieurs fantasmes car mes collègues y vont depuis la fin des années 80. A l’époque j’étais encore étudiant en master et j’ai toujours un peu rêvé de faire pareil. Quand Jean-Luc Epard m’a proposé de l’accompagner l’année dernière dans le cadre de son congé sabbatique, j’ai été immédiatement conquis.

Le deuxième voyage est celui de la Patagonie et pour moi c’est un autre fantasme, celui de l’extrême Sud. Je n’avais jamais mis les pieds en Amérique du Sud de ma vie. C’est la première fois que je passais l’équateur.

Celui de l’Himalaya était quand même plus marquant pour moi. Le pays était à la hauteur de mes attentes, surtout dans sa topographie (rires).

Est-ce que l’envie de partir travailler à l’étranger vous a déjà traversé l’esprit ?

Oui effectivement sur la fin de ma thèse j’ai hésité à émigrer. Mais pour la petite histoire, il faut dire qu’on m’avait déconseillé de faire des études de géologie parce que je n’aimais pas voyager alors que d’autres font de la géologie dans la perspective des voyages et de l’aventure. Ce n’était pas quelque chose qui me tentait vraiment mais j’y ai pris goût. Même déjà à la fin de mon diplôme, si je n’avais pas fait de thèse je serais parti à l’étranger travailler dans le domaine minier.

Vous avez des passions ou des hobbies ?

Je n’ai aucune passion, je ne suis pas quelqu’un de passionné. Même si les gens ont de la peine à me croire, dans la mesure où

www.unil.ch/gse

Yoan Pétremand & Vincent Humphrey

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quand je parle d’un sujet je pourrais donner l’impression de l’être. Je parle avec une certaine vivacité, un certain enthousiasme. Mais je n’ai jamais eu de passions dans la vie.

J’ai quelques hobbies mais aucun qui ne m’investisse réellement. J’ai des hobbies assez tranquilles, peu sportifs, comme le jardinage. C’est un peu par atavisme dans la mesure où dans la famille c’était l’activité ‘pépère’ que l’on pratiquait souvent. J’ai réalisé que ça me ressourçait passablement. J’aime bien m’occuper de l’entretien d’une maison, bricoler. J’aime par exemple refaire une chambre : peinture, carrelage, électricité. Je suis un manuel contrairement aussi à ce que certains pourraient penser. En dehors de ça un peu de vélo, du chant en chorale classique, pas mal de balades en forêt. La forêt est mon biotope naturel. Pour moi, la végétation est très importante. J’ai besoin de végétaux qui me dépassent en taille, dans lesquels je puisse aller me ressourcer.

Qu’emmèneriez-vous sur une île déserte ?

Alors assurément ma compagne, sans hésiter.

Au niveau personnel, avez-vous des ambitions, des projets particuliers ?

J’ai l’ambition d’arriver vivant au terme de mon décanat, et puis si possible, mener à bien ce que je considère comme la mission qui m’a été donnée, c’est-à-dire d’achever cette restructuration. Ça c’est mon ambition à moyen terme. Mon ambition à plus long terme après ce décanat est de pouvoir retourner à la recherche.

En parlant de la restructuration, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Je suis obligé de faire d’abord un petit historique. Un des objectifs de la restructuration était de réduire le nombre d’instituts, notamment pour diminuer la charge administrative. La Direction était plutôt en faveur de ce projet, tout en acceptant d’ouvrir de nouveaux postes à la condition que l’environnement devienne une priorité dans la faculté et soit rendu plus visible.

L’été dernier, après beaucoup de discussions, la solution à trois instituts a été retenue. Mais le troisième institut n’a pas pu voir le jour car les personnes pressenties ne s’entendaient pas et ne voyaient pas de projet commun. Cet institut avait une cohérence, mais cela ne s’est pas bien passé à cause de conflits de personnes. Ce troisième institut s’est retrouvé plus petit que prévu, essentiellement constitué par l’institut de géophysique et l’institut de géomatique et d’analyse du risque. On en a donc fait un centre (Centre de Recherche en Environnement Terrestre) dont l’espérance de vie a été fixée au 31 décembre 2013, avec pour mission au nouveau décanat de trouver une solution d’ici là.

Plusieurs idées ont été proposées, par exemple de viabiliser ce centre, autrement dit d’en faire un institut quand même. En tant que tel c’était difficile puisqu’on avait considéré qu’il n’était pas assez grand pour être un institut. Même s’il était cohérent à l’interne, il n’apportait pas la cohérence voulue au niveau facultaire. L’alternative la plus simple était de dissoudre ce centre et de le répartir entre les deux instituts restants (Institut des Sciences de la Terre et Institut de Géographie et Durabilité, ndlr). Mais après réflexion, la perspective de se retrouver avec deux blocs, d’un côté les sciences humaines, de l’autre les sciences naturelles m’a paru assez consternante. A l’orée des dix ans, ce serait assez tragique d’en arriver là, pour reprendre le terme de mon collègue Suren Erkman. Au contraire, on doit essayer d’être proactif, imaginatif, créatif, ambitieux et optimiste, je crois.

On a donc retenu une base différente mais qui puisse réunir

suffisamment de personnes, c’est-à-dire l’environnement de surface, la biosphère, l’hydrosphère et l’atmosphère. Les sols et au-dessus. Cette fois le décanat a pris soin de suivre une procédure bottom-up, c’est-à-dire de stimuler les gens pour qu’ils réfléchissent ensemble et soient désireux de travailler sur un projet commun. Certains collègues ont l’espoir de faire quelque chose de nouveau et c’est ce qui me motive vraiment pour ce projet. Si par malheur on devait à nouveau échouer, il faudra se rendre à l’évidence et les gens auront la faculté qu’ils méritent. Nous le saurons lors du prochain conseil de faculté, le 6 juin prochain, le centième conseil de faculté tout rond. J’ai bon espoir que le projet soit accepté, car s’il était refusé, alors cela signifierait que la peur des gens dépasse largement leurs espérances ou leur optimisme, ce qui serait vraiment tragique pour une faculté qui n’a que dix ans.

Si vous aviez une baguette magique, que feriez-vous ?

Très nettement, je ferais en sorte que tous les collaborateurs de la faculté s’entendent entre eux et travaillent dans le même sens. C’est une réponse assez professionnelle et je pourrais vous donner dix autres réponses privées… mais c’est vous dire mon souci actuel.

Avez-vous un conseil à donner aux étudiants de la faculté par rapport à leurs études ou à la vie de tous les jours ?

Je dirais, profiter au maximum de leurs études et du temps qui est à leur disposition. Profiter de ces années où on n’a pas trop de stress ou de routine professionnelle, ni de compte à rendre à son patron. C’est une période de liberté physique et intellectuelle qui est incomparable, on a la vie devant soi et il faut en prendre conscience sur le moment. Pas forcément aller à Zélig tous les soirs, même si avoir un bistrot sur son lieu de travail est génial, mais il y a tout le reste, les voyages, les rencontres, etc.

Vous êtes co-responsable d’un cours de « sciences au carré », cet enseignement vous a-t-il apporté quelque chose de spécial ?

C’est un cours que j’aime beaucoup car j’y trouve des étudiants venant d’autres facultés et qui ont d’autres sensibilités, SSP et Lettres essentiellement. J’ai eu un étudiant en théologie l’année passée qui était créationniste, ce qui donnait lieu a des discussions assez intéressantes.

Est-ce que vous avez lu le dernier numéro de l’Irrégulier ?

Oui en partie. C’est remarquable pour l’équipe rédactionnelle de pouvoir conduire ce projet en parallèle aux études. Ça fait partie de ce que je disais au sujet de profiter de sa disponibilité pendant les études pour conduire ce genre de projets ou avoir une autre activité en parallèle.

On parle beaucoup du gaz de schiste ces derniers temps et des risques qui y sont associés. Quelle est votre position à ce sujet ?

Ma position serait d’éviter à tout prix de développer cette technologie. Le gaz de schiste serait vraiment un pis-aller pour exploiter les combustibles fossiles jusqu’à la dernière possibilité plutôt que de chercher une véritable alternative. Je crains qu’on ne se donne pas tous les moyens politiquement pour éviter cette fuite en avant qui mène dans une impasse.

Nous célébrons les 10 ans de la faculté cette année, comment voyez-vous l’avenir de notre faculté ?

Radieux évidemment ! A moyen terme, je lui vois un bel avenir, dans la mesure où la direction nous soutient et nous encourage à nous développer. La condition étant de mettre l’accent sur les sciences environnementales, sans négliger pour autant les sciences fondamentales. A nous donc de relever ce défi, sans être rétrograde et sans trop regretter certaines époques, pour la géographie ou la géologie par exemple. Il faut prendre la mesure des attentes des politiques et de la société, sans abandonner les sciences de base et les disciplines qui ont fait notre succès. L’avenir à moyen et long terme dépendra avant tout de l’engagement des gens. L’avenir de la faculté est entre nos mains, pas celles des politiciens. Si l’avenir se bouche ce sera essentiellement parce qu’on aura pas eu suffisamment d’engagement et d’énergie pour garder notre place au soleil. Notre faculté a tous les atouts pour réussir.

Entretien (suite)

Les camps de GSETu as envie de partager des photos extraordinaires? Des anecdotes ou des histoires surréalistes? Simplement de raconter tes expériences en camp ou excursion? Cette nouvelle rubrique est pour toi.

Camp de cartographie géomorphologique

(bachelor, septembre 2012) Texte et photos : Sébastien Ruttimann

Dernière semaine des vacances d’été et voici venue l’heure du camp de cartographie géomorphologique. Cette année le camp se déroule dans le val d’Anniviers, avec une première journée du côté de Moiry et les jours suivants dans le val de Zinal.

Premier entraînement à la cartographie dès les premières heures du camp aux abords du glacier de Moiry et première constatation: difficile de ne pas profiter du paysage au lieu de travailler! Il faut dire que le site est magnifique et que les diverses constructions morainiques sont impressionnantes. La marge pro-glaciaire vaut également le détour même si celle-ci est largement influencée par les pièges à sédiments destinés à diminuer le remplissage sédimentaire du lac de Moiry.

Les bases de la cartographie géomorphologique ainsi acquises nous voici livrés au choix de nos terrains à cartographier. Ceux-ci

sont séparés en deux zones: la première, et soit dit en passant pas forcément la plus intéressante géomorphologiquement parlant mais la plus accessible, se situe entre la Corne de Sorebois et la Garde de Bordon avec le téléphérique de Zinal posté en plein centre. L’autre zone se trouve plus au fond du val, avec un terrain «proche» du Weisshorn, sous la pointe d’Arpitetta et l’autre terrain est localisé sur le versant opposé. L’accès à ces deux terrains est un peu ardu, mais vaut largement la peine que ce soit du point de vue de l’intérêt géomorphologique que de la beauté du paysage.

Pas de chance, le premier jour sur nos terrains est un jour (très) très pluvieux, frais et le brouillard est bien dense. Avec mon groupe, nous décidons de faire fi des éléments et partons à l’assaut de notre terrain en prenant le chemin le plus court possible, c’est à dire par un chemin de randonnée alpine... Escalader des

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L’Irrégulier

petites parois bien raides à l’aide d’une chaine glacée et sous une pluie battante est une expérience amusante, mais un peu dangereuse (et surtout digne de vrais touristes irresponsables). Arrivés sur notre terrain, gelés et trempés jusqu’aux os: les vestes Goretex et protections pour sacs ont même traversés, décision est prise de chercher le premier abri venu. Cet abri se révélera être l’arrière d’une cabane de chasseur et c’est en compagnie d’un crâne de chamois à demi-décomposé que nous attendons une hypothétique accalmie, accalmie qui ne viendra bien sûr pas et le froid nous pousse à la seule décision raisonnable: il est 13h, rentrons! De retour à l’auberge nous découvrons que certains groupes ne sont même pas partis et sont restés à l’abri, bien au chaud.

Pendant la nuit la température est encore descendue et le

lendemain c’est 5 à 10cm de neige que nous trouvons sur notre terrain; pas très pratique pour cartographier des formes cachées par une fine couche. Neige de septembre, éphémère beauté, rêve de photographe avec des bancs de brouillard accrochés sur les sommets, soleil qui commence à percer et les premiers rayons qui atteignent la neige, ciel bleu azur et reliefs mis en exergue…

Et c’est par un temps de cinéma que nous retournons le lendemain et pour la dernière fois sur nos terrains. Vite terminer de remplir les nombreux espaces blancs dûs à une météo capricieuse et redescendre sur Zinal pour aller prendre les minibus. 16h, il est déjà malheureusement l’heure de mettre fin à ce camp, de rentrer sur Lausanne et recommencer les cours lundi. Dure réalité des choses…

Les camps (suite)

Projet de géomorphologie (bachelor, mai 2013)

Avoir rendez-vous un dimanche matin à Arolla peut paraître surprenant. Mais, en prévision de la semaine difficile qui nous attendait, il était peut-être préférable de prendre un peu d’avance. Après être arrivé et avoir posé les affaires, c’est parti pour une petite promenade afin de passer en revue la plupart des terrains de chaque équipe. Le groupe remonte donc la Borgne en direction du Bas-glacier d’Arolla pour ensuite gravir la magnifique moraine du Tsijore Nouve. Heureusement, la neige tombée pendant les deux précédentes heures ne tient pas et permet aux différents groupes de prendre connaissance de leur terrain.

Le lendemain il fait grand beau et tout le monde est sur le branle-bas de combat pour attaquer son terrain. Pour certains,

c’est une belle ascension au soleil qui précède le terrain, pour d’autres, c’est les galères qui commencent et les problèmes de matériel. Mardi certains groupes finissent leur terrain pendant que d’autres commencent à travailler leurs données ; entre les herbiers, les modèles numériques de terrain et autres carottes de dendrochronologie, on a l’occasion de voir de tout en discutant avec les collègues. Heureusement que les groupes ont fini leur terrain car il neigera 40 cm pendant la nuit…Le mercredi, c’est ambiance studieuse à l’Hôtel de la Tza. Stuart et les assistants sont sollicités de tous les côtés et n’ont pas une minute à eux ! Ça panique ça panique et ça se pose des questions de toutes parts. Mais la neige tombée toute la journée rend cette journée de travail plutôt paisible, ambiance fêtes de Noël.

Texte : Corentin Neuffer Photos : Sébastien Ruttimann

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Après avoir bûché tout le mercredi sur les données, c’est le moment de passer à la réalisation des posters. On se hâte, la fin de l’année est chargée pour tout le monde et la plupart des gens ont envie de conclure le poster pendant que l’information est encore fraîche. Aujourd’hui c’est jeudi, donc c’est les 10 ans de la Faculté. Une fois n’est pas coutume, on commence un camp un dimanche pour le finir un jeudi. Mais cette semaine de mai sous la neige (avec un jour et demi de beau tout de même) nous a permis de différencier notre approche scientifique ; préparer un poster avec des données récoltées sur le terrain nous fait sortir du rythme des habituels dossiers. Et se dire qu’on va devoir les présenter la dernière semaine de juin ça fait plus sérieux. Mais ce sera aussi l’occasion de se dire au revoir avant de finir ce bachelor.

Les camps (suite)

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régulierExcursion en Sciences de la Terre

(bachelor, mai 2013)

Texte : Estelle GuexPhotos : Nicolas Vallotton

Vendredi 19 mai nous nous rendions à la première des deux excursions d’Introduction de Sciences de la Terre, obligatoire pour le semestre de printemps. Trois destinations étaient au programme : La région de Martigny et de Dorénaz en Valais, la nappe de Morcles en partant d’Ovronnaz jusqu’à Saillon et pour terminer, changement de contexte géologique, les gorges de l’Areuse dans le Jura.

Une météo nonchalante n’empêche pas François Bussy et ses trois assistants de nous faire découvrir le synclinal de Dorénaz. Ancienne cité minière, cette région reste un trésor géologique. Face à nous, le socle Alpin, support constitué de sédiments d’origine marine à l’époque du Téthys. Nous pouvons observer des strates conglomératiques métamorphisées. J’apprécie la métaphore d’une assistante, qui compare le plissement et le retournement des roches à un paquet de Cornflakes que l’on aurait secoué. La polarité des couches nous indique dans quel sens coulait autrefois la rivière. De fil en aiguille, nous apprenons que la mer se trouvait dans la direction opposée à celle d’aujourd’hui.

Nous restons sceptiques. De la neige était annoncée à l’altitude du barrage d’Emosson, où nous étions supposés aller. A la place, nous n’irons voir que l’affleurement du socle quelques centaines de mètres plus loin. Ces quelques pas sont un véritable parcours du combattant pour les plus aventureux, qui décident de braver les éléments et de traverser la récente mare créée par les précipitations. Le géologue parlerait d’effet de crue, je préfère

parler d’inondation pour exprimer la rancœur générale sur la météo.

Comprendre l’orogenèse alpine est pour le moins que l’on puisse dire, renversant. La nappe de Morcles ne l’étant pas moins, nous nous rendons du côté de Saillon pour avoir une vue d’ensemble de la nappe renversée. Un voile nuageux épais recouvre tout le secteur, portant avec lui des centaines de petites gouttes condensées prêtent à se déverser sur nous. Le regard du professeur ne peut nous cacher son désarroi. Nous mangerons dans le bus. On se réchauffe le cœur autour d’une (peut-être plus) bonne bouteille, que la troupe de François Bussy n’hésite pas à partager. On l’en remercie d’ailleurs encore. Pour digérer ensuite, café-crème oblige dans le restaurant d’en face. Voulant faire bonne figure, notre guide ne peut se permettre de renoncer à la suite du programme. A deux doigts d’accepter la proposition unanime d’une visite guidée en bus, nous finissons quand-même par faire quelques mètres dehors. L’instant est savoureux. Des explications synthétiques mais claires reflètent l’état d’esprit général : « Mesdames, Messieurs, nous sommes ici sur la zone normale du massif du Mont Blanc. Nous ne sommes plus sur la couverture du socle car en effet, il est visible que les matériaux du site précédant étaient plus vieux que… Oui… Ah ça Non-De-T’… C’est le moins qu’on puisse dire. Bon. Mesdames, Messieurs, vous avez tout compris? »

Un remerciement tout particulier s’adresse à François Bussy, doyen de la faculté, ainsi qu’à ses assistants, pour avoir réussi à nous faire braver la tempête avec le sourire.

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L’Irrégulier Rubrique libre

Manon Stalder

Utiliser le système de consommation pour communiquer sur l’environnement

On a coutume d’entendre que la planète se meurt, que nous sommes tous responsables, et qu’il nous appartient d’éviter le pire. Ce constat maintes fois répété dans nos contrées (peut-être un peu moins dans les pays émergents et en phase d’industrialisation), entraîne des actions éparses des intéressés qui souhaitent s’investir. Une transition, un développement, une économie verte….on se rapproche d’une solution. Mais est-ce suffisant? Comment communiquer sur l’environnement le plus naturellement possible?

La stratégie

Thierry Libaert, professeur spécialisé en communication environnementale à l’Université de Louvain, affirme que sans communication le développement durable est impossible, car elle est le médium qui nous permet d’établir une relation avec ce qui nous environne1. Mais, comme une classe de 20 élèves, nous comprenons et interprétons tous les données de manières différentes. Le communicateur environnemental doit donc se demander quelle stratégie employer pour être compris par un maximum de personnes. En pédagogie, certaines techniques ont porté leurs fruits, par exemple l’utilisation de couleurs, de schémas, une participation active… Toutes sont utiles à leur manière, cependant elles demandent une attention particulière à la problématique environnementale que beaucoup de gens n’ont pas ou n’ont pas le temps d’avoir. A l’image du magasin bio du coin, qui est à l’autre bout du quartier, où il n’y a pas tous les produits et où les prix sont élevés… pas très accueillant et motivant quand on sait que dans la grande surface d’à côté il y a tout et bon marché. L’Homme n’est plus le chasseur-cueilleur d’autrefois, il s’est habitué au confort, à la facilité, alors pourquoi ne pas utiliser ces habitudes qui lui tiennent tant à cœur pour lui inculquer les bonnes manières !

Consommer c’est gérer

L’Homme impacte son environnement en consommant mal. L’idée serait d’utiliser ce système de consommation pour introduire un message environnemental que personne ne pourrait éviter parce que tous nous consommons. Si cela peut paraître paradoxal (« consommer pour pousser à moins et/ou mieux consommer »), il ne reste pas moins qu’il existe des preuves d’efficacité. Patagonia, une entreprise américaine de vêtements de sport, illustre le paradoxe, comme on peut le voir sur l’une de ses affiches publicitaires (ci-dessus).

Yvon Chouinard, son fondateur, aime la nature, il vend d’ailleurs des équipements pour s’y promener. Il s’est donc entiché d’une conviction qui n’était pas le profit. Au-delà de l’économie, il a ressenti une responsabilité de communiquer un message et il a utilisé son entreprise comme médium. Dans les années 80, il s’est engagé à utiliser des processus de fabrication écologique, à réduire ses gammes, allant jusqu’à vouloir limiter sa croissance!

Et son chiffre d’affaire a pourtant augmenté, contre sa volonté. Il faut souligner que dans cette démarche, le fondateur est revenu à la raison même d’exister d’une entreprise, qui n’est pas le profit comme on a coutume de le penser aujourd’hui, mais qui est de fournir un bien utile. D’ailleurs la polysémie du mot « bien » dit bien ce que cela veut dire. Dans quelle mesure, une bouteille de coca-cola est-elle un bien? Quel bien cela nous apporte? Je vous laisse réfléchir sérieusement à la question.

L’avenir entre les mains des entreprises ?

On pourrait contrer l’idée en disant que des messages comme celui de Patagonia, on les connait, et ils nous assaillent. Il ne se passe pas une journée sans que l’on soit confronté à une publicité environnementale. Récemment McDonald’s suisse a changé l’arrière fond de son logo, pour passer du rouge au vert. Cela n’avait sans doute rien à voir avec un engagement environnemental quelconque, mais le scandale qui en a découlé c’est un électrochoc de plus. Les gens se questionnent, dénoncent, s’intéressent, et cela sans qu’on les ait forcé à assister à un séminaire sur la durabilité ou autre engagement formel. Cette portée symbolique justifie le procédé qu’on a tendance à décrédibiliser. Pourtant, c’est à l’intérieur même des habitudes, du confort, de la facilité que l’on peut agir. Ainsi, il est possible d’espérer l’efficacité d’un message environnemental. Il est certain que le paradoxe reste, puisque l’on continue à consommer. Il faudrait idéalement que toutes les entreprises soient contraintes de faire preuve de responsabilité à l’image de Patagonia. De plus, il faudrait passer de la symbiose industrielle à l’économie circulaire, c’est-à-dire passer d’une industrie qui s’emploie à produire mieux en impactant moins sur son environnement à des entreprises où « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme2» ; ainsi il n’y aurait plus d’emprise sur les ressources, on utiliserait uniquement celles que l’on a déjà extraites.

Il est certain que pour qu’un monde si idéal prenne forme, les entreprises auront besoin d’un soutien gouvernemental, voir international, pour lutter contre la concurrence. C’est ici que réside le hic, comme les célèbres vidéos « the story of stuff »3 nous le rappellent, souvent, ce ne sont pas les Etats qui gouvernent mais les entreprises!

1 Libaert T., Communication et environnement, le pacte impossible, Paris : PUF, 2010.

2 Reformulation de la phrase déjà présente dans l’antiquité grec, sous la plume d’Anaxagore « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveaux ».

3 Cette vidéo en particulier : http://www.storyofstuff.org/movies-all/story-of-stuff/ (disponible en français sur dailymotion, entrée « l’histoire des choses »)

22|13L’Ir

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Etudier loin d’ici...Des étudiants de la faculté en échange nous

racontent leurs lointaines aventures

Texte et photo: Camille BochetUn semestre à Madrid, Olé !

Quelle année ! J’ai appris l’espagnol, effectué un échange ERASMUS, terminé mon Bachelor (enfin, c’est au programme) et écrit un article pour l’Irrégulier… Après trois années passées à l’UNIL, il était temps.

Durant un semestre, j’ai adopté l’étiquette d’étudiante en « échange », j’ai dû expliquer que non, je n’étais pas française, mais que oui je parlais français et pas « suisse ». Et je vous évite les remarques sur les comptes en banque des suisses, dans une Espagne en crise, il fallait s’y attendre.

La crise justement. À vrai dire, et je m’en excuse d’avance auprès des Espagnols, je m’attendais à débarquer dans un pays presque « défavorisé », où rien ne fonctionnerait plus correctement et où la révolte gronderait en permanence, menaçant d’éclater à tout moment ! Rien de tout ça, ou presque.

Les trains entre le centre ville et mon université fonctionnaient mieux qu’entre Genève et Lausanne et les wagons étaient bien plus modernes que ceux voyageant en direction du Valais… Le réseau de métro est également dense et la fréquence entre deux rames est rapide. Mais l’idéal dans une ville est bien sûr de pouvoir se déplacer à pied ! Là, les choses se compliquaient quelque peu car (très) rares sont les rues sans véhicules et marcher le long de la route n’est pas forcément très agréable. La voiture reste un objet très important pour les espagnols et ils empruntent la moindre petite ruelle, même dans les quartiers les plus fréquentés par les piétons. 50% des rares cyclistes qui osaient braver le trafic portaient un masque contre la pollution et les 50 autres % se déplaçait en fixies et avaient un look davantage étudié !

Les cyclistes se déplaçaient-ils ainsi par idéologie environne-mentale ou en raison du coût des transports publics qui a explosé ces deux dernières années ? J’opterais malheureusement plutôt pour la seconde proposition. J’ai eu l’impression d’une totale absence de conscience écologique, sentiment partagé par d’autres étudiants européens à l’occasion d’une discussion sur le sujet, et de connaissance des problèmes environnementaux auxquels nous faisons face et qui vont aller en s’aggravant. Pour avoir côtoyé pendant un semestre les futurs « environnementalistes » de la ville de Madrid, il y a vraiment de quoi s’inquiéter : ils n’ont aucune idée des causes, des symptômes et des conséquences de notre mode de vie et de consommation. Bienvenue au Sud, on parle, on parle et… on attend. Cela se vérifie aussi bien avec la crise qu’avec les travaux de groupe à l’université ! Alors imaginez en environnement, changer les comportements risque de prendre un certain temps malheureusement…

Ce qui m’a davantage marqué, c’est peut-être l’aménagement du territoire. Madrid a la croissance la plus élevée d’Espagne, mais aucun plan d’aménagement de son territoire. C’est par exemple pour ces raisons que des quartiers récemment construits

se retrouvent à moitié vides car d’une part « c’est la crise », version officielle, mais surtout parce qu’il n’y a pas suffisamment d’eau pour répondre à la demande de consommation de tous les ménages. Le contraste au niveau des préoccupations et des travaux menés entre nos deux pays m’a paru saisissant, surtout sur fond de débats autour des votations concernant la nouvelle Loi sur l’Aménagement du Territoire en Suisse !

Je n’ai évidemment pas été surprise quand le prof du cours de « perception de l’environnement » est arrivé à la conclusion que l’Homme, par son mode de vie urbain, a perdu tout contact avec la Nature…

Autrement, chaque cours que j’ai suivi à Madrid était composé d’une partie théorique et d’une partie pratique, c’est-à-dire de sorties sur le terrain et/ou de laboratoires. Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas remis une blouse blanche de chimie et jonglé entre les béchers, les éprouvettes et les pipettes pasteur !

Mais le plus drôle restera certainement les examens. D’abord, si vous êtes au courant de la date de l’examen depuis le début du semestre (c’est inscrit dans le planning), les profs vous communiquent généralement un à deux jours avant l’heure et la salle. Il ne faut également pas arriver trop tard en classe le jour J, histoire d’avoir une place. Il faut se mettre plutôt devant; vous êtes assuré d’avoir une copie de l’épreuve. Mais n’oubliez pas vos boules Quies, les profs aiment bien discuter entre eux pendant l’examen ou répondre au téléphone. Vous pensez que j’exagère ? Pas tant que ça ! Mais ce sont tous ces changements et ces anecdotes qui font le charme d’un échange et qui nous permettronst de nous en souvenir comme d’une expérience particulière et enrichissante. Tu hésites encore à partir ? Fonce ! Quel que soit l’endroit, une belle expérience de vie est à la clé et te permettra de te représenter tes études dans un cadre plus large que la magnifique vue qui nous est offerte sur le Lac Léman et les montagnes depuis la bibliothèque de notre chère université.

22 |14

L’Irrégulier

Des drapeaux bleus et blancs décorés de la fleur de lys, des panneaux routiers « Arrêts » (dixit STOP), des serveurs arrivants tout sourire avec un « Allo, ça va bien ? », des 4x4 « en veux-tu en voilà » : C’est sûr nous sommes au Québec.

Raconter le Québec c’est vous parler des Québécois et de leur accent tellement attachant.

Situés dans un pays majoritairement anglophone, ils représentent 23,1% de la population canadienne, soit plus de 8 millions d’individus sur une population totale de presque 35 millions. Conséquences : trop Américains pour être Français et trop Français pour être Américains, la situation est parfois complexe. « Fait que dans le fond », les Québécois revendiquent une langue et une culture qui leur sont bien spécifiques. En plus du fait que les Québécois sont très ouverts et très accueillants, « Pas de chicane dans ma cabane », ils sont également très drôles. La baie du Ha ! Ha ! peut en témoigner.

Il faut dire que de l’humour, il en faut pour affronter le long et froid hiver québécois. Les températures ne montent presque jamais au dessus de 0° et descendent jusqu’à -40° à la fin du mois de janvier. Mais parce qu’« il n’y a pas de mauvaises températures, juste des gens qui s’habillent mal », la vie ne s’arrête pas ! Assister au défilé du carnaval de Québec et à des fêtes organisées en plein air par des températures glaciales, voir « une game » de hockey, visiter l’hôtel de glace, faire des glissades aux abords du château Frontenac, faire de la pêche sur glace à même le Saint-Laurent gelé : « C’est ben ben l’fun ! »

Avides de grands espaces et de nature, le congé de l’Action de Grâce nous a permis dès le mois d’octobre de partir à la découverte du parc national de la Gaspésie. Ce lieu, voué

à la sauvegarde du caribou de la côte Sud du St-Laurent, est également une place pour pratiquer la randonnée en montagne, le kayak, la pêche et l’observation de la faune dans son état sauvage. Après l’ascension du Mt-Richardson, nous avons passé la nuit dans l’auberge festive SeaShack qui se trouve dans un endroit exceptionnel niché entre une falaise rocheuse et le majestueux St-Laurent. Notre fin de semaine s’est terminée avec une magnifique aurore boréale verte dansant dans le ciel de Rimouski. Un spectacle magique et inoubliable !

Chaque moment de l’année québécoise apporte son lot de spectacles. En automne, sous les couleurs chatoyantes des arbres, la cueillette des pommes se déroule dans les nombreux vergers de l’Île d’Orléans. Début mars, lorsqu’a lieu le dégel, la sève des érables remonte. L’occasion de découvrir la récolte de l’eau d’érable, transformée par la suite en sirop d’érable et de déguster la savoureuse tire, un ruban de sirop chaud versé sur la neige, qu’on enroule autour d’un bâtonnet avant qu’il ne durcisse. « C’est écoeurant ! »

L’été est la célébration des festivals et spectacles en tout genre dans les grandes villes. De nombreux groupes québécois se produisent alors dans toute la province dont les fameux Cowboys Fringants qu’il nous a été donné de voir.

Bref, une année à l’étranger unique, inoubliable et enrichissante, durant laquelle on découvre d’autres personnes, avec un quotidien un peu différent du nôtre. « Québec, je me souviens. »

Etudier loin d’ici (suite)

Texte et photos : Elodie Bouvier et Cynthia BonzonRegards croisés de deux expériences québécoises

De Québec City la centrale à Rimouski la périphérique...

22|15L’Ir

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Zoom sur Rimouski (Elodie)

Rimouski est une petite ville d’environ 50’000 habitants qui se situe sur la rive Sud du fleuve St-Laurent à environ 600 km de Montréal. L’Université du Québec à Rimouski (UQAR) accueille 3’000 étudiants et compte 50 étudiants au niveau du Bachelor en géographie. Les cours sont particulièrement axés sur la géographie physique et les sorties sur le terrain sont très nombreuses. Au début du semestre d’automne, je suis partie une semaine sur le terrain dans la région du lac Témiscouata à faire de la stratigraphie de dépôts meubles afin de reconstituer l’histoire glaciaire de cette région. Dans le cadre du cours de « Glaciers, glaciations et mers postglaciaires », j’ai du analyser des stries glaciaires dans le but de reconstituer les directions de l’écoulement de l’Inlandsis Laurentidien.

Partir en échange permet également d’expérimenter de nouvelles choses, comme faire du camping à -30° dans les Monts-Groulx, un massif situé à 350 km de toute trace de civilisation. Mon expérience rimouskoise n’est pas encore finie, elle se terminera au mois d’août avec un stage de deux mois en Gaspésie. Mon travail consistera à collaborer avec un comité scientifique afin de mettre en valeur des géomorphosites dans le but de créer un géoparc dans la région étudiée. Après trois ans d’université, c’est très motivant d’obtenir son premier travail en relation avec ses études.

Zoom sur Québec (Cynthia)

La ville de Québec avec ses rues pavées, le quartier du Vieux-Québec inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, les plaines d’Abraham, le fameux Château Frontenac, est un lieu où il fait bon vivre. La ville est centrale et l’on peut facilement aller visiter les principaux points d’intérêt du Québec comme Montréal, Ottawa, Trois-Rivières, la région de la Gaspésie, le Lac St-Jean… Bien que située au cœur de la ville, l’université Laval jouit d’un campus très « vert » avec beaucoup d’arbres et de pistes cyclables. L’université compte environ 45’000 étudiants dont beaucoup d’étudiants étrangers (surtout des français). Le nombre de personnes dans les auditoires varie de 30 à 150 personnes. D’une manière générale, le système universitaire québécois est bien différent de celui de l’Unil. En effet, les cours valent chacun 6 crédits et j’avais donc cinq cours par session. Les cours sont également plus interactifs, il y a souvent beaucoup d’échanges entre les professeurs et les étudiants qui d’ailleurs se tutoient presque toujours. Le semestre est donc bien chargé avec en plus des nombreux travaux de groupe, des examens de mi session et des examens finaux. On se rend compte qu’il y a beaucoup de possibilités pour effectuer des stages en rapport avec ses études durant les vacances d’été qui durent environ quatre mois. Les nombreux parcs nationaux, autant au Québec que dans l’ouest, engagent beaucoup d’étudiants en géographie ou en environnement. Une bonne raison de revenir dans la belle province à la fin de mon master ?

Des géo’s en balade

Texte et photos : Wanda Wietlisbach Dessins : Sophie Wietlisbach

À la découverte du Salève

Juste de l’autre côté de la frontière franco-suisse, le Salève attire dans ses multiples terrains de jeux les parapentistes, randonneurs, varapeurs, cyclistes et autres highliners dès que le soleil perce les nuages de la cuvette genevoise. Culminant à 1379m d’altitude, cette montagne recèle d’itinéraires secrets, de grottes, de belles voies d’escalade et de points de vue tant sur le Léman que le Mont Blanc et ses acolytes aux neiges de moins en moins éternelles.

Pour partir à sa découverte, rendez-vous donc sur le parking devant l’ancien bistrot du Salève, repère de l’époque des pinces et des bêtes (grimpeurs en tout genres), aujourd’hui devenu “Le Vénusia“, club échangiste. Pour les randonneurs, je vous propose un des itinéraires classiques mais non moins sympa de la plus genevoise des montagnes françaises: montée par le sentier de la Grande Gorge, traversée des crêtes puis descente par l’Orjobet (flanqué de ses panneaux sur l’histoire géologique du Salève, car même un géo’s en ballade est avide d’apprendre!). Depuis le parking, descendre jusque vers la route et prendre le chemin qui la longe juste derrière la lisière de la forêt, pour atteindre une route carrossable qui part sur la droite. En la suivant durant un petit quart d’heure on atteint un panneau qui nous dirige vers la Corraterie par le sentier de la Grande Gorge. Après de nombreux lacets, des trouées dans les arbres permettent d’avoir une belle vue sur les falaises, et finalement de deviner les crêtes que vous atteindrez au bout d’environ une heure et demie de montée. Une fois sortis de la forêt, prenez à droite pour vous retrouver dans les pâturages des crêtes du Salève et admirer la vue sur la cuvette genevoise ou les paysages savoyards selon l’orientation de votre regard. Slalomant entre les vaches et les autres randonneurs, vous pourrez alors rejoindre le sentier de l’Orjobet pour entamer la descente, ou alors vous diriger vers la gauche pour atteindre les rochers de Faverges, lieu idéal pour un piquenique, voire un bivouac, au milieu de ces blocs de grès sidérolitiques surplombés par de grands pins. La descente par l’Orjobet vous prendra encore une petite heure, avec des passages un peu aériens, la traversée de la grotte et les nombreux zigzags dans la forêt qui vous mèneront au hameau du coin, à partir duquel vous pourrez rejoindre le parking en longeant la route. Un raccourci existe, mais il est de moins en moins marqué, et je n’aurais pas envie de vous perdre maintenant alors que vous vous en êtes sortis jusque-là dans les dédales du Salève!

Chers grimpeurs, vous sentiez-vous quelque peu délaissés aux profits des randonneurs, alors que vous ne pouviez qu’admirer les parois de calcaire, maintenant patinées par les tricounis, qui ont donné naissance à la varappe il y a plus d’un siècle? Voilà de quoi vous rassasier. Outre la célèbre Face Ouest qui recèle de voies de difficultés variées et dont la description est disponible dans le topo du Salève, je vous propose de découvrir un itinéraire classique mais quelque peu oublié: la Nationale. Serpentant entre les vires et les failles des parois en-dessus de l’ancienne carrière du Salève, cet itinéraire alternant entre sentes escarpées et passages d’escalade relativement faciles en vaut le détour! Du parking, prenez le chemin horizontal qui part à gauche et longe le pied de l’ancienne carrière en cours de reboisement.

A l’endroit où il s’oriente au Nord (après environ 1 minute de marche), sauter sur un gros caillou à votre droite par-dessus un petit ruisseau, ce qui vous donne accès à une sente qui s’élève dans le pierrier, que l’on remonte jusqu’à la crête boisée. En suivant la ligne de partage des eaux entre l’est et l’ouest (on n’est pas en géosciences pour rien non?), bifurquer sur le chemin de droite une fois un gros bloc bifide dépassé, afin de longer le sommet de la carrière (câble). On atteint ainsi une petite plateforme où il est prudent de s’encorder. La Nationale se fait en général en corde tendue (25m entre les deux membres de la cordée est idéal), en grosses chaussures ou chaussons selon les préférences. Des spits et pitons sont disséminés le long de la voie, évitant de se perdre parmi les multiples possibilités qui s’offrent à vous (mais si il y a trop de clous et que la paroi est lisse, vous êtes au mauvais endroit!). Un pas à droite mène à une rampe facile que l’on remonte jusqu’à un petit épaulement; franchir droit en-dessus un petit mur vertical et traverser à droite sur une sente jusqu’au pas d’Aral, dalle calcaire que l’on traverse à droite pour rejoindre une terrasse et gravir le ressaut qui domine à droite. On atteint ainsi une zone boisée qui borde sur sa rive droite le dévaloir de la Mule. Droit au-dessus se trouve un vaste escarpement rocheux dont l’éperon Ouest est marqué par de belles lignes de fissures: ne pas s’y engager! Immédiatement à droite de celle-ci un dièdre peu marqué donne accès à un épaulement qui domine l’entrée d’une énorme faille. Une petite traversée en escalade à gauche (racines), et une courte montée mènent à un petit collet. Gravir la cheminée qui lui fait suite sur une vingtaine de mètres. On se trouve alors sur une vaste terrasse horizontale dont on rejoint l’extrémité gauche. Un petit passage d’escalade donne accès à une rampe herbeuse que l’on remonte jusqu’à son sommet. Vous avez atteint l’autre extrémité de cette grande faille dans laquelle il vous faut redescendre (en escalade ou à pied en faisant un détour par la gauche, ou en rappel sur un pin). Vous êtes alors au fond de la faille de la Mule, qui est d’ailleurs en train de s’écarter, et il vous faut remonter la crête qui sépare la grande faille d’une deuxième faille plus petite (blocs instables). Admirez en passant le saut de la Mule qui peut vous inspirer pour une prochaine sortie, surmontez un dernier petit passage d’escalade et remontez la crête boisée jusqu’au pied d’une longue paroi dont on va longer le pied sur la droite jusqu’à se trouver sous la voûte qui ferme le haut du dévaloir de la Mule (souvent humide). Un petit trou à une quinzaine de mètres du sol permet de sortir de cette impasse. Pour y accéder, franchir un premier court ressaut souvent humide et droit en-dessus accéder à une vague conque en franchissant un petit surplomb. Le trou de la Mule est là! Avec un relais chaîné pour vous certifier que vous êtes au bon endroit. Deux techniques permettent alors de le franchir: la tête la première ou les pieds d’abord… pour ressortir ensuite au soleil dans le cirque des Etournelles (s’il n’est pas trop tard, vous pouvez même en profiter pour faire quelques moulinettes sur les parois du Bonhomme). La redescente se fait ensuite par le Chavardon, qui rejoint le sentier de l’Orjobet. Cela va-t-il réveiller le varappeur qui est en vous? Pour des variantes un peu plus corsées, vous pouvez toujours regarder dans le topo du Salève.

22|17L’Ir

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Matériel

Pour la marche, prendre de bonnes chaussures et de l’eau en suffisance. Pour La Nationale, vous aurez besoin de votre matériel d’escalade et de votre sens de l’orientation. La carte IGN 3430OT Mont Salève 1:25 000 vous sera utile dans tous les cas.

Bivouac

Il est possible de dormir aux Rochers de Faverges, ou encore juste en dessus du parking à droite, dans le grand pré (mais s’il-vous-plaît, évitez d’utiliser les barrières en bois comme combustible pour vos chansons autour du feu).

Accès

Se rendre au Salève est malheureusement beaucoup plus facile en voiture (depuis Genève, se diriger vers Collonges-sous-Salève, traverser les voies du train et emprunter la route de la Corraterie en direction du Coin, pour rejoindre le parking juste en dessus des tennis). C’est cependant faisable à vélo, ou alors en bus en prenant le 44 depuis Carouge jusqu’au terminus (Croix-de-Rozon Douane) où il vous faudra marcher une vingtaine de minutes pour rejoindre le parking décrit ci-dessus.

Pour les amateurs de la petite reine : la route de la Croisette pourrait être un de vos nouveaux défis; et pour ceux avides de descentes, des pistes sont en cours de construction par des passionnés de la région.

Topo du Salève : http://www.cactus-sports.ch/topos/topos.html

Le portfolioStephan Utz