Numéro Vintage

32
Numéro 2 - Novembre 1969 NUMÉRO

description

Aixhaustif année 2014/2015 - N°2

Transcript of Numéro Vintage

Page 1: Numéro Vintage

Numéro 2 - Novembre 1969

NUMÉRO

Page 2: Numéro Vintage

1

Page 3: Numéro Vintage

C’était mieux avant ?

J’aurais tout donné pour grandir dans les années 60, danser à Woodstock, as-sister aux premiers pas de Jimmy Hendrix, voir un concert de Queen. J’aurais aimé porter des lunettes rondes, des robes en crochet et mettre des fleurs dans mes cheveux sans que l’on me taxe de littéraire-bobo-pseudo hippy, me promener dans Londres et devenir hystérique avec mes amis dès que résonnent les premières notes de Hey Jude à la radio. Oui, je regarde des films avec Alain Delon, Good Morning England me fait verser une larmichette à chaque fois que retentit le son des Kinks et des Beach Boys, et parfois quand je suis toute seule chez moi, je mets une capeline, du rouge à lèvres rouge pétant, et je danse un twist endiablé. A chacun son époque de prédilection. Peut-être que vous auriez aimé vivre dans les années 20, pour vous la jouer Gatsby le Magnifique ou folâtrer avec un beau moustachu. Ou bien vous aimez le 19ème siècle, Orgueil& préjugés et les robes en crinoline, et vous avez décrété lorsque vous aviez 10 ans que le premier individu venant vous dire «Je vous aime d’un amour ardent» sous la pluie, la chemise blanche ouverte sur son torse velu, vous l’épouseriez. La liste peut encore être longue : n’auriez vous pas aimé vivre durant le Paléolithique, pour chasser le mammouth, vous promener avec pour seul vêtement un pagne et copuler en grognant afin d’assurer la continuité de l’es-pèce, quand cela vous chante, avant d’aller vous barbouiller de peintures et laisser libre court à

vos talents artistiques dans votre grotte aménagée avec soin ?

Quand on y réfléchit bien, ne serait ce pas l’idéal de pouvoir écouter Michel Sardou, Jean Jacques Goldman, Georges Brassens et autre Francis Cabrel (oui j’aime les moustaches) sans que l’on vous considère comme résolument ringard ? Et puis, tant qu’on y est, n’avez vous pas le droit de vouloir encore mettre des robes de princesse, de jouer à Adibou, et de com-mander un Happy Meal pour avoir le jouet, sans avoir honte ? (ne regardez pas ailleurs, assumez voyons, vous n’êtes pas seuls) Parce que c’est ça les années 2000, le passé, certes, mais aussi

notre enfance.

Le terme «vintage» tombe donc à pic pour nous sauver. Porter une veste à épaulettes avec des paillettes violettes, ne vous place désormais plus automatiquement dans la catégorie des fans irrécupérables de David Bowie, mais dans celle de hipster qui maitrise à merveille l’art de la fripe. Un homme à barbe ou à moustache (OUI) qui écoute des vinyles en lisant un bon

petit bouquin (au lieu de jouer à 2048 sur sa tablette) est devenu le summum du sexy.

Retour aux valeurs sures, repli vers le passé face à la débandade du présent, caprice intellectuello- bourgeois-bobo, appelez ça comme vous voulez, ce numéro est là pour faire l’éloge de ce qui était, ce qui a fait la gloire d’une autre époque ou tout simplement de notre enfance- des Pink Floyd à Pokémon, en passant par Hercule Poirot (Oui, il a une moustache), et

que l’on regrette ardemment...ou non.

Plongez vous dans les souvenirs, ou bien les obsessions résolument dépassées mais tellement chics de nos rédacteurs, en attendant, je vous laisse, je vais regarder des cassettes de Fort

Boyard,

Manon Rieutord

L 'É di to

2

L’Aixhaustif

Page 4: Numéro Vintage

3

Ce mois ci, le bureau de l’Aixhaustif a voulu jouer la carte du vintage. Et pour cela, quoi de mieux que de devenir (ou redevenir) des hipsters le temps d’une soirée?

L ’Aixhaust if La Cabine Photographique

L ’Aixhuto ire - Un homme au balcon attend sa femme

Page 5: Numéro Vintage

L’interview d’Aix ONU Page 5 Zoom sur... le Collectif Page 7

Au début nous étions 150, à la fin il n’en restait qu’une... Page 9La Soirée Beaujo Page 11Sciences Popote Page 12

Washington Page 13

La Boîte à Musique Page 15La rubrique du petit écran Page 17

Introduction à Xavier Dolan Page 21Mommy Page 22La chronique cinéma - Annabelle Page 23Avec un titre comme Pride Page 25Le point série Page 26

Tara Page 27

Le Bureau : Manon Rieutord, David Uzan, Clara Lalanne, Carla Florentiny,Thibaut AlchusRemerciements : Service communication, Reprographie de Sciences Po Aix, Bertrand de la Ronciere, Etienne Giovannetti, Angelina Tessier, Louis Roussel, Gregoire Nicolet, Nils Esnault, Flore Bardet, Melaine Del Baldo, Thibaut Taton, Youna

Rivallain, Etienne Dauvergne, Claude Henry DinandMise en page : Clara Lalanne, Thibaut Alchus

V ie Assoc iat i ve

Vie Etud iante

La chron ique des Aixpats

Dossier Vintage

4

L ’Aixhaust if

Le point Lucie en une minute Page 28

Culture

Aixpression

What The Cut # Mystère des internets Page 20

L ’Aixhuto ire - Un homme au balcon attend sa femme

Chronique de la salle obscure Page 19

Page 6: Numéro Vintage

5

Interview d'Aix ONU Conformément à lui-même et à son sens de l’organisation incontestable, le bureau d’Aix ONU m’avait réser-vé une salle pour que l’on puisse parler tranquillement de leur association, dont tout le monde a entendu parler au sein de l’IEP. Et pour cause, ils se veulent les porte paroles pour les jeunes d’une organisation majeure sur le plan des relations internationales, et organisent des événements tant à l’échelle locale et nationale - avec le Aix Mun -, qu’in-ternationale - avec le World Mun, cette année à... Séoul. J’ai donc eu une petite discussion avec Olivier, le président, Joséphine Thieffry, sa vice présidente, et Léa Malaterre, secrétaire, pour mieux les cerner.

Petite question banale pour commencer : pourquoi avoir choisi de vous investir dans cette association ?

Olivier : De mon côté parce que je suis intéressé par le domaine de la diplomatie, des relations internatio-nales, des institutions de l’ONU. C’est quelque chose qui m’a toujours intéressé, passionné; J’ai senti qu’avec cette force que dégageait l’association a travers son objet et ses propositions, on pouvait l’emmener à la création de projets multiples, au sein de l’IEP, des institutions universitaires dans la région ou bien encore de l’enseignement secondaire (ndlr : Aix Onu fait des interventions au collège Campra dans le centre d’Aix). Et puis cette association est faite pour s’amuser et n’est pas réservée à ceux qui veulent travailler plus tard à l’ONU ou en tant que diplomate !Léa : Oui, le domaine des relations internationales m’intéresse aussi, et travailler sur l’actualité des pays est vraiment passionnant.Joséphine : Et moi, j’aime le fait de pouvoir débattre, et d’apprendre à mieux connaitre les institutions et les positions des pays.

N’avez vous pas peur que le côté trop formel des simulations vous mette sur la touche, par rapport à des assos qui laissent la parole plus libre ? (comme le CPX...)

Lea : Oui, on avait un peu peur de ça.. bien sur il y a beaucoup de règles qu’on se doit de respecter, mais on n’est pas forcément très strict là dessus, l’essentiel c’est de jouer avec ça.Joséphine : et pourtant on n’a pas encore réussi à casser ce côté réglementé de l’association, c’est dom-mage. Les simulations sont formelles mais on s’amuse quand même. Il suffit de voir Remy, un 4A qui repré-sente l’Iran, quitter la salle à chaque fois qu’ Israël s’exprime !Lea et Joséphine : En tout cas ce n’est pas du tout la même chose que le CPX, qui est une association beau-coup plus nationale, avec un concept différent.

Vous avez évoqué votre soirée, parlons en. «Prenez plaisir à simuler», accompagné d’une photo un brin provocante...Sexy, l’ONU ?

Olivier : Ah mais oui, bien sur. L’ONU est politiquement sexy : c’est une institution qui véhicule des valeurs et des principes fondamentaux pour le genre humain et animal. Les droits de l’homme, des peuples, les droits des enfants, à la scolarisation, à l’éducation, à l’alimentation.. Ce sont des idées on ne peut plus sexy !Lea : Et puis on n’est pas véritablement l’ONU : on est dans un jeu de rôle, c’est drôle.Olivier : Voilà, ce qui est sexy, c’est l’association qui promeut les Nations Unies. C’est à nous d’être créateur d’une nouvelle vision. Pour nous c’est un plaisir, on voit ça comme un service aux étudiants.

Ah, vous trouvez ça drôle de prendre position pour un pays qui n’est pas du tout défendable ? Joséphine : le but c’est de chercher à comprendre un pays, donc il n’y a pas vraiment de gêne à avoir. Olivier : Par exemple l’année dernière, je m’amusais toujours à représenter le régime de Bachar El Assad,, même si je me faisais conspuer par mes chers camarades.. . On voit une autre focale, une autre vision du conflit en évitant le manichéisme.

V ie Assoc iat i ve

Page 7: Numéro Vintage

6

Et sinon, ce World Mun....

Léa : On est en phase de réflexions, sachant qu'on a beaucoup d'intéressés et que nous ne pouvons pas sélectionner plus de 21 délégués. Il y a déjà 26 candidats donc on va devoir faire des choix, équitables bien sûr, en fonction de l'engagement dans l'association. En tout cas cette année on a beaucoup de réguliers qui viennent à chaque réunion, c'est très sympa. Joséphine : . Le but c'est de ne pas nous diviser une fois là bas, on préfère une grosse délégation plutot que deux petites comme l'année dernière. Et puis ca fait vraiment plaisir de voir qu'il y a autant d'intéressés !

Vous carburiez à quoi pour tenir nuit et jour à Bruxelles ?

Léa : (rires) Perso je ne carburais plus du tout à la fin. Olivier : Beaucoup d'excitation, d'adrénaline, qui font que même si on n'avait que des nuits de 3 à 4 heures, on arrivait frais aux simulations le matin. On fait beaucoup de rencontres, on garde des contacts, donc sur ce plan c'est une expérience à vivre et ça mérite largement tous nos sacrifices ! Joséphine : Et puis on voit que tout le monde est heureux, content, donc c'est super motivant !

Un petit scoop sur ce qui nous attend, ce que vous avez prévu ?

Léa : Oui, sur le Aix Mun, dont les gens ont peu entendu parler l'année dernière !Olivier : Voilà, du vendredi 13 au dimanche 15 février, on organise ici, à Aix en Provence, à la Mairie, une simulation ouverte à tout le monde puisqu'il y aura un comité anglophone ET francophone. On va pouvoir rencontrer des étudiants de la région, faire des soirées..C'est un événement à rayonnement national ! Mais on va bien sûr communiquer toutes les infos dès mi novembre.

On le voit courir partout et faire de la promo à tout va, toujours très classe, toujours très chic...Mais maintenant, on veut une info croustillante sur votre président !

Léa : Il se comporte plutôt bien, même au World Mun, je crois qu'il est irréprochable. On n'a pas vraiment d'infos, il est toujours au taquet ! Joséphine : Si, peut-être, j'ai un truc, à chaque fois qu'il vient en réunion, il s'excuse de manger son plat viet-namien, et nous dit qu'il a mis 20 minutes à l'obtenir ! Léa : Et puis des fois il est tendu mais ça ne dure jamais très longtemps...Donc non en fait, j'ai rien, désolée !Joséphine : La seule fois où il porte un jogging, c'est quand il va faire du sport...

Etpourfinir,votrepayspréféré?

Olivier : J'en ai deux ! La France, pays de l'exception culturelle, politique, à travers son histoire, ses institu-tions, mais aussi le Maroc, pour les mêmes raisons. Léa et Joséphine : On ne l'a pas encore choisi, on espère le découvrir en 3A !

Propos recueillis par Manon Rieutord.

V ie Assoc iat i ve

Page 8: Numéro Vintage

7

Zoom sur... Le Collectif

V ie Assoc iat i ve

Ni association ni véritable club, présent mais discret, le Collectif tente de se frayer une place dans le cœur des IEPiens mélomanes, mais son existence n’est peut-être pas encore parvenue jusqu’à vos ravissantes oreilles, bien que vous ayez sûrement entendu ses mix lors de certaines soirées. J’ai rencontré David Athlani, le gérant de l’asso, histoire d’y voir plus clair, et peut-être même découvrir de nouveaux sons grâce à ses conseils d’expert.

Manon Rieutord : Pour commencer David, parle moi de ton association !

David : Alors le collectif est une association créé il y a 3 ans, qui a pour but de rassembler les DJs de chaque promo, pour animer les soirées de l’IEP. Mais cette année on aimerait devenir une vraie association, et déve-lopper d’autres activités. Il faudrait qu’on puisse nous même organiser des soirées, lancer un soundcloud.. Et puis on a un projet pour le second semestre : on voudrait lancer des cours de mix, pour apprendre des bases aux gens qui seraient intéressés, histoire que l’année prochaine il y ait plus de monde dans l’association !

Du coup, comment t’est venue ta passion ?

Ca fait 13 ans que je suis musicien, je fais du clavier et de la guitare. Et puis j’aime bien la musique élec-tro, alors grâce à mon cousin, qui est DJ professionnel, j’ai pu apprendre un peu les bases, et là, ça fait 5 ans que je mixe. Avant je le faisais de manière privée, mais je commence à mixer dans des clubs sur Aix et Mar-seille depuis cet été !

Alors maintenant, je vais te demander de donner des petits conseils musicaux aux profanes du mix que nous sommes :

Le meilleur site de mix ? soundcloud, sans hésitation, il y a pas mieux !

Une chanson pour se réveiller ?Du funk, je dirais un petit son de Stevie Wonder, Superstition.

Une chanson pour sourire dès le matin ?Freed from desire, un remix par Sterkol et summerscent.

Une chanson pour te raser ?Tom Odell, Another Love (Zwette remix)

Une chanson pour se motiver ?D.A.N.C.E, de Justice !

Une chanson pour marcher avec aplomb et dignité vers l’IEP ?Genesis, de Justice !

Une chanson pour manger des Miel Pops en caleçon seul dans ton appart ? DF&DJ Cerk, nuances de gris. OU alors Chillance, de 5 majeur. Les deux sont du ghetto chill, rien de mieux !

Une chanson pour mettre l’ambiance dans l’IEP ?I Gotta feeling, des Black Eyed Peas, c’est classique mais ça marche toujours bien ! Sinon en plus original, Sep-tember 99’ (phats and small remix) de Earth Wind & Fire.

Page 9: Numéro Vintage

Zoom sur... Le Collectif

8

Une chanson pour boire de l’alcool un brin trop fort et faire son regard spécial «t’as de beaux yeux t’sais» ? Marvin Gaye, Sexual Healing, le remix fait par Kygo, sans hésiter ! Et aussi Hold on we’re going home, re-mixé par Funk LeBlanc.

Une chanson pour te remettre de l’air de dégout que t’as lancé la serveuse du monop’ quand elle a vu que tu achetais du PQ et du cassoulet en boîte ?Je vais sortir de l’électro, mais Hold the line, de Toto !

Une chanson pour voyager ?J’en ai pas mal.. Peer Kusiv, Let Her go, ou alors Nujabes, Love sick Pt2. Oh et tous les sons de Naxxos, en général ! Sinon en voiture j’écoute toujours Mister Gavin, Kind of Love.

Une-chanson-que- tu -n’assumes- pas- mais-que- tu -écoutes- en -boucles- parce- que- tu -l’aimes-t-y-peut-rien-elle- remue-quelque-chose-en-toi ? (exemple : Celine Dion )Ok j’avoue, une chanson bien romantique, she’s like the wind, la chanson dans dirty dancing...

Une chanson pour faire du sport ?Army of Pharaohs, de Battle cry !

Une chanson pour une soirée tranquille posée pépère avec ses potes. The notorious BIG feat ja rule, Old thing back, (Matoma remix)

Une chanson pour s’endormir ?Waves, de Mister Probz

Une chanson qui fonctionne toujours en soirée ?Pretty woman remix par Bianco&Pich, pour faire original, mais sinon, en plus connu, Avicii, Levels !

Le meilleur mashup que tu aies jamais entendu ?Madeon Pop Culture, un classique dans le genre !

Le mashup le plus improbable ?Un mashup de Frere Jaune sur la corrida de Francis Cabrel ou alors I Gotta feeling des Black Eyed Peas mixé avec NY de Sinatra, ça s’appelle I Got NY, c’est assez dingue.

Team Abba/Jean Jacques Goldman ou team nouveauté underground ?J’essaie de trouver un juste milieu pour allier underground et classique !

V ie Assoc iat i ve

Page 10: Numéro Vintage

9

Au début nous étions 150, à la fin il n’en restait qu’une...

Samedi 27 septembre, Rotonde.

Le mot était lancé, soyez à l’heure. Sur les visages apeurés des vaillants bizuths, la tension est palpable. L’heure approche, aucun 2A à l’horizon. Aucun ? Vraiment ? Si, Victor Rongier. Vient-il mesurer la fièvre qui monte chez les bizuths ? Non, il est à la bourre. Victor Rongier. Tout redevient calme. Très calme. Trop calme. Et les 2A prennent du retard. Beaucoup de retard. Trop de retard. Enfin, le chant des cigales brise l’ambiance pesante. Le WEI est lancé.

Les bus se remplissent. Les bizuths se déshabillent. Les voix s’échauffent. Un arrêt sur l’aire d’auto-route, offrons une minute de silence aux t-shirts abandonnés à la nature. Dans les bus, les animations s’en-chaînent, entrecoupées par les chants du capo, Mazal Tov David Uzan ! Après une magnifique épreuve digne des pompoms, l’élection tant attendue de Miss et Mister Bus arrive. 6 mecs et 6 meufs s’affrontent dans chaque bus. 3 épreuves, 1 objectif : perdre toute dignité. Un orgasme et une lap dance plus loin, les gagnants sont désignés.Finalement, après un trajet laborieux, nous arrivons au camping du lac de Sainte-Croix. Des tensions appa-raissent : les tentes n’ont que huit lits. Comment faire si on est neuf ? Une amie a alors ce mot plein de sa-gesse : « Vous pensez vraiment qu’on va dormir, et que si c’est le cas ce sera dans nos lits ?! ». Pour ma part je choisirai un banc.

Installation terminée, place à l’après-midi de bizutage. Les équipes se forment et partent s’affronter dans les classiques épreuves concoctées par notre BDE. Œufs, farine, flans, ketchup, huile et peinture par-sèment le chemin des pauvres bizuths. Les piercings s’arrachent, les yeux des 2A s’emplissent d’huile (poke Charlène Blanc)… Mais que vois-je ? Pauline Deluca, présidente du BDE, propre ?! Un œuf vient se glisser dans ma main, et c’est le drame, je l’écrase sur la présidente. Fort de cet affront, je me saisis d’un flan, et l’étale sur Solène Michel, ma douce marraine. Être son fillot n’est pas une excuse suffisante, elle me vide un pot entier de peinture rouge dessus. Et Pauline met sa vengeance à exécution également. La punition ultime. Je ne qualifierai pas cette odeur, mais seulement le résultat de ce liquide infâme : la peinture est bien étalée partout. Et le Club-Photo saisit ces instants, que Lulu ne loupera pas sur Facebook. Je tiens d’ailleurs à appeler chacun à la plus grande vigilance : notre prof adorée de culture G espionne nos Facebook, et parfois nous troll ! Prenez garde !

Vie etud iante

Page 11: Numéro Vintage

Au début nous étions 150, à la fin il n’en restait qu’une...

10

Le point culminant du WEI arrive alors : l’apéro mousse. Que retenir d’autre que la vodka-pomme ? L’effusion des corps ondulant sous la mousse, la valse de bulles entre les bras qui se cherchent… Mais ce qui se passe au WEI reste au WEI, je m’arrêterai donc là et ne citerai aucun nom, que chacun connaît déjà par ail-leurs. Il était temps alors de se reposer et de se préparer pour la soirée. Direction le bloc sanitaire. Pas d’eau chaude, mais qu’importe ! Les douches se prennent à plusieurs parfois. Non, aucune sensualité ici, seulement un chancellement des corps qui se stabilisent l’un l’autre, trop abrutis par l’éthanol. Ayons d’ailleurs une pensée pour Miss Epave, dont la soirée se termine là.

Les déguisements commencent à apparaître de toutes parts, des femmes bleues, dont nous retrou-verons des traces sur certains, des concepts non-identifiés, Kamoulox oblige, et les Trois Sucequetaires, Best Kamoulox. Open-bar, l’alcool coule à flot au rythme des musiques… assez intéressantes. Rapidement, on s’en-lace, sans distinction d’année, il n’y a plus de bizuths et de bizuteurs, seulement des âmes ivres qui cherchent un peu de chaleur. Soudain, on nous annonce un moment d’accalmie : l’élection de Miss et Mister WEI. Pauline me demande de m’inscrire, et… anecdote gênante. Les couples candidats montent sur la table. Ça se galoche, ça se chevauche… C’est à ceux qui finiront le plus nus. Dignité, où étais-tu ? Je ne saurai raconter la suite immédiate. Pris d’une Malzac soudaine, je fugue dans la forêt. Après une heure de recherche, ma marraine me retrouve et me couche, ce fut laborieux. À peine s’est-elle éloignée, je retourne à la soirée, pour n’y trouver plus que quelques couples adossés aux murs de la salle et quelques solitaires… Heureusement, Pauline Deluca intervient : « Il est 4h et tout le monde dort ! C’est pas normal, on va les réveiller !! ». Peu se sont réveillés, deux ont été interrompus. Les rescapés du WEI s’en vont se coucher un à un. Au début nous étions 150, à la fin il n’en restait qu’une… Miss Bon Esprit.

Mister Koh Lanta 2014, Louis Roussel

Vie etud iante

Page 12: Numéro Vintage

11

La soirée BeaujoA NE PAS RATER : MARDI 25 NOVEMBRE, 20h30, SOIREE BEAUJO.

Novembre peut signifier beaucoup de choses : l’approche de Noel, l’arrivée du froid et de la pluie, les marrons chauds place de la Mairie, les petites cabanes en bois du marché de Noël d’Aix en Provence, la fin bien trop proche du semestre, le rhume, les mouchoirs usagés, les gros pulls, les films de Louis de Funès, les soirées raclettes, et j’en passe. Mais il y a une chose que novembre apporte et que vous vous devez de ne pas oublier : le Beaujolais nouveau, et donc par conséquent, sa célébration par votre bien aimé club œnologie. Et là, je sais ce que tu penses, lecteur : « saperlipopette (dieu que tu es vulgaire), je ne suis pas membre ! cet article ne me concerne pas ».

Dès lors laisse moi te répondre que, bien que tu ne sois pas un pachyderme de 7 tonnes, tu te trompes énormément. (applaudissements pour le jeu de mots, merci)

En effet, la soirée Beaujo du club oeno n’est pas réservée à quelques privilégiés, mais a lieu dans l’IEP, transformé en palais de la soif et ouvert pour une soirée aux étudiants, qui vont pouvoir profiter de litre et de litres de breuvages exquis à un prix défiant toute concurrence.

Le mardi 25 novembre, de 20h 30 à minuit, le patio se remplira donc de jeunes assoiffés au rythme endiablé, qui iront aussi se déhancher sur les riffs de guitare du Club musique, manger ce que nous aura préparer le délicieux Club Gourmand, mais aussi applaudir les performances de l’AS Danse et de l’AS rock...Entre autres surprises !

Et, parce que je vous vois venir, pas d’excuse pour les allergiques au rouge puisque cette année, il y aura également une vente de verres de vin blanc...

Amoureux du franchouillard, du saucisson, du pâté et surtout de la bonne boisson, n’oubliez pas l’événement majeur de votre mois de Novembre !

Manon Rieutord

Vie etud iante

Page 13: Numéro Vintage

Marre des pattes ? Lassé des Pizzas ? Blasé des Kebabs ? Alors Science-popote est là pour toi.

Cette année, le Chef Sanmarti va palier à ton manque d’inspiration et te présenter un plat par saison.Dans ce numéro d’automne de ton magazine préféré, le Chef Sanmarti te propose de réaliser une «Tourte saumon-poireaux», afin de retrouver toutes les saveurs des plats de nos grands-mères.

Mais n’aie crainte, cher Sciences-potes, seules quinze petites minutes de ton (précieux) temps seront néces-saires à l’élaboration de cette (généreuse) tourte qui égayera désormais tes soirées aixoises.

Ingrédients (pour 4/5 personnes) :- 2 pâtes feuilletées- 2 gros poireaux (du marché, s’il te plait !) - 6/8 tranches de saumon fumé- 2 oeufs- une boite de crème fraiche- beurre- sel- poivre- aneth (pour les fans)

1) Tout d’abord, afin de réaliser cette magnifique tourte, il faut commencer par couper les poireaux en ron-delle jusqu’au niveau des tiges vert. Puis les faire fondre à feux moyen, avec une délicate noisette de beurre.2) Une fois ces charmants poireaux cuits et bien fondants, ajouter les deux tranches de saumons (préalable-ment coupées en petites lamelles). Faire revenir quelques minutes sur le feu en ajoutant de l’aneth (pour les fans d’aneth).

3) Ensuite, dans un bol, casser les 2 oeufs et les mélanger à la crème fraiche, tout en ajoutant (les inséparables) sel et poivre.

4) Remuer afin d’obtenir une mélange homogène, et incorporer le saumon et les poireaux à la crème.

5) Puis verser le tout sur la pâte à tarte (mise préalablement dans un plat à tarte !).

6) Recouvrir cette tarte garnie de la deuxième pâte feuilletée, en prenant soin de faire despetits trous dedans, afin de ne pas faire exploser la tourte une fois enfournée !

7) Dès lors, laisser cuire cette brave tourte entre 20 et 30 mins dans un four à 200 degrés.

A servir chaud (ou froid), avec une petite salade.

Idéal pour les (longues) soirées de révisions entre Sciences-potes !Nous pensons également à nos sciences-potes démunis de four. La recette est également réalisable, mais sans tarte. Il suffit simplement de servir le mélange saumon-poireaux avec du riz blanc ! (Voir les étapes 1 à 4)

Alors on dit merci qui ? Merci Sanmarti !

Grégoire Nicolet

Sciences Popote, Tourte saumon-poireaux

12

Vie etud iante

Page 14: Numéro Vintage

« Comment voyez-vous la France depuis les États Unis ? Désolé, on ne voit pas la France depuis là bas. »

Après moins d’une centaine d’heures passées Outre Atlantique, force est de constater pour l’aixpat fraîchement débarqué que je suis que ce propos cité dans l’ouvrage Je suis un être exquis de Jean Yanne sonne étrangement vrai. Déjà loin du chant du coq, de l’habituelle baguette et du fromage à l’apéro après 8h30 de vol, ces dernières ont suffi pour faire s’éloigner à l’horizon l’aixagone et à faire germer l’idée du “land of freedom” alors que le commandant de bord indique « sur votre droite, vous pouvez apercevoir New York » et qu’on devine presque à quelques milliers de kilomètres d’altitude la flamme tendue de la Statue de la Liberté, premier lien perceptible, mentalement du moins, entre deux belles Nations, deux patries : celle de cœur et celle d’adoption pour un an.

Peu de temps après, Washington D.C, capitale politique et administrative de la fédération des États Unis d’Amérique, une sorte de fébrilité parcourt alors l’échine du nouvel aixpat, fébrilité qui atteint son pa-roxysme lorsque l’officier des douanes US brandit son tampon pour y apposer le sceau de validation sur le visa diplomatique du passeport aux couleurs de la République Française du jeune aixpat. Il prononce ensuite cette phrase suffisamment audible pour que l’aixpat, ne souffrant pas encore du jet lag et l’ayant attendu pendant tant de temps, puisse l’apprécier abondamment : « Welcome in the United States of America ». À la sortie de l’aéroport, ce qui n’était jusque là qu’un rêve devient réalité, les drapeaux américains flottants sur leur hampe, les autoroutes avec ses flux continus de voitures de marque americaine ou asiatique, les camions avec leurs imposantes remorques, les trottoirs avec leurs agrégats de boîtes aux lettres, pancartes ou autres feux de signalisation, alors oui je dois bien le reconnaître que comme le disait déjà Claude Nougaro dans son Nougayork de 1989 : « dès l’aérogare j’ai senti le choc », oui ici tout est plus grand.

Après une vingtaine de minutes de route à échanger en langue française entre la conductrice afro-amé-ricaine mâchant son chewing gum Hollywood et une ingénieur travaillant à la Banque Mondiale, ancienne de l’Ambassade de France, j’arrive à la « Home, Sweet Home » tant espérée qui augure pour le voyageur longue distance un repos bien mérité. Encore une fois tout est comme dans les films et l’imaginaire de tout Français : une pancarte sur laquelle figure l’inscription Foxhall Crescents, le van s’engouffre dans le périmètre en forme de cercle. Ici toutes les maisons sont similaires : en brique de style victorien, un étage, deux garages, la mienne avec une Mercedes noire garée devant. Après les retrouvailles avec mon coloc’ déjà installé et pour continuer l’immersion dans cette culture que tout futur ambassadeur de la France se doit d’adopter, nous nous rendons au supermarché, le Safeway. La première concession du Français aixpatrié aux US est d’ordre alimentaire, ici en effet, pas de fro-mage, sauf si l’on est prêt à payer son petit morceau de Roquefort 6 euros, pas de pain et encore moins de bon vin dans les rayons. Pourtant la transition s’opère rapidement et voilà que dès le lendemain matin l’aixpat remplace ses traditionnels croissants ou autres chocolatines (pains au chocolat pour nos amis nordistes qui, je l’espère, pardonneront cet affront au charentais de cœur que je suis) par les tranches de bacon, saucisses et toasts traditionnels du breakfast américain. Malgré ces tentations faciles qui marquent déjà mes premiers basculements dans les habitudes américaines, force est de se rappeler son rôle de représentant du Centre d’Etudes Spatiales Français et d’ambassadeur de son pays à l’étranger.

C’est donc après une lecture rapide du Georgetown Current, le journal du quartier distribué chaque matin comme dans les films par un jeune flanque sur son scooter au lancer suffisamment précis pour le faire atterrir devant la porte, que j’entame mes pérégrinations matinales dans le quartier en direction de l’Am-bassade pour prendre mes nouvelles fonctions et débuter mon stage de troisième année. La sensation est étrange en passant le portail sur lequel figure en lettres d’or « Embassy of France » pour pénétrer dans la plus grande représentation au Monde de la République Française.

Washington - Claude Henry

La chron ique des Aixpats

13

Page 15: Numéro Vintage

Ce n’est pas sans fierté et en même temps un sentiment de grande responsabilité que l’on se sent honoré de contribuer, pendant quelques mois du moins, au rayonnement de la puissance étatique française en territoire américain. Outre l’aspect impressionnant de son architecture moderne avec ses trois bâtiments chacun dédié à des services bien spécifiques (Chancellerie, Ambassade, Consulat), ses voitures noires sta-tionnées telles des sentinelles aux portes, l’Ambassade de France aux Etats Unis reste l’un des modèles de représentation d’une force étatique et un puissant vecteur de coopération bilatérale entre France et Etats Unis.

Avec plus de 400 employés répartis sur l’ensemble des services possibles, ses propres cafétéria et restaurant et même son guichet bancaire HSBC cette ambassade a tout pour impressionner un nouvel aixpat. De l’arrivée solennelle dans le hall où s’étale sur tout un pan de mur le drapeau tricolore de la République Française aux tâches des premiers jours d’un analyste en politique spatiale, tout semble indiquer que ce stage s’amorce sous les meilleures augures. Ainsi outre le pain quotidien à venir en matière de veilles spatiales, ré-daction de brèves, prises de rendez vous, rencontres avec les acteurs des secteurs institutionnels, étatiques ou privés ou encore de suivi des séances du Congrès, l’ambassade se montre dès les premiers jours comme un agréable cadre de travail.

Entre les déjeuners conviviaux pris avec les militaires de la Mission de défense et les échanges avec les différents services pour accomplir les formalités d’arrivée, les premières heures furent très agréables. Ici tous les profils, toutes les expériences et surtout toutes les régions françaises se côtoient. Ainsi, au sein de ce microcosme, enclave dans le District of Columbia américain, l’aixois fraîchement aixpatrié retrouve enfin ses marques lors du barbecue d’accueil de l’Ambassade ou les burgers et autres hot dogs cohabitent, le temps d’une douce soirée de fin d’été, avec la pétanque et le pastis, traditions séculaires entretenues a l’IEP d’Aix.

Claude-Henry Dinand

La chron ique des Aixpats

14

Page 16: Numéro Vintage

Pink Floyd - The Endless River Vingt ans que le groupe légendaire n’avait plus sorti d’album, et depuis la mort du claviériste Rick Wright, à qui l’album est dédié, on y croyait presque plus.

Aux premières notes, on se rappelle avec joie – et un brin de nostalgie – le son si particulier qui avait fait la gloire du groupe au début des années 70. On retrouve l’univers planant de Rick Wright au cla-vier, auquel se superpose magistralement la guitare de Gilmour. Au fil de l’écoute cependant, le ressenti se dégrade. On s’ennuit vite, on tombe dans les travers du rock progressif classique, on attend un coup d’éclat qui n’arrive jamais. Si, bien sur, on ne pouvait espérer 40 ans plus tard un album novateur comme The Dark Side of The Moon, The Endless River manque cruellement d’identité. On a l’impression d’un mash up entre différents morceaux cultes groupe, ce qui rend l’album musicalement correct, sans pour autant qu’il n’y ait de réel feu d’artifice.

Pourtant, j’ai quand même pris un plaisir fou à écouter cet album. On ne peut qu’être ému à l’écoute de cette dernière pièce de l’Œuvre de Pink Floyd. The Endless River rend clairement hommage à ce qu’a été le groupe, et, pour les connaisseurs, on s’extasie devant chaque petite référence au passé de ce dernier. Les clins d’œil sont multiples – à commencer par le nom de l’album, qui reprend les mots qui clôture le précédent – et on s’amuse à les repérer, comme si on redécouvrait ces morceaux qui nous ont initiés à leur univers si spécial.

En somme, si The Endless River sera probablement un calvaire à écouter pour les profanes, les fans désireux d’écouter une dernière fois ce groupe mythique ne pourront qu’apprécier les dernières notes que nous offrent les Floyd…

Étienne Giovannetti

La Boite à Musique Parce que le vintage n’a de cesse d’inspirer la musique contemporaine, « Pour le plaisir de vos oreilles » cède sa place dans ce numéro à une rubrique au nom joliment désuet. Amateurs de samples, de reprises, et autres sons old school mais toujours aussi cools, vous êtes les bienvenus dans la boîte à musique.

Petite playlist plus ou moins vintage pour survivre à l’hiver (et aux partiels) avec sérénité

• Selfish (Prince of Ballard Remix), parfait petit mélange entre Perfidia, tube de 1967 par la Jamaïcaine Phyllis Dillon et le flow efficace de Kanye West.

• Lovely Day par Alt-J, pari réussi pour une reprise acoustique toute en délicatesse du titre de Bill Wither, datant de l’année 1977.

• Playground Love, une douceur un peu triste écrite lors de l’année 2000 par le groupe Air, mais toujours aussi agréable à écouter... surtout en cas de petit coup de blues

• Rich Folks Hoax de Sixto Rodriguez, joli titre du Sugar Man dont l’histoire étonnante est à découvrir si vous n’en avez jamais entendu parler

• Hova, pépite de l’Homme Chinois, qui se classe parmi les meilleurs pour jongler entre orchestration contemporaine et sons un peu désuets, ici aux réjouissants accents asiatiques

Pourfinir, jem’envaisréviseraubeaumilieud’ununiverssetrouvantquelquepartentrerythmesélectro,sample des 60’s et accents jazz... aux côtés de The Architect.

Clara Lalanne

15

Page 17: Numéro Vintage

Ce novembre, j’ai écouté pour vous le premier album d’un nouvel artiste qui m’a paru, ma foi, très prometteur. Cet artiste se fait connaître sous le nom de Brassens, Georges de son prénom.

Le titre de son album m’a d’abord paru un peu long et manquant de mordant : Georges Brassens chanteleschansonspoétiques(...etsouventgaillardes)de...GeorgesBrassens. Mais la suite s’est révélée autre-ment plus coriace.

On ne sait pas grand chose de ce jeune artiste d’une trentaine d’années et à la moustache déjà fournie, hormis ce qu’en disent ses chansons. Son album est composé de huit chansons ; j’ai pu écouter avec plaisir d’allègres chansons d’amour, Le parapluie et La chasse au papillon, qui côtoient pourtant des chansons bien plus sombres où la mort est un thème central : Le petit cheval, récit imagé d’un brave cheval qui finit sa vie sous la pluie, et Le fossoyeur. Ces chansons sentent pourtant toutes bon la Provence, l’innocence de la jeunesse heureuse et les coquelicots.

Mais qui dit Provence dit aussi chaleur ; et certaines de ses chansons sont particulièrement osées et doivent être gardées loin des oreilles des enfants et des âmes sensibles, comme Le gorille qui ne traite ni plus ni moins que de l’amour saugrenu que ressent subitement un gorille à la vue d’un magistrat en robe, ou Corne d’Auroch. C’est bien simple, l’artiste que j’oserais même qualifier de « pornographe » (c’est dire!) ne peut s’empêcher de faire une allusion à ce qui se trame généralement sous la ceinture. Certes, dans la Chasse aux papillons il se limite au corsage, mais on se demande quand même à quoi son « charmant re-mue-ménage » fait allusion.

Dans un ultime poème chanté, Hécatombe, on comprend mieux la liberté avec laquelle Brassens n’hésite pas à briser les tabous: le thème de l’anarchie y est évoqué et ne semble pas déplaire au poète. Vous l’aurez compris, cet album est en touts points à manier avec des pincettes.

En fin de compte, l’esprit de l’album se retrouve surtout dans sa première chanson, La mauvaise réputation. Nous verrons bien si la suite des œuvres de cet artiste prometteur confirmeront cet étrange pressenti-ment bien parti pour se réaliser.

Bertrand de la Roncière

La Mauvaise Reputation

16

La Boite à Musique

Page 18: Numéro Vintage

10 programmes pour enfants qui nous ont marqué mais qu’on avait oublié Avec cette liste non aixhaustive bien que j’espère assez complète le but est de faire remonter des souvenirs en rapport avec votre enfance et les moments que vous avez sans doute passés sur votre canapé à vous émerveiller devant certains de ces programmes.

1) Bonne nuit les petits : Celui qui a été le tout premier, celui qu’on regardait en cassette vidéo même si c’était pas le soir. Celui dont la chanson finale nous a servi de berceuse et de bande son à nos rêves. Nou-nours, Nicolas et Pimprenelle, merci, je me rappelle plus ce que vous faisiez dans les épisodes mais bon, merci quand même. 2) Les Barbapapa : Celui qui a éveillé notre imagination. Avec ses personnages qui peuvent changer de forme à volonté en récitant la formule magique : Ulahup, Barba... je savais que vous vous en rappeliez.

3) Les Teletubbies : Celui qui si on y repense avait de quoi traumatiser les créatures innocentes que nous étions. Toute ambiguité mise à part, chacun avait son préféré entre Tinkiwinki, Dipsi, Lala et Po ! (je suis sure que vous avez chanté dans votre tête)

4) Les Razmocket : Celui qu’on regardait le matin à la télé chez papi et mamie avec un biberon de lait dans une main, et doudou dans l’autre.

5) Les malheurs de Sophie : Ou celui qui nous a plus traumatisés que la mort de la maman de Bambi. Non, sérieusement, réflechissez à tout ce qui est arrivé à cette pauvre fille.

6) Les Simpson : La série satirique sur la société américaine avec des êtres jaunes aux cheveux bleus, des alcooliques et des animaux aux noms tels que Boule de Neige 2 (parce que le premier est mort) ou Petit Papa Noël. Accessoirement c’est aussi la série qui à 3 ans, nous a plongés dans un état d’hilarité profonde devant Homer étranglant Bart (psychopathe moi ? peut-être bien).

7) Bip Bip et Coyotte : Celui qui nous a montré l’injustice et nous a éveillés à la notion de «goros fail» grâce à Coyote. Celui qui nous a aussi montré à quel point une autruche ou peu importe ce qu’est cette chose qui fait Bip Bip peut être vicieuse.

8) Il était une fois : Celui qui était ludique, très intriguant et dont le générique chanté à tue-tête avait tendance à crisper les personnes autour de nous.

9) Olive et Tom : Ou le dernier truc à passer dans Midi les zouzous. Celui dans lequel un ballon tra-versait un terrain de football long de dix kilomètres avant de s’écraser au fond des buts.

10) La famille pirate : Ou celui dont tu voyais toujours les mêmes épisodes passer en boucle mais que tu regardais quand même parce que c’était soit ça, soit les devoirs.

Mélaine Del Baldo

La Rubrique du Petit Écran

17

Page 19: Numéro Vintage

3 séries vintage qui valent toujours le coup qu’on les regardeDans ce numéro automnal de l’Aixhaustif, le thème est au passé, à la nostalgie, mais laissez moi vous parler de trois séries que je qualifierai de vintage. Le vintage c’est vieux mais aussi tellement cool quand on prend la peine de se pencher dessus et de le revisiter. Ainsi c’est ce que je m’efforcerai de faire, vous montrer que certaines séries puissent dater, sans pour autant que le temps leur ait fait perdre une once de qualité et de valeur.

Twin Peaks :

La sortie du coffret remasterisé blu-ray au printemps dernier a bien démontré que Twin Peaks, peu connue de notre génération mais culte à l’époque de nos parents n’a pas perdu un brin de popularité. Il a suffi de remasteriser les images dépeignant cette petite ville des Etats-Unis habitée par un mal étrange et insaissable. C’est entre le rire, le doute et l’angoisse que l’on suit Dave Cooper agent du FBI, personnage à la fois brillant et enigmatiquement bizarre à travers son enquête pour découvrir QUI A TUE LAURA PALMER ? Cette série, on peut le dire, atteint le haut du palmarès des séries à suspense et pas une seconde ne parait dépassée tant les problématiques qu’aborde Dieu... euh... pardon David Lynch sont toujours d’actualité. Mieux encore, la série a été l’une des premières à jongler sans cesse entre le fantastique et l’enquête policière avec beaucoup d’élégance et sans jamais paraitre absurde. De plus, 25 ans après, Mr Lynch a annoncé une suite à la série, une saison 3 est prévue, tant attendue par les fans de France, de Navarre et du reste du monde, qu’ils aient trem-blé devant la série dès les années 80 ou qu’ils l’aient découverte sur le tard, sans l’aimer moins pour autant.

Six Feet Under :

C’est la série qui a révélé notre cher Dexter Morgan. Mais pas que ! Six Feet Under c’est une réelle ré-flexion sur la mort (ok je vous l’accorde c’est pas très attirant) sauf que cette série dépeint ceux qui restent et comment ils s’en sortent après le décès d’un de leur proche. Ici c’est le père de la famille Fisher, gérant d’une entreprise de pompes funèbres (c’est ce qu’on appelle de l’ironie) qui voit son destin se terminer d’un coup. Suite à cela ses deux fils : Junior (l’aïné) qui lui n’a jamais voulu remplacer son père à la tête de l’entreprise et Dexter, pardon David, homosexuel introverti qui s’efforce de faire tourner l’entreprise et la famille. Cette série datant de 2005 peut paraitre complètement hors du temps, mais au contraire elle propose des thèmes universels, susceptibles de tous nous toucher tels que la mort, comment trouver sa voie ou se reconstruire après une perte, comment appréhender l’héritage qui nous est laissé. N’allez pas croire que Six Feet Under soit une série trop sérieuse non plus, on a notre dose d’humour noir et de cadavres (forcément quand l’action se déroule dans une chambre mortuaire).

Friends :

« So no one told you life was gonna be this way». Happy Brithday à notre chère série FRIENDS qui a fêté ses 20 ans en septembre.Qui aurait cru que la série soit aussi vieille que vous, chers lecteurs ! Pourtant, la série continue de passer inlassablement sur nos écrans, on pourrait croire que les gens soient fatigués de ces 6 rigolos qui passent leur vie les fesses sur leur canapé, un café à la main à raconter leurs malheurs et à enchaîner les gaffes et à avoir des relations intimes entre eux. NON ! FRIENDS c’est la série qui peut nous faire pleurer et rire en même temps et qui nous a fait poireauter 10 saisons sans que l’on sache au final quel est le métier de Chandler. Friends c’est cette série qui parle de tout et qui aborde des sujets délicats sans faux pas, avec humour et une bonne dose de gros mots (en VO c’est mieux je vous le conseille). FRIENDS a notre âge et alors ? Grâce aux images remises à neuf, je n’ai trouvé aucune raison valable de ne pas apprécier cette série entre amis, en amoureux ou même tout seul avec une part de pizza. FRIENDS est définitivement la série à découvrir ou redécouvrir, justement parce qu’elle a 20 ans et que l’on se sent encore proche de ses héros.

Mélaine Del Baldo 18

La Rubrique du Petit Écran

Page 20: Numéro Vintage

Chronique de la Salle Obscure

Chuck Berry, un Royal Cheese et des chemises hawaïennes « C’estlaplusmauvaisechosejamaisécrite.Çan’aaucunsens.C’esttroplong,tropviolentetinfilmable!».

Faire un film basé sur l’artificialité ? C’était le défi de Quentin Tarantino quand il a présenté un scénario étrangement intitulé Pulp Fiction à l’agence de production Columbia TriStar en 1994. Pourtant, les droits du projet sont rapidement mis en vente par son président, Mike Medavoy. La raison ? Un scénario « trop démentiel », une structure temporelle incompréhensible, et un personnage tué avant de réapparaitre dans la suite du film comme par magie. Pourtant encore aujourd’hui, ce même Mike Medavoy doit s’en mordre les doigts. Car ce film de gangster jubilatoire est tout simplement devenu ce que l’on peut appeler... un film culte.

« Youwon’tknowthefacts‘tillyou’veseenthefiction. »

Son style non conventionnel et son mépris des codes de la narration classique en fait tout son intérêt. Entremêlant références pop, violence idéalisée et humour dévastateur, le film est devenu une véritable référence de la Junk-culture américaine. Toujours oscillant entre contrôle et sauvagerie absolue, Quentin Tarantino tisse ici un pan de l’histoire du cinéma, à l’aide d’une œuvre brillante et sulfureuse.

S’inscrivant dans la lignée du post-modernisme, il a réussi là où tant d’autres ont échoué : faire un film sur les années 50, tout en lui donnant un côté résolument contemporain. Il ressuscite une époque, par des costumes, des musiques, des attitudes. En allant aussi loin dans la violence et l’humour noir, il triomphe dans les salles, dé-sorientant, imprévisible, et irrésistiblement rebelle. Comme un Pulp Magazine des années 1950 aux pages reliées dans un ordre aléatoire, il jongle allègrement entre les histoires, quitte à créer des coïncidences, des répétitions, et des incompréhensions. La fausse intensité de l’action peut désarçonner ; mais on tombe rapidement dans la spirale de ces destins croisés et de ces personnages à la superficialité réjouissante.

Sa BO absolument géniale et vintage à souhait, est elle aussi devenue culte, mélangeant twist, surf music, rock’n’roll et soul. Chuck Berry, Kool & The Gang, Dick Dale… autant de morceaux à qui retranscrivent une atmosphère propre au film, et qui lui ont permis de s’ériger comme un cinéma réellement novateur. Ses dialo-gues, malgré leur apparente banalité, sont pleins d’esprit ; et les acteurs s’en donnent à coeur joie dans des rôles absurdes, mais qu’ils habitent pleinement.

Récompensé par la Palme d’Or, Quentin Tarantino fut sifflé par une partie du public Cannois, qui jugeait son film scandaleux. Il n’aura d’autre réaction que d’adresser un doigt d’honneur aux huées ; un détachement non dissimulé, à l’image de son film. Triomphe final pour le réalisateur, qui aura réussi à vider l’œuvre d’art de son contenu, mais cela, avec un talent fou. Ce n’est pas pour rien que Pulp Fiction est conservé à la Bibliothèque du Congrès pour « sonimportanceculturelle,historiqueouesthétique».

Si Pulp Fiction fut bien un film avant-gardiste, il est sans conteste devenu une pépite vintage de l’histoire du cinéma. Son influence sur la Pop culture, est immense, et alors qu’il fête ses vingt ans, on peut dire qu’il n’a pas pris une ride... ou presque. s

Clara Lalanne

19

Page 21: Numéro Vintage

Culture

What the Cut est donc une chaîne youtube réalisée et présentée par le célèbre youtuber, Antoine Daniel. Le concept est simple, il analyse trois vidéos que l’on peut trouver si on a le malheur de se perdre un peu trop loin dans les fonds obscurs d’internet. On retrouve donc des vidéos cultes comme « As tu vu les Quenouilles ? » ou encore diverses vidéos étranges d’art contemporain. Autour de ces « merveilleuses vi-déos », il invente différentes scénettes amusantes qui visent à mettre en lumière l’absurde, l’illogisme, le dé-calage de ces vidéos. Face au caractère déconcertant de ses sources, le spectateur est souvent amené à rire et à se poser une question légitime « Pourquoij’aiuneérection? ». What the cut, c’est aussi ces questions, ces remarques complètement inattendues qui donnent un véritable élan au comique de l’émission. Pour animer encore plus What the cut, Antoine Daniel est assisté par deux acolytes majeurs. Richard la peluche et Samuel le ventilateur. Mais par le « pouvoir de la sainte pelle » les peluches ne parlent pas ? Exactement ou alors « sauf une fois au chalet ». « Assez t-il tout étant » derrière un voile épais d’humour et de dérision, Antoine Daniel, encore lui, a laissé un nombre important d’indices qui mènent à un mystère. Ce mystère s’appelle d’ailleurs « le mystère des internets ». N’ayez crainte je vais vous expliquer en quoi le mystère est difficile à résoudre sans aucun « Sushi ! ».

On découvre donc si vous avez l’œil attentif qu’à partir des épisodes 15 à 28, des lettres subliminales qui apparaissent à des différents moments des vidéos. On compte exactement 13 lettres qui forment une sorte de code : MKHXARZYIFKTZ. Ce code constitue la base du mystère des internets. Une personne a découvert qu’en entrant le code dans la barre de recherche Youtube, on tombe sur vidéo qui tend à nous rendre « VRAIMENT » mal à l’aise : Comment être heureux ? Dans cette vidéo très glauque, on y découvre à plusieurs reprises, le nom « Morasko Petla ». Si on tape ce nom dans la barre de recherche une nouvelle fois, une chaîne youtube à obédience communiste apparaît. Dans les quelques vidéos de la chaîne qui durent moins de 2 minutes, on peut clairement reconnaître la voix d’Antoine Daniel. Malheureusement au début de la vidéo « comment être heureux ? », un code binaire apparaît. Si on décrypte le code, on peut y traduire le message suivant : « je vous trolle ». Ainsi la piste Morasko Petla serait donc fausse, Antoine Daniel s’est bien joué de nous. Toutefois, cela reste tout de même une piste intéressante que l’on peut garder.

Il n’y a aucune raison de se décourager, car notre youtuber favori a laissé un nouvel indice dans l’épi-sode 30 de la What the cut. Un nouveau message subliminal, il s’agit d’une date « 17.05.2014 ». Ce jour-là apparaît la chaîne Youtube « Stingray Transmission » et le compte Twitter qui lui est associé. Ce qui est relati-vement suspect, c’est qu’Antoine Daniel a été le premier follower de cette nouvelle chaîne. Une vidéo a été mise en ligne où on peut y voir un contenu brouillé avec en fond sonore une musique relativement stressante. Il s’agit d’un SOS 1. Pourquoi ces messages qui demandent de l’aide ? Pourquoi cette ambiance stressante ? On ne peut malheureusement qu’émettre des hypothèses. En tous les cas des signes ne trompent pas, de plus en plus de messages seront publiés sur « Stingray Transmission », ce sera évidement les sources sur lesquelles il faudra compter pour résoudre cette enigme qu’Antoine Daniel nous propose.

En dépit d’un nombre important de pistes, il est très difficile de déceler un sens à tout cela. Mais il y a une solution à ce problème, et n’oubliez pas il s’agit d’un jeu et non d’une volonté d’Antoine Daniel de piéger ses fans. Les indices continueront à nous aiguiller car ce sujet n’est pas … AIXHAUSTIF !

Thibaut Taton

Salut bande « de tacos au sperme ! ». Selon vous, quelle chaîne Youtube a autant d’abonnés que What the Cut ? Le même nombre d’épi-sodes que What the cut ? Et le même nom que What the cut ? - What the cut ? - « Bonne réponse enculé ! » et c’est l’objet de cet article.

What The Cut # Mystère des internets

20

Page 22: Numéro Vintage

Culture Introduction à Xavier Dolan Xavier Dolan, on adore ou on déteste. Que ce soit dans son cinéma, ses protagonistes, ou même sa vie, il n’y a pas de place pour le juste milieu. Mature et juvénile, arrogant et fragile, au charme singulier et au talent hors normes, il ne se complait que dans les extrêmes. Mais Xavier Dolan, jamais ne triche avec les sentiments, qu’il n’aime que lorsqu’ils sont dépourvus d’artifices.

Les thèmes de ses films ne sont ni originaux, ni révolutionnaires. La poursuite d’un amour fou, la ré-bellion contre des normes qu’on souhaiterait nous imposer, les ambitions déçues. Mais il montre l’humain, tel qu’il le conçoit, entravé par ses sentiments, ses colères et regrets. Souvent, ses personnages se déguisent et se cachent, mais quand le masque tombe et qu’ils se trahissent, on les découvre tels qu’ils sont : vulnérables. Il ne cherche pas à glorifier leurs sentiments, et il est impossible de ne pas voir un peu de soi dans le caractère complexe et tourmenté de ces anti-héros si attachants. Car il ne passe rien sous silence, ni actes manqués, ni erreurs tragiques, ni regrets violents, malgré le regard tendre qu’il pose dessus.

Ces émotions, Xavier Dolan cherche à les retranscrire dans toute leur puissance et dans leur élément le plus simple, sans forcément lui donner du sens. Et quoi de mieux pour cela que de laisser libre cours à l’es-thétique ? Si certaines scènes coupent la linéarité de l’histoire, elles ne servent en réalité qu’à la renforcer, et sans même utiliser des mots, elles permettent de nous faire comprendre les personnages de manière encore plus profonde. Leur beauté exalte une manière de raconter qui touche à l’imaginaire, et souvent, elles sont plus intenses, plus évidentes que les dialogues. Au delà des mots, il y a les images qui frappent d’une manière plus intime, et qui par des effets cinématographiques comme le très gros plan, le plan coloré, ou le ralenti, dilatent le temps d’une manière fascinante.

Pour Xavier Dolan, tout commence et tout fini par la musique. On a rarement vu Céline Dion côtoyer aussi bien Beethoven ou Lana Del Rey. Elle se voit dédier des scènes qui semblent avoir été entièrement pensées pour elle, et accompagne l’esthétisme si particulier du jeune québécois. Nombreuses sont celles qui m’ont bouleversées, que ce soit la fin de Mommy ou les retrouvailles de Laurence Anyways au son de Moderat. Le mélange des genres surprend et attise la curiosité du spectateur, pour au final le toucher de manière plus intime. Les bandes originales sont soignées et éclectiques ; elles nous plongent avec une sorte de douce nos-talgie dans l’atmosphère des films et dans la peau de ses personnages.

Lors de son discours de récompense pour le double prix du Jury au festival de Cannes, Dolan n’aura pas un mot pour son illustre ainé, représentant de la Nouvelle Vague. Dans un discours à son image, plein de naïveté et de fougue, il suspend le temps et dépasse avec émotion l’image du jeune prodige du cinéma que les médias lui ont attribuée. Il s’élève alors comme l’emblème d’une génération « quirêveencouleurs », qui ose, qui s’insurge, et qui ne se cache pas.

Xavier Dolan cherche à atteindre le même objectif que tous les autres réalisateurs, transmettre des émotions au travers d’un écran et d’une histoire qui peut nous sembler à des millions de kilomètres de nos vies. Mais il a cette justesse en plus, indéfinissable, qui fait qu’on aura toujours l’impression que ses person-nages, c’est un peu d’eux, un peu de lui, et au final, un peu de nous.

Clara Lalanne

21

Page 23: Numéro Vintage

Culture Je suis donc censée critiquer Mommy. Comme si, moi, je pouvais me permettre de critiquer - au sens de «fairelacritiqued’uneœuvre» (Oh que les définitions du Larousse sont perspicaces !) ou plutôt d’un chef-d’œuvre dans le cas présent, le simple visionnage du film suffisant pourtant à me faire taire.

Que dire devant la beauté ?

Aussi, lorsque Thibaut (voir page suivante) décide de faire la critique d’une œuvre qui n’en est pas une, quelles ne furent pas les idées et métaphores farfelues qui lui vinrent à l’esprit pour décrire l’immondice. (et hop ! une référence biblique) – Cependant, tu (Thibaut) aurais tout de même pu évoquer la scène de l’ascen-seur qui revêt une importance cruciale (même si un peu clichée il faut l’avouer.)

Bref. En temps normal, la sentinelle que je suis aurait cherché la faille dans laquelle se faufiler pour tenter de montrer que sous un point de vue très spécifique ce film est pourri. Mais non. On est même ému aux larmes alors que les trois acteurs principaux se déchaînent sur « On ne change pas » de Céline (pas besoin de préciser de qui on parle lorsqu’il s’agit d’un symbole national). Même les médecins sont unanimes pour dire qu’il traite du TDAH avec réalisme (à part les BAC +12 et lui-même, personne n’a jamais ouï-dire de cette maladie, mais lui la traite avec réalisme.) Même notre cher Président ne s’est pas privé de citer Dolan dans son discours à l’Assemblée Nationale québécoise, associant les mots « succès » et « fulgurant » pour le qualifier. Même la bande originale est parfaite, une grande partie des critiques la mettent en avant, certaines scènes construites comme des « mini-clips » reposent entièrement sur la musique, cf. la course en skate sur Wonderwall.

Voilà, un coup de force désinhibé d’un jeune prodige à l’accent si charmant.

P.I.R(PrécisionàImportanceRelative):ouioui,onpeutàlafoisêtreémuetécouterunechansondeCéline,cesdeuxidéessecomplètentplutôtbienfinalement(lafrontièreavecleridiculerestetrèsmince,toutestquestiondedosage–e.g.nepaspleurerlamortdesonchatsur«pourquetum’aimesencore.»)

- Si vous vous en foutez totalement de ce que j’écris et que vous lisez directement cette phrase parce qu’elle est en gras et que le gras attire le regard, retenez simplement que les sceptiques seront confondus.

Angelina Tessier

22

Page 24: Numéro Vintage

Culture

J’ai pris il y a peu l’initiative de vous parler d’Annabelle ; sage dessein, si toutefois ma plume suffit à vous éviter de perdre votre temps.

Mais arrêtons-nous tout d’abord sur quelques détails de l’Histoire ; force est ici d’ériger un premier bilan de l’audiovisuel. Car au fil des décennies s’est perfectionné cet art, depuis les premiers plans-séquences des frères Lumières : colorisation, musiques, voix, couleurs, animations et effets spéciaux, 3 & 4D ... Et nous nous sommes vus plaider un devoir de réalisme, d’authenticité, pour un art qui souvent n’en demande pas tant. On a vu pulluler, et cinéastes et producteurs, et professionnels et amateurs, pour apparemment ré-pondre à ce besoin criant - que serait celui du «semblable» et du «vrai».

Néanmoins, et comme le souligne pertinemment notre bon vieux Nietzsche : «Aucun artiste ne to-lère le réel». Alors quoi ... ? La masse est-elle si peu artiste, pour aspirer avec crédulité à tant de vrai par le faux ? Les cinéastes se forceraient-ils, sciemment par surcroît, à créer toujours plus de vraisemblable ? Ces derniers n’obéiraient-ils qu’à l’appel de l’argent, qui crie à la mort comme un chien quand la promesse d’une suite à un blockbuster n’est pas exprimée ? L’art, même au 7ème rang, serait-il si implacablement soumis à la logique du marché ? Non, non ... ne tombons-pas dans ce fallacieux conspirationnisme presque zemmourien ... Eh bien pour une fois et sur ce point précis, si !

Annabelle ne se contente pas de nous offrir une suite pourrie à un film d’horreur réussi - mes nerfs en seraient sortis indemnes - il ose passer la 5ème sur la route tordue que les films commerciaux contribuent à paver chaque jour ... et y installer un péage de 8 euros le ticket à l’entrée. Tout portait néanmoins à croire que ce spin-off était légitimement voué au succès. Un jeune couple américain, naturellement très stéréotypé, est à l’aube d’accueillir leur premier enfant ; heureux présent, certes, si ce n’est que la future maman s’en voit récompensée par une poupée pour le moins spéciale. Cadeau de son mari, et rarissime exemplaire toute vêtue de blanc, la famille se félicitera plus tard qu’il n’y en eût qu’une sur la surface du globe ... car cette poupée attire de sombres phénomènes. Une seule exigence pour eux désormais : celle de protéger leur bébé des sordides émanations d’Annabelle. En tant que préambule de l’histoire de Conjuring : Les dossiers Warren de James Wan, le scénario n’en était que plus alléchant. En effet, l’auteur des deux volets d’Insidious, de Dead Silence, de Death Sentence et des premiers Saw n’est pas un néophyte en matière de film d’horreur ! Cependant, toujours avide de nouveaux projets, il laissa en 2014 John R. Leonetti, directeur de photographie de Conjuring, réaliser ce fade Annabelle. Fruit du hasard ou flair de surdoué, nul ne sait, mais J. R. Leonetti hérita seulement de l’opprobre.

C’est cruel de négliger le double plaisir de l’art au profit de l’émoustillement pur et simple des affects. Stricto sensu, l’art a toujours été de ces formes d’expression, d’alliance parfaite au service du monde, faites d’intellectualisme et du plaisir des sens. Mais Annabelle ne surprend pas, ne stimule en rien ni ne fait cogiter ; l’histoire se complaît dans une platitude par trop prévisible, où seuls les moments de sursaut - réussis, encore heureux - viennent vous faire tressaillir d’ennui. En somme, c’est faire peur, pour faire peur.

Annabelle

La chronique Cinéma

23

Page 25: Numéro Vintage

Culture Les gens n’écoutent plus la radio, ça manque d’images ; ils ne lisent plus non plus, ça manque de sons. Alors ils regardent Arthur à la télé, puisque c’est vrai, lui, et à notre plus grand bonheur, paraît bel et bien vivant ! Mais avec Annabelle, le paroxysme est atteint : on croit comprendre que le cinéma hollywoodien cherche dorénavant à atteindre un maximum de sensations et d’affects à la fois. Il faut que le spectateur voit, entende, mais aussi crie et pleure, tweet et insulte, vomisse et dorme, entre deux instants de «je-me-cache-les-yeux». L’histoire, bien ficelée ou non, après tout, on s’en fout.

P.S. : en témoignera le moment d’horreur vécu, en plus du film, et ici succinctement conté : en salle à 16h un samedi, c’est une horde d’adolescent récemment pubères qui m’a hurlé dans les oreilles pendant 1h38, sans compté les obscénités débitées pendant la pub, les références tous azimuts à une terre sainte saoudienne à particule, ainsi que les gazelles à casquette qui sautillaient, pour un émerveillement quasi-général, pendant les dialogues.

P.P.S. : Non, je ne suis pas énervé.

Thibaut Alchus

24

Page 26: Numéro Vintage

Culture

Avec un titre comme Pride, difficile de ne pas deviner le thème du film. Encore moins quand la pre-mière chanson de la bande son est « I want to break free » de Queen. Inspiré de faits réels, le film relate la curieuse alliance d’un groupe gay et lesbien avec des mineurs qui petit à petit va devenir un succès, au-delà des préjugés. L’histoire se déroule durant la grève des mineurs de 1984-1985 qui a frappé le Royaume-Uni. Un groupe de jeunes homosexuels se sentent proche de la manière dont les mineurs sont abandonnés par la société et décident de leur venir en aide. C’est ainsi que se créé le groupe Lesbians and Gays Support the Miners (LGSM). A l’époque, le fait de s’associer publiquement avec un groupe gay est évidemment mal vu. Après que le Syndicat national des mineurs ait refusé leur aide, LGSM décide d'apporter directement leurs dons à Onllwyn, un petit village minier de la Dulais Valley du Pays de Galles.

Il est difficile de résister au charme de ce petit bijou anglais. La bande son ambiance pop-rock et l’es-thétique nous entraîne directement au cœur du Royaume-Uni des années 90. Humour british, blouson de cuir, pinte de bière, aucun détail n’est laissé au hasard. On voyage à travers divers tableaux, de la Gay Pride jusqu’au village minier grisonnant, en passant par la campagne verdoyante, les clubs gays ou encore la petite maison typique anglaise. Le film permet une immersion totale, ce le rend encore plus plaisant. Cela nous rap-pelle avec plaisir d’autres pépites anglaises comme Good Morning England ou Love Actually.

L’histoire est touchante, faisant facilement passer du rire aux larmes. Elle aborde avec beaucoup de justesse des thèmes comme l’acceptation, la différence, le sida ou encore l’homophobie. Cependant, le film ne tombe jamais dans le pathos. Pourtant, il y a quelques scènes très émouvantes, comme celle du rejet de pa-rents qui apprennent l’homosexualité de leur enfant ou celle du passage à tabac d’un des membres de LGSM par des homophobes. Mais le film reste dans une finesse très agréable. Il revendique aussi l’importance de la lutte et l’entraide, portant un message positif qui fait chaud au cœur.

Le tout est porté par des personnages dépeint à la perfection, incarnés par des acteurs brillants. Bill Nighy, Andrew Scott ou encore Imelda Staunton (professeure Ombrage, pour les fans d’Harry Potter) font partis du casting, mais aussi des têtes plus jeunes et moins connues. Il y a le touchant George MacKay, qui incarne Joe, un jeune homosexuel qui a du mal à s’assumer, ou encore Ben Schnetzer qui incarne lui le lea-der de LGSM qui semble se revendiquer gay plus facilement. Puis en pêle-mêle, des personnages tout aussi intéressants : la lesbienne un peu punk, la mère de famille homophobe, la femme au foyer qui décide de faire entendre sa voix, etc.

Pride fait donc partie de ces films qui savent toucher nos cordes sensibles sans en faire trop. Malgré la lour-deur des thèmes abordés, il nous fait rire et nous plonge dans l’univers des mineurs et des homosexuels des années 90 avec beaucoup de plaisir. En conclusion, une petite citation du personage de Dai, le mineur qui ren-contre LGSM et s’allie avec eux pour la première fois : « When you're in a battle with an enemy that's so much bigger,somuchstrongerthanyou,tofindoutyouhadafriendyouneverknewexisted,wellthat'sthebestfeelinginthe world. Can you see what we've done here, by coming together all of us? We made history! » A méditer.

Flore Bardet

Avec un titre comme Pride

25

Page 27: Numéro Vintage

CultureLe Point Serie

Flash Lorsque dans la série Arrow on m’a annoncé un spin-off sur Flash, j’ai tout de suite pensé à Smallville et son Flash délirant, cleptomane et charismatique. Autant dire que j’ai été un tantinet déçu lorsque j’ai vu le pilot et son héros, policier, beaucoup trop sérieux et dont le jeu d’ac-teur est digne d’un Captain America au pire de sa forme. Ne parlons pas des scénarii qui se limitent à un méchant, un cœur brisé, et un combat de 1min30 digne d’un film des années 60. La chaîne américaine The CW, en tentant de reprendre tous les éléments de sa série originelle sur l’Archer Vert, fait cependant nettement moins bien. En effet la différence clef entre les deux héros est bien la présence de superpouvoirs et il paraît impossible de faire une série sans prendre en compte ce facteur pouvoir.

De plus, le suspens est inexistant dans le spin-off, on sait dès la fin du premier épisode, qui sera le supervilain, et quels seront les évènements clefs de la saison. Bref, en espérant que la série se rattrape aussi vite que peut disparaître le plus rapide des superhéros.

David Uzan

26

Madam Secretary

Dans les séries américaines, on peut distinguer deux catégories : celles produites par les américains sur leur pays et celles produites par les américains mais qui ne se basent pas sur les Etats-Unis (comme Game of Thrones!). Dans la première catégorie, on retrouve Madam Secretary.

D’abord enthousiasmé par les débuts de cette série qui présente l’accès au Secrétariat d’Etat d’une ancienne analyste des très secrets services de la CIA, Elizabeth Mc Cord, on se rend progressivement compte qu’il s’agit d’une autre (pour ne pas dire énième) série sur le système américain. En effet, son job de Secrétaire d’Etat la pousse à gérer toutes sortes de crises, comme on pourrait s’y attendre : risques de guerres avec di-vers pays, crise écologique, attaque d’ambassade, etc. Et évidemment les américains surmontent les obstacles. Certes, Elizabeth essaie de changer le système et toutes ses imperfections mais que peut-elle faire face à l’ensemble de ses défauts et vices ? “Assurer le leader-ship américain dans le monde libre et instaurer la paix au Moyen-Orient” comme le dira le Président...

Je ne critiquerai pas pour critiquer : cette série présente l’avantage de montrer une institution que peu de gens connaissent mais elle rappelle aussi un aspect tellement américain : les USA sont le leader du monde du libre, en fait les meilleurs. Mais peut-être que la suite de la saison permettra-t-elle de gommer le sentiment pro-américain qui s’en dégage? En tout cas, si la série veut séduire autre part qu’à Washington, c’est dans son intérêt.

Nils Esnault

Page 28: Numéro Vintage

« Tara ! » Aéroport Nantes Atlantique, 17h45, le 31 octobre.

« Thank you for your participation to this flight, RyanAir, over ninety percent of our flights arrive on time at destination ». La petite musique de la compagnie aérienne résonne comme un air de Vivaldi dans mes oreilles. Je suis presque arrivée. Je suis presque chez moi. Encore un petit effort, et je serai dans mon pays. La Bretagne. La sortie de voie express, l’aire de covoiturage, la ville, ma maison … Tout respire le quotidien, devenu extra-ordinaire à mes yeux. Je suis chez moi. Le kig ar farz, Tri Yann, les embruns, les mouettes, le cidre, les festoù-noz, l’accent p’tit zef … Tout ce qui a toujours fait partie de ma vie et dont je ne me suis jamais rendu compte s’impose à moi comme les signes distinctifs de cette région qui a modelé mon enfance, mon caractère.

Samedi après-midi sur la côte, à Portec, ma petite plage. La mer est en colère aujourd’hui. Et c’est ce que j’attendais. Le vent et les embruns giflent mes joues, les vagues se fracassent sur les rochers abrupts, l’écume lèche la falaise … C’est le gros festival. Malgré moi, les binious se mettent à chanter dans ma tête, Green Lands de Dan Ar Braz, ce à quoi mon papa abreuvait mes oreilles quand j’étais petite. Et là, mais là … C’est fatal. J’ai mal rien que de penser que je vais devoir repartir. On se dit toujours que le monde est petit, qu’on connaît tout, nous, humains, qu’on a tout vu, tout entendu, tout exploré … Mais quand on est face à un spectacle comme celui-ci, banal et pourtant loin de l’être, on se sent petit, si petit … Qu’on se demande comment l’homme a eu l’affront de proclamer qu’il sait dompter la nature, et qu’il la comprend toute entière. Quand on regarde là-bas, dans le sillon des côtes … Quand on regarde un peu plus loin que prévu, ou même un peu plus près, on se dit que le monde n’est pas si grand. Un creux dans une falaise devient un monde parallèle, un galet, une galaxie. Les crabes et les huîtres se changent en animaux marins fantastiques, et le fond de l’estuaire devient le bout du monde, Penn ar Bed, là où tout est possible. En y vivant, je n’avais jamais fait attention à la spécificité de ma région. La danse bretonne me paraissait has been et bien trop banale ; manger des crêpes était commun et parler breton, c’était seulement bon pour dire des insultes sans que tout le monde ne comprenne. Mais en m’éloignant de ma région pour venir étudier à Sciences Po Aix, je réalise le patrimoine culturel et affectif énorme dont mon pays dispose, tout simplement parce qu’il me manque, et je n’ai de cesse de revendiquer d’où je viens grâce à ce même patrimoine.

Ceci est un conseil pour les futurs 3A : imprégnez-vous de chaque odeur, chaque sonorité, chaque image de ce qui fait votre univers aujourd’hui. Même si celui-ci vous paraît alors banal, il sera votre marque de fabrique l’année prochaine, ainsi que pour toutes celles qui suivront. Intéressez-vous à ce qui fait que vous êtes « vous », à votre culture et ses coutumes, vos racines, pour apprendre à aimer davantage d’où vous venez, pour appréhender où vous irez. Nous ne sommes pas des électrons libres, nous venons tous de quelque part. Alors, un conseil … Faites de ce « quelque part » votre richesse. Vous saurez alors faire vôtre la fameuse exclamation de Scarlett O’Hara quand elle se fait larguer comme une malpropre par Rhett Butler : « Tara ! »

Youna Rivallain

 

Aixpression

27

Aixpression

Page 29: Numéro Vintage

Le point Lucie en une minute Si vous deviez choisir…

Un mot ?

- Beurk !

Unfilm?

- Fight Club

Un objet ?

- Ma fille ! Ah non pardon ce n’est pas un objet ! Une plume alors.

Une chanson ?

- Une chanson douce

Un roman ?

- La Vénus à la fourrure

Un poème ?

- Cœurenbouche de Robert Desnos

Une citation ?

- «Lecontraireducontraire,n’estquel’abstraitduconcret.»

Mais, elle est de qui cette citation ?

- De moi-même, je viens de te la pondre ! (rire)

Un aliment ?

- Un artichaut

Un élève de deuxième année ?

- David Uzan !

Quelque chose de surprenant ?

- Ces trucs là qu’on trouve dans les farces et attrapes ! Ah oui : un coussin péteur !

Angelina Tessier

Aixpression

28

Page 30: Numéro Vintage

29

Page 31: Numéro Vintage

13-15 février 2015

AIXMUN Aix Model united nations 2015

Un Évènement annuel inédit Le AixMUN est le Model United Nations de la ville d’ Aix-en-Provence qui se tiendra le

vendredi 13, samedi 14 et dimanche 15 février 2015. Depuis 2008, il réunit au mois de février des étudiants de toute la France.

Ces simulations permettent de se plonger dans le monde des Nations Unies et de

s’essayer à l’art oratoire et à la négociation. Cet évènement est ouvert à tout étudiant intéressé par les relations internationales et le débat.

Aix ONU ( page Facebook ) AixONU IEP Aix ( page Twitter ) e-mail : [email protected]

30

Page 32: Numéro Vintage

Aixhutoire

Un homme au balcon attend sa femme. La lumière est forte et l’air tempéré, propice à la rêverie. Il se souvient de ce que fût sa jeunesse.

Il se dit que les temps ont changé, fasciné par le monde qui ne lui correspond plus. Il voit les gens al-ler vite, tout y paraît jeune. Lui aussi allait vite quand son corps lui obéissait. Il se rappelle les après-midi triomphantes où ils allaient avec les copains se bai-gner au lac, non loin. A l’époque il ne connaissait pas sa femme et les artères de goudron noir ne perfu-saient pas les ensembles de maison de pierre jaune. C’était un moment doux.

Il aperçoit un groupe de jeunes gens assis sur un escalier. Ils écoutent de la musique et attendent.Aujourd’hui les jeunes n’ont plus de bandes de copains se dit-il. « Ce sont les potes, papy », lui avait-on expliqué un jour, au détour d’un repas de famille. Mais il n’arrivait pas à se détacher de la singularité du mot « copain ». Avec les copains on allait à la pêche, on jouait au foot et on sortait parfois avec les filles se baigner aux calanques. Aujourd’hui, on joue à la playstation et on fait parti d’un club de sport. Le soir ils s’enferment, pensait-il, dans des lieux obs-curs dont il ne voit pas l’attrait. Les jukebox, disco-thèques et autres bars dansants ont laissé place aux boîtes de nuit. D’ailleurs c’est quoi une boîte, si ce n’est quelque chose dans lequel on range ce dont on veut se débarrasser…

Il se souvient alors avoir pris le TGV pour aller voir un de ses petits-fils à la capitale. Il voyait en traversant la France les paysages qui l’émouvaient. Des terres en jachère, des champs cultivés, parfois quelques maisons et au loin des villes. En face de lui, deux touristes étaient assis qui filmaient conscien-cieusement le voyage. Il les imaginait rentrer chez eux montrer les trois heures de voyage défilées à la télé. Cela l’amuse.Au retour, les paysages de l’aller laissaient place à des lumières mouvantes au loin. Il imagine les villes qui s’étendent pour répondre aux exigences crois-santes de confort et de logement. Il aimait revenir de Paris.Quand il descendait du train, il voyait les devantures de magasins qui éclairaient son chemin. Les jours de pluie, il appréciait voir le jeu de lumières humides

qui se reflétait sur les flaques. Il songeait au temps où les allumeurs de réverbères effectuaient leur ronde de nuit, et trouvait cela bien plus commode aujourd’hui. Les passants qu’il croisait marchaient vite, bien plus vite que lui. Ici, la cadence était rapide, efficace. Du haut de son âge, cela faisait bien des années qu’il ne l’était plus, efficace. Au milieu de ce bal, il observait les visages éclairés de lumières blafardes, c’était les téléphones portables que les danseurs de ce ballet tenaient au devant d’eux. Il assistait au spectacle des somnambules, petites poucettes glorifiées dans un des derniers livres qu’il avait lu, et cela l’amusait.

Quand le tourbillon était trop fort, parfois il s’as-seyait. Posé là, dans la rue, il aimait se réciter la liste des rois de France qu’il connaissait par coeur depuis sa jeunesse avant de regretter alors ne plus com-prendre ce monde qui lui était désormais étranger. Un monde qu’il percevait comme magique et fasci-nant et pourtant si loin du temps où ils allaient avec « les copains », à vélo, se baigner au lac.

En bas, les enfants autour d’un lit veillent au chevet d’une vieille dame endormie, pâle, ils lui tiennent la main. Ils semblent attendre qu’elle se réveille pour écouter un de ses récits qu’elle sait si bien conter. Les fenêtres sont ouvertes, et le soleil brille. Le bruit de la ville va et vient dans la chambre, il lape les tympans comme le font les vagues sur une plage de sable fin. Parfois il s’aiguise d’une sirène ou de cris. La lumière est forte et l’air tempéré, propice à la rêverie. La femme voit alors son mari qui l’attend, de dos sur un balcon, et se souvient de ce que fût leur jeunesse.

Étienne Dauvergne

Un homme au balcon attend sa femme