Numéro 94 Hiver / Printemps 2015 - Théâtre Denise … · 5 L’équipe du spectacle 6...

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DU 11 MARS AU 1 ER AVRIL 2015 Le Barbier Séville de MADEMOISELLE MOLIÈRE DU 14 AU 30 JANVIER 2015 Texte et mise en scène d’Hubert Fielden Une production de La Dérive en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier VICTOR HUGO, MON AMOUR DU 11 AU 28 FÉVRIER 2015 Texte d’Anthéa Sogno Mise en scène de Léo Munger Une production du Théâtre de la Tartigou et des Productions Mistral en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier CHATROOM DU 4 AU 21 MARS 2015 Texte d’Enda Walsh Traduction d’Étienne Lepage Mise en scène de Sylvain Bélanger Une production du Théâtre La Combine en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier JAVOTTE DU 25 MARS AU 11 AVRIL 2015 Texte de Simon Boulerice Adaptation et mise en scène de Jean-Guy Legault Une production du Collectif les Casseroles en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier LES ZURBAINS DU 5 AU 15 MAI 2015 Mise en scène de Monique Gosselin Une production du Théâtre Le Clou en collaboration avec le Théâtre jeunesse Les Gros Becs (Québec), le Théâtre du Préau (Vire, France) et le Théâtre Denise-Pelletier Canta trice LA CHAUVE DU 6 AU 28 FÉVRIER 2015 suivie de La Leçon D’EUGÈNE IONESCO MISE EN SCÈNE DE FRÉDÉRIC DUBOIS UNE PRODUCTION DU THÉÂTRE DES FONDS DE TIROIRS PRÉSENTÉE PAR LE THÉÂTRE DENISE-PELLETIER DE PIERRE-AUGUSTIN CARON DE BEAUMARCHAIS MISE EN SCÈNE DE DANIEL PAQUETTE UNE PRODUCTION DU THÉÂTRE DENISE-PELLETIER LES CAHIERS Numéro 94 Hiver / Printemps 2015

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Du 11 mars au 1er avril 2015

le

Barbier

sévillede

maDemOiselle mOliÈre

Du 14 au 30 JaNvier 2015

Texte et mise en scène d’Hubert FieldenUne production de la Dérive en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier

viCTOr HuGO, mON amOur

Du 11 au 28 FÉvrier 2015

Texte d’anthéa sognoMise en scène de léo mungerUne production du Théâtre de la Tartigou et des Productions mistral en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier

CHaTrOOm

Du 4 au 21 mars 2015

Texte d’enda WalshTraduction d’Étienne lepageMise en scène de sylvain BélangerUne production du Théâtre la Combine en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier

JavOTTe

Du 25 mars au 11 avril 2015

Texte de simon Boulerice Adaptation et mise en scène de Jean-Guy legault Une production du Collectif les Casseroles en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier

les ZurBaiNs

Du 5 au 15 mai 2015

Mise en scène de monique GosselinUne production du Théâtre le Clou en collaboration avec le Théâtre jeunesse les Gros Becs (Québec), le Théâtre du Préau (Vire, France) et le Théâtre Denise-Pelletier

Cantatrice

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CHauve

Du 6 au 28 FÉvrier 2015

suivie de

la leçon

D’euGÈNe iONesCO

MISE EN SCÈNE DE FrÉDÉriC DuBOis

UNE PRODUCTION DU THÉÂTre Des FONDs De TirOirs

PRÉSENTÉE PAR LE THÉÂTre DeNise-PelleTier

DE Pierre-auGusTiN CarON De BeaumarCHais

MISE EN SCÈNE DE DaNiel PaQueTTe

UNE PRODUCTION DU THÉÂTre DeNise-PelleTier

Les CahiersNuméro 94

Hiver / Printemps 2015

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LA CANTATRICE CHAUVE et LA LEÇON / pAgE 3

LA CANTATRICE CHAUVE suivie de LA LEÇON5 L’équipe du spectacle6 Présentation et résumé9 Acteurs et personnages11 Entretien avec Frédéric Dubois, metteur en scène

DOSSIERDIRE « NON »15 D’Ionescu à Ionesco20 Refus, rupture, renouveau25 Pour en savoir plus…25 Pour aller plus loin...

LE BARBIER DE SÉVILLE26 L’équipe du spectacle27 Présentation et résumé31 Acteurs et personnages32 Entretien avec daniel paquette, metteur en scène

DOSSIERLUMIÈRES ET RÉVOLUTIONS37 Le XVIIIe, siècle des Lumières41 Beaumarchais, capitaliste et révolutionnaire45 Pour en savoir plus…46 Pour aller plus loin...

LES CAHIERS / NUMÉRO 94 / HIVER – pRINTEMpS 2015

Table des maTières / SALLE DENISE-pELLETIER

Les Cahiers du Théâtre Denise-Pelletier sont publiés sous la direction de Julie Houle, avec le soutien d'Anaïs Bonotaux-Bouchard. La rédaction des Cahiers est coordonnée par Hélène Beauchamp. Nous remercions les équipes de production, auteurs et metteurs en scène qui ont facilité la réalisation de ce numéro des Cahiers.

Conception graphique et infographie : Passerelle bleue / Impression : Imprimerie Maska inc. ISSN 1188-1461 / BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU CANADA / N.B. : Les opinions exprimées dans les articles de cette publication n’engagent que leurs auteurs.

Théâtre Denise-Pelletier4353, rue Sainte-Catherine EstMontréal (Québec) H1V 1Y2Administration : 514 253-9095Billetterie : 514 253-8974www.denise-pelletier.qc.ca

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pAgE 4 / LA CANTATRICE CHAUVE et LA LEÇON

MADEMOISELLE MOLIÈRE

48 L’équipe et la compagnie

49 Entretien avec Hubert Fielden, auteur et metteur en scène

VICTOR HUGO, MON AMOUR

51 L’équipe et la compagnie

52 Entretien avec Léo Munger, metteure en scène, et Catherine Bütikofer, comédienne

CHATROOM

54 L’équipe et la compagnie

55 Entretien avec Sylvain Bélanger, metteur en scène

JAVOTTE

57 L’équipe et la compagnie

58 Entretien avec Jean-Guy Legault, metteur en scène

LES ZURBAINS

62 L’équipe et la compagnie

63 Texte de Marie-Claude Verdier, auteure

Le Théâtre Denise-Pelletier (TDP) tient à remercier

Le TDP est membre des Théâtres Associés inc. (TAI) et de l’Association des diffuseurs spécialisés en théâtre (ADST). Il est aussi partenaire de Atuvu.ca.

Table des maTières / SALLE fRED-bARRy

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LA CANTATRICE CHAUVE et LA LEÇON / pAgE 5

Distribution par ordre alphabétiqueLA CANTATRICE CHAUVESimon Dépot ................................................ M. MartinMonelle Guertin .......................................Mme MartinÉliot Laprise ...................Le Capitaine des pompiersCatherine Larochelle .........................Mary, la bonnePierre Limoges .............................................M. SmithAnsie St-Martin ........................................Mme Smith

LA LEÇONLe choix des interprètes est décidé par tirage au sort pour chaque représentation.

Concepteurs et collaborateurs artistiquesConception des costumes .............Yasmina GiguèreAssistée de ...............................Jennifer TremblayScénographie ........... Marie-Renée Bourget HarveyÉclairages ......................................Renaud PettigrewCompositeur et musicien ..............Pascal RobitailleRégie ........................................... Caroline Ferland

Équipe de production – Théâtre Denise-PelletierDirection de production .....................Réjean PaquinDirection technique ...................................Guy Caron Attachée de presse .............................Isabelle Bleau

Équipe de scène – Théâtre Denise-PelletierChef machiniste ..................................Pierre LéveilléChef électricien .............................Michel ChartrandChef sonorisateur ....................................Claude CyrChef habilleuse ............................. Louise DesfossésChef cintrier .................................. Pierre Lachapelle

LA COMPAGNIEEn 1997, le Théâtre des Fonds de Tiroirs voyait le jour en présentant La Cantatrice chauve, sous la direction artistique de Frédéric Dubois qui a, depuis, signé toutes les mises en scène de la compagnie. Au fil des productions, le TFT a continué d’étonner en choisissant des auteurs exigeants et des textes aux écritures ludiques comme Le Cid maghané de Réjean Ducharme (1999), Zazie dans le métro de Raymond Queneau (2001), ou aux écritures peu fréquentées comme celles de Slawomir Mrozek (Tango, 2000), ou aux écritures fragmentées de Xavier Durringer (Chroniques des jours entiers, des nuits entières, 2002), ou au comique mordant et quelque peu cynique de Neil LaBute (La Forme des choses, 2007). Elle a étonné avec le travail sur Téléroman de Larry Tremblay (2003) et sur Vie et mort du Roi boiteux de Jean-Pierre Ronfard (2005). Forte d’une équipe artistique et administrative solide, la compagnie présente des textes au verbe puissant, tirés ou inspirés du répertoire, qui éclairent les enjeux du monde actuel. www.infotft.com/compagnie

l'équipe du specTacle

LA CANTATRICE CHAUVE suivie de LA LEÇOND’Eugène Ionesco Mise en scène de Frédéric DuboisUne production du Théâtre des Fonds de Tiroirs présentée par le Théâtre Denise-Pelletier

Salle Denise-PelletierDu 6 au 28 février 2015

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pAgE 6 / LA CANTATRICE CHAUVE et LA LEÇON

LA CANTATRICE CHAUVE : l’anTi-pièce

Après avoir constaté qu’ils ont bien mangé, qu’ils habitent dans les environs de Londres et que leur nom est Smith, M. et Mme Smith nous apprennent la mort de Bobby Watson. Mais comme plusieurs de leurs connaissances portent ce nom, et souvent de père en fils ou de mère en fille, toutes les confusions sont possibles. La bonne, Mary, se présente alors et annonce la visite de M. et Mme Martin. Ceux-ci entreprennent une conversation où, après un étonnant jeu de déductions, ils en arrivent à se convaincre mutuellement qu’ils sont mari et femme. Mais la bonne vient jeter le doute sur cette scène de reconnaissance.

On sonne à la porte jusqu’à ce que le Capitaine des pompiers se décide à entrer, non sans avouer qu’il s’était caché. Il se

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~ Eugène Ionesco, 1993.

met à raconter des histoires de pompier où figurent des êtres et surviennent des événements étranges ; à son tour, Mary lui offre de réciter son poème préféré « le feu ».

Au départ du Capitaine, les Smith et les Martin s’engagent dans une conversation faite de dictons, de faux proverbes, d’observations saugrenues. Les mots éclatent comme des feux d’artifice, les syllabes deviennent autonomes, les esprits s’échauffent, et la soirée prend une drôle de tournure…

Mais… qu’en est-il de la Cantatrice chauve ?

La Cantatrice chauve est une drôle de pièce. Non pas une pièce drôle, bien qu’elle fasse beaucoup rire, mais une pièce étrange. Dans l’édition définitive du texte, Ionesco la qualifie d’anti-pièce. Cette appellation devrait à elle seule nous mettre la puce à l’oreille et nous signaler la volonté du dramaturge de saccager les modèles culturels traditionnels,

� Théâtre de la Huchette en 1957, par Serge Lachinov.

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dont celui qui veut qu’une pièce de théâtre raconte une histoire avec un début, un milieu et une fin, et qu’elle présente des personnages dotés d’une psychologie identifiable et capables de dialoguer.

La Cantatrice chauve est donc une pièce étrange ou… une pièce sur l’étrangeté. Pour en parler, on évoque généralement le qualificatif d’absurde. Et pourtant, La Cantatrice chauve n’est pas tant une pièce absurde qu’une pièce sur l’absurdité. Mais l’absurde de la pièce n’est pas tant de nature humoristique, mais bien de l’ordre du concept philosophique. Qu’est-ce que cet absurde philosophique ? Tout simplement le constat que la vie, l’existence, n’ont pas de sens en soi.

Une rupture définitive s’est opérée dans un monde où la présence de Dieu ne fait plus l’unanimité.

L’humanité est désormais toute seule à décider de l’ordre des choses. En quelque sorte, tout est possible, le meilleur comme le pire.

La Cantatrice chauve est une pièce sur l’étrangeté et sur l’absurdité du monde, mais aussi sur le langage et la parole, ou plus précisément sur la rupture entre le monde et le langage. Parce que dans un monde qui n’a plus de sens, le rapport entre les mots et les choses devient également aléatoire. Qu’est-ce que le langage ? Voilà donc LA question que pose la pièce d’Ionesco.

la leÇon: le cercle eT l’enVoÛTemenT

Le rideau se lève sur le cabinet de travail d’un vieux Professeur. La Bonne fait entrer une jeune Élève qui vient prendre sa leçon particulière. L’Élève affirme qu’elle veut préparer le doctorat total en trois semaines. Le Professeur, d’abord poli et timide, veut commencer par faire un examen sommaire de ses connaissances. La Bonne revient et le met en garde contre l’arithmétique tout en lui demandant de garder son calme. Tout se passe bien pour l’addition, mais dès qu’il aborde la soustraction, les choses se gâtent. Il a beau donner des exemples… rien n’y fait. Plus le Professeur s’énerve et plus l’Élève se désole. Elle commence même à avoir mal aux dents.

On délaisse l’arithmétique pour essayer la linguistique, les langues espagnole et néo-espagnole. La philologie amène les protagonistes au point de non-retour. La voix du Professeur se fait de plus en plus cassante, son agressivité s’exaspère et il utilise le pouvoir du langage pour soumettre l’Élève à sa volonté. De plus en plus démunie, l’Élève sera sacrifiée.

~ Théâtre de la Huchette en 2011, par Philippe Alès.

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pAgE 8 / LA CANTATRICE CHAUVE et LA LEÇON

Ici, l’écriture d’Ionesco nous entraîne dans un mouvement circulaire, dans un véritable tourbillon de paroles, de mots, de sons. En trouver le sens n’est pas simple, et l’objectif d’Ionesco n’est pas de « faire sens » par les mots et dans le dialogue. Parce que le sens de ce qu’il propose est dans le mouvement même, dans le tourbillon. Tourbillon des mots et des sons. Jusqu’à l’encerclement, jusqu’à l’éclatement. Cette écriture ne construit pas un suspense ; elle ne décrit pas une situation ou un état : elle nous entraîne de surprise en surprise, crée un étonnement qui dure, un semblant de chaos,

présenTaTion eT résumé

jusqu’à ce qu’il s’épuise de lui-même ou nous engloutisse. Cette écriture ne raconte rien, mais elle provoque : le rire, mais aussi les questions. Le dialogue n’est donc plus possible ? À qui parle celui qui parle ? Est-ce que quelqu’un écoute ?

Et puis, tout à coup, apparaît la poésie, celle qui naît de la rencontre des mots. Ionesco pourrait être l’inventeur de la poésie sonore, du slam…

Hélène Beauchamp

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LA CANTATRICE CHAUVE et LA LEÇON / pAgE 9

acTeurs eT personnaGes

SIMON DÉPOT M. MARTIN Comme c’est bizarre, curieux, étrange. Alors, Madame, nous habitons dans la même chambre et nous dormons dans le même lit, chère Madame. C’est peut-être là que nous nous sommes rencontrés !

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MONELLE GUERTIN MME MARTINLes cacaoyers des cacaoyères donnent pas des cacahuètes, donnent du cacao ! Les cacaoyers des cacaoyères donnent pas des cacahuètes, donnent du cacao ! Les cacaoyers des cacaoyères donnent pas des cacahuètes, donnent du cacao !

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ÉLIOT LAPRISE CAPITAINE DES POMPIERS Rien du tout ? Vous n’auriez pas un petit feu de cheminée, quelque chose qui brûle dans le grenier ou dans la cave ? Un petit début d’incendie, au moins ?

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CATHERINE LAROCHELLE MARY, LA BONNE Les Polycandres brillaient dans les boisUne pierre prit feu - Le château prit feuLa forêt prit feu - Les hommes prirent feu (…)Le feu prit feu - Tout prit feu Prit feu, prit feu.

PIERRE LIMOGES M. SMITHUn médecin consciencieux doit mourir avec le malade s’ils ne peuvent pas guérir ensemble. Le commandant d’un bateau périt avec le bateau, dans les vagues. Il ne lui survit pas.

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Le choix des interprètes est décidé par tirage au sort pour chaque représentation.

acTeurs eT personnaGes

ANSIE ST-MARTIN MME SMITH Ne m’envoie plus ouvrir la porte. Tu as vu que c’était inutile. L’expérience nous apprend que lorsqu’on entend sonner à la porte, c’est qu’il n’y a jamais personne.

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LA CANTATRICE CHAUVE

LE PROFESSEUR Ce n’est pas ça. Ce n’est pas ça du tout. Vous avez toujours tendance à additionner. Mais il faut aussi soustraire. Il ne faut pas uniquement intégrer. Il faut aussi désintégrer. C’est ça la vie. C’est ça la philosophie. C’est ça la science. C’est ça le progrès, la civilisation.

L’ÉLÈVE Ah, non ! Zut alors ! J’en ai assez ! Et puis j’ai mal aux dents, j’ai mal aux pieds, j’ai mal à la tête…

LA BONNE Et c’est la quarantième fois, aujourd’hui !... Et tous les jours c’est la même chose ! Tous les jours ! Vous n’avez pas honte, à votre âge… mais vous allez vous rendre malade ! Il ne vous restera plus d’élèves. Ça sera bien fait.

LA LEÇON

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Vous montez la cantatrice chauve pour la troisième fois et la leçon pour la seconde fois avec le Théâtre des Fonds de Tiroirs. Pourquoi ce désir de revenir à ces pièces de Ionesco ?

La Cantatrice chauve a été, en 1997, notre spectacle fondateur, une véritable prise de position de la compagnie. On a travaillé à la production pendant l’été, pour affirmer notre envie de faire du théâtre, en dehors de l’école et de notre formation académique. Nous avons fait des choix plus instinctifs que réfléchis, même si le spectacle était déjà très chorégraphié. Dix ans plus tard, après être sortis des écoles et avoir travaillé chacun de notre côté, nous avons voulu vérifier si le texte de Ionesco résonnait toujours de la même façon pour nous. Or, notre rapport à la scène, à l’espace et aux corps avait évolué. Comme metteur en scène, j’ai été plus économe, moins démonstratif : j’avais développé un langage scénique, une façon de diriger les acteurs. Mais on avait gardé le même goût de mordre dans le texte. À l’été 2007, on a produit La Leçon à Québec, puis on l’a présentée en seconde partie de La Cantatrice chauve à Denise-Pelletier.

Et aujourd’hui ?

Le spectacle que nous présenterons en février ne sera pas vraiment une version trois de La Cantatrice chauve, mais plutôt la deuxième version revisitée. En langage informatique, on pourrait dire une version 2.1. De toute manière, dès qu’on amorce une reprise d’un spectacle, on sait que certaines choses vont bouger. Quant à La Leçon, la pièce diffère un peu chaque soir selon l’énergie propre à chaque duo, puisque tous les gars de la troupe connaissent le rôle du professeur, les filles celui de l’étudiante, et que c’est le public qui pige au hasard le nom des comédiens qui interprètent La Leçon.

Lors du lancement de saison, en avril dernier, vous avez souligné que l’angle qui vous intéressait, cette fois-ci, était celui de la mémoire. Pouvez-vous préciser comment vous en êtes venu à cette lecture ?

J’ai vu un reportage, à Télé-Québec, où l’on suivait trois dames atteintes de la maladie d’Alzheimer. Ça m’a époustouflé. C’est une terrible maladie, notamment pour ceux qui sont en contact avec les

enTreTien aVec frédéric dubois, meTTeur en scène

~ Frédéric Dubois

Frédéric Dubois a terminé ses études au Conservatoire d’art dramatique de Québec en 1999. Il est récipiendaire du prix John-Hirsh 2008, remis par le Conseil des arts du Canada, qui souligne un début de carrière singulier et prometteur. Il peaufine une écriture scénique toute personnelle en alliant les possibilités qu’offrent les scènes institutionnelles du Québec à la liberté que lui apporte sa compagnie de création. Depuis novembre 2011, il est aussi le coordonnateur artistique du Théâtre Périscope. Au moment de faire l’entrevue, Frédéric Dubois séjournait au Japon dans le cadre de son travail.

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gens qui en sont atteints. Mais ce qui m’a troublé dans ce reportage, c’est la grande candeur de ces femmes. Elles revenaient à leur enfance, aux jeux de l’enfance, à leurs premières amours, car la mémoire à court terme disparaît plus vite que la mémoire à long terme. Quand des proches viennent les visiter, elles les confondent avec d’autres personnes qui appartiennent à leur passé lointain. Il m’a véritablement ébranlé, ce décalage entre le corps figé de ces vieilles dames, la dégradation de leurs facultés cognitives, et leur regard allumé : quelque chose de très vivant reste dans l’œil, dans le regard.

Les personnages de la cantatrice chauve ou de la leçon oublient tout. Sans mémoire, ils répètent toujours les mêmes gestes, les mêmes paroles.

Les Smith ne se rappellent pas qui ils sont ni l’heure qu’il est. Les Martin se retrouvent, mais sans savoir qu’ils se connaissent. À la fin, tous les quatre perdent le langage ; ça n’a plus d’importance, c’est un jeu. Ils perdent leur pudeur. Madame

Smith enlève ses pantalons à son mari, qui porte des shorts d’enfant en dessous. Il y a un retour à l’enfance. Ce qui m’a intéressé dans le rapport à l’Alzheimer, c’est la lumière qui persiste dans la vie malgré la maladie. La Cantatrice chauve n’est pas une œuvre triste. Il y a de la folie, du plaisir.

Cette lecture se traduit-elle dans le jeu des acteurs ?

En fait, elle nous a donné notre articulation pour appréhender les personnages, une sorte de mode d’emploi qui apportait des réponses à nos questions quant à leurs manières de parler et d’agir. Mary, la bonne, sera une infirmière, habillée comme au temps de la Première Guerre, un élément qui appartient à un passé lointain. Elle peut taper sur les gens sur scène. Le pompier est un vieux bonhomme qui habite la chambre d’à côté, parce que le pompier n’est rien de plus que quelqu’un qui vient raconter des histoires. Et tous se retrouvent, se racontent des histoires, un peu sans queue ni tête ; ils se trouvent drôles, font la fête, repartent et oublient ce qu’ils viennent de dire ou de vivre.

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On peut penser que l’espace scénique sera différent qu’en 2007 ?

Dans notre version 2.1, l’espace devra refléter notre nouvelle articulation du jeu : un plateau très clinique, bleu et vert hôpital, des costumes distingués bien sûr, mais qui rappellent les tissus de jaquettes d’hôpital. Avec la scénographe, on imagine de petits espaces, comme des chambres d’hôpital, toutes pareilles, avec presque rien, quatre fois la même petite lampe, la même chaise ; les personnages passeraient de l’une à l’autre sans que ça ait d’importance. C’est donc la même matière, les mêmes acteurs, mais on a repensé complètement l’espace.

Vous travaillez beaucoup des textes dans lesquels le langage est structurant, où le mot lui-même organise les répliques à la manière d’associations libres, comme dans la cantatrice chauve. Qu’est-ce qui vous attire dans ces œuvres de Queneau, Jarry, Larry Tremblay ou, plus récemment, Jacob Wren, pour ne nommer que ceux-là ?

Leur grande théâtralité ; ce n’est pas la langue du quotidien. La langue du téléroman est à la télé ; elle ne m’intéresse pas. Si la scène ne déploie pas la langue autrement que dans sa banalité quotidienne, ça m’ennuie. La scène doit être un

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pAgE 14 / LA CANTATRICE CHAUVE et LA LEÇON

espace qui protège une parole forte et riche, tout en procurant du plaisir. Une langue forte m’oblige, comme metteur en scène, à prendre des positions fortes : je ne peux pas la cacher, je dois l’affronter. On ne peut pas faire dire n’importe quoi aux textes. J’aime servir les textes et, à l’intérieur de ces pensées et de ces langues, trouver mon chemin pour éclairer le monde dans lequel je vis. En toute humilité.

Ces textes ont un côté formel, mais vous semblez préoccupé aussi par la portée sociale et politique des pièces que vous montez.

Peut-être que le théâtre est toujours politique. Je me questionne beaucoup sur cela, mais je n’ai pas toutes les réponses. Sans doute que le contexte, au moment où on monte une pièce, peut lui donner une couleur plus engagée. En créant Le Roi se meurt au Théâtre du Nouveau Monde, en 2013, on s’est vite rendu compte que le texte résonnait avec l’égocentrisme de notre ici-maintenant. On est tous des petits rois au centre du monde. Mais si l’on n’est pas conscient que la mort collective est possible, on va tout perdre.

Aujourd’hui, une énorme tension politique se développe ; la crise économique, Marine Le Pen1 qui pourrait gagner les élections en France, les villes qui élisent des maires d’extrême droite, des 1 Femme politique française, présidente du parti du Front national.

nazis dans le nord de l’Allemagne. On revient à la question de la mémoire. Est-ce qu’on a tout oublié ? On retourne au passé. J’ai lu récemment que la moitié des Américains pensent que la religion doit faire partie de la politique. Ici, les conflits autour de « la charte » ont ravivé plein de préjugés. Mais pour quoi et contre quoi s’est-on battu depuis 40 ou 50 ans ? Dans un contexte comme celui-là, l’art est fondamentalement un acte de résistance. Monter Ionesco, même si ça ne dit pas « À bas le gouvernement ! », est un acte de résistance.

Propos recueillis et mis en forme par Anne-Marie Cousineau

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C’est en 1934, à Bucarest, capitale de la Roumanie, qu’Eugen Ionescu se fait remarquer par la publication d’un recueil d’articles critiques pleins d’humour et d’intelligence mais aussi d’ironie. Il s’intitule en roumain Nu, c’est-à-dire : Non 1. Voilà un titre qui donne le ton et qui engage irrémédiablement son auteur ! Après avoir dit NON de façon aussi claire, Ionescu ne pourra plus suivre une autre voie que celle du refus, de la contestation et du renouvellement des formes.

Si ce titre frappe l’imagination, c’est aussi que sa publication se prépare depuis quelques années par Ionescu qui publie ses textes de critique littéraire dans des revues hebdomadaires et mensuelles où il est remarqué pour sa brillance, son sens du 1 La traduction française de Marie-France Ionesco sera publiée par Gallimard

en 1986.

paradoxe et la férocité de son style. Rapidement, son nom est connu et il trouve sa place dans le monde des lettres de la société roumaine à titre de critique mais aussi de poète. En 1931 déjà, il avait publié un premier recueil de poèmes – Élégies pour des êtres minuscules – où percent son angoisse devant la mort et sa crainte que la vie n’ait aucun sens. Dès lors, autant comme poète que critique, la pensée et les revendications sociales d’Ionescu vont aller en s’affirmant.

sauTer les fronTièresEugen Ionescu est né en Roumanie en 1909 et il porte le nom de son père ; il choisira de s’installer définitivement à Paris en 1945 et de franciser son nom. Mais de sa naissance à 1945, il n’a pas cessé, pendant cette période troublée par deux guerres

DIRE « NON » dossier

d’ionescu À ionesco

~ « Kleine Dada Soirée » (1922), Kurt Shwitters, peintre allemand. Les dadaïstes aussi disaient « Non ». Source : Wikipédia

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mondiales, par les manifestations violentes du fascisme et du communisme, et par la constitution du bloc des pays de l’est européen, de traverser les frontières entre son pays d’origine et la France.

Son père est un avocat roumain et sa mère, une citoyenne roumaine d’origine française. Le couple vit en France, mais le père veut que son fils naisse en Roumanie, d’où une première traversée des frontières. La famille revient à Paris en 1911, mais pendant la guerre la mère craint pour la sécurité de ses enfants et met le jeune Eugen et sa sœur en pension chez des fermiers en Mayenne2. De cette période, Ionesco dira qu’elle aura été la plus heureuse de son enfance. En 1916, alors que l’Allemagne déclare la guerre à la Roumanie, son père retourne en Roumanie où il se remarie à l’insu de sa famille restée en France. À la suite de la procédure de divorce de ses parents, Eugen doit partir pour la Roumanie, pays dont il ignore tout des coutumes et de la langue, rejoindre son père qui a obtenu sa garde. Il apprend rapidement le roumain et fait des études universitaires brillantes à Bucarest.

À l’université, il prépare une licence en littérature française, est remarqué pour sa vivacité d’esprit et développe des attitudes non-conformistes. Il découvre d’ailleurs les écrits de Tristan Tzara, cet écrivain et essayiste roumain fondateur du mouvement Dada qui se lancera dans une variété d’activités destinées à choquer le public et à détruire les structures traditionnelles du langage.

Dada n’était pas seulement l’absurde, pas seulement une blague, dada était l’expression d’une très forte douleur des adolescents, née pendant la guerre de 1914. Ce que nous voulions c’était faire table rase des valeurs en cours, mais, au profit justement des valeurs humaines les plus hautes. Tristan Tzara

2 Département du Pays de la Loire.

En 1936, il épouse Rodica Burileano, alors étudiante en philosophie, et devient professeur de français. Mais dès 1938, son pays se trouve sous la coupe du fascisme et il revient en France comme étudiant boursier, un séjour interrompu par le déclenchement de la guerre. Il est alors mobilisé et doit regagner la Roumanie en 1940. Mais lorsque l’armée allemande occupe le pays, il n’a qu’une obsession : retourner en France. En 1942, ayant finalement obtenu son passeport, il s’installe à Marseille, puis à Paris avec sa femme. Sa fille Marie-France naît en 1944. Totalement inconnu dans sa terre d’accueil, Ionescu doit y repartir à zéro. Il travaille pour une compagnie de peinture, puis comme correcteur pour un éditeur de textes juridiques. Il entreprend la traduction des textes du poète roumain Urmuz, un précurseur du surréalisme. Il fréquente le milieu du théâtre, continue d’écrire en roumain et commence à rédiger La Cantatrice chauve qui lui permettra de s’insérer enfin dans la vie intellectuelle française.

constantin brâncusi, sculpteur d’origine roumaine, né en 1876 à Hobita et mort à Paris en 1957, fut l’un des sculpteurs les plus influents du début du XXe siècle. Il est considéré comme ayant poussé l’abstraction sculpturale jusqu’à un stade jamais atteint dans la tradition moderniste et ayant ouvert la voie à la sculpture surréaliste ainsi qu’au courant minimaliste des années 1960.

Outre l’atelier de Brâncusi, reconstitué à l’identique au Centre Pompidou (Paris), on peut admirer dans un parc de Târgu Jiu, en Roumanie, trois de ses plus importantes créations (La Colonne sans fin, La Porte du Baiser, La Table du silence). Au cimetière du Montparnasse à Paris, où Brâncusi est enterré, on peut voir sur la tombe de Tania Rachevskaïa, une amie du sculpteur, Le Baiser, une des œuvres les plus célèbres du lieu.

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un nouVeau ThéâTre La pièce est crée le 11 mai 1950 par le jeune metteur en scène Nicolas Bataille, dans un tout petit théâtre de Paris, le Théâtre des Noctambules, à 18 heures 30 (en soirée, on y joue en alternance kafka et Brecht). Le succès n’est pas au rendez-vous, mais des intellectuels comme André Breton, l’instigateur du surréalisme, et Raymond Queneau, l’auteur de Zazie dans le métro, sont vivement impressionnés par la façon dont le nouveau venu saccage la langue et les conventions.

À partir de ce moment, Eugène Ionesco, qui jamais n’avait pensé devenir dramaturge, se met à écrire du théâtre. Il rédige La Leçon (1951), Les Chaises

(1952), Amédée ou Comment s’en débarrasser (1954), Jacques ou La Soumission (1955), L’Avenir est dans les œufs (1957), puis L’Impromptu de l’Alma (1956), et d’autres encore. Tout va alors très vite et en trois ans à peine, Ionesco passera de parfait inconnu, à jeune auteur controversé. En effet, si la production de La Leçon, en 1951, ne trouve pas plus d’écho que celle de La Cantatrice chauve l’année précédente, à peine trois ans plus tard, un recueil de ses pièces, Théâtre 1, est publié chez Gallimard, le plus prestigieux des éditeurs français.

~ Brâncusi, Poisson, bronze, sculpture de bois et de métal, 1926.

~ Brâncusi, Table du silence, Târgu Jiu, Roumanie.

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} Ionesco dans les années 1950.

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La Cantatrice chauve et La Leçon sont reprises au Théâtre de la Huchette en février 1957 et les représentations s’y poursuivent depuis, sans interruption. C’est également à partir de ce moment que les productions de ses pièces ne seront plus confinées à de petits théâtres confidentiels. Ionescu a relevé le défi. Il est devenu Ionesco.

Le théâtre d’Ionesco amorce peu à peu une carrière internationale. Il est monté en Angleterre, puis en Allemagne, et dès le début des années 1960, les troupes de théâtre s’intéressent à lui un peu partout à travers l’Europe et l’Amérique. Son travail, à ce moment-là, commence à changer. Ionesco quitte les extravagances formelles qui le caractérisaient pour un théâtre un petit peu plus conventionnel. Délaissant ses expériences langagières, il se met à aborder des thèmes plus politiques, comme la montée du fascisme dans Rhinocéros (1959), ou métaphysiques, comme la mort dans Le Roi se meurt (1962). Jean-Louis Barrault crée Rhinocéros à

l’Odéon-Théâtre de France, apportant à son auteur une véritable reconnaissance. Viendront ensuite La Soif et la faim (1964), Jeux de massacre (1970) et Macbett (1972)3. enTre la Vie eT le rêVe Dans la deuxième moitié des années 1960, il revient un peu à la prose, et publie Notes et contre-notes (1966) qui contient l’essentiel de ses articles depuis 1959. Et puis, sous deux titres différents, Journal en miettes et Présent passé, passé présent, il publie des extraits de son journal intime où il donne les clés de son univers intérieur et de ses obsessions : l’ennui, l’enlisement, la mort. En 1970, il est élu à l’Académie française et publie, en 1975, son unique roman, Le Solitaire, récit d’un homme qui se sent de moins en moins appartenir au monde qui l’entoure.

Les années 1980 voient sa santé décliner de plus en plus. Un collage de ses derniers textes est monté par le metteur en scène Roger Planchon en 1983. En 1988, faisant allusion à la célèbre phrase de Shakespeare, il déclare à un ami :

Depuis La Cantatrice chauve, j’ai constaté le règne de l’absurde ; je crois que je suis le digne fils de cet auteur anglais qui disait : « Le monde est une histoire pleine de bruit et de fureur racontée par un idiot ».

En 1989, alors qu’il est hospitalisé, il délègue sa fille pour qu’elle lise à Bruxelles devant la commission politique européenne, un réquisitoire sévère contre le régime communiste de Nicolas Ceausescu en Roumanie : « Comment ne pas réagir à ce génocide culturel dont nous sommes les contemporains et témoins ? Ne pas être solidaire des voix qui, en Roumanie, ont le courage de s’élever, ferait de nous

3 Macbett (noter la différence) contient quelques éléments du Macbeth de Shakespeare.

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~ Ionesco répond à l’ovation que lui fait le milieu théâtral français lors de la Nuit des Molière, 1989.

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des complices coupables de non-assistance à un peuple en danger »4. Ionesco se retire de plus en plus de la vie publique et s’éteint à Paris en 1994, à l’âge de 85 ans.

En séparant les mots des réalités qu’ils désignent, en injectant l’univers du rêve sur les scènes de théâtre, en manifestant un perpétuel étonnement envers le monde et la condition humaine, Ionesco a façonné le regard que nous portons sur notre monde et sur nos vies.

Hélène Beauchamp

4 Dans Matei Calinescu, Ionesco. Recherches identitaires. Paris, Oxus éditions, 2005, p. 341.

~ Notes et contre-notes, édition Idées NRF, 1966.

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Que se passe-t-il au Québec à l’époque où Eugène Ionesco se prépare à écrire La Cantatrice chauve et à renouveler le rapport de l’écriture au théâtre ? Pendant que des poètes et des artistes peintres réinterrogent leur rapport au monde, que des hommes de science découvrent et analysent l’infiniment petit et l’immensément grand et que des philosophes nous entraînent sur des réflexions complexes mais surtout d’une grande exigence… Quelles prises de conscience se produisent alors ici ?

refus C’est à l’École du meuble de Montréal qu’un professeur de dessin libre, Paul-Émile Borduas, réunit autour de lui de jeunes artistes pour poursuivre une recherche d’expression plastique originale. Il a étudié à l’École des beaux-arts de Montréal, et il a fait un séjour en France où il a découvert les peintres européens, et tout particulièrement Paul Cézanne, ainsi que le mouvement surréaliste et les écrits d’André Breton. À son retour à Montréal, il accepte un poste à l’École du meuble et fonde la Société d’art contemporain (1939) avec le peintre John Lyman et l’historien de l’art Robert Élie afin de promouvoir l’art abstrait. Son influence va grandissant et il devient le chef de file du mouvement des artistes dissidents, les Automatistes, fondé en 1942.

Les Automatistes préconisaient une approche intuitive expérimentale non représentative, et leurs œuvres ont contribué à changer en profondeur le langage visuel et artistique. D’abord initié dans le milieu des arts visuels, le mouvement s’étendit à la poésie, la danse et le théâtre. À la suite d’une

exposition de 45 gouaches de Borduas en 1942 à l’Ermitage1 et à des manifestations publiques en 1946, le groupe poursuit son interrogation et cherche à libérer l’énergie créatrice emprisonnée dans le carcan des institutions, des peurs et des tabous de la société québécoise d’alors. Ce cheminement le conduit à la rédaction d’un manifeste où il définit sa vision politique et qu’il intitule Refus global. Le lancement a lieu à la Librairie Tranquille, rue Sainte-Catherine, le 9 août 1948.

Le mouvement regroupait les peintres Marcel Barbeau, Jean-Paul Riopelle, Pierre Gauvreau, Fernand Leduc, Jean-Paul Mousseau et Marcelle Ferron ; les écrivains Claude Gauvreau et Thérèse Renaud ; les danseuses et chorégraphes Françoise Sullivan, Françoise Riopelle et Jeanne Renaud ; la designer Madeleine Arbour ; l’actrice 1 Salle du Collège de Montréal, chemin de la Côte-des-Neiges.

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refus, rupTure, renouVeau

~ Refus global : couverture de l’édition originale de 1948. Maquette de Jean-Paul Riopelle, éditions Mithra-Mythe.

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Muriel Guilbault et le photographe Maurice Perron, de même que le psychiatre psychanalyste Bruno Cormier.

Comme l’ont souligné plusieurs analystes Refus global appartient à une époque marquée par la censure et l’interdiction, par les mises à l’index et par les hiérarchies abusives. La domination de l’Église catholique était alors totale et touchait toutes les sphères de la société, de la vie publique et de la vie privée. Elle contrôlait le système d’éducation et exerçait une influence considérable sur le monde politique et judiciaire. L’idéologie dominante en était une de conservation et de nationalisme chauvin. Refus global en fait une critique radicale, propose de rejeter ce mode d’existence rétrograde et d’inventer un autre modèle d’homme et de société. On peut y lire, entre autres :

Rompre définitivement avec toutes les habitudes de la société, se désolidariser de son esprit

utilitaire. Refus d’être sciemment au-dessous de nos possibilités psychiques. Refus de fermer les yeux sur les vices, les duperies perpétrées sous le couvert du savoir, du service rendu, de la reconnaissance due. […]

Place à la magie ! Place aux mystères objectifs ! Place à l’amour ! Place aux nécessités !

Les répercussions sur les signataires ne tarderont pas. Borduas est congédié de son poste de professeur. Il s’exile aux États-Unis où sa recherche artistique peut se faire en toute liberté et il s’installe à Paris en 1955. Muriel Guilbault meurt par suicide en 1952. Marcelle Ferron s’installe à Paris de 1953 à 1966. Fernand Leduc vivra à Paris et en Italie. Thérèse Renaud poursuit son œuvre poétique et littéraire à Paris. Jean-Paul Mousseau réussira à faire la preuve de la nécessité d’intégrer l’art dans l’environnement urbain. Jean-Paul Riopelle s’installe à Paris dès 1949.

� Vitrail de Marcelle Ferron, station de métro Champ-de-Mars

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rupTure Ces artistes ont produit des œuvres qui sont d’une importance capitale dans l’histoire de l’art et dans l’histoire du théâtre. Claude Gauvreau est le plus important poète automatiste, et son texte Bien-être est le premier à être joué en public, le 20 mai 1947. Il fut accueilli par un éclat de rire tout à fait général. En effet, ses expériences littéraires mettaient à l’épreuve le langage tout autant que l’attention des spectateurs, même si son écriture restait proche de la peinture d’un Riopelle ou d’un Leduc. « À la suite de la mort de Muriel Guilbault en 1952, Gauvreau écrit Beauté baroque, qui évoque explicitement Nadja de Breton. Durant la période suivante […], il écrit deux textes dramatiques majeurs, La Charge

de l’orignal épormyable (1953-1954) et, surtout, Les Oranges sont vertes, pièce qui renoue avec le mythe du nouvel Égrégore2. Il commence aussi à rédiger des pièces radiophoniques qu’on présente à Radio-Canada : l’une d’entre elles, Le Coureur de marathon, lui vaudra le Canadian Radio Award.3 »

Du côté de la danse, Françoise Sullivan explique que « Le danseur doit donc libérer les énergies de son corps, par les gestes spontanés qui lui seront dictés. Il y parviendra en se mettant lui-même dans un état de réceptivité à la manière du médium»4 . 2 Concept désignant un esprit de groupe, ou une force produite par les

désirs et émotions de plusieurs individus unis dans un but commun.3 André-G. Bourassa et Gilles Lapointe. Refus global et ses environs. Montréal :

L’Hexagone et BNQ. 1988, p. 124.4 Idem, p. 162.

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~ Borduas – Composition 11. Photo prise lors de l’exposition Big Bang au Musée des beaux-arts de Montréal, décembre 2011.

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Quant à Marcelle Ferron, peintre, elle a toujours privilégié les compositions amples et lumineuses, aux couleurs vibrantes, propulsées par une pulsion créatrice ancrée dans l’inconscient.

Le théâtre et la poésie, sous la plume de l’automatiste Claude Gauvreau, n’ont pas toujours été faciles à recevoir. Son langage est mystérieux et sonore, fait d’onomatopées et de borborygmes, de bruits et de sons. C’est la mise en scène des Oranges sont vertes par Jean-Pierre Ronfard (Théâtre du Nouveau Monde, 1972) qui a ouvert une voie possible

de circulation entre l’œuvre et le public. Depuis, régulièrement, un de ses textes est mis à l’affiche et présente de multiples défis de lecture et de réalisation. Mais les artistes du Refus global ont percé des brèches dans les murs qui enfermaient, encerclaient, étouffaient celles et ceux qui ne voulaient plus rien savoir de l’académisme.

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Dès le début des années 1950, un vent de renouveau souffle sur la dramaturgie avec l’apparition des « théâtres de poche ». Les Théâtre d’été de Percé et de Sainte-Adèle, l’Estoc à Québec, l’Égrégore, la Boulangerie et le Studio du Théâtre-Club à Montréal. Ces nouvelles salles, qui n’ont parfois pas cinquante places, permettent des audaces de contenu que les grandes salles ne facilitent guère. Les théâtres de poche proposent un nouveau théâtre tout comme on propose, en d’autres salles, le nouveau cinéma.

Les auteurs québécois se manifestent aussi dans cette veine d’un théâtre de l’absurde. En 1956, la Compagnie de Montréal crée Les Insolites de Jacques Languirand, un texte où l’auteur prend des libertés avec la logique. Devant le succès obtenu, Languirand continue les représentations dans son propre Théâtre de Dix Heures au 1300 St-Urbain. Il y fera aussi jouer son Roi ivre aussi bien que En attendant Godot de Beckett et Les Bonnes de Genêt.

La Cantatrice chauve a d’abord été montée par Jan Doat avec les étudiants du Conservatoire. Les Apprentis-Sorciers joueront la pièce en mai 1957 dans La Cave à Anita, leur premier lieu fixe. Jean-Guy Sabourin en a trouvé le texte chez le libraire Henri Tranquille, grand lecteur et fou de théâtre. Sabourin raconte : « Certains d’entre nous hésitent à se lancer dans un tel spectacle. Afin d’apaiser les inquiétudes et de connaître le point de vue de chacun, nous organisons avec les comédiens une lecture de la pièce qui dure plus de trois heures tant les rires, les éclats et

~ Une des chaises de Rêver le nouveau monde oeuvre de Michel Goulet, devant la gare du Palais de Québec, avec le texte de Gauvreau : « Le travail n’est pas liberté / Le travail est dans la liberté ».

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les commentaires fusent de toutes parts. Cette Cantatrice rallie tous et chacun et deviendra le porte-étendard de notre démarche »5.

La Cantatrice chauve et La Leçon ne laissent pas indifférents ceux qui en voient une représentation comme en témoigne le metteur en scène Jacques Lessard, dans un entretien avec Paul Lefebvre6.

J’ai découvert Ionesco à quatorze ans et ç’a marqué ma vie. […] J’avais été à la fois complètement enthousiasmé et bouleversé. Tout simplement parce qu’Ionesco me montrait qu’il y avait une autre façon de voir le monde que celle reposant sur la raison. Ma façon de voir la vie a basculé d’un coup. Et c’est ce qui m’a

5 Jean-Guy Sabourin. Une fenêtre sur la modernité. Les Apprentis-Sorciers (1955-1968), Montréal, VLB éditeur, 2003, p. 29.

6 « Ionesco ou l’école de la liberté », Les Cahiers, Théâtre Denise-Pelletier, no 41, hiver 2001, pages 38-41.

décidé à faire du théâtre, à devenir comédien et metteur en scène. […]

J’avais l’impression, avec lui, d’être enfin libre, car il m’a révélé ma propre liberté. Aujourd’hui, je réalise qu’il m’a touché dans toutes mes dimensions : dans mon intelligence, dans ma sensibilité, dans mon imagination, même dans mon corps, car, lorsque j’ai vu La Cantatrice chauve, le choc a été physique. C’est comme si mon corps s’était mis à participer pleinement à ce qui se passait devant lui. Ce fut un moment privilégié de ma vie.

La rencontre continuera de s’effectuer de façon aussi percutante entre Ionesco et les metteurs en scène des générations suivantes.

Hélène Beauchamp

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� Murale de Thomas Csano et Luc Saucier produite par l’organisme MU, place Paul-Emile-Borduas, à Montreal.

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d'eugène ionescoThéâtre complet, Bibliothèque de la Pléiade, 1991.Notes et contre-notes (recueil d’articles, de conférences et de textes divers) Gallimard, 1966.

recueils d’entretiens Claude Bonnefoy, Entre la vie et le rêve, Belfond, 1977. Gilbert Tarrab, Ionesco à cœur ouvert, Montréal, Cercle du livre de France, 1970.

étudesMichel Bigot et Marie-France Savéan, La Cantatrice chauve et La Leçon d’Eugène Ionesco, Gallimard Folio, 1991. Marie-France Ionesco et Paul Vernois (dir.) Colloque de Cerisy. Ionesco. Situation et perspectives, Belfond, 1980.Paul Vernois, La Dynamique théâtrale d’Eugène Ionesco, klincksieck, 1991.

biographiesMarie-France Ionesco, Portrait de l’écrivain dans le siècle. Eugène Ionesco 1909-1994,Gallimard, 2004.Gilles Plazy, Eugène Ionesco. Le Rire et l’espérance, Julliard, 1994.

autour du Refus global, de paul-émile borduas et des automatistesPaul-Émile Borduas, Refus global. Projections libérantes, Parti Pris, 1977. Patricia Smart, Les Femmes du Refus global, Boréal, 1998.

films et documentairesLes Temps modernes (1936), de Charles Chaplin, un film burlesque dominé par l’absurde et le non-sens.Manon Barbeau, Les Enfants du Refus global, Film documentaire. ONF, 1998.Jacques Godbout, Paul-Émile Borduas (1905-1960), Film en couleur. ONF, 1962.

POUR EN SAVOIR PLUS...

POUR ALLER PLUS LOIN...

Faire un tour dans les stations du métro de Montréal où se trouvent des œuvres des artistes signataires du Refus global. À Montréal, chacune des stations du métro est unique. Pour le prix d’un billet de métro, découvrez les œuvres de certains des plus grands noms de l’art québécois. www.metrodemontreal.com/art/index-f.html

Jouer dans la ruelle – La ruelle Paul-Émile Borduas, entre la rue Saint-Denis et la Grande Bibliothèque.

Plonger dans le trafic international – Admirer « La joute », sculpture-fontaine monumentale de Jean-Paul Riopelle, sur la Place Jean-Paul Riopelle, devant le Palais des Congrès.

Apprécier l’œuvre de Rose-Marie E. Goulet, installée devant le Théâtre Denise-Pelletier à l’entrée de la Salle Fred-Barry. C’est une œuvre d’art public inspirée par La Leçon d’Ionesco et intitulée « La (les) Leçon(s) plurielle(s) ».

� La (les) leçons plurielle(s), Rose-Marie E. Goulet, parvis de la Salle Fred-Barry, Théâtre-Denise Pelletier, dans le cadre de la politique d’intégration des arts à l’architecture, copy-right SODRAC, 2010.

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