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érosion côtière Mer & Littoral n 0 83 22 Grandes marées, Tempêtes (dont la récente Xinthia), inondations, bord de mer dangereux, biens menacés… Autant de termes inquiétants mais connus depuis des siècles. La loi Littoral serait un rempart solide si l’on l’appliquait à la lettre… Mais voilà, elle n’arrange pas tout le monde, pensez donc ! Mais qu’est-ce que l’érosion et peut-on la prévoir et s’en préserver ? Commençons par la façade méditerranéenne. L'érosion en méditerranée L ’érosion côtière est, dans de nombreux Etats membres du Conseil de l’Europe, un problème de plus en plus préoccupant qui menace le patrimoine naturel et culturel. En Méditerranée, il s’est particulièrement aggravé en raison des contraintes croissantes entraînées par les activités humaines, notamment par le tourisme de masse mal contrôlé. Certes, l’érosion y est depuis toujours un phénomène en partie non maîtrisé, cependant elle peut être mieux gérée pour concilier les besoins de l’homme et la protection de la nature Selon un rapport s’appuyant sur un séminaire qui s’est tenu en mai 2003 à Lido di Camaiore, en Italie, et qui présentait une large gamme d’initiatives nationales et internationales visant à parvenir à un développement équilibré des régions côtières, il est de plus en plus admis aujourd’hui que les zones littorales sont par nature dynamiques et qu’il convient donc, en matière de protection côtière, de privilégier des stratégies plus souples ou “douces” plutôt que de s’en remettre exclusivement aux solutions d’antan, plus traditionnelles, passant par la construction d’ouvrages en dur visant à dompter la nature, alors qu’il est possible de s’allier à elle pour mettre en œuvre des solutions bonnes également pour le développement économique, y compris pour le tourisme. & & & & & & & & & & & Lit Lit Lit Lit Lit Li i i i Languedoc-Rousillon - port leucate © Laurent Boutonnet

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Grandes marées, Tempêtes (dont la récente Xinthia), inondations, bord de mer

dangereux, biens menacés… Autant de termes inquiétants mais connus depuis

des siècles. La loi Littoral serait un rempart solide si l’on l’appliquait à la lettre…

Mais voilà, elle n’arrange pas tout le monde, pensez donc ! Mais qu’est-ce que

l’érosion et peut-on la prévoir et s’en préserver ? Commençons par la façade

méditerranéenne.

L'érosion en méditerranée

L’érosion côtière est, dans de nombreux Etats

membres du Conseil de l’Europe, un problème

de plus en plus préoccupant qui menace le

patrimoine naturel et culturel. En Méditerranée, il s’est

particulièrement aggravé en raison des contraintes

croissantes entraînées par les activités humaines,

notamment par le tourisme de masse mal contrôlé.

Certes, l’érosion y est depuis toujours un phénomène

en partie non maîtrisé, cependant elle peut être mieux

gérée pour concilier les besoins de l’homme et la

protection de la nature

Selon un rapport s’appuyant sur un séminaire qui

s’est tenu en mai 2003 à Lido di Camaiore, en Italie,

et qui présentait une large gamme d’initiatives

nationales et internationales visant à parvenir à un

développement équilibré des régions côtières, il est de

plus en plus admis aujourd’hui que les zones littorales

sont par nature dynamiques et qu’il convient donc,

en matière de protection côtière, de privilégier des

stratégies plus souples ou “douces” plutôt que de s’en

remettre exclusivement aux solutions d’antan, plus

traditionnelles, passant par la construction d’ouvrages

en dur visant à dompter la nature, alors qu’il est possible

de s’allier à elle pour mettre en œuvre des solutions

bonnes également pour le développement économique,

y compris pour le tourisme.

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Malheureusement, pour ce qui concerne le bassin

méditerranéen dans son ensemble, on ne dispose

que de très peu ou pas d’informations exhaustives et

comparables sur l’étendue de l’érosion côtière ainsi que

sur ses causes. Cependant, il est possible de formuler

quelques concernant la portée de l’érosion côtière.

Les côtes méditerranéennes de la façade européenne

plus de 40% des plages le long des côtes européennes

de la Méditerranée sont affectées par l’érosion, et on

estime que les trois-quarts des dunes de sable de la

côte méditerranéenne entre l’Espagne et la Sicile ont

disparu depuis 1960. Pour la seule Italie, environ 27%

des plages, qui constituent 61% du total des côtes de la

péninsule, sont en train de reculer et, au total, quelque

1 500 km de côtes sont soumises à des phénomènes

d’érosion

Pour ce qui est des causes de l’érosion côtière,

comme pour bon nombre de problèmes touchant à

l’environnement, il n’existe pas d’explication simple

et unique ; l’érosion de la côte méditerranéenne est

plutôt la résultante d’une combinaison de facteurs

interconnectés, certains naturels, d’autres liés à l’homme.

Le problème le plus grave qui se pose sur le rivage des

zones côtières densément peuplées de la Méditerranée

est l’expansion permanente de l’urbanisation.

D’ici 2025, en moyenne, plus de 85% de la population

de la Méditerranée européenne devrait, selon des

projections, vivre sur les côtes. La population urbaine

des régions administratives des côtes méditerranéennes

pourrait atteindre les 176 millions de personnes d’ici

la même date (soit 30 millions de plus que l’ensemble

de la population vivant sur les rives méditerranéennes

en 1990). Aujourd’hui, jusqu’à 65% des côtes sont

déjà urbanisées, souvent au-delà de leurs capacités

d’absorption. En 1995, les rives de la Méditerranée

comptaient 3 962 agglomérations de plus de 10 000

habitants, contre 1 923 seulement en 1950.

L’érosion côtière est en fait l’un des défis les plus

graves auxquels de nombreux pays méditerranéens

sont aujourd’hui confrontés. Ces derniers temps, la

situation est devenue véritablement alarmante en de

nombreux endroits des côtes méditerranéennes, qui

sont désormais sujets à une érosion sans précédant

ainsi qu’à des inondations excessives par la marée.

Le problème de l’érosion côtière touche souvent des

centaines de kilomètres de territoires dans les terres,

comme par exemple dans les vastes deltas8, et peut

parfois prendre une portée transfrontalière. Mais il

peut aussi, comme dans le cas des plages de certaines

criques, prendre la forme d’un phénomène très localisé

n’affectant que le voisinage proche. Quoi qu’il en

soit, l’érosion côtière, qu’elle soit due à des causes

naturelles ou provoquée par l’homme, cause des dégâts

écologiques, des pertes économiques ainsi que des

problèmes sociaux conséquents.

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Questions à Jean-Yves Audrain, Directeur d’Ecoplage

Au fil de vos déplacement sur la côte méditer-

ranéenne, quels sites subissant des phénomènes

d’érosion marqués ont particulièrement retenus

votre attention ?

L’érosion est un phénomène qui affecte beaucoup

de plages en France et les côtes méditerranéennes

dans leur ensemble ne sont malheureusement pas

épargnées. Nous avons été contactés par des élus de

tous les départements du littoral méditerranéen (y

compris ceux de Corse) et nous avons pu observer

des processus de recul du trait de côte sur de très

nombreux sites.

Le procédé Ecoplage pourrait-il être exploité dans

ces situations ?

Oui, très certainement, même si il faut le noter, le

procédé (comme tout système de défense d’ailleurs)

n’est pas applicable partout. Un certain nombre de

conditions se doivent d’être réunies pour garantir la

pérennité et l’efficacité du dispositif. Deux systèmes

sont déjà installés depuis 2004 à Saint Raphaël

(Agay) et à Sainte Maxime.

Par ailleurs de nombreux sites dans tous les

départements concernés ont déjà fait l’objet

d’analyse d’applicabilité et pour certains d’étude de

diagnostic. Le prochain système sera prochainement

construit sur le Lido de Sète à Marseillan.

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Comme ici a Nice, laissez les restes de posidonie sur le rivage

de l'automne au printemps suivant. C'est le meilleur rempart

contre l'érosion.

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Pour ce qui concerne les rives orientales, plus de 60% de

la population du Liban vivait et travaillait sur l’étroite

langue de terre du bord de mer vers la fin des années

1980.

La construction intensive et le développement des

infrastructures agricoles, industrielles, commerciales,

de communication, de transport et de tourisme le

long du littoral méditerranéen ont entraîné une

surexploitation de son espace foncier et de ses

ressources, avivant la concurrence pour profiter de

ceux-ci. Ces modifications physiques, non seulement

interfèrent avec les processus naturels (par exemple la

formation des plages), mais aggravent aussi l’érosion

côtière. Comme des pans de plus en plus importants

du littoral sont bâtis et bétonnés, l’érosion côtière

naturelle et les inondations prennent de l’ampleur.

Et chez nous, entre les frontières espagnoles

et italiennes ?

Les Régions Languedoc-Roussillon et PACA ont intégré

dans leurs compétences la gestion du trait de côte et

l’érosion.

Union de compétences IGN et SHOM, ou comment

mieux connaître son littoral grâce à Litto 3D

La vocation du programme national Litto 3D

est de constituer le référentiel topographique et

bathymétrique du littoral, liant de façon continue et

cohérente les parties immergées proche de celui-ci et

les terres émergées.

L’objectif principal est la production de données

numériques décrivant avec une précision et une

résolution inégalées (précision décimétrique, résolution

métrique) les reliefs. Le principal résultat attendu est

l’amélioration conséquente de la connaissance des

milieux terrestres et marins.

Les données Litto 3D constituent le socle de données

nécessaire à la mise en œuvre de nombreuses applications

et politiques publiques, relevant notamment des

communes. On peut citer par exemple la gestion des

plages et des activités nautiques, le développement

de l’aquaculture, la protection contre l’érosion du

littoral, la conception d’équipements portuaires, la

protection environnementale des espaces sensibles,

l’aménagement du sentier du littoral, l’application de

la loi Littoral dans les documents d’urbanisme, ou

encore l’établissement des plans de secours face aux

phénomènes de submersion, etc.

Vastes possibilités non ?

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Le CETMEF est un service technique central à compétence nationale rattaché au ministre chargé des Transports, et principalement placé auprès de la direction générale de la mer et des transports pour élaborer, diffuser et promouvoir diverses techniques ou savoir-faire ayant trait aux techniques maritimes et fluviales. De ce fait, il déploie ses compétences autour du génie portuaire, du génie côtier et du génie fluvial d’une part, puis du génie de la sécurité maritime et du génie des télécommunications d’autre part. Ceci lui permet de répondre, grâce à certains de ses travaux, aux besoins du Ministère de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement Durables. Dans le cadre de PREVIMER, le CETMEF met à disposition du projet les données enregistrées en temps réel (mesures de hauteur, de période et de direction des vagues) par le réseau national côtier de mesure in situ de houle dont il a la charge. Candhis (Centre d’Archivage National de Données de Houle In-Situ) désigne à la fois le réseau national côtier de mesure in situ de houle, le site Internet et la base de données archivant les mesures. Les informations disponibles sur ce site sont les données temps réel au jour le jour et heure par heure, des graphes mensuels des hauteurs des vagues et des données statistiques (histogrammes et corrélogrammes). L’ensemble des données disponibles ainsi que les précautions d’utilisation sont détaillés dans la section “documentation”.

Les données marines au service de la gestion des

risques littoraux : les réseaux de mesures du Littoral

Languedoc-Roussillon

Catherine Garcia et Cyril Vanroye, de la Direction Régionale de l’Equipement du Languedoc-Roussillon, Service des Espaces Littoraux, Unité Aménagements et Risques Littoraux, nous résument très bien la situation : “Le littoral du Languedoc-Roussillon est fortement concerné par les aléas érosion et submersion marine. L’amélioration des connaissances en matière de dynamique sédimentaire et d’intrusion d’eau de mer nécessite de disposer de données sur les états de mer qui soient fiables, continues et adaptées à la problématique et à la morphologie du Golfe du Lion.

Les réseaux de mesures actuels sur le littoral du Languedoc-Roussillon permettent, d’une part, grâce à des houlographes gérés par la DRE Languedoc-Roussillon, l’acquisition permanente de mesures de la houle sur trois sites au large, et d’autre part, grâce à des marégraphes côtiers numériques gérés par le SHOM (Service Hydrographique et Océanographique de la Marine), l’acquisition de la mesure du niveau marin. Ces données sont également essentielles dans les modélisations hydrodynamiques (calage des modèles) et permettent d’expliquer, d’anticiper et de comprendre les phénomènes”.

Ceci est possible grâce à toute une batterie de mesures (comme par exemple l’Historique des mesures, les Mesures de niveau d’eau, les Mesures de houle, etc.), que nous détaillerons lors d’un prochain article. Mais il faut savoir qu’elles présentent de nombreux intérêts parmi lesquels, l’aide à la gestion de crise (temps réel), l’analyse des tempêtes, l’établissement des rapports de dégâts tempête et des déclarations de catastrophe naturelle (CATNAT), l’amélioration des connaissances et les exploitations scientifiques (analyse statistique des phénomènes extrêmes, modélisations hydrodynamiques permettant de mieux appréhender les effets combinés des houles et courants à la côte et ainsi quantifier les déplacements sédimentaires, l’objectif étant la lutte contre l’érosion du littoral), et enfin l’élaboration de l’atlas des zones inondables par submersion marine et des PPR (Plans de Prévention des Risques). A noter enfin que la DRE envisage de mettre en oeuvre un réseau pérenne de suivis et d’observation des niveaux marins, si possible en temps réel, de marégraphes sur les côtes du Languedoc-Roussillon dont les données seront également disponibles. “Le réchauffement climatique va induire une évolution notable des phénomènes naturels en particulier marins : élévation du niveau de la mer, modification des états de mer (hauteur, période), fréquence des évènements extrêmes ... Ces réseaux permettront, dans la durée, de mesurer et d’anticiper les conséquences des changements climatiques prévus”, soulignent nos interlocuteurs.

Le Centre d’Etudes Techniques Maritimes et Fluviales

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Démoustication - Méditerranée ; coût prévisionnel : 165 000 euros. Cette phase portera sur un état des lieux du recul stratégique (avantages, inconvénients, acceptabilité sociale, …) avec des études de cas. une autre partie s’intéressera à la problématique de nettoyage des plages réalisé par des engins lourds avec des effets secondaires néfastes sur le cordon dunaire et l’érosion. la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et du Logement (services de Etat) mènera une étude sur les bilans sédimentaires, à l’échelle de la cellule, visant à proposer des modalités de gestion sédimentaire.

Ces études sont encore au stade du lancement et il est encore trop tôt pour en définir des résultats aujourd’hui.

Enfin, la Région travaille depuis 2004 à une meilleure connaissance des risques naturels, notamment littoraux. La meilleure source est le site de l’observatoire régional des risques naturels (http://www.laregion-risquesnaturels.fr/) qui présente tous les éléments dans le détail. Elle oeuvre également dans le cadre d’une convention de partenariat avec le Conservatoire du littoral, déclinée au niveau départemental pour mettre en oeuvre :

aménagements, gestion et valorisation des sites du Conservatoire (soutien aux investissements et aux actions conduites par les gestionnaires de sites) ; Opérations exceptionnelles d’acquisitions par le Conservatoire (aides financières notamment en vue de la création de réserves naturelles régionales) ;

Elle y travaille aussi dans le cadre du contrat de projets Etat-Région (CPER 2007-2013) avec un volet “Littoral” doté de 100 Millions d'euros dont 15 Millions d'euros d’aides Régionales pour des opérations d’aménagement intégré du littoral (plans de restauration de sites, gestion de l’érosion, restauration de milieux naturels (cordon dunaire, lido…) dans le respect de la fonctionnalité des milieux.

Le littoral PACA

Pour la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), nous nous sommes rendus auprès de l’équipe qui se charge de la surveillance de l’évolution du trait de côte de sa région. Elle a mis au point et rendu accessible gratuitement une base de données spécialement conçue pour les élus et leurs services techniques, afin de les aider à connaître et anticiper l’évolution de leur littoral. C’est outil informatique, le CRIGE, est incontournable

Nous avons rencontré les spécialistes de ces deux Régions et voici ce que nous pouvons dire des stratégies de gestion du trait de côte de notre façade méditerranéenne française :

Le littoral Languedoc-Roussillon

Le “lite-motiv” de la Région Languedoc-Roussillon est : gérer durablement le littoral.Cette région est soumise à une érosion importante de son trait de côte, qui touche 23 % de son linéaire côtier. Cette érosion a des impacts écologiques (disparition des plages, des milieux dunaires, des lagunes…) et économiques (infrastructures, habitations, activités économiques).

La Région conduit une stratégie de gestion durable du littoral en privilégiant plusieurs objectifs :

protéger, gérer et valoriser les espaces naturels littoraux,ouvrir les sites au public et organiser la fréquentation,maintenir ou restaurer de la fonctionnalité des milieux littoraux, gérer le phénomène érosif et anticiper les risques de submersion marine.

Dans le cadre du contrat de projets Etat-Région (CPER 2007-2013), le projet n°8 vise à “Gérer durablement le littoral ”. Il comporte un volet d’études qui vient d’être lancé pour un montant de 2 millions d’euros. En 2010, ce volet va concerner plusieurs aspects :

un relevé altimétrique LIDAR (opération LITTO 3D) qui va permettre de couvrir l’intégralité du littoral par une cartographie de haute précision. Précision : maille de 1 m, altimétrie : 20 cm.l’actualisation de l’aléa érosion. Après une synthèse des connaissances existantes, cette phase d’étude analysera l’évolution du trait de côte par comparaison de photos aériennes. Cette étude analysera ensuite les phénomènes affectant le trait de côte et fera un bilan des actions menées pour limiter l’érosion. une projection des tendances d’évolution sera établie à 2030, 2060 et 2100. Echelle de travail : la cellule sédimentaire ; opérateur : Bureau de Recherches Géologiques & Minières ; coût prévisionnel : 260 000 euros

une partie des études porte sur les stratégies d’adaptation et les pratiques actuelles sur le littoral. Opérateur : Entente Interdépartementale de

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et hyper efficace… encore faut-il s’en servir et il semble que certains élus, soit ne le connaissent pas, soit n’ont pas envie d’en faire plus pour préserver leurs côtes. Il a

suffit de quelques coup de fil à plusieurs mairies pour

le savoir. Dommage, enfin, bref…

La Région a beaucoup travaillé sur l’observation de

l’évolution de son trait de côte, notamment sur les

phénomènes d’érosion côtière. L’équipe que nous avons

rencontré nous indique que “depuis de nombreuses

années, avec ses partenaires que sont l’Agence de l’eau

et les collectivités, la Région finance des études du recul

trait de côte, de l’impact des ouvrages sur le littoral,

de risque de submersion, de risques pour les falaises.

Mais la réalisation d’études n’est intéressante que si

l’on peut partager ces données avec ceux qui en ont le

plus besoin.

C’est pourquoi depuis plus de 10 ans, la Région et

l’Etat, rejoints récemment par les Départements, ont

mis en place une “mutualisation des données ” et ont

créé le Centre Régional à l’Information Géographique :

le CRIGE PACA. Cet outil est mis à disposition des

services de l’Etat et des collectivités et propose un

portail régional donnant accès aux cartes et aux

données (www.crige-paca.org)”.

Pour mieux cibler les données à acquérir et organiser

la concertation autour des besoins pour la gestion des

territoires, le CRIGE a mis en place une douzaine de

groupes de travail : les pôles métiers.

La Région anime notamment le pôle métiers “Mer et

littoral” qui réunit les services de l’Etat, les collectivités,

les laboratoires de recherche et les bureaux d’études

privés intéressés par le littoral de Provence-Alpes-Côte

d’Azur. Ce groupe de travail a réuni le 1er avril 2010

plus de 50 organismes qui ont débattu de l’intérêt

d’obtenir des données de relief sous-marin, et se sont

informés sur les dernières études mises en ligne, les

photographies aériennes très précises du littoral…

Cet outil est donc un formidable instrument

d’anticipation pour les collectivités locales en matière

d’aménagement et de prévention des risques. Mais

comment les élus doivent-ils l’utiliser et quand ?

“La Région a notamment travaillé avec les trois

Départements littoraux pour élaborer des atlas de

risque côtier, comme par exemple le risque d’érosion,

mais également le risque de submersion (c’est-à-dire

l’envahissement de la terre par l’eau de mer).

Le lavandou en 1924 et 2003.

Cannes en 1924 et en 2003.

Grimaud en 1924 et 2003.

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administratives et les études disponibles sur le CRIGE ou

sur les sites des partenaires sont à leur service pour mieux

cerner leurs besoins et les échelles auxquelles les études

préalables doivent être réalisées”.

Enfonçons le clou : le CRIGE, est mis à la disposition

des collectivités locales et des responsables de

l’aménagement littoral de façon totalement gratuite.

D’où cette question : Est-il souvent utilisé ?

“Sans doute insuffisamment, reconnaît-on à la Région.

Les services des 50 communes littorales et de leurs

Ce risque se conjugue de plus en plus souvent avec le

risque inondation, ce qui peut causer des dégâts très

importants comme nous l’avons vu récemment avec la

tempête Xinthia. La Région aide donc les gestionnaires du

littoral à anticiper ces phénomènes et à en tenir compte

dans leurs projets d’aménagement côtiers. C’est pour cela

que les Maîtres d’ouvrages doivent pouvoir utiliser toutes

les ressources disponibles dès la phase de réflexion de leurs

projets côtiers, dès leur cahier des charges, pour réaliser

les meilleures études de définition possible de leurs futurs

travaux. La réflexion doit souvent dépasser les limites

Comme le montre le tableau ci-dessous, de nombreux endroits de la côte européenne de la Méditerranée connaissent un

phénomène d’érosion côtière. En moyenne, 18% de cette côte (longue de 18 000 km) montrent des signes d’érosion, seule

une moitié pouvant être considérée comme stable. Les côtes des îles sont particulièrement vulnérables. Ainsi, selon des

estimations, la Grèce perdrait une île par an à cause des effets de l’érosion.

Tendances de l’évolution des côtes européennes de la Méditerranée :

Région

maritime

Total côtes

(km)Stabilité Erosion Sédimentation

Aucune

informationNon concerné

Iles Baléares 2 861 68,8% 19,6% 2,4% 0,5% 8,7%

Golfe du Lion 1 366 46,0% 14,4% 7,8% 4,1% 27,8%

Sardaigne 5 521 57,0% 18,4% 3,6% 16,0% 5,0%

Mer

adriatique970 51,7% 25,6% 7,6% 3,9% 11,1%

Mer Ionienne 3 890 52,3% 22,5% 1,2% 19,7% 4,3%

Mer Egée 3 408 49,5% 7,4% 2,9% 37,5% 2,6%

Source : CORINE Erosion côtière, Publication des Communautés européennes, 1998.

Des solutions existent pour éviter d'en arriver là. Les coordonnées des sociétés spécialisées sont en fin de magazine dans le mini annuaire