Nouvelles perspectives pour les plantations forestières en ... · de 50 ans par les forestiers et...

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Jean-Noël Marien 1 Bernard Mallet 2 1 UR2PI/Cirad BP 1291 Pointe-Noire République du Congo 2 Cirad-forêt Campus international de Baillarguet, TA 10 / C 34398 Montpellier Cedex 5 France BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2004, N° 282 (4) 67 PLANTATIONS / LE POINT SUR… Plantation d’enrichissement de limbas (Terminalia superba). Congo. Restocking a limba plantation (Terminalia superba).Congo. Photo B. Mallet. À travers une brève description de quelques cas significatifs, le présent article rappelle l’importance et la diversité des travaux menés sur les plantations, tant en recherche qu’en développement. Il analyse les perspectives nouvelles en matière de plantations forestières. Le savoir accumulé depuis plus de 50 ans par les forestiers et les chercheurs sur les plantations d’espèces forestières, pour la production de bois d’œuvre comme pour celle de biomasse, est impressionnant et ne demande qu’à être actualisé et valorisé. Les résultats obtenus à ce jour ainsi que l’évolution de la situation internationale servent également de fil conducteur à quelques éléments de réflexion et à des propositions de nouvelles pistes d’action. Nouvelles perspectives pour les plantations forestières en Afrique centrale

Transcript of Nouvelles perspectives pour les plantations forestières en ... · de 50 ans par les forestiers et...

Jean-Noël Marien1

Bernard Mallet2

1 UR2PI/CiradBP 1291 Pointe-NoireRépublique du Congo

2 Cirad-forêt Campus international de Baillarguet, TA 10 / C 34398 Montpellier Cedex 5France

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 2 ( 4 ) 67PLANTATIONS / LE POINT SUR…

Plantation d’enrichissement de limbas (Terminalia superba). Congo. Restocking a limba plantation (Terminalia superba).Congo. Photo B. Mallet.

À travers une brève description de quelques cas significatifs, le présent article rappellel’importance et la diversité des travaux menés sur les plantations, tant en recherche qu’en développement. Il analyse les perspectives nouvelles en matière de plantations forestières. Le savoir accumulé depuis plus de 50 ans par les forestiers et les chercheurs sur les plantations d’espèces forestières, pour la production de boisd’œuvre comme pour celle de biomasse, est impressionnant et ne demande qu’à être actualisé et valorisé. Les résultats obtenus à ce jour ainsi que l’évolution de la situation internationale servent également de filconducteur à quelques éléments de réflexion et à des propositions de nouvelles pistes d’action.

Nouvelles perspectives pour les plantations forestières

en Afrique centrale

RÉSUMÉ

NOUVELLES PERSPECTIVES POUR

LES PLANTATIONS FORESTIÈRES

EN AFRIQUE CENTRALE

De nombreux types de plantationsforestières ont été réalisés depuisplus de 50 ans dans le bassin duCongo, dont certains ont été dévelop-pés à grande échelle. Ils témoignentde la richesse et de l’adaptabilité duconcept de plantations forestièrescomme un des éléments de réponseaux diverses demandes des poli-tiques, des gestionnaires et despopulations des pays d’Afrique cen-trale, en complément à l’aménage-ment des forêts naturelles. Les plan-tations forestières peuvent, par leurdiversité et leur souplesse de mise enœuvre, contribuer efficacement àsatisfaire les besoins nationaux enproduits ligneux et agroforestiers etparticiper au développement écono-mique des pays. Elles peuvent égale-ment concourir au maintien et à larestauration de la diversité biolo-gique et des fonctions productivesdes forêts naturelles d’Afrique cen-trale après perturbation anthropique.Cet article analyse les enjeux et lesbénéfices attendus des plantationsen Afrique centrale, dans un objectifd’aménagement forestier durablecomme dans une perspective d’amé-nagement du territoire, en réponseaux nouvelles attentes de la société.L’intérêt de la communauté interna-tionale s’est récemment focalisé, enrelation avec l’initiative de type II, surun partenariat pour les forêts du bas-sin du Congo. Les plantations fores-tières, dans leur diversité, sont undes outils au service de l’objectifd’aménagement durable des forêtsdes régions tropicales.

Mots-clés : plantation, restauration,bassin du Congo, Afrique.

ABSTRACT

NEW PERSPECTIVES FOR FOREST

PLANTATIONS IN CENTRAL AFRICA

Over more than 50 years, many typesof forest plantations have been estab-lished in the Congo basin, some on avery large scale. These plantationsreflect the wealth and adaptability ofthe forest plantation concept as aresponse to different demands frompoliticians, managers and popula-tions in the Central African countries,as a complement to managed activi-ties in natural forests. Because oftheir diversity and flexibility, forestplantations can be an effective way ofmeeting national demand for woodand agroforestry products and con-tributing to the country’s economicdevelopment. They can also help inmaintaining and restoring the biolog-ical diversity and productive func-tions of Central Africa’s forests afterhuman-induced disruption. This arti-cle analyses the issues and expectedbenefits of forest plantations in Cen-tral Africa in terms of the sustainabledevelopment and spatial planningobjectives defined in response to newsocial expectations. In connectionwith Type II initiatives, internationalinterest has recently focused on apartnership relating to the forests ofthe Congo Basin. The diverse types offorest plantations are valuable toolsfor sustainable management in theforests of the world’s tropical regions.

Keywords: plantation, restoration,Congo Basin, Africa.

RESUMEN

NUEVAS PERSPECTIVAS PARA LAS

PLANTACIONES FORESTALES

EN ÁFRICA CENTRAL

Desde hace más de 50 años se hanrealizado muchos tipos de plantacio-nes forestales en la cuenca delCongo; algunas de las cuales se desa-rrollaron a gran escala. Son un ejem-plo de la riqueza y la adaptabilidaddel concepto de plantaciones foresta-les como uno de los elementos derespuesta a las diferentes demandasde políticos, administradores y pobla-ciones de los países de África Central,como complemento de la ordenaciónde los bosques naturales. Las planta-ciones forestales pueden, por sudiversidad y su flexibilidad de aplica-ción, contribuir eficazmente a satisfa-cer las necesidades nacionales deproductos maderables y agroforesta-les y participar en el desarrollo eco-nómico de los países. También pue-den participar en el mantenimiento yla restauración de la diversidad bioló-gica y en las funciones productivas delos bosques naturales de ÁfricaCentral después de una perturbaciónantrópica. Este artículo analiza losretos y los beneficios que se esperande las plantaciones de África Central,dentro de una óptica de adaptaciónforestal sostenible y una perspectivade ordenación del territorio, para darrespuesta a las nuevas expectativasde la sociedad. Recientemente, elinterés de la comunidad internacionalse centró, relacionado con la inicia-tiva de tipo II, en una asociación paralos bosques de la cuenca del Congo.Las plantaciones forestales, con sudiversidad, son una de las herramien-tas al servicio del proyecto de orde-nación sostenible de los bosques delas regiones tropicales.

Palabras clave: plantación, restaura-ción, cuenca del Congo, África.

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FOCUS / PLANTATIONS

Jean-Noël Marien, Bernard Mallet

Gérer les forêtsnaturelles : une pr ior ité

Évoquer les plantations fores-tières en Afrique centrale peut paraîtreparadoxal. En effet, le bassin du Congo,à cheval sur l’équateur, est considérécomme une des régions les plus boi-sées de la planète. La forêt naturellecouvre encore près de 60 % de la super-ficie totale des pays concernés(Cameroun, Gabon, République démo-cratique du Congo, République duCongo, République centrafricaine,Guinée équatoriale). Cette forêt estencore relativement peu fragmentée etles impacts des activités humainestelles que l’exploitation forestière oules défrichements liés à l’agriculture iti-nérante et aux migrations de popula-tions sont moins marqués que dansd’autres régions du monde, comme parexemple en Asie du Sud-Est. On estime,cependant, à plus de 500 000 ha (Fao,2001) la surface annuellement défores-tée dans le bassin du Congo. La faibledensité de population, à l’exceptionnotable du Cameroun et de certainesrégions de la République démocratiquedu Congo (Rdc), constitue un élémentmajeur pour la conservation de cepatrimoine.

Un des enjeux majeurs pour cetterégion réside dans la gestion durablede ses formations forestières. À l’ori-gine d’une filière socio-économiqueimportante, une telle gestion supposede prendre en compte à la fois lesnécessités du développement socialet économique des pays concernés etde leurs populations, et la préserva-tion de ces massifs forestiers et deleurs fonctions environnementales etproductives. Cependant, au-delà de ceconstat général, les pays concernésprésentent une grande variabilitéinter- et intrapays quant aux situationsécologiques et sociales.

Le développement de l’exploita-tion forestière, les pressions liées àl’extension de l’agriculture itinéranteet la nécessité de favoriser le dévelop-pement économique ont amené lesforestiers à se poser très tôt la ques-tion de la reconstitution du patrimoineforestier. La création, dès 1934, des

arboretums de Mbuku Nsitu,, dans lemassif du Mayombe, au nord dePointe-Noire (République du Congo),de Sibang, au sud de Libreville(Gabon), et d’autres sites (dontYangambi en Rdc), témoigne histori-quement de l’intérêt que certains ser-vices forestiers ou chercheurs ontporté très tôt à la thématique desplantations. Ce n’est pas un hasard sices parcelles ont été mises en placeprès de la côte, dans les zones les plusanciennement parcourues et dégra-dées car faciles d’accès et donc sou-mises à une exploitation intensive etdes prélèvements multiples, en parti-culier d’espèces comme l’okoumé(Okoumea klaineana) et le limba(Terminalia superba).

La complexité des forêts natu-relles et le peu de connaissances surleur dynamique et leurs modalités derégénération ont d’abord poussé lesservices forestiers et les centres derecherche de ces pays vers le déve-loppement d’actions en matière deplantations. Plus récemment, vers lesannées 1970 et 1980, les probléma-tiques liées à la gestion durable desforêts naturelles ont été abordées etc’est vers les années 1990 que sesont développées les études visant àla mise en œuvre de plans d’aména-gement forestier. Les synthèses réali-sées dans le cadre du projet Forafriont permis de dresser un premierbilan des recherches menées en vued’une gestion durable de ces massifsde forêt naturelle.

Une dynamiquede plantationsdéjà ancienne

Des plantations forestières ontdonc été entreprises par les centresde recherche (en particulier le Centretechnique forestier tropical, en parte-nariat avec les structures derecherche et de développement depays de la région du bassin du Congo)et par les administrations forestièresdes pays depuis plusieurs décennies,avec des objectifs variés :▪ valorisation économique de zonesde savane par la plantation d’espècesexotiques à croissance rapide pour laproduction de bois à vocation pape-tière (eucalyptus) ou l’approvisionne-ment en bois énergie et bois de ser-vice (eucalyptus, pins) (Républiquedu Congo) ;▪ volonté de développement industrielpar la mise en place d’unités papetièresbasées sur l’exploitation de la forêtnaturelle, puis son remplacement pardes plantations d’espèces exotiques àcroissance rapide (Cameroun) ; ▪ réalisation de plantations monospé-cifiques d’espèces issues de la forêtnaturelle (limba, okoumé…), afin depallier la surexploitation de cesessences dans certaines zones deforêt naturelle et de concourir à l’ap-provisionnement à terme des filièresde transformation locales de cesespèces (Sud-Congo, Gabon) ;

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Paysage contrasté qui associe un champ, un pâturage et une forêt, en Guinée-Conakry. A diversified landscape featuring field, pasture and forest, Guinea-Conakry. Photo R. Peltier.

▪ plantations en forêt très dégradée enenrichissement d’espèces locales àcroissance assez rapide (acajou, fraké,framiré…) ou exotiques (teck, gme-lina…) pour la production de boisd’œuvre, en vue de reconstituer lescapacités productives des zones fores-tières concernées (Cameroun, Gabon) ;▪ intégration d’espèces à haute valeurcommerciale (sipo, sapelli…) souslayons en forêt naturelle après exploi-tation, dans un objectif de reconstitu-tion de la biodiversité (Nord-Congo,Cameroun).

Ces plantations couvrent plu-sieurs centaines de milliers d’hec-tares, en particulier au Cameroun eten République du Congo, et dispo-sent d’un stock de plusieurs millionsde mètres cubes de bois sur pied.

Une grande diversité d’essais(arboretums, essais d’introductiond’espèces, essais de comportement,essais provenances, essais agrofores-tiers…) ont également été réalisésdans ces pays sur un grand nombred’espèces locales ou exotiques, qu’ils’agisse d’espèces à vocation fores-tière (production de bois ; encadrés 1,2 et 3) ou agroforestière (productionde fruits, fourniture d’ombrage, main-tien de la fertilité… ; encadrés 4 et 5).

Les perspectives

Des demandes nouvelles

Après une assez longue périodedurant laquelle les plantations n’ontplus été considérées comme un enjeumajeur dans le bassin du Congo (àl’exception de cas particuliers commeles plantations d’eucalyptus du Sud-Congo), on observe un nouvel intérêtpour les plantations, en relation avec :▪ l’évolution de la politique forestièrede certains bailleurs de fonds (étudesrécentes financées par la Banquemondiale sur les plantations auCameroun, au Gabon) ;▪ les volontés de transfert de gestionde l’État vers des partenaires privéset les communautés, pouvant faireémerger de nouveaux acteurs ;▪ les fortes pressions environnemen-tales sur les forêts naturelles et sur lafilière bois issue de ces forêts natu-relles, poussant à la mise en conserva-tion de massifs de forêt de productionet à une réorientation de la demandede certains marchés vers des bois tro-picaux issus de plantations ;

▪ l’apparition de concepts comme le« forest landscape restoration », don-nant aux différentes modalités deplantations une place dans desapproches plus « écologiques » ;▪ la mise en place des plans d’aména-gement des concessions forestières,imposant aux exploitants le maintiendes capacités environnementales,économiques et sociales pour lesmassifs dont ils assurent la gestion ;▪ les décisions issues de la mise enœuvre de la Convention sur le chan-gement climatique, indiquant queseuls les « boisements et reboise-ments » seraient éligibles lors de lapremière phase (2008-2012) de miseen œuvre du « mécanisme de déve-loppement propre » ; ▪ l’évolution de la demande des mar-chés et des outils de valorisation,permettant de valoriser des bois deplus petit diamètre, et l’arrivée decertaines plantations à un âge d’ex-ploitabilité ;▪ l’apparition d’une forte demandesociale concernant le développementde l’emploi rural, la réintégration éco-nomique et sociale des anciens sol-dats et miliciens dans les pays ensituation d’après-conflit.

Plantation agroforestière de Terminalia superbasur cacaoyers. Bilala, Congo. Agroforest plantation with Terminalia superbashading cocoa trees. Bilala, Congo. Photo B. Mallet.

Arboretum de Sibang, au Gabon. Sibang arboretum, Gabon. Photo D. Louppe.

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FOCUS / PLANTATIONS

Les nouveaux enjeux des plantations

Les recherches sur les planta-tions ont en général été menées, par lepassé, suivant une démarche très syl-vicole, débouchant sur des proposi-tions et des actions de développementgénéralement fiables sur le plan tech-nique mais souvent trop sophistiquéeset coûteuses, donc mal adaptées auxcontextes sociaux et économiques despays concernés ; d’où des résultatspeu convaincants voire contestables.

L’évolution des concepts et desattentes dans le domaine de la fores-terie tropicale (comme la biodiver-sité, le carbone, la certification, ladurabilité, la mise en œuvre de plansd’aménagement, la restauration éco-logique…) et la nécessaire prise encompte des enjeux sociaux et écono-miques imposent de reconsidérer les

concepts autour desquels était bâti ledéveloppement des plantationsforestières en régions tropicales. Celaest d’autant plus vrai dans le bassindu Congo qu’une analyse sommairepourrait laisser penser que l’immen-sité des forêts naturelles ne justifiepas de s’intéresser aux plantationsdans cette région.

Les plantations dans

l’aménagement forestier

Une des questions à analyser estla place que « l’outil plantation » pour-rait prendre dans une perspective glo-bale de l’aménagement d’un massifforestier et comme élément de « res-tauration écologique » du milieu. Desenrichissements sous forêt aprèsexploitation ont été réalisés depuis fortlongtemps, en vue de reconstituer lepotentiel de production des massifsforestiers après exploitation, avec des

introductions sous layons sur plusieursdizaines de milliers d’hectares. Lesrésultats ont été très variables, souventpeu convaincants à court terme, maisavec rarement une analyse sur le longterme de ces méthodes. Ces pratiquesont ensuite été progressivement aban-données par manque apparent derésultats et par « essoufflement » desadministrations forestières dans lesannées 1970.

Ces approches sont reconsidé-rées dans certains pays, du fait de lademande (voire de l’obligation) faiteaux exploitants forestiers de replanterou d’enrichir la forêt naturelle aprèsexploitation, demande faite sansqu’une réflexion globale sur l’adéqua-tion des pratiques et des techniquespar rapport aux objectifs ait étémenée. En particulier, les objectifsescomptés peuvent être très divers,allant d’une réelle volonté de partici-

Encadré 1. Plantation et enrichissement d’okoumé en forêt dense au Gabon.

Le Gabon a une longue expérience de la plantation d’essenceslocales puisque les premières datent de 1934, à Sibang, suiviespar les plantations industrielles à partir de 1950 et les placettesexpérimentales d’Ekouk entre 1985 et 1989.

L’arboretum de Sibang a été installé à partir de 1934 sur d’an-ciens terrains de culture envahis par une végétation secondairediverse. Il a été correctement suivi pendant plus de 20 ans, ce quia sans doute contribué de manière significative à sa réussite.Parmi les 10 principales essences plantées, les okoumés, à64 ans, ont un accroissement moyen annuel de 7 m3 par hectareet par an et un âge d’exploitabilité estimé à 70 ans.

La station forestière d’Ekouk, près de Libreville, comporte, surune surface de 1 000 ha, de nombreuses expérimentations sur lereboisement. Cette station a subi plusieurs cycles d’exploitationforestière et de défrichement pour les cultures. On est donc surune mosaïque de peuplements très appauvris et de forêt secon-daire. Cette station a fait l’objet de nombreux essais de planta-tion, soit après coupe à blanc suivie d’un andainage des réma-nents et brûlage, soit après coupe des seuls arbres dominés(diamètre inférieur à 20 cm). Les essences non commerciales sontensuite annelées, ce qui laisse un peuplement résiduel de 19 tigespar hectare (10 m2 de surface terrière). Le rouleau landais terminela préparation. Le comportement des 13 essences mises en com-paraison est très variable, ce qui montre l’importance deconnaître l’auto-écologie de chacune avant de décider d’un pro-gramme d’intervention.

L’okoumé est relativement plastique et se développe correcte-ment dans toutes les situations, même s’il préfère le plein décou-vert. Sa hauteur dominante est supérieure à 20 m à 11 ans, pourune densité résiduelle de 500 arbres par hectare ; 50 % desarbres sont bien conformés et constituent un beau peuplementd’avenir, mais la première éclaircie doit être réalisée à 10 ans. Desparcelles monospécifiques ont été installées avec 25 essences ; 52 placettes concernant l’okoumé, réparties sur 269 ha, montrent

une croissance satisfaisante, mais une variabilité très importantepour tous les critères mesurés. La plantation en mélange del’okoumé avec d’autres essences locales n’apporte pas d’informa-tions décisives. La préparation du terrain et les entretiens sélec-tifs ont entraîné une importante régénération naturelle. Laconservation des semis d’essences commercialisables permetl’installation d’un gaulis dense et une concurrence exacerbée vis-à-vis de la plantation.

Un ambitieux programme de plantations industrielles d’okou-més a été développé, entre 1953 et 1989, afin de garantir l’appro-visionnement de la filière bois. Plus de 26 000 ha ont été plantés,répartis dans plusieurs grands massifs (N’Koulounga, Mvoum,Haut-Como, Bokoué, Mbiné, La Mondah). Plus de 23 000 ha sontconsidérés comme potentiellement productifs, ce qui constitueune vraie réussite. La productivité moyenne est cependant assezfaible et ne dépasse pas 2 m3 de grumes par hectare et par an.L’étude économique a montré que les coûts d’installation nedépassent pas 300 000 Fcfa/ha pour les plantations en enrichis-sement. Les frais moyens d’exploitation (12 000 Fcfa/m3) repré-sentent 40 % du coût moyen en forêt naturelle. La rentabilité deces peuplements est difficile à cerner, compte tenu du facteurtemps et des nombreux éléments pouvant perturber la vie despeuplements (atteintes à l’intégrité des massifs, par exemple).

L’okoumé est un bon modèle. Il montre les possibilités, maisaussi les limites et les contraintes inhérentes à la réalisation deplantations en forêt dense. Le développement futur de planta-tions d’essences locales doit impérativement s’accompagner derecherches d’accompagnement sur la mise au point des itiné-raires sylvicoles (en particulier pour les éclaircies) et de tech-niques fiables de gestion, de conservation des semences et deproduction de plants de qualité. Par ailleurs, la réalisation deplantations en plein après défriche de la forêt dense n’est sansdoute plus l’approche la plus réaliste, dans le cadre des plansd’aménagement. En revanche, les techniques d’enrichissement,moins coûteuses et efficaces, constituent une alternative intéres-sante dans le cadre des processus de restauration et de valorisa-tion des espaces forestiers après perturbation (exploitation fores-tière, défriche pour cultures…).

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per à la reconstitution du patrimoineproductif à la nécessité d’affichaged’actions en matière de biodiversité,visant en particulier à faciliter l’accès àune certification de « bonne gestion ».

Des normes de sylviculture pour-raient être définies à partir des ensei-gnements tirés des plantations réali-sées par le passé et de celles toujoursprésentes, afin de préciser et d’opti-miser les itinéraires techniques et degestion des peuplements issus deplantations. Une analyse poussée desplantations existantes, qu’elles soientexpérimentales ou en grandes sur-faces, combinée aux connaissancesacquises sur les mêmes espèces enmilieu naturel, fournirait une base dedonnées primordiale pour adapter lespropositions aux conditions station-nelles et au niveau de perturbationdes milieux pour lesquels ces planta-tions seront proposées.

Des recherches plus stratégiquesdoivent être menée, afin d’analyser lapertinence des différents types d’in-terventions sylvicoles envisageablesen relation avec le niveau de « dégra-dation » des formations forestièresnaturelles comme avec les contextessociaux et économiques : on peutainsi chercher à favoriser la croissancedes jeunes peuplements présents,renforcer la régénération naturelle dela forêt, ou faire appel aux techniquesde plantation lorsque la structure despeuplements est pauvre en espècesde valeur. Les méthodes d’interven-tion et les espèces forestières à privi-légier ne seront évidemment pas lesmêmes suivant que l’on souhaiterarefermer des pistes de débardage,enrichir une zone présentant un déficitmarqué de régénération de certainesespèces, replanter une zone dedéfriche agricole abandonnée, pro-mouvoir des associations agrofores-tières en périphérie des bases-vie, réa-liser un bloc de plantations près d’uneunité de transformation… et on pourrafaire appel à des plantations pures ouen mélange, des plantations « enplein » ou en layons, des plantationsd’espèces héliophiles ou sciaphiles…ou des plantations publiques ou pri-vées, paysannes ou industrielles.

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FOCUS / PLANTATIONS

Encadré 2. Les plantations de Terminalia(limba ou fraké) en Républiquedu Congo.

L’expérience du Congo en matière de planta-tions ne se résume pas aux plantations clo-nales d’eucalyptus. Une politique active a étémenée dans les années 1980 concernant cer-taines essences locales d’intérêt, au premierrang desquelles Terminalia superba (limba oufraké). Un centre spécialisé avait même étécréé en 1981, en partenariat entre la France etla République du Congo : le Centre pilote d’af-forestation en limba (Cpal) à Ngouha 2, gérépar le Ctft. Les dramatiques évènements qu’aconnus le Congo dans la décennie suivanten’ont pas permis de maintenir cette dyna-mique et le centre a été fermé en 1994. Cesplantations ont été menées dans plusieurstypes de stations bien différenciés.

La station de Ngouha 2 est située dans le mas-sif du Chaillu, à 50 km au nord-ouest de Dolisie,dans une zone de forêt dense. Plus de 2 000 hade limba ont été plantés après coupe à blanc etdéfriche de la végétation préexistante (le pro-gramme initial portait sur 25 000 ha). Cettetechnique ne serait sans doute plus admiseaujourd’hui. Parallèlement à ces plantationsindustrielles gérées par le Service national dereboisement (Snr), de nombreux essais ont étéinstallés par la recherche forestière (Ctft). Ilsont permis de maîtriser certains paramètres deculture, tels que la récolte et la conservationdes ressources génétiques, la qualité géné-tique du matériel végétal, la propagation végé-tative, la sélection clonale… Des collections deprovenances ont été installées à partir degraines récoltées dans l’aire naturelle de cetteespèce. Les plantations sont globalement bienréussies et la croissance satisfaisante. En zonefavorable correctement entretenue, on peutobtenir 180 m3/ha de bois commercialisable à35 ou 40 ans, avec un diamètre d’exploitabilitéde 60 cm. Un peu plus à l’ouest, toujours dansle Niari forestier, des essais de plantation ontété réalisés avec succès à Komono, en rempla-cement d’anciennes plantations d’hévéas.

Dans la zone de Loudima, toujours dans leNiari, les conditions naturelles sont diffé-rentes. On est en face d’une juxtaposition desavanes et de forêts-galeries dégradées. Lesplantations ont été installées à l’intérieur desforêts-galeries, sur layons, puis entretenuesrégulièrement. Les résultats sont spectacu-laires. La hauteur moyenne est, à 20 ans,supérieure à 30 m, avec un diamètre moyencompris entre 40 et 50 cm. L’élagage est excel-lent et les plants très sains. Les tentatives deplantations en savane ont toutes été sanction-nées par des échecs, après des phases dedémarrage pourtant bonnes. Afin de pallier cehandicap, des essais ont été réalisés en deuxphases. La première a consisté à planter desespèces de type acacia afin de créer un pre-mier couvert forestier. Dans un second temps,les limbas ont été introduits avec succès.Malgré ces résultats prometteurs, cette tech-nique n’a pas été développée à grande échelleen raison de l’arrêt des programmes.

Le massif forestier du Mayombe, plus au sud,a fait très tôt l’objet de travaux sur la planta-tion de limba. D’abord, dès 1949, dans l’arbo-retum de Mboku Nsitu, puis, plus récemment,autour de Bialala. Dans cette zone, les planta-tions de limba, âgées maintenant de 20 à60 ans, ont été réalisées par centaines d’hec-tares dans des zones de forêt très dégradéespar l’exploitation forestière et l’agriculture surbrûlis. Les résultats sont là aussi excellents etles peuplements très bien venants. Des tenta-tives de développement d’agroforesterie aveccacao et/ou bananes ont été menées avec suc-cès, mais n’ont pas été poursuivies fauted’une organisation cohérente des marchés.

Les plantations de limba sont très générale-ment des réussites, mais on manque encoredes bases nécessaires à la mise en place d’unevéritable sylviculture. Ainsi, les éclaircies n’ontpas été réalisées et certaines plantations souf-frent d’une forte concurrence.

Plantation d’okoumés de 39 ans. La Bokoué, Gabon. A 39 year-old okoumé. La Bokoué, Gabon. Photo D. Louppe.

Les plantations dans

l’aménagement du territoire

Un second type de question estcelui de la place des plantationsforestières dans le cadre de l’aména-gement global du territoire et de leurcontribution au développement éco-nomique des pays, qu’il s’agisse deplantations à vocation de productionde bois d’œuvre, à vocation de fourni-ture de bois énergie, à vocation deproduction de biomasse pour la pâteà papier ou les panneaux de parti-cules, sachant que les produits issusdes plantations sont souvent à usagemultiple (par exemple les eucalyptusde la société Eco Sa près de Pointe-Noire au Congo, plantés initialement pour produire de la pâte à papier etqui fournissent la majorité du bois dechauffe et du charbon consomméspar la population urbaine).

Les questions débordent ducadre strictement technique etdevront aborder tous les enjeux liés àla viabilité à long terme des planta-tions, avec les composantes relativesà la sécurisation du foncier, à l’orga-nisation de filières souvent tradition-nelles voire informelles, aux méca-nismes de régulation du marché, auxpossibilités de transformation desproduits, aux stratégies d’intégrationdes plantations dans le tissu rural, àla gestion des bassins d’emploi…

De telles plantations pourraientaussi être développées dans le cadred’approches agroforestières, permet-tant de combiner la production debois, la fourniture de produits fores-tiers non ligneux et l’approvisionne-ment vivrier au sein des espacesruraux, dans la mesure où les sys-tèmes agraires et les pratiques pay-sannes le permettraient.

Concernant plus particulière-ment les plantations réalisées dansune optique de production de boisd’œuvre, l’évolution des priorités desacteurs et des bailleurs a fait évoluerles choix d’essences forestières et detechniques sylvicoles vers des sys-tèmes à rotations plus courtes, com-patibles avec la demande des inves-tisseurs, mais pouvant cependantproduire du bois valorisable (d’es-

pèces locales, comme le framiré, lelimba, l’okoumé, l’ayous, ou d’es-pèces introduites, comme le teck, lespins…). L’analyse comparative de laqualité des bois issus de ces planta-tions et des analyses économiquessont alors à mener, dans une optiquede valorisation sur des marchés sou-vent fortement concurrentiels (àl’échelon local comme à l’exporta-tion) et en tenant compte des possibi-lités d’adaptation des outils de trans-formation disponibles ou potentiels.

Les réflexions développées surles critères et indicateurs de gestiondurable des plantations forestières,en particulier par l’Organisation inter-nationale des bois tropicaux (Oibt) etle Cifor, ainsi que la demande sur cer-tains marchés (européens en particu-lier) de certification – Pan AfricanForest Certification (Pafc), ForestStewardship Council (Fsc)… – sontdes facteurs à considérer dans lecontexte compétitif du marché inter-national du bois.

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Encadré 3. Plantations industr ielles clonalesd’eucalyptus à Pointe-Noire.

L’histoire des eucalyptus au Congo commenceavec l’introduction, en 1953, de 62 espèces diffé-rentes d’eucalyptus pour valoriser les grandesétendues de savanes du Congo Brazzaville, et enparticulier les savanes côtières sur sables trèspauvres à Loudetia sp. Parmi les espèces intro-duites, certaines se sont révélées prometteuses etont conduit à la mise en place de travaux d’amélio-ration génétique, poursuivis sans interruption mal-gré les troubles qui ont secoué ce pays à plusieursreprises. Cette permanence dans les efforts derecherche, assurée actuellement par l’UR2PI (Unitéde recherche sur la productivité des plantationsindustrielles), est une des raisons principales dusuccès de cette aventure.

Grâce au bouturage industriel, dès 1973, le poten-tiel de croissance des arbres les plus performantsa pu être reproduit et a conduit à la plantation dupremier test clonal en 1975. Le développementindustriel a rapidement suivi à partir de 1978,exclusivement sur savanes. À l’heure actuelle, lemassif d’eucalyptus couvre une superficie de40 000 ha autour du port de Pointe-Noire. Il estactuellement géré par la société privée Eco Sa, àcapitaux congolais, en cours de privatisation inter-nationale. La culture clonale des eucalyptus valorise actuelle-ment des clones hybrides interspécifiques de typeE. urophylla x E. grandis, à forte productivité (plusde 20 m3/ha/an). Elle exige un niveau technolo-gique élevé et une précision exemplaire des modesde gestion et des itinéraires techniques. La produc-tion annuelle de 3 millions de plants par bouturageherbacé permet de planter ou de replanter environ3 000 ha par an, à raison de 800 plants par hec-tare. Les itinéraires techniques sont très précis etcomprennent des opérations sensibles comme laplantation ou encore les entretiens.

L’exploitation se fait à 7 ans. La production annuellemoyenne du massif est de 300 000 m3. Le bois estexporté, via le port de Pointe-Noire, sous forme derondins de papeterie vers de nombreux pays(Maroc, France, Italie, Espagne, Norvège…). Il estdestiné pour l’essentiel à la production de pâte chi-mique. Les plantations fournissent également lamajeure partie du charbon de bois (environ 600 ton-nes annuellement) de la ville de Pointe-Noire

(700 000 habitants). La production de poteaux (élec-tricité, téléphone) et de perches constitue un autredébouché et a permis la construction d’une usined’imprégnation dans le massif (Congolaise de boisimprégné). Cependant, cette unité pose la questionde la nécessaire diversification et d’une meilleurevalorisation des produits issus du massif d’eucalyp-tus, en particulier par la prise en compte progressivedes besoins croissants des populations urbaines dePointe-Noire en bois d’œuvre et bois de service.

Avec son chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 15à 20 milliards de Fcfa, Eco Sa est d’ores et déjàdevenu un acteur économique majeur de larégion voire du pays. L’entreprise verse une rentefoncière chaque année pour les terres utilisées.Au cours de l’année 2000, par exemple, une par-tie de cette rente a été utilisée pour financer desprojets socio-économiques villageois (forage,dispensaire, lycée et collège, électrification). Lerôle essentiel des plantations dans la protectionet la conservation des forêts naturelles est désor-mais un fait avéré, particulièrement vérifiabledans ce cas. Enfin, les plantations d’eucalyptusemploient un minimum de 1 500 personnes(équivalent temps plein) en emplois directs ouinduits, dont une partie importante pour la filièrede carbonisation et de bois de feu. Chaqueemploi fait vivre en moyenne 15 personnes.

Le massif d’eucalyptus est en fait une mosaïquecomposée de plantations, de savanes relictuelles,de forêts-galeries, d’une soixantaine de villages,etc. Les plantations stricto sensu occupent envi-ron 25 % de l’emprise totale du massif. La gestiondurable des plantations devra prendre en compteet intégrer cette dimension. Les conflits fonciers,exacerbés par la proximité de la ville et l’urba-nisme sauvage, constituent par ailleurs un desenjeux majeurs dans la nécessaire recherche de ladurabilité. Ce massif est unique et sa réussiteexemplaire, même s’il reste fragile du fait d’uneculture monoproduit. Une nouvelle stratégie, encours de définition, devrait résoudre ce problème,d’autant que le développement de Pointe-Noireentraîne l’apparition d’une demande locale et sol-vable de produits divers issus des plantationsd’eucalyptus.

L’approvisionnement des villesen bois énergie (bois de chauffe, char-bon) et en bois de service (perches,poteaux, bois de construction) étaitjusqu’alors assuré par les prélève-ments en forêt naturelle et par lesdéfriches agricoles. Le développementde métropoles (Brazzaville, Kinshasa,Yaoundé) et la rapidité des phéno-mènes d’urbanisation créent unedemande croissante en énergie quel’électricité ou les dérivés du pétrole nepourront satisfaire seuls, et pourlaquelle le bois énergie reste une

source d’énergie à la fois renouvelableet adaptée aux conditions socio-éco-nomiques des populations utilisa-trices. La possibilité d’utiliser la bio-masse pour la production d’électricitédécentralisée est un facteur de déve-loppement pouvant s’avérer significatifpour certaines zones. Au-delà du pré-lèvement effectué à partir des forêtsnaturelles, une telle production nepourra être assurée que par le déve-loppement, à proximité de ces villes,de plantations forestières ou agrofo-restières d’espèces à croissance

rapide, celles-ci devant être réaliséeset gérées prioritairement par les popu-lations rurales, comme c’est le cas àMadagascar ou au Burundi, et non pasdans le cadre de grands projets réali-sés en régie par les administrations.

Plusieurs pays (Gabon, Came-roun, République du Congo) s’étaientengagés dans des programmes ambi-tieux de plantations à vocation pape-tière dans les années 1970 et 1980,avec des résultats techniquement inté-ressants. Ces programmes se sontensuite arrêtés ou ont été mis en

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FOCUS / PLANTATIONS

Encadré 4. Les plantations privées des plateaux Batéké en Républiquedémocratique du Congo.

Développer des plantations de bois de service etd’énergie pour alimenter les villes n’est pas uneidée nouvelle et de nombreux exemples sont làpour en témoigner. L’exemple de la Républiquedémocratique du Congo est particulièrement ins-tructif. Au début des années 1980, un projet dedéveloppement de plantations, avec financementeuropéen, a été lancé sur les plateaux Batéké, à150 km au nord de Kinshasa, dans les savanes deMampu et Kimzomo. En quelques années,8 000 ha ont été plantés par l’État, essentielle-ment avec Acacia auriculoformis. Très rapidement,ces massifs ont cristallisé plusieurs problèmeslatents entre populations villageoises et l’État.Ces conflits fonciers se sont traduits, entre autres,par de nombreux incendies volontaires mettant enpéril l’avenir du massif. De manière pragmatique,l’État a alors décidé de se désengager, non pas enabandonnant l’ensemble, mais en favorisantl’émergence d’un secteur privé. Le massif a étépartagé en lots de 25 ha et rétrocédé à des privés.Ces derniers, sans être propriétaires, assurent lagestion, l’exploitation, la vente et le reboisementdes lots. Une nouvelle dynamique s’est très rapi-dement installée, avec la création d’une véritablefilière de production, transformation, commercia-lisation des produits issus de ces plantationsconcédées. Des replantations sont réalisées parles privés eux-mêmes. La fragmentation du massifen unités de gestion autonomes a favorisé unedifférenciation du paysage. La disparition desincendies a permis à un sous-étage de s’installer,favorisant ainsi le développement de la faune sau-vage et de la chasse. Cet exemple est intéressant car il montre la possi-bilité de créer ex nihilo une ressource ligneusedurable. Le rôle catalyseur de l’État est mis en évi-dence, de même que la dynamique privée qui apris le relais et assuré le développement de cettefilière. Cette action est aujourd’hui suivie et ani-mée par une Ong.

Encadré 5. Agroforesterie cacaoyère en zoneforestière au sud du Cameroun.

Dans le sud du Cameroun, la zone de transi-tion avec la forêt dense humide s’étend surune surface de plus de 1,5 million d’hectares,sur le plateau sud-camerounais, à une alti-tude moyenne de 600 m. Outre l’exploitationforestière, elle est marquée par une pressionanthropique intense, se traduisant par uneagriculture itinérante sur brûlis forte et desdéfrichements importants.

Le développement d’un système d’agrofo-rêts à cacaoyers prend une place prépondé-rante dans l’économie régionale, même si laprésence forestière est encore importante. Eneffet, ce système occupe une surface d’envi-ron 200 000 ha, principalement dans leszones de Ebolowa, Mbalmayo, Yaoundé et dela forêt humide proprement dite. Il se justifie,en particulier, par la recherche de revenus, lemarquage foncier et la constitution d’un capi-tal épargne sur pied pour les populationsrurales. Cette pratique culturale est ancréedans un véritable savoir traditionnel parmi lespopulations de la région.La mise en place de ce système agroforestiercomporte traditionnellement plusieurs phases :▪ abattage sélectif des arbres et débrous-saillage manuel ;▪ mise en place des cacaoyers à une densitémoyenne de 1 100 plants par hectare ; ▪ régulation et intensification de l’ombragepar la plantation d’arbres fruitiers et fores-tiers et la protection des arbres existants.L’installation de bananeraies, temporaires,vient souvent compléter le dispositif d’om-brage des jeunes cacaoyères.

Les arbres et plantes d’accompagnement etd’ombrage sont installés ou préservés à ladensité moyenne de 300 tiges par hectare.Les espèces arborées les plus fréquemmentrencontrées traduisent le souci de diversifica-tion et l’intensité de la gestion sur ces terri-toires. Parmi les arbres fruitiers, figurent lesagrumes ou encore le safoutier (Dacryodesedulis), qui représentent en moyenne 40 %du total, avec une prédominance forte dans lazone de Yaoundé. Les arbres destinés à laproduction de bois d’œuvre sont principale-ment l’ayous (Triplochiton), le framiré et le

fraké (Terminalia superba). Ils constituentenviron 30 % du nombre total des arbres d’ac-compagnement. On trouve également desessences à usage multiple, voire thérapeu-tique. Les essences exotiques à croissancerapide (Eucalyptus, Acacia) sont aussi parfoisplantées pour la fourniture de bois de serviceet de bois énergie.Les arbres forestiers préexistants sontconduits au diamètre d’exploitabilité. Lesjeunes arbres sont plantés pour des révolu-tions de 15 ans chez les fruitiers. Ils fournis-sent toute une gamme de produits (fruits,sciage, bois de service et bois énergie).D’autres impacts sont perceptibles. Parexemple, la modification du couvert permet ledéveloppement d’une litière épaisse proté-geant le sol. Les arbres favorisent ainsi lanutrition et le maintien des cacaoyères et d’unbon état sanitaire. Les agroforêts séquestrentpar ailleurs environ 60 % du carbone par rap-port à une forêt dense. Cette capacité de stoc-kage, par la création de plantations sur lesterres dégradées et défriches forestières,pourrait s’inscrire dans le processus Mdp (pro-tocole de Kyoto sur le marché du carbone).

L’importance économique de la productionligneuse se traduit par le nombre élevé desociétés d’exploitation (500) travaillant dans lazone. Le maintien de la durabilité de ces plan-tations agroforestières permet la satisfactiondes besoins de plus de 500 000 familles dansla zone, le développement d’associations pay-sannes et de toute une filière agro-industrielle.Les employés des concessions forestières sontparticulièrement actifs en enrichissant lesterres qu’ils cultivent. Le développement decette filière implique un investissement dansles domaines de la formation, de l’accompa-gnement technique pour la gestion, de la four-niture de matériel végétal de qualité, maisaussi de l’organisation des marchés. Plusieursprojets existent déjà et donnent des résultatsencourageants. Les individus ou communautésqui contrôlent et tirent un bénéfice direct deleurs investissements en cash ou issu de leurtravail constitueront, à court terme, la source laplus importante de financement pour le déve-loppement des plantations au Cameroun, sousréserve de sécurisation des droits fonciers.

veilleuse pour des raisons politiquesou économiques, à l’exception duCongo, pour lequel les résultats derecherche obtenus par l’Unité derecherche sur la productivité des plan-tations industrielles (UR2PI) ont pu êtreintégrés en temps réel dans les pro-grammes de plantations industrielles.

Enfin, la capacité des planta-tions forestières à stocker du carboneet donc à être potentiellement éli-gibles au « mécanisme de développe-ment propre » peut être un enjeuimportant pour le développementforestier des pays du bassin duCongo, en favorisant l’engagementd’investisseurs publics ou privés despays du Nord dans des activités deplantations forestières en régions tro-picales. Les questions relatives à cettethématique sont actuellement abor-dées dans le cadre des travaux menésen partenariat en République duCongo entre l’UR2PI et le Cirad-forêt.

Vers la création de « puits

de carbone » forestiers ?

Le mise en œuvre du « méca-nisme de développement propre »issu des négociations relatives à laconvention cadre sur le changementclimatique adoptée à Kyoto permet àdes pays ou entreprises du Nord debénéficier de « crédits d’émission deCO2 » en investissant dans desactions de plantations forestières oudans les filières de transformation(sciage, énergie...) de pays et d’entre-prises du Sud, si cela permet deséquestrer du carbone dans les forêtsou de réduire les émissions de CO2dans les filières.

Ces enjeux liés au carbone vontdevoir être analysés de près dans lesannées à venir, afin que les pays etentreprises du bassin du Congo puis-sent bénéficier de ces opportunités etse montrer compétitifs par rapport àd’autres régions du monde. Il seraparticulièrement important de faireen sorte que les projets qui sont pro-posés et qui peuvent être éligiblesapportent une véritable valeur ajou-tée sociale, économique et environ-nementale aux pays et populationsconcernés.

Un paysage institutionnel

en évolution

Les dynamiques présentes etfutures de développement des plan-tations dans le bassin du Congo sontétroitement liées :▪ à l’évolution des choix de dévelop-pement, et donc des stratégies et despolitiques forestières des pays dubassin du Congo ; ▪ à l’évolution des stratégies des insti-tutions et bailleurs de fonds régionauxet internationaux (banques internatio-nales ou régionales de développe-ment, Union européenne, Oibt…) ;▪ aux dynamiques sociales, écono-miques, institutionnelles des pays enrelation avec leur stabilité politique ; ▪ aux évolutions de la demande, inté-rieure et internationale, en produits

issus des plantations forestières et àla compétitivité de ceux-ci par rapportaux autres produits forestiers ou non.

Une répartition adaptée desrôles entre les différents acteurs dusecteur forestier est un facteur impor-tant pour assurer une dynamiqueviable en matière de plantationsforestières, afin de maintenir et defaire évoluer les compétences tech-niques présentes dans les orga-nismes nationaux de développementcomme de recherche, mais aussi afinde favoriser le développement d’uneforesterie privée et l’implication d’in-vestisseurs potentiels, qu’ils soientissus du milieu rural (petites planta-tions paysannes ou agroforestières)ou du milieu entrepreneurial.

Chargement de rondins d’eucalyptus sur le port de Pointe-Noire, au Congo. Loading eucalyptus logs at Pointe-Noire harbour, Congo. Photo B. Mallet.

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 2 ( 4 ) 75PLANTATIONS / LE POINT SUR…

Charbon de bois produit à partir de plantations de pins. Brazzaville, Congo. Charcoal from pine plantations. Brazzaville, Congo. Photo B. Mallet.

Les bénéfices attendusdes plantations

Les bénéfices des plantations,en Afrique centrale comme ailleurs,sont un sujet de controverses, maisrestent souvent largement sous-esti-més. La réalisation de plantationsreprésente l’aboutissement d’uninvestissement humain et financiersignificatif dont il est normal qu’ildébouche sur un retour, dépassant lesimple enjeu monétaire.

Les impacts potentiellementpositifs des plantations sur le déve-loppement durable sont synthétisésdans le tableau I.

Il existe certes des contre-exemples : érosion des sols, producti-vité non conforme aux prévisions,incendies liés à des conflits fonciers,produits non conformes auxdemandes des marchés, voire simpleabandon des plantations… sontautant d’écueils observés, qu’il fau-drait pouvoir éviter. Ces problèmespeuvent être le fait de l’emploi dematériel végétal inadapté, d’itiné-raires techniques mal maîtrisés parles opérateurs, mais ils sont surtoutle résultat de l’inadéquation du typede plantations réalisées à un momentdonné par rapport aux évolutions descontextes sociaux et économiques.Ces effets négatifs, souvent facile-ment perceptibles pour des yeuxextérieurs, correspondent le plussouvent à un défaut d’analyse straté-gique et de planification, un manquede formation et/ou de contrôle de la

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FOCUS / PLANTATIONS

Pépinière de production du Service national de reboisement. Brazzaville, Congo. Tree nursery run by the National Reafforestation Department, Brazzaville, Congo. Photo B. Mallet.

Unité artisanale de sciage de pins. Brazzaville, Congo. A small-scale pinewood sawmill, Brazzaville, Congo. Photo B. Mallet.

Tableau I.

Les impacts potentiellement positifs des plantations sur le développement durable.

Échelle Dimension sociale Dimension économique Dimension environnementale

Locale Sécurisation du foncier. Diversification des revenus Effets sur l’érosion et microrégionale Stabilisation des familles et capitalisation. et microclimatiques.

en milieu rural. Fourniture de produits Maintien de la biodiversité Création d’emplois directs pour les populations. au niveau du massif.et indirects. Incitations financières. Réduction de la pression

Création de pôles d’activité. sur les forêts naturelles.

Nationale Limitation des migrations Approvisionnement des filières Lutte contre le changement climatique ou globale rural-urbain. économiques. (séquestration du carbone).

Création d’emplois dans Effets structurants sur Conservation de la biodiversité.les filières de transformation. l’aménagement du territoire.

part des opérateurs. De même, lesconflits fonciers, quand ils apparais-sent, résultent souvent d’un manquede concertation préalable et de priseen compte des enjeux locaux.

Les plantations sont le plus sou-vent réalisées pour répondre à unedemande de produits ligneux mar-chands. Cependant, réduire les béné-fices économiques et sociaux desplantations au seul calcul des taux derentabilité est insuffisant. Quoi decommun entre une plantation indus-trielle d’eucalyptus, un enrichisse-ment de sapelli en sous-étage aprèsexploitation de forêt dense ou encoreune agroforesterie cacaoyère. Danstous les cas, un bénéfice marchand estrecherché, et pourtant les échéancesne sont ni du même ordre, ni dans lamême échelle de temps. Bénéficeségalement les créations d’emplois,directs et induits, la création de fluxéconomiques durables dans des zonesrurales le plus souvent déshéritées, lacréation d’infrastructures…

Les bénéfices écologiques etagro-écologiques peuvent être trèsvariés et dépendent de l’antécédentcultural et de l’échelle spatiale.

Une plantation sur savane ou suranciennes cultures agricoles vivrièresn’a rien à voir avec une défriche fores-tière ou une forêt naturelle après uncycle d’exploitation. Les plantations sursavane entraînent ainsi une différencia-tion et un enrichissement des sols ainsiqu’une remontée de la diversité biolo-gique (flore, micro- et macrofaune).C’est le fameux « effet catalytique ». Enrevanche, les enrichissements en forêtdense ou défriche forestière ne pertur-bent pas significativement la diversité,sauf localement en favorisant certainesespèces de lumière à la faveur desentretiens. Les plantations en pleinaprès défriche de la forêt dense préexis-tante ne sont et ne seront plus de mise.

Les effets des plantations serontégalement perçus très différemmentselon l’échelle spatiale d’analyse, lesplantations étant souvent le dernier

rempart de protection des massifsforestiers naturels (forêts-galeries,par exemple) contre le défrichement.De plus, la juxtaposition de forêts,plantées et naturelles, même pertur-bées, permet aux effets de lisière dese manifester. Cette augmentation dela variété des paysages est un atoutfort dans les processus de conserva-tion, par exemple pour la faune.

Les politiques forestières natio-nales traduisent déjà l’importanceaccordée aux plantations. Ces poli-tiques et les moyens qui les accompa-gnent ont pour vocation de servir decatalyseur au développement de sys-tèmes de production équilibrés, lais-sant par la suite la place à un secteurprivé autosuffisant et générateur derevenus pour la communauté et le pays.

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 2 ( 4 ) 77PLANTATIONS / LE POINT SUR…

Plantation d’okoumés du haut Como, au Gabon. Okoumé plantation in Upper Como, Gabon. Photo D. Louppe.

Exploitation d’eucalyptus à Pointe-Noire, au Congo. Felling eucalyptus at Pointe-Noire, Congo. Photo B. Mallet.

Conclusion

Le Forum des Nations unies pourles forêts (Fnuf) a organisé une réunionintersessionnelle, en mars 2003,consacrée spécifiquement aux planta-tions forestières et a analysé le rôledes forêts plantées dans l’aménage-ment forestier durable. Cette réunion adébouché sur des recommandationsconfirmant l’intérêt et la place desplantations forestières, et précisant lesconditions dans lesquelles ces planta-tions pouvaient participer au dévelop-pement durable des pays dans les-quels elles étaient réalisées.

Les controverses autour desplantations forestières ont égalementété abordées lors du Congrès fores-tier mondial qui s’est tenu en juillet2003, au Canada ; les communica-tions présentées ont fait ressortir quela grande diversité des plantations

était un atout pour pouvoir répondreà la multiplicité des enjeux auxquelselles s’adressent, dans la mesure oùles contextes sociaux, économiqueset écologiques étaient préalablementbien pris en compte.

Les plantations forestières enzone tropicale, et en particulier dans lebassin du Congo, peuvent donc consti-tuer un des outils forestiers efficacesparticipant à la restauration et à laréhabilitation des forêts naturellesdégradées et secondaires, comme à lacréation de richesse consécutive à lafourniture de bois et services induits.Les forêts naturelles du bassin duCongo vont continuer – à l’exceptionnotable des zones et aires protégées –à être exploitées avec des modalités decontrôle et de mise en œuvre d’aména-gements variables suivant les pays.

L’intérêt marqué porté par lesagences de développement interna-tionales et bilatérales au bassin duCongo, combiné à la volonté politiqueet aux réorganisations en cours dansles pays concernés, et soutenu parles évolutions de la demande desmarchés locaux comme internatio-naux, ouvre donc des opportunitésnotables pour que les plantationsforestières puissent jouer un rôlemajeur au service du développementdurable des pays et de leurs popula-tions dans le bassin du Congo.

Il y a là un enjeu majeur auquelles organismes de recherche, lesstructures de développement fores-tier et les entreprises des pays dubassin du Congo et des pays parte-naires doivent se préparer.

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FOCUS / PLANTATIONS

Framiré de 52 ans dans une plantation.Arboretum de Sibang, au Gabon. A 52 year-old Framire in a plantation.Sibang arboretum, Gabon. Photo D. Louppe.

Movingui de 60 ans. Arboretum de Sibang, au Gabon. A 60 year-old Movingui. Sibangarboretum, Gabon. Photo D. Louppe.

Jeune plantation d’okoumés. Gabon. Young okoumé plantation. Gabon. Photo D. Louppe.

Jeunes okoumés. Gabon. Young okoumé trees. Gabon. Photo D. Louppe.

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 4 , N ° 2 8 2 ( 4 ) 79PLANTATIONS / LE POINT SUR…

Synopsis

NEW PERSPECTIVES FOR FOREST PLANTATIONS IN CENTRAL AFRICA

Jean-Noël MARIEN, Bernard MALLET

The Congo Basin containsone of the world’s largest tracts oftropical forest. Protecting and manag-ing these forests sustainably for thebenefit of the countries in the regionand their populations is a priority bothfor the countries concerned and forinternational development agencies.In the last half century, a concern torestore the forest heritage after timberextraction has encouraged governmentadministrations and forest researchbodies in these countries to developplantations with a view to enrichinglogged-over natural forests and subse-quently creating new forest areas.

Establishing arboreta

and plantations

First came the establishment ofarboreta, followed by restockingplantations of okoumé in Gabon andlimba in the Republic of the Congo.Teak and pine plantations were estab-lished in Cameroon, to supply thetimber processing industry. Fast-growing species, like eucalyptus andacacias, were also planted to supplypaper pulp industries, as inCameroon and the Republic of theCongo, as well as to supply polewoodand firewood for urban populations,as in the Democratic Republic of theCongo. Several hundred thousandhectares of plantations were thusestablished in the countries of theCongo Basin (Gabon, Cameroon,Republic of the Congo, DemocraticRepublic of the Congo and the CentralAfrican Republic).

While the management and protec-tion of natural forests are given prior-ity, severe budgetary constraints inthe relevant States coupled withreluctance on the part of interna-tional funding agencies for develop-ment have, in recent decades, signifi-cantly undermined efforts to developforest plantations in the countries ofthe Congo Basin, with the exceptionof eucalyptus plantations in theRepublic of the Congo.

New issues favouring plantations

In the last few years, newly emergingissues have renewed interest in forestplantations as integrated tools forforest developers and territorialdevelopment policy-makers. To maintain the production capacitiesof natural managed forests, theyrequire restoration efforts correspon-ding to the degree of human interven-tion and to the objectives defined.Artificial regeneration can be of sig-nificant help to foresters as a comple-ment to natural regeneration of valu-able forest species.The development of vast, sprawlingurban areas like Brazzaville, Kinshasaor Yaoundé has increased demand forfuelwood can no longer be met fromagricultural clearings or felling in nat-ural forests and therefore requiresforest or agroforest plantations.The potential role of forest planta-tions as carbon sinks could also addto their economic value in view of the“clean development mechanism” tobe implemented under the terms ofthe Kyoto Protocol.

Conditions for establishing

plantations

Because the establishment of forestplantations requires investmentsfrom the State, from companies orfrom populations to create forest cap-ital, they have to be a real source ofadded value for sustainable develop-ment in the countries concerned.Despite the controversies raised byvarious NGOs, forest plantations cancontribute effectively to social, eco-nomic and environmental develop-ment, as long as the required condi-tions are properly analysed and takeninto account.Together with new demand, the highlevel interest in the forests of theCongo Basin among internationaldevelopment agencies, which wasconfirmed at the JohannesburgSummit in 2002, is opening up oppor-tunities for enhancing the contribu-tion of forest plantations to sustain-able development in the countriesconcerned.