Nouvelles N° 2081

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Contre la haine pour les libertés Crédit Photo : Charles Plattiau / Reuters Jeudi 15 janvier 2015 - N° 2081 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Prix : 0,80 euro

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Nouvelles N° 2081 du 15 janv.

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Contre la hainepour les libertés

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Jeudi 15 janvier 2015 - N° 2081 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Prix : 0,80 euro

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2 • Les Nouvelles 15 janvier 2015

Le Parti communiste avait décidé de faire de la soirée traditionnelle des voeux du 12 janvier, un hommage à Charlie Hebdo et à son esprit, avec les familles de certains de ses caricaturistes. Pierre Laurent y a invité à « rester Charlie » en refusant l’union sacrée comme la guerre.

En présence des familles de Charb, Wolinski et Tignous, mais aussi de membres de l’équipe de Charlie Hebdo comme Patrick Pelloux, Pierre Laurent a salué avec les commu-nistes «des amis proches, des cama-rades de combat, qui donnaient souvent par leurs dessins bien plus de force que n’en sont capables nos discours».Les murs du Conseil national étaient couverts des toiles que Charb, Tignous, Coco avaient réalisées en direct au stand natio-nal des communistes de la Fête de l’Humanité 2013, avec Lar-don, Louison, Lulu Inthesky et Duchemin. Le secrétaire national du PCF s’est remémoré l’un ou l’autre de ces souvenirs : « Je n’oublierai aucune de nos rencontres, Charb, mon camarade. Surtout pas celle, traditionnelle, de la Fête de l’Hu-manité, où tu voulais toujours qu’on fasse une photo, toi le poing levé, à côté du chef du parti, ton «patron» me charriais-tu, histoire que personne n’oublie où était ton coeur de combat. »Et maintenant ?

Si le moment était au recueille-ment, il était aussi à la détermi-nation à « nourrir l’émotion de la réflexion ». « Ce n’est pas Charlie qui sentait le soufre, c’est notre monde. Ne regar-dons pas ce qui s’est passé comme un événement isolé », a invité Pierre Laurent, citant quelques épisodes marquants des quinze derniers jours : « Un grillage qui cerne un banc public »… Les « bateaux de mi-grants » laissés à l’abandon… « Le refus d’inhumer un bébé rom »… La « médiatisation à outrance du livre de Houellebecq »… Autant d’éléments de ce « climat nauséabond » duquel il faudrait « se désintoxiquer » en conjuguant dans « la République la liberté avec plus de fraternité et de justice sociale ». « Ce que nous visons, c’est une «unité nationale des

citoyens» ».Conforter l’élan citoyen

Au lendemain de « l’extraordi-naire riposte du peuple français » avec les marches de la semaine et du week-end dernier, il s’agit de « conforter cet élan, car l’attaque contre les libertés va reprendre très vite ».C’est cet élan populaire, entre « hommage », « attachement à la liberté de la presse » et « volonté de vivre ensemble », que le dirigeant communiste a tenu à saluer, car cette mobilisation « n’allait pas de soi » dans un contexte où « les déclarations racistes de responsables politiques se banalisent ». Loin des tentatives « d’ instru-mentalisation déjà à l’oeuvre », le message de Pierre Laurent a été clair : « Ce que nous visons, c’est une «unité nationale des citoyens» une affirmation populaire com-mune pour les libertés, contre la haine, la violence, les racismes et les discriminations, et non «une union sacrée des partis qui n’existe d’ailleurs pas» ». «Entre citoyens comme entre par-tis, nous voulons le libre débat démocratique, républicain. Ni l’union sacrée, ni la guerre.»Pierre Laurent a dénoncé « l’atti-tude déshonorante du Front natio-nal », l’ancien président UMP Nicolas Sarkozy entonnant le refrain de la « guerre de civili-sations » et le premier ministre Manuel Valls qui évoque de plateau télé en radio un « ennemi de l’ intérieur ».Rester Charlie

« Rester Charlie » demain comme aujourd’hui, c’est refuser « un Patriot Act dans lequel la Répu-blique perdrait son âme », c’est apporter « les moyens à la presse de résister à cette dicta-ture financière qui a démoli en quelques décen-nies nombre de titres de la presse française », c’est défendre « la culture contre les politiques d’aus-térité et contre le Medef » et « des services publics qui font eux aussi

le ciment de notre République », c’est « accueillir les étrangers menacés dans leurs pays en accor-dant le droit d’asile »…Alors que la marche de Paris a réuni des « chefs d’État dont la responsabilité dans l’engrenage des guerres et du choc des civilisations est évidente », et tandis que le débat à l’Assemblée nationale doit s’ouvrir sur la poursuite de l’intervention française en Irak, la question revêt également une dimension internationale.Choisir le chemin de la paix

« Oui, nous devons stopper la menace. Ici en France, en Europe, et au Proche-Orient. Il faut aussi pour cela que la France change de politique extérieure – car en s’arri-mant à l’Otan et aux États-Unis, en tergiversant devant les intérêts de puissances régionales comme le Qatar, l’Arabie saoudite, la Tur-quie et Israël, la France s’interdit de jouer le rôle qui devrait être le sien comme membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU », a-t-il déclaré.Un rôle qui commencerait par « reconnaître sans plus tarder l’État palestinien » ou encore, à propos de l’Irak, à contribuer à préparer « une conférence régionale sous l’égide de l’ONU ». L’enjeu est à cette hauteur, choisir le chemin de la paix ou de la guerre. « Dire que la France est confrontée à une guerre est extrê-mement dangereux. C’est volon-tairement s’enfermer dans le piège tendu par les intégristes », a estimé Pierre Laurent. « Eux veulent l’affrontement, nous voulons une société de liberté, de progrès, de paix. »

NOUS SOMMES TOUS CHARLIE

PCF. SOIRÉE DE PAIX ET DE FRATERNITÉ

« Contre la haine, nous visons l’unité populaire pour les libertés »

À BORDEAUX

Mercredi 7 janvier C’est la liberté qu’on assassine

5000 Bordelais-es se sont rassemblés sur le parvis des Droits de l’Homme à partir de 17h, à l’appel du Club de la Presse relayé par SMS et internet.

Des rassemblements pour une minute de silence se sont tenus devant des commissariats à l’initiative d’Alliance Police nationale.

Jeudi 8 janvier Recueillement en FranceDans le journée, des milliers de personnes se sont rassemblées devant les mairies dans toute la France pour un hommage silencieux.

Vendredi 9 janvierTous unis contre le fanatisme

Un millier de personnes ont marché en silence derrière cette bannière unique. Ils ont répondu à l’appel des représentants des confessions musulmane, chrétienne, juive, protestante et bouddhiste. Dans une déclaration commune, les représentants des cultes religieux ont affirmé leur attachement aux valeurs républicaines de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité.

Un rassemblement à la mosquée, depuis St Michel, suivi d’une manifestation dans les rues de Bordeaux avec arrêt et recueillement devant la synagogue, le temple et la cathé- drale a réuni croyants et non croyants. La manifestation s’est achevée dans la cour de la mairie.

UL CGT BÈGLES

Nous sommes Charlie et aussi Frédéric«Frédéric Boisseau, agent de maintenance de la société Sodexo depuis 15 ans, travaillait pour le compte de la Régie Immobilière de la ville de Paris (RIVP), client de Sodexo. Le 7 janvier au matin, ce chef d’équipe de 42 ans, père de deux enfants de 10 et 12 ans, se trouvait dans le hall d’entrée du journal satirique pour effectuer des travaux de maintenance du bâtiment quand il a été tué par des criminels, et il était mon collègue. Je suis écœuré par la bêtise des hommes.» 

Christophe Latorre

Dimanche 11 janvierNous sommes tous des Charlie. 270 000 en Aquitaine, 4 millions en France, des millions dans le monde.

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ÉVÉNEMENT EditorialIl serait tempsBeaucoup de paroles ont été dites, ont circulé, de toute nature et de toutes les ma-nières, du meilleur jusqu’à l’odieux parfois… Mais majoritairement les paroles d’effroi, de colère, de chagrin, les rassemblements en conscience de la nécessaire dignité, la volonté de ne pas céder à la terreur, l’ont emporté sur les petits calculs qui ne gran-dissent pas ceux qui les osent.

Après les drames successifs de l’attentat et de la prise d’otages, après le temps de l’horreur, après l’émotion doit venir la raison, la lucidité. Et bien prétentieux serait celui ou celle qui en quelques mots dirait tout ce que recouvre les millions de «Je suis Charlie», affichés ou pas, qui se sont levés lors de ces derniers jours, en France et dans le monde.

Un de nos bistrotiers, bien aimé à Bègles, a eu ce réflexe d’ouvrir ce dimanche 11 janvier un espace d’expression, après le rassem-blement bordelais. Merci à Fred, ancien journaliste satirique, d’avoir permis que nous échangions nos pensées sainement contradictoires.

Il sera bien nécessaire de poursuivre, les uns et les autres, au plus près de nos concitoyens, l’expression et la lutte pour faire grandir la résistance à la haine, à tous les fanatismes, et reconstruire une nouvelle République au service de tous, de liberté, d’égalité et de fraternité.

Car comme le souligne Patrick Apel-Muller dans «l’Humanité» spéciale de lundi 12 jan-vier, «désormais, les grands sujets sont sur la table» et «la République doit s’établir sur des faits, des actes, et non seulement sur un triptyque gravé sur ses frontons. Elle ne sera solide qu’à la condition que cessent les dis-criminations, les suspicions, les relégations, les misères, les inégalités.»

La France doit jouer tout son rôle dans le monde pour bannir les dominations et les interventions impérialistes qui ont semé les germes du terrorisme, celles d’Irak et de Libye notamment.

La France doit montrer la voie de l’espoir en arrêtant de se coucher devant la domination financière qui ravage l’immense majorité de notre peuple, de résignations en humiliations, en particulier nos jeunes.

Il serait temps, disions-nous «avant» et nous le répétons «après», d’écouter et d’entendre les multiples voix de la raison, progressistes populaire, pour que l’Education, la justice sociale éradiquent les inégalités. C’est d’abord cela le «vivre ensemble», apprendre et comprendre, contre l’obscurantisme.

Et rire ensemble, aussi… comme l’ont fait et nous ont fait les des-sinateurs de Charlie Hebdo.

Christine TexierMembre du Comité exécutif

du PCF 33

MESSAGE DE PIERRE LAURENT, SECRÉTAIRE NATIONAL DU PCF

Marchons dans la dignité et la clarté, pour l’honneur de toutes les victimes

DIMANCHE À BORDEAUX

«Après la terrible semaine que la France vient de vivre, avec dix sept morts qui ont frappé l’équipe de Charlie Hebdo, les forces de police et la communauté juive, des mil-lions de Français s’apprêtent à manifester, dimanche à Paris et ce week-end dans toute la France, leur hommage aux vic-times et leur attachement à la liberté d’expression, à la laïcité, aux valeurs de la République, liberté, égalité, fraternité.

Tout au long de la semaine déjà, la réaction de centaines de milliers de nos concitoyens de toutes convictions et de toutes confessions a été d’une extrême dignité. J’appelle au nom du Parti com-muniste français l’ensemble des communistes du pays à partici-per à ces marches et à déployer toute leur énergie pour qu’elles

se déroulent dans l’unité la plus large, en permettant à tous les citoyens d’y trouver leur place, et la clarté de leurs objectifs. Les marches républicaines annoncées sont des marches citoyennes qui doivent marquer l’attachement des forces vives de notre pays au vivre ensemble, et le refus de toutes les haines, vio-lences, racismes, discriminations et stigmatisations. Les communistes marcheront en l’honneur des valeurs qui ani-maient nos amis et camarades de Charlie Hebdo dont l’équipe et les familles ouvriront la marche de dimanche à Paris. Rien, aucune opération politicienne, ne nous détournera de l’hommage que nous voulons rendre à toutes les victimes et de la force qu’il convient de donner au message de fraternité républicaine qui nous anime.

Loin de toutes les instrumenta-lisations qui pointent déjà, pour attiser de nouveau les haines, pour masquer les responsabilités qui conduisent le monde vers l’aggravation de toutes les ten-sions, pour justifier l’amplifica-tion de guerres ou de prétendues réponses au terrorisme qui n’ont fait que prouver leur échec dans la dernière décennie, les commu-nistes travailleront sans relâche à l’unité du peuple français pour des réponses de sécurité dans la justice, de vivre ensemble dans le respect de la liberté de conscience ou d’opinion pour chacun, des réponses de paix et de solidarité entre les peuples. Samedi et dimanche dans toute la France, nous sommes tous Charlie.»

Paris, le 10 janvier 2015

Crédit photo : Martin Argyroglo

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4 • Les Nouvelles 15 janvier 2015

LA PEINE ET LE DÉSARROI…

Luz dessine à Cha rl ie Hebdo depuis vingt ans. Il participe à la fabrication du numéro du 14 janvier, qui sera exceptionnellement tiré à un million d’exemplaires. Avec d’autres dessinateurs, il ira croquer le grand ras-semblement républicain de dimanche. Au lendemain de l’attaque terroriste qui a coûté la vie à ses amis, ses mentors, sa famille, Luz nous confie ses doutes, ses craintes et sa colère. Dévasté par le chagrin, il s’interroge sur la possibilité de dessiner encore après ce terrible 7 janvier 2015 et livre un témoignage à contre-cou-rant. (extraits)

« On doit porter une respon-sabilité symbolique qui n’est pas inscrite dans le dessin de Charlie. A la différence des anglo-saxons ou de Plantu, Charlie se bat contre le sym-bolisme. Les colombes de la paix et autres métaphores du monde en guerre, ce n’est pas notre truc. On travaille sur des points de détails, des points précis liés à l’humour français, à nos analyses de petits Français.» (…)

«Parfois c’est raté, parfois c’est juste beau. Charlie est la somme de personnes très différentes les unes des autres qui font des petits dessins. La nature du dessin changeait en fonction de la patte de son dessinateur, de son style, de son passé politique pour les

uns, ou artistique pour les autres.» (…)«Au final, la charge sym-bolique actuelle est tout ce contre quoi Charlie a toujours travaillé : détruire les sym-boles, faire tomber les tabous, mettre à plat les fantasmes. C’est formidable que les gens nous soutiennent mais on est dans un contre-sens de ce que sont les dessins de Charlie.»Etendards de l’unité natio-nale ?

«Cet unanimisme est utile à Hollande pour ressouder la nation. Il est utile à Marine Le Pen pour demander la peine de mort. Le symbolisme au sens large, tout le monde peut en faire n’importe quoi. Même Poutine pourrait être d’accord avec une colombe de la paix. Or, précisément, les dessins de Charlie, tu ne pouvais pas en faire n’importe quoi. Quand on se moque avec précision des obscurantismes, quand on ridiculise des attitudes politiques, on n’est pas dans le symbole. Charb, que je consi-dère comme le Reiser de la fin du XXe siècle et du début du XXIe, parlait de la société. Il dessinait ce qu’il y avait sous le vernis, des gens avec un gros nez, un peu moches. Là, on est sous une énorme chape de vernis et ça va être difficile pour moi.»«Est-ce vraiment le moment de faire Charlie alors qu’on est dans l’émotion ? de le faire

vite pour répondre à la sym-bolique de l’attentat ? Ce sont des questions que je pose.» (…) «Et après ça, comment dessiner dans ce cadre-là. Dans ce Charlie fantasmé qui nous submerge.Comment continuer Char-lie Hebdo ?

«La suite va être compli-quée, pour toutes les raisons que je viens de te donner et parce qu’on va être obligé de travailler sans les personna-lités graphiques, politiques, éthiques et militantes de Charb, Tignous, Honoré et de tous les autres. Dans les moments difficiles où nous étions piégés par le fantasme de l’irresponsabilité, on s’en répartissait la charge. (…) Des gens nous proposent des dessins gratos. Mais est-ce qu’ils seront dans l’esprit Charlie ? L’esprit actuel existe depuis 22 ans. Ce journal existe grâce à la somme de ses personnalités.»As-tu toujours pensé qu’il fallait caricaturer le pro-phète ou, à un moment, as-tu eu le sentiment qu’un piège était en train de se refermer sur vous ?

«Ce qui est marrant, c’est qu’on a continué à caricaturer Mahomet après 2007. Après la triple polémique 2007, 2011, 2012, Charb et Zineb El-Rhazoui ont même publié La vie de Mahomet en deux tomes. Cela n’a fait aucun bruit. On avait gagné… Charb estimait qu’on pou-vait continuer à faire tomber les tabous et les symboles. Sauf qu’aujourd’hui, nous sommes le symbole. Com-ment détruire un symbole qui est soi-même ? Je ne trouverai pas la réponse cette semaine et je ne suis pas sûr de la trouver un jour. (…)»J’imagine que tu veux cro-quer le rassemblement de demain à cause de ce genre de considération ?

«Je ne sais pas ce que ça va donner… Il y aura certaine-

ment des belles choses, des pleurs, des joies et peut-être des absurdités. En même temps, cela montrera le chan-gement de nature de Charlie : ces gens qui nous soutiennent maintenant qu’on est mort, qui ne nous ont pas toujours lus, pas toujours suivis. Je ne leur en veux pas. On n’était pas là pour convaincre l’en-semble de la population.»En novembre dern ier, Charb avait lancé un appel à souscription pour sauver Charlie. Vous étiez bien seuls…

«On était tout seuls depuis un petit moment. Depuis la troi-sième affaire liée à Mahomet. Toutes ces histoires ont créé tellement de fantasmes sur la dangerosité de l’athéisme de Charlie. Tous ceux qui sont morts étaient juste de joyeux incroyants. Et là, ils sont nulle part. Comme tout le monde.»Qu’est ce que tu penses du fait que Manuel Valls n’a pas convié Marine Le Pen au «rassemblement répu-blicain» ?

«Je m’en branle.»Est ce que tu as l’impression qu’on essaie de récupérer Charlie ?

«Honnêtement, qu’est ce que tu veux récupérer ? Après, il y a ce grand élan. Mais dans un an, que restera-t-il de ce grand élan plutôt progressiste sur la liberté d’expression ? Est ce qu’il va y avoir des aides à la presse particulières ? Est ce que des gens vont s’opposer à la fermeture des journaux ? Des kiosques ? Est ce que les gens vont acheter des jour-naux ? Que restera-t-il de cet élan ? Peut-être quelque chose. Mais peut-être rien.»Comment allez vous tra-vailler ?

«Notre boulot de dessinateur est de mettre le petit bon-homme au coeur du dessin, de traduire l’idée qu’on est tous des petits bonhommes et qu’on essaie de se démerder

avec ça. C’est ça le dessin. Ceux qu’on a tué étaient juste des gens qui dessinaient des bonhommes. Et aussi des bonnes-femmes.»Et c’est beaucoup demander à des petits bonhommes de sauver la République ?

«Exactement.»Propos recueillis par

Anne Laffeter.

LUZ

Dessinateur de l’hebdo, Luz livrait son désarroi dans «les inRocks», à la veille du rassemblement du 11 janvier

HUMOUR 100% POTACHE

Lors de la marche républi-caine, Luz et ses comparses en ont donné la meilleure preuve, que n’auraient pas re-niée Charb, Wolinski et autre Cabu. François Hollande vient de discuter quelques secondes avec Luz, le dessina-teur qui reprend le flambeau de l’hebdomadaire satirique. Puis, il étreint dans un grand moment d’émotion Patrick Pelloux, le médecin urgentiste habitué de Charlie Hebdo, arrivé en premier sur les lieux du drame.Quand soudain, on souffle quelques mots dans l’oreille de Luz. Le dessinateur ne contient pas son fou rire, comme les autres à sa gauche qui tentent de contenir leur rire. Pourquoi ? Un guano* vient d’atterrir sur la manche du président de la République. Et, forcément, plus l’accolade est longue, plus l’envie de rire est irrépressible. Il fallait vraiment une bonne blague pour que l’hommage soit à la hauteur. * caca d’oiseau

Lu dans «Le Huffington Post»

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Les Nouvelles 15 janvier 2015 • 5

Chers amis, chers citoyens,

L es orga nisat ions qu i appellent à cette grande manifestation républicaine unitaire après la terrible semaine que nous venons de vivre, m’ont demandé de m’exprimer au nom de tous, en tant que président du Club de la Presse de Bordeaux. J’en mesure la responsabilité. Car nous venons de vivre l’une des pages les plus terribles de l ’histoire de notre pays depuis plusieurs dizaines d’années.

A Paris, la présence de tant de chefs d’Etat autour du Président de la République montre l’importance de l’en-jeu et la gravité de l’instant.Nous sommes tous Charlie. Nous sommes tous carica-turistes, journalistes, nous sommes tous policiers, nous sommes tous agents d’entre-tien, nous sommes tous juifs, nous sommes tous musul-mans, nous sommes tous chrétiens, nous sommes tous libres penseurs !Nous sommes ici des dizaines de milliers, et nous sommes tous là pour dire non, pour refuser la haine meurtrière. Nous sommes tous là pour enrayer l’engrenage fou de l’amalgame, enrayer l’engre-nage de la haine qui répond à la haine, enrayer l’engrenage de la violence qui répond à la violence, enrayer l’engrenage de l’intolérance qui répond à l’intolérance, enrayer l’engre-nage du racisme et de l’anti-sémitisme.Nous sommes tous là pour dire notre chagrin immense, nous sommes tous là pour dire notre colère devant les fanatismes qui mènent à la destruction. Nous sommes tous là pour dire notre unité, nous sommes tous là pour

dire notre attachement aux valeurs fondamentales qui font la force et la beauté de notre pays, de notre Répu-blique: Liberté, égalité, fra-ternité, laïcité et tolérance. Nous le disons ici au pied de la colonne des Girondins, avec au-dessus de nous le Génie ailé de la Liberté qui brise ses chaînes.17 Morts, 66 millions de blessés. Des scènes de guerre en plein Paris, des scènes de guerre à Dammartin en Goële. Les symboles attaqués. En tuant Charb, Wolinski, Cabu, Tignous, Honoré, Elsa Cayat, Bernard Maris, en tuant symboliquement Charlie, ils ont voulu tuer : la liberté d’opinion, ils ont voulu tuer la liberté d’infor-mer, la liberté d’expression, ils ont voulu tuer la liberté de la presse. Ils ont voulu tuer le rire, ils ont voulu assassiner la liberté.Ces barbares ont aussi voulu tuer la sécurité en abattant lâchement, froidement des policiers. Ils ont tué un poli-cier musulman et une poli-cière municipale noire. Ils ont tué de simples parisiens qui allaient faire leurs courses dans un magasin casher parce qu’ils étaient juifs. Et ils ont prétendu le faire au nom de Mahomet.Mais l’Islam est une religion de paix et de tolérance. Et les musulmans sont leurs plus nombreuses victimes, en Afrique ou au Moyen-Orient, comme au Nigeria encore hier.Les musulmans sont et se-ront aussi leurs victimes en France si nous nous laissons aller à l’amalgame. Trop de mosquées ont déjà été prises pour cibles depuis trois jours. Ne laissons-pas ce piège se refermer. Souvenons-nous aussi que Lassana, musulman

malien, a aidé les otages de l’épicerie casher ! Retrou-vons les chemins du vivre ensemble !La manifestation intercul-tuelle de jeudi à Bordeaux, partie de la mosquée pour rejoindre la synagogue, puis le temple et la cathédrale et enfin l’hôtel de ville, montre la voie du dialogue et du res-pect mutuel.Souvenons-nous qu’il y a un siècle, en 1914, les soldats africains et maghrébins sont venus défendre la France, comme ils sont venus la dé-fendre contre le nazisme. Souvenons-nous des horreurs engendrées par les nationa-lismes, les racismes et l’anti-sémitisme. Souvenons-nous qu’il y a 71 ans, le 10 janvier 44, 335 juifs ont été arrêtés à Bordeaux, puis déportés vers les camps nazis. Ne lais-sons pas se réveiller la bête immonde. Ne laissons pas ressurgir les guerres de reli-gions venues du fond des âges.Heureusement le peuple de France se lève. Heureusement nous sommes là pour dire non, nous sommes-là pour dire plus jamais ça. Nous sommes tous Charlie, Charlie n’est pas mort, les survivants ont repris le flambeau et la liberté est debout.Rappelons-nous cette phrase de Martin Luther King. “Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mou-rir tous ensemble comme des idiots.” N’oublions pas que nous sommes tous des êtres humains, que nous sommes tous frères en humanité.Nous avons tous la respon-sabilité, et particulièrement les élus et l’Etat, de faire vivre vraiment, concrètement, et pas seulement par des incantations les valeurs de la

République. Il faut redonner de l’espoir. La République doit être là pour chacun et ne laisser personne aux mains des extrémistes.Défendons la liberté de la presse, la liberté d’expres-sion. Remercions les forces de l’ordre qui ont su réagir et mettre fin, avec courage et détermination, à ces deux prises d’otages simultanées.La France va sans doute affronter un long combat contre un ennemi sans visage. Notre meilleure arme est sûrement l’unité, la belle unité citoyenne d’aujourd’hui, un rassemblement républicain qui devra durer bien au-delà d’aujourd’hui. N’oublions

pas non plus d’aller défendre notre démocratie en refusant l’abstention dans les urnes.Je terminerai en citant une très belle phrase d’un texte en-voyé au Club de la presse par un lycéen de 15 ans: soyons l’armée de l’amour contre l’armée de la haine.Nous sommes tous Char-lie. Non à la haine ! Vive la France, vive le peuple de France, vive la République.Je vous propose une minute de silence avant de démarrer le parcours. Une minute de silence en nous donnant la main…. Nous sommes tous Charlie.

Pierre Sauvey

DIMANCHE 11 JANVIER

Discours de la manifestation bordelaise « Nous sommes Charlie »

140 000 à Bordeaux

Le numéro 1178, a été tiré à 3 millions d’exemplaires, contre 60 000 habituellement, et vendu dans 25 pays.

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6 • Les Nouvelles 15 janvier 2015

INTERNATIONAL

SOLIDARITÉ

Un grand hommage de Gaza la détruite aux victimes de cet acte barbare

ONU

Le secrétaire général accepte la demande d’adhésion des Pales-tiniens à la Cour Pénale Interna-tionale

Qu’ont-ils fait pour éradiquer la Bête  ? Par Jean Ortiz

«Nous condamnons à Gaza en Palestine avec toute fermeté l’attaque meurtrière contre Charlie Hebdo.

La Palestine qui souffre du terro-risme de l’état d’Israël dénonce cet acte criminel contre les jour-nalistes français. Gaza qui subit des agressions permanentes de l’armée israélienne condamne cette attaque armée contre un organe de presse en France.Malgré notre souffrance en Palestine, nous pensons aux fa-milles de ces victimes tombées ce mercredi, tuées par des criminels.Un grand hommage de Gaza la

détruite aux victimes de cet acte barbareToutes nos condoléances aux fa-milles endeuillées. Pour la liberté, contre la haine, en solidarité devant cette tragédie avec tous les Français qui sont de plus en plus nombreux à être solidaires de notre cause noble.»

Ziad MedoukhDirecteur du département de

français à l’université de Gaza, Ecrivain, Coordinateur du

«Centre de la Paix de Gaza». Initiateur du programme de

soutien psychologique pour les enfants de Gaza

«Ces palestiniens privés de parole et de liberté, humiliés, massacrés manifesteront donc avec moi cet après-midi à Bordeaux…» Michel Hilaire, le 11 janvier 2015.

Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies a accepté la demande des Palesti-niens d’adhérer à la CPI, a indi-qué le 7 janvier le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric. Cette décision va permettre à la CPI d’enquêter à partir du 1er avril sur les allégations de crimes commis dans les Terri-toires palestiniens.

L’objectif de la démarche d’adhé-sion palestinienne, entamée le 2 janvier aux Nations unies, est de pouvoir demander des comptes devant cette cour aux dirigeants israéliens pour des opérations militaires futures à Gaza ou pour l’occupation par Israël des terri-toires palestiniens. Cette initia-tive s’inscrit dans le cadre d’une offensive diplomatique menée à l’ONU par les Palestiniens.

Ceux-ci entendent de nouveau soumettre au Conseil de sécurité dans les prochaines semaines un projet de résolution, rejeté la semaine précédente à New York.

En rétorsion, Israël avait gelé le versement de 106 millions d’euros de taxes collectées pour le compte de l’Autorité palesti-nienne. Washington avait aussi dénoncé la démarche palesti-nienne, la qualifiant d’»escalade contre-productive» qui «alourdit le climat» avec Israël.

Le 1er janvier, l’Autorité palesti-nienne avait reconnu la compé-tence de la CPI pour des crimes présumés commis à partir du 13 juin 2014, date à laquelle Israël a lancé une vaste campagne d’arrestations suivie de la guerre à Gaza.

«J’ai du mal à concevoir que des hommes aient pu à ce point s’aliéner, s’avilir, se fa-natiser, se laisser manipuler, s’animaliser, pour produire une telle barbarie.

Je suis en deuil. Le crime de ces assassins vise notre République, celle des Lumières, du contrat social, des droits de l’homme, de l’égalité entre eux, de la liberté pleine et entière... (…)

Oui, je crois à la nécessaire, à l’urgente unité populaire et républicaine, mais avec tous les Républicains sincères, tous ceux qui partagent ces valeur de base, la tolérance, l’ouverture à l’autre, la justice sociale, le débat sans corsets, la liberté sans demi-mesure, et notam-ment celle des médias ; oui, je crois à l’unité avec tous ceux qui défendent le pluralisme de l’information... pas avec les hypocrites qui pleurent aujourd’hui sur la République menacée et qui n’ont cessé d’attiser les haines raciales, les vieilles peurs, de stigmatiser l’autre, de détruire toute espé-rance progressiste...

Qu’ont-ils fait pour éradiquer la Bête ?

Que viennent-ils pleurnicher aujourd’hui sur la liberté de la presse alors que Charlie Hebdo était sur le point de déposer le bilan, que le pouvoir rend chaque jour la vie plus difficile, par des dispositions mortifères à « l’Humanité », au « Monde

Diplomatique » ? De quelle liberté d’information parle-t-on ? De celle sous la coupe des marchands d’armes, des bétonneurs, des chiens de garde de l’oligarchie, du latifundium médiatique désinformateur, de la pensée unique et cynique.Oui, je crois à l’unité populaire et républicaine face à la bar-barie, mais avec tous ceux qui consacrent beaucoup d’énergie à solidariser, à « faire pays » quand les autres l’atomisent, le livrent à la guerre de tous contre tous, le blessent, le défigurent, en font une jungle. (…)Alors, oui, je manifesterai, le cœur et la colère gros, mais en prenant soin d’éviter les infré-quentables. Je ne veux pas, je le redis, partager ce deuil et cette douleur avec eux.

L’intégralité sur :http://www.humanite.fr/blogs/charlie-hebdo-je-ne-veux-pas-partager-mon-deuil-et-ma-douleur-avec-eux-562283Marche de ce dimanche : une provocation absolue«On annonce ce soir la présence du massacreur de Gaza, le cri-minel de guerre Netanyahou. Si cela est vrai, c’est une pro-vocation absolue, irresponsable, anti-laïque, anti-républicaine, anti droits de l’homme, anti-

démocratique, nauséabonde, avec du sang sur les mains. Une provocation absolue.

Comment peut-on manifester pour défendre la République, aux côtés du néo-franquiste Mariano Rajoy, qui combat en Espagne le rétablissement de la République, qui fait une loi pour criminaliser les mou-vements sociaux, qui s’accom-mode de 130 000 Républicains « disparus » dans des fosses communes, qui subventionne le parc thématique fasciste du « Valle de los Caidos » (Patrimonio real), qui s’en prend aux droits des femmes, qui contraint près de 50% des jeunes diplômés au chômage et à l’exil ? Lui offrir un vernis de défenseur de la démocratie, à quelques mois d’élections générales, où la gauche de gauche (Podemos, Izquierda Unida...) peut gagner, ce n’est pas aider l’alternative possible. Quant à la présence de Merkel, Cameron, Renzi, des sabreurs de l ’Union Européenne, il faudra se boucher le nez et les oreilles. Oui, il y a « hold-up » sur l’indignation populaire contre la haine, la violence, l’intolérance...

L’intégralité sur : http://www.legrandsoir.info/marche-de-ce-dimanche-une-provocation-absolue.html

…ET LA COLÈRE AUSSI

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Les Nouvelles 15 janvier 2015 • 7

VOEUX DU PCF MÉRIGNAC

« Nous pouvons… parce que c’est citoyennement possible ! »Samedi 23 janvier, 18h, au siège du PCF de Mérignac, rue de BelfortLes communistes, les élus communistes et républicains de Mérignac vous invitent à la présentation de leurs voeux : un moment d’espoir et de volonté de rassem-blement pour changer de politique. Cela sera possible si nous inventons, ensemble, de nouvelles pratiques politiques et militantes. Ces voeux seront l’occasion de lancer les bases du rassemblement citoyen avec la pré-sentation des candidats aux élections départementales.

LE PORGE

Espace citoyenVendredi 16 janvier, 18h, salle de la mairie annexesuivi d’une galette républicaine«Je donne mon avis sur l’avenir de ma commune» : les citoyens sont invités à s’informer et à donner leur avis sur le Plan Local d’Urbanisme (PLU), avec la participation de Segundo Cimbron, maire de St Yzans de Médoc, président du SCOT «Médoc 2033» qui inclut la Médul-lienne.

LA RÉOLE MONSÉGUR

Assemblée CitoyenneVendredi 16 janvier, 20h30, à la RéoleThème : «Travail et Droit du Travail»

Une proposition de loi visant à « donner quelques moyens supplémentaires de défense de pluralisme de la presse écrite » va être déposée au Sénat par le groupe CRC ces prochains jours.

Déjà proposé sous forme d’amendement au Code géné-ral des impôts, dans le cadre de la loi de finances 2015, il a été rejeté au prétexte qu’il existe d’autres dispositifs d’aide à la presse pour que vive le plura-lisme. Pierre Laurent, en tant que sénateur de Paris, a décidé de le proposer à nouveau sous forme de proposition de loi.

Ces dernières années, Charb a essayé de trouver, tous azimuts, les moyens de faire vivre, ou survivre, Charlie Hebdo. Sur la dernière Fête de l’Humanité, en septembre 2014, il avait deman-

dé à Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, de l’aider dans sa démarche.

Les deux hommes se connais-saient de longue date : Charb dessinait pour l’Humanité et l’Humanité Dimanche de-puis fort longtemps, et Pierre Laurent a été directeur de la rédaction du quotidien jusqu’en 2009. Il a pris le dessinateur au mot, une première fois, en pro-posant ce fameux amendement. Après l’échec de cette tentative, il aurait dû revoir Charb cou-rant janvier.

Ces derniers jours, il en a été question avec le dessinateur Luz avec l’idée de passer à nouveau cet amendement, renommé « amendement Charb ».

Possible en aménageant la loi existante. Il permettrait d’exo-

nérer en partie les dons réalisés au terme de souscriptions, « à travers un fonds de dotation dont la gestion est désintéres-sée », aux entreprises de presse de moins de cinquante per-sonnes « dûment inscrites, au-près de la Commission paritaire des publications d’information générale et politique, en qualité de publications d’information générale et politique ». Il existe déjà une réduction d’impôts, de l’ordre de 66 %, pour les dons effectués auprès des journaux. En abaissant le seuil du nombre de salariés, l’amendement permettait et permettra peut-être à de plus petites structures, comme Char-lie Hebdo, d’en bénéficier. Pour l’heure, Charlie Hebdo n’a eu droit, malgré sa situation cri-tique, à aucune aide à la presse avant le drame.

Pierre Gorse, secrétaire de la section de Talence du PCF, avait écrit à la direction de La Poste en novembre. Pas de suite… Les communistes de Talence interpellent de nou-veau la Direction de la Poste :

«Comment se fait-il que le Bureau de poste de Talence-Thouars, victime d’un braquage le samedi 15 novembre soit tou-jours fermé, qu’aucune date de

réouverture ne soit annoncée ?

Cela prive les habitants de ce quartier populaire d’un service public de proximité. Cette fermeture s’ajoute à celles des bureaux de Poste de proximité Robespierre et Santillane.

Talence, une ville de plus de 40 000 habitants, n’a plus qu’un Bureau de poste, largement saturé !

Nous demandons que le bureau de poste de Thouars rouvre le plus rapidement possible, dans des locaux sécurisés, avec des amplitudes horaires nécessaires.

La proposition de la direction de la Poste de réduire l’ouverture du bureau à une demi-journée est inacceptable ! Ce drame ne doit pas servir de prétexte à une dégradation supplémentaire du service public de la Poste.»

Pour nous permettre de t’envoyer des informations sur notre organisation, un mot de remer-ciement et pour pouvoir partager les expériences de nos camarades, nous souhaiterions que tu accompagnes ton enveloppe de ce bordereau.

Pour aider les JC à partir, je donne ............... €

Nom-Prénom ...................................................................................................................

Adresse ...........................................................................................................................

Code postal ...................... Ville ....................................................................................

Tel ................................................... Mail ........................................................................

Enveloppe à renvoyer à : MJCF33 - 15-17 rue Furtado - 33800 BORDEAUX

ESPACE CITOYEN

AGENDAACTUALITÉ

MJCF 33Camarades,Le Mouvement des jeunes com-munistes de Gironde construit une alternative à l’austérité au quotidien. Le congrès national de décembre auquel 12 délégués girondins ont participé nous a permis de fixer des objectifs am-

bitieux pour notre organisation. Nous participerons également cette année à des voyages de soli-darités, notamment en Palestine.Afin de financer nos activités politiques, nous vous invitons à remplir le coupon ci-joint et à nous le renvoyer

BORDEAUX. La cellule Louis Boria a la douleur de faire part du décès de Jeanine Evrard. Militante infatigable au grand coeur, elle a été syn-dicaliste à la SAFT (LSR). Elle était déléguée de la CNL et les habitants de notre quartier regretteront son dévouement sans faille. Elle était d’une aide précieuse à notre cellule. Elle va nous manquer. La cellule fera un don à la recherche contre le cancer. Les communistes présentent leurs sincères condoléances à sa fille Brigitte et à toute sa famille.

Carnet

LANDES GIRONDES. Notre camarade Suzette Laulan nous a quittés le 7 janvier. Ses obsèques ont eu lieu le 14 janvier à Montussan puis au cimetière d’Aillas. Les communistes girondins s’associent à l’hommage de ses camarades et assurent à sa famille leur profonde amitié dans leur peine.

DES MOYENS POUR LA PRESSE

« Amendement Charb »

SECTION DE TALENCE

40 000 habitants : un seul bureau de poste !

Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF Gironde, avec des responsables et élus communistes, lors de la marche du vendredi 9 janvier.

L’Humanité Numéro du dimanche 11 janvier 2015, disponible en version numérique sur : http://boutique.humanite.fr/

1€ reversé à Charlie Hebdo

Espaces MarxRendez-vous de janvier• Mardi 20 janvier, 20h, Projection-Débat autour du film « Sud Eau Nord Déplacer » en préambule des 12èmes rencontres Utopia-Espaces Marx • Mercredi 21 janvier et le 18 février 12h15, Bureau d’Espaces Marx, Bistrot des bouchons à Talence• Lundi 26 janvier et le 23 février, 19h, Bistrot politique d’Espaces Marx : « Face à la haine et au fascisme, la marche du peuple pour l’espoir », Bistrot des bouchons à Talence

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8 • Les Nouvelles 15 janvier 2015

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 eurosAssociés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. LabordeDirecteur de la publication : Frédéric MellierAbonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 eurosRédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest15, rue Furtado - 33800 BORDEAUXTél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : [email protected]é : [email protected] - Redaction/Proposition d’article : [email protected] paritaire de presse : 0113 C 85932

CULTURE & SOLIDARITÉ

ANNONCES LÉGALES

Avis est donné de la constitution d’une société en date du 02/01/2015 dont les caractéristiques sont les suivantes Dénomination : AAEB DEVELOPPEMENTForme : SASUSiège social : 9 avenue de la Madeleine 33170 GradignanCapital : 200 euroObjet social : Conseil en entreprise et toutes activités complémentairesDurée : 99 ansApport en numéraire : 200 eurosPrésident : M. Eric BRETON, demeu-rant 8 rue Blaise Pascal 33600 PESSAC

Immatriculation au RCS de Bordeaux en cours

AVIS DE CONSTITION

CHRONIQUENOUVELLES IDÉES REÇUESpar Gérard Loustalet Sens

Il faut dire clairement quel est l’objectif de l’offensive patro-nale qui se déchaîne depuis plusieurs mois : un renforce-ment de l’exploitation de la force de travail. Il se trouve que le pouvoir politique en place, que l’on n’ose même plus dire social-libéral, prête une oreille attentive et complaisante aux moindres revendications du patronat lequel n’a qu’à claquer des doigts pour obtenir ce qu’il veut. Après les cadeaux fiscaux et les subventions à perte, voici le moment des bontés législatives dont la loi Macron n’est qu’un avant-goût. La surexploitation que vise le capital exige de mettre à mal l’ensemble des protections des salariés que synthétise ce que les économistes distingués appellent avec dédain notre « modèle social ».

Comme le remarque Pascal Lokiec, professeur de droit à Paris-Ouest Nanterre, la loi Macron « poursuit une volonté pleinement assumée par le gouvernement de réduire les protections que le droit du travail a forgées au fil des années  » (l’Humanité, 18.12.2014). Il y a là une attaque d’ampleur inédite qui touche au plan anthropologico-poli-tique par sa mise en cause du contrat tacite par lequel l’Etat, après tant de luttes syndicales et sociales, garantissait un minimum de limites légales à l’exploitation capitaliste. On oublie toujours que le principe du salariat met le salarié dans une dépendance totale vis à vis du patron et que celui-ci sera naturellement conduit à en tirer le maximum si aucune borne ne lui est mise. Ainsi que le conclut Pascal Lokiec, « il n’est pas inutile de rappeler que la protection n’est que la contrepartie de la subordination inhérente au travail salarié et qu’elle ne saurait être bradée pour une finalité qui n’est pas la sienne (ici la soi-disant création d’emplois, GLS). A ce compte, pourquoi ne pas simplement brûler le Code du travail ». Beaucoup y pensent déjà. Tenez, comme ce M. Gilbert Cette, économiste bien en cour, qui préconise de « refonder le droit social » en « permettant à des accords col-lectifs entre partenaires sociaux de pouvoir déroger à toutes les dispositions du Code du travail »… C’est-à-dire de les supprimer… « Dans les limites de l’ordre public », ajoute-t-il avec humanité et dans « le respect de la santé, de la dignité et de la vie privée du travailleur » (le Monde,15.10.2014). M. Cette est trop bon…

L’attitude du patronat face à la mise en place du « compte pénibilité » est ici particulièrement révélatrice. On sait que ce compte est une des deux ou trois mesures concédées à la CFDT pour que celle-ci puisse justifier sa signature de l’accord scélérat dit ANI dont le but essentiel est la facilitation des licenciements, obsession patronale bien connue. La CFDT s’est bien fait avoir, la complaisance ne paye pas… Car la « pénibilité », les patrons n’en veulent pas ! Le Monde parle de la « farouche opposition des patrons » (28/29.12.2014), Les Echos reconnaissent «  l’opposition résolue du patronat à ce dispositif » (08.10.2014). Ils vont donc s’employer, avec un mépris significatif, à en ridicu-liser les dispositions. Sur les dix facteurs de pénibilité, le gouvernement a déjà reculé et seulement quatre d’entre eux devraient entrer en vigueur en janvier 2015  : travail de nuit, travail répétitif, travail en équipes postées, travail sous pression hyperbare. Les six autres sont reportés en janvier 2016 (gestes et postures, bruit, port de charges, agents chimiques, vibrations mécaniques, températures extrêmes)… Ce qui fait ricaner M. Dominique Seux, lequel, aux Echos, a tout le confort voulu  : quoi, les patrons « auraient dû commencer à compter seulement les heures pendant lesquelles le buste de leurs salariés est penché en avant selon un angle de plus de 20 degrés ! » (4/5.07.2014). Doctrinaire ultralibéral, M. Seux n’est pas à une muflerie antiouvrière près… Un certain Courteix, patron du BTP, ironise lourdement : « avec le compte pénibilité, je devrais contrôler quand mes employés passent de l’ombre au soleil parce qu’à ce moment là ils passeraient sous un régime de pénibilité » (l’Humanité, 5/6/7.12.2014). Impudente goujaterie d’un patron de combat… C’est aussi ça la lutte des classes !

La lutte des classes, c’est également une syntaxe. Dans ces deux citations, pour l’une on parle des patrons et de « leurs salariés », pour l’autre, c’est moi patron et « mes employés ». Cela n’a l’air de rien, mais ces possessifs révèlent le statut de propriété patronale que certains voudraient conférer aux travailleurs dans l’entreprise, achetant les corps en en achetant la force de travail…

Surexploitation et pénibilité

EXPO DE L’ARAC

Centenaire de la guerre 14/18

ARAC

Un acte inacceptable, odieux

INSTITUT CGT D’HISTOIRE SOCIALE D’AQUITAINE

« Paul Peyrat, marin, résistant, oublié, puis reconnu »

Du 26 au 30 janvier, de 9h à 18h, à l’UL CGT de Pessac*28, av. Gustave -Eiffel - Parc industriel

* Mise amicalement à disposition pendant les travaux de la Maison du Combattant

Réagissant à l’attentat et ses victimes, l’ARAC commu-nique :

«C’est un acte gravissime qui porte atteinte aux valeurs de la République, à la conception de la Liberté qui est la nôtre. En s’atta-quant à Charlie Hebdo, on porte atteinte aux droits fondamentaux de la liberté de la presse et à son indépendance. Nos premières pensées vont à toutes les victimes

et à leurs familles.L’ARAC, le Réveil des Combat-tants son journal, défenseur des valeurs issues du Conseil national de la Résistance expriment leur peine immense et leur volonté inébranlable de tout faire pour préserver la liberté d’expression, les acquis démocratiques, fruits des luttes historiques du peuple français socle fondamental de sa République.

Ensemble, nous nous élevons contre cette horreur, ensemble nous défendons la liberté d’ex-pression, la liberté de pensée, la liberté de conscience, nous défen-dons les valeurs que portent la dé-claration des droits de l’Homme et du Citoyen.»

Le Secrétariat National de l’ARAC

Le 7 janvier 2015

Un numéro exceptionnel de la revue de l’IHSA CGT «Aper-çus d’Aquitaine»

En 2012, l’IHSA révélait l’ac-tion audacieuse du bordelais Paul Peyrat, cégétiste, qui, avec de jeunes marins de 17 à 20 ans, en 1942, a failli réussir à détourner un cargo de la marine marchande dans le Détroit de Gibraltar, et ce au profit de la France Libre. Deux de ces jeunes furent fusillés par Pétain, dont un âgé de 17 ans, le troisième fut jeté aux travaux forcés.Une cérémonie du souvenir était organisée par l’IHS-CGT Gironde le 23 mars 2012 avec un discours de Corinne Versigny, secrétaire de l’UD-CGT 33, et à laquelle participaient le PCF et le MJCF 33.Depuis, les recherches se sont poursuivies, permettant de réa-

liser aujourd’hui un numéro exceptionnel (96 p) qui relate le récit du périple captivant de ces jeunes marins, depuis l’âge de 14 ans jusqu’à 20 ans, entre 1935 et 1942. La revue comporte 119 pièces d’une très riche icono-graphie (photos et documents), dont certaines inédites ou en exclusivité.*

Disponible au public à compter du 12 janvier 2015, au prix de 14 € (hors frais postaux).Chèque à l’ordre de « IHSA CGT » et à adresser :

IHSA CGT Bourse du Travail44, cours Aristide Briand

33 000 Bordeaux

ou à commander par téléphone au : 05 56 92 88 91

Adresse mail : [email protected]

* Conjointement avec la famille Pey-rat, l’IHSA a fait une demande auprès de M. Juppé, Maire de Bordeaux, pour qu’une rue porte le nom des « Frères Peyrat - Résistants ».