Nouvelles d'arts

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Les LYCEENS DE SECONDE 4 du lycée VICTOR HUGO de POITIERS Année scolaire 2015-2016

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"La classe l'oeuvre" Les nouvelles des élèves de Seconde 4 du lycée Victor HUGO de POITIERS Nuit des musées 2016

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Les LYCEENS DE SECONDE 4 du lycée VICTOR HUGO de POITIERS

Année scolaire 2015-2016

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Préface

NOUVELLES D 'ARTS

Le recueil « Nouvelles d'Arts » s'inscrit dans le dispositif « La classe,l’œuvre » qui a pour objectif d'associer un musée de proximité et lesétablissements scolaires dans l'étude et la médiation d'œuvres d'art.

La classe de Seconde 4 du lycée Victor Hugo de Poitiers a travaillé autourd’œuvres exposées au Musée Sainte-Croix de Poitiers sur le thème de lareprésentation du corps humain à travers les siècles.

Après une visite guidée au musée pour appréhender le thème, les lycéensont élaboré une fiche d'information et d'analyse sur l'auteur et l’œuvrechoisis et, enregistré leur travail sur un wiki.

Pour chaque groupe, l'étude et l'analyse se sont poursuivis par latransposition de l’œuvre choisie en une nouvelle littéraire...

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Sommaire

Suivant l'ordre chronologique des œuvres d'art.

Auteurs Titre la nouvelle D'après l’œuvre

Sébastien GUTTONMaxence RABALLAND

Thomas USE-CHARTIERArrestation impromptue

La statue d'AthénaAntiquité romaine Ier – 2ème siècle d'après un

original grec du 5ème siècle avant J.-C.

Jérémy DESBOISMaxime PLISSON

Le sculpteurLe Chapiteau de la dispute

Époque romane3ème quart du XI ème siècle après J.-C.

Marie MAYGNANEmma JACQUOT

Idylles contrariéesLa mort d'Hyacinthe

de Jean BROC 1771 - 1850

Cardelia HALESJustine LAFORGUE

Clara RICHARDLa couleur de l'oubli

La petite fille en rouge d'André BROUILLET 1857- 1914

Valentine PIEDOrnella VOYER

Le sommeil Le sommeil de Jean ESCOULA 1851 - 1911

Laetitia LEFEVRE Capucine HOPE

La sirène et le poèteLa sirène et le poète

de Gustave MOREAU 1826-1898

Isseïnie CALVIACLouise COULON

Sophie SAVATTIERLa valse

La valse de Camille CLAUDEL 1864 - 1943

Mathis PINOTVictor RENAUT

Un coup de ventLe vent

de Camille Gresland 1870 -1952

Antoine AVISSELucas SEILLER

Le DonL'aveugle

de Berhard Hoetger 1874 -1949

Charlyne LOCHON Capucine HOPE

La rencontreBuste de la princesse Nathalie PALEY

de Sarah LIPSKA 1882 – 1973

Baptiste BONNEAUAlexandre SAUZET

Johnny s'en va en guerreLe départ

d' Alfred COURMES 1898- 1993

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La statue d'Athéna

Antiquité romaine (Ier –2ème siècle) d'après un original grec du 5ème siècle av J.-C.

© Musée Sainte-Croix

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Arrestation impromptue

Un jour, lors d'un bel après-midi de printemps, deux jeunes hommes marchaient le long dePoitiers à la recherche "d'aventure". Baptiste était un jeune étudiant Poitevin en vacances. C'était unjeune homme frêle qui n'aimait pas particulièrement le sport. Il était fasciné par la mythologie grâceà son professeur d'histoire avec qui il avait une grande complicité. Il était accompagné par sonmeilleur ami, Lucas. Il lui ressemblait fortement physiquement, sauf qu'il n'était pas fasciné par lamythologie mais par la période Jurassique. Alors qu'ils marchaient dans la vieille ruine, Lucasaperçut quelque chose qui lui paraissait plutôt étrange. C'est alors qu'il s'adressa à Baptiste :- Et Baptiste c'est une balle dans le coin ?- Mais non, Lucas, ce ne serait pas plutôt comme une tête ?- Sérieux, c'est vrai ?- Mais ne sois pas stupide je parle d'une tête de statue et là bas, regarde, il y a son corps !- Mais arrête de déconner, t'es pas sérieux ?- Mais si, je te promets !- Chaud, on a trouvé une statue ! c'est une statue de quoi? on dirait une statue de la Grèce antique !- Oui, elle ressemble à Athéna.- Tu t'y connais en mythologie toi? - Non pas vraiment, nous pouvons aller demander au Musée Sainte-Croix.- Je connais quelqu'un qui peut nous aider.

Après environ une heure, ils réussirent à trouver le moyen de déplacer le corps et la tête dela statue et ils arrivèrent au musée. Ils demandèrent quelqu'un de spécialisé dans ce domaine. Onleur a dit d'aller voir Phileas. Phileas était un jeune guide. On supposait donc qu'il avait très peud'expérience. Bien qu'il eût aussi l'air très peu curieux, il était cependant un expert en matière demythologie grecque. Par conséquent, il était intéressant, voire utile, pour Lucas et Baptisted'entendre ce qu'il avait à dire. Une fois arrivés au musée, les deux garçons voulurent s'adresser aujeune guide mais ils furent d'abord préoccupés par la présence d'une petite dizaine de policiers aumusée. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'en s’adressant à Phileas, la première chose que Lucasdemanda fut : - Monsieur que se passe-t-il ici ?- La police est ici pour résoudre une affaire de vol. Quelle est la raison de votre présence ? demandale guide ?- Nous avons trouvé une tête et nous aimerions...- Je vous reconnais vous êtes les voleurs de ce matin, vous voulez une rançon? dit-il en panique.POLICE !- Non il doit y avoir ...- Messieurs, vous avez le droit de garder le silence et vous avez le droit à un avocat ! Tout ce quevous direz sera retenu contre vous ! dit l'agent de police qui les avait interpellés.

" Nous sommes innocents», s'exclamèrent les jeunes hommes. Ils leur fallut très peu detemps pour comprendre qu'on les tenait pour responsables du vol de la statue d'Athéna ; ce quiexpliquait la présence d'agents de police au musée. Cependant, ils n'étaient pas responsables. Ilsclamaient leur innocence en vain. Personne ne les écoutait en raison de leur âge. Cette statue étaitdonc réellement une statue datant de l'époque de la Grèce antique et qui représentait Athéna. Elleavait été trouvée dans le vieux Poitiers en 1902. Elle avait été volée au musée Sainte-Croix dans lamatinée. Ils s'étaient tout simplement trouvés au mauvais endroit au mauvais moment.

Après avoir séjourné en détention pendant près de 24 heures, ils furent innocentés. Ils devinrent pour l'un archéologue, conservateur de musée pour l'autre.

Sébastien GUTTON, Maxence RABALLAND, Thomas USE-CHARTIER

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Le Chapiteau de la dispute

Époque romane, 3ème quart du XIème siècle après J.-C.

© Musée Sainte-Croix

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Le sculpteur

En l’an 1128, je travaillais dans un village à l’Est de Poitiers. Je restaurais des sculpturesdans l’abbaye. Ce village avait quelque chose de particulier. Ses habitants avaient, tous, les cheveuxcourts.

Un jour d’automne un grand bruit se fit entendre sur la grande place du village : une bagarreavait éclaté. Cette dispute opposait une personne chauve et une personne avec de grands et longscheveux et ils avaient tous les deux une petite barbe. Dans le village les cheveux longs étaientinterdits, c’était une des principales règles à ne pas enfreindre, car cela apportait des maladies etétait un signe de la culture barbare et non civilisée.

L'homme aux cheveux courts était le chef du village, il était très strict sur les règles etl'homme avec les cheveux longs était un voyageur du Sud qui n'aimait pas les gens stricts comme lechef.

Le chef s'appelait Sylvain. Il avait vécu toute sa vie dans ce village et avait tué l'ancien chefau combat de la barbichette qui tue,

Ce jeu avait pour but de se tenir la barbe et de se frapper avec des haches en même temps. L'homme du Sud avait voyagé toute sa vie pour découvrir d’autres terres. Il avait été banni

de son village car il n'aimait pas l'autorité. Sa mère l'avait appelé Donatien. Ce prénom signifiait lerebelle dans son village.

Donatien était arrivé dans celui de Sylvain car il cherchait de la nourriture et un gîte. Sonvoyage avait duré 40 jours. Il était chrétien pratiquant et voulait être prêtre.

La dispute entre ces deux hommes avait commencé car Sylvain n'avait pas apprécié que lesrègles de son village ne soient pas respectées.

- Tu n'as pas voulu suivre la règle et te raser les cheveux en entrant dans le village. Donc, soit tupars de toi-même, soit je te tue, s’était-il écrié.

Donatien n'était pas quelqu'un à se faire marcher dessus. Il défia le chef du village au combat de labarbichette qui tue.

Le combat eut lieu... Tous les membres du village s’étaient réunis.

Je ne sus jamais comment le combat se finit car je partis le jour même pour un autre chantier àPoitiers.

Je sculptai alors sur un chapiteau cette scène inoubliable : deux hommes se tenant la barbe, unehache à la main.

Jérémy DESBOIS et Maxime PLISSON

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La mort d'Hyacinthe

Jean BROC (1771-1850)

© Musée Sainte-Croix

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Idylles contrariées

Noé et Guillaume s'étaient rencontrés à l'école primaire, en classe de CM1 durant l'année2009, à Bordeaux. Le plus grand s'appelait Noé et le second, plus jeune, s'appelait Guillaume. Lesannées passèrent sans que les deux amis ne se séparent et leur amitié s'était renforcée au fil dutemps. Guillaume était devenu un beau jeune homme grand et blond alors que Noé était un beaubrun ténébreux. Les deux amis avaient une passion commune pour le rugby, qu'ils pratiquaientensemble depuis peu, mais déjà leurs aptitudes physiques se développaient et ils avaient acquis unexcellent niveau.

Ils étaient en effet à eux deux, parmi leurs coéquipiers, les meilleurs membres de leuréquipe. L'entraîneur annonça qu'une équipe de pom-pom girls allait intégrer le groupe sportif afind'apporter davantage de cohésion et de motivation entre les joueurs. Cette initiative fut trèsappréciée des joueurs et s'avéra efficace. En effet, les résultats devinrent encore meilleurs qued'ordinaire et l'ambiance au sein de l'équipe s'était grandement améliorée bien que ce ne fut pasnécessaire : les matchs étaient tous remportés et l'équipe avait désormais de vrais supporters à sescôtés. Tout allait donc pour le mieux, cependant, les deux amis de longue date, Noé et Guillaume,s'éloignaient l'un de l'autre et ne partageaient que peu de moments ensemble. La cause de cetéloignement était Camille, membre de l'équipe féminine chargée de supporter les joueurs avant ledébut des matchs.

C'était une jeune fille, grande et élancée, ses cheveux longs et blonds contrastaient avec sesgrands yeux bleus clairs et limpides. Camille n'avait pas seulement un physique avantageux, c'étaitégalement une personne soignée et pétillante et elle dégageait une certaine élégance. Noé etGuillaume n'étaient donc pas restés insensibles au charme de la jeune fille et plus le temps passait,plus leurs sentiments pour Camille, s'accroissaient et leur discorde ne cessait de s'aggraver. En effet,les deux anciens amis se livraient une guerre sans merci, tout deux usaient de stratagèmes divers etvariés pour conquérir le cœur de la belle Camille tout en essayant vainement d'évincer l'autre auxyeux de la jeune pom-pom girl. Les prouesses sportives de l'équipe diminuaient grandement, sanscompter que Camille ne laissait rien transparaître de ses sentiments et n'accordait pas plusd'attention à Noé qu'à Guillaume.

Les mois passèrent sans que rien ne change, les avances des deux garçons envers Camille sefaisaient de plus en plus pressantes sans que celle-ci n'y réponde d'une quelconque manière. Unjour, lors de l'entraînement de l'équipe de pom-pom girls, Camille tomba violemment sur le sol etfut emmenée à l'infirmerie de toute urgence. Noé et Guillaume se précipitèrent à son chevet mais àleur arrivée, un infirmier les pria de patienter.

Celui-ci revint quelques heures plus tard, et demanda aux jeunes hommes de s'asseoir,prétextant qu'il avait quelque chose d'important à leur annoncer. Il paraissait décontenancé et finitpar dire : "J'ai à vous parler au sujet de votre camarade Camille ..."

Les deux garçons se regardèrent, s'interrogeant sur l'état de santé de leur amie, Guillaume sedécida à parler : "Comment va - t - elle ?"

L'infirmier hésita et reprit : - Vous voulez certainement dire, "comment va t-il ?"

Emma JACQUOT et Marie MAYGNAN

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La petite fille en rouge

André BROUILLET (1857-1914)

© Musée Sainte-Croix

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La couleur de l’oubli

C'est en décembre que j'ai retrouvé ma première patiente, Yvette. Quand je l'ai rencontrée,elle venait juste d'être diagnostiquée Alzheimer, elle avait le teint pâle et les traits tirés. Aujourd'hui,elle ne se souvient plus de sa famille ou même de ses amis...

Il était 15h57, cela faisait une heure que l'on roulait. Dans le minibus, une certaine joie sefaisait sentir, tout le monde était apaisé. La campagne, le soleil et l'air frais ne pouvaient que faire leplus grand bien à ces nonagénaires. Des chansons de leur génération retentissaient. On arriveraitbientôt ; ils s'agitaient un peu à l'arrière ; cela faisait longtemps qu'ils n’étaient pas sortis en ville,ou même ailleurs.

Le musée avait une architecture particulière : la cour devant le musée paraissait déserte, undes murs, recouvert de vitres, était bâti d’une telle manière qu’il déformait les passants, ce quiplut beaucoup. Les passagers furent éblouis par l'architecture : plus de murs blanc avec un fondjaune d’œuf !

Une fois que tout le monde fut entré dans le musée, une jeune femme avec un large sourirenous accueillit. Celle-ci était notre guide.

Avant de commencer la visite, elle adressa un petit sourire à Yvette, une attention qui lui fitplaisir.

"Par ici messieurs dames, nous allons commencer la visite par la galerie des peintures... ! " En se dirigeant vers la galerie, le groupe passa devant ce tableau. Une peinture parmi tant

d'autre, qui au premier coup d’œil n'avait rien d’exceptionnel, "La petite fille aux coquelicots". Cetableau représentait un jardin aux couleurs douces avec, au centre, une petite fille au teint blanchabillée exclusivement de rouge.

La guide commença à présenter le tableau, à révéler ces choses qu'on ne voit jamais sans s’yposer longuement.

Cette œuvre était la raison pour laquelle j’avais choisi ce musée. Yvette posa longuement son regard sur le visage de cette petite fille. Puis le groupe s’éloigna. Je restai déçu, j’avais espéré une révélation. J’avais foi qu’Yvette

se reconnût dans cette représentation sur laquelle elle figurait. La nuit vite venue, le mini bus roulait de nouveau vers l’hôpital.

Le silence régnait, la fatigue se faisait ressentir. Une voix se fit alors entendre.

« Je n’ai jamais aimé porter cette robe rouge. ».

Clara RICHARD, Cardelia HALES, Justine LAFORGUE

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Le sommeil

Jean ESCOULA (1851 – 1911)

© Musée Sainte-Croix

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Le Sommeil

Il était 20 heures. C’était un lundi d’août 2014. Moehau aurait dû se présenter pour le repasdepuis une heure. Sa mère était venue dans sa chambre et l’avait prévenu que le repas était prêtmais il ne répondait pas. Elle avait alors mentionné qu’elle avait préparé son plat préféré mais rien.Aucune réaction. Il devait être malade. Nous avons donc mangé sans lui.Plus tard dans la soirée je fis irruption en cachette dans sa chambre pour jouer, je ne pouvais pasdormir et j’adorais jouer avec Moehau. Il me laissait tout le temps gagner, mais ce soir-là, il nerépondait pas. Il était allongé sur le côté gauche, ses bras reposaient le long de ses jambes, sa têteétait posée sur un oreiller et son corps était en partie recouvert d'un drap léger. Il avait la boucheentre-ouverte, le visage détendu et les yeux quasiment invisibles. Il était pâle et nu ce qui ne luiressemblait pas. Je trouvais son attitude bizarre. Je me posai de multiples questions : « Est-il malade? ... M’en veut-il ?... Est-il mort ? ». Comme Moehau ne répondait pas, je décidai d’aller mecoucher. Cette nuit-là, je ne dormis pas vraiment bien, je repensais à sa réaction et je me faisais dusouci pour lui. Pour faire passer le temps je m’amusai au jeu de la bataille de balle mais ce qui étaitd’ailleurs assez ennuyeux car j’étais seul. C’était un de nos jeux préférés.

Le lendemain matin, comme tous les matins son réveil défectueux sonna en faisant uneffroyable bruit qui comme à son habitude réveilla la maison toute entière. Nous fûmes touscontraints de nous réveiller, tous sauf Moehau. Dix minutes plus tard il n’était toujours pas réveillé.Papa commença à s’inquiéter, il alla donc le voir, lui tapotant la tête et lui disant « Hé bonhomme,c’est l’heure, tu vas être en retard » en vain. Moehau ne réagissait pas ! Il ne réagissait plus !

Je vis papa retirer le drap qui le recouvrait et découvrit avec stupeur que Moehau nebougeait plus, son corps semblait inanimé. Je me mis à courir de tous les côtés, une fois que j’eusrepris mes esprits, je pris conscience de la situation et je me mis à hurler à la mort. Maman pleurait,papa était en état de choc. En une fraction de seconde notre petit monde semblait s’écrouler.

Papa prit maman dans ses bras et l’emmena dans le salon. Je restai dans la chambre, abattu.Je sentis une main me caresser la tête et entendis une voix qui me disait : « Alors Link, déjàréveillé ? »

Je remuai la queue et me mis à aboyer. Papa et maman se précipitèrent dans la chambre etrestèrent saisis devant cette merveilleuse surprise.Moehau se leva, et comme d'habitude remplit ma gamelle de croquettes.

"J'ai vraiment bien dormi !" me dit-il.

Valentine PIED et Ornella VOYER

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La sirène et le poète

Gustave MOREAU (1826 - 1898)

© Musée Sainte-Croix

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La sirène et le poète

Les vagues déchaînées s’écrasaient avec violence sur la falaise. Bien que le temps fûtsplendide, la plage était déserte car des rafales de vent glaciales balayaient la côte bretonne. Unjeune homme solitaire se promenait cependant sur la grève à la recherche d’inspiration. Le poèteaimait en effet se retirer dans la nature, loin de l’agitation urbaine, pour composer tout à son aisequelques vers de son invention. Perdu dans ses pensées, ses pas le menèrent jusqu’au sommet de lafalaise où il s’assit pour contempler ce paysage féerique.

Alors qu’il suivait du regard le vol des mouettes, il crut apercevoir au loin une silhouette quiprogressait dans sa direction. Les contours de cette ombre se faisaient de plus en plus précis. Etd’une forme inconnue perdue dans le brouillard, la silhouette devint une magnifique jeune femme.Ses longs cheveux blonds et légèrement ondulés flottaient dans le vent et encadraient un douxvisage empreint de mélancolie. A la vue du jeune homme, elle esquissa un pâle sourire qui laissaittransparaître une profonde douleur et une tristesse sans pareil. Le poète remarqua alors qu’elle neportait qu’un maillot de bain. Elle ne comptait tout de même pas se baigner par un tel temps !

La fertile imagination du jeune homme assimila immédiatement cette magnifique jeunefemme à la légendaire Marie Morgane, sirène bretonne de légende. Pris d’un soudain éland’inspiration, il se précipita vers elle pour lui parler, lui demander de rester. Mais ses appelsrestèrent vains. La femme ne détourna pas même le regard et ne dévia pas de son chemin,imperturbable.

La fantastique apparition disparut du champ de vision du jeune poète pour se dirigerlentement vers le précipice. Un bruit retentissant parvint alors à ses oreilles, lui faisant comprendreque quelque chose - ou quelqu’un ! - venait de toucher l’eau. Pris de panique, il se précipita au bordde la falaise et eut juste le temps d’apercevoir un corps fendre les flots pour s’écraser quelquesmètres plus bas sur les rochers. Une tache argentée grandissante apparut alors à la surface de l’eau.Elle était morte ou peut être devenue sirène...

Le jeune homme se réveilla subitement le nez dans son carnet de poésies. Il était allongé, surla plage pleine de touristes ; un enfant venait de lui lancer une poignée de sable sur le visage. Ilsortit de ses rêveries et abandonna sa chère sirène bien à regrets…Il reprit la lecture du poème qu’ilvenait d’achever.

Laëtitia LEFEVRE et Emeline PATRY

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La valse

Camille CLAUDEL (1864 – 1943)

© Musée Sainte-Croix

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La valse

La curiosité. C’est ce qui avait poussé Octave à se retrouver ici, au Pygmalion, en ce jeudi21 janvier 1993. C’était un jeune homme rêveur, amateur d’art et souvent perdu dans ses pensées. Ils'était toujours passionné pour les expositions et autres spectacles, qui lui permettaient de découvrirde nouveaux artistes, de nouvelles œuvres, avec lesquelles il s'évadait, loin de sa vie banale. A partirde simples esquisses, Octave pouvait être littéralement saisi par l'oeuvre, sombrant dans un mondeimaginaire.

Pour l’heure, il était captivé par deux danseurs entrelacés. Leurs pas glissaient sur le parquet,animés par une passion dévorante. Leur valse était semblable à un tourbillon, aussi fougueuse quedangereuse. Les danseurs se mouvaient avec harmonie, empreints d'une passion saisissante. Detemps à autre, ils s'embrassaient, ne paraissant danser que pour eux, sans même voir qu'Octave, faceà eux, les observait, fasciné. Un voile entourait pudiquement le corps de la jeune femme et semblaitrecouvrir aussi l'homme, tant ils étaient proches. Ils brillaient littéralement, comme si leur amour sepropageait, faisant ressortir leur peau de bronze. Le spectacle qui se déroulait sous ses yeux étaitfascinant, Octave était comme hypnotisé par cette Valse.

L'artiste qui avait mis en scène cette danse était un véritable virtuose !

Emplie de sensibilité, cette œuvre était si fabuleusement réalisée qu'il pouvait presque sentirle souffle des danseurs.

- Monsieur ? Il sursauta et se tourna vers celui qui l’avait interpellé. Le musée va fermer d'uneminute à l'autre.

Octave jeta un dernier regard vers la statue. Les danseurs s’étaient figés.

Isseïnie CALVIAC, Louise COULON, Sophie SAVATTIER

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Le vent

Camille Gresland (1870 - 1952)

© Musée Sainte-Croix

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Un coup de vent

C'est un samedi matin, sur la plage de Deauville, Juliette, allongée sur sa serviette bleue,observe et juge les gens. Étalant leurs serviettes, se déshabillant puis se précipitant dans l'eau.Pitoyables ! pense-t-elle. On dirait un triste attroupement de poulets en batterie. Scruter et découvrirtous les défauts des gens est une des occupations favorites de Juliette.

Un gros monsieur, un hamburger à la main. Un air crétin. Encore un père de famille auchômage, divorcé et dépressif s'étant replié sur la nourriture bas de gamme en raison d'un budgetrestreint et reluquant les filles sur la plage à ses heures perdues.

Un grand brun, avec des chaussures bateau, un short bleu et des lunettes de soleil passedevant Juliette. Sûrement un chef d'entreprise issu d'une famille bourgeoise et catholique allant à lamesse tous les dimanches. Une femme et trois enfants : Sixtine, Célestin et Jean-Baptiste. Ce jeuneidiot de la trentaine préfère se baigner dans le jacuzzi le plus proche afin de ne pas se mouiller avecla populace !

Un enfant courant sans but précis, sans se soucier de l'avalanche de sable qu'il renverse surces pauvres idiots se dorant au soleil. Juliette reçoit aussi du sable. Juliette déteste les enfants. Jeune bambin, environ huit ans, oreilles décollées, roux et grassouillet. Aucun avenir glorieuxapparent. Sa course s'achève dans l'eau où il rejoint ses deux petits camarades d'âge similaire, toutaussi laids. L'un mangeant des algues et l'autre jouant avec une méduse morte. Affligeants ! Leurpère arrive pour les engueuler, grand, sec, poilu du dos, en slip de bain et pour combler le tout, unecasquette "Caisse d'Epargne" sur le crâne. Encore une tête de con !

Deux jeunes filles, bronzant tristement. L'une la poitrine à l'air, des lunettes de soleil "LouisVuitton" et un air impassible sur le visage. L'autre en train de jouer à Candy Crush sur son Iphone 6.Toutes deux bronzées plus qu'il n'en faut, et un tatouage niais qui dans leur langage se dit "swag".Encore deux imbéciles qui ne pensent qu'à cultiver leur apparence plutôt que leur esprit, qui vont enboîte un jour sur deux et se réveillent tard l'après midi et qui tous les soirs à 19h se vautrent sur leurcanapé pour regarder le triste spectacle de la télé réalité. Là aussi, aucun avenir apparent.

Il y a encore une infinité de personnes à critiquer mais Juliette préfère se lever pour setremper les pieds, pas pour se baigner bien sûr, partager l'eau de ces pauvres gens est selon elle unehorreur à éviter à tout prix. Avec sa serviette autour de la taille et sans maillot de bain, elle se dirigelentement vers le bord de l'eau, prenant grand soin de ne croiser le regard de personne. Aprèsquelque secondes de marche, une brise caresse ses cheveux, s'amplifie pour devenir une bourrasquequi propulse sa serviette.

La pauvre fille se retrouve... nue... au milieu de la plage, au milieu de ces gens qu'elle ajugés, critiqués, insultés.

Elle sent tous les regards braqués sur elle, et un silence se répand tout autour de Juliette. Lemalaise est au rendez-vous. Les rires éclatent, le gros monsieur avec son hamburger s'esclaffe, lechef d'entreprise a un sourire au coin des lèvres, les trois petits enfants la pointent du doigt, et lesdeux jeunes filles ricanent haut et fort sortant toutes sortes de descriptions malsaines.

Juliette court le plus vite possible jusqu'à sa voiture la boule au ventre. Elle se jure de neplus jamais se fier aux apparences. Et de toujours garder son maillot de bain sous sa serviette !

Mathis PINOT et Victor RENAUT

Page 22: Nouvelles d'arts

L'aveugle

Berhard Hoetger (1874 - 1949)

© Musée Sainte-Croix

Page 23: Nouvelles d'arts

Le don

En 1915, la guerre faisait rage partout dans le monde. En France, les Allemands avançaientde plus en plus et le front français commençait à se briser. Le peuple prenait cette guerre à la légère.Cependant, un homme du nom de Cécil, l’avait prise très au sérieux. Cet homme devinait lesévénements avant leur apparition. Les allemands avaient attaqué la Lorraine en passant par laBelgique. Tout le peuple avait pensé que les allemands n'allaient rien tenter étant donné que le frontfrançais était très solide dans cette région. Lui seul avait émis l'idée que les Boches allaientcontourner le front par la Belgique. Malgré cette prévision, le peuple n’avait pas prêté attention à cepauvre homme.

Longtemps après cette guerre, notre homme vivait toujours dans la solitude dans un petitvillage normand. Lors de la loi de 1936 sur les congés payés, il avait deviné que Léon Blum allaitdémissionner de son poste de Président du conseil après son échec. Encore un événement importantcontredit par le peuple mais prédit par ce mystérieux homme.

Cet homme, personne ne le connaissait, personne ne savait d'où il venait et personne ne luiavait déjà adressé la parole. Il était apparu un jour dans les rues parisiennes sans que les gens nesachent pourquoi et comment.

Quelques années plus tard, il traînait dans les rues et faubourgs de Paris tel un chien que l'onavait abandonné là. Les passants qui le croisaient dans Paris lui jetaient un regard de peine, parfoisde pitié. Certains le voyaient parfois, assis sur les marches de la cathédrale de Notre Dame, seul, nefaisant rien et attendant que la vie défile autour de lui. Il pouvait rester là des heures, à rêvasser, àpenser aux 80 années qu'il a déjà passées depuis sa naissance : la première année du XXe siècle. Lesépoques vestimentaires ? Il les avait toutes connues. L'uniforme de soldat français lors de laPremière Guerre mondiale alors qu'il n'avait que 16 ans (1910), le complet qui reliait par la couleurla veste au pantalon (1920), l'apparition du jean (1950), celle du prêt-à-porter (1960), le style disco(1970), tout cela il l'avait connu. Notre personnage, étant un grand sportif, avait pratiqué du footballavant de partir au front. Il en avait gardé de bons souvenirs, c'est pourquoi, lors de l'apparition de latélévision en couleur en 1967, il suivit avec beaucoup d'attention les différentes compétitionseuropéennes et internationales footballistiques.

C'est donc lors de la coupe du monde de foot 1998, qui se déroulait en France, que saprédiction fut la plus étonnante. En effet, Cécil avait écrit les scores de chaque match de la coupedu monde avant qu'ils ne se jouent et toutes ses prédictions s’étaient avérées correctes. C'étaitd'ailleurs la seule fois dans sa vie que les gens avaient été surpris par son don.

Ils avaient alors remarqué que Cécil portait toujours des lunettes noires même quand il n'y avait pas de soleil.

Il avait alors révélé son secret.Il était aveugle et donc … devin.

Antoine AVISSE et Lucas SEILLIE

Page 24: Nouvelles d'arts

Buste de la princesse Nathalie PALEY

Sarah LIPSKA (1882 – 1973)

© Musée Sainte-Croix

Page 25: Nouvelles d'arts

La Rencontre

2000, Paris.

C'était un beau jour de printemps, Jane se promenait sur les bords de la Seine quand une jeunefemme qui lui paraissait connue s’avança vers elle. Il s’avéra que c’était Lily Bakst une artiste quicherchait des modèles pour montrer son talent au travers de la représentation de la beauté.Quelques années plus tôt, Lily l’avait remarquée. Oui, Jane Porter, jeune et belle mannequin sur lapage de couverture du magazine Vogue. Suite à cela, elle avait décidé de la contacter pourreproduire son magnifique visage.

« Bonjour, puis-je faire quelque chose pour vous ? s’exclama Jane.- Bonjour, Lily Bakst, en lui tendant la main.- Jane Porter ; je peux vous aider ? Demanda-t-elle.- Je vous cherchais... avoua-t-elle- Mais, nous sommes nous déjà vu quelque part ?- Il me semble que je vous ai déjà vu à certaines reprises dans le magazine Vogue. Donc je voulaissavoir si vous accepteriez d'être mon modèle. Mon projet étant de représenter la beauté. Votrevisage ainsi que votre buste me charme, expliqua-t-elle.- Eh bien, nous pourrions en discuter devant un café...

Cela me paraît raisonnable, dit-elle, tandis que le rouge lui montait aux joues.»C'est ainsi qu’elles partirent toutes deux commander des cappuccinos en se racontant leurs presquepaisible vie et leur parcours professionnel.Quelques semaines se passèrent, quand Jane reçut un appel de Lily pour la prévenir qu'elle avaitterminé l'esquisse de son buste. Elles se retrouvèrent donc dans l'atelier de Lily et discutèrent deleurs vies. Lily était très gênée et avait un comportement étrange vis à vis de Jane. Elle l'emmenadans une petite pièce, assez sombre. Jane, émerveillée, sauta dans les bras de Lily pour la remercierde ce qu'elle faisait, elle avait l'habitude qu'on la prenne en photo mais là, c'était plus étrange,comme si c'était la première fois qu'elle voyait un portrait d'elle.Deux semaines plus tard, les deux femmes se retrouvèrent au restaurant afin d'approfondir le projetet pouvoir débuter la sculpture du buste de Jane. A la fin de la soirée, Lily, enivrée par l’alcool,proposa à Jane de finir la soirée chez elle. Celle-ci accepta. Lorsqu’elles furent arrivées, Janedemanda à Lily si elle pouvait apprendre à sculpter. Lily, enthousiaste, lui ramena tout le matérielnécessaire et un bloc d’argile. Jane tenta au mieux de modeler le bloc qui se trouvait devant elle,Lily s’approcha silencieusement d’elle et prit délicatement ses mains entre les siennes afin de luivenir en aide. La nuit passa, l'aube s'était levée trop rapidement au goût de Lily...La jeune femme était désormais convaincue que les sentiments qu'elle éprouvait pour Jane étaientréciproques, et, submergée par ses émotions, elle voulut lui faire part de ce qu’elle ressentait, quandsoudain, quelqu'un sonna à la porte... Lily se leva et ouvrit. Devant elle, se tenait un homme accompagné d’un jeune garçon. C'était le mari de Jane accompagné de leur fils.

Charlyne LOCHON et Capucine HOPE

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Le départ

Alfred COURMES (1898 - 1993)

© Musée Sainte-Croix

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Johnny s'en va t en guerre

Il était 7 heures du matin. Fin août. Une grande foule était présente sur le quai de la gare del'Est à Paris dans le 10e arrondissement.

Un homme du nom de Johnny allait partir. Il était marié et avait un fils âgé de 5 ans.Il avait les cheveux courts et blonds, les yeux marron. Il avait une carrure imposante et il était âgéde 25 ans.

L'heure était venue, il allait à la gare de l'Est. Sa femme et son fils l'accompagnaient. Sur lequai, la famille de Johnny était très triste de le voir partir, tout comme les autres familles.

Une fois les adieux faits, les hommes grimpèrent dans le train. Le chef de gare donna lecoup de sifflet, le mécanicien ouvrit le régulateur et le train partit.

Johnny assis inconfortablement dans une voiture de troisième classe regarda par la fenêtre lafoule qui restait sur le quai jusqu'à que le train soit hors de vue.

La guerre avait commencé.

Le train avait déjà dépassé Bondy, Chelles et continuait sa course sur la ligne 4.Au bout de deux heures, il s’arrêta à Reims pour ravitaillement en charbon et eau et recevoirdes wagons provenant d'autres villes. Johnny déjeuna.

La pause dura une heure et demi en tout, puis le convoi repartit vers Verdun. Johnny fitconnaissance avec les soldats provenant des autres bataillons.

Lorsque le train s'arrêta à Verdun, une heure plus tard, les soldats s'activèrent à décharger lesarmes, les munitions, les pièces d'artillerie, faire descendre les étalons.

Le lendemain, les soldats se dirigèrent vers le front.Les journées qui s'en suivirent furent longues pour Johnny et ses camarades.

A la fin de la guerre, Johnny était toujours en vie avec quatre soldats de son régiment. Lechamp de bataille était désormais désert. Après quelques kilomètres de marche, Johnny aperçut unevoiture, c'était leur seule chance de quitter cet enfer. Soudainement, il vit au loin deux personnes.Johnny, pris de folie, tira sur les deux inconnus. Il se rapprocha des corps…

Il reconnut son fils et sa femme, venus le retrouver.Sous le choc de son acte, Johnny fut pris d'une folie encore plus grande, il tua ses camarades

puis prit la voiture et partit. On n’eut jamais de nouvelles de lui.

Alexandre SAUZET et Baptiste BONNEAU

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