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7/28/2019 Notre Caldonie. Terre de Partage, Terre de France.pdf

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P IERRE FRO G IER

CALDONIETERRE DE PARTAGE, TERRE DE FRANCENOTRE


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Pierre Frogier

Notre caldoNiet e r r e d e P a r ta G e , t e r r e d e F r a N c e


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Notre caldoNiet e r r e d e P a r t a G e , t e r r e d e F r a N c e


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Vous avez un rle franais jouerdans cette partie du monde.

Vous tes un morceau de la France,

vous tes la France australe.

Et vous devez dans la paix,

comme vous lavez fait dans la guerre,

tre pour toute notre communautnationale un exemple deffort,

de fraternit et de progrs.

Charles de GAULLE,

Nouma, le 4 septembre 1966


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Cest bien au sein de la nation franaiseque le processus dmancipation de la

Nouvelle-Caldonie peut spanouir,

pour aboutir sa trs large autonomie.

Jacques LAFLEUR,

12 dcembre 2002


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La Nouvelle-Caldonie occupe une placeessentielle dans le rayonnement

de la France. Elle a besoin de la France,

comme la France a besoin delle.

La France nest pas un carcan

qui oppresse, elle est un espacede libert qui protge.

Nous ne pouvons pas attendre

passivement la date de 2014.

Nicolas SARKOZY,

Pata, le 28 aot 2011


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Je songe mon arrire-grand-pre queles autorits franaises avaient dport en

Caldonie et qui na jamais cess dtre un

patriote jusquau jour de son inhumation

Pouembout en juillet 1900.

mon grand-pre, poilu de la Grande Guerre,

devenu maire de Nouma et accueillant lesAmricains en 1942.

mon pre, volontaire du Bataillon du Pacique.

Ils mont appris ces valeurs patriotiques qui ont

conditionn mon existence. Ils mont transmis

lamour de notre pays, la France.

Je suis le produit de cette histoire, qui est aussilhistoire de bien des Caldoniens.

Je suis profondment, intimement, viscralement

Franais.

La France na jamais t pour moi

une ide abstraite ou une image

lointaine.


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La France, je lui ai consacr toute ma vie.Depuis plus de 30 ans, je suis de tous les

combats pour que nous, Caldoniens, installs

ici volontairement ou non, et qui y avons fait

souche, restions Franais. Jai ngoci et sign

les Accords de Matignon-Oudinot en 1988,

et celui de Nouma en 1998. Je suis lardentdfenseur, la tte des institutions du pays,

comme Paris, de ceux qui pensent comme

moi, quen se sparant de la France, la Nouvelle-

Caldonie perdrait de son identit, et nirait par

se perdre elle-mme.

Cette ligne politique fait partie de mon tre,elle dnit ce que je suis. Je nen ai jamais vari,

et nen varierai jamais.


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Et pourtant, vous devez savoir que latentation est grande, Paris, de considrer que

la marche vers lindpendance serait le sens de

lhistoire , comme ils disent. Rien nest plus faux.

Rien nest plus ignorant des ressorts profonds de

notre histoire. Rien nest plus loign de ce que

souhaite la majorit des Caldoniens. Et jose direque rien nest plus loign de ce que souhaite

galement une large partie des indpendantistes

eux-mmes !

Les ralits profondes et concrtes du dossier

caldonien ne sont connues, Paris, que dune

poigne de personnes. Ils sont probablementmoins de dix, droite et gauche confondus,

politiques comme conseillers . Les autres, dont

certains ont pourtant la responsabilit de notre

La Caldonie

vue de Paris


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avenir, en ont une vision dforme, idologique,convaincus quils sont que lindpendance est

inluctable. Combien de fois, dans les traves

du Parlement, ai-je d expliquer patiemment les

choses mes collgues qui me demandaient

pendant combien de temps nous allions encore

tenir ?

Ncessit et faiblesses

des Accords de 1988 et 1998

Il faut dire quen 1988, puis en 1998, parce

que nous navons pas su proposer une solution

caldonienne en dehors de la violence, nousavons laiss Paris dcider de notre avenir

et trancher les points de dsaccord entre nous.


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Ctait ncessaire, et chacun est reparti soulagde ces ngociations qui ont permis dabord de

rtablir la paix civile, puis ensuite de la maintenir.

Cest pour cette raison que jy ai particip, et que

je les ai soutenues.

La priode que lon a appele pudiquement lesEvnements - et qui tait en fait une vritable

guerre civile -, a endeuill chaque famille de

Caldonie. Le chaos tait partout, et la violence

rpondait la haine dans une spirale qui semblait

ne jamais devoir sarrter.

Ctait il y a tout juste 30 ans.

Cela veut dire que ces vnements nont pas t

vcus par les Caldoniens qui sont ns depuis


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les annes 1980. Ils reprsentent, aujourdhui, trsexactement un Caldonien sur deux.

Cest un d immense pour nous, les

responsables publics, venus la politique dans

ce contexte de violence politique extrme,

celui des annes 1980. Notre histoire estdevenue lHistoire de la Caldonie, quil nous

faut expliquer la moiti de la population

de Nouvelle-Caldonie, en plus de tracer des

voies davenir pour nous tous. La guerre civile

des annes 1980 est en fait, pour la moiti

des Caldoniens, une page parmi dautres de

lhistoire de notre territoire, alors que nous, les

vieux de plus de 30 ans, en ressentons encore

les meurtrissures dans notre chair.

Notre histoire est

devenue lHistoire

de la Caldonie, quil

nous faut expliquer la

moiti de la population

de Nouvelle-Caldonie.


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A ceux-l, je veux dire que les Accords de 1988 etde 1998 portent en eux trois faiblesses majeures :

Tout dabord, les mots avec lesquels ils

sont crits ne recouvrent pas toujours la

mme ralit selon quils sont lus avec des

yeux indpendantistes ou non. Limmensehabilet de ses rdacteurs a permis darriver

des textes qui soient acceptables par tous,

alors mme quils sont issus dun compromis

entre deux forces profondment antagonistes.

Cest un tour de force remarquable, mais qui

se ssure de plus en plus au fur et mesure

que nous approchons de lheure du choix.Le gel du corps lectoral en constitue sans

doute lexemple le plus frappant.


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Ensuite, ces Accords sont le rsultatde concessions fortes faites par le camp

majoritaire, hostile lindpendance. Le

point de dpart des Accords, ce qui les a

rendus possibles, cest lide originale selon

laquelle le principe majoritaire ne pouvait

pas sappliquer sans adaptation en Caldonieen raison de limportance numrique et de

la lgitimit historique des indpendantistes,

assimils, en la circonstance, la population

dorigine mlansienne. Nous avons alors

considr que la majorit lectorale devait

tenir compte des revendications dune

forte minorit quil ne fallait pas acculer audsespoir et la violence.


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Enn, ces Accords repoussent le choixsur lessentiel 10 ans pour les Accords de

Matignon-Oudinot, puis rouvrent un nouveau

dlai de 20 ans avec lAccord de Nouma. Ils

mettent en place une organisation qui est la

plus autonome de la Rpublique, et renvoient

la question du maintien dans la France uneconsultation qui, pas plus hier quaujourdhui,

napporte de solution. Qui peut croire quun

rfrendum-couperet , qui fermerait jamais

lhorizon dune trs large minorit de la

population, sera accept sans violences ? Qui

peut croire que le retour la situation davant

1988, car cest bien de cela que nous parlons,est possible, durable, tenable en Caldonie ? Il

faut dire la vrit : les rfrendums prvus dans

lAccord de Nouma sont une construction


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intellectuelle habile, mais feront nouveau,sils sont appliqus en ltat, basculer notre

territoire dans une incertitude immense, quel

quen soit le rsultat.

Modernit de la Nouvelle-Caldonie

daujourdhui : la logique bloccontre bloc est dpasse

Si, en 1988 et en 1998, nous tions tout

fait incapables de nous parler en dehors de la

prsence de Paris , les choses ont heureusement

bien chang depuis.

Depuis la signature des Accords et grce eux,

nous grons le pays ensemble, malgr nos

diffrences. Nous nous parlons quotidiennement.


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Nous nous connaissons mieux. En ralit, nousaccomplissons en une gnration une dmarche

de rconciliation sans prcdent dans lhistoire

de la France. Cela nallait pas de soi ; ce ntait pas

gagn davance mais nous avons su le raliser :

ne sacrions pas cette russite prcieuse.

Dsormais, jai la conviction que Paris ne peut

plus dcider notre place. Il ne peut plus le

faire pour une raison simple, cest que lheure

du choix ultime a sonn en Caldonie. Nous ne

pouvons plus gagner du temps , comme nous

lavons fait en 1988 et en 1998, et repousser plus

tard la dnition dune solution qui sinscrive,enn, dans le temps.


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Cest dailleurs ce qui fait de la priode compriseentre 2014 et 2018 un moment si particulier, et si

sensible. Ce qui se jouera pendant ces cinq ans,

cest lavenir de la Caldonie pour les dizaines

dannes venir. On ne peut pas aborder cette

chance comme sil sagissait dun rendez-

vous lectoral classique, aux enjeux habituels, etconstatant un simple rapport de force politique

un moment donn de notre histoire.

En clair, la logique du bloc contre bloc doit

dsormais tre dpasse. Cette opposition a

pourtant bien des avantages : elle est la stratgie

la plus performante sur le plan lectoral, et elle

est bien connue de tous les Caldoniens.

Dsormais,

jai la conviction que

Paris ne peut plus

dcider notre place.


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Simplement, le bloc contre bloc ne correspondplus la ralit de la Caldonie la veille de 2014.

La ralit, cest que nous grons aujourdhui

le gouvernement de Nouvelle-Caldonie tous

ensemble, selon une logique aussi consensuelle

que possible.

La ralit, cest que lapplication des Accords

a permis une trs large autonomie de notre

territoire, devenu comptent dans la quasi-

totalit des matires de notre vie quotidienne.

La ralit, cest quune fois les lections passes,la co-gestion du territoire entre indpendantistes

et partisans du maintien dans la France redevient

la norme, la satisfaction de tous.


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Il ne peut dailleurs en tre autrement, sauf remettre en cause le fondement mme

des Accords de Matignon-Oudinot puis de

Nouma, qui organisent justement ce partage

des responsabilits en Caldonie autour dun

concept innovant, celui de la collgialit .

Cest cette particularit caldonienne qui

nous vaut, dailleurs, dtre rgulirement cits

en exemple la tribune de lOrganisation des

Nations-Unies. Notre capacit surmonter nos

diffrences pour grer ensemble et dans la paix

notre territoire nous est envie par le monde

entier. On ne peut pas lvacuer dun revers demain : cest la condition mme de la paix civile.


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Il fallait donc dessiner un autre chemin,tracer des perspectives politiques nouvelles.

Cest ce que jai essay de faire, en conscience,

en retenant le meilleur de plus de 30 annes

dune exprience politique mise au service

de la dfense de mon idal : le maintien de la

Caldonie dans la France.

Je lai fait, cest vraisemblable, de manire trop

solitaire, davantage tourn vers laction et la

construction que lexplication. Ce chemin

intrieur que jai parcouru, avec la force de mes

convictions, je lai emprunt sans massurer

que ce que jentreprenais tait partag sinoncompris. Il me semblait, en effet, tellement relever

de lvidence que jtais persuad quil serait

accept une fois les premiers actes concrets poss.

Comprendre lautre pour continuer

vivre dans la paix


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Et je trouvais les attaques dont jtais lobjettellement drisoires au regard des enjeux pour la

Caldonie que jai insufsamment pris le temps

de rpondre.

Au fond, que demandent les indpendantistes ?

Ils veulent dabord tre reconnus dans leurlgitimit, et respects dans leur identit. La

France, en rendant possible puis en appliquant

les Accords de 1988 et de 1998, a dmontr

quelle savait droger au cadre rigide de ses

institutions et ses habitudes centralisatrices.

En Caldonie, la France a tenu ses promesses.

La France est mme devenue, par une trangetdont lHistoire a le secret, le meilleur rempart des

indpendantistes contre la loi de la majorit.

Je lai fait [...]

davantage tourn

vers laction et

la construction

que lexplication.


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Ils demandent aussi, et cest frappant chacunedes runions du Comit des signataires Paris,

davantage dtat en Caldonie ! Cest bien ltat

qui soutient le rquilibrage entre le Nord et le

Sud, ltat qui permet la promotion des cadres

mlansiens, ltat qui dcide de limiter le

corps lectoral, ltat qui donne les moyens defonctionner aux Provinces du nord et des les, etc.

Ltat, donc la France !

Au nal, les indpendantistes dhier sont

progressivement devenus de fervents

autonomistes : ils souhaitent le maximum de

libert dans lorganisation institutionnelle de la

Caldonie, comme dans la conduite des affairesinternes du territoire. La France leur a donn tout

cela. Ils ne la rejettent donc plus. Voici la vrit.

Sont-ils si loigns que cela de notre vision des


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choses ? Qui souhaite, ou pense possible, unerecentralisation des comptences aujourdhui

exerces par la Nouvelle-Caldonie, au prot

de Paris ? Qui ne souhaite pas en mme temps

un tat fort de ses comptences sur notre

territoire, notamment pour quil exerce la

plnitude de ses attributions dites rgaliennes - assurer la scurit et la justice, garantir notre

monnaie, appuyer nos initiatives de sa puissance

diplomatique, nous protger des apptits des

grandes multinationales du nickel ?

Il y avait l, pour moi, une occasion historique de

trouver une solution durable pour la Nouvelle-Caldonie. Si je souhaite une solution durable,

cest bien parce que les compromis issus des

Accords successifs enferment les Caldoniens

Les indpendantistes

sont-ils si loigns que

cela de notre vision

des choses ?


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dans une incertitude qui ne peut plus continuer.Il est pour moi vident quon ne peut pas

repartir, lissue de lAccord de Nouma, pour

une nouvelle solution transitoire de 10, 15 ou

20 ans avec notre avenir en suspens.

En plus de lvolution dune partie desindpendantistes, llection la Prsidence de

la Rpublique de Nicolas SARKOZY rendait

possible une solution caldonienne. Javais en

effet la possibilit, et je lai encore, de lui parler

directement, compte tenu de notre proximit

amicale, et je connaissais sa capacit semparer

des dossiers les plus complexes pour avancervers les solutions les plus novatrices. Sur ce plan-

l, je veux lui rendre le juste hommage qui lui

est d, tout comme lont fait les Caldoniens,


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en lui donnant 65 % de leurs suffrages lors de laprsidentielle de 2012.

Les hommes politiques de Caldonie doivent

avoir le courage de dire la vrit sur ce qui

se passera aprs les lections provinciales de

2014. Et la vrit, cest quaprs le scrutin nous

nous mettrons tous, indpendantistes et anti-indpendantistes, autour dune table pour essayer

de dessiner ensemble notre destin commun.

Ne vaut-il pas mieux avoir cette discussion en

pleine lumire, au grand jour, avant le combat

lectoral pour que les Caldoniens sachent o

leurs responsables vont les emmener ?

Cest ce qui ma pouss tendre la main

ceux des indpendantistes qui le souhaitaient.

Cette ouverture a permis de dcrisper nos


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relations lapproche de lchance de lAccordde Nouma. Depuis le mois de juin 2010,

lensemble des partis politiques de Nouvelle-

Caldonie change rgulirement, au sein

de trois groupes de travail chargs de dresser

le bilan de lAccord dune part, de rchir

une stratgie minire et mtallurgique dautrepart, et enn dtablir les diffrents scenarii

institutionnels possibles pour lavenir.

La question du double drapeau

et la reconnaissance par les

indpendantistes de la lgitimit

franaise en Caldonie

Pour commencer changeravec ceux des

indpendantistes qui en taient daccord, sans


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que, pour autant, nous ne ngociions pourlavenir, il fallait poser des gestes forts, des gestes

de sincrit.

Au mois de fvrier 2010, jai propos au Prsident

de la Rpublique et au Premier ministre, qui

lont accept, de reconnatre les symboles de

chacune des deux lgitimits de la Nouvelle-Caldonie : le drapeau tricolore aux cts de

celui qui est devenu le drapeau identitaire kanak.

Cette proposition a t valide par le Comit

des signataires, et une large majorit du Congrs

a mis le vu que ces deux drapeaux soient

arbors ensemble en Nouvelle-Caldonie.

Il ne faut pas msestimer la porte symbolique de

ces deux drapeaux ottant cte cte. Chacun

sent bien que ce geste a install un nouveau

Il est faux de dire

quil sagirait dune

concession unilatrale


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climat entre les indpendantistes et ceux quisont favorables au maintien dans la France. Les

indpendantistes mlansiens se sont enn sentis

considrs dans les yeux de ceux den face ,

et les chemins du dialogue ont pu tre rouverts

entre nous.

Il est faux de dire quil sagirait dune concession

unilatrale comme je lentends parfois. Dire

cela, cest ne pas voir que les indpendantistes,

y compris les plus durs dentre eux, ont eux aussi

fait une rvolution intellectuelle en acceptant

le drapeau tricolore dune Rpublique quils

rejetaient jusquici.On a beaucoup insist sur la monte du drapeau

identitaire kanak Nouma. Ce geste tait dautant

plus visible que le Premier ministre en personne


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assistait cette crmonie, en ce mois de juillet2010. On a moins vu que le drapeau tricolore a t

hiss, pour la premire fois, au cur de bastions

indpendantistes dans lesquels celui-ci tait,

jusqualors, banni : le bleu-blanc-rouge otte

dsormais sur les mairies de Thio, de Belep ou de

Canala. Il otte mme - que lon se rende compte !- sur le fronton de la mairie dOuva.

Et jai vu le soulagement des Mlansiens

du Rassemblement qui, grce ce geste et

lacceptation de ce drapeau identitaire, peuvent

renouer des liens apaiss avec ceux de leur

famille ou de leur clan qui ont fait un autre choixpolitique. Ils staient dchirs cause dun

emblme marqu par la violence, ils se retrouvent

autour du symbole de ces deux drapeaux runis.

On a moins vu que

le drapeau tricolore a t

hiss, pour la premire

fois, au cur de bastions

indpendantistes.


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Au nal, la reconnaissance mutuelle des deuxlgitimits de Nouvelle-Caldonie a t un geste

fort, mais pas une rupture dans notre histoire

commune. Elle a t une tape importante de

la longue marche, commence en 1988, vers la

construction de notre destin commun. Elle a

permis aux indpendantistes de reconnatre lalgitimit de la France sur cette terre caldonienne.

Et, jai dj eu loccasion de le dire, je suis

persuad que, dsormais, aucun de ces deux

drapeaux ne descendra plus jamais. Ni le

drapeau identitaire kanak, ni le drapeau tricolore.

Ce sont les deux faces dune mme mdaille.

Les mots les plus justes pour parler de cette

question ont t probablement ceux de Nicolas

SARKOZY.


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Dans son discours prononc Pata le 28 aot2011, il indiquait :

Ces deux drapeaux, parce quils ottent

ensemble, traduisent aussi le fait que la

Caldonie est une terre de partage. Dans

de nombreuses familles, des enfants ou des

petits enfants ont tout la fois du sang kanak,europen, mtropolitain, polynsien, wallisien.

Vos enfants vivent, au plus profond de leur

chair, la ralit et la diversit de la socit

caldonienne. Ils lincarnent dans leurs gnes.

Vos enfants sont le visage rconcili du futur

de la Nouvelle-Caldonie. Alors que lAccord

de Nouma nous demande de poser les bases

dune citoyennet de la Nouvelle-Caldonie,

peut-tre est-elle tout simplement en train de se

construire, naturellement, sous nos yeux.


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Pourquoi faire tout cela ? Pourquoi continuer dfendre la seule ligne politique qui soit

raliste face aux ds de 2014, alors mme quil

serait simple dabandonner le terrain aux joueurs

de te, qui manient mieux que moi lart de la

communication ?

La rponse est simple : parce que je souhaite que

la Caldonie reste dans la France.

Je repense souvent Jacques LAFLEUR et sa

poigne de mains avec Jean-Marie TJIBAOU, il y

a tout juste 25 ans.

Ce geste, qui a rendu possible la signature des

Accords de Matignon et la n de la guerre civile

en Caldonie, cest lacte de naissance des deux

Logique lectorale contre intrt

politique de la Nouvelle-Caldonie


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drapeaux. Ils sont le prolongement naturel etvisible de cette poigne de mains. Ce geste fait

partie de notre mythologie moderne, il est

fondateur de notre identit de Caldoniens, et

est salu par tous.

Pourtant, lpoque, cette poigne de mains at trs frachement accueillie en Caldonie.

TJIBAOU a t accus davoir t lesclave qui

a serr la main du matre , et y a nalement

laiss la vie, tu par un extrmiste de son propre

camp. Quant LAFLEUR, il a essuy lun des plus

cinglants revers de sa carrire politique, puisque

lAccord de Matignon a t rejet par 63 % desNoumens, et par 60 % des habitants de la future

province Sud.

LAccord de Matignon

a t rejet par 63 % des

Noumens, et par 60 %

des habitants de la future

province Sud.


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Aujourdhui, chacun comprend la portehistorique de cette poigne de mains et de ces

Accords. Il faut parfois accepter de sortir de

limmdiatet des logiques lectorales lorsque

lintrt suprieur de la Nouvelle-Caldonie

est en jeu. Cest mme la raison dtre du

Rassemblement, dans lhistoire rcente de laNouvelle-Caldonie.

Trouver en nous-mmes

les ressources pour crire notre

destin commun, dans la France

De tous les combats, celui qui est menen faveur de la paix et du dialogue est le plus

redoutable, parce quil est dabord livr contre

soi-mme et quil suppose que lon soit capable


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davancer vers lautre, de le comprendre. Cestl toute la noblesse de lengagement politique

auquel je crois.

Car au fond, avons-nous le choix ? Existe-t-il une

alternative crdible au dialogue entre toutes les

composantes de la socit caldonienne ? Je nele crois pas.

Le processus du rfrendum est illusoire quand

il prtend trancher ce qui doit tre dbattu : il ne

pourrait alors que rouvrir des plaies qui ont mis

prs de 30 ans se cicatriser.

Continuer dfendre lindpendance tout crin,

cest sopposer au souhait de la grande majorit

des Caldoniens.

Existe-t-il une alternative

crdible au dialogue

entre toutes les

composantes de la

socit caldonienne ?

Je ne le crois pas.


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Vouloir faire comme dhabitude , cest--direaller demander Paris de trouver une solution

pour nous, cest tout dabord nier le long

cheminement vers la responsabilit, entame

en 1988.

Ensuite et surtout, cest demander quelque

chose dimpossible : que Paris choisisse pourles Caldoniens les modalits du maintien (ou

non !) de la Caldonie dans la France. Ceci

serait intolrable, et rejet immdiatement par

lun ou lautre des deux camps.

Il ne nous reste donc qu trouver, nous-mmes,

les voies de la sagesse pour construire notredestin commun, cest--dire notre citoyennet

caldonienne dans la Nation franaise. Nous

devons compter sur nos propres forces, nos


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propres ressources, notre propre capacit inventer un avenir nul autre pareil.

Faut-il engager ce dialogue avant les lections

de 2014 pour que les Caldoniens puissent faire

un choix clair ? Ou veut-on une fois de plus

les tromper en multipliant les dclarations quechacun sait bien ne pas pouvoir tenir ?

Et aprs nous tre battu depuis plus de 30 ans

contre lindpendance, le moment nest-il pas

venu de nous battre pourquelque chose ?

Aujourdhui, il est temps de consacrernotre combat politique btir une solution

institutionnelle, de long terme, pour la Nouvelle-

Caldonie.

Aujourdhui, il est

temps de consacrer

notre combat politique

btir une solution

institutionnelle,

de long terme, pour

la Nouvelle-Caldonie.


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Jai fait le choix de la sincrit et de la clart.Je sais sur quelle terre et dans quel pays je

souhaite que mes petits-enfants grandissent et

lvent leur tour leurs propres enfants, lorsque

je ne serai plus l.

Cette terre, cest la Nouvelle-Caldonie.Ce pays, cest la France.


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Depuis plusieurs annes,

Pierre Frogier sapplique

bousculer les lignes et prendre linitiative pour

aire bouger les choses,

dans la perspective des

chances de 2014 et

de la sortie de lAccord

de Nouma.

Convaincu que lavenir

de la Nouvelle-Caldonie ne peut sinscrire que

dans la France, il rfchit aux moyens de construire

ces lendemains avec lensemble des Caldoniens,

quelles que soient leurs origines ou leurs cultures.

Dans ce petit opuscule, il livre avec sincrit

et humanit ses plus intimes convictions.

Il rtablit des vrits.

Il trace un chemin novateur et il invite les

Caldoniens le suivre.

Engag en politique depuis 1977, aux cts

de Jacques Lafleur, Pierre Frogier est le seulresponsable caldonien avoir prsid les trois

principales institutions de la Nouvelle-Caldonie :

le Gouvernement, le Congrs et la Province Sud.

Il a galement t maire du Mont-Dore, dput de

la seconde circonscription pendant 15 ans et il est

aujourdhui snateur de la Nouvelle-Caldonie.

Ngociateur et signataire des Accords de Matignon-

Oudinot et de Nouma, il est le prsident du

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