Notice sur Thibaut-le-Tricheur et sur Eudes Ier, son fils...

56
NOTICE SUR THIBAUT-LÉ-TRICHEUR fiT. SUiEUBEs r, cmt UD 411111r Les savants d'Allemagne et de France s'émurent vi- vement, il y a quelques années, lorsqu'on apprit la découverte d'un écrivain du N a siècle. C'était là, en effet, une nouvelle charmante et rare. On racontait à l'avance mille choses très-flatteuses de cet auteur qui apparaissait tout à coup ].a après huit siècles d'oubli. C'était un homme sérieux, grave, instruit, un historien niodéré et complet, qui envisageait les choses dans leur ensemble, et ne pouvait sans injure étre comparé aux secs chroniqueurs qui avaient parlé de son époque. JI reprenait le récit de l'honnête Flodoard et le continuait jusqu'à la fin du r siècle racon- tant les phases. diverses de la révolution • qui venait d'élever les CAPES au trame. Il se trouvaiq ainsi le seul écrivain contcmpbrain de ces faits, et il laissait loin de lui le ridicule Glaber, qui était jusqu'alors la source la plus rapprochée des personnages où l'on pit puiser quelques renseignements. - Document 1111111111 III liii! III! 11111111 L . 0000005606924-

Transcript of Notice sur Thibaut-le-Tricheur et sur Eudes Ier, son fils...

NOTICE

SUR THIBAUT-LÉ-TRICHEURfiT.

SUiEUBEs r,cmtUD

411111r

Les savants d'Allemagne et de France s'émurent vi-vement, il y a quelques années, lorsqu'on apprit ladécouverte d'un écrivain du N a siècle. C'était là, eneffet, une nouvelle charmante et rare. On racontait àl'avance mille choses très-flatteuses de cet auteur quiapparaissait tout à coup ].a après huit sièclesd'oubli. C'était un homme sérieux, grave, instruit, unhistorien niodéré et complet, qui envisageait les chosesdans leur ensemble, et ne pouvait sans injure étrecomparé aux secs chroniqueurs qui avaient parlé deson époque. JI reprenait le récit de l'honnête Flodoardet le continuait jusqu'à la fin du r siècle racon-tant les phases. diverses de la révolution • qui venaitd'élever les CAPES au trame. Il se trouvaiq ainsi leseul écrivain contcmpbrain de ces faits, et il laissaitloin de lui le ridicule Glaber, qui était jusqu'alors lasource la plus rapprochée des personnages où l'on pitpuiser quelques renseignements.-

Document

1111111111 III liii! III! 11111111L . 0000005606924-

Il n'gt pas question d'anal yser ici l'oeuvre impor-tante du moine de Saint-liemy , d'autres l'ont faitdéjà, et après MM. Minet, Guérard et Lenormani jen'aurais certainement rien à dire. Qu'il me soit seu-lement permis de constater, d'après ces témoignagesbièn compétents, que-Bicher a tenu les promesses queson inventeur— flous pouvons bien ious servir de cemot que son inventeur avait faites en son nom.Élève de Gerbert, il avait été choisi par. ce grand etsavant homme pour accomplir ce travail historique-et il n rempli sa tâche de manière à faire honneur aujugement de' SOEU maRre. Depuis notre Grégoiré,dont il &a pus i laimablè abandon , il faudrait des-cendre asez loin dans la liste de nos historienspour trouver tin nom digne de lui être comparé. Et leP siècle'cette époque si obscure et si barbare, setrouve- aujourd'hui avoir tin des annalistes les plussûrs que Uhistoire de Frimée puisse invoquer,- et,sans- contredit, un des plus dignes du nom d'historien.

Au P siècle, la Touraine existait c'est une véritéque je prends la liberté de -ne pas démontrer, et l'his-toire de notre province n'échappait pas à la communemisère dé cette époque. Lesdiplômes même nous man-quent les faits et les personnages qui intéressentle pltis ne sont connus que par des écrivains bienpostérieur S. La Monique- de Tours' ,omposé au-xIII' sièéle, pour être notre meilleur guide, n'en est pasplus sûre; les Gestes- des Consuls d'Anjou et ceuxdesSeigneurs d'Âmboise sont- 'pbur prouver - qu'en touttemps l'imagination , qui fuit si volontiers le cer-

aic

veau ilS poètes, s'est complue 'à se loger en celuides historiens ; l'Anonyme de Marmoutier est pourcorrobàrèr la préuve. Des écrivains qui n'ont passpécialemetC parlé dé. nos contrées, les plus an-ciens sott encore Hûgiies de Flavigny, Àdhémar deCbab'annais Albéric des Trois-Fontaines - et les ziu-tres compilateurs des XII* et XII? siècles. Bicher vientdonc apporter la lumière an milieu des erreurs cju'ilspropageaient en se copiant les uns les autres; et c'estavec son aide que je vais essayer de recueillir, nonpas tous les faits qui intéressent directement la Ton-i-aine,. mais ceux-là, seulement qui concernent noscomtes Thibaut-le-Tricheur et .Eudes V' son fils.

La maison de Blois, qui posséda les comtés deîours,de Chartres, de Provins, de ùeaux et de Troyes', quiétendit une sorte de suprématie sur la Uretaguc etéleva des prétentions sur la Loi-aine, tirait son ori-gine, disent les historiens les plus généralement reçus;d'un Normand, gendre de Robert-le-Fort, nomméThiéboit. On conserve volontiers à ce personnage unnom de forme saxonne. On modernise, au contraire,celui du fils, qu'on lui attribue, et qtii est Tltibaut-Ic-

I

'Tricheur ou le Vieux. Ce comte Tricheur aurait vécu,dit-on ,près de cent ans.. Il. était mort en 978.

Mais toutes ces origines sont. pleines, d'obscurités.La généalogie de Thibaut-le-Tricheur est loin d'être

• parfaitement étalili.. Chalmel (1) West arrivé qu'àétablir lin point incontestable c'est que .Thibaut-le-Tricheur avait tin frère évêque; qu'on:dit archevêquede Bdurges nominé Richard. La mère de.ce Richardse nommait Ric.hildc. Cette Riehilde passe polir fluéde Robert—le-Fort.

Un Thibaut était vicomte de Tour en 908. Unepièce de nos archives, publiée par M. Cartier (2),. nousmontre, à cette époque, ce i'hibaut assis sur les mu-railles de la ville, (lu côté de b Loire , proche Saint-Julien, et y tenant les plaids, assisté des vassaux Gaul-tier, Fulerade et Corvon. Chalmel suppose que éc vi-comte de Tours devait être le père du Tricheur, quiaurait, après lui, possédé cette vicomté. Il pré-tend avoir trouvé dans la donation, à l'abbaye deSaint-Florent de Saumur , de la Chapelle - Saint-Louans, près Chinon , des paroles du Tricheur quiconduisent à penser que son père portait le mêmenom de Thibaut. 'J'en suis marri; mais les. parolesquc-Ctialmel rapporte (3) ne donnent rien à préjuger,quoiqu'il y bit prétendu, sur le nom du père du.dona- --leur, et le texte de la pièce et:sa confirmation (4) par

(I) Histoire dé, Touraine, p . 301 et soi,. Mélanges hist., p. 43461 suiv.''(9) Mélanges -historiques, pi M. Et. Cartier, in-8'.(3) Histoire de Touraine, Mélanges historiques, lot. rit.-'(4) D. Martenne. Thesaurus anecdoctorum ;tom. 1, col. 91, 95!.'

- V

l'archevêque Ardouin n'offrent aucun reneignementà ce sujet.

D'autres historiens, dont l'opinion est aujourd'huien défaveur, avaient'prétenduque le père'du Tricheurse nommait Genou.' Quelques lignes de Richer flourraient donner de l'appui à cette hypothèse. Il raconteque, dans les guerres du roi Eudes contre les Nor-mands, un palfrenier du roi, nommé Ingàn, se distin-gua' tellement, qùe le roi lui donna le château deBlois (895); mais lagon mourut-deux ans après des'suites de ses blessures et laissa un fils nommé Cerlon,que le roi couvrit de 53 Protection , et qui possédalesbiens paternels. La chronologie ne se refuserait pas àadmettre ce Genou pour père du Tricheur (1).

Mais ce sont là dés hypothèses, et en histoiré il fauts'en tenir aux faits certains et aux textes précis. Ondoit repousser les conjectures. Les plus spécieuses sontsouvent les plus fausses. Nous n'éprouvons aucun scru-pule ni aucune honte à avouer que nous ne connaissons'pas lé nom du père du Tricheur; et pour nous en tenirtoujours aux faits prouvés dans leur rigueur, dans leursécheresse, si l'on veut, nous n'éprouverons pus unehonte plus grande à avouer et à reconnaître -que nousignorons à quelle époque et en vertu de quel titre Titi—haut posséda le comté (le fois. Chalmel parle d'une

(I) Richer, liv. j , cl,. xi, les ai, Leurs (le l'Art de vérifier les dates avaient à

l'avance tranché toute difficulté en appliquant les deux noms de Tinûboit et deGe p toit à un seul et même persoiiiieg4 qu'ils l'ont père dii Tricheur. 'rompage 611.

'-I -

cession faite au tricheur, pu 982, par Robert, quand'celui-ci fut élu roi (I). Mais cette cession du roi Robert.n'est rien moins que prouvée. On l'invoque, et on asans doute d'excellentes raisons pour ne la citer ja-jnais.?4ois ne prétendons:pas, d'ailleurs, qu'elle n'aitpoint eu lieu. Seulement, IIOLIS n'avons pu' encoreconstater son existence. Tout ce dont nous, sômmescertains c'est que Richard de Poitiers, dont la Chro-nique va jusqu'au milieu du Xllsiècle, dit que les an-ciennes Chroniques rapportent qu'au temps (lu roiRaoul (923-936), un comte Thibaut était puissant dansles contrées du Blaisois et qu'il y fonda le monas-tère de SainkLaumer (2.

Nous savons encore, qu'en 924, le roi Raoul don-fait aux inoin'es de St-Laumer quelquesuns des biensqu'il possédait ùBloiset il faisait cette donation suriesinstances de son ami l'illustre Thibaut, comte Pala-tin (3). 11 est possible que le roi et l'historien aientvoulu parler du Trieheui', mais cela est loin d'êtresolidement établi et il sera peut-être prudent 4e nerien affirmer en ce point.

Quant à la ppssession de la ville et du comté deChances, Aihéric des Trois-Fontaines (4) rapporte

(I) Chalmel a tort, ainsi que les historiens qui l'ont répété, d'ajouter que leTricheur, qu'il fait 0k de Biclulde, soeur des roi, Eudes et Robert, était beau-frère de ces derniers; c'est neveu qu'il devait dire. -

() Historiens; de FranS, tome ix, page 24. -(3) Vkteis precibw ainici mai Th,obcldi inclyti co,nitispatatii, p. 566.

(4) Historiens de France, tom. si, page 63. Guillaume de Jumiège, Iomevm

p' 55. -

0

- -VII -

qu'un 904, le normand Hasting les vendità lin Thi-baut qu'il nomme comte de Touit. L'éditcflr frantaisde Bicher croit reconhitre dans ce pLttÔunage leThiébolt, père du Tricheur 4) , qui n'a jtlwïisétécônite de Tours D'outres éËétebdént que c'èsVhiSle Tricheur dont il est question dans ce pasùge. L'é-vêque de Charttes l'aurait appelé à son secourscontre les Normà,ids, Après avoir effra yé Bastingfet acheté son départ, Thibaut aurait trômpé l'Mê-què et se serait empai'é, poUr sou prol*e compte,de la ville qu'il était veau défendre et délivrer (2).Mais nous - lie Peconnaison g rièn de prôuvé danstous ces points et nous ne saurions dire à quelle épo-qie et eii.i'ertu de quel droit Thibaut devint comte deChartres,.

On ptétend qtie le meilleut moyen d'arriver ii lascience est (le reêouuaîtte en. toute occasion et deconfesser son . ignorance tous avouerons •enbrè-que nous ignou'ons môme l'époque et le titre do l'a-vénement de notre Tricheur au comté de Touts.On parle bien d'une cession faite par H.ugues'le-Grand en 958 ou 941 (), an profit de"Thihaut-leTriéheur, qui , jusque-là, avait possédé h vicofité deTours (4). Mais nous noomnies pas cnèofé édifié sti'

(I) Bicher, tonne ii. I'oLn et disserlaiionâ, page 36.-. (2) Bérnier.higtoire de Blois, pa 27e;

(3) ChaumaI, hitqirpdeTuraine, Couac I, page 304. —Et. Cartier mon-naies au type Chartain, page 27.

Guadet, d'après l'Art de liêrifier les d,les., prétenJ même qùé le-bMIé Je tutus aurait été emicédé par les rois Louis et Carloman à Yhiéolt,.

pire de tliibaùt le Tricheur. Rucher, tonic ri. -

- 1,111 -

l'existence de cette concession. Nous ignorons tlànesi le Tricheur fut jamais vicomte de Tours, si levicomte Thibaut dont il est question dans l'atte de908, le Palatin de 92, tout comme le comte Thihautd'Albéri&des Trois-Fontaines et celui de Richard dePoitiers forment un seul et même personnage , et sic'est bien ainsi le Tricheur dont il est question dès lecommencement du siècle, ou si c'est son père ou quel-'qu'un dessiens.

La première circonstance où on ne peut pas hési-ter à reconnaître notre comté de Tours , ne remonte

•pas au delà -de 943. C'est Raoul Glaber qui en faitmention,

Arnoul, comte de Flandre, avait appelé Guillaume-Longue-Epée, dite de Normandie, à une entrevue qui

* eut lieu sur les bords de la Somme. LeNormand s'y ren-'lit par mer et trouva dans File de Picquigny Thibautde l'ours et le eàmte de Flandre. Après Fentretien etde longs embrassements, le Normand était, avec sasuite, remonté dans son esquif, lorsque le comte deTours le rappela, comme ayant une dernière particu-larité à lui confier. Guillaume, qui bien que put s-

• santétaitsimple, dit l'historien, prenant lui-mêmel'aviron • fit retourner la barque et sauta seul sur la

- rive; Thibaut, alors, s'approchant de lui, comme pouilui parler confidemment, tira de dessou g son manteauune épée qu'il y avait tenue cachée, et, le frappant àla tète, la trancha d'un seul coup. !iesNormands, àcette vue; poussèrent de grands cris et s'enfuirent por-ter cette funeste nouvelle aux Rouennais. Or, le duc

- Ix -

Guillaume laissait veuve et sans enfants Leutgarde , dela famille de Vermandois. Thibaut s'empressa de de-inonder sa main à Herbert il l'ôbtit, et ce fut.dit Glaber (1), unbien détestable mariage. Mais CIa-ber n'aime point le comte de Tours, et Bicher (2), quiraconte eu grand détail l'occasion et les circonstancesdu meurtre d Guillaume , ne nomme. Pas Thibaut. 11laisèe toute la responsabilité (le cet acte à Arnoul les.choes se seraient passées à peu près comme Giaberles raconte; seulement Guillaume aurait été frappé dansla barque même par les hommes d'Ârnoul, qui appor-taient, disaient-ils, un présentque leur seigneur avaitoublié d'offrir à Éon ami. Guillaume de Jumièges etiesAnnales de Saint-Bertin, qui donnent les noms desmeurtriers, neparlent point deThibaut (5). Mais Bicherdit aussi que cet assassinat fut commis à- l'instigationd'Bugues-le-Grandet cette circonstance pourrait fairecroire à la complicité de Thibaut. Quoi qu'il en soit,il épousa donc Leutgarde. Guillaume avait laissé unfils bâtard que .les Normands prirent polir duc et accqui Thibaut eut, par la suite, de grandS guerres àsoutenir.- Cet assassinat de Guillaume de Normandie remplitde désordres et de meurtres toute la moitié du r siè-cle. Hu4ues-le-Graud y prit une part active et plusd'une fois attaqua le faible roi Louis d'Outremer, (iii

- (1) Rad. Gtab. , tome t, page 44.(2) Ridièr, liv. u, eh. 32, 33.(3) Guillaume dé Jumuige, tome viii, page 262. - hua. SiLb.i tome n,

P. 78.

prit avec lui des alliances facilement rompues. Thibaut-le-Tricheur parait dans tous ses événements comme lefidus Ac/zates du duc de Fronce. Il faisait la guerre, -comme la trahison .à son profit, et se prêtait à tous les.rôles que son patron exigeait et qu'il récompeilsaitgénéreusement. En 945, le *due, pour se vengerdu roi qui, avait arraché de sesmains la ville deBayeûx et une partie de la Normandie, lâcha contrelui Bernard de Senlis, HeÎ'bert de Vermandois et Thi-baut deTours. Pendant 1es fêtes de Pâques, ils sur-prirent et détruisirent Montigny, qui était une villedu roi. Ils entrèrent aussi è l'improviste Ions samaison de Compiègne, la saccagèrent, et le comte deSenlis emmena les chiens et les chevaux de chasse durôi Louis (1).

Cette année là même', mourait'l'archevêque deTours, Théotoïon, qui s'en revenait de Laon, où, audire de Richer, il était OHé s'entremettre des affairesde la poix Outre les princes (2): Mais ses efforts na-valent pas eu tout succs, Oar, peu de temps après, leroi ayant été fait prisonnier à Rouen, le duc s'em-ploya sournoisement et avec de grandes protestations -pour sa liberté. Lorsq(ic les Normands eurent faitlleursconditions et que la reine Gerbérge et les fidèles du roiles eurent acceptées, la personne royale fut rOnise en-tre les mains du duc, qui j au lieu de la laisser en ii-

(I) Flodoard, chien, tome vii', page 198. .a. hibèï, liC ai, ch. 43.() Bicher, liv.u, eh. 46. - Floil., chron. jige 19Ô. - IToÊ. do $leùty,

page 321. -

- xl -

berté, la confia à la garde de''!' liihaut (1). Ce comte: rendit alors un service pareil à celui qu'avait autre-

fois rendu Herbert de Vermandois; mais le roi Louis,plus heureux que son père Charles1e-Simple, sortitau bout d'un an , donnant pour rançon la ville deLaon, dont le duc confia encore la gaide à ThibautDé là, vient que'ce dernier est quelquefois nommé parles historiens Thibaut de Laon.

Au milieu de ces tunitiltes, l'église elle-même étaitloin d'être en paix (928). Herbert, comte de Verman-dois, avait, pour prix de la captivité de ChnIes-ieSirn-pie, obtenu du roi Raoul l'archevêché de Reims pourBon fils Hugues encore enfant. (5) Mais après la mort deCharles-ld .Simple, le roi Rarnil ayant à se plaindred'}lerbert, engagea les Rémois à élire eux-mômes unarchevêque (932. -Artaut fut ainsi élu et sacré (4).Cette double élection fut encore une cause fécondede guerres auxquelles notre Thibaut se mélà. Aprèsla mort du gardien de Charles-le-Simple l'archevêquellugues et ses frèrS Herbert et Robert, unis àleur beau-frère Thibault ravagèrent les terres de l'églisede Reims. La possession de la ville de Laon leur don-nait de grandes facilités d'exercer ainsi leurs violences

(1) flkber, liv. ai ,-cb. 49. — Pied, page 199. - Chron. tird., p. 293.—Bug. do Fleury, page fi.

-(2) Ficher, liv. ii, chap. 51. —Flod., chron. page 200.(3) Bicher; liv.i, eh. 56. - Pied., filai, do Relies, page 165. - CbTOD.

page 185. - -(4) Ricber,ivi, eh. 60, 6f.— Flod., flustôlie de Reims, paire 165.—

Chron. page 187

- XII -.

contre. l'église (le Reims, et d'outrager à leur. gré lefaible Louis d'Outremer. Celui-ci appela à son secoursOtton, roi deCerroanié, et Chourad, roi de Provence,niaisaprês avoir examiné l'assiette de la ville ,n'osèrent en tenter le siège. Outre la ville de Laonque Thibaut tenait de Rogues, il avait bâti le fort deMontaigu que I? roi prit en M. Cette même'iiêm année leroi; toujours impatient de reprendre Laon, avait en-core conduitson armée sous les murs de la ville, maisil ne put s 'en emparer malgré ses. efforts et savail-lance. Ce fut pendant ce siége que les évêques, réu-nis dans l 'église •de Saint-Vincent; lancèrent l'aiia-thème contre le duc lingues et ses adhérents. Thibautn'en continua pas moins ses vioknces. Au temps desvendanges (948), il ravagea les campagnes des environsde Reims et emporta tout le vin (I).

La ville (le Laon était avec celle de Reims . à peuprès la dernière que possédât la race de Chailema-gne. Le roi Louis ne pouvait consentir à s'en voirprivé et. à pardonner l'odieuse violence contre sapersonne, à l'aide de quoi Hugues s'en était em-paré. Au concile d'Engelheim , qui avait précédé d'unmois l'anathème* prononcé dans l'église de Saint-Vincent, il s'était déjà plaint de cette félonie. Mais ilne se contentait pas de se plaindre: son caractère actif,hardi et entreprenant le portait à agir. L'assiette dela ville et sa forte position rendaient vaines 'toutes

• (I) Voir sur cette guerre l'flisloire. de Reims, Ii y. iv, la chronique deFlodoard, et tonte la fin du liv. ride Bicher.

ses entreprises sans le faire renoncer à son projet.En 949, la reine Gerberge s'était rendue en Allema-gue. pour solliciter de nouveau un secours de son frèreOtton; l'humeur irritée du roi ne pouvait souffrir dedélai, et il parlait sans cesse à ceux de ses serviteursqui l'entouraient h Reims du désir de se retrouvermaître de cette forte et belle ville de Laon. llaoul, lepère de notre historien Richer, était vassal du roi.C'était un homme hardi , éloquent, judicieux, capa-ble -de donner un conseil tout aussi facilementque de prêter un coup de main- il résolut de remet-tre Laon au pouvoir du roi. La ville , gardée par Thi-haut de Tours, était bien fermée: on connaît sa forteet remarquable position. Tous les jours vers le soir,les palfreniers des citoyens sortaient au nombre decinquante à soixante environ, et descendaient dansles frair-ies pour faire boire leurs chevaux. Dans lacrainte où on était toujours de quelque entreprise,ils desendaient en aimes et ramassant è la hàte del'herbe, ils en chargeaient leurs bêtes, et remontaientpromptement la colliri q . Souvent pour se garantir desardeurs du soleil couchant, qui, - à celle heure, dan—doit avec force ses rayons sur cette colline escarpée ethrùléd, ils se couvraient la tète en la chargeant defourrages. Raoul, instruit de tous ces - détails, que lerapprochement des deux villes de Laon et de ileimsle mettait à même de bien connaître, fit, pondant lanuit, avancer quçlqies troupes; il les cacha sur', lescoteaux couverts (le bois, qui joignent d'un côté lacolline, isolée dc-totite outre part, sur laquelle s'élève

xiv

encore la ville, entourée (le ses vieilles murùi]tes.soir arrivé, les palïreniers sortent selon leur cdutumeportant leurs armes et conduisant leurs chevaux; ilsdescendent et arrivent dans la prairie; par une per-mission de la Providence, au lieu de se hûterà ramas-ser lø fourrage, ils S'écartent et s'attardent' à cuéit-lir dcsglaieuls.

Raoul s'avance résolument. li est accompagné dehardis compagnons en nombre égal à celui des pal-freniers, à la mode desquels ils avaient revêtus des cos-turnes simpks et grossiers. Ils .poussent des chevaux de-vaut eux, ilsse couvrent la tète et se cachent b figureavecdes bottes de foin. En cet équipage ils se préen-sentent aux portes de la ville: La porte s'ouvre. Ilsentrent, tirent leurs épées, poussent des cris et fôn•tretentir lebrs trompettes. Le tumulte se fait. Les ci-toyens arrivent en armS. On se bat. Les assaillantsétaient en petit nombre',mais ils appuyaient loin-droite sur une tout- , leur gauche sur les maisons (le la'ville; lis n'avaient d'ennemis qu'en iront et ils frap-paient avec confiance; toutefois, ils n'osaient avancercrainte de se laisser préndre pur derrière. Ils étaientdéjà couverts de blessures et commençaient à faililir,lorsque les troupes qui, au premier signal, étaient sor-ties de leur'emhuscade pénétrèrent- dans la ville pariaporte encore ouverte. lise fit ùn grand carnage, maisbeaucoup des combattants se sauvèrènt dans - la. cita-delle dont le roi né put s'emparer et' que Thibautmaintint encore sous 1e pouvoir de Hugues (1).

(t) Riche T, Ut.,', eh. 88,89,94 cl suit.

- xv -

Pendant que le roi Lotus enlevait ainsi au ducHugues et à son vassal Thibaut, la possession de laville de Laon, lèpape Appel, dans un cdncile tenu àHome, ratifiait la sentence d'exconimunicotion pro-noncée contre le duc de Fronce. Les évêques, à cette

'occasion, renouvelèrent auprès de ce prince leurs ins-tances pour la paix, et il commença à écouter leursparoles et à acquiescer à leurs désirs.

Enfin , en 950, il conclut sa paix avec le roi. T111bout avait failli lempêcher. Pendant les négociationsil surprit le château deÇoucy (1),'et ri

en ne put l'enga-

ger à le restituer La paix se conclut néanmoins; ledué Bogues rendit la citadelle de Laon.

L'affaire des deux archevêques, compétiteurs dusiège deReims, se poursuivait toutefois, et un flou-tel incident vint renouveler la colère de Louis. Ogive,sa mère, veuve de Charles-le-Simple, épousa Herbert,

- - fils du comte de Vermandois, qui avait retenu silongtemps prisonnier ce malheureux prince. Le roi 4

s'empara aussitôt des biens qu'elle possédait, et- lesdonna à sa femme, la reine Gerberge (2). -

Les préoccupations de Thibaut ne s'étendaient passeulement sur le centre- de la France; il avait mariésa soeur à Alain Barbetorte, comte de Nantes celui-ci, se. sentant près de mourir, fit appeler le comte

-de Tours, et lui confia la- garde de sa femme, de sonfilset deson comté (952(3). Thibaut donnà la veuve en

(I) Flodoard, ciron. 20.. - ..•- . -

(Q) Bicher, liv. il , cli, j50.(3) Luron. ?anneI. , tom. vii,.

- XVI -

mariage à Foulques-le-Bon , comte d'Anjou, et luiconfia aussil'enfanU, Dreux, qui mourut bientôt. Pourle comté et laville, il en donna la moitié en garde aututeur -de l'enfant, et se réserva l'autre moitié pourlui--mème. C'est du revenu qu'il en tirait, dit la Chro-nique de Nattes, qti'il bâtit les châteaux de Cliartres,de mois et de Chinon (4).

Les historiens ne non-, apprennent pas avec quelsdeniers il releva celui de Chateaudun , et construisitceux (lé Mareheùùir et deFrèteVal sur • les confins duVendomois (2).

Cependant le roi Louis d'Outre'mer vint ùmourir(954. Le due lingues-le-Grand. qui, durant ses der'ïnièces années, avait constamment conservé la favèur'

•royale, couvrit de sa protection le jeune roi Lothaire,•et le conduisit en grande pompe à Orléans,à Char-

tres , à mois, à Tours et dans les autres villes 4e la•Neustrie partout ils furent l'un et loutre rècus avec

- de grands honneurs (5). Les trois dernières villes queBicher nomme, appartenaient ii Thibaut; mais mal-gré la paix que cbnscrvnitson patron, le comte deToursne restituait pas les biens de l'église de Beims, et il

• gardait toujours le château de Coicy. Si on cii'ci-oitFlodoard ,• en 957, les fidèles de l'archevêque Artaut -

• surprirent à leur tour . ce @iûteau. iJardouin , qui enétait gardien pour Thibaut, se réfugià dans le don-jQn. C'était, (lit l'historieii, une tour très-forte; et le

(1) Chrou Naimet., tom. VIII , page 277.(9) M, de Petignv, )Iist. ArcliéologiquedoYendûmS. page 134.(3) hictier, liv. jie , eleap, 3.. -. -

- xvi• I -

roi Lothaire en fit le siége, qui dura deux semûiûe's.Thibaut, pour se venger de la prise de Couèy, ravageatout lé Laonnais et le Soissonnais, prit La Fève ek nela restitua que part l'entremise d'Herbert de'YermanLdois, mari de la reine Ogive (1), et de Robert, comtede Troyes, tous deux frères de l'archar&piè liùgùes elbeaux-frères de Thibaut. Malgré, ces détails, il fautcroire qu'il y a Ùne errur dans ce récit, car, d'aprèsflôdoard lui-même et d'après Bicher, Thibaut possé-dait ericore le château de Coucy en 95 (2).• Hugues-le-Grand était mort en 956, deux nui'

après le roi Louis. Son fils,l Hugues-Capet, repritbientôt la politique hostile'à la race de Charlemagne,et réclama vivement l'archevêché de Reims potiilingues de Vermôndois. Artaut, qui avait été main-thu dans son siégé par divers conciles, venait demourir (961). Un synode fut assemblé pour examiùerles droits de Hugues. , et l'affaire fut renvoyée hu pape.Le légat maintint les excommunications portées cou-tre Rognes, qui mourut bientôt à Meaùx, dévoré dechagrin (3). 11 ne semble pas que la famille de Ver-manduiis ait beaucoup soutenu le duc de Fiance,Hugues-Capet, dans cette dernière phase de l'affaire dcReim. Le mariage de la reine Ogive, si pénible àsoit fils Louis, sembleraliavoirrappi'oché deLothàire;son petit-fils, Imite cette race ennemie. Thibaut,pour sa part, élevait déjà des griefs contre Hugues-

(i) Flodoard, ebron. page 211,(2) Flodoard, chron. 243, page 213. - nicher, liv. u, ebip. 20(3) Ridier, lit, in, eh. 45.

- XVIII -

'Cap$•Raremeùt, en effet, les amis et les serviteurs.des pères conservent leur influence auprès des fils.Hugues, avait marié sa soeur Emma à Richard. 'due.ddNormandie, fils bàtard de Guillaume. Le. voisi-n gediïçomté de Chartres' avec Je pays Normaiid,les prétentions que Thibaut aurait pu élever sur ceduché, du chef•desa femme etaudétriment dubâtard,(prétentibnsque Hugues le-Grand avait sans doute en-treténues;autrefois) et, sans chercher tous ces pr- -textes, la seule avidité du Tricheur devaient l'engagerdans une fuerre.contre Richard.. Richer se tait suriesdiverses phases de cette lutte pu occupe les an-nØes 960, 961 ,et*62, et que Guillaume de Jumiégeraconte en.de grand&dtaiLs. Nous ne le suivrons psau milieu de toutes -les circonstances féeriques qu'ilen rapporte. La Normandie fut dévastée, le comté de.Chartres ravgé,-Evreux, entr'aitresvilles, fut surpris,.pris et repris (4). Richard oppelùà son aide les pi-rates. Thibaut, vaincu enfin, si -on en croit Flo-

' doard, et.ayaht, par ses prétentions et l'indocilité desa rapacité, offensé son patron ilugues, senfuit au-près du-roi. Lothaire et sa mère erberge le reçurentavec bienveillance, et l'adoucirent ,pàr leurs consola-,

dit Flodoard; mais il ne dit pas de quelle na-ture étaient lès consolations apportées ii cet orgueil,blssé-et à cette rapacité vaincue (2. J'ignore si le re g-

(1) Guillaume delomiège, tore, vu', page 263 et suit. --Ciiron. Toron.,dame ix, page.53.-

() Fiodoard i,bron. P. 242.

- XIX -

'sentiment mutuel de Hqgues-Capet et de Thibauts'apaisa. Tôuteîois, malgré les consolations roya-les, Thibaut gardait son château de Coucy et il né krendit qu'après Panathéme lancé par l'archevêque

•Odairic, contre les détenteurs des biens de l'église.• 'Herbert restitua au même temps le cômté.d'Epêrnay;mais Thibaut,( bien digue de

-son nom &. Tricheur,

- ne :rendit Colley qu'à la condition que son fils, quise fit l'homme de l'archevêque, eu aurait la 'garde(965) (4). Ce fils de Thibaût devrait être ùotre comteEiWes; te fils aiiM du Tricheur, qui se nommait Thi-haut, devait être mort à cette époque (2), bien quel'Art de vérifier les dates ait reculé cette mort jusquevers 969..........

-Lé reste de la vie de Thibaut nous échappe. Mais-On aurait une fausse idée du personnage et de sontemps, si nous n'ajoutions 4ue toutes les violences,contre l'église -de Reims, n'empêchaient pas de richesdonations et une protection'efficace accordées à d'au-tres églises. L'abbaye de Saint-Florènt, de Saumur;

• eut surtout à s'applaudir des générôités de ThibàuLOn sait que les Norménds avaient réduit plusièurs-endroits en d'éternelles solitudes, disent les chartes,et que les habitations, des hommes se transformaientsous leur passage en retraitesde bêtes fauves..It sem-ble surtout que ces hordes se soient acharnées avec une

- (t) ltkbm', 11v. in, chop. 20,(2) Il avait été tué durant les guerres de Normandie h I. bataille d'Emendre-

,illt •-

n

-- xx -

rage fifrieuse contre les églises et les monastères; On•n'ignore pas les .excès qu'ils commirent ô Marmoutier.Saint-Florent n'avait pas S- épargné davantage. Lesmoines, dans leur frayeur s'étaient enfuis !.jusqu'aufond de ïÂuvergne, emportant avec eux les reliquesdu saint, et cette contrée perdit en même temps tontegrûce de'. religion et toute politesse(1).. Thibaut rap-.peia.les.moines, leur rendit . ieurasild.et-lèur, fit degrandes dânations; nous avonrdéjà. cité celle de lachapelle SainULouans qu'il :possédait en fief des ut-chevèqnes de-Tours'- un très-.-curieux diplôme • publiépar Baluze (2), montre en 0581e comte Thibaut et sonbeau-frère Foulques, comte d'Anjou, tenant les plaidssur les confins dç l'Anjou et de la Touraiie,...dans leVerrou (, et confirmant tous tes anciens diplômesroyaux extraits des archives de Saint-Florent 4). Entreautres privilêges, les deux comtes exemptèrent de tout,péage, les bateaux.de l'abbaye, vôyageânt sur la Loireet sur les rivières adjacentes, chargés de sel ou de tonte.autre marchandise. Nous ne savons rien, de la pro-tection que Thibaut dut sans doute accorder aux4Iis3s et aux monastères de. Touraine.

Quelques écrivains le font vivré jusqu'en 990. Unedonation faite ù,l'églisé de S: Père de Chartres, par

(I) cuis o?nni hkstau eunotque grotiô nUgionis.- -

(2) Miss. génèalog. de là maison d'Auvergne. Preuves, page 23.-

(3) Le Yqrron est on petit paqrts sur la droite de la vienne, près de son cm-

houtbnre dans la Loire.

(&) Ah arcAioii nos frit.

xxi

Leutgarde, sa veuve; et' par son fik Eudes, prouvequ'il était mort èn 978 (1).

Eudes lui succéda dans 'ses divers comtés. ' ll prend

dans la confirmation de la dnnatiôn- de .Leutgarde ,-le titre de cornes ditissimus. Il venait d'hériter eneffet des comtés de Tours, de Chartres, de Blois et deBeauvais Ses'droits s'étendaient sur Je Mairie et le!CaLmais. -II semble même que ses possessions à'éten-daiefft-•au-delà de la Seine; les- Bénedictins- (2) -'luidonnent les comtés de Maux et de Provins. L'auteurdes Cesta -consulum andegavensium, -lui attribue-la.possession de toute, la Champagne jusqu'à la Lor-raine; mais il -l'a confondu, en cet endroit commeen bien d'autres, avec son' fils Eudes Il., qui hérita,en 4019 de la maison de Vermandois. Lès- comtés.'de Troyes et de Meaux étaient, ail temps d'Eudes

• - -possédés par lierbert, fils du gardien' de Charles-le--Simple, qui- venait d! hériter de sesdéux côiutés.à:.

• -la mort de Robert, son frère.---. -- 1-

Eudes n'avait qu'un frère qui était Hugues, arche.vèque de Bourges. H souscrivit avec lui, ainsi que sasoeur Emma, comtesse de Poitiers, la donation de-

- - kutgarde (3). . . .Le cartulaire de S. Père, -nous montre, à diverses.

reprises, ce comte confirmant les priviléges ,ou-coneé-,(tant des biens à l'abbaye. -La date la plus ancienne-

(1) cartulaire do S. l'ère de Cliartres, tome r, page fiS.---. --

(2) Art de vérifier les date,. -(3) Cartulaire de S. Père de Chartres,, tome n, page SI.- •! -'

- XXII -

où &n l'y rencontre est celle de 954 , si on en croitle calcul de M. Guérard. Eudes souscrivit alors- avecson père, sa mère et son frère Hugues, déjà archevê-que dé Bourges, la doùtiôn faitepar t'vèqcie faim-froji 1' l'abbaye de s Père. 'Cette donation 'estatsi'si-gnéè de Hugus-leGitd etde on` fils Hui Èues

-Càp&. Un Mitre pièce dé 977 souscrite parle Comte-. Eudes, sans qu'il :y 'soit fait mention 'de* Thibaut,

pout'rait fàiré érôire que 'a - comte • était déjà morten 977(1)Quàiqu'il in sôit, comme nous l'vons'dit, la pièce t de 978 estSpiic.ite. 'A cette annéeThibiùit'était moft, -Eudes lui -avait ' sucèédé Lè --c'arltilairedè S Père nous donnera, i diversesre2

- pilses encore; des rènseignements sur notre curule quiétait grand bieùfaiteui des églises. 'Si nous n'avibiispns tant dé pertes à déplorer; nous devrions' ausi 'troti--'ver -danh les archfres des établissements religieux-de`Tourainé, des: documents. qui pourraient suppléer au'iùoninig et nous diriger au- milieu- de là chronologiefort embrouillée des historiens. Eudes fnt --surtouVunbiejifaiïeur de Marmoutier. On sait que vers 9822),.ta daté ife'st .ps très-certaine saint Mayeul yavait,à' sa demande,, amené de Cluny treize rdigiê'&,-'qui firent refleurir la vie monastique et élevèrent,cette àbbaye'àûP dégré de sainteté digne (le l'éclatque le nom de Saint-Mailifl lui avait donné.- Depuis:

(1) Ibid., P. 62.(2) CaIlla Christ. Art. Iioguea, arcLenque de Bourges. - Mabillon, an-

nales bcned., tom. iv, page 4. -. Don. ?,Làrtenne, hist. de Marmoutier.

Hi ruine de l'àlihaye par les Ne irinon d g etièmàssacre'-des frères qui l'occupaient. Marmoutier avbit subidiverses phases, dont l'histoire est assez; obscure.Des-. chanôines y (disaient l'office divin;.Lacotsèe

:Berthe et non pas Ermengàrde, comme dit in mômede Marmoutier ,' (le seul histor

ien qui ait donné

le Aétail de cette restauration où il commet- mille.erreurs etconfond ainsi tes deux,Euds), la comtesseBerthe, scandalisée du genre de vie quernenaient ceschanoines, obtint de son mari qu il ferait "tous ssèffôrts pour ramener dans ce lieu illustre des servi'-•ieui's plus dignes: Eudes s'adressa- au .grànd maîtredè.là vie monastique de cette époque, à saintMayeul,etit semble .qôe dans la personne de cegrand.saint..Cluny rendit en cette circonstance à sainu(artin, ceque saintMartin lui avait'précédemment donùé enlui, cédant Saint Odon. On ne peut beaucoup 'se, fierà ce que l'anony'ine de Marmoutieù raconte de -lapart. que prit à cette - restauration l'archevêque. , deEburges Hugues, que l'historien mal-avisé 'fait, fils-dii comte Eudes. Cependant la -tradition constantede l'abbaye lui donne un grand rôle en cette cir-constance, e'Ï D. Martenne remarque, que: de sontemps encore, on célebrait à Marmoutier l'anniverrsaire de l'archevêque de Bourges comme d'un bien-faiteur. - -- -

En 985, Eudes et son cousin Herbert de Verman-dois, ceinte de Troyes et de Meaux conseillent RUs

(1) Riche;, liv, iu, cMp. e.

— xxiv —H !oi Lothaire d'envahir la Lorraine et de tenter le, siège

4Veydun (i)..La prise de cette place donne à lUcherl'occasion de décrire les machines-de guerre usitéesè , çt éppqueet letir - fabrication , ms il ne' dkt:PP quelle.

,part prit Eudes à cette entreprise. L?

cartuJaire S;Pèrel de Chartres, qui_ continue, I'em-phase,.dontie comte avatdouné lui-même l'exempte.,

• étie nomme cornes longe lateque famosiaimus, raporte, plusie'urs, de ses donations (t), cbnfirméespir!!p! Lot49ire, aved lequel il semble être -resté, enueinteJiigehce

-que ia parenté de safemn.Be.rtk,

• 'p àti roi', ,Poq!t expliquer.çt- endantes anné?squ'Euds, se trouvant un

jour Chartres, au moment du dîner, ses, échansonsse répandirent par m ythe pour chercher le meilleurvin .à olTrirf à leur seigneur.On leur indiquale cellier

• 4 ''saint homme Sigismond, qui en vendait dexcçl-• lent. Les échansons coururent en toutetoute hâté à sa mai,

SOU; trouvaailç maitreabsent, enserviteurs de princequi se croient tout permis, ils entrèrent , au célliec,se hâtant dé . remplir leurs outres et de les emporter.Cependant le saint homme Sigispion4. revenait dél'église ou il avait fait ses prières Il trouve son

•cellier opcup Ø par tous ses compagnons et Fun deuxlui dit en le raillant Mon seigneur, ce vin la est-il

• bbn?Le viciHard'sans se fâcher, répondit en souriant:Mon frère, i1 vous est facile de le savoir et viqs. n'avezpas besoin de iousinÎorruuer de ce (pic vous pou-

(1) CartW,iire de S. Père, liv. in, page 57.

- xxv -

yez apprendre par . vous-mème. L'insolent,, gardant,sonaudace, demande qu'on lui apporte un flacon. I.eSaint, sans se troubler davantage, lui demande si levin, sera meilleur dans un vase différent de celui oùil se trouve. Le malheureux. approche alors ses lèvresd'une descrucheset il tombe aussitôt frappé de pâra-lysie. On lei-apporta au logis du comte celui-ci zip-pçehant- ce qui s'était. passé, , entra dans-nue. grandecolère, .contre se'. serviteuça. Il ordonna' qu'on re-portâ..tout de suite au saint vieillard le vin, qù'onlui avait enlevé, et, dans soi indignation, ne se cou-tentant pas du chMiment terrible qui venait de frap-per ' deces. a udncieux., il condamnatons . ceux.qtiiayaient usé de , violence, envers l'homme de Dieu,à avojr, les 'yeux erevés.tais le bon Sigismond-sutVadoucir ;,iI obtint de lui.leur pardonet;lni fit servir.4e son vin en abondance. Il ne se , contenta pas d'fn-tercéder auprès des princes de la terre, et ses ardentes.prières obtinrent bientôt, la guérison, du, pralyti-que (1).• Cependant le roi Lothaire était rnort986), et..biea-

tôt après.iui, son fils (987). Hugues-Capet, venait dètreélevé surie trône, et Charles de Lorraine, frère de Lo-thaire, soutenait contre lui ses.droits d'héritier. Il nesenible, pes qp'Eudes, malgré son alliance avec'la.L.mille de Charlemagne , en ait beaucoup soutenu ledernier rejeton. Il faut dire aussi que si, Berthe étaitnièce de Lothaire, elle était cousine dè lluguesCapet..

(I) cartulaire de B. Père, tome 1 1 çiae 67.

- XXVI -

L'année nième où ilugues-Capet était motté surle-trône;' un événement plus important pour . Eudes,s'accomplissait; Geoffroy.Grisegonneltè mourut, et Iegrand antagoniste de la maison de Blois, Foulques'Nerra, lui succéda au comté d'Anjou. -,

# Geoffroy : était mbrt au iége de Mai-son, (1) qu'il:avait entrepris de concert avec le duc lingues, dit -Foulques-lé-Réchin .(,' contre. Eudes' Ru ('fin. (3),ajoute .-la.chionique de Maillezais. Ce Ruffin serait-il.fl?tI'e.cop1te; d! Tours ?-Ce serait la seule-, fois que;ce surnom lui serait donné..'. ..

.Qûdi qu'il ensoit, Foulques-Nerra, à peine parvenuau.comté d'Anjou, eut maille partir avec le comte deTours.-,Ambitieux et orgueilleux-l'un et l'autre, Eudes plusfastu'eux;- .Foulques plus rapace, ayant des domainesvoisins ou'plutôt, comme il arrivait toujours cette -époque ,sepénétrant les :uns les autres , la paix ne-devait pas être possible.

Je laisse de côté les guerres qu'Adhémar de Cha-bannais et Pierre de Maillezais (4) racontent avoir eulieu entre Adel-bert de Périgord et Bozon, comte de .; la..Marche, contre Guillaume de Poitiers. Je ne chercherai.pas à établir la part qu'y prit Foulques -et le dommagequ'Eudes y essuya. Il était frère de, la célèbre comtessede .Poitiers, Emma., dont la dramatique histoire o

(4) lllaine-et-Loiro. - .(2) bachery. Spicileg., in-4',, tomez, page 393.(3) Risi. de Franco, tome s, p. 231.(4) clin, d'Ail. de Chal,an,p. 446. - Pierre de Maillezais. IIeiatio do Qfl;

tiqsiiatc lusvtœnuzfleacensi,, P. 179 â 482_

NXVII» -t--

besoin d'être encore étudiée et éclaircie. Caria chro-nologie que les Bénédictins y ont appliquée estd'être exacte. Ils font mourir Guillaume de Poitiers, en994, après plusieurs années de profession monastique..ils marient son fils la même année et marquentén 995.la mort d'Emma, lorsque les pièces authentiques moutrent, en 993, ce fils de Guillaume et d'Emma, encoretout petit entant, pueru1us et qu'upe charte, conservéedans nos archives; montré Guillaume et Emma vivant,régnant et faisant des donations à l'abbaye de four-gueuil en 998. Aussi, sans revoquer en doute l'es faitsracontés par les deux chroniqueurs, Ic siège de Tours,entre autres, la possession de cette ville par Foulques,» -et la fière réponse-adressée au roi parAdelhext occupé.àce siége. nous laisserons à d'autres le soin d'eô recher-cher les époques précises , et nous nous contenteronsde noter à l'occasion quelques mots de Bicher, quh-paraissent donner assez de lumière pour reporter tiensces événements à une date bien postérieure à celle.qneles Bénédictins ontindiquée.

• Nous nous contentons pour l'instant de suivre lerécitde notre moine de Saint-Remy.. Aux années où noussommes parvenus • il n'enregistre. aucun de ces graves.incidents , il nous fait voir au contraire la puissanced'Endcs éclatante et inattaquée...

En 994, tandis que les rois Ilugues et Roberts'inquié-taient de voir la ville de Laon, toujours occupée parleur conipétiteùrCharles de Lorraine, et pbuyaient déjàcompter bien des cntrepiscs- vains faites ?ur cetteplace importante, Eudes convoitant Dreux et désireux

- XXVIII .-

de s"ararid'ir de ce côté, .vint trouver le roi Hugués-dploer avec lui la force dé cette • ville de Laon et sapuissontè assiette, et regretter les diffidultés d'un tasiège. - il 'gémissait de & que les troupes dès roisaaient peu de êonfia'nce dans' le droit royal (4).'

Le roi , reconnaissant , la vérité de ces réprésebta-'tiens et justement alarmé dé sa fàiblesse, demandadu- secours à Eudes,- lui promatant quelque récoinPense. s'il - lui' amenait des troupes et le soutenait jus-qu'à la -prise de'la ville; Eudes qui, pourvu qu'il en tôu-chAt le prix, ne se faisait pas scrupule, ce sémble, devendra la peau de l'ours avant- de'l'avoiî' tué,sefl-'gagea voloi'tiers à attaquer -et même à prendre Laon, si!e roi voulait lui céder Dreux. Le roi en fit une con-.cession publique. Eudes se rendit àDren, que poss-dàita'van't lui un comte nommé Gautier, qui ,.avec safemme Eve, atahfhit quelques donations à l'abbayeSaint!êre deChartres (); Eudes s'attacha par lesermentceux quise trou'aint dans le Qtea,il leuradjoignitquelques-uns de ses fidèles les plus dévoués .etensuite, -conformément à ses promesses, il s'occupades affaires du roi mais ses efforts -inutiles.La ville de Laon était avertie de ses desseiiis et e1lene (it ràduè au roi que plus, tard et par une autreentremise que celle qui s'était mise è un 'si ' haufprix.'Eudes n'en conserva pas moins Preux (3). Ce

(1)Bicher, liv. iv, tome ii, p. 306.(2) Guérârd, cari. de S. Pdo, tome r, page 7, ad an'.. 956(3) Bicher, liv. Iv, chap. XL, page 495.

- XXIX -

château convenait merveilleusement au comte.de liarIres. li assurait ses, frontières du côté de la Normandieet plus tard Eudes li livra de grandes guerres pours'en conserver la posscssion.(4). .

Quand ona des éhôteaux,on n'en 'saurait trop avoir..Si Preux était si fort à la guise du comte de Tours,.Melon ne le séduisait pas moins. li n'avait pas besoind'assurer sa frontière de ce côté, mais il lui était fort'avantageux d'avoir, un passage surin Seine et des'as-surer la communication des deux rives. À ce compte.Mclùn , qu'un de ses ancétrd d'ailleurs avait déjàpossédé, disait-il, lui agréait biel! fort (2. Ce château.était alors occupé par Bouchant , comte ieCorbeiJ,frère de Geoffroy-Crisegonneile et oncle de Foulques,Nerra (3). C'était un ennemi de race que le comte deTours trouvait devant lui. En outre le grand crédit,que la fidélité etia vertu du comte Bouchard lui avaientacquis auprès des rois , offusquait depuis longtemps.Eudes (4) qui eut ainsi trouvé dans la possession deMelun, ces doubles délices des ambitieux et des en-vieux:

Son bien premlèrement'et puis le mât d'autnii,

Mais Melun n'était pas facile à prendre. La Seinel'entourait de toutes parts et cette forte position , ne

(I) Guillaume de Jumièges.(2) liicl,er, Iii. Iv, cbap, LflIv et suiv. page 151.(3)vita dom. Burchardi, veaersbilisconiitis, pagM. M. di PIignt (hist.

du vendômois) conteste cette parenté de Bouchard et do la maison d'Anjou.(4) Vita Burchardi.

—xxx-

Tiilsait qu'irriter ,les désirs du comte Eudes. Car,uâe'fois entré, se disait-il, il sera bien facile de s'y dé-tendre. li entreténait souvent ses fidèlei de Èe désir,il'les excitait à songer aux moyens de venir à bout de'cette difficile entreprise et -lés assurait qu'ils n'avaièntpoint à craindre de se parjurer vis-à-vis du roi t carson aïeul avait autrefois possédé • èette place et cen'était'plùs'Ie roi qui Iï tenait aujourd'hui (l). '

Un de ses ami' se rendit à Melun Le gardien du'château pour le compte de B'ouchard,:se nommait'Gaitier (2). L'ami d'Eudes se lia bientôt avec luiLetlui deibanda s'il savait à qui le château, , dont il avaitla gardé,' avait appartenu autrefois, et par quélsmoyens il était tombé entre les mains du roi. Lecom-mandant expliqua la suite des poSessurs'dc'Melun'et raconta ce qu'il savait de son histoite. H

Eh I dit l'ami du comte de Blois, comment se fait-ilqu'Eudes qui a si souvent réclaié ce château, en soiténcûtè'frustré.

- C'est, répondit l'autre ne trouvant pas de raison,la volonté du roi.

- Est-il donc juste, reprit le tentateur, que le filssoit dépouillé du patrimoine de ses pères? et encoreparmi tous les grands, en .èst-il un plus digne qu'Eudesd'une concessionroyale?

Il lui étala alors là grande puissancé et la granderichesse, et surtout la' grande générosité du comtede Tours, lui montrant combien il lui était facile

(I) Richet, Eh. iv. + ,(2) Hugues de Fiewy, p. 220. Guillaume dé Jumièges. 1W. y , p. 189.

- XXXI -

le 'récompenser largement lin service et mettant çaregard la paùvreté et la faiblesse du roi , vivant sansgloire et incapable de régner. Â tous ces beaux dis-cours , il ajouta. des présents et sut ainsi attirer àson avis la femme de Gautier, éblouie par tant-de

• magnificence. Gantier résistait cependant encore»Comment, disait-il,, pourrais-je passer au service•d'Eudes et lui- livrer le cM tean confié h ma garde, sansdéshonneur.et,sans péché? L'envoyé d'Eudes ,dontnqus regrettons dene.pas savoir le nom, •lui répondit,sans hésiter, -doue point &embarrasser de cela, de son-ger seulement h sa fortuné, et qné 'il y. avait péché enen cette action, -il le prenait tout entier sur sa.cons-eience :-et en voulait porter la peine. Gantier cédaenfin. On se -fit .des serments, on se donna des étages.Rudes fit avancer, ses troupes en . toute hâte. Ellespénétrèrent dons la ville, et pour mieux ;dissimulS,'le comte de Tours mit Gautier en prison., li en sortitbientôt,jura fidélité et, de concert avec le comte. pré-para la défense. (4). Le roi avait en effetdéjà envoyéordonner à Eudes de rendre la place', et celui-ci.se -confiant dans la force ds murailles et la. défensequ'offrait la. Seine, assura qu'il ne là céderait qu'ave6 -

•'la vic2).Le-ro! amena donc son armée au siége de Melun

Chacun dés hitriens prétend-que son héros luiprêta en cette circonstance un secours .décisif. L'his-

(4) BiebeT, liv. iv.() Guillaume dc JumiÉgs. '

- xxxii -

torien dè Roucbard assure qu'il soutint lui sèiii sdiidémêlé avec Eudes. Guillihirne de iirnièges prétendque le roi ne me

na cette ehireprise b borine nd , quegr'Ae au secours que'lui donna Èighard, duc de N6tinaiidid, à'4ui il avait confié sa honte et son iinpuis.ane (fi. Enfin, l'auteur des Cessa C?jnùIurn Andé-

yas*nsiuitz, dont la cfrronbioie est fort désordonnéeon le. s'Ûit ;I Sure que l'ardiée du' roi était depuislongtemps d&ant Mcluji, lorsque Gdoffro-Grkgon-,nelIe arriva , qui erhjbrta la 'pice en uiitiin 'dmain (2). Bicher se î'ànge à l'ùWs de Gùillauhie de,Jumièges, lorsqu'il dit-que les rois amcnèrèût unearmée de pirates qui ,'à l'aide de leurs bàrques,attaquèrent la ville de près et qui , ayant décéuvertune porie cachée , la foie èrênt et pénétièSi dahla place; La garnisôn fut faite pris6nriièie. GaùLier et s femme furent pendiisJ Eudes WdSçaftacune armée lorsqu'il, apprit de désastre, il' Fétirtristemént, donnant plus de regrets à . la pèiiê du chô-teau et à la captivité dos siens qu'à là mort dutraitrè (3). .

Craignaùt quelé ressentiment du roi ne se brnôtPas à la rep1ise dii chûteau,et surtout sans doute ie-doutant son intervention dans les querelles qu'il avaitavec Fôulque, Eude& 'envoya auprès. du . roi , fin delui ' persuaden que la Majesté Royale n'avait en rien

(I) Vita Burchardi. - Dia. norinanorum, liv. y.(2) Dachery Spicil., latex, P. 442.(3) Bicher, liv. iv, diap. 78, page 260.

XXXIII -

été blesèée eut toute cette affaire, qu'il ne s'était nul ' -

lemèntattaqué au roi, à qui il devait être indifférent.que ce fût l'ift ou l'autre de ses vassaux qui poséi-dût :Mekma ; que pour lui, il avait eu de justes raisonsd'agir comme il avait fait, puisque ce chûte 'auavait au-,trefôis appai'teiiu à un de ses aneôt•Î'es,et.qn'en.somme,si'le roi avait quelque léger motif demécontehterùntcontre lui, I affaIre avait -assez complètement tourné ton détrimént.t à sa honte, pour q lie. désotmais onle traitât avec indulgence

Le-roi, au dire ile Rit$ber, sentit la force de ce dis-co'uh ,'et fil assurer le comte qu'il pouvait être certaintic sa bienveillance: etbiefltôt Eudés,se rendantauprèsde luisut tout à fait recoDquérirses bonnes grâces;.ils 'renohèrent leur ancienne amitié, sans qu'aucuneméfiance ta vînt désormais troubler (I). Nous verrouscependant bientôt le roi prendre parti IoI1r Fulqueset la -mort . seule sans doute ernpèbha Eudes -Île rc-nouveler ses tentatives sur -Melun. Le passage de laSème était trop important pour que le comte y re-nonçât: son fils, -pour se l'assurer, hÙtit le château 'deMontereau (2).--La plupart deshistoriens et les Bénédictins (3) ont

attrib,tié l'entreprise sur Melun àEudes il, trompés par,la chronologie de Hugnesde Fleury, qui place cet évé-'nement en 999. Mais en 999, Eudes Il avait à peine

-•k- '*W,,, P

(I) Ficher, Ev, iv, ebap. 80, page 262. - k 1-1 1

(2) Cliroi,. S. Petri Vivi, page 24. '-'•-

(3) À ri le vriEtcr les dates, 11cc, des ihet. de Franco. iine x-, ml. chrrni.

D - xxxiv -

dix-huit ans, et n 'était nullebwnt par son ùge et sapuisssance, en état de tenter une pareille entreprise. -Le témoighage de Riclie', du reste, ne peut laisser,aucun , doute à cet égai'd, et il faut placer: cet événerment.en.99{.

Cependant c'est du côté de la Bretagne que devaientnaitre les grands embarras d'Eudes,etil est bon dere-prendre les événements. qui concernent Ù; la: fois cepays et nos comtes de Tours. Le singulier partage! que.Thibaut avait fait du comté de Nantes, n'avait pas ,'onpeut le croire, plu beaucoup aux Bretons. Foulques-

• le-Bon, comte d'Anjou, en épousant la veuve d'Alain-• . Barbe_TorÉe ,comte deNantes, soeur de Thibaut-le-

Tricheur, avait reçu asons-nous dit, la garde de:l'enfant Dreux, héritier d'Alain, et celle de la moitiédes terres du comté. Thibaut, comme tuteur de l'enfantsans doute, avait pris pour lui l'autre moitié. LesNan-tais attaqués par lés Normand s avaient demandé vai-

•-nement des secours à - Foulques. Lorsque Di-eux, leneveu dc Thibaut ,vint à mourir, le bruit se répandit

•-en Bretagne que Foulques y avait bien pu, contribueralifi de s'approprier les terres dont il n'avait jusqu'â-.

•lors que la garde. Hol, fils naturel du Barbé-Torte,• s'empara alors de cette moitié, et voulut môme pré-

tendre à celle que Thibaut s'était réservée (1).• Conformément aux usages de son époque, pours'assurer la jouissance de ce qu'il avait pris et surtoutpour le défendre des attaques de Hoffi , Thibaiit en.

(9 lliI. dc Brotagne.

XXXV -

Fit cession au comte de Rennes, Connu-le-Tort. Ce-Iu.ii en retour avait fait hommage ù Thibaut c'estdu moins ce qu'on petit inférer de quelques faitssubséquents. Hoôl, comte de Nantes et maître de laville, trouvait injutes, comme c'était son droit etson intérêt, les prétentions de Tliibaiit et la cessionqu'il avait faite à Conan. .11 entra sur les terres ducomte de Rennes, et ravagea- tout jusqu'aux poi1esde. la ville, sans que Conan ait osé lui résister. Doml.ohineau et Dom Morice assurent que, tout le tempsde sa vie ;ilol conserva sur Conan l'avantage que luiavait donné cette invasion. Il ne paraît pas toutefois queHol ait jamais possédé les terres qte Thibaut avaitcôneédées'au comte de Rennes. Celui-ci resta dans debonnes relations avec la maison de Blois. Après lamort du Tricheur, nous le trouvons à Chartres àiacour d'Eudes en 979 (4) où il venait sans doute ren-dre hommage des .terres de Bretagne qu'il possédait.C'est vers cette époque, en 986 au plus tard, que Hol -.mourut le bruit courut que Conan s'était débar-rassé parle poison de ce redoutable ennemi.Guérech,frère de Hoùl, succéda à son frère au comté de Nantes.Je laisse de côté les curiosités de ce personnage' qui

-avait été d'abord moine de Saint-Benoît, puis évê-:que de Nantes, qui devint alors comte et se maria.Je Jaisseaux savants Bretons le soin de disser-ter, et de rechercher si Guérecli, en prenant une,femme et un comté; quitta ou garda le bton pasto-

(t) &uérard, cari. des. F.'.rc ite CIiarire, tome t. page. 63.

ci

n

- XXXVI -

rai. Guérecli toujours, voulant venger la mort deson frère, entreprit une guerre contre Conan. ii s'aIlia en 981 avec Ceoffrov.Crisegonnelle, comte d'An-jou, qui abandonna les prétentions que soitpèrè,.Foulques-le-Eop, fidèle ami du Trichelir , avait à lamort (le Dreux, élevées du chef de sa femme, sui-les terres que iloél lui àvait ravies:.

Les armées se rencontrèrent sur la iôndb de Côn-quereux (98). Ce fut la première bàtille de Cùnque-roux. Le résultat ôn est inconnu. Les historiens bre-tons la déclarent indécise et prétendent que Conany fut blessé à la main. Le dicton populaire, 'c'estcomme ù la guerre de Cohquerèu±, le Tort l'a emportésur le droit, semble indiquer que' la victoire appar-tint au comte de Rennes, et on ie pst expliquercet adage par la seconde bataille de Conquercux oule Tort perdit la victoire 'et la vie.

Guérech cependant mourut vers 990, et ' son filsAlain le suivit,de près au tombeau. Conan alors - s'em-para de Nartes, mais il restait deux fils naturels

ucomte Hoèl, etHamon , leur oncle, invoqua poureux l'àppui de Foulqies4\eria. Dans toutes ces jiïer-res que Connu soutenait, Eudes était en jeu. Celaést si vrai que Ricber intitule: Guerre èutre Foulqueset Eudes, au sujet de la. Bretagne, des chtipitres oùle comLe de Tours n'est pas môme nommé (1). CarConan défendait toujours la ccsioh de Thih'aut etI'honunage dû h la maison de ibis. La guerre d'ailleurs

(t) itiel,rr, lit. iv, ehnp. Bi, pnge264.

M

n

ne se contint pas dons les limites de la Bretagne. Elle serépandit sur toutes les rives de lu Loire, et ne se ter-munin en réalité que par l'exclusion de la race de TIn-!auit-le-Tricheur. Fades et Foulques firent de grandsefforts pour soutenir cette lutte; toutes les popula-tions de l'Anjou, de la Touraine et du Blaisois, ensouffrirent cruellement. Ce fut en somme unerudeguerre, et qui devint générale. Le rois y prirent pari; €1non seulement les peuples voisins des deux compéti-teurs, mais les peuples les plus éloignés, les Aquitainset les Flamands, par exemple, se mesurèrent do us cettelice (1). 11 ne faut pas s'étonner si l'imagination despeuples entoura -de popularité ces combats do; Con-quereux, qui furent le commencement des. grandesbatailles entre les faucons d'Anjou eties riches enfantstIn Tricheur. Mais par cela môme que les peuples.furent vivement frappés de ces grandes luttes, le réciten fut altéré davantage. L'imagination se joua ait

de ces batailles auxquelles les pères de chacun -avaient pris part; les historiens n'y purent rien d4-mêler, et ils enregistrèrent toutes sortes de faits con-tradictoires enfilés dans des- chronologies impossibles.La confusion des deux Eudes, qui combattirent tousdeux le Même Foulques-Nerra, augmentait le désordrele tous ces récits, on avait à peu près renoncé à lesdémêler et à reconnaitre la part qu'Eudes ler prit dans_

cette lutte ,et h la distiiigucs' de celle qu'y eut son fils.Endos 11.«

(I) lucher, liv. iv, pass.

M

- xxxviii -

Richer apporte la lumière au milieu 'de ce chaos:li était côntempoi'ain d'EudesP': 'il est 'digne (le foi

- dans 'tout ce qu'il lui 'attribue. Malheureusement il• était éloigné' du théâtre des événements, et il s'est

contenté de les grouper par masses. 11 fadt Fenoùccvavec lui à connaitre les détails des faits et gestes deGeldiiinle-Diable de Saumur, par exemple, ou de cedétestable Landry, seigneur de Dunois, qui dévas-taient si cruellement la Vallée au profit d'Eudcs, enmêmé temps que les alliés de Foulqùes,Lysois d'Arn-boise et Archambault de Buzançais, attaquaient sivigoureusement le comté deTours.Les GestaConsuluni

• et le Livre d'Amboise sont al3ondaMs 'sur ces dWcrspersonnages, mais on est encore à se demander quelsfurent parmi eux les'compagnons du père, et quelsceux du fils. Les chartes seules pourraient aider

• à ranger chacun d'entre eux en son ordre. Ce n'estpas le moment d'entreprendre ce travail; et ce ii'est•pas à Tours seulement qu'il faudra en 'rechercher les

éléments. Je suivrai donc simplement lè récit de nôtreami Bicher.

U marque qu'après l'entreprise de Melun, le's guer-res ail de la Bretagne' recommencèrent entreFoulques et Eudes. Le comte d'Aiijou , 'soit en •son

- nom soit ail des enfants d'iIoi.l,voulàitreprndrela part de la Btetane qu'Eudes avait usârpée. Sntansa faiblesse en présence de la grande puissance de souennemi, il réunit simplement une troupe de qhqtre

• •

mille hommes et ne voulant pas tenter de bataille avecdes forces si inférieures, il se contenta de porter le

- .xxxIx -

dégût sur les terres du comte'de Tours (1). 11 pilla ,1brûla, devasta et, tout en se jurant par îânie-Dieu (2),avec sa petite troupe, s'appuyant de ses amis d'Arn-boise et des c.hâeaux qu'il possédait en Touraine,il parcourait la province entière, insultait à Eudes'et à ses amis et s'avança jusqu'à Blois dont il brûlales faubourgs. L'incendie se prbpaea jusqué dans le-monastère de Saint-Lomer, dont les moines furentobligés de quitter'lebr sainte retraite, étant désormaisprives de vivres et d'abri. Eudes cependant nesup-portait pas patiemment de tels excès; à'soa tour ifentra par les terres de Foulques, et 'les ravagea detelle sorte qu'il ne laissa 'jas unechaurnière ;pas unclocher debout. (3) 11 cherchait en vain le conibatet provoquait inutilement son ennemi. Foulqesconnaissait sa faiblesse et n'osait affronter la bataille.Ces tristes et hérites représailles occupèrent .deùxadnées et préédèrent la reconciliation des rois avecEudes, après l'entreprise de Melun.

Malgré cet accord, Foulques, qui avait tenu jus-qu'alors le parti des i'ois et dontiès attaques suriesterres d'Eudes avaient pu servit- én- eltèt la iedditionde Melun, Foulques ne quitta pas ses desseins sur laBretagne, et par ruse, jar argent et aussi par l'aided'l{amon, tuteur des, jeunes enfants deJIol, il par-vint à surprendre la ville de Nantes et 'n sen empa-

(I) Bicher, liv. Iv, chop. 79, page 260.(2) Puclo Nen-a, eni contact udo fuit animas Dei juron Geste cons. and.

BachoT-y spic., tome x, page 452.(3) Ut nec tugifrium set 9aituan relinqueret:Ilicbcr, Iiç iv, eh. 79, p. 262.

e

- xl, -

r6r. La citadelle cependant, où s'enfermèrent .dg va-leureux cliarn . ions, iésist à ses efforts et tint pourConnu et pour, Eudes.- Conan était dans le fond . de la -Bretagne à-Rruptuh(1) il rassemble en grande hâte une armée, et biendifférent du personnage que les historiens Bretonsmontrent si timide et si faible en présence de liodi,il entre hardiment en campagne et s'en vient fièrementmettre le siège devant Naines. Il avait fait alliance

..avec les pirates. (C'est- de ce nom que Richér 4ésignetoujours les derniers descendants des Normands qui,avaient ravagé si cruellerncbt toutes ces contréos),.Pendant que 1arrnée de Conon entourait . Nantes et:!:a ttaquaitpar .terr, la -llotfr des .pi.ratesla cernait 4wcôté de -laLoire et en mème temps la citadelle accabaitles défenseurs de la vil-le et favorisait les assaillants.Les citoyens de -Nantes .qui combattaient pour Foui-ques, ne pouvaient résister 'à ces vives et nombreusesattaques. Aussi Foulques se•hâtait . il pour les secourir.M réunit SS vassaux et -ne se-trouvant pas encoreen-force, il loua des troupes, (c'est le vreiiiierexemp le -d'une milice à gagepie présente notre histoire) et -ilse hâta d'entrer en Bretagn.

A l'ouest deChâteaubrjand ,-a! -nord de Nantes, .rcsserrée entre les rivières-de la Vilaine, -du Don et dela Chère, sétendait, près de la fprèt de Dei-val, la.iandéde Conquereux. Bicher la décrit vaste et pleine de fou-gère. - C'est sur cette lande, où il avait déjà rencontré

(I) Pour toute la suite du reiI,- voir Bicher. liv. i.. vsq. ad.-GacnL.

- XLI -

Geoffroy Grisegonneflè, que Conan alla à la i'èncou-trede Foulques. D. Monoe etD. Lobineau ont inter-verti les rôles en disant que c'était Foulques qui as-siégeait Nantes et,queConan l'envoya défier, sous lesmurs de la ville, lui ordonnant de quitter son en-treprise et .lui offrant la bataille, que Foulques ju-rait assignée sur cette lande, où déjà son pèreaait'autrefois battu Connu.. Quoi qu'il en soit, celri-ci., ar-rivé le premier au lieu du rendez-vous, fit creuser unvaste fossé qui coupait la lande et y introduisit leseaux des rivières voisines. .Il recouvrit le tout de bran-chages, de broussailles et de chaume, dont le légeï'amas était-porté sur de longues perches. Pour mieuxdissirnulel son cmïûche; il fit répandre par dessusdes brins de fougère et attendit tranquillement sonennemi en rangeant son armée en bataille. Poussantjusqu'au bout la ruse, il déclara qu'il ne sortirait pasdu lieu où il était ,, et qu'il y vendrait chèrement savie, si, contre but droit et toutejustice, son ennemio'saii i' attaquer. Foulques voyant son ennemi im-mobile, excite l'ardeur des siens et ordonne l'atta-que. Les Aogeviùs s'avancent audacieusernent et lan-cent - d'abord avec vigueur leurs traits contre lesBretons: mais voici que tout à coup+ la terre s'abîmesous leurs pieds, ils roulent avec,leurs chevaux, lesBretons alors s'élancent sur eux et les accablent. LesAngeW.ns épouvantés s'enfuient de toutes parts. LesBretons massacrent impitoyablement ceux qui ont étéprécipités dans les fossés, et se mettent à la poursuitedes fuyards. Le Faucon, Noir lui-même, épouvanté,

- SU! -

part et se sauve à tire d?aile. Conan victorieux, fatiguéiiii carnage et de la poursuite, comme fit plus tard leprince de Condé à la j6uinée du faubourg Saint-An-ioine,ôte son -armure au milieu des broussailles, etrafraîèhit-à l'air on corps tout trempé de sueur. UnAftgevin alors, l'apercevant ainsi à l'écart, désarmé,et accompagné seulement de' trois :dès siens, s'élance.

• vivement sur lui, et le tue dit premier coup. En ap-prenant cette màrt, Foulques rassuré revient sur sespas, marèhè sur. Nântes et enlève la citadelle. Il seretourne alors-, remonte le -cour de la Loire, pénè-tre de nduvau'sur les terres d'Eudes, qu'il ravage etdésole, etoùjl bâtit nu château non loin de Toursdit RicherL L'historien ne le nomme pas mais -nousverrons par les indications qu'il donne plus.Joia, quec'est Langeais qu'il désigne ici. La tradition attribueeûcore à-Foulques ta fondation de ceux de Montha-zou, de Semlilanay, et de bien d'antres encore dontil resserrait de plus en plus la ville de Tours.-- - Foiilquesétaittôujours appuyé parles rois qui nesem-

blaient pas avoir: gardé beaucoup l'amitié que BicherprMend qu'ils avvient rendue à Eudes, après Faffaire.'de Melun. L'Àngévin, pensant bien que le comte deTours viendrait attaquer son nouveau ehùtSu, avaitdemandé des secours tin roi et, sur la promesse quilui en avait été faite, son coeur s'était encore enflédavantage:: et il continuait d'insulter à son ennemi.Euds cette fois ne semblait pas vouloir se conten-ter de faire le dégât en Ànjou. La mort de Conanl'avait irrité ,la fondation de ces incommodes châ-

- XLIII

teaux dans le voisinage de Tours et les iavages de sonrival avaient mis le comble ? son ressentiment; ilfaisait d'immenses préparatifs et à voir son soin deménager 'des alliances; de demander du secours etdé rassembler des'forees, on eût dit qu'il voulait cettefois écrase et détruire tout-à-fait le nid ennemi. Lespirates étaient entrés dans son alliance, les . Aquitainslui avaient promis du secours; les Flamands mêmeembrassèrent sa cause. licher ajoute que les Gauloisde la Belgique lui jurèrent fidélité, sans que nouspuissions bien déterminer quel peuple il a voulu dé-signer. S'étant assuré de tuas côtés des amis puissantset forts, Eudes vint . mettre le siège devant le chûteauque Foulques «s'ait construit nouvellement.

Les rois tardaient è envoyer les secours qu'ils -avaient promis, etFoulques laissé à lui seul,-ne pou-vait résister au comte dé Tours. Ses alarmes s'atg-mentaient en considérant les grandes alliances quece dernier venait de contracter et les immenses pré-paratifs qu'il faisait pour cette guerre. Changeant doncson audace et son orgueil en humilité et en prières,Foulques demanda la paix. Il proposait de payer 100livres pesant d'argent pour le meurtre de Connu. Lefils de l'Angevin se serait engagé au service militaireenvers lé comte dé Tours en remplacement du vassal tuésurin lande de Cnquereux nouvelle forteressede Laugeis eût été rasée; 11H-même, le comte d'Anjou,se fùt volontiers engagé au service militaire ci'er

(I) toco ,niWii interfccfi. Bicher, liv. aiap. 91 91, pa me 276.

- XLIV -

• Eudes', mais comme cela ne pouvait se faire sans 'léserles droits du r°i , il proposait de faire serment entreles mains du fils d'Eudes, et de s'engager vis-à-vis delui au service militaire. Connu, de cette sorte, n'eût-il pas été bien remplacé? Foulques n'exceptait de sesobligations envers Eudes et son fils que ses plus pro-ches parents ,ses propres enfants, son frère, ses ne-veux et le roi. Envers, et contre tous autres il s'enga-geait par serment.

• De pareilles propositions étaient faites pour séduire,.Eudes ne s'en; contenta pas. 11 voulait avant tout queson ennemi lui restituàt Nantes et les terres de Bre-tagne.

Mais le roi arriva menant .douze mille hommes' à• Foulques. 11 reprit courage, rejeta les offres qu'il avait

faites et,ne pensant plus qu'à la guerre, songea à pas-ser la Loireet à attaquer vigoureusement son ennemi.Si ,cornrne nous le croyons, Eudes assiégeait alors Lan-

• geûis, et la date de la confirmation des biens de Bour-gueil (1), qu'il fit quelqùes mois avant sa moyt, prouveirrévocablement que c'est bien là sa dernière entre-,prise, son armée était au nord de la Loire. Celles deFoulques et du . roi occupaient la rive méridionale.Cela semble conforme au texte de Bicher, puisqu'il vanous dire tout-à-l'heure qué l'armée du roi se repliasur Âmloise, en suivant les rives du fleuve et essayant

• toujours de le traverser. Mais il nous est difficile deconcevoir comment et pourquoi l'armée de Foulques,et surtout celle du roi occupaient coite rive rnéridio-.

(1) Archives dJndre-et'Loiré. .Bourgueil.

aille et, par quelle raison ils avaient placé le iléuveentre eux • et leur ennemi , lorsqu'il leur étàit si fa-cile de tenir le côté qu'occupait l'arée dû comtéde lillois.

On pourrait expliquer ce faitar les divers événe-ments de ta vie d'Emma, cette 'soeur 'd'Eudes, fonda-trice fie Bouru'eiI éèmtésse de Paitiers, dont nuitsavons voulu laisser de côté la dramatique et diffi-cile histoire. Si nous suivons la cliro'no!oie appliquéeà Pierre de Maillezais par les Bénédictins, noustrouvènsen effet qu'environ cette année 995, poiii défdnditeles intérêts du jeune Guillaume, le roi Robert passaen Aquitaine, où le suivit toute la jeu'néssede 'Frazico,et qu'il mit le siège d'evahtBellay.Ce 'serait au Ïetourdecette expédition malheureuse qu'il sesrait joint à Foui.quefi, dont les possessions et les amis étaient des deuxcôtés de la Loire, sous toutefois qu'il posédût surcette rivière d'autre passage en ces contrées que celuia'Amboise. Saumur était tenu par Gelduin, ami fidèlede la mùison de mois. Une telle expliuYation semble-rait sans doute bien ldgique et bien simple, mais unepetite note de Bicher semble malheureusement con-tredire cette logique et cette simplicité, ct'doit faire re-culer, 'usqu'après la mort d'Eudes 1, cette entreprise deBdbert sur l'Aquitaine et la défense, qu'il prit alors encette circonstance, des intérêts, de Guillaume de'Poi-tiers, fils d'Emma (1). Quoi qu'il en soit, le texte de Ri-

(I) Eottrr.rrus ter in Aquitunia, Ob nepotem (h cause rie lierihe, veuved'Endosqu'il o y ait épousée) , suzwn rt'ïtlelmum, obsidionè flujuje/,er(vm

t

I,

cher, au point qui nous occupe cnce moment, est préciset foitnel: Eudes occupait -la rive septentrionale de laLoire, où il tenait assiégé le château, de Langeais 'que

•Foulques venait de construire. Le comte d'Anjou et- -le roi occupaient la rive méridionale. -- .

En 'même temps qùe l'audace'était rentrée-du côtédes Angevins, les hommes d'Eudes commencèrent àtrembler, et ui., craindre. -Ils étaient-à peine quatremille; et !es secours lointains, (lui devaient venir dunord, du sud, et de ljouest, n'arrivaient point.; Eudessongea.seulement à défendre.Ies'gués,de la Loire, et -

le roi, ' ne pouvant forcer le passage, replia son arméesur le château d'Amboise, bâti près de là, sur lamême rive , au milieu -des rochers. Tours, dont le'pont ne fut construit que quafante ans plus tardétait sans doute encore eu, la puissance d'Eudcs Leroi dut passer sous, 'ses murs et aussi sous,çeux,deChâteau-Neuî..Faut-il attribuer, à ce passage des ar-mées royale et Angevine, l'incendie, dont les histo-riens n'expliquent pas la cause, qui détruisit Château-Neuf et ses 22 églises , depuis Saint-Hilaire jus-qu'à La Ricle, et depuis la Loire jusqu'à là Porte dePetrusion (t). II eut bien lieu en 994, selon l'anonymede 1\larmoutier(2). La chronique de Saint-Martin deTours, qui marque 997, se contredit,aussitôt et, donnepour seconde date la sixième annéedu règne de Robert,

(comte de Périgord) periviit. lUcher. Appendit M. Guadet asaigac polir date,ô cet événement foncée 997, page 308 et 309, ' laine il.

(QC titan, S. Martini T n'ai'., page Q25.,

() À pp . ai. Greg 'I'iirin. 1610 t. BascheI

- XLVII -

qui con cou rt parfaitement avec cette année 994(1). Leroi-espéi'ait pou voir . tnivcrseria Loire ù Amboise et,revenant alors sur ses pas et obliquant sa marche, ilcomptait prendre ù dos l'armée tEndes..

Mais Eudes, sentant bien qu'il ne pouvait résister àunesi grande puissance, envoya supplier le roi lui re-présenta que c'était son ennemi seul qu'il attaquaitet qu'il voulait combattre, qu'il n'avait aucun griefù élever 'contre leroi et que, si c'était la volonté .dce dernier, il se rendrait auprès de lui, pour lui don-ner .toute satisfaction. -.

Une faut pas oublier quela royauté était alors parta-gée entre le jeune .roi-Robert et son père 11ugues-Caet.Ce dernier et sage .prince , dans tous ces démêlés,semble surtout craiùdre de pousser l'affaire trop vive-ment. 11 garde un - esprit de patience, de tempéra-rnent.etdc mesure et ne paraît pas très-rassuré surtoutes les suites ,de ce débat. Il pouvait craindre tou-jours, en, effet, que l'arrivée des amis d'Eudes nechangeât encore une fois la face des choses et ne re-donnât l'avantage au comte de Tours. Il n'eût pasaimé 'en outre pousser jusqu'aux dernières extrémi-tés un homme aussi puissant par ses propres res-sources et bar celles de ses parents et de ses amis.Il n'osait pas non plus se fier entièrement à lui , tantet si bien, qu'acceptant les offres de paix il exigeades otages et s'èngaea ùécouter toutes ses explica-

(t) in date de 97 coneolirt nec l'entreprise que Robert, après son mariageavec Berthe fat pour reprendre Tours , dont Foulques s'était ernpatré

- XLVIII -

tions. Robert s'en retourna donc à Paris •avec son o;'-niée et Eudes se rendit à Meaux et revint bientôt aeiùh Châteaudun.

Le comte s'occupait donc .d'un accommodementdéfinitif avec le roi, lorsqu'il fut violemment saisid'une esquinancie. Bichr, qui était quelque 'peumédecin , décrit à cette occasion la nature et lesprogrès de nette affection , dont, le troisième jour,Eudes mourut ùChôte&udun. Avant de mourir, il

- reçût l'habit 'de Saint-Benoit et fut admis au nombredes moines de Marmoutier. La tradition avait été jus-qu'ici, que le comte de Tours était mort 4'Marmoutiermèiae. Une charte citée dans l'histoire manuscritede 1). Martenne, mentionne le fait. En mourant, lecomte 'avait donné à tab,baye dé Marmoutier l'aleude Cheûiar dans'le pays Danois (1). Longtemps aprèssa. mort, les serviteurs dosa maison ,oublieux de cbienfait, voulaient percevoir surcette terre les anciennes coutumes ou même la charger de nouvel les. Eudes ilalors renouvela la donation (le SOU père et en rappelales circonstances. 'Le comte Eudes, dit-il, étant arrivéùl'instant suprême de la vie,, prit l'habit et embrassa.larègle monastique'à S. Martin de Marmoutier (2). Le texteest , précis, celui 4e Rucher ne, l'est pas tnoins. Ladialie émanée du fils du déîùnt n'a été rédigée qielongtemps après la mort d'Eudes. Richer était cou-

(t) flom, Miirlenne, Must. de Ma-moutier.

(2) 'Voir ic Ie'I i tic I, cinirreà I, lin de elle notice,

- XLIX -

te ml) de cette mort, mais il était éloigné dulieu. On pèsera ces deux témoignages il est dif'

-lieue et peu, important 4e décider entre eux st!r le lieude celte mort. Eudes 1, après en avoir racoiit lescirconstances, prenait ' soin de renouveler en sonentier la donation faite par son père. La charte estsignée du comte Eudes et de son fils T'hibaut, ainsique 'de la comtesse l-lermenga'rde , mère de l'un etfemme de l'outre, à laquelle la ville de Tours est rede-vable de la construction de son premier pont. C'étaitpour obvier aux dangers, que cduraient les pèlerins, qùl -visitaient le :tombeau de $aint- fortin , lorsqu'il leur(audit passer la Loire au temps des grandes eaux,dit la charte de fondation, que la comtesse Ber-mengarde pria sonseigneur d'entreprendre cette cons-truction (I).-

Mais au moment de la mort d'Eudes 1", on pouvaitdouter si soij fils 'serait jamais capable de conftÎ'merses donations ou de faire de pareilles libéralités. Lesvassaux étaient dansle deuil, les serviteurs pleu-raient, les femmes criaient, tous étaient effrayés decette mort imprévue et' rapide, et y voyaient avecépouvante la ruine de cette grande et illustre maisonde Blois. L'hccord, en effet , n'était pas encore taitavec le roi. Les intentions hostiles de Foulquesétaient bien connues, et la mort de Conan laissait,sans protecteur,, la veuve et les enfants du ' comte de

(3) Dom. MarIn,ic, 'l'hen,,rii.; avecdoCi,,'j'om. p , et À rcb. de la ville do'roi

4,

Tours. Ces derniers étaient encore dans un âge quine Ieurpennéttaitpas de conduire vigoureusement degrandes affaires, et qui ne permettait pas davantageà leurs vassaux d'avoii . confiance en leur télé • pourle conseil ou en ledr bras pour l'action. Le seconddes fils d'Eudes ne pouvait pas avoir alors plus dequcitôrze ans. Berthe, dans ce besoin extrême, eutrecours ùla loi féodale. ; elle se réfugia avec ses quatreenfants aupiès des rois, implorant leur puissancedt demandaùt un proteôtetir de sa fàiblesse, un

•dé-

fenseur (le ses"dràits et de ceux de ses enfants. Le jeuneroi Rdbert lui 'fût donné pur avoué. II avait alors-vingt -ans au compte de Richer, et vingt-quatre aumoins, si'lielgiiu ne , s'est pas trompé en la faisaitmourir sexagénaire cul 054 (1). Ce roi, que les his-toriens nous montrent débonnaire, doux et dévot, tel -que ses sujets le virent en S derniers jours , avaitété jeune cependant, ét partant fou et passionné.li vénait de répudier sa première femme que 'Bichernomme Suzanne et dont le vrai nom était Rosdle (2),

.Elle ' Iait fille de Bérénger, roi d'Italie, veuve d'Aï-- noul; comte de Flandre, et ,-en dépit de Hugues et

d'Àdélaïde, Itéhert à dixhuit ans l'avait répudiéeparce qu'elle était vieille, dit Bicher. Ce mariageava it été jusqu'à présent mis en doute et les Benédie-tins,.auteurs duX' volume des Historiens de Franco,tefusaient d'admettre le témoignage de la vie de salifi

(t) Scxagcnarius, wi e,'edimus Jielgaldi ej'itorne vilte floberti cgis I.p 446.

() hosata... iIo&rrlo.. - nupsil et Su; «una dicta, mulota 'zomifle rrginu'jegr/a s'il. V ta S. Revis, fi nhl'at i, I'ne 3G

Bertouif.. Celui de Richer est irrécusable. Cette reinesrépudiée, ne. pouvant obtenir la restitution de sadot, Profita . des guerres. entre Foulques , et Eude'pour s'emparer de quelques châteaux; mais sa causefut peu soutenue et, soit que. Suzanne mourit bien-tôt (1), soit que. le mariage n'eut pas été consolA-mé et qu'il n'y eût encore eu que des fiançailles (ceque le jeune ùge de Robert pourrait faire admettre),soit toute autreraison enfin, ses droits, si elle enavait', ne laissent aucune trace apparente dans l'his-toire.. Mais ils ont pu être une des causes de l'opposi-Lion que mit l'Église à l'union de Berthe et de Robert.

Car pa'r une contradiction du cœurhumaiu,ce jeuneroi Robert qui répudiait sa femme parce qu'elle étaitvieille, se laissa séduire aux charmes surannés deBerthe et s'amouracha de sa pupille déjà murissante.L'époque de leur mariage est restée douteuse. Mabil-lon l'avait placé d'abord après la mort de Hugues-Ca-pet, en 996 (2); une charte de Saint-Martin de Toursle fit revenir sur cette opinion, etil plaçait l'époque dece mariage l'année même de la mortd'Eudes, quelquésmois avant celle de Hugues-Capet (3). Il serait subtilde contester les -notes . chronologiques de la charte,concernant les colliberts de Saint-Martin, publiée parMabillon. Cette subtilité cependant serait nécessaire,car ces notes ne 'concordent pas entre elles (4) et

(I) Elle mourut en 4004. citron. ZInG,i., toto. X.

(2) Mabilton. Acta 55. ord. S. Bened. Fret ad secuLvi.(3) Annal. lIrn,ed., 11h. 51...(4) La Charte, concernant les colliberts do S. l arti', , dit hie,, en parlant dc

Robert in anno cM flûta ux,'ris mw maritrili connu&io adltil'itus flt, è'

• Richer place positivementie mariage de Berthe aprèsla mortddllugues. L'opposition du roi Hugues à ce ma-nage est constante:. comme le roi Robert, sur ses vieux

• jours, se plaignait de se enfants, Guillaume de Dijonlui rappelait sévèreiÈentles inqiiiétddeset les ennuis queses passions ivaient causés è Il tiues et à Adélaïde(4).Ber-

• the avait cherché d'abord à son dcr sur ceprojcI de ma—Étage et à amener à son désir Gerbert, dont l'influenceauprès de Hugues-Capet fut sigrande tin moment; mais

• l'archevêque de Rheinis avait éloigné cesprétentksns. Cen 'est qu'après la mort deilugiitys, pendant que Gerbertétait à Rome, M Robett épousa la veuve d'Epde. Ai'—

•chambaut, rarchevêque deTouts, bén î t cemariùge, au-quel les conseillers de Robert étinsentirent, a»pliquant

• cette maxime, dit Bicher, qui pourrait donner ainsiiniuva!se opinion de la vertu de Berthe.: qu'il faut ac-ceptes, tin petit scandale pont' eh éviter un grand. Jem'empresse dediit que dans ces dernières lignes de sou

-oti*age qui ne sont plus qûc des notes pont' la coni-position d'un cinquième livre, qui n'à pas été rédigé,- -

Bicher cède peut-être à tonte sa haine contre la race

elle est datée in nle,us Àssg,ato, VIA! ana,, reonante Hrtgone. (A nu. Ber,ed.tome Iv, p. 60.) Mais Mabillo,in'a pas ielcté le premiers mots de la Charte quioifreditent là conclusion qu'il veit tiler de rêne année huiiième du règne de

Jlugties ,rino, ,-egnante Eobtrto, in ana,, cM, etc. Roberte bien régné avecsoi' père Hugues-Capet; mais il fut couronné six mois après l'avènement do larace capétienne, au mois de,Àtier 988. La pièce citée fait donc allusion à sonsecond avènement après la mort de son père, et. on ne pourrait e', conclurequ'RugtiS vécut encore, au moment où elle fut é&ite,.puisque si Hugues eûtexisté on n'eût pas été en la première année du règne de Robert.

(1) Acta. 5S ord S. Bcned. secul. v

de Capet; que ses relations avec les rois descendants de• Charlemagne motivent suffisammentet qde l'abandon,

que Robett venait de taire de ce que l'historien appelleles droits de Gerbert, avait encore renouvelée.

Quoiqu'il eh soit, le mariage de Berthe et dé Rôbertn obtenu, chez les historiens postérieurs, cette popu-larité que l'on s'est pin souvent peut-être à répaidresur ce que l'église o condamné. Le roi Robert avaitemployé tous les moyens pour le soutenir et Gerbertl'accuse même d'une sorte de simonie. en lui repro-chant (l'embrasser la causa de son compétiteur àÏ'archevéché 11e Rheims, pour obtenir la confirmationdu fliariage contracté avec Berthe (1).

Nouslaissons de côté toutesces questions qui n'inté-ressent pas la Touraine. Le mariage de Berthe eut poureffet de faire rentrer sous la puissance de la maison deBlois la paMie dey la Touraine dont Foulques s'étaitemparé. Le roi Robert vint combattre le comte d'Anjouet lui reprit Tours (997), dit Richer, qui ,comme nousavons dit, reporterait ainsi beaucoup plus léin qlu'on,a de faire cette prise et cette possession deTours par Foolqùes. L'historien ajoute que Robertjouruivit aussi, en Aquitaine, Huldehert, à cause deGuillaume de Poitiers, neveu de Berthe et filsd'Ernma.Cette seule note doit apporter de grandes lumiè-res au milieu des obscurités chronologiques de l'his-toire de cette comtesse et pourrait avoir lmuu résul-tat de faire retarder l'époque de la flèté réponse

(I) Episi. ci, à z reine ÂdéI3ide

J

- l.FS -

•dijildehért, qui aurait été. adressée au roi Robert etnon pas au roi Hugues.

Malheureusement Richer nous manque ici. Nous• l'avons suivi en ramassant ses dernières notes. A

l'époque où il nous aconduit. Thibaut, le fils aliléd'Eudes, avait donc, par la protection de Robert, suc-cédé au comté de Tours. Il eut avec le grand évêquede Chartres, Fulbert, quelques démêlés dont le car-hilaire de Saint-Père a enregistré les détails , et ilmourut fort jeune encore, vers 4004. Robert avaitalors cédé aux lois, de l'église et quitté Berthe. Par

:une singulière rencontre, les maisons d'Anjôu et deBlois semblèrent se disputerla personne du roi commeelles s'étaient disputé la possession de la Touraine.Constance était nièce de Foulques. Berthe n'avait pas,ii quittant le roi et en lui voyant prendre une autre

femme, abandonné toute espérance. On sait les alar -- mes de Constance et le voyage du roi Robert à Rome,où ' Berthe, dit-on, s'était rendue en même temps.Mais la maison d'Anjou, l'emporta irrévocablement.Le mariage de Constance ne fut pas attaqué, celuide Berthe resta annulé;, elle ne conserva queld titrestérile de Reine, dont nous la voyons à plusieurs repri-ses,'dans nos chartes, signer auprès de son fils El ndes etd'ilermengarde, femme. de ce dernier. Plus tard, la.maison de Blois recula encore devant cet ascendantde la maison d'Anjou et céda, aussi la Tourainémais cela n'eut lieu qu'après la mort d'Eudes li, qui,au moment où lions en sommes arrivés, reprenait lefaste' et la grndeur, augmentait la puissance et restau-rait la' gloire de son père.

- LV -

1.

rÇaTITIA DE ÈUNDÀTIOrE PRIORÂTUS S. MÂBTINI

DE C1IÀ31ÀIITIO (1).

Netuin tien voluinus omnibus christiante religionis tainsentibus quain: futuris cultoribus, qualiter Odo cornes ad ultimum stm exitum perductus, apud S. Mariinum Majoris Me-nasterii rnonaehbrum couversatiorie susceptà eidem bec in per-pètuum possidendum aleclum decammartio, simul cuit) omnibuscousuetudinibus sibi pertinentibus, quietum et lolum solidum libèreèoncessii prohihens atqie determinans ne unquàm tiuiquis sue-mm - subhôredum, quod fixum tïc solidurÉ Domind traderet,

ternerarius ont injurius alitjuo modo violai-et.-. Sed - postea malitiosis infidêlihusque ministris isrn revocanti-bus, iilultople pejora invadentibus, Ode cornes (ejusfillus) illa

fieti ac puhlicar[ ! prob i hui t, et; vidcntibus mollis Øc suis fidelibus,quod pater suns Feue oc religiose statuerat, firmum OC stabileesse decreit-: sed et in omhium presenhi per bot scriptunicorroborâvit alqtie flrniavit.

S. Odonis coinitis: S. Gelduini Sairnurensis.-S. Tethaldi fdii ejus. S. Harduini. S. Hugenis.S. Hermengardis rnalris oins. S. Dadonis. S. Dadonis ejus-S. Guanilonis thesaùrarii.dentS. Gervasii thesaurarii.S. Gerberti l3renensis.S. Odonis Dolensis: S. Hervci vicecomitis.

S. et quam plurimorumride-haut.

(I)- Nous publions celte eharie et la suivante, d'après les preuves do l'histoiremanuscriic ole Marmouiier , par hem rilartenne , dont nous avons plusieurs roisinvoqué l'autorité dans le courant de celle nonce. Ces deux pièces y Sont jrées à la suite l'une de l'autre au lotie 410 (BibI, de la ville de Tours). -

Il

- LVI -

Il.

CESSIO QUATUOR JUCEIIUM ÇINEE IN ALOI)O CAMARCIACO A -

»NACRES FACTA PRO OCTOGINTA SOLIDIS.

Notitin-rei gestrn qualiter, anno incarnationis Dominica Mut!,

accessit ante prrnsen!iam Berne regint Gislebertus prtcpositus,

liumiliter deprecans dommim abhatem Gaushertum panier quecongregationem S. Martini Majoris J1onasturii ut, in alodo Cam-juarciaco, arpennos utivineœ sibt kixori que sute Ingiitie no-mine, concederent; quod et fecerunt acceptis octoginta solidis ah

ipso; cA siquidem ration9, ut, quandin meinoratus Giebentuset uxor ejus Ingutia advixerini, teneant et possideant. Post am-

• ' borum vero ah bac lace discessun, ahsque ullius person via-lentil vet inquietudine mernorali cœnohii Majoris Monaster,iimonachi in vietuatihus stipendiis perpetud jure possideant.

S. Berne rcgine. S. Odonis cornitis fui ejus. S. Gausfredivicecomitis. S. (',ualterii. S. Sichardi. S. Guatterii. S. Guar-

• nenii. S. Gertramni. S. Guarini. S. Odonis. S. Geroysi. S.Aimehei. S. Johanitis. S. Fuleradi. S. Rodhcrti. S. itlgeiranni.S. Fulèherii. S.Emenonis. S. Viviani. S. I)odonis.

- I ,np. Lecestie et A If. la uciI.

ra