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Un centre pour l’agriculture urbaine à Malzéville Thibaud Loegler ENSA Nancy Projet de fin d’études Master ATC Atelier Laurent Koetz/Pascale Richter/Bernard Quirot Juillet 2013

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Un centre pour l'agriculture urbaine à Malzéville

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Un centre pour l’agriculture urbaine à MalzévilleThibaud LoeglerENSA Nancy Projet de fin d’études Master ATCAtelier Laurent Koetz/Pascale Richter/Bernard Quirot

Juillet 2013

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Le projet présenté ici consiste en un «Centre pour l’agriculture urbaine». Programme inédit, il s’agit d’un bâtiment qui cherche à réunir les différents acteurs de l’agriculture en ville : des habitants aux chercheurs, en passant par les professionnels qui cultivent ou transforment le produit des récoltes. En plus des importantes surfaces réservées aux cultures, ce projet comprend donc un centre de recherche en agronomie, des espaces réservés à la sensibilisation du public (salle de conférence, espace d’exposition, salles d’activité pour les associations, cuisine pédagogique, centre de documentation), ainsi que des activités visant à valoriser les produits obtenus (boutique, café, restaurant).

Le site retenu se situe au bord de la Meurthe, à l’entrée de Malzéville (dans la périphérie immédiate de la ville de Nancy). Ce terrain est partiellement occupé par les anciennes usines du groupe ELIS (nettoyage textile), aujourd’hui désaffectées. Depuis quelques années, toutes les activités industrielles de l’entreprise ont été déménagées à l’extérieur de la ville.

Cette présentation évoquera tout d’abord les problématiques dans lesquelles s’inscrit le programme, et la question de l’agriculture urbaine de manière générale. On y développera ensuite les enjeux liées plus spécifiquement au site choisi, puis la réponse architecturale proposée.

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Vue de l’ancienne usine ELIS

Vue du site depuis la berge opposée

Situation dans l’agglomération nancéienne

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Pourquoi un centre pour l’agriculture urbaine?

Inciter les consommateurs à devenir aussi producteurs

La première visée de ce programme est probablement d’ordre social. Il s’agit de sensibiliser et d’impliquer la population dans la production de ses propres aliments : c’est-à-dire d’instaurer un lien direct entre le producteur et le consommateur, voire de donner la possibilité au consommateur de devenir lui-même partiellement producteur. 

Face à la multiplication des scandales sanitaires dans l’agro-alimentaire et aux problèmes de santé publique liés à l’alimentation, on assiste désormais à une véritable crise de confiance de la part des consommateurs, qui demandent plus de transparence, plus de traçabilité et recherchent des produits plus sains. Afin de répondre à ces attentes, le centre pour l’agriculture urbaine cherche à faire découvrir aux consommateurs les conditions dans lesquelles sont produits les fruits et légumes qu’ils achètent, et surtout à les faire

«Mini-ferme», SOA

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participer directement à la production. L’implication de la population est donc un enjeu central de ce projet, qui ne saurait se réduire à un simple lieu de production et de vente. En effet, l’objectif est bien plus large : il s’agit d’initier une véritable politique visant à changer l’attitude des habitants de Malzéville (ou des communes environnantes) vis-à-vis de leur consommation alimentaire et ce, au profit de l’auto-production. Le centre pour l’agriculture urbaine a ainsi pour objectif de proposer des solutions concrètes pour soutenir cette orientation : le partage des savoirs grâce à des cours de jardinage, la mise à disposition de la collectivité d’appareils trop onéreux pour des producteurs particuliers (ex : pressoirs à fruits), ou le prêt d’outils de jardinage peuvent par exemple être envisagés. On peut également imaginer un système de vente des semences, ou encore de redistribution du surplus des récoltes.

Il s’agit de toujours privilégier les échanges directs, locaux, d’initier un «réseau intelligent» de répartition de la production et de la consommation des denrées alimentaires. Cette gestion intelligente pourrait ainsi permettre d’optimiser les échanges entre les différents producteurs-consommateurs et de faire jouer leur complémentarité.

Produire local et favoriser la biodiversité

Parallèlement à ces enjeux sociaux, l’agriculture urbaine s’inscrit évidemment dans des problématiques environnementales. Ainsi produire plus proche du lieu de consommation permet de réduire la pollution liée au transport, mais cela signifie également avoir des produits plus frais à la vente (donc moins de pertes).

Par ailleurs, l’approche de l’agriculture proposée dans ce projet, est naturellement très éloignée de l’exploitation intensive qui a servi de modèle ces dernières années. Au contraire l’objectif est de privilégier l’agriculture biologique, et de proposer une grande variété d’espèces différentes : mettre en valeur des cultures locales, vendre des variétés anciennes de certains fruits ou légumes aujourd’hui

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oubliées, ou à l’inverse proposer des espèces issues de nouveaux croisements (notamment grâce aux activités du centre de recherche). Ce faisant, il s’agit donc de favoriser la biodiversité, et ne pas se limiter uniquement aux cultures ayant le plus fort rendement.

Enfin, cette introduction de l’agriculture en milieu urbain permet également de compenser la diminution des surfaces agricoles (traditionnelles) liée à l’urbanisation. L’étalement urbain, qui pose de nombreux problèmes environnementaux, fait désormais partie intégrante de la ville. Ainsi, on ne peut pas se contenter de stigmatiser ces banlieues peu denses, mais il faut y voir au contraire un potentiel important pour le développement de l’agriculture urbaine, grâce aux grandes surfaces disponibles pour les cultures. En redonnant une certaine autonomie alimentaire à la ville, on limiterait ainsi les effets négatifs liés à la périurbanisation.

Des aliments de qualité, moins chers que dans les circuits de distribution classiques

Ce projet de centre pour l’agriculture urbaine répond par ailleurs à des enjeux d’ordre économique. La production de fruits, de légumes ou de céréales par des associations (donc sans but lucratif), de manière locale (donc sans frais de transport), et vendue directement au consommateur (sans intermédiaire) permet de proposer des produits de qualité, et moins chers que dans les circuits de distribution classiques. On promeut ainsi une alimentation à la fois saine et accessible au plus grand nombre. Pour cela, on peut imaginer un modèle économique proche de celui des «teikei» au Japon, ou des AMAP en France (Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne), où le consommateur paie un prix forfaitaire pour recevoir régulièrement les produits de saison.

De plus, l’institution que représente le centre pour l’agriculture urbaine, pourra, bien plus qu’une simple ferme, valoriser les produits locaux (en intégrant une boutique et en organisant des marchés). Elle

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Henri Ciriani, Vivre haut

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leur donnera ainsi une meilleure visibilité à l’échelle de l’agglomération nancéienne.

Les travaux du centre de recherche, visant à mettre au point de nouvelles variétés de plantes ou de nouvelles méthodes de cultures spécifiquement adaptées à un contexte urbain, portent par ailleurs sur des thèmes encore peu étudiés actuellement. Les solutions développées à partir de ces recherches (et éventuellement commercialisées) pourront ainsi intéresser d’autres villes, à une échelle bien plus large que celle de l’agglomération, et donc contribuer à la «propagation» de ces pratiques agricoles en milieu urbain. Malzéville deviendrait dès lors un centre de référence dans ce domaine.

Une approche pluridisciplinaire de l’agriculture urbaine

Au-delà des problématiques générales qu’implique l’agriculture urbaine, il convient d’évoquer les enjeux posés par la composition du programme elle-même. Le projet regroupe un grand nombre de fonctions car son objectif est de permettre une approche pluridisciplinaire de l’agriculture urbaine, d’initier une véritable dynamique sur ce sujet grâce à la réunion de personnes issues de milieux et de formations différentes : chercheurs, étudiants, jeunes agriculteurs (issus du lycée agricole de Malzéville), responsables associatifs, riverains, élèves accueillis pour une journée de sensibilisation, clients du restaurant ou encore travailleurs en réinsertion qui aident à la récolte… Cette mixité est primordiale car le pari de l’agriculture urbaine ne fonctionnera pleinement qu’en impliquant une large part de la population. Par ailleurs, la diversité des points de vue est nécessairement enrichissante pour les différents utilisateurs et permet d’éviter que le centre n’apparaisse comme réservé à une certaine couche de la population.

Il s’agit également de réunir en un même lieu toutes les étapes de la production alimentaire : recherche, cultivation, transformation,

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vente directe ou consommation (dans le restaurant par exemple). Cette «concentration verticale» permet une concertation plus aisée entre les différents acteurs de la production et réduit les transports nécessaires d’une étape à l’autre. En outre, cela renforce la visée pédagogique de l’institution : les visiteurs du centre peuvent ainsi saisir le fonctionnement de la filière dans son ensemble, des recherches expérimentales en agronomie au plat servi dans leur assiette.

Salle Nb Surface salle Surface totale

Recherche 810 m2Hall/accueil 1 220 220Laboratoires 3 55 165Cuisine / espace détente 1 50 50Bureaux individuels 3 20 60Bureaux ouverts 1 90 90Salles techniques 1 35 35Salle de réunion 1 50 50Serre 1 120 120Atelier 1 20 20

Apprentissage 960 m2Salle de conférence 1 215 215Foyer 1 115 115Salles pour assos (tailles diff.) 4 60 240Centre de documentation 1 390 390

Valorisation 970 m2Café 1 190 190Espace d’exposition 1 200 200Cuisines (+ stockage, vestiaires) 1 350 350Salle restaurant 1 230 230

Cultures dans la tour 950 m2

Cultures au sol 5250 m2

Total tour 3690 m2Total tour (hors cultures) 2740 m2

Surfaces du programme

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Pourquoi s’installer à Malzéville?

Un village marqué par une tradition agricole

Malzéville est un village situé à la périphérie immédiate de Nancy comptant aujourd’hui 8000 habitants environ, et dont le développement initial est lié à la présence du premier pont sur la Meurthe, construit à la fin du XVe siècle. Du point de vue de l’agriculture urbaine, le choix de Malzéville n’est pas anodin car l’histoire du village a été fortement marquée par les activités agricoles. Situé entre la rive droite de la Meurthe et un plateau en surplomb au Nord-Est, les habitants de Malzéville ont su tirer parti des coteaux exposés favorablement pour y planter des vignes d’abord, puis des vergers à partir du XIXe siècle. Parallèlement, les terrains situés à proximité de la rivière étaient exploités par des maraîchers. Malzéville fournissait alors une part importante des fruits et du vin vendus à Nancy.

Après la révolution industrielle, quelques industries se sont installées dans le village, notamment dans le domaine de l’agro-alimentaire : des brasseries, puis l’institut Jaquemin, qui fabriquait du moult et de levure pour la bière. A cette époque, Malzéville devint également un lieu de prédilection pour la bourgeoisie nancéienne qui y fit construire de nombreuses maisons de campagne. Au début du XXe siècle, un arboretum, le «jardin de l’Abiétinée», y fut également installé.

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’orientation agricole du village, qui avait prévalu jusqu’alors, est cependant mise de côté au profit d’une urbanisation croissante : Malzéville constitue aujourd’hui encore une des principales entrées dans l’agglomération nancéienne, ce qui rend le village très attractif. Des zones d’activités sont installées a proximité de la Meurthe ; des lotissements sont construits sur les coteaux, où les vergers sont petit à petit transformés en jardins. 

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Développement historique de Malzéville

Plan de situation

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Certaines initiatives associatives (création d’un verger-école) ou institutionnelles (développement d’un lycée agricole) tentent depuis plusieurs années de maintenir cette tradition agricole. Le projet de centre pour l’agriculture urbaine s’inscrit pleinement dans cette démarche, visant à renouer, de manière contemporaine, avec les activités historiques du village, et à donner à Malzéville une identité particulière, vis-à-vis des autres communes péri-urbaines. Evidemment, il ne s’agit pas de revenir à un stade de développement antérieur, mais l’urbanisation peu dense de Malzéville a laissé libre de très grands coeurs d’îlots et une partie des berges de la Meurthe, où il est tout à fait possible d’introduire une nouvelle forme d’agriculture en milieu urbain.

Enjeux paysagers

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Une tour pour comprendre le paysage

Le site retenu pour le projet se situe plus précisément à l’entrée de Malzéville depuis de Nancy, à proximité immédiate du pont «historique» sur la Meurthe. L’emplacement est stratégique car il se trouve à l’articulation de deux logiques paysagères. Il s’inscrit tout d’abord dans le paysage de la Meurthe et de ses berges, caractérisé par une végétation spécifique et la transition d’un milieu urbain au sud (quartier Meurthe-Canal, île de la Méchelle) à un milieu rural au nord (Pixérécourt, Lay-St-Christophe). Par ailleurs, le site s’insère également dans la logique paysagère du plateau de Malzéville et de ses coteaux, qui marquent fortement la géographie du village et viennent ici se terminer au bord de la rivière.

Du fait de son programme et de son implantation, le centre pour l’agriculture urbaine s’inscrit donc nécessairement dans le grand paysage. La figure retenue pour ce projet a ainsi été celle de la tour. En s’élevant, elle permet naturellement de donner à voir le territoire alentour et constitue un repère visible de loin, mais l’intention initiale y est surtout d’expliciter la structuration verticale du paysage agricole environnant (maraîchage à proximité des berges, céréales dans la plaine, vergers sur les coteaux), en «empilant» dans un seul bâtiment ces différents types de culture.

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Berge, entrée de ville, friche industrielle : un site qui conjugue plusieurs enjeux urbains

Parallèlement à ces questions paysagères, le site s’inscrit également dans des problématiques plus urbaines. Ainsi, il s’agit de la reconversion d’une friche industrielle avec l’usine «ELIS», mais aussi de la réappropriation des berges de la Meurthe et de la conception d’une «entrée de village», le long d’un axe très fréquenté. Au final, le projet proposé se doit d’articuler au moins trois éléments distincts : la berge et les zones de culture le long de la Meurthe, le pont avec la route qui relie Nancy à Maxéville, et le tissu urbain traditionnel composé d’îlots et de maisons en front de rue, qui marque le début du village.

Les bâtiments de l’ancienne usine «ELIS» ne présentant pas de qualités architecturales particulières, et étant difficilement réutilisables pour un programme d’une autre nature, ils ne sont pas conservés dans le projet. En revanche, il est nécessaire de tenir compte d’une éventuelle pollution des sols par les activités industrielles de ces dernières décennies. Il a été choisi pour cela de rehausser le terrain d’une nouvelle couche de terre saine. Cette option permet également d’éviter qu’une partie du terrain soit en zone inondable et optimise ainsi les surfaces disponibles pour les cultures. La terre ajoutée est maintenue par un système de murs de soutènement qui re-dessinent la berge et constituent également le socle de la tour.

L’implantation du bâtiment sur le site est aussi déterminée par ces enjeux urbains. La tour est positionnée au Nord-Est du terrain : elle se situe ainsi dans l’axe de la rue d’accès principale et signale clairement l’entrée sur le site. Par ailleurs, elle se trouve alors à proximité de la route venant de Nancy, créant une verticalité dialoguant avec l’horizontalité du pont. Cet emplacement, enfin, maintient une forme d’alignement sur rue (dans la continuité des îlots urbains traditionnels au Nord), et marque en même temps, par sa forme et sa dimension, la transition vers l’espace de la berge, les zones cultivées et le grand paysage.

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Quelles réponses architecturales apporter?

Mettre en relation les paysages intérieurs avec le paysage extérieur

Avec le choix de la tour, il s’agit tout d’abord de démontrer que l’agriculture urbaine n’est pas incompatible avec une certaine densité de construction. Ainsi, les «vides» aménagés dans le bâtiment bénéficient d’une hauteur importante, ou du recul des étages supérieurs côté sud, afin de permettre un ensoleillement optimal des zones de culture. Au-delà de ces contraintes techniques, ces espaces plantés sont également aménagés comme une succession de «paysages intérieurs» - ayant chacun des qualités propres - et qui jalonnent l’ascension de l’édifice. Ils ne se distinguent pas uniquement par les différentes types de végétaux qui y sont plantés, mais également par les volumes qui les délimitent en surface et en sous-face (mezzanine, amphithéâtre, etc.). Cette volumétrie met

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en relation les jardins suspendus avec les «paysages extérieurs» (berges, coteaux, plaine) auxquels ils font référence. En effet, dans une tour, «ce n’est pas la hauteur qui compte, mais la part d’horizon qu’elle soulève» (Vivre haut, Laurent Beaudouin, Henri Ciriani). On pourrait ainsi assimiler la tour à une sorte «d’outil pédagogique» pour comprendre le territoire alentour.

Offrir la vue au plus grand nombre et permettre un dialogue entre les fonctions

Le programme du centre pour l’agriculture urbaine prend place entre ces jardins suspendus. Il est réparti en trois entités thématiques : recherche, apprentissage et valorisation. La première contient évidemment le centre de recherches. C’est la partie la plus privée. La seconde entité s’adresse aux gens désireux d’acquérir de

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nouvelles connaissances dans les domaines de l’agriculture, de la botanique ou de l’alimentation. Elle regroupe l’amphithéâtre, les salles d’activités pour les associations et un centre de documentation. La dernière partie, enfin, est ouverte à tous. Elle réunit principalement les fonctions visant à mettre en valeur les produits récoltés : café, espace d’exposition, cuisine pédagogique, restaurant panoramique. De bas en haut de la tour, il y a ainsi une gradation du programme du «plus privé» au «plus public». Les derniers étages - offrants les panoramas les plus larges - sont donc ceux accessibles au plus grand nombre. 

La hauteur importante de la tour empêche un parcours ascensionnel continu au sein de la tour : au-delà de quelques étages, les visiteurs choisiront plus vraisemblablement l’ascenseur. A l’intérieur de chaque entité, en revanche, un enchaînement d’espaces en double ou triple hauteur crée une continuité entre les différents programmes et instaure ainsi un dialogue entre les fonctions.

Accueil

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Une structure qui laisse une grande liberté d’aménagement

Le choix de la tour rend également stratégique le parti pris structurel du projet. Le bâtiment, de section rectangulaire, est porté par deux piles en façade, placées dans deux angles opposés. Elles contiennent les circulations verticales (ascenseurs, escaliers de secours) et les gaines techniques. Deux poteaux, de section moins importante, complètent la descente des charges.

Ce système structurel permet de limiter le nombre d’éléments porteurs. Chaque niveau peut ainsi s’ouvrir largement sur le paysage : à l’ouest vers l’agglomération nancéienne et le plateau de Haye, à l’est vers les coteaux et le plateau de Malzéville. Positionner les porteurs en périphérie offre également plus de liberté dans l’aménagement des espaces intérieurs. Malgré la largeur réduite de la tour, il est dès lors possible de jouer sur la profondeur et les vues diagonales, et de dégager de grands volumes ouverts sur plusieurs niveaux. On peut ainsi créer un espace continu à l’intérieur

Foyer

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du bâtiment, ce qui n’aurait pas été envisageable avec le schéma classique d’une tour à noyau central.

Le seul élément fixe à tous les étages est une bande de circulation centrale qui relie les deux piles. Elle distribue efficacement les différents espaces et délimite deux travées longitudinales. L’une, côté Nord-Est, intègre les principales circulations verticales et regroupe des espaces distributifs, ouverts sur plusieurs niveaux (hall d’accueil, foyer, café). L’autre travée, côté Sud-Ouest, accueille les éléments majeurs du programme (laboratoires, salle de conférence, salle d’exposition, restaurant).

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Verger

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En définitive, ce projet de centre pour l’agriculture urbaine peut être interrogé selon plusieurs approches différentes (sociales, environnementales, urbaines, paysagères). La réponse à cette conjonction d’enjeux variés, tient à la fois dans le choix du site, la définition du programme (relativement ambitieux), et la proposition architecturale présentée précédemment. Le choix de la tour, qui apparait en rupture avec le tissu urbain environnant, peut sembler surprenant à première vue. L’explicitation dans ce texte des différents enjeux du projet montre en réalité la pertinence de cette option (densité, rapport au grand paysage, optimisation des surfaces cultivables, tension spatiale avec le pont).

Par ailleurs, la dimension d’un tel bâtiment pose nécessairement la question de la monumentalité. Celle-ci ne traduit pas ici, l’affirmation d’une quelconque forme de pouvoir, mais signale bien au contraire une nouvelle sorte d’institution publique qui n’agit que comme catalyseur des interactions entre les habitants (producteurs-consommateurs) ; un outil que les utilisateurs peuvent s’approprier librement. De plus, le programme concerne une activité humaine essentielle (l’alimentation et la production agricole) ; et la tour permet au visiteur de mieux comprendre le territoire qu’il habite. De manière générale, c’est donc véritablement l’Homme qui est au centre de cette réflexion. En ce sens, il s’agit d’un projet porteur d’une vision fondamentalement humaniste.