NOTICE 0318 – Gaston Berger

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Ensembles & Résidences à Marseille 1955-1975 Notices monographiques NOTICE Ensembles & Résidences à Marseille 1955-1975 Notices monographiques 0318 – Gaston Berger Gaston Berger 1 Résidence Gaston Berger, derrière les facultés. Saint Lazare, sud du III° arrondissement. Gaston Berger 4 Contexte La colline Saint Charles est longtemps restée un site escarpé, battu par les vents. C’est en 1848 avec l’édification de la gare que le quartier commence à changer. L’installation d’une université est envisagée sous la municipalité Flaissières et un concours est lancé pour l’édification de la Faculté de sciences. Victor Auguste Blavette, Prix de Rome 1879, est le lauréat. Le chantier est interrompu par la Grande Guerre, et les locaux ne seront inaugurés qu’en 1919. À la même époque, c’est à Toulon que le premier foyer étudiant est construit. Sous le Front Populaire, le ministre Jean Zay organise des foyers étudiants (Cité Abram à Aix-en-Provence, 1936, par Gaston Castel). La loi de 1955 permet de développer l’œuvre universitaire à travers les Centres Régionaux des Œuvres Universitaires et Sociales. La Cité Saint Charles est rapidement programmée mais, sans structure propre d’ingénierie, c’est l’Office Public d’HLM de la Ville qui va prendre en charge sa réalisation. Le fait que la maîtrise d’ouvrage échappe à l’Éducation Nationale explique l’absence de R. Egger de l’équipe de maîtrise d’oeuvre. La Cité connaîtra une certaine fortune critique à travers les revues françaises. Elle est construite au point haut de la colline St Charles et à proximité de la Faculté des Sciences sur le terrain d’une ancienne usine. Elle fait partie d’un ensemble qui regroupe un nouvel amphithéâtre et une bibliothèque due à F. Pouillon. Cependant, certains éléments du programme comme la conciergerie, les services médicaux et l’administration, à l’origine regroupés dans un bâtiment circulaire, ne seront pas réalisés. Description Le programme s’adapte aux pentes malaisées : il étage successivement un gymnase paré de pierre massive du Pont du Gard, dont le toit sert de terrasse au restaurant universitaire. Ce dernier peut accueillir 500 personnes. Il est construit sur un double niveau et couvert d’une toiture inversée soutenue par des portiques nervurés en extrados, laissant la salle de restaurant sans le moindre point d’appui intérieur. La liaison avec la résidence étudiante de 400 chambres s’articule avec l’accueil que viennent surmonter un salon de musique et une salle de conférence. Le bâtiment de la résidence est situé au point le plus haut du terrain et comporte 10 niveaux de chambres. Dans la déclivité, entre deux étages de services il laisse apparaître les poteaux et de poutres de l’ossature en béton armé. L’immeuble à distribution linéaire se déboîte transversalement en incorporant, dans le plan de rupture, l’ensemble des circulations verticales. Les plans de sections, mis à jour par le décalage, renferment les escaliers, largement vitrés et protégés par des ombrières. Les chambres, au standard du moment, sont équipées d’un lavabo ; le projet d’origine montre une applique murale à potence mobile qui pivote entre le bureau et le lit ! Chaque étage possède des sanitaires regroupés et des cuisinettes communes. Les pignons sont animés par des escaliers de secours aux limons très dessinés ainsi que des parements de granulométrie variée. Les allèges des murs des cages d’escalier sont revêtues de pierre pelliculaire du Pont du Gard et de Brouzet. À l’étagement volumétrique correspond un étagement de matériaux qui part du gymnase ocre jaune par l’opposition des baies condensées (grande salle) à des percements fragmentés (vestiaires). Le sol de la terrasse est pavé de pierres polychromes : porphyres d’Agay, pierres du Levant et de Bourgogne, appareillées en motif d’opus romain mis en œuvre par les Compagnons du Devoir. L’allure somptueuse de ce dallage chamarré se retrouve en parement vertical sur la façade de l’accueil et donne une dimension très actuelle à la qualité de l’espace extérieur. Une fresque donnant sur la terrasse ouest du restaurant semble avoir disparu. Plusieurs fois réhabilitée, la résidence universitaire a conservé tout le caractère expressif de sa volumétrie et de ses singulières textures, elle reste peu visible derrière les grands bâtiments universitaires, dont le plan d’implantation d’ensemble fait défaut depuis le projet de V. A. Blavette. L’auteur, Jacques Berthelot Jacques Berthelot, 1908-1998, élève de Paul Tournon, est architecte d’opération sur la reconstruction du quai Cronstadt à Toulon avec J. de Mailly. Il participe à la réalisation de plusieurs autres résidences étudiantes : à Saint-Jérôme en 1965 et à la Timone (Lucien Cornil) en 1967. Par ailleurs, il contribuera également au second programme du Secteur Industrialisé pour les opérations de Consolat-Mirabeau et de la Rougière entre 1961 et 1963. Sources : AD : 12 O 330 Revue Urbanisme N° 68 Revue Architecture d’Aujourd’hui N° 104, 1962 Revue Architecture Française N° 231, 232 Références documentaires Patrimoine XX°, architecture domestique, N° Répertoire édition X : 0308, p 7. 2005 Label Patrimoine du XX° siècle, 2006 Conception & rédaction T. Durousseau, Arch . 2007 Désignation Cité Universitaire Gaston Berger 43 rue du 141° RIA. Quartier Saint Lazare. 13003. Lambert 3 : latitude 3.04175 ; longitude 433065 Accès : Métro 1 et 2 : St Charles Bus N°49 a et 49b : Canebière – Belle de Mai Propriétaire Habitat Marseille Provence Gestionnaire : Centre Régional des Œuvres Universitaires et Sociales, 6 avenue Benjamin Abram, 13621 Aix-en-Provence, 04 42 16 13 13 Programme 400 chambres pour étudiants, Restaurant universitaire 500 places, salle de conférence, Gymnase 800m2 Maître d’ouvrage : Office Public Municipal d’Habitations à Loyer Modéré de Marseille, pour le compte du CROUS Aix-Marseille. Dates, auteurs PC : 1958. Achèvement de travaux 1960 . Réhabilitation 1982-86. Jacques Berthelot Architecte, Christian Pichoux architecte d’opération. Entreprise : Boussiron, Gros Œuvre Site Terrains de Saint Charles, Gare PLM, Université terminée en 1920, extension après guerre. Colline altitude 54 m. Secteur urbain central du Plan d’Urbanisme Directeur de 1949. Plan de masse Bloc des chambres R+11 en point haut du site, nappe gymnase, restaurant dans la pente, terrasses au Sud. Bâti Structure béton, portiques, poteaux poutres. Diverses pierres au sol et en façade. Bon état général.

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Ensembles & Résidences à Marseille 1955-1975Notices monographiques

NOTICEEnsembles & Résidences à Marseille 1955-1975

Notices monographiques

0318 – Gaston Berger

Gaston Berger1

Résidence Gaston Berger, derrière les facultés.

Saint Lazare, sud du III° arrondissement.

Gaston Berger4

Contexte

La colline Saint Charles est longtemps restée un site escarpé, battu par les vents. C’est en 1848 avec l’édification de la gare que le quartier commence à changer. L’installation d’une université est envisagée sous la municipalité Flaissières et un concours est lancé pour l’édification de la Faculté de sciences. Victor Auguste Blavette, Prix de Rome 1879, est le lauréat. Le chantier est interrompu par la Grande Guerre, et les locaux ne seront inaugurés qu’en 1919.À la même époque, c’est à Toulon que le premier foyer étudiant est construit. Sous le Front Populaire, le ministre Jean Zay organise des foyers étudiants (Cité Abram à Aix-en-Provence, 1936, par Gaston Castel). La loi de 1955 permet de développer l’œuvre universitaire à travers les Centres Régionaux des Œuvres Universitaires et Sociales. La Cité Saint Charles est rapidement programmée mais, sans structure propre d’ingénierie, c’est l’Office Public d’HLM de la Ville qui va prendre en charge sa réalisation. Le fait que la maîtrise d’ouvrage échappe à l’Éducation Nationale explique l’absence de R. Egger de l’équipe de maîtrise d’oeuvre.La Cité connaîtra une certaine fortune critique à travers les revues françaises. Elle est construite au point haut de la colline St Charles et à proximité de la Faculté des Sciences sur le terrain d’une ancienne usine. Elle fait partie d’un ensemble qui regroupe un nouvel amphithéâtre et une bibliothèque due à F. Pouillon. Cependant, certains éléments du programme comme la conciergerie, les services médicaux et l’administration, à l’origine regroupés dans un bâtiment circulaire, ne seront pas réalisés.

Description

Le programme s’adapte aux pentes malaisées : il étage successivement un gymnase paré de pierre massive du Pont du Gard, dont le toit sert de terrasse au restaurant universitaire. Ce dernier peut accueillir 500 personnes. Il est construit sur un double niveau et couvert d’une toiture inversée soutenue par des portiques nervurés en extrados, laissant la salle de restaurant sans le moindre point d’appui intérieur. La liaison avec la résidence étudiante de 400 chambres s’articule avec l’accueil que viennent surmonter un salon de musique et une salle de conférence.

Le bâtiment de la résidence est situé au point le plus haut du terrain et comporte 10 niveaux de chambres. Dans la déclivité, entre deux étages de services il laisse apparaître les poteaux et de poutres de l’ossature en béton armé.

L’immeuble à distribution linéaire se déboîte transversalement en incorporant, dans le plan de rupture, l’ensemble des circulations verticales. Les plans de sections, mis à jour par le décalage, renferment les escaliers, largement vitrés et protégés par des ombrières. Les chambres, au standard du moment, sont équipées d’un lavabo ; le projet d’origine montre une applique murale à potence mobile qui pivote entre le bureau et le lit ! Chaque étage possède des sanitaires regroupés et des cuisinettes communes.

Les pignons sont animés par des escaliers de secours aux limons très dessinés ainsi que des parements de granulométrie variée. Les allèges des murs des cages d’escalier sont revêtues de pierre pelliculaire du Pont du Gard et de Brouzet. À l’étagement volumétrique correspond un étagement de matériaux qui part du gymnase ocre jaune par l’opposition des baies condensées (grande salle) à des percements fragmentés (vestiaires). Le sol de la terrasse est pavé de pierres polychromes : porphyres d’Agay, pierres du Levant et de Bourgogne, appareillées en motif d’opus romain mis en œuvre par les Compagnons du Devoir. L’allure somptueuse de ce dallage chamarré se retrouve en parement vertical sur la façade de l’accueil et donne une dimension très actuelle à la qualité de l’espace extérieur.Une fresque donnant sur la terrasse ouest du restaurant semble avoir disparu.Plusieurs fois réhabilitée, la résidence universitaire a conservé tout le caractère expressif de sa volumétrie et de ses singulières textures, elle reste peu visible derrière les grands bâtiments universitaires, dont le plan d’implantation d’ensemble fait défaut depuis le projet de V. A. Blavette.

L’auteur, Jacques Berthelot

Jacques Berthelot, 1908-1998, élève de Paul Tournon, est architecte d’opération sur la reconstruction du quai Cronstadt à Toulon avec J. de Mailly.Il participe à la réalisation de plusieurs autres résidences étudiantes :à Saint-Jérôme en 1965 et à la Timone (Lucien Cornil) en 1967.Par ailleurs, il contribuera également au second programme du Secteur Industrialisé pour les opérations de Consolat-Mirabeau et de la Rougière entre 1961 et 1963.

Sources : AD : 12 O 330 Revue Urbanisme N° 68Revue Architecture d’Aujourd’hui N° 104, 1962Revue Architecture Française N° 231, 232

Références documentaires Patrimoine XX°, architecture domestique,N° Répertoire édition X : 0308, p 7. 2005Label Patrimoine du XX° siècle, 2006Conception & rédaction T. Durousseau, Arch . 2007

DésignationCité Universitaire Gaston Berger43 rue du 141° RIA. Quartier Saint Lazare. 13003.Lambert 3 : latitude 3.04175 ; longitude 433065Accès : Métro 1 et 2 : St CharlesBus N°49 a et 49b : Canebière – Belle de Mai

PropriétaireHabitat Marseille ProvenceGestionnaire : Centre Régional des Œuvres Universitaires et Sociales, 6 avenue Benjamin Abram, 13621 Aix-en-Provence, 04 42 16 13 13

Programme400 chambres pour étudiants, Restaurant universitaire 500 places, salle de conférence, Gymnase 800m2 Maître d’ouvrage : Office Public Municipal d’Habitations à Loyer Modéré de Marseille, pour le compte du CROUS Aix-Marseille.

Dates, auteursPC : 1958. Achèvement de travaux 1960 .Réhabilitation 1982-86. Jacques Berthelot Architecte,Christian Pichoux architecte d’opération.Entreprise : Boussiron, Gros Œuvre

SiteTerrains de Saint Charles, Gare PLM, Université terminée en 1920, extension après guerre.Colline altitude 54 m. Secteur urbain central du Plan d’Urbanisme Directeur de 1949.

Plan de masseBloc des chambres R+11 en point haut du site, nappe gymnase, restaurant dans la pente, terrasses au Sud.

BâtiStructure béton, portiques, poteaux poutres. Diverses pierres au sol et en façade. Bon état général.

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Notices monographiques

Gaston Berger3

Gaston Berger2

Façade sur l’entrée principale et dallage au sol.La résidence et le restaurant universitaires.

La résidence et la fresque du restaurant universitaire – Photo de Joly-Cardot 1960 (AD).

Vue sur la terrasse du restaurant universitaire.

Vue du chantier – Photo de Delleuse 1960 (AD). Vue sur le gymnase.

Plan type de deux chambres.

Étage courant des chambres et services communs (AD).

Élévation sud – Gymnase; Restaurant, Résidence (AD).

Élévation est – Résidence (AD).