Nos vies numériques sous haute protection le 21-10-2017

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© S.A. IPM 2017. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. Réseaux Les particuliers, premiers bénéficiaires de l’économie collaborative. p.8 Carrières Worldskills à Abu Dhabi: une vitrine pour les métiers du futur. p.12 Face et profil Jef Van In, patron d’Axa Belgique: l’assurance et... l’endurance. p.15 CHRISTOPHE BORTELS Nos vies numériques sous haute protection Notre espace de vie numérique s’accroît et nécessite des protections nouvelles. Les entreprises européennes devront, dès le mois de mai 2018, se conformer à un règlement européen sur la protection des données privées. Un chantier dans lequel les entreprises belges ne brillent pas (encore) par leur vivacité.pp. 2-3 ILLUSTRATION GAËLLE GRISARD l Édito Reprenons la main sur nos données ! Patrick Van Campenhout L e RGPD, ce gros règlement européen qui sera appliqué tel quel (sauf adaptations mineures) dans les pays membres de l’Union européenne dès le 25 mai de l’année prochaine, empêche pas mal de responsables informatiques de dormir ces temps-ci. C’est que l’adaptation aux nouvelles règles en matière de protection des données privées est un exercice à la fois technique et juridique d’un nouveau genre. En gros, après avoir laissé les entreprises gérer au mieux leurs stocks de données dans un cadre légal souple, le législateur a adapté les règles en vigueur à la réalité du moment. Notre vie en ligne est devenue si dense que nous ne comptons plus les acteurs avec lesquels nous interagissons. Il est donc important que ces derniers nous avertissent de la manière dont ils nous cernent dans le cadre des services prestés ou dans celui des outils marketing déployés pour mieux nous cibler. Certes, la mise en œuvre de ces mesures semblera pesante dans certains cas, notamment dans le cadre de l’in- formation en ligne, des médias, du commerce en ligne. Mais si c’est là le revers de la médaille, elle a aussi un côté face : celui qui permet aux particuliers de reprendre la main sur leurs dossiers numériques, de les modifier, voire de les supprimer sur une simple demande. Les entreprises qui contreviendraient à ces disposi- tions seraient susceptibles de sanctions particu- lièrement dissuasives. On pense notamment, au vu des événements récents dans le monde de l’Internet, aux risques de fuites de données accidentelles ou criminelles, qui empoisonnent la vie des entreprises, réduisent leur crédibilité, et surtout, mettent à mal le sentiment de sécu- rité des citoyens dans leurs voyages sur la Toile. SUPPLÉMENT DE LA LIBRE BELGIQUE – SAMEDI 21 OCTOBRE 2017 – 29 E ANNÉE – N°32 – www.lalibre.be

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© S.A. IPM 2017. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.

RéseauxLes particuliers,premiers bénéficiairesde l’économiecollaborative. p.8

CarrièresWorldskills à AbuDhabi: une vitrinepour les métiersdu futur. p.12

Face et profilJef Van In, patrond’Axa Belgique:l’assurance et...l’endurance. p.15

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Nos viesnumériques soushaute protection

Notre espace de vie numériques’accroît et nécessite des protections nouvelles.

Les entreprises européennes devront, dès le moisde mai 2018, se conformer à un règlement européen

sur la protection des données privées.Un chantier dans lequel les entreprises belges

ne brillent pas (encore) par leur vivacité.pp. 2-3

ILLUSTRATION GAËLLE GRISARD

l Édito

Reprenons la mainsur nos données !Patrick Van Campenhout

L e RGPD, ce gros règlement européen quisera appliqué tel quel (sauf adaptationsmineures) dans les pays membres de

l’Union européenne dès le 25 mai de l’annéeprochaine, empêche pas mal de responsablesinformatiques de dormir ces temps­ci. C’est quel’adaptation aux nouvelles règles en matière de

protection des données privées est un exercice àla fois technique et juridique d’un nouveaugenre. En gros, après avoir laissé les entreprisesgérer au mieux leurs stocks de données dans uncadre légal souple, le législateur a adapté lesrègles en vigueur à la réalité du moment. Notrevie en ligne est devenue si dense que nous necomptons plus les acteurs avec lesquels nousinteragissons. Il est donc important que cesderniers nous avertissent de la manière dont ilsnous cernent dans le cadre des services prestésou dans celui des outils marketing déployéspour mieux nous cibler. Certes, la mise enœuvre de ces mesures semblera pesante danscertains cas, notamment dans le cadre de l’in­

formation en ligne, des médias, du commerceen ligne. Mais si c’est là le revers de la médaille,elle a aussi un côté face : celui qui permet auxparticuliers de reprendre la main sur leursdossiers numériques, de les modifier, voire deles supprimer sur une simple demande. Lesentreprises qui contreviendraient à ces disposi­tions seraient susceptibles de sanctions particu­lièrement dissuasives. On pense notamment, auvu des événements récents dans le monde del’Internet, aux risques de fuites de donnéesaccidentelles ou criminelles, qui empoisonnentla vie des entreprises, réduisent leur crédibilité,et surtout, mettent à mal le sentiment de sécu­rité des citoyens dans leurs voyages sur la Toile.

SUPPLÉMENT DE LA LIBRE BELGIQUE – SAMEDI 21 OCTOBRE 2017 – 29E ANNÉE – N°32 – www.lalibre.be

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Libre Entreprise Dossier

2 La Libre Entreprise - samedi 21 octobre 2017 3samedi 21 octobre 2017 - La Libre Entreprise

lalibre.beRÉAGISSEZ !N’hésitez pas à retrouverle reste de l’informationéconomique sur notre site.

Nouveau métier : protecteur de données

Analyse Patrick Van Campenhout

D ès le 25 mai 2018, les entre­prises belges, comme leurshomologues européennes,

devront gérer de manière très pré­cise et sécurisée la masse de don­nées privées relatives à leursclients, et encourent des peinestrès lourdes en cas de défaut. Le ca­dre européen applicable dans sesprincipes au niveau des Etatsmembres, est dénommé en anglais“General Data Protection Regula­tion” (GDPR) ou règlement généralpour la protection des données(RGPD) en français. Voilà déjà unebase pour les recherches de docu­mentation en ligne. Et pour faireplus simple, voici un lien vers ladocumentation en ligne fourniepar la Commission vie privée :http://bit.ly/dataslalibre. C’est que,de la doc’, il y en a tant, et souventsi rebutante, qu’on ne sait par oùcommencer.

Or, la protection des données estdevenue cruciale. Il n’est pas unesemaine sans l’annonce de problè­mes de confidentialité ou de fuitesde données sensibles. Et si celles­ci

ne sont pas nécessairement lour­des de sens pour les personnes, el­les le sont souvent pour les entre­prises dont la crédibilité en est af­fectée.

A l’exemple de Yahoo qui avaitété victime d’un piratage et qui avu sa valeur de revente amputéede 350 millions de dollars pourcette raison. Dernier cas en date :celui de la société américaine decrédit Equifax qui a ainsi vu s’en­voler les données de 145,5 mil­lions de clients américains et cellesde 700 000 privés britanniques. La“home page” du site Equifax estparlante : sous un lien renvoyant àdes explications sur la fuite dedonnées figure un panneau indi­quant qu’aucun produit financiern’est disponible pour le moment…C’est que pour Equifax, l’heure estgrave : les premiers éléments d’in­formation montrent que l’accidentest lié à une négligence du serviceinformatique. Triste exemple de…ce qui pourrait bien se passer cheznous demain.

Dans nos entreprises belges quirécoltent, avec plus ou moins depertinence, des données relativesaux parties prenantes, clients oufournisseurs, et qui partagent cer­taines données, le chantier de sé­curisation est immense et devrait,le cas échéant, être confié à desspécialistes de ce nouveau métier :les “datas protection officers”. “Ilen faudrait quelque 28 000 en UE”,nous assure l’avocat ChristopheBoeraeve (cabinet Law Right), qui a

suivi une formation ad hoc. Quelest le profil de ce “bodygard” nu­mérique ? “Il se situe entre l’infor­maticien et le juriste. En réalité, iln’existe actuellement que des forma­tions certificatives données par desorganismes privés.”

Et… où en est­on en Belgique ?Martijn van Lom, General Mana­ger, Kaspersky Lab Benelux, citédans un communiqué, assure que“bon nombre d’entreprises se met­tent en danger, elles et leurs clients,en ne se préoccupant pas de la ma­nière dont les données personnellesdevront bientôt être traitées et proté­gées. L’échéance est la même pourtoutes les entreprises, indépendam­ment de leur taille, secteur ou empla­cement. C’est la raison pour laquelleelles doivent prendre des mesures dèsà présent pour s’attaquer au traite­ment des données.”

Pour Christophe Boeraeve, lesentreprises sont très inégales face àce chantier, selon leurs activités etleurs rapports aux parties prenan­tes. Mais les mesures à prendre dé­coulent avant tout du bon sens.“C’est normal et intuitif : plus vostechnologies/finalités du traitementsont intrusives en matière de vie pri­vée, plus vous devrez vous organiserpour obtenir un consentement expli­cite.” Les principes sont énoncésdans l’article 32 du règlement, lereste, c’est de la technologie, de lapseudonymisation et du chiffre­ment, notamment, ainsi que desprocédures de sécurisation auto­matiques, et la possibilité de véri­fier de manière indépendante la

validité des mesures et des proces­sus.

On comprendra que la mise enœuvre du RGPD est une véritablemine d’or pour les consultants…

D’autant que le risque financier encas de brèche est énorme. “Lesamendes sont réparties en deux caté­gories en fonction de la nature desmanquements : maximum 10 mil­

lions d’euros ou 2 % du chiffre d’af­faires mondial de l’exercice précé­dent ou maximum 20 millions ou4 % du chiffre d’affaires mondial del’exercice précédent. C’est, dans tous

les cas, le montant le plus élevé qui estretenu”, sourit Maître Boeraeve.Cela étant, pour beaucoup d’entre­prises, le RGPD n’est qu’un renfor­cement des règles déjà en applica­tion, et il suffira d’effectuer une (pastoujours) simple mise en confor­mité.

Vers qui se tourner en cas de sou­cis ? C’est la Commission Vie privéequi traitera les dossiers. Elle vad’ailleurs changer de nom pour de­venir “Autorité de contrôle des don­nées”, dotée de pouvoirs élargis decontrôle et de sanction alors qu’ellen’avait auparavant qu’une compé­tence d’avis. Les éventuelles sanc­tions infligées par ce nouveau tribu­nal qui ne dit pas son nom serontévidemment susceptibles d’appeldevant une chambre spécialisée.

L’Autorité de contrôle des donnéessera renouvelée en fonction de sesnouvelles responsabilités. “En effet,elle sera composée de six entités. Maisce qui est surtout novateur, c’est la no­tion de règlement européen”, reprendMaître Boeraeve. “Pour la premièrefois, l’Union européenne rend applica­ble une réglementation unique appli­cable de manière identique sur l’en­semble de son territoire et même au­delà, dans l’Espace économiqueeuropéen (EEE). Contrairement à unedirective, le règlement est directementapplicable dans l’ensemble de l’Unionsans nécessiter de transposition dansles différents Etats membres. Le mêmetexte s’applique donc dans toutel’Union européenne, dès le 25 mai pro­chain.”

P Les entreprises ont unpeu plus de 200 jourspour s’adapter au… RGPD.

P Ce règlement européenaméliore la protection denos vies numériques.

Sondage

Entreprises belgesmal préparées

Elles ne connaissent mêmepas le sujet. D’après un son-dage réalisé par le spécialistede l’antivirus Kaspersky Lab,16 % des entreprises belgesn’ont jamais entendu parler duRGPD, et 32 % en ont entenduparler sans savoir de quoi ilretourne, à 8 mois de son entréeen vigueur. Un tiers des profes-sionnels de l’informatique enBelgique pensent que leurorganisation ne sera pas enmesure de se conformer entière-ment au règlement en mai 2018,alors que ce pourcentage nes’élève qu’à 19 % aux Pays-Bas.

D.R.

La “home page” du site Equifax est parlante : un panneau indiquant qu’aucun produit financier n’est disponible pour le moment…

La Libre Entreprise.Supplément hebdomadaire à La Libre Belgique.

Rédaction: Vincent Slits (chef du serviceéconomique), Yves Cavalier, Patrick Dath-Delcambe, Pierre-François Lovens, Anne Masset(coordination), Raphaël Meulders, DominiqueSimonet, Ariane van Caloen etPatrick Van Campenhout.Collaborateurs: André Bailleux, Solange Berger,Isabelle de Laminne, Alice Dive, LaurentLambrecht, Isabelle Lemaire, CharlotteMikolajczak, Benoît Octave et OlivierStandaert.Réalisation: IPM Press Print.Administrateur délégué - éditeur responsable:François le Hodey.Directeur Général: Denis Pierrard.Rédacteur en chef: Francis Van de Woestyne.Rédacteurs en chef adjoints: Xavier Ducarme etNicolas Ghislain.Conception graphique: Jean-Pierre Lambert.Publicité: Emery de Crayencour (+3222112873)

Cas n°1

Entreprise de recrutement oude marketing déjà sécurisée

Conforme au RGPD. Ici, explique l’avocatChristophe Boeraeve, dirigeants et employésont conscience des mesures en place. L’entre-prise tient un registre déjà audité des donnéesà caractère personnel, de leur origine et de quiles partage. La déclaration de confidentialitéest adaptée, des procédures existent qui per-mettent aux personnes d’invoquer les droitsrelatifs à leurs données, jusqu’à la possibilitéde les supprimer. Ces formulaires permettent devérifier l’âge des personnes et de demander, lecas échéant, l’agrément d’un adulte responsa-ble. Les parties prenantes de l’entreprise sontimpliquées dans la prévention, la détection et lerapportage de fuites de données. Un délégué àla protection des données est désigné et pré-paré. Les contrats existants ont été adaptés etl’entreprise sait de quelle autorité de contrôleelle relève, surtout au niveau international.

Cas n°2

Un cabinet comptable qui n’apas pris de mesures spéciales

Traiter des données limitées et les proté-ger. En pratique, le professionnel du chiffretraitera les données sur la base du consente-ment, nous explique l’avocat Christophe Boe-raeve. Et cela, afin de pouvoir exécuter samission, respecter une obligation légale, comp-table, fiscale ou de sécurité sociale sur basedes données de son client et aux fins de sesintérêts légitimes. Le consentement que lecabinet comptable doit recevoir devra êtredonné en réponse à une demande présentéesous une forme qui la distingue clairement desautres questions “techniques”, sous une formecompréhensible et aisément accessible. Leprincipe à suivre est celui de la limitation desdonnées récoltées. Comme pour toute entre-prise collectant des données, le risque à gérerest d’être victime d’une violation des données àcaractère personnel, et leur diffusion publique.

Cas n°3

Un club privé un peu “chaud”qui ne sait pas ce qu’il risque

Sécuriser ou prendre un risque énorme. Quese passe-t-il si les membres d’un club privé etcertaines de leurs particularités (richesse,orientation sexuelle ou autres) sont déballéessur la place publique ? C’est une catastrophepour les membres et l’entreprise, si elle utiliseun système de gestion des données à caractèrepersonnel (identification des personnes parphoto ou biométrie). Ici, les conditions dutraitement des données sont limitées et compli-quées, tout comme le consentement requis. Leconsentement pour les catégories particulièresde données (voir “données sensibles”, parailleurs) doit, quant à lui, être explicite et pourune ou plusieurs finalités spécifiques. Ce clubprivé se voit particulièrement exposé auxmesures à prendre pour sauvegarder et sécuri-ser ces données pour éviter toute violation. Lesamendes prévues sont très dissuasives.

Épinglé

Données “sensibles”‣ Quelles sont les donnéessensibles visées par le règle-ment ?‣ 1. L’origine raciale ou ethnique.‣ 2. Les opinions politiques.‣ 3. Les convictions religieusesou philosophiques.‣ 4. L’appartenance syndicale.‣ 5. Le traitement des donnéesgénétiques.‣ 6. Les données biométriquesaux fins d’identifier une personnephysique de manière unique.‣ 7. Les données concernant lasanté.‣ 8. Les données concernant lavie sexuelle ou l’orientationsexuelle d’une personne physi-que.

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3samedi 21 octobre 2017 - La Libre Entreprise

Nouveau métier : protecteur de données

validité des mesures et des proces­sus.

On comprendra que la mise enœuvre du RGPD est une véritablemine d’or pour les consultants…

D’autant que le risque financier encas de brèche est énorme. “Lesamendes sont réparties en deux caté­gories en fonction de la nature desmanquements : maximum 10 mil­

lions d’euros ou 2 % du chiffre d’af­faires mondial de l’exercice précé­dent ou maximum 20 millions ou4 % du chiffre d’affaires mondial del’exercice précédent. C’est, dans tous

les cas, le montant le plus élevé qui estretenu”, sourit Maître Boeraeve.Cela étant, pour beaucoup d’entre­prises, le RGPD n’est qu’un renfor­cement des règles déjà en applica­tion, et il suffira d’effectuer une (pastoujours) simple mise en confor­mité.

Vers qui se tourner en cas de sou­cis ? C’est la Commission Vie privéequi traitera les dossiers. Elle vad’ailleurs changer de nom pour de­venir “Autorité de contrôle des don­nées”, dotée de pouvoirs élargis decontrôle et de sanction alors qu’ellen’avait auparavant qu’une compé­tence d’avis. Les éventuelles sanc­tions infligées par ce nouveau tribu­nal qui ne dit pas son nom serontévidemment susceptibles d’appeldevant une chambre spécialisée.

L’Autorité de contrôle des donnéessera renouvelée en fonction de sesnouvelles responsabilités. “En effet,elle sera composée de six entités. Maisce qui est surtout novateur, c’est la no­tion de règlement européen”, reprendMaître Boeraeve. “Pour la premièrefois, l’Union européenne rend applica­ble une réglementation unique appli­cable de manière identique sur l’en­semble de son territoire et même au­delà, dans l’Espace économiqueeuropéen (EEE). Contrairement à unedirective, le règlement est directementapplicable dans l’ensemble de l’Unionsans nécessiter de transposition dansles différents Etats membres. Le mêmetexte s’applique donc dans toutel’Union européenne, dès le 25 mai pro­chain.”

D.R.

La “home page” du site Equifax est parlante : un panneau indiquant qu’aucun produit financier n’est disponible pour le moment…

Cas n°1

Entreprise de recrutement oude marketing déjà sécurisée

Conforme au RGPD. Ici, explique l’avocatChristophe Boeraeve, dirigeants et employésont conscience des mesures en place. L’entre-prise tient un registre déjà audité des donnéesà caractère personnel, de leur origine et de quiles partage. La déclaration de confidentialitéest adaptée, des procédures existent qui per-mettent aux personnes d’invoquer les droitsrelatifs à leurs données, jusqu’à la possibilitéde les supprimer. Ces formulaires permettent devérifier l’âge des personnes et de demander, lecas échéant, l’agrément d’un adulte responsa-ble. Les parties prenantes de l’entreprise sontimpliquées dans la prévention, la détection et lerapportage de fuites de données. Un délégué àla protection des données est désigné et pré-paré. Les contrats existants ont été adaptés etl’entreprise sait de quelle autorité de contrôleelle relève, surtout au niveau international.

Cas n°2

Un cabinet comptable qui n’apas pris de mesures spéciales

Traiter des données limitées et les proté-ger. En pratique, le professionnel du chiffretraitera les données sur la base du consente-ment, nous explique l’avocat Christophe Boe-raeve. Et cela, afin de pouvoir exécuter samission, respecter une obligation légale, comp-table, fiscale ou de sécurité sociale sur basedes données de son client et aux fins de sesintérêts légitimes. Le consentement que lecabinet comptable doit recevoir devra êtredonné en réponse à une demande présentéesous une forme qui la distingue clairement desautres questions “techniques”, sous une formecompréhensible et aisément accessible. Leprincipe à suivre est celui de la limitation desdonnées récoltées. Comme pour toute entre-prise collectant des données, le risque à gérerest d’être victime d’une violation des données àcaractère personnel, et leur diffusion publique.

Cas n°3

Un club privé un peu “chaud”qui ne sait pas ce qu’il risque

Sécuriser ou prendre un risque énorme. Quese passe-t-il si les membres d’un club privé etcertaines de leurs particularités (richesse,orientation sexuelle ou autres) sont déballéessur la place publique ? C’est une catastrophepour les membres et l’entreprise, si elle utiliseun système de gestion des données à caractèrepersonnel (identification des personnes parphoto ou biométrie). Ici, les conditions dutraitement des données sont limitées et compli-quées, tout comme le consentement requis. Leconsentement pour les catégories particulièresde données (voir “données sensibles”, parailleurs) doit, quant à lui, être explicite et pourune ou plusieurs finalités spécifiques. Ce clubprivé se voit particulièrement exposé auxmesures à prendre pour sauvegarder et sécuri-ser ces données pour éviter toute violation. Lesamendes prévues sont très dissuasives.

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Libre Entreprise Economie numérique/Acteurs

4 La Libre Entreprise - samedi 21 octobre 2017 5samedi 21 octobre 2017 - La Libre Entreprise

Pour unecuisson solaireAprès le traditionnel charbon etle gaz, voici le barbecue solaire,qui plus est, est égalementportable. GoSun avait déjà lancécette nouvelle façon de cuire sesaliments en extérieur avec unbarbecue solaire. GoSunGo – enrecherche de financement sur laplateforme de crowdfundingKickstarter – est la versionportable de ce nouveau barbe­cue. Léger et compact, il estdestiné aux campeurs et à tousceux qui désirent pique­niquer.Grâce à la chaleur du soleil, ilpeut cuire à la vapeur, griller,rôtir tous les aliments à placerau sein d’un tube spécifique etce en 30 minutes. Il permetmême de chauffer de l’eau.Restant froid au contact, leGoSunGo peut même être ma­nié pendant son utilisation.Histoire de ne pas se brûler.

PATR

ICK

SHER

WIN

l Publicité

Blocage de pubs vs blocage de bloqueursOlivier Standaert

L es utilisateurs de solutionspour bloquer l’apparition despubs en ligne sont de plus en

plus nombreux.C’est une tendance que la plupartdes acteurs du secteur ne pouvaientignorer, à moins de faire l’autruchedepuis des années.En Belgique, selon une toute récenteétude de la société OnAudience,37 % des Belges utilisent actuelle­ment un ad­blocker. Conséquence :toutes ces pubs qui n’apparaissentpas sur les écrans sont autant d’ar­gent perdu pour les parties prenan­tes de l’écosystème digital. Ce qu’onsait moins, c’est que la résistance àce phénomène prend elle aussi del’ampleur. Par le passé, certainséditeurs ont menacé de limiter ousupprimer l’accès à leurs contenusinformatifs lorsqu’un internaute

possédait une application d’ad­bloc­king. D’autres ont fait leur mea culpa àpropos de l’excès d’annonces intrusi­ves. D’autres enfin se tournent vers desréponses plus “frontales” : une entre­prise comme OnAudience, qui nepublie évidemment pas une étudecomme celle précitée sans avoir uneidée derrière la tête, commercialise desbloqueurs d’ad­blockers. UnBlock,c’est son nom, permet aux éditeurs desites Web de repérer les plug­in empê­chant les pubs d’apparaître, pourensuite les contourner purement etsimplement. Ce genre de produit voitplus loin que la simple “victoire” faceaux bloqueurs de pub : il proposeégalement d’adapter les messagescommerciaux aux profils des internau­tes, afin de leur proposer des contenusparamétrés. Résultat : OnAudience,dans une étude de cas accessible surson site, affiche des taux de pages vueset des temps de lecture supérieurs aux

canaux payants, tels que Google, queles annonceurs utilisent pour drainerdu trafic et des clics. Le taux de rebond(soit le fait de quitter une page aussitôtaprès y avoir accédé) a, quant à lui,tendance à chuter grâce à ce profilage.Dans cet affrontement silencieux, cesont les internautes les plus connectés,les plus actifs et les plus rôdés au Webqui sont explicitement visés par dessolutions comme UnBlock.Car ce sont aussi eux qui font le plusd’achats en ligne et sont souvent lesplus influents sur les réseaux.La lutte technologique entre les deuxcamps n’est pas prête de s’arrêter,chacun militant pour sa cause. Le cadrerégulatoire n’y aidera pas. Ce sont doncles usagers et les acteurs du Web quidevront à terme évoluer vers une “paixdigitale”, en apprenant à faire autrechose qu’utiliser la dernière nouveautéen date pour bloquer ou débloquercelui qui se cache derrière son écran.

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Une question ?Plus d’infos sur www.solvay.edu/digital-marketing ou contacter Thierry Antoine, Coordinateur, 02/650.41.45 – [email protected]

Conso

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5samedi 21 octobre 2017 - La Libre Entreprise

Pour unecuisson solaireAprès le traditionnel charbon etle gaz, voici le barbecue solaire,qui plus est, est égalementportable. GoSun avait déjà lancécette nouvelle façon de cuire sesaliments en extérieur avec unbarbecue solaire. GoSunGo – enrecherche de financement sur laplateforme de crowdfundingKickstarter – est la versionportable de ce nouveau barbe­cue. Léger et compact, il estdestiné aux campeurs et à tousceux qui désirent pique­niquer.Grâce à la chaleur du soleil, ilpeut cuire à la vapeur, griller,rôtir tous les aliments à placerau sein d’un tube spécifique etce en 30 minutes. Il permetmême de chauffer de l’eau.Restant froid au contact, leGoSunGo peut même être ma­nié pendant son utilisation.Histoire de ne pas se brûler.

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Libre Entreprise Economie numérique/Start-up

6 La Libre Entreprise - samedi 21 octobre 2017 7samedi 21 octobre 2017 - La Libre Entreprise

ONE HOUR CHALLENGEEn partenariat avec :http://lalibre.onehourchallenge.be/PROJET

START-UP

PROCHAINES DATES : 24 OCTOBRE, 7 NOVEMBRE, 28 NOVEMBRE, 9 DÉCEMBRE

l Lettre à un jeune entrepreneur #46

La vague“deep tech”Roald SieberathMulti-entrepreneur, coach de start-upet venture partner pour LeanSquare,professeur invité à l’UCL et à l’UNamur

Cher B..,Tu m’interroges sur les tendances futures pour les start­up

technologiques, et sur la bonne manière d’en incorporer dans tonprojet. L’exercice de la prospective (regarder dans l’avenir) estcertainement salutaire… Attention à ce que ça ne soit pasjuste un simple “vernis” de nouveauté sur une solution sommetoute banale. Il ne suffit pas de rajouter un “2.0” (ou “4.0”) à sonmétier pour le rénover de fond en comble, tout comme il ne suffitpas d’ajouter l’ingrédient (ou l’argument) “intelligence artificielle”à un développement informatique pour que ça le rende réelle­ment utile.

Ceci étant dit, il y a une véritable nouvelle vague de technolo­gie. Nous sortons de quelques années où la révolution mobileavait été digérée, le cloud devenu une commodité. Cela a permisl’apparition de toute une série de start­up de type “plate­forme”ou “place de marché”. Je commence à avoir entendu ce pitch desdizaines de fois “Le projet X est une plate­forme qui met encontact les Y avec les Z.” C’était assez génial quand Y était“tout voyageur” et Z “toute personne qui a une chambre en trop

dans la maison” : on avait alors AirBnb (et une licorne en deve­nir). Le concept a été répliqué ad libitum, dans des niches deplus en plus petites, des géographies restreintes. Il me sembleque l’on arrive doucement à l’épuisement de ce filon­là, qui avaitvu débarquer en entrepreneuriat quantité de gens non techni­ques, armés d’une bonne idée, et à la recherche d’un développeurpour construire leur vision de plate­forme.

A présent, on assiste un peu au retour du balancier : larevanche des ingénieurs, technos, et autres geeks. La nouvellevague, que l’on commence à connaître de façon générique sous lenom de “deep tech”, regroupe une série de technos plutôtpointues : AR/VR (Réalité Virtuelle et Augmentée), AI (ArtificialIntelligence), en particulier Deep Learning, Blockchain, Robotique(y compris les drones), etc. Là, on ouvre véritablement denouveaux champs : l’AI va changer progressivement une grandevariété d’industries, du transport à la santé. La blockchain vachanger tous les domaines qui nécessitent l’établissement d’uneconfiance (c’est vaste : ça va de l’e­gouvernement à la santé).Les géants du Web rachètent des start­up de ces domaines à

tour de bras, surtout pour récupérer les cerveaux qui y tra­vaillent. En deep tech, il ne suffit plus d’avoir une bonne idée… Ilest nécessaire d’avoir sous la main deux ou trois développeursavec une solide expérience de la technologie concernée. Quandon sait que le deep learning n’est quasi pas enseigné dans nosMasters, cela signifie qu’il faut attendre huit années d’université(en incluant un doctorat) pour avoir quelqu’un de formé. A cerythme, on peut craindre qu’une fois de plus, la vieille Europe seretrouve à utiliser des solutions AI sur lesquelles les GAFAM(Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) ont déjà lancé desmilliers d’ingénieurs. Agiter la crainte des robots ou des AI quivont remplacer nos emplois, c’est une chose. Développer unepolitique de formation, et d’investissement, pour s’emparer desopportunités plutôt que les subir… ça demande une nano­se­conde de vision politique (et économique).

R.

[email protected]; autres lettres : http://bit.ly/2msomCG

Sciensquare

Portrait. “Sciensquare is to scientists what Twitter is tothe world”. La formule, utilisée par Adil El Taghdouini enouverture de son “pitch”, fait mouche. Le constat de cejeune docteur en sciences médicales, associé à un amid’enfance (Mohamed El Haddaji, détenteur d’un masteren sciences informatiques), est le suivant : notre planèten’a jamais connu autant de chercheurs universitaires.Chaque année, on évalue à plus de 2,5 millions le nom-bre d’articles (“papers”) publiés dans 28000 revuesscientifiques ! Revers de la médaille : il devient de plusen plus compliqué, pour des centaines de milliers dechercheurs, de faire connaître leurs travaux. C’est iciqu’intervient la proposition de valeur du projet Sciens-quare, à savoir une plateforme de “microblogging”destinée “à accroître la visibilité des chercheurs, à susci-ter le débat et à se forger une autorité” dans la commu-nauté scientifique. Le marché ciblé est colossal, avecplus de 12 millions de chercheurs et 600000 groupesde chercheurs à travers le monde. Sciensquare a étédevancé par d’autres projets : ResearchGate, Academia,

Mendeley. “Nous avons plusieurs atouts par rapport àeux”, assure toutefois Adil El Taghdouini, alors queSciensquare est toujours en cours de développement.“Par exemple, notre plateforme favorisera davantagel’interactivité entre les membres du réseau. Il y aura aussides fonctionnalités nouvelles (moteur de recherche parmots-clés, fil d’actu,…) et une application mobile.” Lebusiness modèle de Sciensquare se fonde sur différentessources (dont la publication d’événements par dessociétés et des offres d’emploi). En chantier depuis unan, le projet Sciensquare prévoit de lancer une version“bêta” à la mi-2018. Ses deux fondateurs envisagent unepremière levée de fonds de l’ordre de 800000 euros.P.-F.L.

Avis général de Roald Sieberath, coach.C’est en étant lui-même scientifique en coursde doctorat qu’Adil s’est rendu compte desbesoins de cette communauté si particulière.Pour avancer dans ses recherches, décrocherdes bourses, le chercheur a besoin de visibi-lité, d’échanges avec ses pairs. Sciensquareest donc conçu comme un réseau social descientifiques. Parmi les très rares concur-rents, ResearchGate, qui a levé 50 millionsde dollars, ce qui, d’une certaine façon,valide l’ampleur et l’intérêt de ce marché.Sciensquare entend s’en différencier en étantmoins centré sur les publications et davan-tage autour d’autres fonctions sociales.

Evaluation.

Idée :Business modèle :Traction client :Finançable :

Feedback du coach. On est content de voir unprojet avec, d’entrée de jeu, une ambition globale.On va à présent pouvoir observer l’adoption etsurtout l’usage : quelles sont les fonctionnalités quimarchent et qui encouragent la “viralité”. Parmi lesnombreuses sources de revenus envisagées, seulesune ou deux s’avérera sans doute être la piste de larentabilité. Il s’agira de la repérer au plus tôt.

Avis de Benjamin Vasseur, expert.Nous sommes en présence d’un jeune porteurde projet qui a déjà derrière lui un jolibackground. Il nous a très clairement pré-senté une problématique et la réponseproposée. Sciensquare doit compter avec desacteurs déjà bien connus dans le mondescientifique. Le défi est donc de taille ! Mais,vu le business model mis en place et, surtout,le type de plateforme développé, nous avonsun outil qui devrait avoir de beaux joursdevant lui. Comme pour tout nouveau réseausocial qui se lance, convaincre rapidement uncertain nombre d’utilisateurs sera trèsimportant pour la réussite du projet. A cestade, on ne peut pas encore vraiment parlerde financement bancaire, la plateforme étanttoujours en phase finalisation. Je suis assezconvaincu que les porteurs du projet disposedes compétences, de la passion et de l’enviepour que cela puisse marcher.

Evaluation.

Idée :Business modèle :Traction client :Finançable :

ALEX

ISHA

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Adil El Taghdouini, cofondateur de Sciensquare.

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Kristopher Syska

Portrait. Kristopher Syska est tombé dans lamarmite de l’informatique à un âge où beaucoupd’entre nous ne savaient pas encore manier unesouris ! Aujourd’hui âgé de 20 ans, ce “geek” origi-naire de la région montoise a quitté les bancs del’école voici déjà cinq ans. Depuis lors, il a crééplusieurs sites Internet et applications mobiles,“mais sans être vraiment satisfait par mon implica-tion.” Sa passion de l’informatique et des réseaux,Kristopher souhaite désormais la mettre au servicedes personnes les plus précarisées de sa région(SDF, personnes âgées, réfugiés…). “J’ai rencontrédes acteurs de terrain venant en aide à ces person-nes”, raconte-t-il. “Ce qui m’a frappé, c’est l’absencede collaboration entre tous ces acteurs du mondeassociatif. Tout le monde se marche sur les pieds. Parailleurs, ils sont souvent méconnus au sein de lapopulation.” L’idée de développer une applicationmobile, qui centraliserait toutes les informationsrelevées par ces acteurs de terrain, a germé dansl’esprit du jeune entrepreneur. “L’application centra-

liserait les urgences et les redirigerait vers les associa-tions ou services à même d’apporter une solution.” Illivre le cas concret de personnes âgées isolées qui ontun besoin urgent de médicaments mais ne peuvent passe déplacer. L’app, en cours de développement, per-mettrait non seulement de le faire savoir mais aussid’accéder à une base de données (pour vérifier ladisponibilité des médicaments demandés) et à unepharmacie solidaire. Kristopher Syska, qui travailleseul jusqu’ici, espère pouvoir tester son applicationdans les mois à venir, avant de la déployer plus large-ment. Il lui faut aussi définir un business modèle.Subsides ? Dons ? Financement participatif ? La ques-tion reste ouverte à ce stade.P.-F.L.

Avis général de Roald Sieberath, coach.Voilà un projet, porté par un jeune entrepre-neur, qui veut s’attaquer à une problémati-que récurrente de coordination dans lesecteur associatif. Souvent, des besoins sontexprimés ou perçus à un endroit et pour-raient être remplis par d’autres acteurs. Onimagine donc une application d’appel àl’aide qui permettrait à diverses demandesde rencontrer des gens disposés à y répon-dre. C’est tout le secteur non-marchand quipourrait gagner en efficacité.

Evaluation.

Idée :Business modèle :Traction client :Finançable :

Feedback du coach. Au-delà des intentions

généreuses, il n’est pas évident de trouver unbusiness modèle à une telle application, à moinsde trouver une fondation ou un acteur philanthro-pique prêt à la financer. Attention également au“diable dans les détails” : l’idée a l’élégance de sasimplicité, mais il faut prêter une grande attentionaux besoins du terrain. Le mieux est sans doute dedémarrer par un seul besoin précis, limité à deuxou trois acteurs, valider, et puis élargir.

Avis de Benjamin Vasseur, expert.J’apprécie beaucoup l’esprit entrepre-neurial qui habite Kristopher depuisson plus jeune âge ! Sa volonté demettre ses compétences au service de“tous” en voulant trouver un moyen demaximiser les ressources et les servicesdisponibles pour aider ceux qui en ontbesoin, chapeau ! Cependant, attentionà ne pas partir dans tous les sens. Sonidée est bonne, mais il doit choisir undomaine en particulier. A l’heure ac-tuelle, je lui conseillerais de développerun axe bien particulier et d’y aller àfond. Du coup, point de vue finance-ment bancaire, clairement aujourd’hui,je ne peux pas dire si, oui ou non, c’estenvisageable. Il faudra développer sonprojet un peu plus pour le savoir. Mais,vu l’objectif social poursuivi, je pensequ’il pourrait envisager la sollicitationde subsides.

Evaluation.

Idée :Business modèle :Traction client :Finançable :

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ALEX

ISHA

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Kristopher Syska, développeur autodidacte de 20 ansà la fibre sociale.

One Hour Challenge

60 minutes pour convaincre. Chaque semaine, depuis septembre 2016, nous présentons desstart-up belges ayant pris part au “One Hour Challenge” organisé par “La Libre”, en partenariat avecLeanSquare et BNP Paribas Fortis. Avec le portrait des start-up et les avis d’un coach de LeanSquare(Roald Sieberath, à gauche) et d’un expert de BNPP Fortis (Benjamin Vasseur, Innovation Hubs –Banque des Entrepreneurs, à droite). Retrouvez aussi des vidéos des projets sur ww.lalibre.be

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© S.A. IPM 2017. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.

7samedi 21 octobre 2017 - La Libre Entreprise

ONE HOUR CHALLENGEEn partenariat avec :http://lalibre.onehourchallenge.be/PROJET

START-UP

PROCHAINES DATES : 24 OCTOBRE, 7 NOVEMBRE, 28 NOVEMBRE, 9 DÉCEMBRE

l Lettre à un jeune entrepreneur #46Cher B..,Tu m’interroges sur les tendances futures pour les start­up

technologiques, et sur la bonne manière d’en incorporer dans tonprojet. L’exercice de la prospective (regarder dans l’avenir) estcertainement salutaire… Attention à ce que ça ne soit pasjuste un simple “vernis” de nouveauté sur une solution sommetoute banale. Il ne suffit pas de rajouter un “2.0” (ou “4.0”) à sonmétier pour le rénover de fond en comble, tout comme il ne suffitpas d’ajouter l’ingrédient (ou l’argument) “intelligence artificielle”à un développement informatique pour que ça le rende réelle­ment utile.

Ceci étant dit, il y a une véritable nouvelle vague de technolo­gie. Nous sortons de quelques années où la révolution mobileavait été digérée, le cloud devenu une commodité. Cela a permisl’apparition de toute une série de start­up de type “plate­forme”ou “place de marché”. Je commence à avoir entendu ce pitch desdizaines de fois “Le projet X est une plate­forme qui met encontact les Y avec les Z.” C’était assez génial quand Y était“tout voyageur” et Z “toute personne qui a une chambre en trop

dans la maison” : on avait alors AirBnb (et une licorne en deve­nir). Le concept a été répliqué ad libitum, dans des niches deplus en plus petites, des géographies restreintes. Il me sembleque l’on arrive doucement à l’épuisement de ce filon­là, qui avaitvu débarquer en entrepreneuriat quantité de gens non techni­ques, armés d’une bonne idée, et à la recherche d’un développeurpour construire leur vision de plate­forme.

A présent, on assiste un peu au retour du balancier : larevanche des ingénieurs, technos, et autres geeks. La nouvellevague, que l’on commence à connaître de façon générique sous lenom de “deep tech”, regroupe une série de technos plutôtpointues : AR/VR (Réalité Virtuelle et Augmentée), AI (ArtificialIntelligence), en particulier Deep Learning, Blockchain, Robotique(y compris les drones), etc. Là, on ouvre véritablement denouveaux champs : l’AI va changer progressivement une grandevariété d’industries, du transport à la santé. La blockchain vachanger tous les domaines qui nécessitent l’établissement d’uneconfiance (c’est vaste : ça va de l’e­gouvernement à la santé).Les géants du Web rachètent des start­up de ces domaines à

tour de bras, surtout pour récupérer les cerveaux qui y tra­vaillent. En deep tech, il ne suffit plus d’avoir une bonne idée… Ilest nécessaire d’avoir sous la main deux ou trois développeursavec une solide expérience de la technologie concernée. Quandon sait que le deep learning n’est quasi pas enseigné dans nosMasters, cela signifie qu’il faut attendre huit années d’université(en incluant un doctorat) pour avoir quelqu’un de formé. A cerythme, on peut craindre qu’une fois de plus, la vieille Europe seretrouve à utiliser des solutions AI sur lesquelles les GAFAM(Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) ont déjà lancé desmilliers d’ingénieurs. Agiter la crainte des robots ou des AI quivont remplacer nos emplois, c’est une chose. Développer unepolitique de formation, et d’investissement, pour s’emparer desopportunités plutôt que les subir… ça demande une nano­se­conde de vision politique (et économique).

R.

[email protected]; autres lettres : http://bit.ly/2msomCG

Kristopher Syska

Portrait. Kristopher Syska est tombé dans lamarmite de l’informatique à un âge où beaucoupd’entre nous ne savaient pas encore manier unesouris ! Aujourd’hui âgé de 20 ans, ce “geek” origi-naire de la région montoise a quitté les bancs del’école voici déjà cinq ans. Depuis lors, il a crééplusieurs sites Internet et applications mobiles,“mais sans être vraiment satisfait par mon implica-tion.” Sa passion de l’informatique et des réseaux,Kristopher souhaite désormais la mettre au servicedes personnes les plus précarisées de sa région(SDF, personnes âgées, réfugiés…). “J’ai rencontrédes acteurs de terrain venant en aide à ces person-nes”, raconte-t-il. “Ce qui m’a frappé, c’est l’absencede collaboration entre tous ces acteurs du mondeassociatif. Tout le monde se marche sur les pieds. Parailleurs, ils sont souvent méconnus au sein de lapopulation.” L’idée de développer une applicationmobile, qui centraliserait toutes les informationsrelevées par ces acteurs de terrain, a germé dansl’esprit du jeune entrepreneur. “L’application centra-

liserait les urgences et les redirigerait vers les associa-tions ou services à même d’apporter une solution.” Illivre le cas concret de personnes âgées isolées qui ontun besoin urgent de médicaments mais ne peuvent passe déplacer. L’app, en cours de développement, per-mettrait non seulement de le faire savoir mais aussid’accéder à une base de données (pour vérifier ladisponibilité des médicaments demandés) et à unepharmacie solidaire. Kristopher Syska, qui travailleseul jusqu’ici, espère pouvoir tester son applicationdans les mois à venir, avant de la déployer plus large-ment. Il lui faut aussi définir un business modèle.Subsides ? Dons ? Financement participatif ? La ques-tion reste ouverte à ce stade.P.-F.L.

Avis général de Roald Sieberath, coach.Voilà un projet, porté par un jeune entrepre-neur, qui veut s’attaquer à une problémati-que récurrente de coordination dans lesecteur associatif. Souvent, des besoins sontexprimés ou perçus à un endroit et pour-raient être remplis par d’autres acteurs. Onimagine donc une application d’appel àl’aide qui permettrait à diverses demandesde rencontrer des gens disposés à y répon-dre. C’est tout le secteur non-marchand quipourrait gagner en efficacité.

Evaluation.

Idée :Business modèle :Traction client :Finançable :

Feedback du coach. Au-delà des intentions

généreuses, il n’est pas évident de trouver unbusiness modèle à une telle application, à moinsde trouver une fondation ou un acteur philanthro-pique prêt à la financer. Attention également au“diable dans les détails” : l’idée a l’élégance de sasimplicité, mais il faut prêter une grande attentionaux besoins du terrain. Le mieux est sans doute dedémarrer par un seul besoin précis, limité à deuxou trois acteurs, valider, et puis élargir.

Avis de Benjamin Vasseur, expert.J’apprécie beaucoup l’esprit entrepre-neurial qui habite Kristopher depuisson plus jeune âge ! Sa volonté demettre ses compétences au service de“tous” en voulant trouver un moyen demaximiser les ressources et les servicesdisponibles pour aider ceux qui en ontbesoin, chapeau ! Cependant, attentionà ne pas partir dans tous les sens. Sonidée est bonne, mais il doit choisir undomaine en particulier. A l’heure ac-tuelle, je lui conseillerais de développerun axe bien particulier et d’y aller àfond. Du coup, point de vue finance-ment bancaire, clairement aujourd’hui,je ne peux pas dire si, oui ou non, c’estenvisageable. Il faudra développer sonprojet un peu plus pour le savoir. Mais,vu l’objectif social poursuivi, je pensequ’il pourrait envisager la sollicitationde subsides.

Evaluation.

Idée :Business modèle :Traction client :Finançable :

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Kristopher Syska, développeur autodidacte de 20 ansà la fibre sociale.

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Libre Entreprise Economie numérique/Réseaux

8 La Libre Entreprise - samedi 21 octobre 2017 9samedi 21 octobre 2017 - La Libre Entreprise

Analyse Benoît Octave

L e montant total des transactions dans les cinq principaux secteurs de l’économiecollaborative en Europe ­ finance, hébergement, transport, services à la personneet services aux entreprises ­ pourrait être multiplié par 20 d’ici 2025, selon les

dernières estimations réalisées par le cabinet d’audit et de conseil PwC à partir d’uneétude commanditée par la Commission européenne (DG GRDW). Les particuliers,prestataires de service, seront les premiers gagnants de cette nouvelle économie, puis­qu’ils devraient enregistrer 85 % du total des transactions liées à l’économie collabora­tive d’ici 2025. Selon les projections des experts de PwC, quatre de ces cinq secteurs pourraient réaliser des tran­sactions à hauteur de 100 milliards d’euros par an, seuls les services aux entreprises ne réussissant pas à atteindrece seuil.

“L’économie de partage se développe à vitesse grand V. Nous sommes passés d’un simple titre accrocheur à un choix deconsommation privilégié des nouvelles générations Y et Z. Au coursdes dix prochaines années, l’économie collaborative pourrait biendevenir LE modèle de performance dans une Europe qui cherche lacroissance”, explique Jean­François Marti, responsable du PwCExperience Center.

Au­delà des géants tels qu’Airbnb ou Uber, l’économie colla­borative a vu émerger un écosystème riche et diversifié en Eu­rope. La France et le Royaume­Uni tirent l’économie collabora­tive européenne vers le haut, résultat des efforts menés par cesdeux territoires pour devenir des places incontournables enmatière d’innovation et développement de nouveaux businessmodels. “Ce développement spectaculaire de l’économie de partageest pour l’Union européenne une occasion de renforcer sa positionde marché international et d’incubateur d’innovation. Mais pouratteindre cet objectif, elle devra élaborer un cadre réglementaire

plus équilibré, mieux coordonné et plus dynamique entre ses États membres”, assure Jean­François Marti. “L’économiecollaborative est déjà une réalité qui correspond à une réelle attente et son usage se répand très rapidement. En revanche,les entreprises n’ont pas toutes évalué à sa juste valeur son potentiel économique qui n’en est qu’à ses prémices. D’ici à2025, nous pensons que de nombreux secteurs de cette économie auront atteint une taille qui leur permettra de rivaliseravec leurs homologues traditionnels.” Les plateformes de services à la personne semblent en passe de réaliser lacroissance la plus rapide, avec un chiffre d’affaires en hausse d’environ 50 % par an jusqu’en 2025. Le développe­ment de ce secteur est stimulé par une nouvelle génération de consommateurs, qui font de plus en plus appel auxservices à la demande pour répondre aux besoins ponctuels du quotidien, comme la location de matériel et de ser­vices entre particuliers.

L es géants du smartphone, Sam­sung, Apple et maintenantHuawei, s’affrontent à coups

d’investissements colossaux dansl’intelligence artificielle, à unrythme que leurs concurrents peu­vent difficilement suivre. De l’exté­rieur, pas grand­chose ne distinguele Mate 10 de Huawei, dévoilé lundià Munich (Allemagne), de l’iPhone Xd’Apple ou du Galaxy S8 de Sam­sung : un écran couvrant toute laface supérieure de l’appareil, undouble capteur photo et de robustesbatteries.

Mais c’est sous le capot que se jouela bataille entre l’américain Apple etles groupes coréen et chinois venusbousculer sa suprématie, dans de

minuscules processeurs célébrés engrande pompe par les fabricants. Enprésentant le mois dernier soniPhone X lors d’une rutilante céré­monie, Apple se targuait ainsi depouvoir déverrouiller l’appareil parreconnaissance faciale de son utili­sateur. Lundi, Huawei répliquait enlaissant son Mate 10 traduire plu­sieurs langues, opter pour lemeilleur mode photo en distinguantseul un plat d’un bouquet ou d’unanimal, ou même organiser des dos­siers. Derrière ces nouvelles possibi­lités se cache une aptitude com­mune de la machine à “apprendre”en brassant des montagnes de don­nées, sans qu’un programmateur nelui enseigne par exemple à reconnaî­

tre un visage.“L’intelligence artificielle n’est plus

un concept théorique mais quelquechose qui s’entremêle avec notre viequotidienne”, a souligné lundi Ri­chard Yu, l’un des responsables deHuawei, alors que le groupe affirmeavoir soumis 100 millions de photosà sa caméra pour l’entraîner. En2016, le chinois affirme avoir en­glouti 11,6 milliards de dollars enrecherche­développement, un effortconsidérable rendu possible par saposition de force dans les infrastruc­tures télécoms. Samsung affiche deson côté 13,1 milliards en recherchesur la même période, quand Appleen aurait déboursé un peu plus de10 milliards de dollars. (AFP)

Entrepreneuriat

Mind&Market célèbreses lauréats 2017Cela fera bientôt dix ans queMind&Market, une initiativelancée par l’UCL et l’AllianceCentre BW (plus de 300entreprises de la région deLouvain-la-Neuve), se mobiliseen faveur des porteurs deprojets et start-up innovantes.Avec une ambition : faire ensorte que ces projets seconfrontent le plus rapidementpossible au marché.Mind&Market représente unecommunauté de plus de 5000personnes et 300 projetsinnovants actifs sur laplateforme (dont un bon tiersde start-up). Elle s’est exportéevers le Hainaut et leLuxembourg. Cette semaine,réunis au Cercle du Lac, les sixlauréats du dernier ForumMind&Market ont été mis àl’honneur : UShoes, Spentys,Smartbeam, Creo2, Covevent etHolifresh. P.-F.L.

Smartphones vraiment “smart”

Economie digitale/Tendances

Le potentiel collaboratif

POLY

MTL

Technologie

Innovation

L’ULg fait son entréedans le fonds Qbic IIAvec une nouvelle levée de48 millions d’euros annoncéeen fin de semaine, le fondsd’investissement belge Qbic sehisse, selon ses promoteurs,parmi les plus grands fonds decapital à risqueinteruniversitaires en Europe(avec 90 millions sous gestionet 18 sociétés en portefeuille).Le fonds Qbic II rassemble desinvestisseurs institutionnels,industriels, familiaux etpublics. Parmi eux, on relèveral’arrivée de l’Université deLiège (ULg), qui aurait investi7,7 millions. Qbic II prévoitd’investir dans une vingtainede spin-offs et jeunes sociétésinnovantes présentant un lientechnologique avec lespartenaires universitaires etcentres de recherche du fonds.P.-F.L.

Les “promesses” de Trasis

Depuis 2013, de jeunes entreprisesbruxelloises et wallonnes à haut po­tentiel et en pleine phase de dévelop­pement peuvent concourir pour obte­nir le titre d’“Entreprise prometteusede l’année”. Cette année, les entrepri­ses retenues : Edebex, Lasea, Red­pharma et Trasis. C’est finalementTrasis fondée en 2004 par GauthierPhilippart (photo du haut) et Jean­LucMorelle, un ex d’IBA, (photo du bas)qui a été élue par le jury pour succéderà Real Impact Analytics, lauréat 2016.

Trasis conçoit, fabrique et commer­cialise mondialement des instrumentsdestinés à synthétiser des substancesradio­pharmaceutiques utilisées no­tamment dans le diagnostic de nom­breuses formes de cancer. Ces instru­

ments servent à conditionner ces substances pour lesrendre facile à administrer en toute sécurité par le per­sonnel médical. “Trasis développe et optimise des méthodesde synthèse pour contribuer à accélérer la mise à disposition

des patients des plus récentes avancées en radiochimie dia­gnostique et thérapeutique”, précise l’entreprise quicompte aujourd’hui 45 employés et a réalisé en 2016 unchiffre d’affaires de plus de 8,1 millions d’euros. “Trasis,qui a investi depuis plusieurs années dans le développementd’une niche bien précise, dans un marché radio­pharmaceu­tique de plusieurs milliards d’euros, est devenue une réelleréférence dans les centres de médecine nucléaire européens”,a souligné Pierre Rion, président du jury.

Le prix de l’“Entreprise prometteuse”, est une “spinoff” du prix de l’“Entreprise de l’année” attribué parErnst&Young avec “L’Echo” et BNP Paribas Fortis.Y.C.

P La jeune société liégeoise investie dansle traitement du cancer, a été sacrée“Entreprise prometteuse” 2017.

Lauréate

L’info de l’économie digitalesur le site de La Libre

www.lalibre.be/economie/digital

Entreprendre

Questions-réponsessur la création

Olivier Kahn est un homme dechiffres, mais pas seulementpour contrôler ce qui cloche dansles comptes. Il est surtout unporteur d’idées capable decerner les forces et les faiblessesd’un projet entrepreneurial.Dans son dernier opus (voir plusbas), il revient sur les techniquesde gestion d’un projet qui prendle statut d’entreprise, avec lescontraintes liées à ce cadre. Maisil explique aussi avecenthousiasme que la réussited’un projet d’entreprise, c’estavant tout des personnesmotivées, qui croient en leursidées, qui sont capables deporter un projet sans défaillir.Ainsi, il explique que “ladifférence, ce sera vous et votrefaçon de faire.” Il est possible,assure-t-il, dans tous lessecteurs, avec peu de moyens,sans diplômes, après unepériode “down”, et en dépit dela crise. Et, cerise sur le gâteau,si tout se passe bien, la criseentamée en 2008, serait bienderrière nous… Pour revenir auxconseils de base, lui et sonacolyte d’un livre (qui est aussile travail de toute une équipe),rappelle qu’il est bon d’asseoirun projet sur un maximum decréativité et d’ouverture,notamment pour dépasser laconcurrence, ou pour faire face àun imprévu. Etre proche de sesclients cibles, est aussi unemanière de coller à la réalitéd’une entreprise, comme vientde le rappeler la patronne d’uneentreprise publique. En écoutantles clients, on peut leur fournir“le” produit qui répond à leurattentes.“La Libre Entreprise” estassociée à la promotion de cetouvrage et propose à seslecteurs une réductionappréciable (-10 euros avec lecode “libre”) sur le prix del’ouvrage (Créationd’entreprises, 100 questions –101 réponses, Ed. Business ToolsASBL, prix : 35 euros, hors code).Le livre est relié à un site,www.clicstarter.be.Patrick Van Campenhout

TRAS

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“Entreprise de l’année”

Û En formeSpadel a été élue “Entreprise de l’année”

2017. Le producteur de boissons (Spa, Bru…)mené par Marc du Bois, “a réussi à rajeunir lesmarques, faire des investissements risqués et menertambour battant les ventes de filiales non­core”, asouligné le jury. Spadel succède à Daoust (2016),Pairi Daiza (2015), Belourthe (2014), Tilman(2013), TPF (2012), Hamon (2011), Exki (2010).Il s’agit de la 22e édition de ce concours.

Calculatrix : calculer sans calculette

Multiplier 38 par 42 sans calculette en moins detemps qu’il en faut pour le dire ? Impossible ?Hum ! Il y a… un truc. Le livre intitulé “Calcula­

trix” (1) que vient d’écrire Christophe Nijdman, un fami­lier des chiffres pour avoir notamment été banquier etanalyste financier, vous apporte la solu­tion (2). C’est une des 85 astuces qu’il propose“pour jongler avec les chiffres”.

On y (re) découvre comment effectuer unedivision quand le nombre à diviser est supé­rieur à la centaine, ou élever au carré unnombre terminant par cinq, ou encore mul­tiplier un nombre qui se termine par une dé­cimale. Autant d’exercices appris à l’écolemais vite oubliés avec les années qui passent.

Ce livre affirme avec raison “offrir l’occa­sion de réinvestir des zones du cerveau parfoislaissées à l’abandon”. “Or, le cerveau est unmuscle, rappelle l’éditeur. “Bien entretenu, ilprogresse à une vitesse phénoménale.” On nous proposeainsi un “exercice qui nous met en mouvement, nous faitprogresser et cogiter, et dont on ne soupçonne pas les bien­faits sur la confiance en soi”.

On l’aura compris, ce livre ne s’adresse pas unique­ment aux seniors qui voudraient faire fonctionner leurs

neurones ou qui sont allergiques aux machines moder­nes. Il peut aussi être utile aux plus jeunes, qui veulentapprendre à utiliser leur cerveau plutôt que la machineà calculer ou le smartphone.

L’auteur a trouvé son inspiration aux Etats­Unis où il avécu 10 ans dans les années 80. Ce type delivre dit de “développement personnel” esttrès répandu dans la culture américaine.“J’ai ainsi puisé mon inspiration initiale dansune publication ancienne qui recensait unetrentaine d’astuces, auxquelles j’ai ajoutéd’autres “astuces” collectées au fil de ma car­rière financière (38 ans déjà !) et quim’avaient été utiles dans l’exercice de mesfonctions qui ont toujours tourné autour deschiffres (banquier, analyste financier, etc.)”,nous a ­t­il précisé.AvC

U (1) “Calculatrix”, Christophe Nijdam, Editions Les liensqui libèrent; environ 14,50 euros.(2) Multiplier deux nombres entiers dont l’écart est égal à 4:1. Trouver la moyenne des deux nombres (38+42)/2. =402. Elever au carré 40x40 = 16003. Retrancher 4 : 1600­4 = 1596

À Lire

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© S.A. IPM 2017. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.

9samedi 21 octobre 2017 - La Libre Entreprise

Les “promesses” de Trasis

Depuis 2013, de jeunes entreprisesbruxelloises et wallonnes à haut po­tentiel et en pleine phase de dévelop­pement peuvent concourir pour obte­nir le titre d’“Entreprise prometteusede l’année”. Cette année, les entrepri­ses retenues : Edebex, Lasea, Red­pharma et Trasis. C’est finalementTrasis fondée en 2004 par GauthierPhilippart (photo du haut) et Jean­LucMorelle, un ex d’IBA, (photo du bas)qui a été élue par le jury pour succéderà Real Impact Analytics, lauréat 2016.

Trasis conçoit, fabrique et commer­cialise mondialement des instrumentsdestinés à synthétiser des substancesradio­pharmaceutiques utilisées no­tamment dans le diagnostic de nom­breuses formes de cancer. Ces instru­

ments servent à conditionner ces substances pour lesrendre facile à administrer en toute sécurité par le per­sonnel médical. “Trasis développe et optimise des méthodesde synthèse pour contribuer à accélérer la mise à disposition

des patients des plus récentes avancées en radiochimie dia­gnostique et thérapeutique”, précise l’entreprise quicompte aujourd’hui 45 employés et a réalisé en 2016 unchiffre d’affaires de plus de 8,1 millions d’euros. “Trasis,qui a investi depuis plusieurs années dans le développementd’une niche bien précise, dans un marché radio­pharmaceu­tique de plusieurs milliards d’euros, est devenue une réelleréférence dans les centres de médecine nucléaire européens”,a souligné Pierre Rion, président du jury.

Le prix de l’“Entreprise prometteuse”, est une “spinoff” du prix de l’“Entreprise de l’année” attribué parErnst&Young avec “L’Echo” et BNP Paribas Fortis.Y.C.

P La jeune société liégeoise investie dansle traitement du cancer, a été sacrée“Entreprise prometteuse” 2017.

Lauréate Entreprendre

Questions-réponsessur la création

Olivier Kahn est un homme dechiffres, mais pas seulementpour contrôler ce qui cloche dansles comptes. Il est surtout unporteur d’idées capable decerner les forces et les faiblessesd’un projet entrepreneurial.Dans son dernier opus (voir plusbas), il revient sur les techniquesde gestion d’un projet qui prendle statut d’entreprise, avec lescontraintes liées à ce cadre. Maisil explique aussi avecenthousiasme que la réussited’un projet d’entreprise, c’estavant tout des personnesmotivées, qui croient en leursidées, qui sont capables deporter un projet sans défaillir.Ainsi, il explique que “ladifférence, ce sera vous et votrefaçon de faire.” Il est possible,assure-t-il, dans tous lessecteurs, avec peu de moyens,sans diplômes, après unepériode “down”, et en dépit dela crise. Et, cerise sur le gâteau,si tout se passe bien, la criseentamée en 2008, serait bienderrière nous… Pour revenir auxconseils de base, lui et sonacolyte d’un livre (qui est aussile travail de toute une équipe),rappelle qu’il est bon d’asseoirun projet sur un maximum decréativité et d’ouverture,notamment pour dépasser laconcurrence, ou pour faire face àun imprévu. Etre proche de sesclients cibles, est aussi unemanière de coller à la réalitéd’une entreprise, comme vientde le rappeler la patronne d’uneentreprise publique. En écoutantles clients, on peut leur fournir“le” produit qui répond à leurattentes.“La Libre Entreprise” estassociée à la promotion de cetouvrage et propose à seslecteurs une réductionappréciable (-10 euros avec lecode “libre”) sur le prix del’ouvrage (Créationd’entreprises, 100 questions –101 réponses, Ed. Business ToolsASBL, prix : 35 euros, hors code).Le livre est relié à un site,www.clicstarter.be.Patrick Van Campenhout

TRAS

ISTR

ASIS

“Entreprise de l’année”

Û En formeSpadel a été élue “Entreprise de l’année”

2017. Le producteur de boissons (Spa, Bru…)mené par Marc du Bois, “a réussi à rajeunir lesmarques, faire des investissements risqués et menertambour battant les ventes de filiales non­core”, asouligné le jury. Spadel succède à Daoust (2016),Pairi Daiza (2015), Belourthe (2014), Tilman(2013), TPF (2012), Hamon (2011), Exki (2010).Il s’agit de la 22e édition de ce concours.

Calculatrix : calculer sans calculette

Multiplier 38 par 42 sans calculette en moins detemps qu’il en faut pour le dire ? Impossible ?Hum ! Il y a… un truc. Le livre intitulé “Calcula­

trix” (1) que vient d’écrire Christophe Nijdman, un fami­lier des chiffres pour avoir notamment été banquier etanalyste financier, vous apporte la solu­tion (2). C’est une des 85 astuces qu’il propose“pour jongler avec les chiffres”.

On y (re) découvre comment effectuer unedivision quand le nombre à diviser est supé­rieur à la centaine, ou élever au carré unnombre terminant par cinq, ou encore mul­tiplier un nombre qui se termine par une dé­cimale. Autant d’exercices appris à l’écolemais vite oubliés avec les années qui passent.

Ce livre affirme avec raison “offrir l’occa­sion de réinvestir des zones du cerveau parfoislaissées à l’abandon”. “Or, le cerveau est unmuscle, rappelle l’éditeur. “Bien entretenu, ilprogresse à une vitesse phénoménale.” On nous proposeainsi un “exercice qui nous met en mouvement, nous faitprogresser et cogiter, et dont on ne soupçonne pas les bien­faits sur la confiance en soi”.

On l’aura compris, ce livre ne s’adresse pas unique­ment aux seniors qui voudraient faire fonctionner leurs

neurones ou qui sont allergiques aux machines moder­nes. Il peut aussi être utile aux plus jeunes, qui veulentapprendre à utiliser leur cerveau plutôt que la machineà calculer ou le smartphone.

L’auteur a trouvé son inspiration aux Etats­Unis où il avécu 10 ans dans les années 80. Ce type delivre dit de “développement personnel” esttrès répandu dans la culture américaine.“J’ai ainsi puisé mon inspiration initiale dansune publication ancienne qui recensait unetrentaine d’astuces, auxquelles j’ai ajoutéd’autres “astuces” collectées au fil de ma car­rière financière (38 ans déjà !) et quim’avaient été utiles dans l’exercice de mesfonctions qui ont toujours tourné autour deschiffres (banquier, analyste financier, etc.)”,nous a ­t­il précisé.AvC

U (1) “Calculatrix”, Christophe Nijdam, Editions Les liensqui libèrent; environ 14,50 euros.(2) Multiplier deux nombres entiers dont l’écart est égal à 4:1. Trouver la moyenne des deux nombres (38+42)/2. =402. Elever au carré 40x40 = 16003. Retrancher 4 : 1600­4 = 1596

À Lire

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Libre Entreprise Enjeux

10 La Libre Entreprise - samedi 21 octobre 2017 11samedi 21 octobre 2017 - La Libre Entreprise

l Chronique | Universités

Génération Y : lesnouveaux managers

P Les universités intègrent petit àpetit des innovations dans leurscursus pour coller à ce profil.

B ien que les auteurs ne s’accordent quedifficilement sur une définition com­mune des différentes générations et

leurs caractéristiques, il est indéniable quedes mutations s’opèrent. Notre époque estainsi la première à voir se côtoyer 4 généra­tions en entreprise. Parmi celles­ci, la géné­ration Y concentre les attentions car elle ar­rive progressivement aux postes stratégiquesdans les entreprises.

Les caractéristiques reconnues de cette gé­nération sont, par exemple, le faible loya­lisme institutionnel, la technophilie, l’impa­tience et la difficulté à se projeter dans lelong terme. Cela engendre des changementsforts en termes de management, de dévelop­pement de compétences et de besoins en for­mation.

Le court terme domine : les gens n’ont plusl’envie, ni le temps, ni le souhait d’entamerdes processus longs de formation. Plusieursraisons sont à l’origine de ce phénomène.

Un, les parcours professionnels sont moinslinéaires que par le passé et les ruptures plusfréquentes. On change aujourd’hui plus sou­vent d’emploi. On évoque le chiffre de 7changements en moyenne sur une carrièrecomplète. Et ces changements se produisentparfois en cours de formation.

Deux, la sécurité d’emploi, et donc la sécu­rité financière, n’étant plus assurée, les jeu­nes hésitent à prendre en charge des coûts deformation trop élevés. On perçoit une doubleincertitude : celle quant à la survie et la santéfinancière de l’entreprise, et celle du candi­dat qui n’est pas toujours certain de pouvoirassumer personnellement les coûts liés à laformation.

Trois, cherchant à équilibrer leur vie pro­fessionnelle et leur vie privée, cette généra­tion hésite à s’engager dans un processus deformation lourd et fastidieux.

Une autre tendance se dessine : une de­

mande de plus en plus accrue de parcours d’ap­prentissage individualisés voire du sur mesure.Parallèlement, s’exprime le souhait d’une péda­gogie plus active et interactive, notamment parle biais de réponses concrètes et directementapplicables dans leur travail au quotidien. En­fin, ces “digital natives” se tournent de plus enplus vers des programmes de formation digita­lisés, flexibles et sans trop de déplacements àassumer.

Conscientes de ces enjeux, les universités in­tègrent petit à petit des innovations dans leurscursus de formation continue. Ceux­ci visent deplus en plus le développement de compétences.Il s’agit de définir au départ un référentiel mé­tier, de proposer ensuite des démarches forma­tives axées “développement de compétences”et non plus “acquisition de contenus”, et en finde parcours, d’évaluer l’acquisition des compé­tences via des activités intégratives basées surdes problématiques réelles d’entreprises. L’of­fre doit aussi être élargie, en présentant notam­ment des modules courts et des parcours per­sonnalisés, ce qui peut plaire aux jeunes car ilsont l’impression d’être uniques, d’obtenir uneréponse adaptée à leurs demandes et de satis­faire leurs besoins de réalisation. La technologiedu Big Data pourrait soutenir cette démarcheen aidant les universités à construire ces par­cours sur base des données obtenues, via Inter­net, et traitées de façon pertinente.

Il est aussi possible de bénéficier d’un accom­pagnement individualisé à la gestion de car­rière, permettant d’établir un bilan, d’élaborerun projet professionnel durable, et ainsi pou­voir faire face aux éventuels changements ouruptures de carrière. Afin de se valoriser au seinde son entreprise pour fidéliser son emploi, ousur le marché du travail pour décrocher unnouvel emploi, un outil de e­portfolio est pré­senté aux participants, permettant d’y intégreren plus du traditionnel CV, les qualifications ac­quises, les compétences développées, les expé­riences réalisées, etc. Les pédagogies d’ensei­gnement à distance répondent aux nécessités etbesoins du public cible. Elles intéressent toutparticulièrement les personnes qui voyagentbeaucoup et ne peuvent donc pas être présentesphysiquement dans les centres de formation.L’e­learning est donc un bel atout pour pouvoircontinuer à se former. Enfin à côté des MOOC’s(Massive Open Online Courses), dont le succèsest grandissant, commencent à poindre lesSPOC’s d’entreprise (Small Private OnlineCourses) qui semblent mieux convenir aux exi­gences de cette génération Y, en pleine évolu­tion professionnelle.

HEC Liège, désirant relever le défi, a élaboré,en partenariat avec Solvay Brussels School ofEconomics&Management et la Louvain Schoolof Management, un programme de formationmodulaire et tout à distance, utilisant les der­nières technologies éducatives.

UPour plus d’infos : www.campusvirtuel.be

D.R.

Dominique Rorive et David Randaxhe

Responsable du projet Campus virtuel en gestion

Chargé de recherche, HEC Liège – Ecole de ges-tion de l’Université de Liège, unité de rechercheen Gestion des compétences

D.R.

l Opinion

La technologie pour taxer les géan ts du web?

P Zero­Knowledge Blockchain :la fiscalité européenne plus agileque les Gafa ?

L’ enjeu est immense. En dix ans, plusieursdizaines de milliards d’euros ont échappéà l’imposition dans l’Union européenne.

On se souvient par exemple que Google fut con­damné par l’Union européenne à verser 13 mil­liards d’euros à l’Irlande pour “privilège fiscalindu”. Et on reste coi en apprenant qu’Airbnb a

payé moins de 93 000 euros d’impôts en Franceen 2016 pour un chiffre d’affaires estimé de120 millions d’euros, soit à peine 775 eurosd’impôts pour chaque million d’euros de chiffred’affaires.

Fin septembre, au sommet de Tallinn, les chefsd’Etats européens n’ont pas réussi à aboutir àune position commune en vue d’harmoniser lafiscalité européenne appliquée aux géants duWeb. La proposition de la France, portée parBruno Le Maire, de taxer les Gafa (cet acronymedésigne quatre des entreprises les plus puissan­tes du monde de l’Internet à savoir : Google, Ap­ple, Facebook et Amazon, NdlR) pays par pays enfonction de leur chiffre d’affaires, se heurte nonseulement à une opposition politique de cer­tains Etats­membres (Irlande, Luxembourg…)mais également à des difficultés d’ordre techno­logique.

En effet, la mise en œuvre d’une telle proposi­tion consiste en réalité à créer une base com­mune d’imposition. On imagine déjà la gageure.D’abord, des mois de discussions seront néces­saires pour aboutir, dans le meilleur des cas, à un

consensus politique : dans un contexte de désa­mour du projet européen, on parle en effet de laperte de souveraineté fiscale des Etats. Viendraensuite l’heure des problèmes de conception

d’une telle solution : que l’on pense seulementaux enjeux d’harmonisation des flux informa­tionnels ou de synchronisation des calendriersfiscaux. On se penchera alors sur les impératifsde sécurisation : comment imaginer qu’une tellesolution, dévoilant les chiffres d’affaires desGafa pays par pays et les informations fiscalesqui s’y rattachent, ne suscitent pas à terme l’ap­pétit d’états hackeurs, voire un fiscaleaks ?

Bref : il faudra énormément de ténacité et d’in­géniosité pour que cette idée prenne corps. Etmême menée à un rythme d’enfer, plusieurs an­nées pour qu’elle soit opérationnelle. Disons­leclairement : c’est bien plus de temps que néces­saire pour permettre aux Gafa, qui sont deschampions de l’optimisation fiscale, d’adapterleur stratégie.

Choisir cette voie, c’est donc entrer dans uneimpasse. Face au Gafa, nous aurons, au mieux,une fiscalité européenne “Maginot” : bâtie auxforceps, elle ne servira plus à rien le jour où ellesera enfin disponible.

Et si je vous disais qu’il est possible de disposerd’une solution plus rapide, moins coûteuse, toutaussi fiable, complètement décentralisée ? Quesurtout, elle répond à tous les attendus sanscontraindre aucun Etat à divulguer ses donnéesfiscales ? Qu’elle n’oblige aucune partie à remet­tre en cause sa souveraineté fiscale ?

C’est le sens d’une forme particulière de Bloc­kchain, dénommée “Zero­Knowledge Block­chain”. Celle­ci consiste à combiner la force duBlockchain, à savoir le partage décentralisé del’information, aux propriétés de protection dedonnées confidentielles du Zero­KnowledgeProof.

Concrètement, cette technologie permettraitd’agréger au niveau européen le taux d’imposi­tion globale des entreprises internationales,sans dévoiler les informations fiscales confiden­tielles pour chaque pays. Plus besoin de taxer leschiffres d’affaires : on peut évaluer la taxationglobale des Gafa au niveau européen et agir enfonction. En apportant un indicateur fiscalagrégé au niveau européen, la technologie peutalimenter sainement le débat démocratique surla fiscalité.

Une fantaisie technologique ? Absolumentpas ! Gestion distribuée de certificats et de répu­tation, contrôle du risque opérationnel d’unpartenaire, visibilité en profondeur sur l’effica­cité d’un supply­chain : ce type de solutions semet déjà en place dans les écosystèmes qui veu­lent partager en temps réel de l’informationsans divulguer aucune donnée.

Soyons­en convaincus : il est possible de battreles Gafa à leur propre jeu, celui de l’agilité fiscaleet technologique. Si nous le voulons vraiment,c’est à portée de main.

D.R.

Jonathan Rouach & Ruben ArnoldCofondateurs de QED-it

“La technologie peutalimenter sainementle débat démocratiquesur la fiscalité.”

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D.R.

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11samedi 21 octobre 2017 - La Libre Entreprise

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Génération Y : lesnouveaux managers

P Les universités intègrent petit àpetit des innovations dans leurscursus pour coller à ce profil.

B ien que les auteurs ne s’accordent quedifficilement sur une définition com­mune des différentes générations et

leurs caractéristiques, il est indéniable quedes mutations s’opèrent. Notre époque estainsi la première à voir se côtoyer 4 généra­tions en entreprise. Parmi celles­ci, la géné­ration Y concentre les attentions car elle ar­rive progressivement aux postes stratégiquesdans les entreprises.

Les caractéristiques reconnues de cette gé­nération sont, par exemple, le faible loya­lisme institutionnel, la technophilie, l’impa­tience et la difficulté à se projeter dans lelong terme. Cela engendre des changementsforts en termes de management, de dévelop­pement de compétences et de besoins en for­mation.

Le court terme domine : les gens n’ont plusl’envie, ni le temps, ni le souhait d’entamerdes processus longs de formation. Plusieursraisons sont à l’origine de ce phénomène.

Un, les parcours professionnels sont moinslinéaires que par le passé et les ruptures plusfréquentes. On change aujourd’hui plus sou­vent d’emploi. On évoque le chiffre de 7changements en moyenne sur une carrièrecomplète. Et ces changements se produisentparfois en cours de formation.

Deux, la sécurité d’emploi, et donc la sécu­rité financière, n’étant plus assurée, les jeu­nes hésitent à prendre en charge des coûts deformation trop élevés. On perçoit une doubleincertitude : celle quant à la survie et la santéfinancière de l’entreprise, et celle du candi­dat qui n’est pas toujours certain de pouvoirassumer personnellement les coûts liés à laformation.

Trois, cherchant à équilibrer leur vie pro­fessionnelle et leur vie privée, cette généra­tion hésite à s’engager dans un processus deformation lourd et fastidieux.

Une autre tendance se dessine : une de­

mande de plus en plus accrue de parcours d’ap­prentissage individualisés voire du sur mesure.Parallèlement, s’exprime le souhait d’une péda­gogie plus active et interactive, notamment parle biais de réponses concrètes et directementapplicables dans leur travail au quotidien. En­fin, ces “digital natives” se tournent de plus enplus vers des programmes de formation digita­lisés, flexibles et sans trop de déplacements àassumer.

Conscientes de ces enjeux, les universités in­tègrent petit à petit des innovations dans leurscursus de formation continue. Ceux­ci visent deplus en plus le développement de compétences.Il s’agit de définir au départ un référentiel mé­tier, de proposer ensuite des démarches forma­tives axées “développement de compétences”et non plus “acquisition de contenus”, et en finde parcours, d’évaluer l’acquisition des compé­tences via des activités intégratives basées surdes problématiques réelles d’entreprises. L’of­fre doit aussi être élargie, en présentant notam­ment des modules courts et des parcours per­sonnalisés, ce qui peut plaire aux jeunes car ilsont l’impression d’être uniques, d’obtenir uneréponse adaptée à leurs demandes et de satis­faire leurs besoins de réalisation. La technologiedu Big Data pourrait soutenir cette démarcheen aidant les universités à construire ces par­cours sur base des données obtenues, via Inter­net, et traitées de façon pertinente.

Il est aussi possible de bénéficier d’un accom­pagnement individualisé à la gestion de car­rière, permettant d’établir un bilan, d’élaborerun projet professionnel durable, et ainsi pou­voir faire face aux éventuels changements ouruptures de carrière. Afin de se valoriser au seinde son entreprise pour fidéliser son emploi, ousur le marché du travail pour décrocher unnouvel emploi, un outil de e­portfolio est pré­senté aux participants, permettant d’y intégreren plus du traditionnel CV, les qualifications ac­quises, les compétences développées, les expé­riences réalisées, etc. Les pédagogies d’ensei­gnement à distance répondent aux nécessités etbesoins du public cible. Elles intéressent toutparticulièrement les personnes qui voyagentbeaucoup et ne peuvent donc pas être présentesphysiquement dans les centres de formation.L’e­learning est donc un bel atout pour pouvoircontinuer à se former. Enfin à côté des MOOC’s(Massive Open Online Courses), dont le succèsest grandissant, commencent à poindre lesSPOC’s d’entreprise (Small Private OnlineCourses) qui semblent mieux convenir aux exi­gences de cette génération Y, en pleine évolu­tion professionnelle.

HEC Liège, désirant relever le défi, a élaboré,en partenariat avec Solvay Brussels School ofEconomics&Management et la Louvain Schoolof Management, un programme de formationmodulaire et tout à distance, utilisant les der­nières technologies éducatives.

UPour plus d’infos : www.campusvirtuel.be

D.R.

Dominique Rorive et David Randaxhe

Responsable du projet Campus virtuel en gestion

Chargé de recherche, HEC Liège – Ecole de ges-tion de l’Université de Liège, unité de rechercheen Gestion des compétences

D.R.

l Opinion

La technologie pour taxer les géan ts du web?

d’une telle solution : que l’on pense seulementaux enjeux d’harmonisation des flux informa­tionnels ou de synchronisation des calendriersfiscaux. On se penchera alors sur les impératifsde sécurisation : comment imaginer qu’une tellesolution, dévoilant les chiffres d’affaires desGafa pays par pays et les informations fiscalesqui s’y rattachent, ne suscitent pas à terme l’ap­pétit d’états hackeurs, voire un fiscaleaks ?

Bref : il faudra énormément de ténacité et d’in­géniosité pour que cette idée prenne corps. Etmême menée à un rythme d’enfer, plusieurs an­nées pour qu’elle soit opérationnelle. Disons­leclairement : c’est bien plus de temps que néces­saire pour permettre aux Gafa, qui sont deschampions de l’optimisation fiscale, d’adapterleur stratégie.

Choisir cette voie, c’est donc entrer dans uneimpasse. Face au Gafa, nous aurons, au mieux,une fiscalité européenne “Maginot” : bâtie auxforceps, elle ne servira plus à rien le jour où ellesera enfin disponible.

Et si je vous disais qu’il est possible de disposerd’une solution plus rapide, moins coûteuse, toutaussi fiable, complètement décentralisée ? Quesurtout, elle répond à tous les attendus sanscontraindre aucun Etat à divulguer ses donnéesfiscales ? Qu’elle n’oblige aucune partie à remet­tre en cause sa souveraineté fiscale ?

C’est le sens d’une forme particulière de Bloc­kchain, dénommée “Zero­Knowledge Block­chain”. Celle­ci consiste à combiner la force duBlockchain, à savoir le partage décentralisé del’information, aux propriétés de protection dedonnées confidentielles du Zero­KnowledgeProof.

Concrètement, cette technologie permettraitd’agréger au niveau européen le taux d’imposi­tion globale des entreprises internationales,sans dévoiler les informations fiscales confiden­tielles pour chaque pays. Plus besoin de taxer leschiffres d’affaires : on peut évaluer la taxationglobale des Gafa au niveau européen et agir enfonction. En apportant un indicateur fiscalagrégé au niveau européen, la technologie peutalimenter sainement le débat démocratique surla fiscalité.

Une fantaisie technologique ? Absolumentpas ! Gestion distribuée de certificats et de répu­tation, contrôle du risque opérationnel d’unpartenaire, visibilité en profondeur sur l’effica­cité d’un supply­chain : ce type de solutions semet déjà en place dans les écosystèmes qui veu­lent partager en temps réel de l’informationsans divulguer aucune donnée.

Soyons­en convaincus : il est possible de battreles Gafa à leur propre jeu, celui de l’agilité fiscaleet technologique. Si nous le voulons vraiment,c’est à portée de main.

“La technologie peutalimenter sainementle débat démocratiquesur la fiscalité.”

Page 12: Nos vies numériques sous haute protection le 21-10-2017

© S.A. IPM 2017. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.

Libre Entreprise Carrières

12 La Libre Entreprise - samedi 21 octobre 2017

Et demain, quels métiers ?P Le championnatWorldskills est aussil’occasion de mettre enavant des métiers d’avenir.

P Et d’insister sur lesformations qui y mènent.

Eclairage Solange Bergerà Abu Dhabi

M enuiserie, cuisine, pâtisserie,webdesign, soudage, ma­çonnerie, installations élec­

triques, robotique, soins aux per­sonnes, service en salle, fleuriste,coiffure,… Quelque 51 métiers tech­niques et manuels étaient en com­pétition lors du dernier mondial desmétiers qui s’est achevé mercredi àAbu Dhabi. Les 16 compétiteurs bel­ges étaient présents dans 14 métiers.

Comment se fait cette sélection ?Pourquoi un concours est­il orga­nisé dans un métier et pas, ou plus,dans un autre ? Le choix des métiersqui sont représentés se fait notam­ment sur base de leur intérêt pourl’économie. Il s’agit bien souvent demétiers en pénurie, les entreprisesayant du mal à trouver de lamain­d’œuvre compétente dans cesecteur. “Si j’ai accepté la présidencede Worldskills Belgium, c’est entreautre sous l’impulsion de ma fédéra­tion (la Confédération construction,NdlR) qui souhaite que davantage dejeunes s’intéressent à nos métiers pourfaire face à la pénurie demain­d’œuvre que nous connaissons”,explique Louis Amory, le nouveauprésident de Worldskills Belgium etadministrateur délégué de MaisonsBlavier, une entreprise de construc­tion clé sur porte. “Par exemple, enBelgique, nous avons d’excellents ma­çons, mais pas assez de jeunes qui selancent dans cette formation. C est unefilière qui nous inquiète à terme. C’estdommage de voir que dans notre payson met parfois beaucoup de moyenspour soutenir des métiers du passé,mais très peu dans ceux qui consti­tuent l’avenir pourle pays.”

Une compétitioninternationalecomme Worlds­kills, où plus de1300 jeunes mesu­rent leurs compé­tences et qui ac­cueille plus de100000 visiteurs,est aussi l’occasion de mettre en évi­dence des métiers qui ne sont pasencore en compétition mais quipourraient l’être lors d’une pro­

chaine édition car ils sont porteursd’avenir et seront de plus en plus de­mandés dans le futur. C’est le cas dela cybersécurité. “Il sera de plus enplus important d’avoir des personnescorrectement formées pour assurer lasécurité, tout simplement parce que deplus en plus de gens sont connectés.C’est pour cela que nous essayons deproposer ce métier pour un prochainmondial”, explique Rabeb Mizouni,chef expert pour ce métier en dé­monstration, proposé par l’univer­sité Khalifa des Emirats. A Abu

Dhabi, ce sont desjeunes du collège detechnologie qui sesont affrontés, ré­partis en cinq grou­pes de deux. Sur lesquatre jours decompétition, ils ontdû accomplir plu­sieurs tâches : déve­lopper un pro­gramme de sécurité,

ensuite trouver les attaques et enfintrouver une solution pour contrerces attaques. Le dernier jour, ils sesont attaqués mutuellement. “Il est

important de sensibiliser les jeunes à laproblématique le plus tôt possible. Toutle monde d’ailleurs. Les gens ne se ren­dent pas compte de leur vulnérabilité.Par exemple, les gens sont actifs surFacebook. Mais ils ne sont pas cons­cients que Facebook a dès lors accès àleurs contacts, à leurs messages,… ”

L’université Khalifa a égalementproposé un autre métier dont onparle aussi beaucoup : le design et lepilotage de drones. “Nous les utilisonsde plus en plus pour une foule de tâ­ches : observer, assurer la sécurité, allerdans des endroitsinaccessibles, no­tamment pour repé­rer des victimes, or­ganiser des livrai­sons,… ”, expliqueAhmed Bani You­nes, responsable dela démonstration.

Dans un autredomaine, le traite­ment de l’eau était également pré­senté comme “future skills”. “La plu­part des formations en la matière sefont sur le terrain, quand le tra­

vailleur est engagé par une entrepriseactive dans ce secteur, qui est obligéede le former”, constate DannyGauch, directeur général de World­didac, l’association professionnellemondiale pour l’industrie des res­sources éducatives. “Ce n’est quedans quelques pays, comme l’Allema­gne ou la Suisse, que des formationsdurant les études sont organisées.Mais ce n’est pas suffisant”, note celuiqui est à l’origine de la promotionde ce métier comme prochain sur laliste de Worldskills. Le métier étaitdéjà en démonstration lors desdeux éditions précédentes du Mon­dial. Cette année, cinq pays le pro­posent, toujours hors­concours :l’Allemagne, l’Afrique du Sud,l’Iran, le Brésil et la Russie. “On es­time que dix pays pourraient être in­téressés. Une bonne formation est es­sentielle pour le futur de tous. La po­pulation mondiale augmente, lesréserves d’eau non. La rareté de l’eauest un problème dans de nombreuxpays. Et, en même temps, on note uneaugmentation du rejet des eaux usées.Les techniques évoluent certes mais lesquantités à traiter sont de plus en plusimportantes. Alors, il faut soit plus depersonnes qui travaillent dans le sec­teur, soit pousser l’automatisation.mais celle­ci ne pourra jamais rempla­cer l’homme. Et ce qu’il faut commeprofil, ce sont des généralistes qui peu­vent toucher à plusieurs domaines,comme la chimie, la biologie, l’électri­cité, l’automatisation, la ménanique,la santé, l’économie,... La représen­tante d’Afrique du sud est chimiste.Elle a suivi une formation spécifiqueen mécanique et en électricité. Cet as­pect généraliste est important car onvoit actuellement que quand il y a unsouci technique, le spécialiste va fairevenir un mécanicien, qui, lui, va direque c’est un problème d’électronicienqui, lui, à son tour dira que le souciconcerne un capteur et donc l’auto­matisation. Un généraliste aurait vutout de suite où se situait le problème.Dans des grosses installations, on peutavoir plusieurs métiers présents, maisdans des sites plus petits, comme c’estle cas de beaucoup de sites, il n’est pasnécessaire d’avoir plusieurs techni­

ciens sur place. Celacoûte cher. Si on sou­haite une diminutiondu prix de l’eau etune augmentation dela qualité, il faut in­vestir dans les forma­tions.”

“Il est intéressant devoir l’évolution ra­pide de certains mé­tiers”, note Louis

Amory. “Le monde de la formation etles individus eux­mêmes doivents’adapter aux changements. On doitavancer aussi vite que le monde.”

SOLA

NGE

BERG

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Le métier “design et pilotage de drones” était en démonstration à Abu Dhabi. Il pourraitêtre en compétition lors du prochain Wordlskills qui aura lieu à Kazan (Russie) en 2019.

12PAYS INSCRITS

Pour qu’un métier soit repré­senté au niveau mondial, ilfaut que minimum 12 pays

soient inscrits dans ce métier.

lalibre.beVOIR NOS VIDÉOS

Interview de Rabeb Mizouni,chef expert cybersécurité etdémonstrations de drones.

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13samedi 21 octobre 2017 - La Libre Entreprise

Épinglé

Correction américaine ?

Certains observateurs craignent un retourne-ment des marchés américains qui ont connu un“bull market” (marché à la hausse) depuis… 9ans. “Beaucoup d’investisseurs ont perdu les effetsde la hausse de ce marché par crainte d’un retour-nement. Il ne faut pas se focaliser sur un retourne-ment mais plutôt sur la tendance”, estime SusanBao, Portfolio Manager. Cette analyste préconisede ne pas quitter ce marché en raison de plu-sieurs facteurs : les taux d’intérêt sont toujoursfaibles, les rendements sont bons et il n’y a pasde craintes de récession. Les mesures de Trumppourraient aussi donner un “boost” à l’économie.La plupart des indicateurs sont bons et les oppor-tunités ne manquent pas dans plusieurs secteurs(financières et technologies). Pas de paniquedonc !I. de L.

l Zoom | Amgen

Renouveau

Sur le secteur biotech, les grosses américainesn’ont plus grand­chose en commun avec leseuropéennes. Un groupe comme Amgen,

qui fut un pionnier de ce secteur dans le courantdes années 90, affiche désormais une capitalisa­tion boursière qui dépasse les 130 milliards dedollars, soit une taille plus importante que denombreuses majors pharmaceutiques. Le pro­blème auquel fait face le groupe aujourd’hui est lebesoin de renouveller son portefeuille face à lamenace de biosimilaires (l’équivalent d’un géné­rique pour une molécule complexe) et à l’érosionde la croissance des ventes pour certains des mé­dicaments vedettes, comme l’Enbrel (polyarthriterhumatoïde) ou le Neulasta (infections). Repatha(anticholestérol) pourrait constituer un des pro­chains chevaux de bataille du groupe, avec desventes qui ont déjà atteint 170 millions de dollarssur le premier semestre, avec d’importantes don­nées cliniques qui devraient encore être publiéesd’ici la fin de l’année.

Outre les médicaments développés en interne,Amgen s’est engagé dans de nombreuses collabo­rations pour s’assurer un afflux de molécules pro­metteuses pour les prochaines années. C’est ainsiqu’il faut analyser l’accord passé avec UCB pour leRomosizumab (ostéoporose), même si cette mo­lécule prometteuse a récemment annoncé des es­sais cliniques décevants, notamment au niveaudes effets secondaires cardiaques. Le chiffre d’af­faires tourne actuellement autour de 23 milliardsde dollars, et devrait se maintenir autour de ce ni­veau pour les deux prochains exercices, la crois­sance des nouveaux médicaments devant aumieux permettre un remplacement des ventesperdues face aux biosimilaires et aux produitsconcurrents.

Le consensus est actuellement neutre, avec 15avis “conserver” sur 26, mais les analystes ne s’at­tendent pas non plus à voir le cours reculer forte­ment, les 11 autres recommandations étant favo­rables. Amgen verse un dividende attractif pourune biotech (entre 2,5 et 3 %), des versements quisont facilités par une rentabilité très élevée, avecune marge opérationnelle qui devrait progresserautour de 50 % pour les prochains exercices. Ladirection annoncera ses chiffres pour le troisièmetrimestre ce mercredi 25 octobre, un événementqui sera attendu après les déceptions enregistréesdurant les deux précédentes annonces.G.Se.

Le chiffre

-20%CHUTE DE MERLIN A LA BOURSE DE LONDRESL’action du numéro deux mondial des parcs d’attractions derrière Disney,cotée à Londres, a plongé de plus de 20 % mardi. Le groupe gère notammentles sites de loisirs Legoland, Alton Towers, Madame Tussauds et SeaLife. Lesattentats qui ont touché Londres ont pesé sur la fréquentation et les comptes.

Calndrier financier‣ Lundi 23 octobre- Orange Belgium – Philips :résultats 3e trimestre‣ Mardi 24 octobre- Umicore : résultats 3e trimestre2017- Belgique : confiance dans lesaffaires

‣ Mercredi 25 octobre- Melexis – Heineken – Arcadis :résultats 3e trim.‣ Jeudi 26 octobre- Inbev – Tessenderlo – Befimmo– Home Invest Belgium – KPN –Exmar – Klépierre – Telenet –argenx : résultats 3e trimestre

- Eurozone : masse monétaireau sens large –décision des taux par la BCE‣ Vendredi 27 octobre- KBC Ancora – Aedifica :assemblée généraleannuelle des actionnaires(Source : Degroof Petercam)

l Placements

P Les portefeuilles doivent devenir plus flexibles et plus dynamiques.

Face à un panel international de journalistesréunis récemment à Londres, les experts de lafirme J.P. Morgan AM ont déployé leur vision

macroéconomique, leur analyse des différentsmarchés ainsi que les solutions qui peuvent être in­tégrées en portefeuille.

Après des années de faible inflation (voire de dé­flation), on constate que l’économie mondiale re­noue avec un scénario inflationniste. “On remarqueaussi que la relation entre la croissance et les profits desentreprises est établie et que les indicateurs annoncentune continuité de la croissance généralisée à travers lemonde. D’un autre côté, nous penchons pour un scéna­rio de normalisation lente et graduelle des taux d’inté­rêt. Mais les rendements sont faibles dans certainesclasses d’actifs comme le cash, les obligations alleman­des ou certaines classes obligataires. Les investisseursen quête de rendement doivent donc aller voir ailleurs”,reconnaît Talib Sheikh, Portfolio Manager.

Dans sa recherche de rendement, l’investisseurne doit cependant pas viser le rendement le plusélevé et doit aussi tenir compte du risque. Pourtrouver ce rendement sans accroître le risque enportefeuille, il convient de diversifier davantageson portefeuille en élargissant aussi l’éventail desclasses d’actifs. Ces portefeuilles doivent être plusflexibles et plus dynamiques. “On ne peut plus secontenter de choisir entre les obligations gouverne­mentales, le cash et les actions. On remarque que lacomposition des portefeuilles a fortement évolué en­tre 2008 et 2017. Les portefeuilles ont intégré des ac­tifs et des stratégies différentes, ce qui permet à la foisde diminuer les risques et de procurer des rendementsplus stables”, ajoute Olivia Myell, Portfolio Manager.

Aujourd’hui, cette maison a augmenté de façongénérale sa pondération en actions en la diversi­fiant à travers le monde. Elle surpondère en prioritéles actions européennes qui ont du potentiel et éga­lement les actions mondiales et émergentes. Elledonne aussi la préférence aux actions “privilégiées”qui offrent des rendements plus stables et aux obli­gations à haut rendement. Elle est neutre sur l’im­mobilier coté, les convertibles, la dette émergenteet les obligations d’entreprises de qualité. En revan­che, les analystes sous­pondèrent la dette gouver­nementale dans son ensemble.

Cette société de gestion insiste aussi sur le faitque, pour obtenir du rendement dans le contexteactuel, l’investisseur doit être beaucoup plus agres­sif. “Pour obtenir 5 % de rendement sur son porte­feuille, l’investisseur doit avoir une exposition de mini­mum 60 % en actions. Il doit donc admettre plus de vo­latilité en portefeuille. Il ne peut pas se contenteruniquement des classes d’actifs classiques, il devraaussi se tourner vers des placements alternatifs dans lecadre de la diversification du portefeuille. Il doit aussiprivilégier une vision à long terme et laisser le choix dumomentum et du market timing à des professionnelscar c’est un jeu dangereux”, estime Massimo Greco,Head of European Funds Business.

Cette diversification entre les classes d’actifs sup­pose également une bonne connaissance des mar­chés et des produits financiers. “Nous devons doncveiller à développer une meilleure éducation financièredes investisseurs”, note Massimo Greco.Isabelle de Laminne

Trouver du rendement

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Libre Finance Argent

14 La Libre Entreprise - samedi 21 octobre 2017

l Fiscalité | La définition

Réduction de capital : quoi de neuf en 2018 ?

Le projet de réforme de l’impôt des sociétéscontient une disposition qui vise à mettre unterme à la possibilité de faire une réduction

de capital exonérée de précompte mobilier lors­que ce capital n’est pas formé exclusivement decapital libéré. A partir de 2018, la réduction de ca­pital sera assujettie au précompte mobilier en pro­portion de la part de réserves imposables encoreprésentes dans le capital versé majoré des réservesimposables (ventilation prorata). Les réserves im­munisées ne sont pas prises en compte dans cecalcul. La partie de la réduction de capital imputéesur le capital réellement libéré demeure exonérée.Un exemple vaut mieux qu’un long discours. Ima­ginez que le capital libéré de votre société (formépar un apport) soit, en 2015, de 50000 €. En2016, vous avez choisi d’incorporer les réserves

imposables de la société de 50000 € dans le capital,qui est ainsi porté à 100000 €. Si, en 2018, vous sou­haitez réduire de 20000 € le capital, il ne vous seraplus possible de choisir d’imputer cette réductionexclusivement sur la partie du capital libéré maiscette réduction sera censée se faire de manière pro­portionnelle, c’est­à­dire que 10000 € seront exo­nérés de tout précompte mobilier (car provenant ducapital libéré) et 10000 € seront en revanche soumisau précompte mobilier de 30 % (car provenant desréserves taxées incorporées au capital). Faut­il courirchez son notaire d’ici le 31 décembre 2017 avantque la loi ne sorte ses effets ? En réalité, cette démar­che n’est vraiment utile que si vous avez un besoinde liquidités et que vous ne voulez pas voiraujourd’hui cette attribution amputée d’un pré­compte mobilier qui de toute façon sera dû un jour

ou l’autre. En effet, les réserves taxées qui restentincorporées au capital devront à terme faire l’objetd’une retenue de précompte mobilier lors d’uneprochaine réduction de capital ou lors de la liqui­dation de la société. Votre seul avantage fiscal estde postposer le paiement du précompte mobilier àune date ultérieure. On notera que depuis peu,certains bruits courent que l’on pourrait appli­quer cette mesure même si les réserves taxées aubilan ne sont pas incorporées au capital. Si tel étaitle cas, ce serait profondément inacceptable. Espé­rons que le bon sens l’emportera et que cette idéefantaisiste sera abandonnée par le gouvernement.Pierre-François CoppensConseil fiscal, secrétaire général de l’Ordre desexperts-comptables et comptables brevetés deBelgique

l Automobile

Revendre son auto au meilleur prix ?P L’Agence automobilepropose de s’occuper de lavente des voituresd’occasion.

P Bénéfice : des milliersd’euros supplémentaires.

C omment se séparer de sa voi­ture au moment d’en acheterune neuve, sans se faire gru­

ger ? Pour bien faire, il faut se trans­former en professionnel de la ventede voitures d’occasion, au risque defaire… de mauvaises rencontres.Beaucoup de particuliers font sur­tout confiance à leur garagiste ou auvendeur chevronné qui leur a venduleur nouveau jouet.

Marco Smeesters a lancé pour sapart un service novateur qui s’insèreentre la petite annonce déposée surun site spécialisé et le particulier. Ilne s’agit pas ici d’un acheteur, maisplutôt d’un agent auto fonctionnantcomme un agent immobilier : c’est lepropriétaire qui vend le véhicule àun acheteur, ce qui rend la transac­tion transparente. Transparente etsurtout, sécurisée : le vendeur nedonne les clés de sa voiture à l’ache­teur que lorsque le prix d’achat a étépayé. “C’est que les cas d’escroquerie semultiplient, et il convient de fairepreuve de professionnalisme dans cetype d’opérations”, explique MarcoSmeesters.

Mais dès qu’un intermédiaire four­nit un service, il doit être rémunéré…“C’est exact, nous demandons des fraisde 9 % sur la vente. Et ceci comprendnotre expertise du véhicule, l’insertion

d’annonces bien documentées sur lesdifférents sites spécialisés, la sélectionde candidats acheteurs sérieux, et la fi­nalisation de la transaction. L’intérêtpour le vendeur réside dans le niveaude prix que nous parvenons à obteniret qui est en moyenne de 25 à 35 % su­périeur au prix proposé par les gara­gistes.”

Comment trouver des acheteursdans ce cas ? “Nous sélectionnons bienentendu les véhicules sur une base trèsstricte : pas plus de 6 ans et moins de120 000 km, sauf exceptions, et surbase d’un carnet d’entretien complet(Car Pass). Et nous offrons à l’acheteurde 1 à 2 ans de garantie sur tous les or­ganes du véhicule, avec la possibilitépour ce dernier de faire réparer lapanne dans le réseau du constructeurde la voiture. Ce dernier paie donc un

peu plus cher que s’il achetait un véhi­cule en direct à un particulier, mais ilachète au passage la tranquillité d’es­prit. Lors d’une telle opération, on peuttoujours craindre une panne impor­tante comme une défaillance de laboîte de vitesse dont la réparation estassez coûteuse”, explique encoreMarco Smeesters.

Résultats après deux annéesd’existence ? “Nous avons vendu100 % des véhicules retenus avec undélai moyen de 28 jours. La plupart dutemps, le vendeur ne doit pas venir plusde 3 fois présenter son véhicule au can­didat acheteur.”

L’Agence Automobile créée par cefils de concessionnaire auto qui estdevenu au fil du temps une véritableencyclopédie de la voiture, dispose

actuellement de deux agences, à Wa­terloo et Evere, mais compte s’éten­dre rapidement en Belgique, notam­ment au travers de franchises. Pouraccroître le chiffre d’affaires ? “Oui,bien entendu. mais surtout parce queles vendeurs veulent un service local etne se déplaceront pas sur de longuesdistances pour aller présenter leur vé­hicule. Ils veulent rester dans leur zonede confort. Les acheteurs, eux, peuventse déplacer sans problème lorsqu’ilsont jeté leur dévolu sur un véhicule.”

Objectif affiché par ce financier quis’est formé en cours du soir : 75agences à un horizon de 7 ans. Lesdeux agences vendent actuellement25 voitures par mois. A découvrirsur le site www.agenceautomo­bile.be.Patrick Van Campenhout

L’agence sécurise la revente des véhicules dans un cadre professionnel.

D.R.

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Libre Entreprise Face et profil

15samedi 21 octobre 2017 - La Libre Entreprise

Rencontre Ariane van Caloen

Une heure et demie. C’est letemps qu’il faut à Jef Van In, lepatron d’Axa Belgique, pour

venir à vélo de chez lui (entre Malineset Anvers) au nouveau siège bruxel­lois du groupe d’assurance, boulevarddu Régent. Ce jeune quinquagénairele fait tous les lundis, voire plus. Ilpart à 7 h et arrive à 8h30. Il le faitavec autant d’enthousiasme quequand il nage des kilomètres ou ar­pente en ski de randonnée les monta­gnes entre Chamonix, Zermatt etVerbier où il apprécie plus les mon­tées (avec des peaux de phoque) queles descentes…

Car ce qu’il aime ce sont les sportsd’endurance, ceux où l’effort physi­que est plus important que le plaisirfugace et facile d’une descente.Quand il arrive boulevard du Régent,il prend sa douche et “se sent tout dés­tressé.” “Je ne comprends pas les gensqui arrivent au bureau très énervés,après une heure de voiture dans les em­bouteillages et le soir reprennent leurvoiture pour aller faire une heured’exercice au fitness.”

Grâce à son trajet à vélo, il a le senti­ment d’être “un bon citoyen pour cettebelle ville de Bruxelles et participer à unfutur écologique”. C’est aussi ce mes­sage bien formaté qu’il veut faire pas­ser aux employés du groupe d’assu­rance et qui est le fil rouge du nou­veau bâtiment qui vient d’êtreinauguré. Cela fait partie du “newway of work”. Dans l’ancien bâti­ment, il y avait 1400 places de par­king, dans le nouveau, il y en a 400.“C’est 1000 voitures en moins par jourrue de la Loi.” De quoi faire plaisir autrès décrié ministre bruxellois de laMobilité, Pascal Smet (SP.A), que JefVin In n’a pas peur de soutenir. “J’ap­pelle tous les gouvernements à conti­nuer à investir dans les transports encommun et l’infrastructure vélo.”

L’écologie est donc un maître­motpour le nouveau siège où les postes detravail ne sont pas attribués. Ce quipermet d’économiser les mètres car­rés et les frais de chauffage. “C’est lafaçon moderne de travailler”, estime JefVan In.

Les défis du monde moderne onttout l’air d’être une constante dans sacarrière. A 33 ans, cet ingénieur com­mercial “a basculé” dans le monde du

“retail banking” à la BBL (ex­ING Bel­gique), “une vraie passion.” On lui anotamment donné la mission decréer des agences sans guichets et des’occuper de la dématérialisation desactions. Serait­il dès lors l’hommeprovidentiel pour “déshumaniser” lemonde de la finance ? Il s’en défend,bien sûr. “On crée plus de distance avecles clients dans l’agence bancaire où lesemployés sont derrière la vitre pare­balles”, rétorque­t­il. C’est tout le“défi” où il faut “déplacer les opérationscash dans des machines” et créer “unconcept accueillant vis­à­vis desclients”.

Ayant fait ses preuves en Belgique,Jef Van In est envoyé en Ukraine en2006 pour y implanter ING. “On youvrait une agence tous les dix jours.”Mais ce pays, aussi grand que laFrance et le Benelux, était plus com­pliqué qu’imaginé. Et puis la crise fi­nancière de 2008 est arrivée, et il afallu tout arrêter. Ce qui l’a rendu“triste”. Il estime néanmoins avoirbeaucoup appris. “Quand on com­mence à zéro, il faut pouvoir déterminerla culture d’une entreprise. On part de lapage blanche.” La culture qu’il a vouluinculquer se résume à l’expressionanglaise “Hard on the problem, soft onthe people” (“Attaquer les problèmesde face, traiter les personnes avecdouceur”). “On fêtait les succès. Et celapouvait être toutes sortes de succèscomme le paramétrage réussi d’un dis­tributeur automatique de billets.”

Pour lui, cette façon de travailler“percole” jusqu’au client, ce qui est

aussi son leitmotiv depuis qu’il a étédébauché chez Axa en 2011. “Le cus­tomer friendly, c’est ce qu’on essaie defaire. On veut instaurer cette cultureavec l’espace ouvert.” Un discours trèsentendu, voire éculé ? Jef Van In ne lecroit pas. “Les sociétés d’assurance onttoujours été habituées à une procédurede l’intérieur vers l’extérieur alors quenous voulons faire le contraire.”

Le discours très marketing de JefVan In est bien huilé. Il l’est un peumoins quand il est dans des situationsplus délicates ou inattendues. Quandon lui demande s’il ferait la transpa­rence totale sur son salaire à l’imagede la transparence des nouveaux bu­reaux en open space, il a un momentd’hésitation et une légère rougeur à lafigure. “Je ne pense pas que cette infor­mation soit publique. Mais on répond àtoutes les réglementations de la Banquenationale. Les Belges sont discrets surleurs salaires.”

Il se montre aussi un peu mal àl’aise, voire agacé, quand on évoquel’épisode où il avait sorti mot “plouc”lors d’un conseil d’entreprise devantse pencher sur le “plan de transfor­mation” prévoyant la suppression dequelque 600 emplois. Il avait apprisce mot voulant dire “non gradé”quand il était au service militaire àVielsalm. Et, affirme­t­il, il ne voulaitpas se montrer dénigrant. Ce qui estsûr, c’est qu’il n’utilisera “plus jamaisce mot.” Un petit écart de communica­tion, qui est un des rares ratés d’unecarrière menée avec énergie et ambi­tion.

9 mai 1967 : naissance de JozefVan In.

1991: master d’ingénieur commer-cial à la KUL.

1993: Account Officer BBL.2003 : commercial director RetailBelgium ING (après un intermèdecomme manager corporate ban-king à la Sumitomo).2006: general manager RetailBanking Ukraine ING.

2011: CEO Axa Bank Europe.2016: CEO Axa Belgium.

2017: président du Conseil d’admi-nistration d’Axa Bank Belgium.

P Jef Van In, patron d’AxaBelgique, affiche la mêmeendurance dans son travailque dans les sports.

P Les accidents de parcourssont rares…

L’assurance et… l’endurance

CHRI

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Épinglé

Une famillede 6 enfants

Origines. Jozef dit Jef Van In estissu d’une famille de six enfants.Ses parents étaient des “petitsentrepreneurs.” Son père était unagent indépendant et sa mèreavait un petit commerce quiimportait des roulements à billedu Japon. “On a toujours parléclient et fournisseur à la maison”,raconte Jef Van In. Lequel estmarié et père de trois enfants.

Avenir

Moins d’agencesbancaires

Restructuration. Axa Banque,qui fait partie du groupe d’assu-rance Axa Belgique, redéfinit sastratégie, ce qui pourrait avoirpour conséquence la fermeturede plus de 200 agences sur untotal de 631 points de ventesactuellement, annonçait la presserécemment. Sur cette probablerestructuration qui s’ajoute auplan de transformation de l’assu-reur (qui vise le départ de 600personnes d’ici mi-2018), Jef VanIn se montre très prudent. “Il fautdemander au CEO Peter Devlies. Jene suis pas dans la gestion journa-lière”, répond-il tout en assurantque la banque affiche un “beaurendement sur fonds propres”, dequoi rendre “l’actionnaire satis-fait.” Alors pourquoi supprimerdes agences ? “Il faut bien con-seiller le client. Pour cela, il fautune certaine taille critique dansles agences”, explique Jef Van In.

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