NOMINÉ AU PRIX D’ARCHITECTURE ’ÉQUERRE … CETI def.pdf · manière aux regards et créent un...

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trames qui en constituent la peau. Tout en même temps, ce rythme s’accélère par endroit grâce aux divers composants des façades qui viennent à la fois perturber la régularité instaurée et redes- siner la façade du bâtiment (notamment grâce au système des ventelles). Les façades ne s’offrent jamais exactement de la même manière aux regards et créent un effet cinétique qui contribue à faire du CETI un bâtiment non figé mais en devenir permanent. Ce jeu de rythme et de mouvement, qui refuse au regard une évi- dence perceptive, se retrouve au niveau du parvis d’entrée, conçu sur le modèle du métier à tisser entre les plaques desquelles se tendent les fils de couleurs. En contraste avec le caractère mono- chrome des façades, le parvis offre des couleurs vives, supportées par des éléments structuraux dont chaque face propose une cou- leur différente. Là encore, la perception est sollicitée, interrogée : le plafond en acier inox poli et un sol en béton poli étirent les éléments porteurs dans un jeu de miroir qui confère à l’espace un élément d’abstraction, la forêt de poteaux colorés née de ce jeu de miroir évoquant autant l’univers textile qu’elle porte à l’abstraction des formes. L’intérieur du bâtiment est constitué de matériaux bruts, assumant le caractère industriel du lieu. Par contraste avec le jeu de couleur du parvis, il est en noir et blanc. Le passage du bâtiment A au bâtiment B s’effectue par une séquence végétale qui longe les deux bâtis et traverse le site, selon le schéma directeur de Reichen et Robert. Cette bande végétale est encadrée par deux murs rideaux : des bandes verticales de vitrages et miroirs de couleurs bronze, vert et gris qui seront Premier bâtiment construit dans la zone de l’union, projet de renouvellement urbain situé sur une ancienne friche industrielle Le CETI, Centre Européen des Textiles Innovants, symbolise à lui seul le renouveau économique et urbain recherché par le plan d’urbanisme du quartier. Outil de recherche unique au monde et à dimension internationale, le centre a pour vocation de trouver des solutions innovantes aux problèmes posés par l’industrie textile. Dans ce contexte, l’un des enjeux du projet était non seulement de fournir une réponse pertinente à un programme ambitieux et complexe, mais également de concevoir un bâtiment capable de marquer durablement le caractère urbain d’une zone en pleine mutation. Les exigences programmatiques étaient de trois types : espaces d’accueil, bureaux, laboratoires. Ce sont ces derniers qui dominent et constituent le cœur du CETI : leur vocation à une recherche de pointe nécessitait à la fois des espaces conséquents et une adapta- bilité du bâti à l’accueil des process des utilisateurs ainsi qu’à leurs mutations possibles. La réponse proposée assume donc le caractère fonctionnel du bâti- ment, tant dans la simplicité des volumes que dans les aménage- ments intérieurs (matériau brut, industriel). Mais c’est pour mieux laisser à la qualité du détail et au traitement de la peau la prise en charge de l’expression poétique et proprement architecturale du lieu, dans une esthétique fine et signifiante à plus d’un titre. Ainsi le traitement des façades, la conception du parvis et l’attention aux couleurs renvoient-ils à la métaphore du métier à tisser et aux fils de couleurs qui en constituent la matière première, dans une expression de l’univers textile qui évite le recours à l’artifice mais s’effectue à partir du matériau et du langage architectural même. Mais c’est également aux problématiques du devenir et du mouvement que le bâtiment fait signe, en écho au mouvement de la recherche - incessant et en devenir constant - et en référence au site lui-même ; le passage du TGV sur la face ouest du bâtiment, le transport fluvial sur sa face sud ou encore le boulevard urbain à venir au sud sont autant de points de vues différenciés par la vitesse des déplacements et que le bâtiment exprime à son tour en se les appropriant. Architecture qui fait signe, donc, mais qui parvient également à s’émanciper des fonctions qui la font naître : le CETI, au-delà de la métaphore, fait œuvre et touche à une forme d’abstraction où l’architecture rejoint l’art contemporain dont elle se nourrit. Deux bâtiments se partagent l’ensemble du programme com- mandé, en trois séquences marquées. Une première séquence, résolument urbaine, est constituée par le premier bâtiment (Bât. A). Ce parallélépipède, situé à l’angle de la rue de Nantes et du futur Bd de l’Union, offre un alignement franc sur le Boulevard et insuffle ainsi une dimension urbaine au projet. Ce bâtiment concentre les programmes d’accueil (hall d’accueil, salle de conférence, bureaux…) ainsi que quelques petits laboratoires. La métaphore textile s’exprime ici d’abord dans le traitement des façades Sud et Est. La simplicité des volumes est brouillée par l’organisation d’un rythme vertical obtenu par la répétitivité des CENTRE EUROPÉEN DU TEXTILE INNOVANT Réalisation_Équipement C.E.T.I ZONE DE L’UNION ROUBAIX_TOURCOING (59) Construction d’un Centre de Recherches. Espaces d’accueil, bureaux, laboratoires et ateliers Concours : 2005 Études : 2006-2009 Livraison : 2011 MAîTRISE D’OUVRAGE SEM Ville Renouvelée SURFACE SHON 14 600 m² SHOB 25 490 m² COÛT 19.1 M€ HT COTRAITANTS Dumez-construction/ HDM ingénierie-BET TCE/ Van Santen & AssociésBET façade/ Oasiis-BET HQE/ Les Produits de l’Epicerie-Signalétique MISSION Mission complète Conception/construction CARACTÉRISTIQUES ERP en 2ème Catégorie Type R L N W THPE CHEFS DE PROJETS Pascal MASSON Marcin WIECZOREK PHOTOS Christian RICHTERS Réalisation 2011 reprises par les plantations. Le jardin sera au centre de ce jeu de miroir ; il sera traité de manière graphique et verticale, à l’image du motif du bâtiment. Le bâtiment B et le parking constituent une séquence plus indus- trielle où se déploie le cœur du CETI – principalement les labora- toires les plus grands où se développent les nouvelles technolo- gies. Le bâtiment est avant tout fonctionnel : occupation maximale du sol, structures légères à grandes portées qui reprennent le même motif de la verticalité. La façade urbaine, qui longe la rue de Nantes, retrouve la méta- phore textile au moyen des raidisseurs colorés qui rythment sa partie haute. Les raidisseurs, en forme de Z, sont bicolores et créent un nouvel effet cinétique qui brouille la perception de la façade et interroge le regard, jouant à la fois de la référence au lignage textile (Paul Smith) et à l’art contemporain (op art). Le RDC est en reglit de couleur claire permettant la journée de donner un effet de profondeur sur la rue et la nuit, grâce à son éclairage, de l’animer. L’intérieur du bâtiment est composé de grands plateaux vides, permettant une grande adaptabilité aux process et les matériaux sont bruts. Mais ce traitement minimal des matériaux n’empêche pas l’utilisateur d’être à nouveau sollicité par le bâtiment : l’ana- morphose que l’on découvre au centre de l’espace de circulation en croix et qui dessert les laboratoires fait là encore signe à l’art contemporain (on pense à F Vasini ou à G Rousse), transformant ce lieu de passage en promenade architecturale suscitant un étonne- ment perceptif et une attention renouvelée à l’espace. NOMINÉ AU PRIX D’ARCHITECTURE DE L’ÉQUERRE D’ARGENT 2011 SAISON MENU ARCHITECTES_URBANISTES

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trames qui en constituent la peau. Tout en même temps, ce rythme s’accélère par endroit grâce aux divers composants des façades qui viennent à la fois perturber la régularité instaurée et redes-siner la façade du bâtiment (notamment grâce au système des ventelles). Les façades ne s’offrent jamais exactement de la même manière aux regards et créent un effet cinétique qui contribue à faire du CETI un bâtiment non figé mais en devenir permanent.Ce jeu de rythme et de mouvement, qui refuse au regard une évi-dence perceptive, se retrouve au niveau du parvis d’entrée, conçu sur le modèle du métier à tisser entre les plaques desquelles se tendent les fils de couleurs. En contraste avec le caractère mono-chrome des façades, le parvis offre des couleurs vives, supportées par des éléments structuraux dont chaque face propose une cou-leur différente. Là encore, la perception est sollicitée, interrogée : le plafond en acier inox poli et un sol en béton poli étirent les éléments porteurs dans un jeu de miroir qui confère à l’espace un élément d’abstraction, la forêt de poteaux colorés née de ce jeu de miroir évoquant autant l’univers textile qu’elle porte à l’abstraction des formes.L’intérieur du bâtiment est constitué de matériaux bruts, assumant le caractère industriel du lieu. Par contraste avec le jeu de couleur du parvis, il est en noir et blanc.Le passage du bâtiment A au bâtiment B s’effectue par une séquence végétale qui longe les deux bâtis et traverse le site, selon le schéma directeur de Reichen et Robert. Cette bande végétale est encadrée par deux murs rideaux : des bandes verticales de vitrages et miroirs de couleurs bronze, vert et gris qui seront

Premier bâtiment construit dansla zone de l’union, projet derenouvellement urbain situé sur une ancienne friche industrielle Le CETI, Centre Européen des Textiles Innovants, symbolise à lui seul le renouveau économique et urbain recherché par le plan d’urbanisme du quartier. Outil de recherche unique au monde et à dimension internationale, le centre a pour vocation de trouver des solutions innovantes aux problèmes posés par l’industrie textile. Dans ce contexte, l’un des enjeux du projet était non seulement de fournir une réponse pertinente à un programme ambitieux et complexe, mais également de concevoir un bâtiment capable de marquer durablement le caractère urbain d’une zone en pleine mutation. Les exigences programmatiques étaient de trois types : espaces d’accueil, bureaux, laboratoires. Ce sont ces derniers qui dominent et constituent le cœur du CETI : leur vocation à une recherche de pointe nécessitait à la fois des espaces conséquents et une adapta-bilité du bâti à l’accueil des process des utilisateurs ainsi qu’à leurs mutations possibles.La réponse proposée assume donc le caractère fonctionnel du bâti-ment, tant dans la simplicité des volumes que dans les aménage-ments intérieurs (matériau brut, industriel). Mais c’est pour mieux laisser à la qualité du détail et au traitement de la peau la prise en charge de l’expression poétique et proprement architecturale du lieu, dans une esthétique fine et signifiante à plus d’un titre. Ainsi le traitement des façades, la conception du parvis et l’attention aux couleurs renvoient-ils à la métaphore du métier à tisser et aux fils de couleurs qui en constituent la matière première, dans une expression de l’univers textile qui évite le recours à l’artifice mais s’effectue à partir du matériau et du langage architectural même. Mais c’est également aux problématiques du devenir et du mouvement que le bâtiment fait signe, en écho au mouvement de la recherche - incessant et en devenir constant - et en référence au site lui-même ; le passage du TGV sur la face ouest du bâtiment, le transport fluvial sur sa face sud ou encore le boulevard urbain à venir au sud sont autant de points de vues différenciés par la vitesse des déplacements et que le bâtiment exprime à son tour en se les appropriant.Architecture qui fait signe, donc, mais qui parvient également à s’émanciper des fonctions qui la font naître : le CETI, au-delà de la métaphore, fait œuvre et touche à une forme d’abstraction où l’architecture rejoint l’art contemporain dont elle se nourrit.

Deux bâtiments se partagent l’ensemble du programme com-mandé, en trois séquences marquées.Une première séquence, résolument urbaine, est constituée par le premier bâtiment (Bât. A). Ce parallélépipède, situé à l’angle de la rue de Nantes et du futur Bd de l’Union, offre un alignement franc sur le Boulevard et insuffle ainsi une dimension urbaine au projet. Ce bâtiment concentre les programmes d’accueil (hall d’accueil, salle de conférence, bureaux…) ainsi que quelques petits laboratoires.La métaphore textile s’exprime ici d’abord dans le traitement des façades Sud et Est. La simplicité des volumes est brouillée par l’organisation d’un rythme vertical obtenu par la répétitivité des

CENTRE EUROPÉEN DU TEXTILE INNOVANT

Réalisation_ÉquipementC.E.T.I ZONE DE L’UNION ROUBAIX_TOURCOING (59)

Construction d’un Centre de Recherches. Espaces d’accueil, bureaux, laboratoireset ateliers

Concours : 2005Études : 2006-2009Livraison : 2011

MAîTRISE D’OUVRAGE

SEM Ville Renouvelée

SURFACE

SHON 14 600 m²SHOB 25 490 m²

COÛT

19.1 M€ HT

COTRAITANTS

Dumez-construction/ HDM ingénierie-BET TCE/ Van Santen & AssociésBET façade/Oasiis-BET HQE/Les Produits del’Epicerie-Signalétique

MISSION

Mission complèteConception/construction

CARACTÉRISTIQUES

ERP en 2ème CatégorieType R L N WTHPE

CHEFS DE PROJETS

Pascal MASSONMarcin WIECZOREK

PHOTOS

Christian RICHTERS

Réalisation 2011

reprises par les plantations. Le jardin sera au centre de ce jeu de miroir ; il sera traité de manière graphique et verticale, à l’image du motif du bâtiment. Le bâtiment B et le parking constituent une séquence plus indus-trielle où se déploie le cœur du CETI – principalement les labora-toires les plus grands où se développent les nouvelles technolo-gies. Le bâtiment est avant tout fonctionnel : occupation maximale du sol, structures légères à grandes portées qui reprennent le même motif de la verticalité. La façade urbaine, qui longe la rue de Nantes, retrouve la méta-phore textile au moyen des raidisseurs colorés qui rythment sa partie haute. Les raidisseurs, en forme de Z, sont bicolores et créent un nouvel effet cinétique qui brouille la perception de la façade et interroge le regard, jouant à la fois de la référence au lignage textile (Paul Smith) et à l’art contemporain (op art). Le RDC est en reglit de couleur claire permettant la journée de donner un effet de profondeur sur la rue et la nuit, grâce à son éclairage, de l’animer.L’intérieur du bâtiment est composé de grands plateaux vides, permettant une grande adaptabilité aux process et les matériaux sont bruts. Mais ce traitement minimal des matériaux n’empêche pas l’utilisateur d’être à nouveau sollicité par le bâtiment : l’ana-morphose que l’on découvre au centre de l’espace de circulation en croix et qui dessert les laboratoires fait là encore signe à l’art contemporain (on pense à F Vasini ou à G Rousse), transformant ce lieu de passage en promenade architecturale suscitant un étonne-ment perceptif et une attention renouvelée à l’espace.

NOMINÉAU PRIX D’ARCHITECTURE

DE L’ÉQUERRE D’ARGENT2011

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Réalisation_ÉquipementC.E.T.I ZONE DE L’UNION ROUBAIX TOURCOING (59)

La simplicité des volumes est brouillée par l’organisation d’un rythme vertical obtenu par la répétitivité des trames qui en constituent la peau. Tout en même temps, ce rythme s’accélère par endroit grâce aux divers composants des façades qui viennent à la fois perturber la régularité instaurée et redessiner la façade du bâtiment.

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Les façades ne s’offrent jamais exactement de la même manière aux regards et créent un effet cinétique qui contribue à faire du CETI un bâtiment non figé mais en devenir permanent.

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Cette bande végétale est encadrée par deux murs rideaux : des bandes verticales de vitrages et miroirs de couleurs bronze, vert et gris qui seront reprises par les plantations. Le jardin sera au centre de ce jeu de miroir ; il sera traité de manière graphique et verticale, à l’image du motif du bâtiment.

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L’intérieur du bâtiment est constituéde matériaux bruts, assumantle caractère industriel du lieu.Par contraste avec le jeu de couleurdu parvis, il est en noir et blanc.

ATELIERS

STOCKAGE ATELIERS

ATELIERS

LABO

ATELIERS

HALL

PARVIS

CONF.

RESTAURATION

Plan rez de chausee

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