NIFFF 2015

download NIFFF 2015

of 11

Transcript of NIFFF 2015

  • 7/23/2019 NIFFF 2015

    1/11

    NIFFF 2015

    NB : impossible de tout voir dans la programmation plthorique du NIFFF ; il aura fallu faire des choix. Certainsfilms prsents !ove" #a$ de France...% ne seront donc pas traits ici" ainsi des films pro&ets en rtrospective.'e m(me" les films sont voqus thmatiquement et non rangs par slection.

    Neuchtel... Son lac, ses fontaines, son banc public surdimensionn, sa vie quotidienne prix suisses (ouch),

    et son festival du film fantastique qui ftait d, en ce caniculaire mois de uillet, ses trois premiers lustres. !nv"nement dont le prix est peut#tre bien, ustement, d$tre suisse, dans cette partie %librale% du pa&s qui peut sepermettre un certain iconoclasme tranquille ' proximit, on trouve entre autres la haux#de#onds et le muse*i+er de *ru&"re. ans -uedi *i+er d$ailleurs, fi+ure tutlaire revendique dont le nom est associ certains prix etslections, et dont l$une des uvres est le lo+o mme de l$v"nement. /cd cette anne, le festival lui rendaitdiscr"tement homma+e via la pro+rammation d$un documentaire sur l$artiste, Dark Star, pudique et mouvantepeinture du quotidien de l$artiste entour de ses proches, collaborateurs, et de son uvre.

    /ar0 Star

    12 ans donc, cet +e supposment beau, propice aux exprimentations, aux sporadiques moments de srieux+randiloquent et aux potacheries prpondrantes. 3t de fait, le N4 n$usurpe pas sa rputation d$tre l$un des plusintressants festivals de film de +enre en 3urope, prcisment parce qu$il emprunte sans tabou toutes sortes dedirections, au point mme de se disperser usqu$ friser le hors suet. 5outefois, c$est cet aspect bon enfant qui, s$ilfait +rincer par moment des dents (de sa pro+rammation parfois irritante, son villa+e qui voque plut6t une soired$cole d$in+s qu$autre chose), fait le sel certes un peu dsordonn de la manifestation. 7e charme du N4 est dene pas tre un machin +uind, ce que bien d$autres festoches pourraient prendre en exemple. 8n voit peu, ailleurs,des salles enti"res (or+anisateurs compris) mettre en place des rituels de fouta+e de +ueule des messa+es desponsors l$cran...

    3xercice de festival obli+e, le bilan de la pro+rammation elle#mme est ncessairement contrast, dans lamesure o9 il dresse un panorama un instant 5. : cet +ard, ce N4 confirme la tendance qu$on pressent depuisquelques annes d, et que nul ne peut plus vraiment i+norer cet t avec l$invasion de bloc0busters clonaux etparesseux qu$on a eus voir (Marvel phase 2, Terminator Genisys,Jurassic World, Pixels... )hat *ear is this +,)'la radicalisation du c&nisme des excutifs (ou d$auteurs qui ouent les e#sais#tout) d$un c6t du spectre, et de l$autrela rmer+ence d$une forme de sincrit, souvent mais pas ncessairement teinte de col"re, qui sort des intersticesde la production indpendante, pour montrer sa frimousse sous un claira+e de plus en plus franc. 3t cette anne sevoit bien dote en ce qui concernait le ratio pur+es;bons films, et dont on retrouve en ce moment mme une partiedes fleurons l$3tran+e estival. 3t un de ces ours dans vos bacs /

  • 7/23/2019 NIFFF 2015

    2/11

    =a0u>a :pocal&pse

    : propos de tendances qui se confirment, le marasme routinier du cinma de +enre extrme#oriental des

    annes ?@1@ se porte encore asse> bien ' bud+ets lar+ement en deA des ambitions des films, inflation de mi"vreriecul#cul et;ou de propa+andisme revendiqu, photo+raphie la ramasse (tout a l$air d$avoir t shoot en hdv ntsc)...3t Bii0e qui se ballade au milieu. :u ra&on %:uteurs lbrs%, 8shii dAoit ( nouveau) avec son prochain effort.Son Nowhere Girlest looooooon+, statique, ampoul. :vec ce paradoxe tran+e che> le ra des deux *45S, quimontre ses acteurs de films live bou+er et parler sans aucun naturel, l o9 ses films d$animations dbordaient de+rces naturalistes... !ne excellente squence fantasme de dmastiqua+e de soldats en fin de troisi"me acte nesuffit pas tirer le film de la +lue o9 il s$embourbe, apparemment avec dlices. :u ra&on dceptions et vtementspour hommes, le +rocoupin de tous les festivals europens, 5a0eshi %isitor !% Bii0e, s$en sort mieux que soncompatriote ' son"aku#a $pocalypseest au moins amusant pour une bonne moiti, ce qui le classeaccessoirement dans les tr"s bons Bii0e. 3t tape mme uste avec son histoire de &a0u>as vampires, mme si laparabole est +rosse ' d"s que tout le monde devient un vampire, plus personne n$a besoin de suceurs de san+ encostards. Bais le spectacle se laisse apprcier pour ses quelques moments de Ctf#isme, son tueur#+renouille et sa+arderie de vieux mafieux tricoteurs. 8n lui pardonnerait presque (presque) de ne rien faire des prouesses martialesde =a&an -uhian par ailleurs tr"s ri+olo attif en chemise

  • 7/23/2019 NIFFF 2015

    3/11

    3ssai trop imparfait pour tre vraiment concluant (ralisation sans rel point de vue, r&thmeproblmatique), &ollowa pourtant un intrt dans sa peinture des fol0lores ma+iques et superstitieux de l$:sie dusud#est, et du

  • 7/23/2019 NIFFF 2015

    4/11

    3xcess lesh

    :pparemment plus pos, le +ermanique &omesickirrite pourtant tout autant par sa prvisibilit et l$or+ueil petit#

    bour+eois de son proet. istoire d$une eune violoncelliste qui sombre dans une oute parano avec sa voisine +edans son nouvel immeuble, le film de Ja0ob 3rCa trahit tr"s vite ce qu$il est, un petit pensum affect de bobo dont laplus +rande peur semble tre que les habitants des quartiers populaires qu$il +entrifie se rebiffent un peu... Oa partmal, avec l$incapacit o9 l$on est mis d$avoir de l$empathie pour une hroFne qui se prsente presque d$emblecomme une post#adolescente autocentre. 3t au fil de pripties trop videntes pour que le dmonstratif tCisthallucinatoire ne soit pas vite vent (cf. le chaton), on se rend vite compte que cette autophilie vtilleuse est celle dufilm mme, qui se donne des airs d$muler la clinique de Kolans0i et anne0e l$aide d$un seul +immic0 rpt l$envi ' le plan fixe et lar+e, qui reste en place quand un personna+e sort du champ, pour nous laisser un cadre videavec des voix off. Luelle oie de re+arder ces murs +ristres qui nous crient %&e suis un auteur,% pendant de lon+uesminutes H

    Luelques films de +ros malins fleurissent encore dans cette slection, sur lesquels on passera avec

    mansutude, car certains ratent leur cible par simple mconnaissance de leurs eneux narratifs ou thmatiques.7$espa+nol The +orpse o) $nna ,rit#(des viandards violent le cadavre d$une petite starlette et sont pris audpourvu quand la fille se rveille) a ainsi des ar+uments dans sa misanthropie apparente, mais choue prcismentparce qu$il ne peut s$empcher de se conformer aux codes les plus lnifiants dans sa deuxi"me moiti revancharde,qui laisse le spectateur la conscience dans les pantoufles. Sur un suet similaire, on reverra de prfrence le bienplus dlt"re Dead Girl. /e mme de Scher#o Dia%olico du mexicain :drian Po+liano, dont on ne sait amais s$ilfusti+e rellement le c&nisme de son prota+oniste crapuleux qui 0idnappe une eune fille pour monter dans l$chellesociale, ou s$il parta+e en fait la petitesse de ses proccupations Q question encore une fois souleve par un dernieracte ven+eur qui ne cherche qu$ annuler les sentiments inconfortables qu$aurait pu susciter la sance, presque

    mme s$en excuser... 8n passera aussi sur le snobisme estampill %rions des bouseux% d$un Der 'unker, qui seveut un conte bi>arre et dviant, mais ressemble surtout un pisode des /eschiens en allemand, quelquesmoments amusants ne parvenant pas masquer le +oMt de mpris citadin de la chose. Keu voir aussi duboursouffl Der Polder, qui rec&cle dans le dsordre tout ce qui s$est fait en c&berpun0 /ic0ien depuis ?2 ans, lesens de l$unit no& sous la satisfaction de se trouver intelli+ents. Klastiquement, Aa ressemble va+uement un /5a0, ou Julietde Barc#enr& Poulier qui part pourtant

    comme un court %astucieux% la franAaise (lire ' une +rolanderie mais bien filme). e dernier , sous ses dehors decritique sociopolitique facile base de produits :pple tourns en ridicule, va plus loin que le discours immdiatauquel se cantonne le plus souvent l$exercice, et finit par dpeindre un monde tran+ement plausible de machinesfonctionnelles mais vides de sens ' le n6tre, 1. 8n retient encore le tr"s s&mpatoche $un &ayTiempo(apr"s Timecrimes, on va finir par croire l$3spa+ne obsde par les boucles temporelles), o9 un portailram"ne un t&pe T@ secondes en arri"re pour lui permettre d$apprendre ne pas tre un crtin, et le tr"s beau etdlicat Divede B. Saville (Nouvelle Dlande) qui traite de suets lourds et complexes # le deuil et la tentation dusuicide # avec une conomie de mo&ens narratifs et une l+"ret (au sens premier du mot) trop rares dans le courtcontemporain.

    -obot 8verlords

  • 7/23/2019 NIFFF 2015

    6/11

    /u film honnte et modeste, il & en avait beaucoup au N4. /u srieux pas pompeux, du l+er pas dbilitant,

    de l$motion sans mi"vrerie. ette modestie est en effet celle de l$attitude mais pas de l$intention ou desambitions ' 0o%ot *verlords, par exemple, met en sc"ne l$occupation chelle apocal&ptique de la 5erre par desrobots extraterrestres et compte son castin+ Pen Gin+sle& et *illian :nderson. Bais c$est son ton profondmenthumain, l$astuce dont il fait preuve pour transcender son bud+et et son suet, et le fait qu$il ne re+arde amais cedernier sans le srieux qui sied (Aa reste de la S de bout en bout), qui confirment tout le bien qu$on pensait d de

    John Iri+ht depuis le tr"s bon Gra%%ers. /ans le mme esprit, Stun-de Penni /ie> est un P tr"s recommandable,aux personna+es savamment archt&paux et l$humour bien dos, c$est##dire qu$il n$annule pas les eneux aupremier de+r du film. 4l pose son proet avec vi+ueur en recourant notamment beaucoup d$effets ph&siques pourses +upes mutantes, et en embrassant pleinement son statut decreature featuredu samedi soir. 3t vivement lemoment o9 tous ces film inonderont les bacs de ta N:, parce que des samedi soirs bien remplis, on en auraquelques uns de qualitatifs, et Aa va nous chan+er ' dans le domaine du thriller notamment, on saluera .melie deBichael 5helin, un Bab*sitter gone -rong qui ose aborder frontalement le potentiel de dviance de son suet etinstille une ambiance oppressante de bout en bout (interprtation +laAante de Sarah Pol+er) tout en posant, encreux mais avec acuit, la question de notre reprsentation de l$adolescente et la faAon dont elle a t fausse partrois dcennies de fictions tl o9 des trentenaires plus ou moins uvniles d$aspect ouent des l&cens...

    Stun+

    7a comdie $va1s Possessionsde J. *alland, elle, part d$un postulat malin tran+ement amais vraiment

    voqu sauf peut#tre dans le court pilo+ue du film sminal de ried0in ' une fois libr l$issue d$un exorcisme,qu$est#ce qu$on fait de sa vie chamboule par les blasph"mes, le cul dbrid, les mutilations et les meurtres commissous l$emprise du dmon U :va dcouvre ainsi qu$elle va devoir se rhabiliter via un pro+ramme des ossds/non*mes, avec l$ensemble des t-elve stepsaffrents, qui va la mener dcouvrir les tenants et aboutissants de sapossession par un dmon... 3nlev et bien crit, c$est un vrai petit bonheur de comdie noire. Boins vidente pourdes publics latins mais dote d$un cur +ros comme Aa, la comdie romantique ovemillaexcuse lar+ement sesmaladresses de r&thme par son ouverture sur toutes sortes d$ima+inaires (mention spciale pour les enquteurs dudimanche en +uerre contre un supervilain pandeur d$3#coli) et son ton humaniste qui le rend extrmementattachant. !ne sorte d$alchimie tran+e lui permet de faire du %post#moderne candide%, ce qu$on savait d possiblede l$autre c6t de l$:tlantique avec par exemple un Gevin Smith, autre +ros nounours plein de tendresse cachderri"re des vannes de potache.

  • 7/23/2019 NIFFF 2015

    7/11

    5urbo Gid

    3n apparence plus parodique, Tur%o 3ids$av"re tre un excellent post#apo l$univers tr"s cohrent. :insi son

    homma+e la candeur du cinma pop des annes R@ n$a rien de postmoderne ou de mprisant envers cettecandeur, dans la veine moqueuse d$un 3un- ,ury. :u contraire, il suit avec la mme %naFvet maEtrise% que sesmod"les les ima+eries et la lo+ique de son univers ' et en effet, dans un futur sans carburant, tout le monde sebaladera sans doute en

  • 7/23/2019 NIFFF 2015

    8/11

    !n mot en passant surMa--ie (prsent au N4 apr"s sa sortie francophone), le oli rcit >ombiesque qui a

    souffert de beaucoup d$a priori et de mpris du seul fait de la prsence de SchCar>ie son cast. 7e film subitmanifestement la mauvaise rputation de sa tte d$affiche, va+uement ustifie par l$autoparodie pataude laquellel$intress se livre depuis 1@ ans. Ma--ie, pourtant, est un tr"s beau film, pas prtentieux pour un sou, qui suit lespas d$un 45 6om%ie +hronicles o) Pain pour dpeindre le phnom"ne sous l$an+le intimiste de la maladie incurable.4l le fait avec dlicatesse, sinon avec classe, et mrite d$tre vu sans c&nisme. 3t :rnold & oue tr"s bien, na.

    Prends a !3t puis, tout de mme, quelques films importants, chacun sa mani"re. /$abord un polar curieux, qui part

    +raduellement vers une tran+et quasi#fantastique ' 'rid-end est un film particulier dans la mesure o9,contrairement la plupart des films %bass sur des faits rels%, le fait que l$histoire soit vraie aoute la bi>arrerieressentie plut6t que de la normaliser. 3t le fait divers dont s$inspire le danois Jepper -onde est d$autant plus troublantqu$il est encore en cours ' dans un bled du Ka&s de *alles, une pidmie de suicides frappe les eunes +ens sansqu$on parvienne se l$expliquer. Si le script oue la lan+ueur dans les rapports entre l$hroFne et son p"re policierfraEchement dbarqus, c$est pour mieux instiller la confusion face cette communaut de eunes +ens souds pardes rituels, des modes de communication et des valeurs opaques pour qui ne fait pas partie de leur +roupe ou n$apas leur +e. omme dans la vraie vie, l$explication ne viendra amais, et surtout pas dans le final, qui convoque parla bande les reliquats de pa+anisme de l$:n+leterre rurale, qui irri+uent un cinma incro&able depuis dix ans (onpense mme furtivement au 3ill ist de Pen Iheatle&, c$est dire).

    Ie are Still ere

    :vatar rcent de la nouvelle sc"ne horrifique indpendante des 3tats !nis, le formidable We $re Still &erede

    5ed *eo+he+an est un film de fant6mes qui a (enfinH) le bon +oMt de se dtourner de toutes les infortunes de

    l$esthtique qui +an+r"nent le fantastique surnaturel post#Paranormal $ctivity 7umpscares, persos insipides, tempsmorts sur 2W du mtra+e, ima+erie au ras du cortex d$un ado de 1V ans... 4ci, ce qui dmarre comme unedmarcation de ulci (des parents s$installent la campa+ne pour faire le deuil de leur fils, et tombent face desprsences hostiles) prend tr"s vite de l$envol par un script malin (l$univers, notamment l$histoire de la maison et duvilla+e, est riches de virtualits), une tr"s belle interprtation et surtout le fait de ne amais se cacher derri"re sonpetit doi+t l$ide de raconter une histoire surnaturelle. 3t lorsque les villa+eois, les fant6mes et les prota+onistess$affrontent, la tension touffante patiemment amasse dans les premiers actes explose de faAon dcomplexe,usqu$ un plan et une rplique finaux absolument ma+nifiques dans leur simplicit. !n apaisement (relatif) qu$on netrouvera pas dans le har+neux et dsespr Some 3ind o) &ate de :. Bortimer, sorte de trait sur la conta+ionirrmdiable de la haine, de la douleur et de la rancur, sous forme d$un slasher surnaturel la croisedeNi-htmare on .lm Streetet Ju(*n. 8n & voit le fant6me d$une adolescente harcele usqu$ la mort se ven+erpar un mode opratoire viscral ' les blessures quelle s$infli+e se rpercutent immdiatement sur ses victimes, dansune revanche qui confine la folie totalitaire lorsque celle#ci dit l$un des ados vivants auxquels elle s$est attache%ils sont tous les m(mes%. Lue l$aspect Chodunit soit un peu en retrait, et que le hros soit un peu falot, n$clipse enrien la force d$un vrai film d$horreur au premier de+r, brutal mais pas complaisant (/ieux comme Aa fait du bien), etmoins primaire qu$il n$& parait. 7a rhtorique autour des eunes filles qui s$entaillent, et des ramificationsps&cholo+iques et sociales du phnom"ne, est loin d$tre anodine, et blanchit un film efficace de tout soupAon denihilisme.

  • 7/23/2019 NIFFF 2015

    9/11

    Some Gind of ate

    Kas fantastique pour deux ronds mais emball avec la ra+e et la ferveur des vrais arpenteursd$ima+inaires, Green 0ooms$est accapar le +ros des rcompenses. 3t il faut dire qu$apr"s son 'lue 0uinqui aassomm tout le monde d$un +rand coup au plexus, Jerem& Saulnier tape encore tr"s tr"s fort. *reen -oom est sansdoute le meilleur survival sorti depuis 2 ans, parce qu$il est non seulement efficace et usqu$au#boutiste, inventif dansla caractrisation autant que dans la violence, mais surtout parce qu$il suit sa propre lo+ique sans en dvier pour defallacieuses raisons de politiquement correct ' quand on oppose des pun0s des s0ins (les premiers sont tmoinsmal+r eux d$un meurtre perptr par les seconds, dans le %club% o9 ils viennent de ouer), on sait qu$on ne va pasdonner dans la sucrerie, mais il est tentant de ouer la carte de la ubilation facile l$usa+e exclusif du petit blancantifa fan de Binor 5hreat. $est l$erreur que commettait par moments le rcent 8n ,ran9ais. Saulnier, lui, chatouillecette fibre avec ses personna+es au demeurant attachants, quand ils ouent l$ternel Na#i Punks ,uck *)) (en entierH) devant un parterre de neus0is pas conquis. 4l montre pourtant tr"s vite que ce monde est plus complexe dans sesli+nes de force, en alliant une s0in avec nos hros, et surtout en nous montrant un patriarche hautementinconfortable en la personne de Katric0 SteCart froid et efficace comme un +nral assi+ lorsque les rapports deforces voluent, et au charisme corrosif. Sec et tendu mais ne perdant amais de vue l$humanit de chacun de ses

    personna+es au profit de leur seule idolo+ie (l$eneu n$est pas le dsaccord entre les factions, mais prosaFquementl$limination de tmoins), Green 0oomest un tr"s beau moment de cinoche. 3sprons que Aa lui vaudra une sortiesalles.

    *reen -oom

  • 7/23/2019 NIFFF 2015

    10/11

    7e monde des humains n$est pas bien bon Q c$est entendu d"s les premi"res ima+es de The 4nvitationdeGar&n Gusama, enfin libr des ou+s d$excutifs qui la tenaient adis sur des productions cossues mais mal penses($eon ,lux...aheum.). The 4nvitationest le dernier reprsentant en date d$un courant eune de films, aux contoursflous, qu$on peut qualifier de perplexes face un tat terminal d$anomie de nos socits qui rappelle les derniersours de -ome. 8n peut le voir comme le complmentaire du ma+istral +heap Thrillsd$3.7. Gat> ' si celui#l parle dedtresse conomique et sociale au final librement consentie par ses victimes mme, celui#l prend le mme dcor(les hauts de 7os :n+eles, nadir du bullshit SK) pour mettre en vidence une forme de dtresse spirituelle etmtaph&sique, inhrente un certain occident riche lev depuis le bab& boom dans un narcissisme forcen. /ansce supermarch des sectes, coaches de vie et cultes en tous +enres qui sont pour la plupart les faux#ne> de la

    mme clbration de soi en tant qu$enfant tout#puissant, n$importe quelle soire informelle peut tourner aurecrutement ' au mieux ce sera une p&ramide de Kon>i, au pire un trip la Jim Jones. 4ci le suspense tourne bienautour de la perception du prota+oniste (il revoit son ex pour la premi"re fois depuis la mort de leur enfant, alorsqu$elle l$invite un m&strieux get0together), et consiste savoir s$il est paranoFaque ou s1il a raison d1(treparano2aque. 7a mise en sc"ne pose bien ses eneux en en oue habilement via un r&thme lancinant et uneconstruction pro+ressive des espaces, le luxe oppressant de la maison appu&ant parfaitement l$ambiance fun"bre etlourde de menace de l$ensemble. 8n nous laisse cependant peu de doute sur la nature des v"nements (la fte puele dan+er et la mort d"s le dpart), qui semblent contaminer de mani"re premptive toute la r+ion (l$pisode duco&ote). Kourtant, lorsque les v"nements prennent, le spectateur est effectivement surpris autant par la rapidit dela d+radation que par son aspect total et sans appel, usqu$ une conclusion qui est moins une cauda que laderni"re touche d$un rquisitoire. : voir avec toutes ses antennes dresses.

    5he 4nvitation

    haque festival a ses inustices ' pourtant remarqu partout o9 il a t montr, Sprin-n$a t distin+u au

    N4 par aucun honneur... 3rreur, car c$est un o&au d$autant plus chato&ant qu$il montre ses qualits remarquablessans ostentation, qu$il se donne voir avec la simplicit d$une rencontre avec une biche dans un sous#bois. 7amtaphore est intentionnelle, tant le terme %naturel% est le mieux mme de dcrire l$quilibre extraordinaire du film.Luelqu$un a crit adis que la beaut de la nature nous cache son abection. 7e po"me de Penson et Boorhead(deux ras suivre de tous nos &eux) nous affirme la vrit de cette intuition, mais celle aussi de sa rciproque. 3nde lon+s plans naturalistes et maEtriss, l$histoire de ce eune homme qui rencontre une femme la naturem&strieuse et en tombe amoureux touche au cur du spectateur de multiples reprises, sans a+ressivit maisavec rsolution. /florer plus avant l$histoire serait sinon criminel, en tous cas impoli, on prcisera seulement qu$ilfaut tenir la premi"re bobine, volontairement se pendre, pour accompa+ner le prota+oniste dans son vo&a+e en4talie. 7e reste parvient faire d$un ar+ument lovecraftien crdible, une ode dsarmante l$amour et la beaut. Netournons pas autour du pot ' ce film est un miracle d$intelli+ence et d$motion, racontant la fois une histoire d$amour,un rcit d$accession la maturit 35 une fresque fantastique qui n$a amais honte d$elle#mme, et mle tous ceslments de mani"re tr"s or+anique en & insufflant une vie et une crdibilit dont la plupart de nos ralisateurs+ermanopratins n$oseraient mme pas rver. 7es dialo+ues, le eu des acteurs (tous parfaits) et la temporisation desactions sont tels qu$on a constamment l$impression d$tre au milieu de ces +ens, des moments les plus anodins aux

    visions les plus baroques. ertains moments, par exemple le ralenti de l$arrive dans le villa+e, ou le vo&a+e KompeF, sont ports par cet art prcis et sinc"re de mise en sc"ne qui propulse l$ensemble de l$ouvra+e, pourdevenir des moments de perfection cinmato+raphique qui vous parlent directement, avec calme et vidence. 8nressort de la sance le sourire aux l"vres, la larme l$il, avec l$envie de tomber amoureux et de rester au soleil

  • 7/23/2019 NIFFF 2015

    11/11

    pour touours. Lu$il est bon de vivre Aa au cinma nouveau, cette motion uvnile qui pourrait presque ressemblerau bonheur si nous ne nous tar+uions pas d$tre des hommes dtromps. Luand un film fait tomber bri"vement,dlicatement, les cailles de snobisme de vos &eux et vous fait revoir le cinma comme un miracle ou un lever desoleil nouveau, on dit simplement merci.

    Sprin+

    Pon, les distributeurs, vous nous sorte> tout Aa cette anne, cette fois#ci U