Nichita Stãnescu5

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Nichita Stãnescu Les nonmots Il m'a tendu une feuille telle une main à doigts Moi je lui ai tendu une main telle une feuille à dents Il m'a tendu une branche comme un bras Telle une branche j'ai étiré le bras Lui c'est penché vers moi avec le tronc tel un lourd pomrnier Moi j'ai baissé mon épaule comme un nouveau tronc, j'entendais sa sève pousser comme le sang. Il entendait mon sang monter lentement comme la sève. Moi j'ai traversé son corps! Lui, il a parcouru le mien. Moi - je suis resté un arbre solitaire Lui - un homme tout seul. Évocation Elle était belle comme l'ombre d'une idée. Ses épaules sentaient la peau fraîche d une enfant; à une pierre elle semblait - vite brisée, au cri elle paraissait - une langue morte. Elle n'avait pas de poids comme le halètement. Souriante - larmoyante aux grandes larmes, rares --

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poezii in limba franceza

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Nichita Stnescu

Les nonmots

Il m'a tendu une feuille telle une main doigtsMoi je lui ai tendu une main telle une feuille dentsIl m'a tendu une branche comme un brasTelle une branche j'ai tir le brasLui c'est pench vers moi avec le tronctel un lourd pomrnierMoi j'ai baiss mon paule comme un nouveau tronc,j'entendais sa sve poussercomme le sang.Il entendait mon sang monterlentement comme la sve.Moi j'ai travers son corps!Lui, il a parcouru le mien.Moi - je suis rest un arbre solitaireLui - un homme tout seul.

vocation

Elle tait belle comme l'ombre d'une ide.Ses paules sentaient la peau frache d une enfant; une pierre elle semblait - vite brise,au cri elle paraissait - une langue morte.Elle n'avait pas de poids comme le haltement.Souriante - larmoyante aux grandes larmes, rares --elle tait sale comme le sel poudroyantconsacr aux festins par les vieux barbares.Elle tait belle comme l'ombre d'une pense.Entre les eaux, elle tait elle seule, la terre affame.

La conception de l'oeuf

Je dense habill de ma peauet de la peau d'un serpent loqueteuxje cisle avec mon criet ma dense ondoyanteet avec ma respiration de tout un autre aircet invisible espace en blanc vert jauneAh, je passe la bue de mon visagesur son ovale d'oeuf ovaleC'est un oeuf qui n'est pas encore nC'est un oeuf qui se cisle lui-mmemais c'est moi-mme qui lui applique des courburesAssis sous moi, il prie tel un pont de naissancesC'est l'oeuf qui couvera perptuiten engendrant de soi-mme tout en brisant sa coquela lumireje l'entoure je l'assige avec moi-mmeil va crever de chaleur.

C'est l'oeuf qui couvera perptuiten enfantant par la coque brisela lumire.