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Texte : Gwenola Doaré – Photos : Refuge de Sarenne/Espace Visuel Digital À 2 000 m d’altitude, le chalet est exposé à des conditions extrêmes, permettant de tester des matériels de haute technologie. Le chalet reconstruit en 2003 avec du bois abattu par la tempête de 1999 dans le Jura. Énergie 40

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Texte : Gwenola Doaré – Photos : Refuge de Sarenne/Espace Visuel Digital

À 2 000 m d’altitude, le chalet est exposé à des conditions extrêmes, permettant de tester des matériels de haute technologie.

Le chalet reconstruit en 2003 avec du bois abattu par la tempête de 1999 dans le Jura.

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Sarenne un refuge autonomeLe col de Sarenne est un site exceptionnel par sa beauté mais aussi par la dureté

de son climat. Un lieu coupé de tout, perché sur un col à 2 000 m d’altitude,

l’endroit idéal pour tester toutes les innovations traitant de l’habitat de demain,

mises à l’épreuve dans des conditions extrêmes. Mais le refuge de Sarenne est aussi un

lieu de vie, d’accueil et d’apprentissage du respect de la nature.

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Un peu d’histoire…Le refuge date de 1968, construit à l’époque par Marcel Aubert, ancien maire de Clavans. Détruit par un incendie, il reste inoccupé pendant 20 ans jusqu’à ce qu’un coup de foudre en fasse l’objet d’un véritable chantier de reconstruction en 2003. Reconstruction, seulement, car les anciens murs en pierre du pays ont été conservés, complétés adroitement par du bois massif. Le chantier a été spectaculaire, l’acheminement des matériaux difficile. Heureusement, Fabrice André dispose d’une solide expérience de la construction en bois massif. Après la reprise des fondations selon la méthode mérovingienne (bois verticaux sur géotextiles en argile compacté résistants aux effets du gel-dégel), le refuge a été construit avec des grumes du Jura issus de la tempête de 1999. Les logs équarris sur trois faces ont simplement reçu une finition naturelle à base d’huile de lin, d’essence d’agrumes et de cire d’abeille. L’isolation a été particulièrement soignée : les couches successives atteignent 60 cm en toiture (dont 100 mm en fibre de bois et déchets de bois du chantier) et les murs atteignent 95 cm dont 30 cm d’isolant. Depuis, d’autres bâtiments ont été ajoutés comme le garage et l’écurie enterrée.

…et beaucoup d’énergie2 000 m… Comment vivre à une altitude pareille ? Fabrice André est montagnard, ingénieur agronome de formation et passionné par la veille technologique en énergies renouvelables. Le refuge est un véritable laboratoire pour les technologies utilisant le bois, le soleil, l’eau, le vent et les déchets. Il travaille en partenariat avec des professionnels comme Schneider, Herlt, Sonnenkraft, Wagner et depuis peu Toyota et MDI dans le cadre d’une voiture solaire.

Les sources de chaleur« Le chauffage par le sol est principalement

alimenté par l’énergie solaire (70 % des besoins en

eau chaude sanitaire et chauffage). Ici, il y a du

soleil 300 jours par an ! » L’appoint est assuré par une chaudière à gazéification. Cette chaudière Herlt de 65 kW offre une combustion à plus de 1 000 °C et valorise aussi la chaleur contenue dans les gaz de combustion. Elle brûle du bois mais aussi les déchets préalablement triés. « Le

long trajet parcouru par les gaz dans la chambre

de postcombustion à haute température donne le

temps nécessaire au processus de combustion de

s’effectuer complètement. Le bois brûlé ne produit

ainsi que 0,4 % de cendres soit environ un demi-

seau par semaine qui peut être utilisé comme

engrais dans le jardin et qui ne dégage aucune

pollution dans l’atmosphère. » Actuellement, c’est le quatrième prototype testé. Il est relié à un moteur Stirling de 6 kW produisant de l’électricité par cogénération. En outre, cette chaudière peut aussi brûler le méthane généré par le digesteur du refuge qui transforme le fumier des chevaux et les matières organiques en méthane. Comme les capteurs solaires, la chaudière stocke son énergie dans un hydroaccumulateur en acier isolé de 9 000 L, lui-même relié à une série de ballons pour assurer l’eau chaude sanitaire

L’éolienne verticale à géométrie variable : la voilure s’ouvre si le vent faiblit.

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et le chauffage par le sol (12 000 L de liquide caloporteur). La chaudière fonctionne environ une fois par semaine en hiver (500 L de bois pour 700 m2 de bâtiments) et une fois par mois en été pour assurer l’eau chaude sanitaire.

Les sources d’électricitéL’électricité est assurée par une microcentrale hydroélectrique Ecowatt (6 kW), 25 m2 panneaux photovoltaïques Photowatt (2 kWc) alimentant des batteries, une éolienne (1,6 kW) et une

pico-centrale (400 W). « Ces sources d’énergie

sont parfaitement complémentaires les unes des

autres, car lorsque le soleil chasse les précipitations

les photons remplacent l’énergie cinétique de

l’eau. » L’éolienne est à axe vertical et géométrie variable et omnidirectionnelle : elle tourne à vitesse constante, mais la voilure s’ouvre si le vent diminue. Elle alimente le parc de batteries, via un alternateur à entre-sphères variable placé juste en dessous. De par sa situation géographique le refuge est régulièrement balayé par des vents avoisinant les 100 km/h.

Les panneaux solaires thermiques alimentent le chauffage par le sol et l’eau chaude sanitaire du refuge.

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La microcentrale utilise une chute d’eau de 90 m située entre deux retenues d’eau, celle du bas servant aussi de filtration des eaux usées par phytoépuration. « C’est l’eau de ruissellement,

abondante 6 mois par an, qui est utilisée, ainsi

l’eau n’est pas puisée dans le milieu. Ces bassins

sont paysagés et font le bonheur des truites et

des baigneurs. Le groupe turbine générateur

transforme l’énergie hydraulique en énergie

électrique de manière constante, ininterrompue,

indépendamment des exigences des utilisateurs. » En cas de surproduction d’énergie, ce qui arrive fréquemment, l’électricité est utilisée pour remonter l’eau dans le bassin supérieur, pour chauffer l’eau de l’hydroaccumulateur par l’intermédiaire d’un dissipateur à eau ou pour chauffer une pièce par l’intermédiaire d’un dissipateur à air. L’hydroélectricité assure 70 % des consommations électriques du refuge. Une pico-centrale à entre-sphères variables apporte aussi quelques précieux watts. Le principe est de récupérer le différentiel de pression des canalisations à chaque usage de l’eau (douches, vaisselle, chasse d’eau…). L’eau est envoyée à 9 bars dans le circuit, mais 3 sont suffisants au robinet. Au lieu de les perdre, les 6 bars récupérés alimentent la pico-turbine.

La chaudière de gazéification assure l’appoint du solaire pour le chauffage. Elle produit aussi de l’électricité par cogénération (moteur Stirling couplé).

La microcentrale hydroélectrique utilise le dénivelé de 90 m entre deux bassins alimentés par les eaux de ruissellement.

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L’eau et le jardinUn potager bio approvisionne la table en légumes et un jardin botanique montre la diversité de la flore du massif des Grandes Rousses. Le potager sert aussi de dissipation d’énergie dans le sol lorsqu’il y a surproduction d’énergie, selon le même principe que le plancher chauffant. Une installation indispensable lorsque l’on sait qu’il n’y a que 100 jours hors gel par an et des amplitudes de température jusqu’à 40 °C dans une journée !

Bilan et gestion des sources d’énergieLe refuge a été conçu pour consommer le moins d’énergie possible : isolation renforcée, doubles et bientôt triples vitrages, LED généralisées, lave-linge à bulles d’air, four solaire… et surtout gestion des charges électriques pour optimiser le confort avec une faible production. Les résultats sont là : 12 kWh/m2/an de besoin en énergie, pour 980 m2 de surface habitable. Environ 730 € de coût d’achat de matière énergie par an ! C’est 20 fois moins qu’un bâtiment des années 1950 construit à une altitude identique sur la station de l’Alpe-d’Huez.« D’avril à juillet, le refuge est surtout alimenté en

hydraulique, de septembre à mars, c’est le solaire et

la cogénération qui sont majoritaires », explique Fabrice André. Mais comment bien gérer un site qui passe de 2 à 50 personnes brutalement, alimenté par une multitude de sources d’énergie et de réseaux d’énergie, au climat aussi variable et extrême ? « Une véritable centrale informatique

permet de tout contrôler et de tout programmer. » C’est de la domotique de haut vol, qui fait l’objet d’un pôle de compétitivité en partenariat avec Schneider. Il faut gérer simultanément des circuits électriques de 12, 24, 48, 220 et 380 V, réguler différemment la température en fonction du nombre de personnes présentes (détecteurs de présence), écrêter les surchauffes et anticiper les coups de froid (si la pression atmosphérique baisse, le chauffage est augmenté par anticipation), voire mettre le refuge en légère surpression pour retarder la perte des calories. Cette plate-forme multicomplexée est alimentée par le parc de batteries pour plus de sécurité.Le refuge a coûté 1,5 million d’euros, avant aides et subventions. Il bénéficie de l’activité d’ingénierie et de veille technologique de Fabrice André. « Compte tenu des difficultés liées

à l’approvisionnement du chantier, on estime

que les coûts sont multipliés par 1,5. La route,

le bassin, l’adduction d’eau… plus que le chalet

c’est tout ce qu’il y a autour qui a coûté cher. Nous

donnons beaucoup de conseils aux candidats à

Parabole solaire en cours de test.

Le bassin de phyto-épuration est aussi le bassin du bas utilisé pour l’hydroélectricité. Il est paysagé et fait le bonheur des baigneurs l’été.

Le potager : un exploit lorsque l’on sait qu’il n’y a que 100 jours hors gel par an !

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l’autoconstruction, mais nous les prévenons bien :

en montagne, il ne peut pas y avoir d’amateurisme

en la matière. »

Le coût de la chaudière à gazéification est d’environ 32 000 €, mais le retour sur investissement par l’économie du système est très performant. Les 12 m2 de capteurs ont coûté 11 000 €. Ils sont régulés par un système à doubles pompes intégrant le surplus de production en dissipation dans l’hydroaccumulateur. La microcentrale a coûté environ 12 000 €, hors travaux de génie civil. Les 20 m2 de capteurs photovoltaïques ont coûté 24 000 €. Coût total de l’autonomie : environ 79 000 €. Le même refuge chauffé au fioul avec un groupe électrogène coûterait 36 000 €/an. Fabrice André estime le retour sur investissement de 34 à 36 mois.

Et toujours des projets…D’autres appareils sont en cours de tests dans le cadre des activités de veille technologique de Fabrice André. C’est le cas d’un groupe électrogène de 6 kW qui utilise la répulsion par

dégravitation magnétique d’aimants. Le moindre apport solaire permet de créer un mouvement qui s’entretient grâce aux aimants. Une solution qui rendrait les batteries inutiles ! C’est aussi le cas d’une parabole solaire à gradians captifs, équipée d’un moteur Stirling qui s’oriente automatiquement dans l’axe idéal grâce à des panneaux solaires et deux moteurs. Un système expérimental d’électrolyse sur l’urine est aussi en cours d’étude. Ou encore ce projet de voiture solaire pedaling à air comprimé qui récupère l’énergie du freinage mais aussi celle des vibrations de la route ! Gestion du refuge, veille technologique, séminaire d’entreprise, des sociétés impliquées dans l’énergie, ou la gestion des sources, viennent au refuge pour comprendre les clés du développement durable et apprécier cette démarche qui apporte des solutions concrètes et utiles pour préparer notre avenir. Le refuge est aussi le siège social de EVD-Espace Visuel Digital, société innovante développée par Bernard Vallet qui vous fera découvrir les Alpes vues du ciel, comme vous ne les avez jamais vues. Vous pouvez visiter le refuge sur www.visuel3d.com n

VisitesLe refuge, situé sur la commune de

Clavans en Haut-Oisans, ne peut accueillir que 18 personnes et il est

très souvent complet. Le mieux est de s’y rendre à 16 h où chaque jour une

visite du refuge et de ses installations est organisée. On en repart avec de la

documentation et surtout une furieuse envie d’équiper sa propre maison ! De

juin à octobre, l’accès se fait par une route pastorale. L’hiver en revanche, le

manteau neigeux et l’entretien de la piste de Sarenne en limitent l’accès au

ski de randonnée et aux raquettes. La vue imprenable sur la Meije justifie à

elle seule le déplacement ! Vous retrouverez le talent de la

décoratrice Hilde Behaeghe qui a imaginé une nouvelle déco inspirée du

trésor caché de Bonnieux.(Voir Carnet d’adresses p. 94.)

Malgré le froid, le chalet offre un confort digne d’un palace ! Le chauffage est entièrement contrôlé par domotique.

La table du refuge propose

les produits bio cultivés

sur place dans le potager.

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A ux confins de l’Oisans, entrela vallée du Ferrand et cellede Sarenne, à 2 000 mètres

d’altitude, le col de Sarenne est unevaste selle couverte d’herbe grasseet parcourue de minuscules ruis-seaux. Ce col solitaire, aux couleursvertes et fauves, a des airs detoundra arctique. Le mouton s’ysent bien, le bouquetin aussi. Quantau loup, il n’y est que de passage,comme les grands rapaces quijouent dans le ciel bleu électrique. Le refuge, construit en 1968 parMarcel Aubert, est ravagé en 1984par un incendie. Des années durant,sur les murs noircis des vestiges dubâtiment, une inscription laconiquejetée à la hâte mentionne “àvendre”, suivie d’un numéro de télé-phone. Beaucoup se prennent àrêver de “faire quelque chose”. Maisrien de concret ne voit vraiment lejour jusqu’en 2003, quand FabriceAndré rachète la ruine oubliée.

L’élan visionnaired’un pionnierFabrice se lance dans l’aventure. Enmontagne, le temps est compté,l’hiver long et les étés trop courts,mais tant pis ! L’homme voit grandet décide de bâtir un ambitieuxchalet en “log”, des grumes équar-ries sur trois faces. La tempête dé-vastatrice de 1999 avait couché degrands arbres, des géants centenairesqui méritaient un autre destin que lascierie et convenaient parfaitement àl’édification d’un bâtiment excep-tionnel. Chaque grume est travailléesur place, à l’ancienne, à la hache età la tronçonneuse, le tout à 2 000mètres d’altitude, dans la neige et lefroid. Un travail de titan ! Les gigan-tesques troncs façonnés sont empilésavec art, la volumineuse poutre faî-tière est posée, puis d’énormeslauzes couvrent l’ensemble. Fabrice rêvait d’un bâtiment subti-lement intégré au milieu, capable de

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Comme le Panturle de JeanGiono dans Regain, Fabrice

André rouvre une terre oubliée.Aux confins de l’Oisans, en

Isère, sur un col tourmenté parles vents, mais inondé de soleil,

le puissant et beau refuge deSarenne a été édifié. Un bâti-

ment devenu, en Rhône-Alpes,un modèle exemplaire de déve-

loppement durable. Une in-croyable aventure, un combat

pour la préservation del’environnement. Par Éric Beallet.

COL DESARENNEÀ LA POURSUITE

DU REFUGE VERT

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FABRICE ANDRÉ : UN INVENTAIRE À LA PRÉVERTFabrice André est une force de la nature, version typhon ou tempête. Une peau noire de soleil,des mains en forme de battoir. Ancien berger, aventurier, alpiniste, voyageur au long cours, chefcuisinier, charpentier, ingénieur agronome, ce diable d’homme primé au concours Lépine multi-plie les casquettes. Jamais en panne d’idées, il prépare en ce moment un tour du monde… envoiture solaire ! Une prouesse qu’il a déjà réalisée en vélo à voile. Un projet qui va de soi quandvotre maison ne marche qu’au vent et au soleil, n’est ce pas ? Dans le refuge, des petites éoliennes tournent sans arrêt, la voiture miniature ne demande qu’à rouler.Dehors, le four solaire cuit une tarte aux orties sauvages. Des oies tournent autour de la bâtisse, leschevaux attendent patiemment dans l’étable. Entre le soin des bêtes, le transfert des bagages, des vi-siteurs, l’entretien du bâtiment, la nourriture, où Fabrice trouve-t-il le temps d’échafauder ses projetsdantesques ? Nul ne le sait. Fabrice a l’aura de ceux qui ont déjà eu plusieurs vies.

s’affranchir du pétrole et d’être autonome : micro-centrale hydroélectrique, éolienne, chaudière à ga-zéification, panneaux photovoltaïques sont doncau programme. Des termes encore barbares, peufamiliers mais qui, parions-le, feront partie denotre quotidien dans quelques années. Fabrice al’audace et les élans visionnaires des pionniers.

Objectif zéro déchet !L’autonomie, c’est une chose. Mais le mieux est dene produire aucun déchet. Côté assainissement, lerefuge est également indépendant avec un com-postage et un retraitement des matières orga-niques. Une ministation d’épuration est même en-fouie dans la cave du bâtiment. Le traitement en-gendre la production de boues, qu’il faut séparerde l’eau épurée. Des boues ensuite utilisées encompostage, après avoir été séchées au soleil : lemeilleur des désinfectants. Ici, rien ne se perd.Fabrice réalise ainsi l’incroyable prouesse de ne re-jeter aucun déchet. L’eau qui sort du systèmed’épuration est même théoriquement potable : il laboira d’ailleurs devant vous (même si elle n’est pasréutilisée dans le réseau d’eau potable du bâtiment).Cette eau usée est alors revalorisée et sert à alimenterun étang où batifolent truites et grenouilles. Grâceau vent, au soleil, à l’eau, le refuge de Sarenne est to-talement inoffensif pour l’environnement.

La maison de l’an 2050 ?Le col n’est pas d’un accès facile. C’est un fait etune chance ! Certes, la route pastorale y mène enété. Mais, dès les premiers frimas, seuls les skieurshors-pistes de L’Alpe d’Huez ou les randonneurspeuvent venir goûter à cette tranche de GrandNord. Comment faire pour accueillir ceux qui neskient ni ne randonnent ? Fabrice André a pensé àtout, en acquérant deux puissants chevaux de traitet un traîneau de Père Noël. Dans cet équipage an-cestral, il part chercher ses visiteurs à L’Alped’Huez. Voyage au bout du monde… La neigecraque sous le poids du traîneau, la station dispa-raît vite au terme du premier virage. Il ne restealors plus qu’un océan de neige cerné d’un horizonde pics déchiquetés. Comme un phare, le refugeguide les chevaux.Au cœur de ce havre de paix, un volumineux poêlegronde : le bois massif et vivant parfume le vastesalon. De la cuisine émanent les odeurs simplesd’un repas sain, savoureux et biologique, agré-menté par les récits piquants et truculents de Fa-brice. Qualité, confort et bien-être sont les leitmo-

tive. Aux confins de l’Oisans, ce bâti-ment est devenu, en Rhône-Alpes, unmodèle exemplaire de développementdurable. Il s’agit sans doute de lamaison de l’an 2050, date à laquelletoutes les maisons en Europe devrontrépondre à des normes draconiennesen matière de rejets des déchets. “Le

refuge du col de Sarenne, explique Fa-brice, se fera un plaisir de vous dé-montrer que l’on peut construire sansbéton, se chauffer sans fioul, s’éclairersans nucléaire, cuire sa nourriture sansgaz et, prochainement, se déplacersans moteur thermique…” Affaire àsuivre ! •

visite privée 5visite privée4

ACCÈSLe refuge du col de Sarenne (2 000 m) setrouve en Oisans sur le col éponyme,entre les communes de Clavans et deL’Alpe d’Huez. De juin à octobre, la routepastorale est ouverte. En hiver, vous vousy rendez à pied, à raquettes, à skis derando, en calèche (tirée par 2 chevauxdepuis l’altiport de L’Alpe d’Huez). Pour lehors-pistes, faites-vous accompagnerd’un professionnel (bureau des guides deL’Alpe d’Huez : Tél. 04 76 80 42 55).CONTACTS UTILESLe refuge du col de Sarenne : Tél. 04 76 80 30 48 ou 06 27 25 03 00.www.refugedesarenne.com GOURMANDISEPour les repas, tous les légumes oupresque sont cultivés dans le jardin durefuge, le pain aux 7 céréales cuit surplace dans le four solaire…À NE PAS MANQUERVisite du refuge bioclimatique en boismassif, ainsi que du four solaire, dubassin écologique de phyto-épuration :comment être autonome avec lesénergies renouvelables à partir de l’eau,du soleil et du vent ?

REPÈRES

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