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UN FILM DE NADIR MOKNÈCHE

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UN FILM DE NADIR MOKNÈCHE

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BIYOUNA NADIA KACI AYLIN PRANDI DANIEL LUNDH

SUNDAY MORNING PRODUCTIONSprésente

SORTIE LE 11 JUILLET 2007▼

PRESSEANDRÉ PAUL RICCI / TONY ARNOUX6 Place de la Madeleine - 75008 ParisTél. : 01 49 53 04 20

DISTRIBUTIONLES FILMS DU LOSANGE

22, avenue Pierre 1er de Serbie - 75016 PARISTél : 01 44 43 87 15/16/17

UN FILM DE NADIR MOKNECHE

35mm • Couleur • 1.85 • Dolby SRD • 2h14 • Visa 111 242

Photos téléchargeables sur www.filmsdulosange.frwww.delicepaloma-lefilm.com

DELICEPALOMA

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SYNOPSIS

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Vous avez besoin d’unpermis de construire ?Vous êtes seul un soir ?

Appelez la bienfaitricenationale, Mme Aldjéria :elle vous arrange ça. Celle quis’est donné le nom du pays nerecule devant aucune combinepour survivre dans l’Algéried’aujourd’hui. Pour peu qu’ellessoient jolies et peu scrupuleuses,ses recrues peuvent faire carrière.La dernière, Paloma, fait grandeffet, en particulier sur Riyad,le fils de Mme Aldjéria.Le rachat des Thermes deCaracalla, le rêve qui devaitpermettre au clan d’Aldjériade changer de vie, sera l’affairede trop.

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Tewfik Hakem : On sortant de DélicePaloma, j'ai envie de dire qu'on se croiraitdans La Dolce Vita : on roule en SUV, ons'habille en Chanel, on flambe dans lescabarets en buvant du champagne, ondanse dans des cinémas, on déjeune sousune pergola, on déguste des sorbets aujasmin, on fait de l'esprit, on se prendpour un détective privé, on joue à la call-girl. Mais comme dans La Dolce Vita, il ya des lendemains qui déchantent. On nesait plus, après ce voyage de deux heuresdix à travers l'Alger actuel, si tout est bienqui finit mal ou tout est mal qui finit bien ?Nadir Moknèche : On peut dire les deux, maiscomme je ne suis pas un adepte du mani-chéisme, je ne parlerai ni de bien, ni de mal. LaDolce Vita de Fellini évoque une bourgeoisiedécadente. Délice Paloma brosse le portraitd'un « petit peuple » qui, pour s'en sortir, imitedes comportements qui ne sont pas les siens.C'est l'histoire d'une femme en quête d'ascen-sion sociale dans un pays en pleine mutation.Zineb Agha, alias Madame Aldjéria part avecquelques handicaps : c'est une femme seule,dans la cinquantaine, d'origine modeste, unfils issu d'un père inconnu… Pour survivre, elle

a forcément fait un peu de tout, jusqu'à vendre« un peu d'amour pour alléger la solitude decertains hommes ». Comment vivre, s'en sortirdans un univers de combines, de bouts de ficel-les, un pays de passe-droits et de chipa (pot devin) ?

T.H. : C'est aussi une société bouleversée,en recherche d'elle-même, sous influen-ces multiples et souvent contradictoires,avec le passage difficile d'une économiesocialiste à une économie de marché,après une guerre civile de dix ans qui finitde faire voler en éclats tous les mythesfédérateurs : socialisme, panarabisme,nationalisme et même l'islamisme ! Il y aune scène du film qui résume ce profond

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ENTRETIEN AVECNADIR MOKNECHE

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LE FACE A FACEMME ALDJERIA/

PALOMA

d'un faux barrage s'était promis que s'il arrivaità bon port à son cabaret, il ferait don de saBMW. Et c'est ce qu'il a fait.

changement, comme un témoignagefidèle de l'Algérie d'aujourd'hui, c'est laséquence des enchères au cabaret « LeMiami ».N.M. : C'est vrai que cette séquence s'inscrittotalement dans notre époque. Elle a été fil-mée comme un documentaire. C'est une scènequi sort directement d'un cabaret algérois de2006. Je savais que dans les campagnes, onpratiquait des joutes poétiques et des injuresrituelles, mais je n'imaginais pas ce détourne-ment. Quand j'ai vu la première fois Cheb Rafik(le chanteur) haranguant sans aucun tabou lesclients, j'ai été frappé par l'énergie, la verve,jusqu'à cette manière vindicative d'un prêcheurreligieux. Et ces types qui exhibent, brûlenttant d'argent, juste pour le plaisir d'entendreune chanson ou de railler quelqu'un, alors quedehors d'autres sont dans le dénuement le plustotal. On raconte que dans les années 90, unhomme qui avait échappé à des islamistes lors

pétrolière et tout un secteur de « bazar ».Au Miami, toute « la nouvelle économie » est là,y compris les prostitué(e)s et les Chinois… MrZhang représente ce changement, cette fascina-tion des Algériens, par les succès économiques dela Chine. On raconte qu'il y aurait 40 000 Chinoisen Algérie, essentiellement dans le bâtiment.L'exemple le plus symbolique est la constructiondu Sheraton d'Alger, sous-traitée à une entreprisechinoise qui a ramené sa propre main d'œuvre.

T.H. : Il y a l'argent et la manipulation.Chacun manipule l'autre. Paloma est mani-pulée par Aldjéria, qui sera à son tourmanipulée par l'ancien ministre des Droitsde l'Homme et de la Solidarité Nationale.Tout un symbole !N.M. : Délice Paloma, c'est d'abord la jeunesse,l'ingénuité, face à l'endurcissement, au cynisme.

T.H. : Parlons-en ! Si les Algériens sont tousmarqués par les traumatismes des années90, les protagonistes de Délice Palomaveulent à tout prix les oublier. Et chacunessaye avec ses moyens de s'adapter.L'argent est maître !N.M. : L'argent devient le nerf de la guerreparce qu'on ignore de quoi demain sera fait. Ilfaut donc gagner de l'argent rapidement.Alorson fait « des affaires » dans une économiebasée essentiellement sur l'import, la rente

Dans une société corrompue, Mme Aldjéria,qui s'est donnée le nom du pays, a choisi d'être« intermédiaire ». Une place qui lui permet dese dire « bienfaitrice nationale ». Lorsque MmeAldjéria rencontre Rachida, elle est envoûtéepar sa beauté d'abord, mais surtout par saliberté et son innocence. Elle va jusqu'à larebaptiser Paloma, du latin Palumba (colombe),et la présenter à son fils. Lui qui n'aime que lesoiseaux.

T.H. : Est-ce que tu veux dire par là queMme Aldjéria a des remords, qu'ellen'est pas complètement cynique ?N.M. : J'espère bien pour elle. Lors de la ren-contre avec Paloma,Aldjéria prend conscienceque sa propre corruption n'a pas encoreétouffé en elle l'autre femme, celle qu'elle auraitpu être dans une société plus digne et plus

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juste. Elle veut changer de vie. Et son rêve estun rêve de petite fille. Retrouver les bains deson enfance.

T.H. : N'empêche qu'elle veut garder toutle monde sous sa coupe, les enfermer dansle frigidarium des Thermes de Caracalla.Elle a ses tendances impériales.N.M. : L'empereur Caracalla est quand mêmecelui qui a octroyé la citoyenneté romaine àtous les hommes libres de l'empire ! MmeAldjéria est le personnage narrateur du film,elle ne va pas se mentir à elle-même. La voix-off nous fait entrer dans son intimité la plussecrète. Témoin de cela, le rêve cauchemar-desque : les thermes transformés en bazar. Sice n'était que pour garder tout le monde avecelle, une superette ferait l'affaire. Je prends cetexemple parce que c'est le désir de beaucoupd'Algériens d'ouvrir des supermarchés ou descentres commerciaux. Non, elle veut faire unretour aux sources, se laver de tout. Mêmequand elle sait qu'elle a tout perdu, elle rêvede son fils avec Paloma, des enfants, dans untrain qui traverse l'Italie. Elle se voit au bar dutrain. De cette vision se dégage une atmos-phère paisible, la paix avec soi-même. Ce n'estsûrement pas une mère névrosée et tyranni-que.

T.H. : C'est pour cette raison que tu as optépour ce style de narration, cette construc-tion faite d'allers-retours permanentsentre passé et présent ? N.M. : C'est pour donner une conscience au per-sonnage d'Aldjéria.Au moment présent, après

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sa sortie de prison, elle perçoit sa propre exis-tence. Elle « fait le point » comme on dit, et ducoup on découvre son immense humanité.

L'IMAGE QU'ON SE FAITDE L'ALGERIE

paysages méditerranéens, ces champs devigne que traverse Paloma, ce mausoléedes premiers siècles, ces ruines romaines,et puis surtout cette mosaïque de person-nages universels.N.M. : Les personnages autonomes et com-plexes tendent à réduire la frontière entre le« nous » et le « vous » et déçoivent les attentes destéréotypes manichéens. Parfois on se demandesi la perception de l'altérité culturelle n'en estpas restée fondamentalement à l'image desmasses grouillantes des souks orientaux. Ilreste qu'en France, il existe plusieurs mémoiresalgériennes, et des mémoires blessées. Voirl'Algérie comme un pays normal, un payscomme un autre, peut prendre un peu detemps. Les Algériens eux-mêmes ont souventdu mal à accepter leur image, à dévoiler leurintimité, plus par honte que par pudeur.Comme le dit si bien un adage algérois : « notremaison protège nos vices. »

T.H. : Magnifique maison ! Un Alger qu'onvoit de loin, de près, d'en haut, d'en bas,sur plan… Moi qui connais bien la ville, ilreste un endroit que je n'arrive pas àsituer. C'est le lieu de la rencontre deRiyad et de Baya avec le «Passeur».On a lesentiment de se trouver dans un bateau enmer, face à la ville.N.M. : En arabe on appelle cet endroit le myz-war, à cause du musoir. C'est l'ancienne piscinedu R.U.A, (Racing Universitaire d'Algérie).Piscine aménagée dans le port, construite surune jetée. Pour y aller, il faut emprunter unebarque. C'est là que Visconti a filmé la rencontre

des interdictions ou à un Dieu vengeur. Surmille ans de civilisation, on n'a pas fait quechercher à savoir si le caviar était licite ou illi-cite, s'il faut dormir sur le dos ou sur le ventre.En Occident, on s'imagine beaucoup de chosessur ce fameux monde arabo-musulman. Avecun peu de bon sens, on voit bien que toutes lessociétés humaines fonctionnent de la mêmemanière. Même si aujourd'hui, il y a confusionde repères, l'Algérie reste une société tradi-tionnelle, croyante et superstitieuse, où chacuna une place. Mme Aldjéria a forcément saplace, en marge certes, mais une place quandmême. La question, c'est de savoir si on peuten changer, et comment ?

T.H. : Comment peux-tu expliquer qu'enFrance, malgré la proximité, on semblesurpris par cette image que tu donnes del'Algérie. Dans Délice Paloma encore plusque dans les films précédents. Un tour-nage entièrement en Algérie, de superbes

de Meursault (Marcello Mastroianni) et Marie(Anna Karina) dans L'Étranger (1967). On aune vue imprenable sur Alger. On peut mêmeapercevoir l'immeuble Lafayette où se trou-vent l'appartement et le bureau de MmeAldjéria.

T.H. : Et sa force incroyable ! En Occident,on a du mal à imaginer qu'une femmeaffranchie comme Mme Aldjéria puisseavoir une place dans une société arabo-musulmane. Une femme algérienne, onl'imagine plutôt battue que battante. Etpuis tout cet alcool !N.M. : Il coule à flot comme dans les contesdes Mille et une nuits. Je ne raconte pas d'his-toires édifiantes wahhabistes. Et Dieu merci,je ne suis pas encore financé par les pétrodol-lars. L'Islam ne se résume pas uniquement à

ENQUÊTRICE,MAQUERELLE,BIENFAITRICENATIONALE

T.H. : Quelle est l'idée de départ du film ? N.M. : De mon désir de propulser une fois deplus Biyouna dans l'univers urbain d'Alger. Onse fréquente depuis 1999, on a fait deux filmsensemble, c'est dire qu'on se connaît bien.Dans la vie, Biyouna est une véritable icônepopulaire, qui garde le courage et l'irrévérencede ses débuts. Elle m'a fait découvrir et mêmeplonger dans le milieu interlope d'Alger.Tradi-

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tionnellement, il existe dans la société algé-rienne des personnes qui s'occupent de fairedes enquêtes de mœurs pour le compte desfamilles voulant marier leur fils ou leur fille. ARome ou Naples ce type d'« enquêteur » s'af-fiche en quadrichromie dans les Pages Jaunes,mais en Algérie cela n'a rien d'officiel : pas debureau, pas de TVA ! Il y en a d'autres, plus« modernes », qu'on sollicite pour régler desproblèmes, faire agir le piston qui manquedans une affaire, l'indispensable passe-droit. Letravail de fiction débute à partir de la réunionde ces deux types de « personnages ». Et pourstimuler mon imagination, je me mets à pen-ser à une marraine Sicilienne. Durant les répé-titions, Biyouna a imprimé de sa personnalité,de sa nature, de son tempérament, le rôled'Aldjéria, et lui a donné l'humour cruel et réa-liste du petit peuple d'Alger.

T.H. : Qui dit marraine, dit maffia. Dans lapresse algérienne, on utilise souvent l'ex-pression « la maffia politico-financière »,pour désigner les forces occultes qui pré-sideraient aux destinées de cette sociétéfrappée par la corruption.Tu as pensé à ça ?N.M. : Je crois que c'est après l'assassinat duprésident Boudiaf en 1992, que cette expressiona été lancée. On se plaint de la corruption, maispresque tout le monde est corrompu. Chacunveut se sentir supérieur à l'autre en exerçant sonpasse-droit. La maffia fait rêver les Algériens.J'ai récemment entendu une chanson d'un rap-peur algérois qui rêve d'aller à Naples, de deve-nir camorriste et d'épouser une chinoise. Beauprogramme !

rellement. C'est un choix radical, mais je necrois pas qu'il y en ait d'autres. De la putain, àla maman, à la sainte.

T.H. : L'Islamiste n'est pas le pire dessalauds. Loin de là, il est même sympathi-que quand il rencontre Shéhérazade.N.M. : Je ne crois pas qu'il y ait vraiment desalaud dans le film. Même M. Benbaba peutparaître touchant. En ce qui concerne Bilal, lemari de Shéhérazade, on ne va pas se mettreà instrumentaliser les personnages, les diabo-liser sous prétexte qu'ils sont islamistes, ou lesglorifier sous prétexte qu'ils sont victimes. Çan'a jamais donné des bons films. Je ne dis pasque c'est toujours facile d'échapper aux poncifset aux clichés. Mais, il ne faudrait pas que leBarbu remplace le personnage de l'Arabe anti-pathique, ou le Perse « barbare », qu'on a vudans un récent film. Le mari de Shéhérazadeest un individu comme les autres. Maintenant,il faudrait voir pourquoi il a fait ce choix radi-cal. C'est un sujet de film en soi. Ce qu'on peutdire, c'est que s'infliger un tel mode de vie estune violence contre soi, et sûrement pas unretour aux sources. Et très souvent cette vio-lence se retourne contre les autres.

LE FACE A FACESHEHERAZADE/

PALOMA

dans les rues d'Alger. Elle qui est si algéroiseavec ce côté populaire et en même temps aris-tocratique. Dans la société algérienne, on n'ap-pelle jamais un chat, un chat. On parled'escorte, jamais de prostitution. Shéhérazadeest un des résultats de l'échec de l'émancipationdes femmes. Pour une femme, quelque soit sonniveau intellectuel, le mariage reste l'uniqueprojet d'avenir. Point de salut en dehors dumariage. Baya, l'autre « collaboratrice », penseque la solution est de partir en Espagne.Shéhérazade n'a ni la force, ni la déterminationde Baya ou de Mme Aldjéria. On peut aussiparfaitement comprendre qu'elle veuille changerde vie, son désir de maternité. L'irruption dePaloma va l'écorcher, lui rappeler son âge, sacondition. En plus, elle ressent cela comme uneinfidélité. Aldjéria qui se prend une jeunette.Alors, devant cette fontaine qui affranchit detoute condition temporelle, Shéhérazade faitun vœu. Le choix pour le barbu se fait natu-

T.H. : Les affaires d'Aldjéria sont bien réel-les : Mme Bellil et l'affaire de l'Alhambra,La Fleur du Jour, jusqu'à la prostitution.Sur le coup, on ne se rend pas vraimentcompte de la dureté du film, c'est en sor-tant que l'on se dit que Shéhérazade n'apas d'autre choix que celui d'épouser unbarbu, de prendre le voile. Encore une fois,c'est Nadia Kaci, ton autre actrice fétiche,qui se retrouve dans le rôle de la prosti-tuée, pudiquement appelée collaboratrice.Une putain magnifiée !N.M. : C'est Nadia Kaci qui est magnifique. Ily avait le désir de retrouver sa beauté botticel-lienne sous un soleil d'été, de la faire déambuler

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T.H. : Paloma, elle, a subit aussi bien la vio-lence de sa famille que celle des terroris-tes islamistes. Et, c'est peut-être le seulpersonnage, avec Mina, la sœur de MmeAldjéria, qui n'a pas de projet. Elle necherche pas de moyens pour « arriver ».N.M. : Etant sourde et muette, Mina dépendratoujours du bon vouloir des autres. Paloma neconnaît pas la vie, mais elle la vit avec énergie,grâce et simplicité. Elle connaît la violence, lavéritable violence. Elle habite dans une maisonisolée à Tipaza, région qui, jusqu'en 2001, étaitpratiquement sous contrôle terroriste. Elle ade la compassion, de la tendresse, de l'huma-nité, elle ne se plaint pas, chose rare en Algérie,où tout le monde blâme tout le monde, où cha-cun met la faute sur l'autre.

T.H. : N'empêche qu'elle accepte l'argentque lui propose Aldjéria.N.M. : Qu'elle redonne aussitôt à sa sœur. Saliberté lui permet toutes les transgressions, etson innocence radicale la rend inaccessible,exigeante. Une exigence qu'elle reporte surcelui qu'elle veut aimer, Riyad.

“J'AI PEUR QU'IL SOITAMOUREUX CELUI-LA !“

T.H. : Pourtant durant tout le film, on sepose la question : Riyad est-il capable d'ai-mer ?N.M. : Aimer ! Mais c'est la seule chose dontil soit capable. Aimer les oiseaux, aimer lesputains de sa mère, aimer un père imaginairequi est sensé vivre au-delà de la mer. Aimerest la seule chose qu'on laisse faire à Riyad :mais on ne vit pas que d'amour, il faut aumoins aussi de l'eau fraîche, et on ne le laissemême pas avoir soif. On dit : « que demanderd'autre quand on a l'amour ? ». Mais la viesimplement, avec toutes ses aspérités passion-nantes. Dans une société bloquée, il y a unepremière couche de gens qui s'en sortent,comme Aldjéria, mais la liberté qu'ils conquiè-rent se fait au détriment d'une deuxième couchede gens qui sont eux doublement écrasés.Riyad ne peut que disparaître.

T.H. : On a donc bien là une mère posses-sive ?N.M. : Je n'ai pas dit le contraire. J'ai juste ditqu'Aldjéria n'était pas une mère tyrannique etnévrosée.

T.H. : La scène la plus troublante du filmest celle où Mme Aldjéria voit son « busi-ness de prostitution » se retourner contreelle. Au lieu qu'on demande « une fille » comme cela se fait habituellement, onexige « son fils ». Elle est perdue notre

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marraine, accablée, elle ne trouve plus sesmots. Elle erre dans les jardins et on com-prend que c'est le début de la fin… N.M. : C'est peut-être là qu'elle se dévoiletotalement. « Tu n'es pas à ça près ! » répliqueMaître Djaffar. Et bien si, Mme Aldjéria n'estpas prête à « vendre » son fils. Dans DélicePaloma, on rêve aussi de maternité :Shéhérazade en premier. Mme Bellil, dont lemari a été incapable de lui faire un enfant. Etla femme de l'ancien ministre, qui a « toujoursrêvé d'avoir un garçon. ». La Fleur du Jour esttenue par une mère et son fils.

culture catholique. Et moi, j'étendrai aucinéma égyptien et même indien avec letravelling coup de foudre Paloma / Riyad.Avec ce troisième film, un style s'affirme,et une question se pose. Quel est ton par-cours ? Tes références cinématographiques ?N.M. : Mon premier film, je devais avoir àpeine cinq ans, c'était avec mon oncle,un westerndans un cinéma de quartier à Belcourt. J'aidormi tout le long. Je ne me souviens que de lasalle, de l'écran… À l'âge de l'école buissonnière,j'allais voir un peu de tout. Je me souviensavoir acheté des places au marché noir, telle-ment il y avait du monde, pour aller voir Adieuma Jolie. Jusqu'au début des années 80, il yavait encore pas mal de salles à Alger. Les filmsétaient uniquement en version française. C'esten arrivant à Paris, que j'ai découvert la versionoriginale et le cinéma dans sa profusion.

T.H. : Tu n'es pas venu à Paris pour faire ducinéma ?N.M. : Je voulais partir de la maison, voir ail-leurs. Et pour un Algérien, le premier ailleursreste l'ancienne métropole. J'ai fait quelques

FAIRE SONCINEMA AVECLES FEMMES

T.H. : Parlons de tes femmes au cinéma ! Leplus souvent, on te qualifie d'Almodóvaralgérien, mais Mme Aldjéria pourrait sor-tir d'une pièce de Tennessee Williams,déambulant dans une nuit d'été avec sonpeignoir en satin, se servant un verre dewhisky avant de monter à la terrasse pourprendre amoureusement son fils dans sesbras. Dans son bureau, elle est un MikeHammer qui tente d'embobiner cesclients. Pour les dialogues, c'est la tradi-tion du cinéma français : « Il ne faut jamaisboire seul, qui boit seul trinque avec lediable. » On imagine bien Arletty disantça. La situation, les personnages, le climat,la lumière rappellent plutôt le cinéma italienavec des références à la peinture et à une

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UN FILM FRANÇAIS OUALGERIEN ?

et l'Algérie ne fait pas partie de la franco-phonie institutionnelle.N.M. : Les Grecs, en se forçant d'effacer touteempreinte turque, n'ont pas pour autant res-suscité Platon. Ce que je sais, c'est que l'Algériesouffre aujourd'hui de l'échec des tentativesde création autoritaire d'une identité natio-nale, et que les premières victimes, c'est biennous.

années de droit à la faculté de Malakoff, etpuis j'ai fini par prendre des cours de théâtre,d'abord dans une école privée, puis à l'école duthéâtre national de Chaillot. Et pour sortir dela relation passionnelle du couple franco-algé-rien, je suis allé à Londres, puis New York, poursuivre deux ans de cours de cinéma à l'univer-sité (The New School for Social Research).L'Italie, où je séjourne régulièrement depuisune quinzaine d'années, est une influenceimportante aussi, source d'une fascinationpour la Renaissance et l'Antiquité.

riens. Il y a 16 millions d'Algériens qui parlentfrançais, près de 50% de la population. Le fran-çais est aussi notre langue. Ce qu'on perd enauthenticité en écrivant les dialogues en fran-çais, on le gagne en subtilité et en richesse devocabulaire.

T.H. : Cela peut prêter à confusion pour unspectateur complètement étranger à cettehistoire, d'autant plus que tes films sontfinancés en France. Délice Paloma est unfilm français ou algérien ? N.M. : L'ironie du sort, c'est qu'après les indé-pendances des pays du Maghreb, Paris estdevenu leur capitale culturelle. Pas seulementdans la production cinématographique, maisaussi dans l'édition, la recherche… Mes films

me ressemblent, et ressemblent à beaucoupd'entre nous qui sont le fruit de cette histoirefranco-algérienne, histoire douloureuse certes,mais c'est notre histoire. Quand tu es à Algeret que tu vas dans une boulangerie pour ache-ter une baguette ou un mille-feuille, tu ne teposes pas la question de savoir si c'est françaisou algérien. Il ne faudrait pas qu'un jour, onveuille arracher les figuiers parce qu'ilsauraient été introduits par les phéniciens.

T.H. : Tu ne peux pas ne pas prendre encompte la fragilité de l'identité algérienneet la volonté de la reconstruire. L'Algériea subi, par exemple, plusieurs réformes del'enseignement. Depuis 1981, le françaisest enseigné comme une langue étrangère,

T.H. : Ce parcours fait de toi un outsider,tenu par aucune tradition ou style, un êtrerelativement libre. Et justement, c'est cequi t'avait été reproché par certains criti-ques algériens : par exemple de filmer deshistoires algériennes en français.Personnellement, j'aurais aimé entendreplus de ce savoureux dialecte, ce franca-rabe qu'on entend dans la bouche duchauffeur de taxi ou de Shéhérazade.N.M. : Tu fais référence à la conférence depresse qui a eu lieu à Alger lors de la sortie deViva Laldjérie en avril 2004. Ce qui est para-doxal, c'est que ce reproche de tourner en fran-çais vient le plus souvent de journalistesfrancophones. Il est naturel pour moi d'écriredans cette langue. J'ai appris le Français àl'école algérienne avec des professeurs algé-

LE CASTING EST UN HOMMAGEAUX BÂTARDS ?

T.H. : Tu as parlé de pénurie d'acteurs enAlgérie. Comment s'est déroulé le casting ?Je sais qu'il a eu des annonces partout,dans plusieurs quotidiens arabophones etfrancophones.N.M. : On a vu plus de mille personnes en cas-ting à Alger. La majorité ne sont pas acteurs. Ily a par contre des personnalités particulières,des présences fortes, a qui l'on a attribué desrôles comme celui de Baya, du Passeur, Sarahla réceptionniste… Et qui donnent des person-nages quasi-documentaires, reflétant l'Algéried'aujourd'hui. Il y a eu des gens d'une trèsgrande générosité, comme en témoigne la tou-chante interprétation de Hafsa Koudil du per-sonnage de Mme Bellil.Aussi quelques acteursconnus : Ahmed Benaïssa (M. Bellil). Pour lesrôles de Riyad et Paloma, qui nécessitent uneinterprétation, qui demandent une évolutiondu personnage, il a fallu chercher ailleurs.

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T.H. : Pour un soldat, Mme Aldjéria n'estpas tout à fait courageuse face à cettefemme qui vient lui demander de retrouverson fils disparu. La guerre civile ressur-git dans le film à travers cette mère. Il yaurait eu en Algérie 20 000 disparus selon

« son palais arabe ». Les patrons de LaFleur du Jour veillent jalousement sur leurhéritage colonial. Mais, parlons d'abordde Riyad et de son père inconnu. La seulechose qu'on sait, c'est qu'il est Italien.Mme Aldjéria s'adresse à la caméra pournous le dire. Elle-même serait une descen-dante de Janissaires.Ta manière d'aborderla question de l'identité en Algérie, c'estde rendre un hommage aux bâtards ?N.M. : C'est une manière de faire un peu d'his-toire. C'est surtout une formidable énergie queveut insuffler Mme Aldjéria à son fils. Quoi deplus valorisant que de savoir que des esclaves,et donc des bâtards, ont été à la tête d'unimmense empire. Si inconsciemment MmeAldjéria rêve de porter la couronne deCaracalla, elle se comporte en réalité commeun Janissaire. Le fonctionnement de la maisonest proche de celui d'une caserne. La manièred'enlever Paloma à sa famille, de la faire entrerdans le clan… On est dans la culture du corpsde cette garde prétorienne de l'Empire Ottoman.C'est l'amour qui va précipiter la chute.Enfreindre une des règles de l'ordre : le célibat.

T.H. : J'ai appris au sujet de Nadia Kaci,qu'en France on ne lui donnait jamais derôles d'Algérienne parce qu'elle est tropblanche. Elle ne peut pas non plus jouerune française, puisqu'elle est algérienne.Dans Délice Paloma, Riyad est interprétépar un Maroco-Suédois, Paloma par uneArgentine. Il y aussi des acteurs françaiscomme Attica Guedj, Victor Haïm.Tu nesembles pas t'embarrasser de ce type deconsidérations.N.M. : Moi, je fais de Nadia Kaci une rousse,et comme j'aime Les Demoiselles deRochefort, j'accentue son côté FrançoiseDorléac. Comme Paradjanov, je profite de lamosaïque humaine que m'offre mon Caucaseà moi. Un Algérien ne se résume pas à unecouleur de peau. C'est une énergie, une ges-tuelle, un regard. Daniel Lundh a parfaitementréussi à adopter cette démarche traînante,indolente d'un jeune algérois. La manière d'AylinPrandi de veiller sur « sa petite fleur » est trèsfidèle à celle d'une jeune fille de Tipaza, sansparler de sa danse orientale. Il faut juste sedonner la peine de s'installer à une terrasse decafé algérois, par exemple, et d'observer lesgens déambuler.

T.H. : Tu parles de Caucase et on sait queles Janissaires, ces soldats esclaves otto-mans qui ont gouverné l'Algérie à partirdu XVIe siècle, viennent en majorité decette région du monde. Plusieurs person-nages sont liés à l'histoire algérienne :Paloma habite face à un mausolée maure duIVe siècle.Mme Bellil s'accroche à L'Alhambra,

LES GUERRESD'ALGERIE

Quelques mois avant le tournage, je suis allérendre visite à mon vieil oncle qui était au seuilde la mort. La seule chose dont il m'a parlé, etpour la première fois, c'était de vouloir retrou-ver la tombe de son père, mon grand-père.Pendant la guerre d'Algérie, mon grand-pèrepaternel avait été arrêté et conduit dans uncamp d'internement. On ne l'a jamais plusrevu. On connaît maintenant les pratiques del'armée française en Algérie. Après son exécu-tion, s'il n'a pas été donné aux chacals, il auraété au mieux enterré dans une fosse commune.On croyait que cet événement était passé,oublié. Non, ça revient plus de 40 ans après.

la Ligue des Droits de l'Homme.N.M. : En détournant le regard, Mme Aldjériaveut oublier. Oublier, pas parce qu'elle ne sesent pas concernée : elle possède la liste desassociations des droits de l'homme. Oublier,parce qu'elle sait qu'elle est impuissante. Et c'estcette impuissance qu'on perçoit dans ses yeux.

T.H. : Mais pourquoi la mère d'un disparu ?N.M. : Il m'est souvent arrivé de croiser cesfemmes devant l'Observatoire Algérien desDroits de l'Homme. Tant qu'il reste unemémoire vivante, un disparu n'est pas tout àfait mort tant que le corps n'a pas été retrouvé.

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LE RÊVE ALGERIEN

T.H. : Mme Aldjéria a payé sa dette enversla société par trois ans de prison. Mais cequi est terrible, c'est qu'elle a subi aussi lavengeance populaire, celle des voisins. Situ parles d'une société plus digne et plusjuste, est-ce qu'on n'appellerait pas ça lerêve européen de Mme Aldjéria : ce train

qui traverse l'Italie. Donc le rêve del'Algérien que tu es ?N.M. : Si je suis venu à Paris, ce n'est pas parceque j'avais faim. Ce n'est ni la misère, ni laguerre, qui a fait que j'ai choisi l'Europe. C'estparce que les sociétés occidentales restent pluségalitaires que les nôtres. Qu'il y a eu au XVesiècle cette superbe révolution artistique etintellectuelle qu'on appelle la Renaissance.L'homme se découvre lui-même, il découvreson identité, son visage, son corps, et ce que

suppose l'existence d'une conscience unique etindividuelle. L'homme devient le centre del'univers. Il est maître de son destin. Toutcomme c'est le désir, conscient ou inconscient,de ces hommes qui tentent de traverser ledétroit au risque de leur vie.

T.H. : Ce n'est pas pour trouver l'Eldorado ?N.M. : Ils savent très bien que l'Eldoradon'existe pas. La télévision par satellite est par-tout dans le monde. On a tous vu les récentes

émeutes dans les banlieues françaises, ou lesviolences racistes d'El Ejido en Espagne.Malgré cela, je n'ai jamais rencontré unAlgérien me dire qu'il rêve de s'installer enArabie Saoudite, et pourtant c'est un pays richeet musulman. Riyad sait très bien qu'il neretrouvera jamais son père. Et Baya sait parfai-tement ce qui l'attend.

T.H. : Quand je t'entends parler ainsi, unhomme au centre du monde, je ne peux

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pas ne pas penser au film de Pasolini,L'Évangile selon Saint Matthieu, un film dédié à Jean XXIII. Dans Délice Paloma,on apprend la visite de ce pape aux ther-mes. Et surtout l'apparition de la sœur dePaloma enceinte, qui fait référence à l'ap-parition de la Vierge dans le film : mêmedécor, même physique d'actrice. Il y a aussiune fresque à la fontaine des thermesreprésentant Saint Jean-Baptiste et une-toile dans le salon d'Aldjéria avec laSainte Famille. Quel est ton lien à toutecette culture ?N.M. : Je peux aussi te dire qu'il y a dansDélice Paloma d'autres références, entreautres au film de Monteiro, La Comédie deDieu. Je vois par ta question ce qui semble tetroubler en tant qu'Algérien. L'islam est unereligion abrahamique qui prend en compte lesautres révélations monothéistes. L'univers ducatholicisme ne nous est donc pas étranger, nisa pratique. Dans notre Islam populaire, orga-nisé autour du culte des saints, Jean-Baptiste,Sidi Yahya, a pleinement sa place. Tu parlaisde mon style qui s'affirme avec ce film. Je nesais pas si c'est un style, mais ma passion mepousse à m'emparer de toute forme, toutmatériau, qui me paraît nécessaire à la réalisa-tion d'un film. Le cinéma, art populaire, tisseune tapisserie de références culturelles, mythi-ques, religieuses, qui donnent sens au film. Lespectateur est libre de dénouer et recomposeren puisant dans sa propre existence. ■

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Tewfik Hakem est journaliste et producteur à France Culture.

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LES OISEAUXD'ALGER

« Vous entendez ! Des chardonnerets. »

Dans Délice Paloma, Riyad élève desoiseaux. Il perpétue ainsi une vieilletradition. À Alger, on aime la compa-

gnie des oiseaux chanteurs depuis toujours.Le chardonneret, el maqnine en algérois, estl'oiseau le plus prisé pour sa beauté et sur-tout son chant. Un chant indispensable àl'univers sonore d'Alger, un chant qui a mar-qué et inspiré depuis des siècles les poètes etles chanteurs du pays. On tient encore desconcours de chants de chardonneret. Sa répu-tation d'oiseau fier fait dire que lorsqu'il estbattu au chant, il se vexe, arrête de respirer,et se met en boule, ibouli. Certains d'entreeux pousseraient « le boulage » jusqu'à lamort. Le mulet, issu d'une mère canari et d'unpère chardonneret, est plus beau et meilleurchanteur, mais comme son nom l'indique, ilne peut se reproduire. Actuellement, sur lemarché des oiseaux, un beau chardonneretpeut atteindre les 50.000 dinars (500 euros).

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MUSIQUESTewfik Hakem - Dans tous tes films, tuaccordes une place importante à la musi-que, et surtout au raï. Dans DélicePaloma, chaque chanson peut illustrer unpersonnage, une situation. C'est même unechanson qui déclenche les souvenirs deMme Aldjéria : « Je pense à toi Paloma ».Nadir Moknèche : Il y a d'abord la musiqueoriginale qui est composée en grande partieavant le tournage. Pierre Bastaroli, avec qui jecollabore depuis Viva Laldjérie, s'inspire despersonnages sur scénario avant de voir les ima-ges. Et puis, il y a le raï. Le titre original de lachanson de Paloma est « Je pense à toi, jepense », une chanson de Houari Dauphin, dunom du cabaret oranais où il a débuté. Il racontesa passion pour une fille particulière, une fille

pas comme les autres, un peu comme Paloma.Le nom Paloma vient lui-même d'une chan-teuse raï : Fatiha Paloma.

T.H. - Pourquoi en particulier le raï ?N.M. : Le mot raï veut dire à la fois avis, opi-nion et désir. C'est l'expression de l'individua-lité dans une société où le clan doit l'empor-ter. Suivre uniquement son raï peut conduireà l'isolement, à se mettre au ban. J'ai com-mencé à écouter cette musique dans lesannées 80 avec cette chanson qui disait :« Rejoins-moi dans ma cabane et s'ils te sur-prennent, je te cacherais sous mon abon-dante chevelure ». Le « ils », ce sont tous ceuxqui les empêchent de s'aimer. Il n'y a pas plusfort que le raï pour exprimer cette souffrancedu manque d'amour, cette incapacité au bon-heur… Actuellement le raï est la seule vérita-ble expression populaire qui traduit sansdétour la personnalité algérienne.

T.H. : Et qui casse les tabous ! Ce n'estsûrement pas tout à fait anodin, si tu aspris Cheb Rafik dans ton film ?N.M. : Cheb Rafik interprète le répertoire deCheb Abdou, grande figure du raï grivois.C'est lui qui a lancé en plein milieu desannées de violence : « Ma tente est en feu,qu'on ramène les pompiers, la gendarmerie,la protection civile. » Sachant que la tentepeut être aussi le sexe féminin... Pour moi leraï est plus qu'une musique, c'est unemanière d'être, une philosophie de vie. Il fautêtre un raïman pour s'émouvoir à l'écoute d'un

appel à la prière et aussitôt aller boire unebière. C'est ce qui me lie à Biyouna. Être unraïman. Je sais qu'en l'installant au bar et enlui faisant écouter « Mazel kayen l'espoir » (ily a encore de l'espoir), chanson du défuntHasni, elle va se mettre à pleurer. Pas besoinde direction d'acteur. ■

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BIYOUNA légères et commérages profonds. Nadir meconseille quelques films : Le Parrain deCoppola, Gloria de Cassavetes, et JackieBrown de Tarantino, que j'ai adoré. Et moi, jelui conseille d'aller voir, dans tel ou tel caba-ret, des chanteurs et des chanteuses que j'ap-précie. Et puis arrive la troisième phase, letournage, là c'est… : « On ne se laisse plusaller, on joue ! ». Il nous cite souvent ce pro-verbe chinois : « Jouer mal, c'est se duper soi-même. Jouer bien, c'est duper les autres. » ■

BIYOUNA est née dans le quartierpopulaire de Belcourt au sein d'unefamille citadine d'Alger. Dans les

années 60, la petite Baya, ou plus affectueuse-ment Biyouna, dansait dans des orchestresféminins et dans des prestigieux cabarets del'époque tels « Le Copacabana » ou « LeKoutoubia ». En 1972, à l'âge de 19 ans,Biyouna décroche par hasard un petit rôle dansle cultissime El-Harrik, un feuilleton téléviséadapté de deux romans de MohamedDib(L'Incendie et La Grande Maison). Le succèsdu feuilleton est immense en grande partiegrâce à la gouaille de Fatma, le personnage quela jeune Biyouna interprète avec un naturelalors encore inédit sur les écrans algériens.

C'est ainsi que Biyouna, la danseuse des caba-rets, devient une icône populaire, plus célèbreque sa diva de sœur, la chanteuse Faïza. Lepersonnage de Fatma, la touaychia, fille espiè-gle et déconneuse, va lui coller à la peau.Cantonnée dans le registre comique, Biyounaattendra longtemps avant qu'on lui proposeun rôle dans un registre différent. Ce sera en1999, dans Le Harem de Mme Osmane, lepremier film de Nadir Moknèche.« Non seulement Nadir m'a permis de sortir durôle de la grande nouille sympathique parceque drôle, qui me collait à la peau, et du mondedes sketchs où je tournais en rond depuis deslustres ; mais il m'a aussi permis de sortir pourla première fois d'Algérie. J'ai découvert laFrance, puis le Maroc. Je savais qu'il était fande la Fatma du feuilleton El-Harrik, qu'il regar-dait enfant à la télé, mais je me demandais simoi en tant qu'actrice j'allais lui plaire. LeHarem de Mme Osmane, c'était le film demon émancipation ! Je sortais d'Algérie où jevivais une période difficile, et je me suisretrouvée face à Carmen Maura dans un filmdramatique. Enfin quelqu'un qui ne voyait pasen moi que la comique de service, enfin lachance se présentait pour me permettre dedevenir ce que j'ai toujours rêvé d'être : unecomédienne. À cinquante ans, je réalise mesrêves de 20 ans, voilà hamdoullah, Dieu soitloué, ça valait la peine de souffrir (rires…).Depuis, avec Nadir, j'ai tourné Viva Laldjérieet bien sûr Délice Paloma. En parallèle, j'aienregistré en France deux albums de chansonsRaid Zone (Warner Music 2001) et BlondePlatine dans la Casbah (Naïve 2006). J'ai fait

un spectacle à l'Opéra Comique avec Fellag.J'ai joué le rôle du Coryphée dans Electre miseen scène par Philippe Calvario, en compagniede Jane Birkin.Avec Nadir il y a trois phases de travail.D'abord la phase : « On se laisse aller et onrigole ». C'est quand il est en train d'écrire lescénario. Il vient à la maison, il m'en parle etil m'en fait parler. On sort la nuit, je me laissealler et lui il s'inspire de tout : de moi et de mesamis, surtout de moi ! Ensuite quand il a ter-miné d'écrire, c'est la phase : « On se laissealler, mais on ne rigole plus, on répète ». Pen-dant deux mois, j'allais le voir les après-mididans son appartement à Alger, qui se trouvaitdans le même immeuble que celui de MmeAldjéria - ça devait bien l'inspirer ! Un café, etaussitôt répétitions jusqu'à la fin de la journée.Le soir, c'est sorties entre amis, discussions

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NADIA KACI

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Tewfik Hakem : Depuis la jeune fille timide,renfermée de Bab El Oued City (1994) àl'extravagante Shéhérazade, on retrouvetoujours la même problématique de la fem-me algérienne,à savoir le statut de la femmedans une société patriarcale et musulmane.Nadia Kaci : Ce n'est un secret pour personnede dire que la condition féminine dans les paysmusulmans est un problème récurrent. Avec lecinéma de Nadir, on a affaire avant tout à desindividualités, à des personnalités. Et c'est unbonheur pour moi en tant qu'actrice. Dans LeHarem de Mme Osmane, La Rouquine est unefemme pragmatique. Elle accepte à certainesconditions d'être une seconde épouse. DansViva Laldjérie, Fifi est frivole. Elle est dans lajoie et la légèreté. Elle aime sa vie et la mèneau jour le jour sans trop se poser de question.Shéhérazade, elle, est dans un questionnementconstant sur son devenir. Elle souffre en cachette.C'est en cela qu'elle est très algérienne. J'aibien aimé que le point de départ de ce per-sonnage soit une femme errante, tellementdémunie, qu'on croit qu'elle a perdu la raison.Et comme tous ces petites gens, elle est trèsreconnaissante envers celle qui l'a sortie du «square ». Elle met toute son énergie pour réa-liser le rêve de Mme Aldjéria. Tu vois bien, onest loin des clichés de la femme arabe.

T.H. : En plus tu es rousse dans le film.Nadir parle souvent de ta beauté botti-cellienne. Ce n'est sûrement pas l'image qu'on se fait d'une Algérienne. Comment

as-tu abordé le personnage ?N.K. : Certains réalisateurs aiment que leurspersonnages ressemblent aux comédiens ouplutôt, à l'image qu'ils s'en font. Avec Nadirce n'est pas le cas.Transformer un acteur ne luifait pas peur. Au contraire, il adore. Ça tombebien, moi aussi. On s'est beaucoup amusé àtravailler sur le look de Shéhérazade. Dans lescabarets d'Alger, on voit beaucoup de filles encuissardes par exemples. Et puis, les dialoguesde Shéhérazade m'habitaient de façon assezobsessionnelle.

T.H. : L'amour d'une prostituée avec unintégriste, est-ce plausible ?N.K. : En amour, tout est possible. Shéhérazadea peut-être le sentiment que cette forme deliberté qu'elle vit n'est pas réelle. Elle a besoinde se sentir en conformité avec ce que notresociété attend d'une femme. Elle est aussi enquête d'une sécurité spirituelle et amoureuse.Et puis, c'est une histoire d'amour entre unhomme et une femme. ■

Nadia Kaci est née à Alger. Elle vit à Parisdepuis une quinzaine d'année.

Cinéma : Délice Paloma de Nadir Moknèche• Les suspects de Kamal Dehane • VivaLaldjérie de Nadir Moknèche • Tirésia deBertrand Bonello • Nationale 7 de Jean-PierreSinapi • Le harem de Mme Osmane de NadirMoknèche • Ça commence aujourd’hui deBertrand Tavernier • Tunisiennes de NouriBouzid • Douce France de Malik Chibane • BabEl-Oued City de Merzak Allouache • Sogdiane,royaume des Dieux de K. Shirmo.

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LYES SALEMAu cinéma :Délice Paloma de Nadir MoknècheBanlieue 13 de Pierre MorelAlex de José AlcalaA ton image de Aruna VilliersFilles uniques de Pierre JolivetLes boys, Les girls, Eva de François GérardRendez-vous in Samarkand de Tim BridwellL'école de la chair de Benoit JacquotCuisine américaine de Jean-Yves Pitoun

FADILA OUABDESSELAMAu cinéma :Délice Paloma de Nadir MoknècheViva Laldjérie de Nadir MoknècheL'innocence à vendre de Hamza BelhadjLes expulsés de Omar ChouchaneLa dernière solution de Rachid Ben AllalLes ailes brisées de RochdMimezrane de Ali Mouzaoui

DANIEL LUNDHAu cinéma :Délice Paloma de Nadir MoknècheO'Jérusalem de Eli ChouraquiThe Statement de Norman JewisonWeekend in Venice de Thierry Harcourt

AYLIN PRANDIDélice Paloma est son premier rôle aucinéma.

ACTEURS PRINCIPAUX

LISTE TECHNIQUE

Zineb Agha / Madame Aldjéria.............................................. BiyounaShéhérazade / Zouina...................................................... Nadia KaciPaloma / Rachida............................................................. Aylin PrandiRiyad.............................................................................. Daniel LundhMina................................................................ Fadila OuabdesselamMaître Djaffar.................................................................... Lyes SalemBaya............................................................................... Nawel ZmitMonsieur Benbaba.................................................... Abbes Zahmani Madame Benbaba.......................................................... Attica Guedj Madame Bellil................................................................ Hafsa KoudilMonsieur Bellil......................................................... Ahmed Benaïssa

Une production Sunday Morning Productions, Arte France Cinéma, Laïth Média (Alger), avecla participation du Centre National de la Cinématographie, de Canal+, de Cinecinema, duMinistère de la Culture «Alger, Capitale de la Culture Arabe 2007». En association avec PosteImage. Développé avec le soutien de la Procirep, de l'ANGOA-AGICOA, du ProgrammeMEDIA de l’Union Européenne. Distribution & ventes internationales Les Films du Losange

Réalisation et Scénario............................................ Nadir MoknècheCollaboration artistique........................................ Nicolas DeletoilleConsultant............................................................ Jacques MérienneProducteurs délégués............... Bertrand Gore - Nathalie Mesuret Co-producteur............................................................... Yacine LalouiImage...................................................... Jean-Claude Larrieu (AFC)1er Assistant réalisation........................................... Nicolas CamboisSon...................................................................... François WaledischMontage image................................................................ Ludo TrochMontage son.......................................................... Benoît HillebrantMixage................................................................ Jean-Pierre LaforceDécor....................................... Johann George - Sabine DelouvrierCostume.................................................................. Paule MangenotScripte....................................................................... Zoé ZurstrassenMusique originale..................................................... Pierre BastaroliCasting................................. Aurélie Guichard - Karine BouchamaDirecteur de production............................................... Richard Allieu

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LISTE DES MUSIQUES

MUSIQUE ORIGINALE Pierre Bastaroli

MUSIQUES ADDITIONNELLES

Bande originale du film disponible chez

«HABIBI YA AÏNI» (traditionnel)interprétée par Haïm Moshe

«QOLOU LI NASS» (Mahboub Bati)interprétée par Naïma D'ziria

«YOUM WARA YOUM» (Cheb Mami / Samira Saïd)

interprétée par Cheb Mami et Samira Saïd

«MAZEL KAYEN L'ESPOIR» (Cheb Hasni)interprétée par Nawel Skander

«LA MAN» (Marie Moör/Christophe)interprétée par Biyouna et Christophe

«JE PENSE A TOI PALOMA» (Aziz Kourbali)interprétée par Nawel Skandar et Cheb Rafik

«AÏN EL ZARQA» (Reda Doumaz)interprétée par Naïma D'ziria

«L'ALLEMANIA»interprétée par Cheb Ghazi

«CHRIKI HASTA LA VISTA» (Mouffok Bilal)interprétée par Cheb Rafik

«KELMAT EL HOB»interprétée par Cheb Rafik

«KI N'DILIH» (Cheb Abdou)interprétée par Cheb Rafik

«JE PENSE A TOI PALOMA» (Aziz Kourbali)interprétée par Nawel Skandar et Cheb Rafik

«AÏN EL ZARQA» (Reda Doumaz)interprétée par Naïma D'ziria

«L'ALLEMANIA»interprétée par Cheb Ghazi

«CHRIKI HASTA LA VISTA» (Mouffok Bilal)interprétée par Cheb Rafik

«KELMAT EL HOB»interprétée par Cheb Rafik

«KI N'DILIH» (Cheb Abdou)interprétée par Cheb Rafik

«HABIBI YA AÏNI» (traditionnel)interprétée par Haïm Moshe

«QOLOU LI NASS» (Mahboub Bati)interprétée par Naïma D'ziria

«YOUM WARA YOUM» (Cheb Mami / Samira Saïd)

interprétée par Cheb Mami et Samira Saïd

«MAZEL KAYEN L'ESPOIR» (Cheb Hasni)interprétée par Nawel Skander

«LA MAN» (Marie Moör/Christophe)interprétée par Biyouna et Christophe

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Longs métrages :2007 • Délice Paloma2004 • Viva Laldjérie 2000 • Le Harem de Mme Osmane

Courts métrages :1995 • Jardin1994 • Hanifa

NADIR MOKNECHE

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SORTIE LE 11 JUILLET 2007▼ • IM

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