Nada Sattouf: "21 modules anthropométriques. Du cynisme écopoetique!"

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Conférence au Colloque International "L'Écologie et l'écocritique: la littérature dans ses états units. Création, langage et cultures" (Université Libanaise, 2014).

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    21 modules anthropomtr iques

    Du cynisme copotique!

    Nada SATTOUF

    Rsum

    Les termes cocritique , colittrature , copotique ont fait flors dans les pays anglo-saxons. Les interprtations en sont multiples alimentant des discours sur la forme des textes et des uvres dart comme un appel reconsidrer lexpression de la pense cologique. Les arts visuels, entre autres, peuvent servir de terrain fertile pour de nouvelles ralits et des rapports au monde diffrents, mettant en cause des discours environnementaux socio-politiques.

    En se prtant une lecture copolitique, luvre de Santiago Sierra (n Madrid en 1966) est une critique de la mondialisation et de lexploitation de lhomme par lhomme. La lecture de luvre mettrait en lumire des relations quentretient lhomme avec son environnement socio-politique. Sy attache toutefois la manire brutale de sexprimer sur la question du travail et de lexposition de lartiste dont font tat les performances, les installations et les photographies.

    La sculpture 21 modules anthropomtriques (2007) est ralise par des personnes de lorganisme Sulabh International partir des djections humaines. Son aspect environnemental devient un moyen formel et un processus de prise de position politique et esthtique. Les modules, comme mtaphore file, ne prnent pas la reprsentation analogique de lenvironnement; cest le dplacement de luvre et le contexte de sa prsentation qui en dterminent laspect potique.

    Mots cls : copolitique, Santiago Sierra, 21 modules anthropomtr iques , environnement socio-politique.

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    partir des annes 1970, la reconnaissance des dommages infligs lenvironnement pousse de multiples usages du paysage aussi bien sur le plan cologique que critique. Laffirmation que lhomme fut toujours cologiste pourrait tre moins provocante quil parat premire vue si lon se basait sur le rapport que ce dernier a entretenu avec son entourage et les formes de la vie depuis laube des temps. Les murs des cavernes ne tmoignent-ils pas de la naissance dun style? Et que dire de lenchantement extrme quexerce la nature sur la sensibilit baroque en tant que reflet de linconstance et de la dmesure, en tant que miroir dun dchanement cosmique et de lcoulement temporel? Depuis quelle nest plus le miroir de lhomme calme et bien poli de la Renaissance, la nature na cess de se recrer dans sa reprsentation par le rcit et le mythe, dont le message artistique est, selon Eco, identifi avec la mtaphore comme une faon de dsigner une chose par le nom dune autre, et de prsenter ainsi la chose dune manire inattendue1. Luvre de Santiago Sierra, 21 modules anthropomtriques (New Delhi / Jaipour, Inde 2005 /2006, Londres, Royaume-Uni 2007), dont fait tat la prsente rflexion est aussi une mtaphore.

    Une rtrospective non intgrale rend intelligibles les paysages que nombre de peintures europennes reprsentent; je cite, titre dexemple, luvre de Claude Lorrain (XVIIe sicle). Les paysages italiens dans luvre de cet artiste sont choisis en fonction de leurs rfrences contextuelles lhistoire romaine. Ils tiennent une place exclusive servant de cadre aux scnes biblique, historique et mythologique. Lorrain, dont luvre est une source inpuisable dides sur le plan pictural, fonde les lois du dcor sur la symtrie et puise dans les ruines de Rome les lments pittoresques dune nature riche. Au XVIIIe sicle, de leur ct, les artistes amricains Thomas Cole, John James, pour nen citer que quelques-uns, reprsentent dans leurs uvres la flore et la faune sauvages du continent. Le XXe sicle tmoigne, quant lui, dun dsintrt envers les paysages en tant que modles imiter, et ce, dans une tentative de rinvention de la nature comme concept cl dune co-potique laquelle, sappliquant aux uvres dart, entre autres, celles de Sierra, acquiert une validit critique.

    Ainsi voit-on nombre dartistes intervenir dans le paysage, contribuer la subversion des discours sociopolitiques et miser sur les limites de la reprsentation du monde. Je nen cite que quelques-uns2 : dans les annes 1960, Nicolas Uriburu, voulant porter une attention toute particulire la pollution maritime tout en simposant les impratifs de sauvegarde des cosystmes, colorie en vert, laide de produits chimiques non polluants, les estuaires de grands fleuves du monde3 ; lors de la Documenta 7 de 1982, luvre de Joseph Beuys intitule 7 000 chnes verra le jour dans une grande crmonie cologique patronne par la Free International University o 7000 chnes furent plants. Le thme cologique proccupe galement les artistes de la deuxime moiti du XXe sicle. Le milieu naturel se rvle de la sorte dune plasticit dusage ouverte et lartiste en use 1 ECO Umberto, DAEDALUS, Marie-Christine GAMBERINI Innovation et rptition : entre esthtique moderne et post-moderne dans Rseaux, 1994, vol. 12, no 68, p. 11. 2 Les exemples sont tirs de : ARDENNE, Paul (2002), Un art contextuel. Cration artistique en milieu urbain, en situation, dintervention, de participation, Flammarion, p. 146-149. 3 Ibid. Les fleuves sont : le Rio de la Plata, la Seine, lHudson River.

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    comme tant une expression artistique contextuelle4 , et ce, selon une optique potologique5 dont limagination cratrice sinscrit dans la nature et en mme temps dans laction politique.

    En 1999, vers la fin de la guerre du Kosovo, le peintre Patrick Guillien-Steinbach voulant se servir de la terre comme matriau, ralise des uvres en blanc mme le sol sur une zone de passage de Mirages (avions de larme franaise), recourant au mme motif rpt, soit la silhouette du bombardier amricain B 52. Les contours de lavion dessin sur lherbe laide de la chaux blanche surgissent lchelle 1. Lon voit ici un dplacement de la nature vers la notion du territoire contrl par ltat, ainsi que le lien fatal entre le territoire et le pouvoir6.

    La relation sculpture/nature connat alors un autre tournant, o le paysage occupe, au dbut de lre minimaliste et dans les annes 1960, une place primordiale dans la pense de lartiste sculpteur dont le cadre de travail varie dune nature vierge et sauvage un environnement industriel et postindustriel. Cela nexclut pas la distinction quil importe dtablir entre, dune part, llaboration des fictions afin dinciter laction travers des programmes cologiques et, dautre part, la cration en gnral comme une incitation faire voluer la pense cologique7 . Force est de constater ici que la pense cologique souvre au domaine politique. Loin de prcher le retour la nature cher certains cologistes, elle prend diverses formes, invente de nouveaux styles et concepts et produit des rcits.

    Les uvres de Santiago Sierra en gnral, son uvre 21 modules anthropomtriques en particulier, se portent au niveau de lesthtique de la politique8 (la place accorde aux ouvriers dans la production de luvre) et de la politique de lesthtique (luvre en tant que telle et son dplacement). Quelle nature nat dans la pratique artistique de Sierra? Dans quelle mesure son uvre illustre-t-elle lexpression cologique, et quelle serait par la suite la mtaphore par laquelle se libre le pouvoir de la cration innovant notre conception du monde? Emprunt lallemand kologie (compos du grec maison et de discours , le terme cologie est forg en 1866 par le zoologiste et biologiste allemand E. H. Haeckel9. En sciences sociales et parlant des communauts humaines, le mot signifie tudes des relations rciproques entre lhomme et son environnement moral, social, conomique10. Il sen suit qu cocritique se rfre lanalyse de la relation entre lenvironnement, la politique verte et lesthtique. Loin de la description du ralisme simple, lcocritique se fixe comme axe central linterrogation sur les enjeux dune

    4 Ibid. 147. 5 BLANC Nathalie, Thomas PUGHE et Denis CHARTIER, Littrature et cologie : vers une copotique dans cologie et potique, no 36, 2008 / 2, p. 18. 6 ARDENNE, Paul, op.cit., p. 150. 7 BLANC Nathalie, op.cit., p. 17. 8 RANCIRE Jacques (2008), Le Spectateur mancip, La Fabrique : Il y a une esthtique de la politique au sens o les actes de subjectivation politique redfinissent ce qui est visible, ce quon peut en dire et quels sujets sont capables de le faire. Il y a une politique de lesthtique au sens o les formes nouvelles de circulation de la parole, dexposition du visible et de production des affects dterminent des capacits nouvelles, en rupture avec lancienne configuration du possible. p. 70-71. 9 Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. 10 Ibid.

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    esthtique artistique environnementale. De son ct, Cherylle Glotfelty sinscrit dans la mme ligne et dfinit lcocritique comme ltude du rapport entre la littrature et lenvironnement naturel11.

    Il nen reste pas moins que, mme si lcocritique comme mouvement de critique littraire et dtudes culturelles12 vit le jour partir des annes 1990, dans les universits de lOuest des tats-Unis, et sest rpandue par la suite dans le monde anglo-saxon (tat-Unis, Canada, Royaume-Uni, Australie), il est utile de rappeler que chaque culture produit son propre discours cologique. Michel Serres la bien dvelopp dans Hominescence, affirmant quil ny a pas une seule forme de lcologie politique et que celle-ci dpend du milieu sociopolitique : le mouvement cologique a plusieurs composantes : gopolitiques, conomiques, culturelles13 . Ce que nous retenons de Serres et que nous cherchons dans luvre de Sierra est de savoir quelle serait lexpression esthtico-politique dans la faon daborder la philosophie de la nature. Cela dit, la rfrence ltymologie du mot cologie et la notion du sociopolitique de Serres nous permet de brosser un portrait global des uvres de lartiste Santiago Sierra avant de nous attarder sur 21 modules anthropomtriques. Nous rflchissons sur lesthtique de la politique dans le sens o Sierra rpond aux formes de la domination conomique, plaant thiquement le rcepteur dans une situation dembarras et, galement, sur la politique de lesthtique, sur le rgime de la reprsentation du produit observ et interprt par le spectateur comme une uvre dart; sans oublier la signifiance que luvre acquiert par son dplacement.

    Sur lcocritique du nolibralisme

    N Madrid en 1966, Sierra sinstalle au Mexique en 1990 et depuis lors il se consacre un travail dinstallations et de performances14, lequel travail revendique une position paradoxale qui relve la fois du conformisme et de la provocation. Il voque galement le rapport quil entretient avec son environnement social, conomique et politique, ainsi que la lecture cocritique laquelle se prte luvre, bousculant dans son rapport avec lespace-temps une rception conforme et commune.

    Essentiellement prolifique, luvre du plasticien Santiago Sierra dveloppe une pratique artistique qualifie dactivisme politique15 et ce, partir de 1999. Engag au sens sartrien du terme, Sierra construit une figure de lartiste agissant dans le champ des conflits sociaux. Ce que les critiques contemporains entendent par cologie, par politique de lesthtique et par esthtique de la politique tmoigne du dsir de surmonter les moyens conventionnels de reconnaissance de la nature et mne tudier le rapport entre la conscience environnementale et lesthtique artistique. Et voici comment.

    11 Cit dans BLANC Nathalie, op.cit., p. 18. 12 Ibid., p. 17. 13 SERRES, Michel (2001), Hominescence, Le Pommier, Paris, p. 95. 14 Le contenu des performances et expositions est recueilli du Site officiel de lartiste : www.santiago-sierra.com. Consult le 8 aot 2013. 15 DELAGE Agns (2008), Rsister dans lextrme conformit : luvre du plasticien Santiago Sierra, dans Pandora : revue dtudes hispaniques, Universit Paris X Nanterre, dialnet.unirioja.es, p. 291.

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    Sierra labore une uvre qui est au cur de lcologie et de la critique du nolibralisme, sattribuant le rle demployeur et de commanditaire, prsentant le produit obtenu comme uvre artistique. Mexico la fin des annes 90, il tatoua une ligne verticale sur le dos dune personne ayant besoin dargent. En 2000, dans son uvre une ligne de 160 cm tatoue sur quatre personnes, expose en Espagne, quatre prostitues furent engages par lartiste pour se faire tatouer en change dune dose dhrone. Luvre 133 personnes payes pour teindre leurs cheveux en blond (2001, Venise, Italie) est ralise avec nombre de vendeurs la sauvette illgaux qui, migrant du Sngal, de Bangladesh, de la Chine, etc. vivent dans la misre. Dans luvre Deux joueurs de castagnettes (2002), deux aveugles qui font la manche dans le centre-ville de Mexico, furent engags par lartiste dans le but de jouer des castagnettes quatre heures par jour pendant un mois, soit la dure de lexposition. En 2002, 3000 trous de 180 x 50 x 50 cm chacun furent creuss en Espagne sur un terrain faisant face aux ctes marocaines. Luvre a t ralise par un groupe douvriers sngalais pour la plupart et marocains pour une rmunration selon le salaire minimum en Espagne, soit 54 euros pour huit heures de travail par jour, pendant un mois. Ces ouvriers ont-ils creus leurs tombes? En 2003, luvre Mur clturant un espace, installe Venise, a t construite du sol au plafond, place 65 centimtres du mur dentre et que seules les personnes prouvant la nationalit espagnole peuvent franchir. Luvre Maison de boue (2005, Hanovre, Allemagne) consiste disposer sur le sol et les murs dune maison, 320 m3 de matire (55 m3 de boue + 262 m3 de tourbe). Cette matire est faite initialement des sdiments de la Maschee, une rivire dont le risque bactriologique stait avr trop important.

    Santiago Sierra, 3000 trous de 180 x 50 x 50 cm chacun, 2002

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    La rflexion sur luvre de lartiste Santiago Sierra en gnral et celle quon propose sur son uvre 21 modules anthropomtriques en particulier ne sont pas au premier chef thmatiques. Elles nont pas non plus trait un savoir soucieux de lenvironnement, mais au processus de cration. Elles tentent galement dexplorer le versant copolitique dans le dessein dapprhender les rapports qui se tissent entre lintrieur et lextrieur de soi, moins dans une approche dimitation des formes de la vie, encore moins dans une lecture de la nature en tant que thme artistique, que dans un dsir de penser les nouveaux rapports entretenus entre lhomme et son habitat.

    Sur lesthtique de la politique ou les travailleurs de la pr-uvre

    On a vu que la volont de Sierra de politiser lart se manifeste dans ses pratiques diverses, entre autres, son uvre 21 Modules anthropomtriques ralise partir des djections par des personnes travaillant avec Sulabh International16, laquelle uvre mrite une attention particulire aussi bien sur le plan cologique que politique.

    Cette uvre a t rendue possible grce la collaboration de Dr Bindeshwar Pathak et de tous les travailleurs de Sulabh International. Elle est faite de 21 modules de djections humaines, chacun mesurant 215 x 75 x 20 cm. La matire fcale a t collecte New Delhi et Jaipur aprs avoir repos trois annes; cela la rend quivalente de la terre du point de vue sanitaire. Elle a t mlange un plastique agglutinant, et sche dans des moules en bois. Les gens qui travaillent pour le mouvement sanitaire Sulabh International sont pour la plupart des rcuprateurs qui ont d assumer la tche pnible, sur le plan physique et psychologique, de ramasser la matire fcale humaine. noter quen Inde, plus que la moiti de la population souffre dun manque dinstallation sanitaire pour maintes raisons anthropologiques et sociales. En collaboration avec cet organisme, Sierra ralise luvre en question.

    Dans le dessein de cerner les enjeux cologiques dans la politique, ainsi que la faon dont celle-ci se traduit dans la pratique artistique de lartiste, il importe de se fier la dfinition des notions suivantes : le politique, la politique et lesthtique. Les ides avances par le philosophe Jacques Rancire me serviront doutils de rflexion.

    Rancire dfinit le politique comme la rencontre de deux processus htrognes17 : le premier est celui du gouvernement auquel il attribue le nom de police, alors que le second est celui de lgalit quil dsigne par le mot mancipation ou la politique : Le politique sera le terrain de la

    16 Sulabh International Social Service Organisation (SISSO) qui est un organisme but non lucratif, de service social bas en Inde, dirig par le Dr Bindeshwar Pathak et qui travaille entre autres lassainissement de lenvironnement, aux sources non traditionnelles dnergie, la gestion des dchets. Lobjectif principal de cet organisme est de promouvoir les droits de la communaut la plus dfavorise et de basse caste appele les Bhangis (en hindi), daider construire des installations sanitaires dune manire faire un recyclage des excrments humains. Le mpris attach loccupation des Bhangis nengendre que des prjugs contre eux. Sulabh International mne la mission de dfendre le bien-tre de cette tranche sociale la plus opprime du pays. (http://www.sulabhinternational.org/). 17 Jacques Rancire (1998), Aux bords du politique, Gallimard, p. 112.

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    rencontre entre la politique et la police dans le traitement dun tort18. Dans ce sens, on a, dun ct, la police quincarnent le systme de mondialisation, la logique de domination des socits riches, les mcanismes de nolibralisme, lexploitation de lhomme, lordre, la gouvernance, le dcoupage socital bien dfini et, de lautre, la confrontation de la police, soit lmancipation (base sur la notion dgalit comme un concept oprant, mettant en question lordre) laquelle prend laspect de la rsistance politique dans lart. La politique rside dans le fait dattribuer luvre dart, soit aux 21 blocs faits des excrments humains, des capacits de prsentation qui ne lui sont pas donnes dans la socit. tablir une quivalence entre le produit en tant que tel et le mme produit en tant quune uvre dart constitue un acte dmancipation politique.

    En effet, lexposition de la production de ces 21 blocs tmoigne dun passage au culturel correspondant une certaine faon de se reprsenter lHomme, mettant en question aussi bien les formes de la vie contemporaine que le rapport avec le pass et laltrit. Cest une intention de restituer le pass vnementiel du produit et du producteur, soit les travailleurs de Sulabh International.

    Santiago Sierra, 21 modules anthropomtriques (New Delhi / Jaipour, Inde 2005 /2006, Londres, Royaume-Uni 2007)

    18 Ibid., p. 113. (Cest lauteur qui souligne Le ).

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    Dans 21 modules, la dconstruction du monde est tourne vers la reprsentation dun langage qui, sil nest pas loin du rel, souvre au moins une dralisation du monde et un avnement du Signe19. Le rcit de Sierra nous met devant des niveaux de sens toujours profonds. Luvre remplace le monde par un rseau de signes qui renvoient leur tour dautres constructions, ne ft-ce quaux conditions humaines (inhumaines) de la fabrication des modules. Le spectateur, se rfugiant dans luvre et dans le confort de sa prsentation, se trouve thiquement dstabilis, cherche dans les signes mis par luvre ceux de la pr-uvre. Ainsi luvre sera-t-elle reue comme une interdpendance entre nature, communauts humaines et rcit artistique. Sa perception et sa comprhension ne peuvent pas tre spares des dterminations physiques et politiques. Elles viennent au contact dune ralit avec lenvironnement, lhistorique de cet organisme sanitaire et la torture physique et psychologique des gens qui ralisent ce type de travail. Cest travers le contact avec une telle ralit et avec le rcit qui entoure luvre que le rcepteur interagit. Celui-ci est appel faire partie de ce monde et en tre la fois sujet et objet. Il rflchit sur la rinvention et la transformation des modes divers de son habitat, il ramnage son environnement culturel en langues plurielles. Ce que luvre nous offre voir cest son processus cratif sur le plan matriel ainsi que sur celui de lenvironnement socio-politique. Elle rclame galement une attention particulire la vie humaine, fondant une conception de lcologie soucieuse de la relation entre la terre et ce que lhomme y installe.

    La dmarche de Sierra rsiste au discours du no-libralisme. La valeur du travail que sous-tend luvre, la marchandisation laquelle participent les opprims sont bien relles. Luvre pose le rcepteur devant un dilemme : dune part, lpreuve cologique et lexploitation humaine, lasservissement des plus faibles et la valeur thique de linstallation et, dautre part, la signification esthtique de celle-ci. Aux rcepteurs de juger sil sagit l de la seule manire de rsister loppression contemporaine, de cynisme ou alors de nihilisme20.

    Aucune photographie ne montre le travail en cours de ralisation, selon les consignes de lartiste employeur oppresseur comme dans les autres uvres. Lartiste joue ici le rle dun consommateur du produit, bien conscient des conditions de production. Autrement dit, ce nest pas lartiste qui a rmunr le travail des employs; il se contente dexhiber un phnomne cologique de recyclage alors que les damns de la Terre le sont toujours dans cette uvre. Ceux-ci forment larrire-plan du happening artistique qui dnonce les mcanismes capitalistes. Comme la nature ayant horreur du vide, les 21 blocs sentassent et leur installation ne tarde pas mettre en scne une forme de coercition produite par un corps social qui est lorganisme. Derrire cette uvre se masque une vision du rel comme un thtre de cruaut sociale.

    19 GAVILLON Franois (2008), cocritique et colittrature amricaines lheure (post- ?) postmoderne , dans cologie & potique, no36, p. 86. 20 DELAGE Agns, op. cit., Rsister dans lextrme conformit : luvre du plasticien Santiago Sierra, p. 289.

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    Le Contrat Naturel de Serres prtend doucement tendre la notion de contrat social lensemble de lenvironnement naturel de lhomme21. Le "socialisme cologique" ou "lcologie sociale" [] intgrent leur propos le refus du capitalisme22 . Rappelons-le : le terme cologie fut invent en 1866 par le darwiniste allemand Ernst Haeckl. La thorie de lvolution, tout en permettant le dveloppement de lcologie, a par ailleurs donn lieu diffrentes formes de darwinisme social justifiant la domination du plus faible par le plus fort23. Lobjectif majeur de ce retour au darwinisme est de penser luvre dans une situation au confluent dune cration potologique et du refus du systme nolibral et industriel. 21 Modules est, en effet, la voie de la mise en cause des discours environnementaux socio-politiques, influenant la manire de la rception du monde et galement lcart entre le monde et sa reprsentation. La mtaphore serait le processus de cration par lequel le pouvoir de luvre se libre et le sens original se dclenche permettant de voir autrement la ralit. Plutt que de rduire luvre un projet cologique, thse allant lencontre de la pense plurielle dans laction de Sierra, la lecture cocritique de linstallation cherche bouleverser les ides prconues et conformes de la ralit reprsente ainsi que les rapports limits avec lenvironnement.

    Sur la politique de lesthtique et le dplacement

    Sierra ne fut pas le premier faire usage des excrments. Merda dArtista du plasticien italien Piero Manzoni ralis en 1961 se compose de 90 botes de conserve cylindriques en mtal (4,8 x 6 cm), hermtiquement fermes, prtendues contenir les excrments de lartiste, tiquetes, numrotes et signes24. Sierra nest pas non plus le dernier. Expose la galerie de lUQAM (Qubec, Canada), luvre Cloaca no 5 de lartiste belge de rputation internationale Wim Delvoye est une machine qui reproduit le systme digestif humain. Le titre, rappelant la marque de parfum bien connue, est lun des huit exemplaires uniques de la machine conue par Delvoye pour reproduire le systme digestif humain25. Programme par un ordinateur, nourrie par les visiteurs, le dispositif dfque diffusant des odeurs ftides.

    Lieu imaginer de nouvelles ralits et un rapport au monde diffrent, les uvres de lartiste interrogent lhumain et la socit dans laquelle celui-ci vit comme consommateur. Au lieu dtre rduites une simple intention mimtique, elles mettent en valeur la complexit de la nature grce celle de la cration, comme sil sagissait dune certaine adquation entre la production artistique et la nature.

    Ainsi lart ne peut-il tre lu sous loptique de la critique culturelle dorientation cologique tablie aux tats-Unis et en Grande-Bretagne partir des annes 1990, o les analyses ont port

    21 MOULIN Joanny Lcoposie britannique au dbut du XXIe sicle , dans tudes anglaises, 2007/3, vol. 60, p. 324. 22 Ibid. 23 Ibid, p. 325. 24 Fr.wikipdia.org/wiki/Merde_dArtiste. Consult le 21 fvrier 2014. Il est crit sur les botes en italien, franais et allemand : Merde dArtiste, contenu net gr 30, conserve au naturel, produite et mise en bote au mois de mai 1961. 25 www.journal .uqam.ca1archives/2008-2009/3510.pdh.

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    principalement sur llaboration thmatique de questions telles que la relation entre lenvironnement local [] entre la politique verte et lexpression esthtique, entre autres26. Le processus naturel se prsente comme une forme mtaphorique de la perception environnementale. Car toute uvre sapprte plus ou moins potentiellement une lecture cologique, dans la mesure o elle est situe dans un lieu et o elle sinscrit dans sa relation avec ce lieu.

    Le discours de luvre obit ici une esthtique de lobscurit27 du fait que la forme architecturale des 21 modules de Sierra (ayant tous les mmes dimensions) ne concide pas avec les conditions de leur production. Le devenir de luvre permet de rendre compte de lordre (ou du dsordre) du monde. Son clatement est de sorte que ni lauteur ni le destinataire ne revendiquent la certitude du sens. Lunit, sil faut tout prix la chercher, rside, dune part, dans la multiplicit que sous-tend le travail rptitif des employs de lorganisme et, dautre part, dans laccumulation dobjets homognes : les blocs sont numrots de 1 21 selon la logique de la construction srielle : dans la salle dexposition, sur des draps, ils sont placs linairement comme des stles. Cette accumulation - quon trouve peu dans la nature! - est signifiante, travers laquelle se libre un dluge de blocs dont laspect quantitatif intervient dans lapprhension de lespace. La modalit de prsentation, savoir lencombrement, sert-elle de qualifier dhyperbolique le signifiant par rapport au signifi? Ou plutt cest le signifi, soit lacte de recyclage de la matire fcale de lhomme et les conditions des rcuprateurs, qui est ici considr au-del de sa propre vrit? Linsertion de luvre dans lunivers bio-physico-chimique28 reproduit le milieu et permet une rinterprtation constante de lacte de rception. Lassemblage du produit excrmentiel et par la suite la disposition des modules se prsentent tel un espace architectural. Comme pour les architectes et les urbanistes, lenvironnement dsigne "le tissu de relations sociales, conomiques, gographiques, politiques et culturelles qui donnent naissance une ville dans et travers lhistoire29". Le rcepteur serait-il appel recevoir le placement des 21 modules comme une tentation de la part de lartiste distiller un remde dans le mal? Sagit-il dexposer un produit cologique incitant en cela lhomme la raction? Dans tous les cas, une certaine complicit entre lartiste et le rcepteur semble essentielle, permettant luvre de coller aux faits.

    La production artistique construit de la sorte un imaginaire cologique. Elle ne propose pas dans ce sens une utopie susceptible de crer une rconciliation ni une fusion de lhomme avec la nature, mais une sorte de dtachement et un questionnement sur la langue prte la nature. Elle est nanmoins fortement marque par les conditions de ralisation des blocs et ainsi par des signes humains. Luvre ne met pas le lecteur mancip devant un je lyrique que provoque la rencontre avec lcosystme, et qui traduit une faon cologique dhabiter le monde; elle suppose plutt que ce lecteur soit en mesure de se questionner, dune part, sur lalination du systme de mondialisation et, dautre part, sur leffondrement de laura de la beaut naturelle. Laspect esthtique de 21 modules permet-il de modliser linteraction du spectateur avec lenvironnement pris au sens large politico-cologique ? Le contraste qui est assez prononc entre ce qui est dgotant et ce qui est beau, cre 26 HEISE Ursula K., Surralisme et cologie : les mtamorphoses dAim Csaire dans cologie & politique, 2008, no 36, p. 69. 27 Claude-Gilbert Dubois (1973), Le Baroque, Profondeurs de lapparence, Librairie Larousse, p. 33 28 BLANC Nathalie, op. cit. p. 26. 29 Encyclopedia Universalis, vol. 6, 1968, p. 311-313, cit dans BLANC Nathalie Blanc, op. cit. p. 10. (Cest lauteur qui souligne).

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    un champ dinterprtation chez le spectateur sur lhistoire des faiseurs de poubelles et leurs nouvelles places de recycleurs. Le rcepteur rinvente ainsi sa relation avec la nature et les reprsentations quil sen fait. Une telle approche tente de sauver linstallation de la distanciation quune simple lecture cologique impose entre luvre et le regardeur et entre celle-ci et le monde.

    Loin de tout anthropomorphisme, 21 Modules se prte tre lue comme un document politique sans que la spcificit esthtique soit relgue au second plan. Elle propose un travail de perception travers la forme quelle prend, la rinvention et la complexit de la conception ainsi quune possibilit dhabiter lunivers dconstruit par les blocs spars puis reconstruits dans lensemble. Elle raconte de la sorte une histoire, dplace les personnages et cre de nouveaux concepts de lcocritique.

    Lenvironnement de lexposition de luvre, le contexte culturel et politique de son dplacement dterminent de leur ct son aspect potologique. Luvre se meut hors du muse, prenant la forme de caisses rcemment dballes, comme si on venait de recevoir un produit et quon tait en train de le coder avant de lexposer au public. Cest en effet cette tape qui rgle lespace-temps de luvre. Celle-ci qui prend lair dune marchandise, invite penser les conditions de production, surtout chez un spectateur mancip qui connat la pratique artistique de Sierra. Par la reconnaissance de ces signes, le rcepteur sengage dans une certaine lecture du monde. Quattend le regardeur de laccumulation horizontale des 21 modules : la rvolte contre ceux qui assignent aux marginaux le rle de rcuprateurs des excrments? La sympathie envers ces rcuprateurs? Ladmiration de la mission de lorganisme Sulabt International, ou lindignation devant le sentiment de voir dans ces formes gomtriques limage dgradante de la condition humaine? Rancire affirme que lefficacit de lart ne consiste pas transmettre des messages, donner des modles ou des contre-modles de comportement ou apprendre dchiffrer les reprsentations30 , elle consiste plutt disposer des lments dans lespace et le temps. Une telle disposition dfinit le rapport des lments les uns aux autres, ainsi que le rapport de ceux-ci avec leur environnement conomique, social et politique. De surcrot, loin dtre une pure mimsis, luvre de Sierra en emprunte une autre susceptible de prouver sa propre unit, et ce, en devenant le lieu de la politique de lart, cest--dire, un paradigme de reprsentation artistique. La prsentation ne prtend pas corriger le comportement de lhomme; les penses vhicules travers luvre sont incarnes dans luvre mme comme tant un mode dtre. Lentassement des blocs imite dans ce sens linquitude humaine, et peut-tre le nihilisme quengendrent le nolibralisme et louverture du march.

    Le dplacement des 21 modules de lInde Londres est connotatif dans la mesure o une stratgie de confrontation des lieux, des communauts sociales historiquement en conflit est mise en jeu. Si le premier lieu dexposition, soit lInde, est porteur de message pdagogique donnant une visibilit au recycleur des dchets humains, le dplacement de luvre vers Londres dclenche une autre dimension dinterprtation.

    30 Jacques Rancire (2008), Le Spectateur mancip, La fabrique ditions p. 61.

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    Sur le plan physique et non conceptuel, linstallation prserve son intgrit : le dplacement dun pays lautre naffecte pas laspect formel de luvre vu que les modules sont toujours dballs puis placs linairement. Pourtant, ceci gnre une valeur interprtative politique. En Angleterre, la chose est conue dans une optique politico-esthtique : le rapport historique colonis/colonisateur fait surface et un nouveau champ critique voit le jour. Lintention de lauteur nest plus la mme si lon admet que le produit emball passe dun rgime lautre. Le discours de mdiation artistique connat un virage avec le spectateur anglais : les blocs de terre/excrment, connotant en quelque sorte lhistoire coloniale anglaise, font valoir le dsquilibre de partage des ressources humaines dans la nouvelle mondialisation. Le rcepteur est plac devant une image dautrui qui nest pas ncessairement la sienne propre. De surcrot, laspect monumental des blocs est paradoxal : laccumulation de ceux-ci et la faon de leur disposition voquent les stles et sassocient la mort, alors que le contenu de recyclage rappelle la vie. La tension entre les pulsions de la vie et celles de la mort fait loriginalit de luvre, comme si les biens de la vie se faisaient aux dpens des vitaux.

    Quels vivants occupent le lieu dans le sens o Serres le conoit dans Le Mal propre. Polluer pour sapproprier? Et les deux lieux habits, soit lInde et lAngleterre, le sont-ils dune manire univoque? Pourrait-on confirmer comme le propose Serres que lappropriation des ces lieux dexposition se fait par le sale31? Luvre ne cesse de placer le spectateur dans des situations paradoxales. Et voici comment.

    Le sale dont est faite luvre ne lest plus. La matire obtenue est devenue de la terre du point de vue sanitaire. Elle ne cesse pas pourtant de rappeler les conditions pnibles des rcuprateurs, lesquelles soulvent des questions sur la condition du travail et sur le dsquilibre mondial quant au partage des ressources. Le sale propre prend ici une autre dimension : les 21 blocs, sil faut le rpter encore une fois, ressemblent des stles et sont accumuls dune faon srielle portant des numros allant de 1 21. Rappelons-le avec Serres que le carr de terre labourable, la pice de vigne ou de luzerne, le pagus des anciens Latins, appartenait, en propre, en effet, la tribu paysanne, en raison de la prsence des cadavres des anctres enterrs l, dans une tombe ou sous une stle de pierre32. Que sest-il enterr sous ses blocs stles si ce nest le pass des rcuprateurs, celui de leurs parents avant eux, mais aussi le futur prvu de leurs enfants. Et pourtant, la conciliation avec la vie pourrait tre de nature cologique. La matire biodgradable, la terre fertilisante, autrement dit, le propre tmoigne par sa prsence dune certaine criture tombale de la mondialisation.

    Parlant de Guernica et du devoir de rvolte de lartiste moderne, Picasso dclare "Non, la peinture nest pas faite pour dcorer les appartements. Cest un instrument de guerre offensive et dfensive contre lennemi".33 Dans ce sens, la politisation de lart serait le rapport opposant lartiste

    31 Michel Serres affirme que [p]our conserver quelque chose en propre, le corps sait y laisser quelque tache personnelle : sueur sous le vtement, salive dans le mets ou pieds dans le plat, dchet dans lespace, fumet, parfum ou djection, toutes choses assez dures mais aussi mon nom, imprim en noir, lencre, sur la couverture de ce livre [] Do le thorme que lon pourrait dire de droit naturel jentends ci par "naturel" une conduite gnrale chez les espces vivantes : le propre sacquiert et se conserve par le sale (Cest lauteur qui souligne). Mieux : le propre, cest le sale. Le Mal propre. Polluer pour sapproprier? (2008), Le Pommier, p. 7. 32 Ibid., p. 9. 33 Cit dans DELAGE Agns, op. cit., p. 278.

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    lordre tabli. Alors quon voit que pendant des gnrations, la dichotomie nature / culture a passionn crivains et artistes et sest fait remarquer par llaboration de nouveaux outils de vision du monde, lcocritique ou lcopotique, comme mouvement de la critique contemporaine, fait preuve dun ensemble de discours critiques.

    La lecture cocritique des 21 modules ne court pas le risque dtre une instrumentalisation artistique dans la dfense de la cause cologique. Sans revendiquer une validation morale, thique ou politique du message transmis, luvre comme lment reprsentatif, invite sinterroger sur le dispositif lui-mme. Le langage esthtique devient un instrument que le rcepteur ajuste afin de mieux articuler son exprience rfrentielle de la nature. Il convient dvoquer ici ce que Rancire appelle efficacit esthtique34 qui est celle du choc ou de discontinuit entre les formes sensibles de la production artistique35 et la faon dont elle est approprie par le spectateur. La "distance" esthtique36 se manifeste dans la sociologie de la rception. Si la forme sensible de luvre ne propose aucune ralit imiter, elle chappe un continuum entre lintention de lartiste, la modalit de la rception et lexpression de la vie.

    Lart de Sierra est politique parce quil montre les stigmates de la domination37. Il est subversif parce quil mobilise le spectateur et le place devant un paradigme ambivalent o lartiste joue la fois du conformisme comme oppresseur et de la rsistance la violence du systme salarial.

    Le processus de cration, sil tient compte de la collecte des dchets et de toute la procdure spatio-temporelle de recyclage, accorde luvre son piphanie artistique et en labore la signification. La posie de luvre se dfinit comme un lieu o le sujet humain construit une interaction avec son environnement considr comme son habitat, . Dans ce sens, la posie ne consiste pas reprsenter la nature selon une interprtation allgorique ni selon une rverie patriotique, mais forger la conscience dun monde en destruction, celui des faiseurs de poubelles . La perception des blocs savre pour un rcepteur mancip une r-appropriation culturelle de lhistoire de cette tranche de la socit condamne de pre en fils rcuprer les djections.

    Luvre ne se rduit pas une esthtique qui se fait lcho des processus de la nature. Bien au contraire, ce sont les produits cologiques des 21 modules et leur dplacement dun rgime politique un autre qui semblent mettre en cause le rapport avec et le concept mme de lenvironnement.

    34 Jacques Rancire (2008), Le spectateur mancip, p. 62 35 Ibid. 36 Ibid, p. 63. 37 Ibid., p. 57.

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    Rfrences bibliographiques

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