N°09•01

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ACOR N°01 lundi 2 janvier 2009 Catherine Bailhache [email protected] 02 41 57 11 08 06 11 92 56 40 Soizig Le Dévéhat [email protected] 02 51 81 59 33 06 85 03 73 65 www.contactdelacor.blogspot.com Créée en 1982, l’ACOR est une association inter- régionale implantée dans six régions de l’Ouest de la France – Bretagne, Centre, Haute et Basse-Normandie, Pays-de-la-Loire et Poitou- Charentes. Elle regroupe vingt-huit structures (cinémas pour la plupart labellisés « recherche » et associations) tournés vers la défense de l’art et essai et de la recherche dans le cinéma. L’ACOR a pour principal objectif la mise en œuvre, seule ou en collaboration avec des partenaires extérieurs, de pratiques com- munes de programmation, d’animation et de promotion des films, destinés à favoriser la découverte de nouveaux spectateurs et la rencontre des publics avec des œuvres cinématographiques et audiovisuelles variées et de qualité. COMMUNIQUE s o m m a i r e 1 Soutien GNCR 2 Soutiens GNCR 3 Soutiens AFCAE 4 Soutiens AFCAE jeune public 5 Soutiens AFCAE Répertoire, info distributeur avec le soutien de la DRAC Centre et des DRAC Bretagne, Basse-Normandie, Haute-Normandie, Pays-de-la-Loire et Poitou-Charentes A s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l o u e s t p o u r l a r e c h e r c h e présidée par Geneviève Troussier — coordonnée par : Catherine Bailhache et Soizig Le Dévéhat – bureaux ACOR – Port de Vallée – 49320 ST-SULPICE/LOIRE – tél : (33) 2 41 57 11 08 – fax : (33) 2 41 68 25 16 – [email protected] Soutien GNCR 24 City de Jia Zhang-Ke Chine – 2008 – 1H47 avec Joan Chen, Zhao Tao, Lu Liping Ad Vitam – 18 mars 2009 Festival de Cannes 2008 - Sélection officielle Edition d’un document 4 pages GNCR hendgdu aujourd’hui : des gratte-ciels à perte de vue et un panorama transformé en permanence. L’usine 420 et sa cité ouvrière modèle disparaissent pour laisser place à un complexe d’appartements de luxe : 24 City. Trois générations, huit personnages : anciens ouvriers, nouveaux riches chinois, entre nostalgie du socialisme évanoui pour les anciens et désir de réussite pour les jeunes. Leur histoire est l’Histoire de la Chine. C ’usine 420 est une fabrique de pièces détachées destinées à l’aviation militaire. Jia Zhang Ke l’investit en mêlant la fiction et le documentaire sans volonté de les opposer ou de questionner cette césure absurde. [...] L Il ne s’agit pas uniquement d’offrir un contrepoint. Dans les gravas du paysage chinois, c’est toute une manière de concevoir le cinéma que continue inlassablement de dépoussiérer Jia Zhang Ke. Au cœur d’un pays où tant de longs métrages se fabriquent à l’aide de petites caméras numériques et sans l’accord du Bureau du film de Pékin, l’ambition des jeunes réalisateurs est elle- même révolutionnée. Au lieu de désapprouver les conventions, ces derniers se demandent comment suivre une Chine en prise avec un changement perpétuel et gigantesque. Si la société harmonieuse prônée par le président Hu Jintao doit faire son chemin, le cinéma doit trouver le sien. Dans 24 City, Jia Zhang Ke continue d’associer matériel dernier cri (de la HD au rendu stupéfiant) et monde ancien en fixant calmement la disparition d’un complexe industriel qui laisse place à des lotissements dernier cri. La création se mêle au chaos. Le cinéaste dépasse aussi cette fascination ou ce dégoût militant envers le progrès. Politiser son film inciterait chacun à l’approuver ou non. Ne pas le faire offre la possibilité de percevoir la Chine autrement, en bousculant les a priori. Les portraits qu’il contient gomment la désignation habituelle du bien et du mal, au profit d’une manière affranchie de penser la mondialisation. De hauts-fourneaux en structures démantelées, leur auteur se porte dans les excavations de son pays, celles combinées de l’industrie et de la mémoire. Gagné par une inspiration inoxydable, il se sent chez lui aux abords des hangars désertés. Lorsque les ouvriers qui ont jadis investi ces lieux s’expriment, le siècle précédent est récapitulé, avec ses vicissitudes et ses joies momentanées, souvent en un seul plan fixe. Ce qui est d’avant-garde devient alors classique et ce qui est classique d’avant-garde : la mise en scène la plus élémentaire signe le renouveau. En friche ou manufacturé, le vingt-et-unième siècle a trouvé avec Jia Zhang Ke un regard à sa mesure. Julien Welter - www.arte.tv/fr [...] Austère, conceptuel, 24 City prolonge une réflexion sur l’interpénétration entre le documentaire et la fiction, que le cinéaste avait engagée avec Plateforme (2001). Hormis des inserts montrant les lieux condamnés à la pelleteuse, une chorale de femmes chantant L’Internationale, un papillon posé sur le rebord d’une fenêtre sale dans un hangar désaffecté, le film est composé uniquement d’entretiens. [...] Il y a une sorte d’entourloupe expérimentale dans cette succession de témoignages. Certains (ceux des ouvriers) sont pris sur le vif, d’autres pas. Jia Zhangke a fait rejouer certains des récits par des acteurs, « pour réaliser un devoir de mémoire », dit-il. « Tout s’oublie, on n’a plus le droit de parler d’histoire, ni de discuter d’hier. Moi, je cherche à comprendre d’où je viens, à lutter contre l’oubli . » Ce jeu de brouillage entre les émotions spontanées et les larmes factices produit parfois un effet humoristique. Une jeune femme raconte que les garçons l’avaient surnommée la « pièce standard » parce qu’elle était la plus belle de l’usine, et qu’elle s’identifia à « Petite Fleur », héroïne d’un film chinois de l’époque interprétée par l’actrice Joan Chen. Or c’est Joan Chen elle-même qui interprète le rôle de cette ouvrière : bel effet d’écho visuel entre une tranche de vie, une identification et une recréation sublimée. Education sentimentale du temps de l’adolescence, traumatisme d’une mère ayant égaré son enfant lors d’un voyage, bilan désabusé de la « Petite Fleur » restée célibataire : comme dans Still Life (2007), Jia Zhangke insiste sur les conséquences des mutations de la société sur la vie privée de ses protagonistes. Comme le poétise Yeats dans l’une des citations qui rythment le film, « les choses que nous avons pensées et faites se répondent forcément avant de s’estomper ». Tout l’art de Jia Zhangke est de garder trace de ce qui s’efface.[...] Jean-Luc Douin - Le Monde

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Communiqué de l'ACOR

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ACORN°01

lundi 2janvier 2009

CatherineBailhache

[email protected] 41 57 11 0806 11 92 56 40

SoizigLe Dévéhat

[email protected] 51 81 59 3306 85 03 73 65

www.contactdelacor.blogspot.com

Créée en 1982, l’ACOR est une association inter-régionale implantée dans six régions de l’Ouest de la France – Bretagne, Centre, Haute et Basse-Normandie, Pays-de-la-Loire et Poitou-

Charentes. Elle regroupe vingt-huit structures (cinémas pour la plupart labellisés « recherche » et associations) tournés vers la défense de l’art et essai et de la recherche dans le cinéma.

L’ACOR a pour principal objectif la mise en œuvre, seule ou en collaboration avec des partenaires extérieurs, de pratiques com-munes de programmation, d’animation et de promotion des films, destinés à favoriser la découverte de nouveaux spectateurs et la rencontre des publics avec des œuvres cinématographiques et audiovisuelles variées et de qualité.

C O M M U N I Q U Es o m m a i r e

1 Soutien GNCR

2 Soutiens GNCR

3 Soutiens AFCAE

4 Soutiens AFCAE jeune public

5 Soutiens AFCAE Répertoire, info distributeur

avec le soutien de la DRAC Centre et des DRAC Bretagne, Basse-Normandie, Haute-Normandie, Pays-de-la-Loire et Poitou-Charentes

A s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l ’ o u e s t p o u r l a r e c h e r c h eprésidée par Geneviève Troussier — coordonnée par : Catherine Bailhache et Soizig Le Dévéhat – bureaux ACOR – Port de Vallée – 49320 ST-SULPICE/LOIRE – tél : (33) 2 41 57 11 08 – fax : (33) 2 41 68 25 16 – [email protected]

Soutien GNCR24 City

de Jia Zhang-KeChine – 2008 – 1H47

avec Joan Chen, Zhao Tao, Lu Liping Ad Vitam – 18 mars 2009

Festival de Cannes 2008 - Sélection officielle

Edition d’un document 4 pages GNCR▼

hendgdu aujourd’hui : des gratte-ciels à perte de vue et un panorama transformé en permanence. L’usine 420 et sa cité ouvrière modèle

disparaissent pour laisser place à un complexe d’appartements de luxe : 24 City. Trois générations, huit personnages : anciens ouvriers, nouveaux riches chinois, entre nostalgie du socialisme évanoui pour les anciens et désir de réussite pour les jeunes. Leur histoire est l’Histoire de la Chine.

C

’usine 420 est une fabrique de pièces détachées destinées à l’aviation militaire. Jia Zhang Ke l’investit en mêlant la fiction et le documentaire sans

volonté de les opposer ou de questionner cette césure absurde. [...] LIl ne s’agit pas uniquement d’offrir un contrepoint. Dans les gravas du paysage chinois, c’est toute une manière de concevoir le cinéma que continue inlassablement de dépoussiérer Jia Zhang Ke. Au cœur d’un pays où tant de longs métrages se fabriquent à l’aide de petites caméras numériques et sans l’accord du Bureau du film de Pékin, l’ambition des jeunes réalisateurs est elle-même révolutionnée. Au lieu de désapprouver les conventions, ces derniers se

demandent comment suivre une Chine en prise avec un changement perpétuel et gigantesque. Si la société harmonieuse prônée par le président Hu Jintao doit faire son chemin, le cinéma doit trouver le sien. Dans 24 City, Jia Zhang Ke continue d’associer matériel dernier cri (de la HD au rendu stupéfiant) et monde ancien en fixant calmement la disparition d’un complexe industriel qui laisse place à des lotissements dernier cri. La création se mêle au chaos.

Le cinéaste dépasse aussi cette fascination ou ce dégoût militant envers le progrès. Politiser son film inciterait chacun à l’approuver ou non. Ne pas le faire offre la possibilité de percevoir la Chine autrement, en bousculant les a priori. Les portraits qu’il contient gomment la désignation habituelle du bien et du mal, au profit d’une manière affranchie de penser la mondialisation. De hauts-fourneaux en structures démantelées, leur auteur se porte dans les excavations de son pays, celles combinées de l’industrie et de la mémoire. Gagné par une inspiration inoxydable, il se sent chez lui aux abords des hangars désertés. Lorsque les ouvriers qui ont jadis investi ces lieux s’expriment, le siècle précédent est récapitulé, avec ses vicissitudes et ses joies momentanées, souvent en un seul plan fixe. Ce qui est d’avant-garde devient alors classique et ce qui est classique d’avant-garde : la mise en scène la plus élémentaire signe le renouveau.En friche ou manufacturé, le vingt-et-unième siècle a trouvé avec Jia Zhang Ke un regard à sa mesure.

Julien Welter - www.arte.tv/fr

[...] Austère, conceptuel, 24 City prolonge une réflexion sur l’interpénétration entre le documentaire et la fiction, que le cinéaste avait engagée avec Plateforme (2001). Hormis des inserts montrant les lieux condamnés à la pelleteuse, une chorale de femmes chantant L’Internationale, un papillon posé sur le rebord d’une fenêtre sale dans un hangar désaffecté, le film est composé uniquement d’entretiens. [...] Il y a une sorte d’entourloupe expérimentale dans cette succession de témoignages. Certains (ceux des ouvriers) sont pris sur le vif, d’autres pas. Jia Zhangke a fait rejouer certains des récits par des acteurs, « pour réaliser un devoir de mémoire », dit-il. « Tout s’oublie, on n’a plus le droit de parler d’histoire, ni de discuter d’hier. Moi, je cherche à comprendre d’où je viens, à lutter contre l’oubli. » Ce jeu de brouillage entre les émotions spontanées et les larmes factices produit parfois un effet humoristique. Une jeune femme raconte que les garçons l’avaient surnommée la « pièce standard » parce qu’elle était la plus belle de l’usine, et qu’elle s’identifia à « Petite Fleur », héroïne d’un film chinois de l’époque interprétée par l’actrice Joan Chen. Or c’est Joan Chen elle-même qui interprète le rôle de cette ouvrière : bel effet d’écho visuel entre une tranche de vie, une identification et une recréation sublimée.Education sentimentale du temps de l’adolescence, traumatisme d’une mère ayant égaré son enfant lors d’un voyage, bilan désabusé de la « Petite Fleur » restée célibataire : comme dans Still Life (2007), Jia Zhangke insiste sur les conséquences des mutations de la société sur la vie privée de ses protagonistes. Comme le poétise Yeats dans l’une des citations qui rythment le film, « les choses que nous avons pensées et faites se répondent forcément avant de s’estomper ». Tout l’art de Jia Zhangke est de garder trace de ce qui s’efface.[...]

Jean-Luc Douin - Le Monde

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Soutiens GNCRTokyo Sonata

de Kyoshi KurosawaJapon – 2008 – 1H59

avec Teruyuki Kagawa, Kyoko Koizumi, Haruka Igawa, Yu Koyanagi, Kai InowakiARP Selection – 25 mars 2009

Festival de Cannes 2008 – Un Certain RegardFestival de San Sebastian

Edition d’un document 4 pages GNCR▼

okyo Sonata dresse le portrait d'une famille japonaise ordinaire. Le père, licencié sans préavis, le cache à sa famille. Le fils ainé est de plus en

plus absent. Le plus jeune prend des leçons de piano en secret. Et la mère, impuissante, ne peut que constater qu’une faille invisible est en train de détruire sa famille.

T

...] Il suffit de voir les premières images de Tokyo Sonata pour comprendre que ce nouveau Kurosawa ne sera pas un Kurosawa comme les autres :

un plan fixe épuré balayé par un travelling discret qui évoque autant Ozu que Yoshida. La mère de famille ferme la fenêtre parce que dehors, la tempête gronde. Ce ne sera pas suffisant pour protéger son foyer déboussolé d'autres tempêtes, intérieures celles-ci. Pour ceux qui d'ordinaire sont rétifs au cinéma du jeune Kiyoshi Kurosawa, Tokyo Sonata risque pourtant de plaire à tout ceux qui ne voyaient en lui qu'un poseur outrecuidant, fier de ses effets, incapable d'y greffer la moindre touche personnelle (...). Or, ici, il est impressionnant de voir à quel point son nouveau long métrage possède justement cette personnalité que l'on a longtemps cherchée. Habitué aux histoires de fantômes et au genre fantastique - dont il essayait tel un artisan de démonter les ficelles usuelles avec l'élégance d'un Tourneur -, Kurosawa négocie un virage et décortique un drame social - genre certes pas nouveau pour lui (voir Licence to Live ; Séance et Jellyfish) mais dans lequel il n'a jamais convaincu - fondé sur l'éternel dysfonctionnement familial nippon. Sujet battu, rebattu, re-rebattu, mais qui, pour le jeune cinéaste, sert de terrain d'expérimentation à la fois formelle et narrative.

[

En effet, Kuro peut y concilier une atmosphère bizarre (...) et une substance très travaillée. Ses travellings et ses plans-séquences ne servent plus à faire joujou ni même à tester les résistances du spectateur mais veulent dire quelque chose, qu'il s'agisse de montrer une balade improvisée en Cadillac dont la destination reste inconnue en faisant passer un souffle de liberté sur fond de syndrome de Stockholm ou alors de filmer comme une mauvaise blague la longue file d'attente des actifs au chômage. Il radiographie surtout ce que le personnage principal - un père de famille soudainement soumis aux taches subalternes - doit orchestrer pour masquer son échec inavouable. [...] On avait les prémisses de cette "révolution Kurosawa" dans un film pourtant mineur (tourné pour la télévision) qui contenait déjà des trésors discrets d'émotion : Séance. Les personnages y étaient aussi brisés et déchirants. [...]

On est - enfin - content d'aimer pleinement un film de ce cinéaste. C'est son meilleur (le plus évident et le plus risqué) et il atteint un niveau supérieur encore à ses longs les plus estimables comme Cure (histoire de témoin du mal qui laissait le spectateur dans tous ses états), Séance (fausse ghost story et vraie ébauche dramatique sur la culpabilité glissante d'un couple fragile) ou encore Kaïro (alternative de films de fantômes japonais avec ses plans de trouille bleue). Tout ça, c'était bien ; mais là, c'est encore mieux. [...]

Romain Le Vern - www.dvdrama.com

Le Genou d'ArtémideItinéraire de Jean Bricard

Pierre Grise – 11 mars 2009

Festival de Cannes 2008 - la Quinzaine des réalisateurs

Edition d’un document 4 pages GNCR▼

le Genou d'Artémidede Jean-Marie Straub

France – 2007– 26' – 35mmavec Andrea Bacci, Dario Marconcini

d’après "La bête sauvage" de Cesare Pavese

Itinéraire de Jean Bricardde Danièle Huillet et Jean-Marie Straub

France – 2007 – 40' – 35mm – noir et blancd’après "Itinéraire" de Jean Bricard et Jean-Yves Petiteau

résentés en séance spéciale à la Quinzaine, ces deux films inédits sont les premiers à apparaître sur l’écran depuis la mort, en 2006, de Danièle

Huillet. De façon surprenante, c’est celui signé par le seul Jean-Marie Straub, qui se situe dans la parfaite continuité de leur ultime film commun, Ces rencontres avec eux. Le Genou d’Artémide est, en effet, une nouvelle mise en scène d’un “dialogue” de Cesare Pavese : celui entre deux hommes qui se font face, et discourent autour du rêve, du fantasme et de la mort. Ici encore, la radicalité du procédé (plan fixe, langue désuète) refuse toute interférence entre le dialogue et l’oreille, entre le cadre et l’œil. Mais, elle finit par en créer entre la sensation et l’intellectualisation.

P

Itinéraire... fait preuve du même entêtement à étirer une séquence (un bateau à moteur tourne inlassablement autour d’une île) dans le but d’approcher le moment ultime où l’attention est arrachée à l’ennui. Mais cela ouvre ici la possibilité de fixer cette attention sur autre chose, en l’occurrence des bribes de souvenirs d’enfance et le surgissement de la guerre qui les ternit. La vie même coïncide avec le rythme accidenté de la pellicule. Et c’est très beau.

Chloé Rolland

[...] ces deux films sont deux hommages tour à tour vibrants, déchirants à la disparue. Tous deux appartiennent à un sublime, ici violent, chaotique, celui d'une nature hivernale, et là douloureux et élégiaque à la fois au sein d'une nature luxuriante, frémissante.

www.institut.jp

Communiqué de l'ACOR N°01 – 2 fév rier 2009 – p 2

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Soutiens AFCAEBoy A

de John CrowleyGrande-Bretagne – 2008 – 1H40

avec Andrew Garfield, Peter MullanPyramide distribution – 25 février 2009

Festival du film britannique de Dinard : Grand Prix du jury et Prix du public

Edition d’un document 4 pages AFCAE▼

24 ans, Jack sort de prison où il a passé toute son adolescence pour un meurtre qu'il

a commis lorsqu'il était enfant.ADès sa libération, Terry, assistant social, l'emmène le plus loin possible de ce scandale encore présent dans tous les esprits. Terry lui donne un autre nom, lui trouve un travail, une maison. Dans cette ville d'Angleterre qu'il ne connaît pas, Jack se construit une nouvelle vie à laquelle il tente de se tenir.

...] Evitant constamment les envolées lyriques pour mieux servir son propos, à mi-chemin

entre le constat social et le récit initiatique, John Crowley filme au plus près ses sujets et cible petit à petit le coeur de son personnage principal, au battement toujours plus rapide... Un coeur qui tient à rien mais qui s'accroche à une nouvelle vie, à une existence fantasmée bourrée d'illusions et bâtie sur un mensonge. Jack est rongé, nous aussi... Il se doit de cacher son passé, ne pas révéler certaines de ses émotions et jouer constamment avec une vie qui n'est pas la sienne. Le film pose alors de vraies questions sur l'identité, sur le pardon et le changement pouvant s'opérer chez l'être humain. S'il laisse parfois planer le doute, de manière discrète et délicate, sur la vraie nature de son personnage, c'est pour mieux nous faire ressentir sa fugacité, sa fragile inconstance et notre profond attachement à cette figure fantômatique qui, finalement, n'existe plus vraiment. [...]

[

Ainsi le film ne pourrait être ce qu'il est sans Andrew Garfield, véritable représentation en chaîr de la force fragile, de la faille et du trouble identitaire. [...] John Crowley signe une superbe tragédie, une complexe réflexion sur la rémission et la grâce atteinte par un être innocenté par le temps. Une enfance meurtrie se transformant en un âge adulte tourmenté, un adolescent sur le tard qui découvre la vie avec les yeux d'un mort, un garçon comme un autre dont l'identité est inconnue. Un Boy A. Et si ce n'était pas son histoire que Crowley racontait, cela aurait très bien pu être celle du fils de Peter Mullan... Car au final, Boy A serait tout autant son histoire à lui.

Kevin Dutot - www.dvdrama.com

Tulpande Sergey Dvortsevoy

Kazakhstan – 2008 – 1H40avec Askhat Kuchinchirekov, Samal Yeslyamova

ARP Selection – 4 mars 2009

Festival de Cannes 2008 – Un Certain regard : Prix du Jury / Prix de l'Education Nationale/ Prix de la jeunesse

Edition d’un document 4 pages AFCAE▼

près un service militaire dans la marine, le jeune marin Asa retourne à la steppe

kazakh où sa soeur et son mari berger mènent une vie nomade. Pour commencer sa nouvelle vie, Asa doit d'abord se marier afin de devenir berger lui-même. Son seul espoir dans la région est une jeune fille prénommée Tulpan, la fille d'une autre famille de berger. Mais le pauvre Asa est déçu quand Tulpan le rejette en pensant que ses oreilles sont trop grandes. Asa persévère et continuer de rêver d'une vie qui n'est peut-être pas possible dans la steppe ...

A

nfin un signe, et pas le moindre, en provenance du cinéma kazakhe, dont on

n’avait pas reçu beaucoup de nouvelles depuis les coups d’éclat de Darejan Omirbaev (Kairat, Tueur à gages…).

ETulpan est le nom d’une jeune Kazakhe dont on ne nous montrera jamais le visage, mais juste la chevelure. Celle-ci suffit à faire rêver le jeune berger Asa, qui insiste pour l’épouser, malgré un premier refus opposé par la belle au motif que le prétendant a des oreilles trop grandes et trop décollées…Sur cet argument ténu, le cinéaste Sergeï Dvortsevoy, connu pour ses documentaires et dont c’est là le premier long métrage de fiction, réalise un film de dépaysement total, qui nous transporte dans le splendide Kazakhstan. Du soleil, de la terre sèche, de la poussière ocre dont les peaux paraissent teintées, des animaux (moutons, chameaux, ânes, tortue, chats et chiens…) et, surtout, un peuple extraordinaire de noblesse et de savoir vivre ensemble (...) : voilà de quel bois cinématographique et de quel sang humain est fait ce Tulpan, qui touche ainsi à une sorte de comble exotique, à la fois archaïque et moderne.La tranche de vie ainsi rapportée n’est pas exclusivement anecdotique : c’est un document brut sur ce coin de la Terre, béni des dieux et oublié des hommes. Ce pays est celui où Sergeï Dvortsevoy est né et auquel son cinéma voudrait rendre hommage. Un cinéma tout en reliefs dans un paysage plat comme la main : la steppe du Kazakhstan, qui constitue d’ailleurs le véritable personnage principal de Tulpan. Voilà un solide prétendant à la caméra d’or.

Olivier Séguret – Libération

Welcomede Philippe Lioret

France – 2008 – 1H55avec Vincent Lindon, Audrey Dana, Firat Ayverdi

Mars distribution – 11 mars 2009

Festival de Berlin 2009 – Sélection Panorama

Edition d’un document 4 pages AFCAE▼

our impressionner et reconquérir sa femme, Simon, maître nageur à la piscine de Calais,

prend le risque d'aider en secret un jeune réfugié kurde qui veut traverser la Manche à la nage.

P

uccès surprise au box office de l’année 2006, Je vais bien, ne t'en fais pas

consacrait aux yeux du public le talent de Philippe Lioret, cinéaste jusqu’alors plutôt méconnu malgré le succès d’estime de Mademoiselle. En ce début d’année 2009, Welcome, qui se présente dans sa filmographie comme le point culminant de son cinéma, devrait l’installer définitivement au rang des grands. On y retrouve toutes les caractéristiques essentielles à son œuvre, à savoir une exigence de point de vue marquée par la rigueur de ses plans ; une grande sensibilité alliée à une réflexion forte sur le social et le quotidien ; une capacité à utiliser le singulier des histoires pour révéler la nature humaine et dépeindre l’universel.Ce qui apparaissait en filigrane dans sa filmographie, éclate aujourd’hui au grand jour. Le cinéaste, à l’instar de Lucas Belvaux, mais en faisant preuve de qualités formelles plus solides, confirme son intérêt pour les classes populaires et moyennes, pour cette France d’en bas si peu cinématographiée, dont il se fait le chantre. Le personnage de Vincent Lindon est maître nageur. Sa vie, quelconque, est constituée de problèmes anodins - un divorce qui le ronge et l’angoisse de la solitude sans l’être aimé. Mais dans un monde en mutation, miné par les guerres et les exodes, le regard du cinéaste, encore plus large, se dirige vers l’au-delà de nos frontières, Lioret s’intéresse aussi à l’histoire de clandestins en route pour le nouvel eldorado britannique, arrêtés dans leur élan, alors qu’ils sont si près du but, par l’ultime épreuve de la traversée de la Manche. [...]

S

Au final, Welcome s’impose comme une œuvre brillante où le réalisme côtoie la rigueur de plans somptueux, sans céder à la gratuité de l’esthétique esthétisante (...). Intrigue et emballage font passer un message simple et courageux auprès du spectateur, forcément ému, qui, au moins pour deux heures, ouvre les yeux sur le sort des réfugiés qu’il croise pourtant dans la vraie vie tous les jours. Après un tel film, il serait difficile de rester encore indifférent.

Frédéric Mignard – www.avoir-alire.com

Communiqué de l'ACOR N°01 – 2 fév rier 2009 – p 3

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Soutiens AFCAE Jeune publicBrendan et le secret de Kells

de Tomm MooreFrance / Irlande / Belgique – 2008 – 1H20 – animation – à partir de 7/8 ans

Gébéka films – 11 février 2009

Edition d’un document d'accompagnement AFCAE▼

rendan, jeune orphelin de douze ans, vit dans l'abbaye de Kells. Quand il rencontre Frère Aidan, maître enlumineur et gardien d'un livre

inachevé, le jeune garçon n'a bientôt plus qu'une idée en tête : devenir à son tour enlumineur et parachever le livre ! Mais avant d'arriver à son but, Brendan doit tenir tête à l'abbé de Kells et pénétrer dans la forêt où l'attendent mille dangers... Par chance, il rencontre dans ce lieu interdit une enfant sauvage qui lui apportera sa protection et un peu de sa magie...

B

e cinéma d'animation européen n'a pas fini de nous émerveiller. Après le remarquable Mia et le Migou sorti au mois de décembre dernier, c'est au

tour de Brendan et le Secret de Kells de débarquer dans l'hexagone en février prochain. Très ambitieux, le film donne vie à une célèbre légende irlandaise où onirisme, christianisme et Vikings se taillent la part du lion. Une nouvelle fois, l'esthétique singulière, la beauté formelle et le scénario fouillé font du film une agréable surprise. [...]

L

Ce film d'animation se démarque d'emblée par l'esthétique si particulière dans le design des personnages et celui des décors. D'une grande harmonie, la beauté formelle est un vrai régal, tant l'univers est chatoyant et original. Puisant son inspiration directement dans les illustrations des enluminures celtiques du livre de Kells, le réalisateur Tomm Moore a réussi sans entorses aux matériaux d'origine à insuffler littéralement vie aux personnages du livre. À la fois simples et épurés, leurs traits sont d'une grande légèreté. Il s'en dégage une finesse plastique qui propose de véritables tableaux vivants. Le réalisateur s'amuse principalement avec une esthétique plane en 2D entre corps et décors, proche de l'esprit des enlumineurs des livres anciens et celui de certains livres jeunesse.L'inspiration essentiellement irlandaise permet d'insuffler au film un esprit visuel très personnel et atypique. Il faut dire que l'iconographie du livre est une source fondatrice de l'art irlandais, s'illustrant sur les pièces de monnaie du pays jusqu'aux blasons officiels. L'art celtique se remarque dans le moindre détail comme l'illustre le feu ou l'eau dont les formes en spirales rappellent les motifs des terres cuites de l'époque. L'autre grand point fort du film réside dans son animation d'une fluidité éblouissante. Le mariage entre les techniques d'animation traditionnelles et celles informatiques a fait merveille, au point de ne plus à les différencier. Le mouvement des personnages et celui des éléments du décor bénéficient d'un rendu plastique ultra dynamique qui procure au film une vivacité de chaque instant. Les passages en dehors de la forteresse sont des plus envoûtants, la faune et la flore s'animant avec fougue et expressionnisme.Cette richesse picturale est loin de réduire le film en une pure esbroufe visuelle. Bien au contraire, elle rentre parfaitement en adéquation avec le scénario qui est travaillé de telle sorte que petits et grands puissent y trouver leur intérêt. Comportant plusieurs niveaux d'interprétations, l'histoire et les symboles mis en scène sont recherchés, si bien que Pangur Ban n'est pas qu'une simple petite chatte, elle renvoie au christianisme celtique et à la mémoire d'Iona. Ainsi, chaque protagoniste possède de nombreuses facettes qui permettent d'enrichir la profondeur du film. L'univers fantastique et peu commun des enlumineurs mélange adroitement histoire de l'Europe et l'histoire de l'art. [...]

Gwenael Tison - www.dvdrama.com

le Petit fugitifde Ray Ashley, Morris Engel et Ruth Orkin USA – 1953 – 1H20 – à partir de 6/7ans

avec Richie Andrusco, Richie Brewster, Winnifred Cushing Carlotta films – 11 février 2009

Ce film a également reçu un soutien -partenariat du groupe AFCAE Répertoire

Edition d’un document d'accompagnement AFCAE▼

Brooklyn dans les années cinquante, la mère de Lennie lui confie la garde de son petit frère Joey, âgé de sept ans, car elle doit se rendre au

chevet de la grand-mère, malade. Lennie avait prévu de passer le week-end avec ses amis. Irrité de devoir emmener son petit frère partout avec lui, il décide de lui jouer un tour en simulant un accident de carabine sur un terrain vague. Persuadé d’avoir causé la mort de son frère, Joey s’enfuit à Coney Island, immense plage new-yorkaise dédiée aux manèges et à l’amusement. Il va passer une journée et une nuit d’errance au milieu de la foule et des attractions foraines…

À

n faisant oeuvre de mémoire, Carlotta nous offre avec le Petit fugitif, l'un des plus beaux films d'enfant qui soit et surtout l'une des références

explicites de la Nouvelle Vague française. En effet, avec cette ressortie en salles des plus attendue, c'est une merveille de liberté et de jouissance simple qui nous est donnée à voir. Dès lors, se priver de découvrir ou de revoir les aventures du petit Joey Norton entre Brooklyn et Coney Island serait plus que dommage [...]

E

Ecrit et filmé en 1953 par trois amis issus de la photographie ou du journalisme, le Petit fugitif impose d'emblée la simplicité de son histoire comme une condition de notre pleine et empathique adhésion. Ainsi, le sujet du métrage s'avère être une des clefs de sa réussite, en plaçant en son centre, le récit poignant et insoucieux d'un tout jeune garçon partagé entre la culpabilité d'avoir tué son frère et le bonheur de vivre ses rêves de cow-boy.

S'inscrivant aux côté des grands films d'enfant qui ont marqué l'histoire du cinéma et notre jeunesse, le Petit fugitif s'inscrit sans conteste à la suite du film de Chaplin, le Kid, des premiers métrage d'Abbas Kiarostami ou plus récemment des réussites que furent Cria Cuervos, Ponette, l'Eté de Kikujiro ou encore Nobody Knows , malgré l'abord de genres très différents. Et tout autant, est-il considérer en rapport avec le film de François Truffaut qu'est les 400 Coups, dont il est une référence avouée. (...)Outre son sujet et l'exceptionnelle hardiesse du jeune Richie Andrusco, ce qui retient également l'attention dans le Petit fugitif, c'est indéniablement la qualité cinématographique de son traitement, qualité qui s'exprime par une formidable simplicité formelle et une liberté de filmage surprenante pour l'époque. En effet, filmé en équipe réduite avec une caméra de petite taille qui empêche qu'on la remarque vraiment, le spectateur est embarqué par le dispositif mis en place, inclus dans le tourbillon d'une ville et de sa fête sans que n'apparaisse visiblement la dimension artificielle de l'ensemble. Et l'impression de goûter aux prémisses de la Nouvelle Vague, avant d'y être, n'est pas anodine. En effet, à la suite du réalisateur de Le Dernier Métro qui affirmait que sans le Petit fugitif, il n'y aurait eu ni les 400 Coups ni A bout de souffle, il faut reconnaître à ce film une importance historique manifeste dans l'Histoire du cinéma. Ainsi, comme a pu l'écrire Alain Bergala, le film de Morris Engel, Ruth Orkin et Ray Ashley impose inspiration biographique, visée naturaliste et enchantement à son propos, tout en composant avec son garnement de héros, un personnage aussi attachant qu'insouciant et gouailleur.

Jean-Baptiste Guégan - www.dvdrama.com

Communiqué de l'ACOR N°01 – 2 fév rier 2009 – p 4

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Soutiens AFCAE Répertoire Info distributeurl'Aventure de Mme Muir

de Joseph L. MankiewiczUSA – 1947 – 1H44 – 2 copies

avec Gene Tierney, Rex Harrison, George SandersSwashbuckler films – 11 mars 2009

Edition d’un document d'accompagnement AFCAE▼

u début du siècle, Lucy Muir achète une étrange maison dur la côte anglaise. Etrange en effet, car la demeure est occupée par son ancien propriétaire, le capitaine Gregg.

Enfin, par son fantôme...A

ette relation entre un fantôme qui

n'accepte pas sa mort et une vivante engluée dans le deuil est faite de regards transis, de conversations volées, de gestes maladroits. Mais ce qui naît très vite, c'est l'amour : au-delà des mots, au-delà du réel, impossible, torturé, jalousé. [...]

C

Formellement, on est proche de l'esprit des ghost story sauf que les deux personnages principaux nouent une relation inattendue. La mise en scène de Mankiewicz sobrement virtuose dans sa manière de créer une présence immatérielle joue avec les ombres dans les séquences nocturnes, orchestre des mouvements de caméra sophistiqués pour donner cette jolie impression qu'un ange veille sur le personnage principal. Les scènes d'extérieur ont été tournées à Pebble Beach et Monterey, en Californie. La musique du grand Bernard Herrmann se contente de décliner les émotions fluctuantes de madame Muir et revient pendant tout le film afin de raviver le souvenir d'une étreinte platonique. [...]En périphérie de l'histoire d'amour, Mankiewicz trouve matière à étayer ce qu'il affectionne depuis toujours : le mécanisme de manipulation entre les personnages (voir la relation entre Madame Muir et l'écrivain pour enfants, décrit comme séducteur et volage), la cruauté des rapports humains (Madame Muir et sa belle-famille) ou la peinture presque lucide du monde de l'édition (la rencontre avec l'éditeur où pour se faire entendre, il ne faut pas hésiter à s'imposer par la gouaillerie). Bref, tout ce qui s'exprime ici - tout sauf la frustration parce que le personnage principal croit fort en ce qui l'anime - est déchirant jusque dans les choix cornéliens de Madame Muir : choisir entre un fantôme et un vivant pour aimer de nouveau. [...] A ce titre, le récit est romantique sans jamais tomber dans les écueils de la mièvrerie et de la sensiblerie. D'autant plus que le film s'inscrit ouvertement comme un antidote à la niaiserie : tout ceux qui lâchent des larmes de crocodile sont irrémédiablement tournés en dérision. L'émotion, la vraie, naît justement de ce qui n'est pas explicable, de ce qui dépasse la raison, le temps, les conventions. D'un bout à l'autre, Mankiewicz regarde un monde de limbes. Le cinéaste alterne onirisme et réalité en croyant dur comme fer que ce qui relève de l'impossible est totalement vraisemblable (...). D'un bout à l'autre, Madame Muir s'interroge sur le deuil et l'affection : est-ce qu'elle fait le bon choix en décidant de tirer un trait sur le passé et de s'offrir dans les bras d'un inconnu? Possède-t-elle encore un pouvoir de séduction ? Tant de questions qui poussent à célébrer les forces transcendantales du rêve, du désir et du romanesque. Si on peut la considérer comme l'une des plus belles histoires de fantômes avec peut-être Les ailes du désir, de Wim Wenders [...].

Romain Le Vern - www.dvdrama.com

A noter également, les soutiens/partenariats AFCAE répertoire pour

Occupe-toi d'Améliede Claude Autant-Lara

France – 1949 – 1H32 – 2 Copies – Les Acacias – 28 janvier 2009avec Danielle Darrieux, Jean Desailly, Louise Conte, Julien Carette

Amélie, une cocotte entretenue par Milledieu, se prête à un mariage blanc pour aider Marcel, un ami de son amant, à toucher un héritage. Mais une idylle naît entre les faux mariés.

les Prédateursde Tony Scott

USA / Royaume-Uni – 1983 – 1H40 – 2 copies – Mission distribution – 4 février 2009avec Catherine Deneuve, David Bowie, Susan Sarandon, Cliff De Young

New York, dans les années 80. Miriam et John sont un couple de vampires. Ils se nourrissent du sang de leurs victimes pour rester jeunes. Mais John réalise subitement qu'il fait les frais d'un processus de vieillissement accéléré. Il consulte le docteur Sarah Roberts, gérontologue de renom. La rencontre de Sarah et Miriam provoque l'imprévisible : les deux femmes tombent amoureuses l'une de l'autre.

Puisque nous sommes nésdocumentaire de Jean-Pierre Duret et Andrea Santana

France – 2008 – 1H30Pierre grise – 25 février 2009

Festival de Venise Orizzonti 2008Grand Prix et Prix du Public Festival de Namur 2008

oulogne-sur-Mer, Nord Pas-de-Calais. Marie-Rose est la propriétaire de l’une des casses les plus importantes

de la région. Elle dirige son entreprise d’une main de fer et règne en maitre sur sa famille, un clan de ferrailleurs qui vit pratiquement en autarcie. Aurélia, étudiante en sociologie, prépare son mémoire de fin d’études. Elle a rendez-vous avec Marie-Rose. Au moment où elle arrive, Marie-Rose est hospitalisée. Aurélia commence alors son travail auprès de la famille. En l’absence de Marie-Rose, les langues se délient et les noeuds familiaux se révèlent

B

igné par deux habitués des plateaux des frères Dardenne, et consorts, Puisque nous sommes nés

dresse le constat bien sombre d'un Brésil inégalitaire et extraordinairement dur. Notamment pour sa jeunesse.. En effet, en décidant de suivre deux enfants entrant dans l'adolescence, Jean-Pierre Duret et Andréa Santana ont décidé d'un modus operandi bien particulier. Dire les rêves et les espoirs d'une jeunesse délaissée en suivant le quotidien et l'entourage de Cocada et Nego, deux amis que la pauvreté assaille. Ainsi, la veine documentaire qui irrigue le film permet par ce choix de narration d'imposer un sujet difficile avec une vigueur et une virtuosité rares.

S

Coproduit par Jamel Debouzze dont l'investissement est à saluer, Puisque nous sommes nés nous donne donc à voir autant le destin des jeunes désoeuvrés des pays du Sud que la trajectoire particulière de ses deux jeunes héros du Nordeste. Profondément humaniste et faisant pourtant montre d'un salutaire recul, le métrage lève ainsi le voile sur la difficulté quotidienne à vivre l'extrême dénuement, tout en montrant l'extraordinaire capacité de réaction et d'espérance d'une jeunesse sans avenir. Le tout dans une optique qui n'est pas sans rappeler le très précieux Chop Shop malgré des modalités complètement opposées. (...)

Puisque nous sommes nés s'impose donc comme l'exemple type du film citoyen, prenant le parti d'une exploration critique et sensible du monde. Intensément porté sur l'humain et la compréhension de son environnement, le film réalisé par le duo franco-brésilien échappe de surcroît à la tentation d'un misérabilisme facile. De même, évite-t-il l'écueil majeur de ce genre de production, à savoir une sécheresse formelle et visuelle récurrente. A contrario justement, Puisque nous sommes nés ose une monstration et un filmage ouverts et panoptiques. Passant avec aisance d'une veine introspective à une approche plus générale et symbolique, ce film parvient en effet à concilier deux échelles, deux distances et donc deux approches du sujet qu'il s'est choisi. Et cela pour la plus grande richesse de notre compréhension. [...]

Jean-Baptiste Guégan - www.dvdrama.com

Communiqué de l'ACOR N°01 – 2 fév rier 2009 – p 5