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N° 3022 DU 9 NOVEMBRE 2013 LE MAGAZINE DE LA MARINE NATIONALE PA Charles de Gaulle Une nouvelle génération de pilotes PAGE 22 La Marine contribue À la lutte contre l’immigration illégale PAGE 20 Commando Kieffer Recrutement à Lorient PAGE 30 LE RENSEIGNEMENT ET LA MARINE RETOUR AUX SOURCES :HIKLNJ=[UWYUV:?n@a@c@c@k" M 01396 - 3022 - F: 2,40 E

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LE RENSEIGNEMENT ET LA MARINE RETOUR AUX SOURCES

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ÉDITORIAL

LE MAGAZINE DE LA MARINE NATIONALE

La fonction renseignement, souvent rebaptisée plus largement « connaissance-anticipation », estindissociable des missions des unités de la Marine. Il suffit d’ouvrir Flotte de Combat pour

se rendre compte que pour certaines unités, c’est la mission principale. Ce qui est moins connu en revanche, c’est qu’il s’agit d’une action réflexe de toutes les unités navales en opérations.

En effet, pour opérer efficacement en mer, il faut à lafois savoir appréhender le milieu maritime, être capablede recueillir l’information sur les mobiles qui s’y trouventet pouvoir identifier les menaces (côtières ou non) afinde s’en prémunir ou les détruire le cas échéant.

Évidemment, la prédiction est une notion essentielle. Les lois de la physique s’appliquantà tous de la même manière, opérer en mer nécessite d’appréhender une myriade deparamètres et de s’en accommoder. Toutes les données qui influent sur les senseurs(radars, sonars, infrarouge, vue…) et les systèmes d’armes ont un impact sur l’effica-cité opérationnelle. La compilation de ces informations au fil du temps permet d’anticiperla façon dont il va être possible ou non d’agir, et éventuellement d’imaginer comment.C’est donc d’abord une question de sécurité dans ce milieu instable et parfois hostile.

En outre, l’endurance à la mer est l’une des caractéristiques des navires de guerre.Cette persistance de l’action facilite l’accumulation de connaissances sur l’activité de lazone(1), la sensibilité aux évolutions des situations ou des comportements et l’apprécia-tion des seuils de crise potentiels. Cela se fait par l’analyse et la synthèse des observa-tions optiques, des signaux électromagnétiques, acoustiques, radio… L’expertise permetde déduire de l’analyse des postures et des comportements, les niveaux d’activité et deréactivité. Il est également envisageable d’anticiper des modes d’actions éventuels ou demesurer la traduction militaire d’une volonté politique. Bref, il est possible de conseillerles décideurs.

La connaissance des menaces est également indissociable de l’efficacité et de la protectionde nos unités. Ainsi, la neutralisation d’un radar adverse impose successivement de l’avoirintercepté (écouté), identifié (comparé avec une base de données) et de disposer de lois de contre-mesures(2) efficaces pour le contrer. On imagine aisément que cesavoir-faire ne s’improvise pas.

Loin d’une manœuvre ponctuelle, le renseignement nécessite en réalité une chaîne d’exper-tise à terre, prolongée en mer à bord de nos unités qui agit dans la durée. Nos équipagesont ce réflexe inné, consubstantiel de la performance opérationnelle de la Marine.

Capitaine de vaisseau Philippe EbangaDirecteur de la publication

(1) « Pattern of life ».(2) Brouillage et leurrage.

SOMMAIRE

LE RENSEIGNEMENT ET LA MARINE

RETOUR AUX SOURCES

PASSION MARINE 12

VIE DES UNITÉS 2020 Lutte contre l’immigration clandestine :

La Marine, un maillon de la chaîne22 Une nouvelle génération de pilotes à bord du

Charles de Gaulle24 Joint Warrior 13.2 : manœuvres

aéromaritimes au large de l’Écosse25 Le Vendémiaire aussie !

PORTRAIT DE MARIN 2626 Dans la ligne de mire27 Des idées fraîches !

CHRONIQUE DU PERSONNEL 2828 Devenez officier !30 Kieffer recrute

ESPACE LOISIRS 3131 Livres : Ormuz ; Philippe Kieffer, chef des com-

mandos de la France Libre ; Il fallait y croire,Alexandre Lofi, héros du jour J

AGENDA 33

AZIMUT 4

COLS BLEUS CHANGE 6Un nouveau logo

ACTUALITÉS 77 Antilles : M. Manuel Valls à bord du Germinal

et du Ventôse • Séance solennelle de rentréede l’Académie de Marine • Un marin françaisfélicité par le First Sea Lord

8 Chevalier Paul : « Plug and play » avec l’USSNimitz • Un Falcon 50 M déployé en Atalante

9 Kurukuru 2013 : opération de police despêches pour La Glorieuse et l’Arago •Corymbe : le PM L’Her en Guinée et au Togo

10 Aconit : opérations de sécurité maritime dans le golfe Arabo-persique • 4e édition del’Armada de l’Espoir à Concarneau

11 Le Germinal arraisonne un voilier transportantplus de 300 kg de cocaïne • Marines étran-gères : mise à flot du BPC Vladivostok

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Zones économiques exclusives françaises

Département, collectivité ou territoire d’outre-mer

Bases permanentes à l’étranger et outre-mer

CLIPPERTON

POLYNÉSIE FRANÇAISE

ANTILLE-GUYANE

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St-Pierre-et-Miquelon

ST-PIERRE-ET-MIQUELON

Clipperton

Polynésie française

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-BarthélemySt

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GuadeloupeMartinique

Guyane française

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Dakar

Amers et Azimut

Point d’appui

25 bâtiments 2 000 marins en mer

Situation des bâtiments déployés du 30 octobre 2013

Au large de Brest CMT Pégase Préparation opérationnelle

Manche / mer du NordPSP Pluvier O

Au large de la GuyaneBH Borda Déploiement hydrographique

AtlantiqueBHO Beautemps-Beaupré Déploiement hydrographiquePSP Cormoran Opérations de surveillance maritimeAviso PM L’Her Opération Corymbe

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RÉUNION-MAYOTTE-ÎLES ÉPARSES

TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES

WALLIS-ET-FUTUNA

NOUVELLE-CALÉDONIE

S

La Réunion

Wallis-et-Futuna

Nouvelle-Calédonie

Mayotte

Djibouti

Abu Dhabi

Libreville

D

 

EN OPÉRATIONS PERMANENTES :

Sous-marin lanceur d’engins (SNLE)Atlantique II (+ opération Serval)Commandos (+ opération Serval) Fusiliers marins : équipes de protection embarquées (EPE)

Méditerranée orientaleFAA Cassard Déploiement

e / mer du NordP vier Opérations de police des pêches

TAAFPB Albatros Déploiement

Paci�queFS Prairial DéploiementFS Vendémiaire Déploiement P400 La Glorieuse Opérations de police des pêches

oiement hydrographiqueP ations de surveillance maritimeA ation Corymbe

Au large de ToulonAviso CDT Bouan Préparation opérationnellePSO L’Adroit Opérations de surveillance maritimeFASM Dupleix Préparation opérationnelle

Océan IndienFLF Aconit Opération Enduring FreedomPSP Le Malin DéploiementFS Nivôse DéploiementBatral La Grandière Préparation opérationnelle

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VIE DESunités

COLS BLEUSchange

1Un logo n’est pas un joli dessin que l’on appose par-tout. Il est la représentation graphique de l’identitéd’une organisation. Il en reflète les valeurs et surtoutil permet à tous de la reconnaître et de s’y reconnaître.

Ravalement de façadeCréé en accord avec les standards de l’époque, lelogo actuel de Cols Bleus méritait d’être revisité.« Trop tassé, assez mécanique, nous évoluonsaujourd’hui dans un univers où l’on cherche plus d’es-pace », explique l’enseigne de vaisseau Paul Senard,de la rédaction du Sirpa Marine. « Il ne s’agissait pasde faire un petit lifting comme pour certaines marques.Le ravalement de façade était nécessaire. » Tout aulong des travaux de refonte, la rédaction du Sirpa s’estattachée à garder l’esprit et les valeurs de Cols Bleus,magazine « historique » de la Marine, qui rassem-ble les marins. « Le but est de rester proche de nos lecteurs », insiste l’EV Senard.

UN NOUVEAU LOGOLa « Galaxie » Cols Bleus(1), qui sera lancée en janvier 2014, offrira aux marins, à tous les membres de la communauté Marine et au potentiel infini de nouveaux lecteurs qu’offre l’Internet, de nouveaux supports pour s’informer de l’actualité de la Marine nationale et de ses missions. Cols Bleus dévoile, pas à pas, les coulisses de ces changements. Dans ce premier épisode : découvrez le nouveau logo.

Dessine-moi un logoLe travail graphique s’est fait par itérations, le crayoncollé sur la page. Gribouillages et papiers froisséss’entassaient. Trois ébauches très différentes sontsorties du lot. Après quelques ajustements, le nouveaulogo Cols Bleus est né. « Dans la version initiale, nousavions créé un logo avec juste les mots Cols Bleus. Puisil nous a semblé important d’ajouter la mention en-des-sous Marine nationale. Même si c’est une évidence,rappeler queCols Bleus est une marque de la Marinenationale, nous a semblé déterminant. »Un logo se construit en recherchant toujours lacohérence. « Nous n’avons pas voulu d’un logo com-plètement éclaté. Nous avons souhaité un cadre rec-tangulaire qui présente un aspect sérieux et posé »,explique l’EV Senard. Certains éléments symbo-liques forts se devaient de figurer, comme le pom-pon rouge. Le code couleur de la Marine devait êtrerespecté : le bleu, le rouge et évidemment le blanc.

« Nous avons également privilégié des lignes épuréeset les lettres minuscules qui donnent un aspect inti-miste. » D’un autre côté, les majuscules de « Marinenationale » apportent une certaine prestance, uneforme d’élégance. Même la police et les espaces entreles lettres ont été pensés et testés.

Une identité déclinée partoutCe logo sera la signature de la marque Cols Bleus,vous le retrouverez sur tous les supports : le maga-zine mensuel, les lettres hebdomadaires envoyées àtous les marins, mais aussi sur le site internet colsbleus.fr.®

(1) Voir Cols Bleus n° 3020, pages 4 et 5.

Dites-nous ce que vous pensez du nouveaulogo : [email protected]

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INFOactus

ANTILLES M. MANUEL VALLS À BORD DU GERMINAL ET DU VENTÔSE1 Jeudi 17 octobre, lors de son déplacement auxAntilles, M. Manuel Valls, ministre de l’Intérieur,s’est penché sur la question de la lutte contre les tra-fics illicites et notamment le narcotrafic. Il s’est renduà bord des deux frégates de surveillance Germinal etVentôse et a assisté à une démonstration d’intercep-tion de go fast(1) par les commandos marine.Au cours d’une conférence de presse à bord du Germinal, le ministre a souligné l’action de la Marinenationale dans la lutte contre le narcotrafic. Il a

SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE DE L’ACADÉMIE DE MARINE

1 Mardi 15 octobre, la séance solennelle de rentréede l’Académie de marine, a rassemblé sous la prési-dence de l’amiral Xavier Magne, inspecteur généraldes armées-Marine, représentant l’amiral BernardRogel (CEMM), académiciens, autorités, récipien-daires, familles et amis. Cette séance solennelle a étél’occasion de dresser un bilan des actions conduitesau cours de l’année écoulée et d’annoncer les princi-

paux jalons de l’année à venir. Elle a également per-mis de rendre hommage aux académiciens décédésrécemment, mais aussi de marquer officiellementl’accueil de nouveaux membres. Enfin, différents prix,mentions ou bourses ont été décernés, comme chaqueannée, par l’académie à des auteurs, chercheurs ou par-ticuliers pour leurs œuvres, travaux ou parcoursremarquables.Parmi les lauréats, deux marins d’active ont étérécompensés par l’académie. Le capitaine de corvetteÉric Brothé, actuellement affecté à l’état-major de laforce de l’aéronautique navale, a reçu une médaille

UN MARIN FRANÇAIS FÉLICITÉ PAR LE FIRST SEA LORDn’avoir à bord du Lynx qu’un seul pilote couplé àun observer, responsable de la tactique et de la navi-gation. Ils auront appris à voler en binôme et à exé-cuter toutes les missions dévolues à cet hélicoptère. Cette affectation s’inscrit directement dans lavolonté de rapprocher concrètement les deuxmarines. L’EV1 Ribot est désormais intégré à undétachement du 815 Squadron et affecté à bord dela frégate T45 HMS Diamond qui effectuera undéploiement en océan Indien. La présence excep-tionnelle du First Sea Lord à cette cérémonie sou-ligne les liens particuliers entretenus entre la RoyalNavy et la Marine nationale. ®

(1) Le chef d’état-major de la Royal Navy.

1 « Well done, Thomas! Welcome to the Lynxfamily. » Ce sont les mots prononcés le 27 septem-bre par le First Sea Lord(1), l’amiral Sir George Zam-bellas, à l’EV1 Thomas Ribot sur la base d’aéronau-tique navale britannique de Yeovilton, lors de lacérémonie de remise de macaron. L’EV1 Ribot étaitaffecté depuis août 2012 au 702 Squadron de la RoyalNavy, pour suivre une formation d’« observer » surhélicoptère Lynx. Cette cérémonie s’est déroulée en présence desfamilles, du CV Éric Luxembourger, commandant labase d’aéronautique navale de Lanvéoc-Poulmic, etdu CV Yves Le Corre, attaché naval. Elle concrétisela fin d’une année exigeante pour six jeunes piloteset « observers », la Royal Navy ayant fait le choix de

des mains de l’ingénieur du génie maritime (2S)René Bloch pour son ouvrage Aventuriers de laFrance libre. Quatre garçons pour l’honneur de laMarine (Éditions L’Harmattan, juin 2012). Le pre-mier maître Philippe Velly a reçu le prix MauriceLebrun(1). Affecté au sein des ateliers du Servicelogistique de la Marine à Toulon, le PM Velly estchef de l’atelier des groupes froids, divers méca-niques. Il a été récompensé pour avoir instauré denouvelles procédures d’intervention.®

(1) Voir portrait p. 27.

L’INGÉNIEURGÉNÉRAL DU GÉNIEMARITIME (2S) RENÉBLOCH A REMIS SONPRIX AU CC BROTHÉ.

ALLOCUTION DE L’AMIRAL XAVIER MAGNE, INSPECTEURGÉNÉRAL DES ARMÉES-MARINE.

notamment félicité l’équipage de la frégate pour sadernière prise. Le 10 octobre, le Germinal avait arrai-sonné en haute mer, à plus de 700 milles nautiquesdes côtes de la Martinique, un voilier transportantplus de 300 kg de cocaïne(2).®

(1) Puissants hors-bords utilisés par les narcotrafiquants pour opérer dansla mer des Caraïbes.(2) Voir article p. 11.

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INFOactus

HOMMAGE AU MP LANRIECUn dernier hommage émouvanta été rendu vendredi 25 octobre, sur la place d’armes de la force maritimedes fusiliers marins et commandos, au maître principal Maurice Lanriecdécédé des suites d’un grave accidentde parachute. La cérémonie était présidée par le VAE Christophe Prazuck, directeur du personnel de la Marine, accompagnédu VAE Labonne, préfet maritime de l’Atlantique, et du CA Coupry,commandant les fusiliers marins etcommandos. Elle a permis à toutes lesunités lorientaises – École des fusiliersmarins, base des fusiliers marins et commandos, commandos marine,groupement de soutien de la base de défense, BAN Lann-Bihoué – de luirendre hommage et de soutenir safamille. Un détachement de l’escadrillePoitou et du commando parachutiste air n°10, membres également ducommandement des opérationsspéciales, avaient fait le déplacementdepuis Orléans.

CONFÉRENCE ANNUELLE DE LA NRF À BORD DU MISTRALUne fois par an, la France, la Grande-Bretagne, l’Espagne et l’Italie – lesquatre nations contribuant à l’alerte NatoResponse Force (NRF) – se rencontrentafin d’analyser les sujets communs.Ainsi, le contre-amiral Éric Chaperon,commandant de la French MaritimeForce (FRMARFOR), a reçu ses troishomologues, le 17 octobre, à bord duBPC Mistral. Cette conférence a permisde développer une compréhensioncommune des problématiques maritimesde l’Alliance et de renforcer leurconnaissance mutuelle. À terme, chaquenation est susceptible de prendre le commandement d’une opérationnavale de l’Otan au travers de ses forcesaéromaritimes de réaction rapide. C’estla Marine nationale qui assure cettealerte depuis le 1er janvier dernier.

ACTUALITÉ DE FRMARFORLe CA Chaperon assurera, dans lesprochaines semaines, le commandementà la mer de l’état-major du groupeaéronaval (TF 473), alors que sonadjoint, le CA Bléjean commandera à lamer la TF 465, foce européenne de luttecontre la piraterie Atalante.

E N B R E F CHEVALIER PAUL « PLUG AND PLAY » AVEC L’USS NIMITZ

1 Déployée en Méditerranée depuis la fin du moisd’août, la frégate de défense aérienne (FDA) ChevalierPaul a assuré l’escorte du porte-avions USS Nimitzdu 20 au 22 octobre. Sur demande de l’US Navy, leChevalier Paul a ainsi constitué une bulle de pro-tection autour du porte-avions. Au premier tri-mestre 2013, la frégate avait déjà intégrée aux côtésd’escorteurs américains, au sein du groupe de l’USSJohn C. Stennis déployé en océan Indien. C’est enrevanche la première fois qu’une frégate françaiseendosse seule cette responsabilité, habituellementattribuée aux escorteurs américains.Cette mission d’escorte témoigne notamment de laconfiance de nos alliés dans les capacités de défenseaérienne de nos frégates. Ses équipements lui per-mettent d’assurer en permanence une capacité dedétection, de commandement, de contrôle et d’ac-

tion dans un espace aérien complexe jusqu’à 200nau-tiques. Fort de l’expérience de son précédent déploie-ment, le Chevalier Paul a su s’intégrer au CarrierStrike Group 11 et assumer la fonction d’Air DefenseCommander (commandement de la défenseaérienne). Familière des procédures et des modesd’actions américains, la FDA s’est aussi vu confierla fonction de Fleet Air Defense Identification ZoneCoordinator. Plus connue sous le nom de Red Crown,cette fonction a pour objectif de vérifier la conformitéde l’identité des différents aéronefs qui entrent ou sor-tent de la zone aérienne autour du porte-avions. La réussite de ce « plug and play» a démontré lacompatibilité des unités de défense aérienne fran-çaises avec un groupe aéronaval américain. Ellerésulte de nombreux entraînements passés et attestedu niveau de savoir-faire de la Marine.®

UN FALCON 50 M DÉPLOYÉ EN ATALANTE

1 Du 4 au 21 octobre, un avion de surveillancemaritime Falcon 50 Marine (F50 M) de la flottille24F, basée à Lann-Bihoué, a été déployé à Djibouti.Il a participé aux missions de surveillance planifiéespar l’état-major de la mission européenne de luttecontre la piraterie Atalante.

Avec son équipage, une équipe tech-nique et deux officiers opérations,en complément des moyens navalseuropéens déjà engagés, le F50 M aassuré, depuis Djibouti, des mis-sions de surveillance et de rensei-gnement au-dessus du golfe d’Adenet de l’océan Indien. Sa principalemission : la surveillance maritimedans l’International Recommen-ded Transit Corridor, un axe denavigation de 490 nautiques situédans le golfe d’Aden, par lequel plusde 20 000 navires, principalementmarchands, transitent chaque

année. Le détachement a également effectué des mis-sions le long de la côte somalienne. La vitesse élevéede patrouille et la forte capacité tactique de l’aéronefont permis à l’équipage de guider durant plusieursheures des unités navales pour intercepter des bateauxsuspectés de se livrer à la piraterie. ®

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UN ATL2 PARTICIPE À UNEOPÉRATION DE SAUVETAGEAU LARGE DE DAKARLe 18 octobre, le centre régional opéra-tionnel de sauvetage et de surveillance deGris-Nez est prévenu par le MartitimeRescue Coordination Center de Madridque le navire de pêche espagnol RiasBaïxas Un est en difficulté au large du Sénégal. Onze marins doivent être secou-rus rapidement. Un avion de patrouillemaritime Atlantique 2 de la flottille 21F,engagé par ailleurs dans l’opération Ser-val, est envoyé sur place afin de guider lesnavires de pêche et de commerce pré-sents dans la zone et susceptibles de récupérer les naufragés. À la demande del’ATL2, l’Explorer 3 se déroute vers les canots de survie où est rassemblé l’équi-page. Les naufragés ont été récupéréssains et saufs, ainsi que les débris présentant un danger pour la navigation.Cette opération atteste, une nouvelle fois,de la polyvalence des ATL2 prépositionnés.

DEUX BÂTIMENTS-ÉCOLESÀ CORKInvités par le ministre irlandais de la Dé-fense, les bâtiments-écoles (BE) Panthèreet Lion ont participé au Naval Festival du18 au 21 octobre, en Irlande. Ce festivals’inscrit dans le cadre de la Rebel Weekde Cork, grand rassemblement populairecélébrant l’insoumission de la ville à sesenvahisseurs. Sous la pluie battante et avec des rafalesde vent de 40 nœuds, le patrouilleur irlan-dais Lé Eithne passe la flotte internationaleen revue avec à son bord le ministre irlan-dais de la Justice, de l’Égalité et de la Défense, M. Allan Shatter, et le chefd’état-major de la Marine irlandaise, l’IrishNaval Service, le commodore Mark Mellet.Après un échange de salut « humide »,toute la flottille s’est dirigée vers Cork,pour accoster en plein centre-ville sous lesregards admiratifs de la population locale.

DEUX ÉLÈVES-OFFICIERS DÉFILENT À MADRIDLe 12 octobre, les aspirants d’Arco etBastide ont participé au défilé militaire àMadrid, lors de la fête nationale espa-gnole présidée par le prince Felipe. Dansle cadre d’un échange bilatéral, ces deuxélèves-officiers sont intégrés depuis septembre à une promotion au sein del’École navale espagnole de Marín (Galice,Espagne), afin de suivre un semestrecomplet de formation. Leur participation« al Día de la Hispanidad » est une pre-mière depuis la mise en place de cetéchange. Ils doivent regagner Lanvéoc enjanvier prochain.

E N B R E FKURUKURU 2013 OPÉRATION DE POLICE DES PÊCHES POUR LA GLORIEUSE ET L’ARAGO 1 Du 9 au 18 octobre, le patrouilleur La Glorieuse,le patrouilleur de service public Arago, ainsi quedeux avions de surveillance maritime F200 Gar-dian ont participé à l’opération internationale depolice des pêches Kurukuru 2013, conduite dansle Pacifique sud-ouest dans une zone d’environ20 millions de km2.Cette opération annuelle implique quinze nations etconsiste à apporter un soutien aux pays insulairesde la zone en matière de lutte contre la pêche illégale,dans leur zone économique exclusive et dans les eauxinternationales.Les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélandeont également fourni des moyens aéromaritimes de

surveillance à ce dispositif complété par les patrouil-leurs des pays insulaires. Ces moyens étaient coor-donnés par le quartier général de la Forum FisheriesAgency, installée à Honiara, sur l’île de Guadalca-nal.Kurukuru est l’opération de police des pêches de laplus grande ampleur conduite dans la région. Chaqueannée, elle permet de surveiller et d’identifier plusieurscentaines de bâtiments et de contrôler nombre d’en-tre eux. Elle illustre la capacité des pays impliqués àpartager l’information, à coopérer de façon activepour renforcer leur interopérabilité et à agir dansdes domaines stratégiques partagés, en l’occurrencela préservation de la ressource halieutique. ®

DANS LE CADRE DE KURUKURU 2013, UN F200 GUARDIAN A EFFECTUÉ DESPATROUILLES DE SURVEILLANCE ENHAUTE MER, ENTRE LE VANUATU ET FIDJI.

CORYMBE LE PM L’HER EN GUINÉE ET AU TOGO

1 Depuis le 4 octobre, l’aviso Premier Maître L’Herpatrouille dans le golfe de Guinée dans le cadre del’opération Corymbe. Le 8 octobre, l’aviso et deux vedettes guinéennes onteffectué, au large de la République de Guinée, unentraînement de surveillance maritime et de contrôledes pêches. L’équipage de l’aviso a mené des périodes d’ins-

truction opérationnelle (PIO) au profit demarins guinéens à quai à Conakry : exer-cices sécurité, instructions pour les équipesde visite et les plongeurs, ainsi qu’un entraî-nement des marins du sémaphore de l’îlede Tamara, située à quelques nautiques aularge de Conakry. Afin de réaffirmer l’en-gagement de la France dans la coopéra-tion bilatérale, le commandant de l’avisos’est notamment entretenu avec M. AbdoulKabélé Camara, ministre de la Défense dela République de Guinée. Enfin, une Jour-née Défense et Citoyenneté (JDC) a étéorganisée à bord au profit d’une douzainede jeunes expatriés français. Quelques jours plus tard, les 18 et 19 octo-bre, le Premier Maître L’Hera profité d’unerelâche à Lomé, au Togo, pour organiser

des PIO au profit des marins togolais afin de les entraî-ner aux techniques de lutte contre les incendies et devisite sur un navire civil.Les marins ont également participé à la rénovationd’un orphelinat de la banlieue de la capitale togolaise.Cette action a été menée au profit de l’association«Maison des enfants déshérités » qui s’occupe d’unetrentaine d’enfants. ®

INSTRUCTION DES ÉQUIPES DE VISITE.

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INFOactus

TRANSFERT D’UNE PORTEÉTANCHE VERS L’ÎLE LONGUEDans le cadre des opérations d’entretiendes infrastructures de l’île Longue, une porte étanche de bassin de plusd’une vingtaine de mètres de haut et delarge (430 tonnes d’acier) a ététransférée le 16 octobre par la merdepuis le port de commerce vers la baseopérationnelle de l’île Longue. Le Serviced’infrastructure de la défense (SID) et la Marine nationale ont conduit cette opération. L’ancienne porte seradémontée puis déconstruiteconformément à la programmation.

ENTRAÎNEMENT DE LUTTE ANTIPOLLUTIONPOUR LE MALIN Les 8 et 9 octobre, le patrouilleur desurveillance océanique Le Malin aparticipé à un entraînement antipollutionà La Réunion. Il a notamment mis en œuvre plusieurs équipementsindispensables à la récupération d’unenappe d’hydrocarbures : barrage flottant,écrémeur (pompe hydraulique flottante),réservoirs flottants. La coordination desdifférents moyens (un hélicoptère, deuxpousseurs militaires, un remorqueur civilet deux vedettes de gendarmerie) s’est également faite depuis Le Malin. Le commandant en second du Centred’expertise pratique de lutte antipollutionétait à bord et assurait la fonction decoordonnateur de zone.

DES MARINS AUX 20 KMDE PARIS Dimanche 13 octobre, 104 marinscivils et militaires venus de toute laFrance ont participé aux 20 km deParis, parmi les 230 coureurs inscritsaux couleurs de l’équipe de France du maritime. Sous les nombreuxencouragements de la foule, lescoureurs passaient par le bois deBoulogne et longeaient les quais deSeine. Le SM Mickaël Bondis, affecté àbord du BCR Somme, s’est illustrédans la catégorie senior en terminantla course en 1h16’. Dans la catégorievétéran, M. Daniel Cordier, du Centred’administration ministérielle desindemnités de déplacements à Brest, a achevé le parcours en 1h20’. Enfin, la première femme de l’équipeMarine est le PM Céline Planchot,affectée à la Direction del’enseignement militaire à Paris. Elle a achevé le course en 1h22’.

E N B R E F ACONIT OPÉRATIONS DE SÉCURITÉ MARITIMEDANS LE GOLFE ARABO-PERSIQUE1 Le 5 octobre, la frégate Aconit, engagée dansl’opération de contre-terrorisme Enduring Free-dom depuis le 20 septembre, a réalisé deux visitesde boutres dans le golfe Arabo-persique, au large duBahreïn.L’une des missions de l’Aconit est de veiller à lasécurité de la zone maritime, espace de commerceet de transit, en assurant la protection des bâti-ments marchands, mais également en collectantdes informations sur de possibles trafics, voire enintervenant. Il s’agissait d’une opération de contrôlequi permet de recueillir des informations sur letrafic local. C’est dans ce cadre que l’équipe de visitede l’Aconit est allée à la rencontre de deux embar-cations de pêcheurs. À l’aide d’une embarcation rapide, elle a établi lecontact avec les passagers d’un premier boutre bat-tant pavillon iranien. Après une courte discussion,l’équipage, très coopératif, a demandé une aidemédicale à la frégate française qui a envoyé le méde-cin du bord prodiguer des soins dentaires dans desconditions assez inhabituelles. Un deuxième bou-

tre iranien a ensuite été approché par l’équipe devisite. Les deux équipages iraniens ont ainsi étéinformés de l’action de la force navale dans la zone.Durant ces deux opérations de contrôle, l’hélicop-tère embarqué Panther a assuré l’appui aérien et lecontrôle de la zone.®

4E ÉDITION DE L’ARMADA DE L’ESPOIR À CONCARNEAU

1 L’Armada de l’Espoir a pour vocation de fairenaviguer des jeunes d’horizon différents sur degrands voiliers. Partis de Brest le 14 octobre,140 jeunes ont navigué pendant quatre jours àbord de huit voiliers de tradition : le Bel Espoir, leRara Avis, l’Étoile de France, l’Étoile Molène, l’AtoutChance, la Grande Hermine, l’Étoile et la BellePoule.Ce projet s’adresse aux élèves des écoles du centred’instruction navale de Brest – École de mais-

trance, École des mousses et Lycée naval –, maiségalement à de jeunes adolescents de l’Établisse-ment public d’insertion de défense, de la Fonda-tion des apprentis d’Auteuil, de missions locales etd’associations, notamment celle des Amis du JeudiDimanche, des apprentis du centre de formationde la chambre de commerce et d’industrie deBrest, ainsi qu’à des élèves de lycées profession-nels maritimes bretons (Etel, Le Guilvinec, Nanteset Saint-Malo). Outre l’expérience d’un parcours éducatif et d’uneextraordinaire aventure humaine en mer, les jeunesont découvert les richesses de la cité concarnoiseau travers d’un rallye culturel et d’un challengeentre les équipages des voiliers de l’Armada. ®

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MARINES ÉTRANGÈRES MISE À FLOT DU BPC VLADIVOSTOKLe 15 octobre s’est déroulée, à Saint-Nazaire, la miseà flot du bâtiment de projection et de commandement Vladivostok, première des deux unités du type Mistralfrançais commandées le 17 juin 2011 par la Fédéra-tion de Russie à DCNS et aux chantiers STX deSaint-Nazaire. Le transfert de la forme de construc-tion vers le quai d’armement dans le bassin de Penhoët et la première prise de contact du Vladivostok avec la mer a pour sa part eu lieu une semaine plus tard, le 21 octobre. Le Vladivostok et son sister-ship Sebastopol présen-tent les mêmes caractéristiques que leurshomologues français Mistral, Tonnerre et Dixmude etleur sont quasiment identiques. Ils en diffèrent toute-fois sur certains points : absence de passerellesupérieure (abri de défense à vue), échantillonnage del’acier de la coque différent pour une meilleure résis-tance aux glaces et au froid, système de dégivragepour le pont d’envol et radier entièrement fermé enraison des conditions climatiques des zones dans les-quelles ces bâtiments seront amenés à opérer (Baltique, Arctique, Pacifique nord), pont d’envol renforcé et clair en hauteur du hangar plus élevé du faitdes caractéristiques des hélicoptères russes qui seront embarqués (Ka-29 Helix et Ka-52 Hokum), armement russe (en principe deux tourelles multitubesde 30 mm AK-630 et deux systèmes surface-air à courte portée SA-N-8 Gibka) qui sera du reste mis en place en Russie, drome différente (quatreLCM/CTM de 24 mètres de long et 6 de large qui vont être construits par la succursale lorientaise de STX).Réalisée à Saint-Petersbourg, la moitié arrière du Vladivostok a été mise à flot le 20 juin 2013, puis remorquée à Saint-Nazaire pour jumboïsation avec la moitié avant fin juillet. Il en sera de même pour le Sebastopol en juillet 2014. Les deux BPC russes effectueront l’intégralité de leur armement à Saint-Nazaire et tous leurs essais à la mer à partir de ce port avant leur livraison prévue respectivement en novembre 2014 et novembre 2015. La décision de construire ou non les deux unités supplémentaires envisagées en décembre 2011 ne sera prise qu’après une année d’utilisation du Vladivostok par la Marine russe. Si cette décision est positive, ces unités seront construites en grande partie en Russie avec l’assistance technique de DCNS et STX.

CV (R) Bernard Prézelin, Flottes de Combat

1 Le 10 octobre, en transit retour de l’opérationCorymbe au large de l’Afrique de l’Ouest, la fré-gate de surveillance Germinal a intercepté en hautemer un voilier de 16mètres de long arborant abu-sivement le pavillon de Gibraltar. Il naviguait à 1 400 kilomètres au large de la Martinique. Cetteopération s’est déroulée sur la base d’un rensei-gnement fourni par les services de renseignementbritanniques et enrichi par la direction nationaledu renseignement et des enquêtes douanières,avec l’appui des autorités vénézueliennes et tri-nidadiennes.Plus de 70 kg de cocaïne ont été immédiatementtrouvés par les marins du Germinal. Les trois mem-bres de l’équipage du voilier, ainsi que la drogue ontété transférés à bord de la frégate Germinal et remisaux enquêteurs de l’antenne Caraïbes de l’Officecentral pour la répression du trafic illicite des stu-péfiants (OCRTIS). La perquisition s’est poursui-vie à quai. Au total, plus de 300 kg de cocaïne ontfinalement été saisis.

LE GERMINAL ARRAISONNE UN VOILIER TRANSPORTANTPLUS DE 300 KG DE COCAÏNE

Cette opération de police était commandée par lecontre-amiral Georges Bosselut, commandantsupérieur des Forces armées aux Antilles sur l’ins-truction du procureur de la République de Fort-de-France et sous l’autorité du préfet de la régionMartinique délégué du gouvernement pour l’ac-tion de l’État en mer.Les moyens navals français et étrangers agissentdans le respect du droit international. Ce dernierencadre avec précision l’usage des moyens coer-citifs. Il s’agit de concilier le principe de libertéde la haute mer, tout en garantissant qu’elle nedevienne pas une zone de non-droit où les traficsse développeraient sans limite. Cette nouvelle priseporte à près de 1 200 kg la quantité de cocaïneinterceptée en haute mer par les bâtiments de laForce d’action navale basés aux Antilles, avec leursaéronefs embarqués et les modules de comman-dos marine dédiés. Au total, 1 400 kg ont été sai-sis par l’ensemble des administrations de l’Étataux Antilles. ®

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LE RENSEIGNEMENT ET LA M

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MARINE

SOURCES

La première des cinq fonctions stratégiquesde la Défense associe la connaissance etl’anticipation. Fonction sur laquel l’accent aété particulièrement mis dans le dernier

Livre blanc sur la défense et la sécurité natio-nale(1).« L’ensemble de nos déploiements navals ren-forcent la connaissance et la maîtrise du milieumaritime et terrestre, au quotidien, précise surson blog l’amiral Rogel, chef d’état-major de laMarine. La qualité de notre contribution aux opé-rations extérieures est aussi le résultat de cettepermanence.»Et si vous étiez un acteur du renseignementsans le savoir ? C’est toute une chaîne spécifiquede collecte et d’analyse qui veille. Le Livre blancle rappelle : « La fonction connaissance et anti-cipation a une importance particulière parcequ’une capacité d’appréciation autonome dessituations est la condition de décisions libres etsouveraines.»La Marine est présente sur toutes les mersdu globe. En permanence, une moyenne de37 bâtiments et 4 200marins opèrent et croi-sent au large des côtes. Chaque équipage enhaute mer contribue à ce travail essentiel derecueil d’informations. Chaque jour et tout aulong de l’année, un élément à première vue insi-gnifiant peut se révéler la pièce manquante d’unpuzzle à l’intérêt stratégique. Le recueil de l’ensemble de ces informations etleur traitement permettent à la Marine et pluslargement à l’état-major des armées, d’appré-hender avec précision l’évolution des situations.En utilisant les analyses que lui fournit la chaînerenseignement, la Marine peut opérer demanière pertinente. « La fonction connaissanceet anticipation permet l’anticipation stratégiquequi éclaire l’action», souligne le Livre blanc. Elleétaye également les quatre autres fonctionsstratégiques que sont la prévention, la dissua-sion, la protection et l’intervention. Retour aux sources… ®

(1) « Le développement de nos capacités de renseignement, de traitement de l’in-formation et de sa diffusion est prioritaire pour toute la durée de la planificationjusqu’en 2025. Les moyens techniques du renseignement seront renforcés, en s’ap-puyant notamment sur la mutualisation systématique des capacités des services. »Livre blanc de la défense et la sécurité nationale - 2013.

DOSSIER RÉALISÉ PAR LE LV COLOMBAN ERRARD

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LA MARINE AUX GRANDES OREILLESTout élément de force maritime déployécontribue au recueil d’information qui serviraà l’élaboration du renseignement. Par leur

capacité à se déployer durablement sanscontraintes diplomatiques dans des zones decrise ou de tension, les forces aéronavalesfournissent des moyens importants dans ledomaine du renseignement. Ce sont soit desunités spécialisées : bâtiment de recueil, forcesspéciales, renforts embarqués ; soit plus lar-gement des bâtiments de surface, SNA, avionsde patrouille maritime… Pour chacune desunités de la Marine, démarrer ses senseursoptiques, acoustiques ou électromagnétiquesest aussi naturel que lancer les moteurs. Avecun objectif essentiel : répondre aux besoins derenseignement identifiés par le contrôleur opé-rationnel. Les escales sont elles aussi misesà profit : elles permettent des échanges avecles marines locales, favorisent la coopérationrégionale, donnent des éléments d’ambiance etaident à l’appréciation de la situation militaire,sociale ou encore politique.

Qui ? Des capteurs et une chaîneOn distingue plusieurs types de capteurs. Ceuxde l’échelon stratégique sont manœuvrés parl’état-major des armées. Les capteurs del’échelon intermédiaires sont quant à euxemployés au profit des états-majors des théâ-tres d’opérations, ouvertes ou en cours deplanification. Enfin, ceux de l’échelon tactiqueappartiennent aux unités déployées. La chaînenationale du renseignement militaire, ce sontdes militaires qui conduisent la manœuvre deces capteurs et élaborent le renseignementdestiné au commandement et aux forces.

Quand ? Avant, pendant et après les opérationsLe renseignement alimente les états-majorset les forces en phase de planification (en « temps réfléchi »), avant tout déploiementsur un théâtre, comme en phase de conduite(en « temps réel ») via le Centre de rensei-gnement de la Marine et les contrôleurs opé-rationnels. La veille stratégique répond quant

à elle aux nécessités de l’anticipation, selonun cycle bien plus long (en « temps prospec-tif »), dont l’objectif est de garder une pro-fondeur stratégique dans la réflexion et deprévoir l’éclosion de crises potentielles.

Comment ? Recueil, analyse, évaluation, diffusionQu’elles soient issues de sources ouvertes(accessibles au grand public) ou de moyensplus confidentiels, les informations sont analy-sées, puis évaluées et synthétisées. Ellesdeviennent alors exploitables. Le renseigne-ment ainsi élaboré est diffusé jusqu’au niveauélémentaire. Chaque zone d’opérations est sui-vie de près. Il en va ainsi pour tout ce qui pour-rait constituer une menace pour nos bâtimentsdevant relâcher dans un port étranger ou pourles ressortissants français à l’étranger. Lesnavires pollueurs et les trafics illicites sontégalement traqués. L’ensemble de la chaînebénéficie des technologies spatiales maîtri-sées par notre pays : l’imagerie satellite peutconfirmer la présence ou l’absence de bâti-ments militaires ou d’intérêt militaire, décelerdes indices d’appareillage ou de toute autreactivité inhabituelle. L’enjeu est clair : la capa-cité à diffuser aux forces une analyse en rap-port avec la planification et la conduite desopérations. Les potentiels «espaces opéra-tionnels » sont en permanence analysés poursaisir les évolutions et détecter les ruptures quipeuvent constituer des menaces.

Quoi ? Quelques capteurs de la MarineFrégates : le central opérations (CO), carrefour d’informations.Radar, sonar, systèmes d’interception radio etradar, liaisons de données tactiques… Au

La France doit veiller à maintenir son dispositifd’acquisition et de traitement du renseignement à la hauteur de ses ambitions internationales et des menaces auxquelles elle est confrontée. Elle doit consacrer les ressources nécessairesà la poursuite des efforts entrepris pour détenir lescapacités de recueil et d’exploitation indispensablesà l’autonomie d’appréciation des situations.

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CO d’une frégate, des opérateurs veillent etagissent 24h/24. Ils centralisent les infor-mations à partir desquelles ils établissent lasituation tactique. L’hélicoptère, senseurdéporté, permet de démultiplier la portée deces capteurs. Cette combinaison de moyensfait des frégates un redoutable collecteurd’informations, capable également de brouil-ler les échanges adverses.

SNA : des capteurs discrets et redoutablesVeille optique, veille acoustique, guerre élec-tronique… les sous-marins disposent d’unevaste palette de capteurs, mis en œuvre avecla plus grande discrétion. Ils permettent auxéquipages de recouper les informations avecplus de précision. Avec l’arrivée future desSNA de classe Barracuda, les capacitésd’écoute et de classification seront accruesgrâce notamment à de nouvelles antennesde détection acoustiques, couplées un sys-tème de combat optimisé.

ATL2 : Modernisation en coursLes capteurs radar, acoustiques et optro-niques de l’avion de patrouille maritime ATL2vont connaître une importante modernisationet verront leurs performances significative-ment augmentées. Le système pourra ainsicollecter, enregistrer et synthétiser beau-coup plus d’informations. L’équipage dispo-sera en outre d’aides automatisées à l’emploide ces capteurs.

Nacelle reco NG : le Rafale Marinea de bons yeuxLa nacelle reco NG combine deux capteursoptroniques : l’un à très haute résolution pourla moyenne altitude, l’autre pour la prise devues à basse altitude et haute vitesse. Le dis-positif a notamment été utilisé au-dessus del’Afghanistan (opération Pamir) et de la Libye(opération Harmattan). L’avion de combat quil’emporte reste hors de portée de la menace

et envoie des informations en direct vers lesanalystes via la liaison de données tactiques.

L’escouade spéciale de neutralisation et d’observation (ESNO) : le renseignementau plus près« Renseigner, en mesure de détruire » telleest la mission de l’ESNO des commandos dePenfentenyo et de Montfort. Modulaire etadaptable, son format est variable en fonctionde la mission, allant du binôme au groupe decombat. En plus de la maîtrise du socle com-mun aux forces spéciales, ces commandosmarine ont développé des capacités spéci-fiques comme l’insertion 3D discrète, le gui-dage de frappes, le recueil de renseignementà fin d’action, le tir d’élite haute précision(TEHP) et la maîtrise avancée des moyensde communication. L’ESNO peut agir en auto-nome en mer comme à terre, au profit de laMarine ou du commandement des opérationsspéciales. Ils appuient notamment les actionsde contre-terrorisme maritime et les bâti-

ments de la Marine dans les missions delutte contre le narcotrafic ou la piraterie.

Quoi ? Des capacités de transmissionLiaisons de données tactiques : l’information protégée en temps réel Des liaisons sécurisées et discrètes per-mettent à des unités de surface, sous-marines, aériennes et terrestres de partagerune situation tactique construite à partir deleurs capteurs respectifs (senseurs optiques,optroniques, radar, intercepteurs de guerreélectronique…). ®

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1 LES DEUX CAPTEURS OPTRONIQUES DU POD RECO NGAPPORTENT AU RAFALE DES YEUX DE LYNX.2 LA MODERNISATION DES ATL2 VERRA LAPERFORMANCE DE SES CAPTEURS SIGNIFICATIVEMENTAUGMENTÉE. 3 POUR DEVENIR DU RENSEIGNEMENT, LESINFORMATIONS SONT ANALYSÉES, PUIS ÉVALUÉES ETSYNTHÉTISÉES.4 AU CENTRAL OPÉRATIONS, LES MARINS CENTRALISENTLES INFORMATIONS À PARTIR DESQUELLES ILSÉTABLISSENT LA SITUATION TACTIQUE QUI EST PARTAGÉEEN RÉSEAU AVEC LE RESTE DE LA FORCE.

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VOUS AVEZ DE M

Le renseignement joue un rôle central dans lafonction connaissance et anticipation. Il irriguechacune des autres fonctions stratégiques de notredéfense et de notre sécurité nationale. Il doit servirautant à la prise de décision politique et stratégiquequ’à la planification et à la conduite des opérationsau niveau tactique. Au-delà, il éclaire notrepolitique étrangère et notre politique économique.

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E MANDÉ LE RENSEIGNEMENT…

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LES MARINS AU CŒUR DU RECUEILD’INFORMATION

INTERPRÈTE IMAGE EN ATALANTE (PIRATERIE)

«En mai 2012, l’Union européenne décided’intervenir sur la bande côtière soma-lienne dans le cadre de l’opération Ata-

lante. L’information que rapporte la chaîne de ren-seignement est cruciale et notammentl’interprétation image. En effet, nous travaillonsen boucle très courte avec le commandementà Northwood pour la détermination des ciblesayant un intérêt significatif. » ®

PM PAUL, CELLULE N2 DE L’ÉTAT-MAJOR EMBARQUÉ D’ATALANTE À BORD DU BCR MARNE

DEPUIS L’ATL2 EN OPÉRATION SERVAL

«Grâce à l’ATL2, nous nous sommes consi-dérablement rapprochés de l’action,comme c’est le cas actuellement sur les

théâtres d’opérations extérieures, par exemple auMali. On est ainsi passé d’un renseignementstratégique assez distant à un renseignementopératif et tactique au plus près de l’action. Lespectre des missions de l’ATL2 est vaste, durenseignement jusqu’à la désignation d’objectifset le guidage de chasseurs et d’hélicoptères decombat, en passant par le soutien direct deforces au sol. L’intérêt de l’aviation de patrouillemaritime réside dans sa polyvalence et son adap-tabilité qui lui permettent de se projeter trèsvite, très loin et longtemps. On le voit avec tousnos interlocuteurs, notamment à l’état-majorinterarmées de théâtre : ses capacités secon-daires dans le domaine aéroterrestre sont recon-nues et appréciées. » ®

MP GWENAEL, ÉLECTRONICIEN DE BORD DE L’AÉRONAUTIQUE NAVALE ET ANALYSTE IMAGES

DEPUIS 1999

LINGUISTE EMBARQUÉ

«SNA, ATL2, bâtiments de surface spécia-lisés ou non… l’intérêt de ce métier estque nous le pratiquons sur différents vec-

teurs et à divers endroits du globe. Parmi lesdéfis à relever, il y a l’intégration au sein d’un équi-page déjà constitué. Nous soumettons la syn-thèse de ces travaux lors des briefings du bordet travaillons en liaison étroite avec le com-mandant adjoint opérations et son équipe. La

LA GUERRE DES MINES APPORTE SON SOUTIEN

«Avec les officiers et officiers mariniers del’état-major de guerre des mines à Brest,nous conduisons, entre autres, les mis-

sions de surveillance effectuées par les unités deguerre des mines : chasseurs de mines, groupede plongeurs démineurs et bâtiments remor-queurs de sonar. Les efforts fournis par ces uni-tés permettent notamment le maintien du libreaccès de nos unités précieuses à leur port-baseque ce soit à Brest ou à Toulon, ou à nos princi-paux ports de commerce ainsi que l’entretien desbases de données “fond” sur les routes de l’ornoir dans le golfe Arabo-persique. » ®

CC GRÉGOIRE, OFFICIER CHARGÉ DES OPÉRATIONS À L’ÉTAT-MAJOR DE LA GUERRE DES MINES.

coopération va dans les deux sens, nous par-tageons nos pistes ou nos informations. Dansle flux d’information recueilli par l’ensemble denos capteurs et ceux du bâtiment, il faut détec-ter ce qui est intéressant et pertinent pourrépondre au mieux aux orientations qui nousont été fixées. C’est tout le rôle complémen-taire de l’analyste. » ®

PM YANN, LINGUISTE AU CRMAR DEPUIS 1999

« RENSEIGNER, EN MESURE DE DÉTRUIRE », C’EST LA MISSION DÉVOLUE À L’ESCOUADE SPÉCIALE DE NEUTRALISATIONET D’OBSERVATION (COMMANDOS MARINE).

LES ÉQUIPAGES ETLES CAPTEURS DES HÉLICOPTÈRESEMBARQUÉSCONSTITUENT LES YEUX ET LESOREILLES AVANCÉESDES BÂTIMENTS.

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RENSEIGNEMENT OUTRE-MER

«Le maintien de la sécurité dans une zone maritime à la géopolitique complexe, avec desfoyers de tension à terre ou en mer, nécessite une forte présence de la France dans larégion. Le trafic de stupéfiants, le terrorisme et les flux migratoires illégaux font l’objet d’une

vigilance toute particulière. » ®

LV STÉPHANE, OFFICIER RENSEIGNEMENT AU CENTRE OPÉRATIONNEL DES FORCES ARMÉES AUX ANTILLES

EN ÉTAT-MAJOR INTERARMÉES AU MALI (SERVAL)

«Lorsqu’un nouveau théâtre s’ouvre, le défipour la partie renseignement est de sepositionner très rapidement au sein de la

manœuvre opérationnelle en cours, d’orienter lescapteurs en conséquence, de créer et d’ani-mer la chaîne du renseignement et ainsi diffu-ser aux bonnes personnes des informationsrobustes et utiles. Pour l’opération Serval, lagamme des capteurs mis en place était trèscomplète : avions de patrouille maritime, drones,capacités de renseignement d’origine humaine,électromagnétique ou image, cartographie…Les synthèses des Atlantique 2, claires et réac-tives, étaient d’ailleurs très appréciées. » ®

LV SOPHIE, RENSEIGNEMENT AU PC INTERARMÉES DE THÉÂTRE SERVAL

HARMATTAN : EN DIRECT DU SNA

«Le SNA est l’outil indispensable pour cher-cher l’information là où elle se trouve, dansla durée et dans la discrétion. Le sous-

marin dispose d’une multitude de capteurs quipermettent de croiser les informations et deles recouper avec plus de précision. Nous cumu-lons la veille optique, la guerre électronique, laveille audio, ce qui nous permet de fournir un ren-seignement particulièrement fiable.Sur le théâtre libyen, nous pouvions par exem-ple envoyer et recevoir des informations sur lesdispositifs navals et aériens adverses, suivrela délivrance de l’armement par les aéronefs, lamanœuvre de l’adversaire ou même étudier lesconséquences des frappes. » ®

CV PHILIPPE, COMMANDANT DE L’AMÉTHYSTE PENDANT L’OPÉRATION HARMATTAN

AU LARGE DE LA LIBYE

RENFORT EN MÉDITERRANÉE ORIENTALE

«Àbord d’une frégate en Méditerranée orien-tale, j’assurais un suivi quotidien des élé-ments stratégiques et opératifs fournis

par la DRM et je dispensais des briefings pourdiffuser l’information. Au plus près du terrain,nous pouvions orienter les capteurs des unitésde la Marine présentes dans la zone pour recueil-lir des informations. Notre plus-value de spé-cialistes est de vérifier ces informations, de lesfusionner et de les faire remonter au comman-dement pour aider aux prises de décision stra-tégiques. » ®

MAJOR CAROLINE, N2 À BORD D’UNE FRÉGATE EN MÉDITERRANÉE ORIENTALE

Allant de la collecte de l’information à la préparation éclairée de la décisionpolitique et opérationnelle, une bonne connaissance de l’environnement stratégiqueet tactique est indispensable à la prévention des risques et des menaces comme àleur neutralisation lorsque la prévention a échoué. »«

DEPUIS LES SNA,LES « OREILLESD’OR »RECUEILLENT UNNOMBREIMPORTANTD’INFORMATIONSDANS LADISCRÉTION LAPLUS ABSOLUE.

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L’INTERROGATION DESBÂTIMENTS ET LESÉVENTUELLES VISITESFOURNISSENT DE PRÉCIEUSES INFORMATIONS.

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VIE DESunités

VIE DESunités

Deux cadres d’actionNational.Placées sous l’autorité du préfet maritime(ou du délégué du gouvernement pour l’action del’État en mer pour l’outre-mer) et coordonnées parle secrétariat général de la Mer (SGMER), les actionsde lutte contre l’immigration illégale par voie de mers’inscrivent dans un cadre interministériel et peu-vent être menées en coopération avec des États mem-bres de l’Union européenne. La Marine joue un rôlemajeur dans cette lutte en mer, qui nécessite desmoyens hauturiers qu’elle est la seule à posséder. Lamodularité d’emploi de ses moyens s’avère en outretrès précieuse. Si l’élaboration de la stratégie de lalutte incombe au ministère de l’Intérieur (directionde l’immigration), l’emploi des moyens de la Marineet des autres administrations intervenant en mer(gendarmerie, police, douanes et affaires maritimes)relève de la compétence du préfet maritime, dans lecadre de l’action de l’État en mer (AEM).

Européen.Depuis 2006, la France participe aux opé-rations conjointes coordonnées par l’agence euro-péenne pour la gestion de la coopération opéra-tionnelle aux frontières extérieures, Frontex. Lerenseignement collecté par l’ensemble des moyensnationaux, dont la chaîne sémaphorique, représentele premier niveau de participation de la France. Enfournissant des moyens maritimes et aériens pro-venant essentiellement de la Marine et des douanes,

LA MARINE : UN MAILLON DE LA CHAÎNELa Marine participe activement à la lutte contre l’immigration illégale, aussi bien depuis le littoral, en s’appuyant notamment sur son réseau de sémaphores implantés en métropole et outre-mer, qu’en mer, grâce à sa capacité hauturière ou aux moyens côtiers de la gendarmerie maritime. Si ces opérations de lutte contre l’immigration illégale sont conduites dans un cadre interministériel national à Mayotte, la Marine y contribue dans nos approches en Méditerranée, par exemple au profit de l’Union européenne. Or, dans ces régions, les révolutions arabes, les fortes tensions politiques persistant en Tunisie, en Libye ou en Égypte, la géographieméditerranéenne, avec l’attractivité des pays de l’Union européenne contribuent à une recrudescence de l’immigration clandestine,comme l’attestent les récents événements tragiques survenus au large de Lampedusa(1). Dans ce contexte, il semble important d’éclaircir le rôle que joue la Marine dans le dispositif.

LUTTE CONTRE L’IMMIGRATION CLANDESTINE

la France participe en outre activement aux opéra-tions conjointes coordonnées par l’agence Frontex,contre l’immigration clandestine par voie de mer(voir encadré).

Modus operandiL’emploi coordonné de moyens aéromaritimes per-met de détecter les embarcations suspectées de trans-porter des migrants irréguliers, avant de procéder, le cas échéant, à leur interception. Toutefois, l’étatde migrant illégal est très difficile à caractériser enhaute mer. Seule l’obligation de sauvetage de la viehumaine prime. Compte tenu de la dangerosité desembarcations utilisées, c’est ce qui se passe le plussouvent.En effet, le statut juridique d’un candidat à l’immi-gration clandestine en mer n’est actuellement définide manière précise par aucun texte ni national, ni

EN MÉDITERRANÉE : LA SARDAIGNE, LA SICILE, MALTE, LE SUD DE L’ESPAGNE ET LA GRÈCE CONSTITUENTACTUELLEMENT LES PRINCIPAUX POINTS D’ENTRÉE AU SEIN DE L’UNION EUROPÉENNE POUR LE TRANSPORT DESMIGRANTS ILLÉGAUX PAR VOIE MARITIME. OUTRE-MER, MAYOTTE EST ÉGALEMENT UN PÔLE IMPORTANT D’IMMIGRATIONCLANDESTINE.

LE SAVIEZ-VOUS ? L’ESPACE SCHENGEN COMPREND LESTERRITOIRES DE 26 ÉTATS EUROPÉENS METTANT ENŒUVRE L’ACCORD DIT DE SCHENGEN. CET ACCORDIMPLIQUE L’ÉLIMINATION DES CONTRÔLES FRONTALIERSSYSTÉMATIQUES ENTRE LES MEMBRES DE L’ESPACESCHENGEN ET UN RENFORCEMENT DES CONTRÔLESFRONTALIERS AVEC LES ÉTATS NON MEMBRES (FRONTIÈRESDITES « EXTÉRIEURES »). ENFIN, CET ACCORD IMPLIQUEUNE POLITIQUE COMMUNE SUR LE SÉJOUR TEMPORAIREDES PERSONNES (DONT LE VISA SCHENGEN, JUSQU’ÀTROIS MOIS), L’HARMONISATION DES CONTRÔLES AUXFRONTIÈRES EXTÉRIEURES, UNE COOPÉRATION POLICIÈRETRANSFRONTALIÈRE, AINSI QU’UNE COOPÉRATIONJUDICIAIRE.

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FRONTEX, COORDINATIONAUX FRONTIÈRES EXTÉRIEURES DE L’ESPACESCHENGEN

Créée en novembre 2004, l’agence euro-péenne pour la gestion de la coopérationopérationnelle aux frontières extérieuresdes États membres de l’Union européenne(Frontex) est responsable de la coordina-tion des activités des gardes-frontièresdans le maintien de la sécurité des frontières (aussi bien terrestres que maritimes) de l’Union européenne avec lesÉtats non membres. Outre une assistancepour la formation des gardes-frontières,Frontex coordonne au profit des Étatsmembres une assistance technique et opérationnelle, tout en fournissant un appui nécessaire pour organiser des opérations conjointes. Si le personnel,le budget et les équipements (avions,bateaux, hélicoptères) sont fournis par lesÉtats membres, les opérations sont coor-données par Frontex. Quant aux missionsde lutte contre l’immigration par voie mari-time orchestrées par Frontex, la France yparticipe activement depuis 2006 via leconcours des bâtiments et des aéronefsde la Marine nationale, mais égalementdes aéronefs de la douane. Autant demoyens aériens et maritimes effectuantrégulièrement des patrouilles dans leszones à risques, agréés par l’état côtier.

EN SAVOIR PLUS (Site en anglais)http://www.frontex.europa.eu/

LE CAUCHEMAR DE MAYOTTE

À chaque jour son kwassa-kwassa(1)et son lot de candidats cherchant àdébarquer à tout prix à Mayotte, àla recherche d’une vie meilleure oude soins en urgence. Sans qu’il soitpossible d’établir de chiffres précis,les traversées en kwassa-kwassaprovoqueraient plus d’une centainede morts par an, majoritairementdes femmes et des enfants qui nesavent pas nager. Aux côtés desautres administrations de l’État,dont la police aux frontières, la gen-darmerie et les douanes, la Marinenationale participe à la surveillancedes approches maritimes du101e département français. Composé d’une quarantaine de

marins, l’élément de base navale de Mayotte (ELEBN) opère ainsi au quotidien à la lutte contrel’immigration clandestine. Engagés auprès des douze gendarmes maritimes de la vedette côtièrede surveillance maritime (VSM) Odet, mais aussi des moyens nautiques et des bâtiments de passage, les marins de l’ELEBN assurent tout au long de l’année, de jour comme de nuit, uneveille radar permanente. Quotidiennement, des kwassa-kwassa sont interceptés. Leurs passa-gers, étrangers en situation irrégulière, sont dès lors reconduits aux Comores. En 2012, 412 embarcations ont été arraisonnées, soit un total de 10 600 étrangers en situation irrégulière.

(1) Nom comorien désignant des petits canots de pêche rapides, longs généralement de 7 mètres, à fond plat et équipés d’un ou deux moteurs.

L’ACTION DE LA MARINE S’INSCRIT DANS UN CADRE NATIONAL LORSQUE SES MOYENS SONT EMPLOYÉS DANS LES APPROCHES MARITIMES DU TERRITOIRE MÉTROPOLITAIN OU DES COLLECTIVITÉS D’OUTRE-MER, NOTAMMENT AUX ANTILLES OU À MAYOTTE.

international. Les lois françaises sur l’immigration nedéfinissent le statut de l’immigrant illégal que lorsquece dernier se trouve effectivement dans une zonesous souveraineté française. Malgré le caractère délicat de ce type de missions,la Marine garde une constante préoccupation durespect de la dignité de la personne humaine. Unguide de recueil en mer des migrants a d’ailleurs été

LA LUTTE CONTRE L’IMMIGRATION CLANDESTINE PAR VOIEMARITIME EST PRIORITAIREMENT DIRIGÉE CONTRE LESRÉSEAUX CRIMINELS ET MAFIEUX QUI EXPLOITENT DESMIGRANTS ET LES METTENT EN DANGER, COMPTE TENUNOTAMMENT DE LA PRÉCARITÉ DES MOYENS NAUTIQUESEMPLOYÉS.

S’ENTASSANT SUR DES EMBARCATIONS DE FORTUNE, DES MIGRANTSPRENNENT LA MER POUR QUITTER L’ARCHIPEL DES COMORES,DISTANT D’UNE SOIXANTAINE DE KILOMÈTRES DE MAYOTTE QU’ILSCONSIDÈRENT COMME UN ELDORADO.

spécifiquement conçu à cette intention, afin de bienprendre en compte la situation souvent très difficiledes personnes concernées et de faire preuve de laplus grande humanité.®

STÉPHANE DUGAST

(1) Récent naufrage, survenu le 3 octobre dernier, d’un bateau transpor-tant environ 500 migrants, près de Lampedusa, une île proche de la Sicileconsidérée comme une porte d’entrée pour l’immigration illégale en Europe.

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VIE DESunités

VIE DESunités

1 « La qualification concerne tous les pilotes duCharles de Gaulle, sur tous les types d’aéronefs quecompte le Groupe aérien embarqué : chasseursRafaleet Super Étendard Modernisé, avion de guet aérienHawkeye », précise le capitaine de vaisseau ÉricAymard, commandant du Groupe aérien embarqué(GAé) et responsable de l’entraînement des pilotes. Débutée le 16 octobre dernier avec l’appareillage duCharles de Gaulle de Toulon, l’École de l’aviationembarquée (EAé) a pour objectif la formation et laqualification des jeunes pilotes de chasse de la Marine.« L’EAé est une figure imposée pour tout pilote de chassede la Marine : c’est là qu’il acquiert sa qualité de pilotede porte-avions. Il devient marin du ciel apte à opérerde jour et de nuit depuis leCharles de Gaulle. »Deux fois par an, une période de quelques jours à lamer est consacrée aux qualifications des pilotes.Avant d’embarquer, les pilotes en qualification ontenchaîné cinq semaines d’entraînement particuliè-rement intensif. Au cours de séances d’appontagessimulés sur piste (ASSP), ils ont répété à terre les

UNE NOUVELLE GÉNÉRATION DE PILOTES À BORD DUCHARLES DE GAULLE

Le porte-avions Charles de Gaulle et ses avions de combatembarqués ont repris la mer du 16 au 21 octobre poureffectuer une période de qualification et de préparationopérationnelle en Méditerranée. Appelée École de l’aviationembarquée (EAé), cette phase est fondamentale dans le cursusde formation des pilotes de chasse de la Marine. En quelquesjours, neuf pilotes de chasse embarquée ont achevé leurqualification à bord du porte-avions.

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REGARDS CROISÉS

« Pour les marins du Charles de Gaulle, l’EAé coïncide avec la reprise des activités opération-nelles à la mer (tir Aster, ravitaillement à la mer, exercices sécurité). Elle est une sorte derentrée des classes au cours de laquelle l’équipage reprend en main le bateau, tandis que lesmarins fraîchement embarqués prennent leurs marques et font leur place. » CV Pierre Vandier, commandant le porte-avions Charles de Gaulle

« Ma qualif à bord du porte-avions a été précédée d’une campagne d’appontages simulés surpiste (ASSP) difficile comme toute préparation qui se respecte. Il a fallu que je multiplie lespasses jusqu’à ce que les officiers d’appontage m’autorisent à rejoindre le Charles de Gaulle.Grâce aux réflexes forgés lors des ASSP, ma gestion des paramètres de vol a été optimisée pourl’obtention de la qualification à l’appontage. Au fond, le secret de la qualification réside dans letravail réalisé préalablement à terre. » ASP « Jeda », pilote qualifié à l’appontage de jour sur Super Étendard Modernisé

« L’EAé concerne le cercle restreint des pilotes les plus jeunes pour lesquels la finesse des condi-tions météo et le rythme des manœuvres aériennes sont déterminants pour la réussite de leurspasses d’appontage et l’obtention de leur qualification. Par conséquent, tout l’équipage du porte-avions se mobilise pour leur garantir le meilleur environnement de travail. Une fois qualifiés, lesjeunes pilotes feront partie intégrante de l’équipage du Charles de Gaulle. »CV Pierre Vandier

« Je réalise le chemin parcouru : je suis en train de vivre le scénario dont j’ai toujours rêvé et quej’ai répété des centaines de fois sur simulateur. À partir de maintenant, je commence tout justeà jouer dans la cour des grands. » ASP « Jeda »

« En tant que pilote, j’ai conscience de l’importance de la qualification à l’appontage sur porte-avions. On se souvient toute sa vie de ce moment symbolique où l’on devient véritablement marindu ciel. Les circonstances de cette première fois sont importantes pour l’avenir car elles fontnaître dans l’esprit du jeune pilote un sentiment de confiance qui lui sera nécessaire durant toutesa carrière opérationnelle. » CV Pierre Vandier

« Lorsque je suis arrivé à Landivisiau après mon temps de formation aux États-Unis, je savaisqu’il fallait faire ses preuves et gagner sa place dans l’univers très rigoureux du groupe aérien.Au contact des officiers d’appontage et des pilotes plus anciens, je me suis senti poussé à fairele maximum pour être performant et j’ai pu ainsi gagner leur confiance. » ASP « Jeda »

TROIS QUESTIONS AU GCA DIDIER CASTRES, SOUS-CHEF OPÉRATIONS ÀL’ÉTAT-MAJOR DES ARMÉES

Quel est le contexte de votre visite ?Ma visite rattrape une occasion manquée lors de l’opération Harmattanconduite au large de la Libye. Elle me permet aujourd’hui de venir à la rencon-tre du porte-avions et de son commandant, le CV Vandier, qui a été l’un demes subordonnés à l’état-major des armées.

Quel souvenir gardez-vous de votre vol en Hawkeye ?Au-delà de la sensation d’être comme une balle dans un canon au moment ducatapultage, j’ai perçu la globalité et l’efficacité du système de combat du Haw-keye qui lui permettent de réaliser une très grande variété de missions.

Quels sentiments vous ont inspiré le porte-avions et ses marins ?J’ai eu le sentiment d’une grande simultanéité dans la conduite des actions enun même temps, de jour comme de nuit. Pendant que certains planifient lapontée du lendemain, d’autres procèdent en pleine nuit au tir d’un missile

Aster sur une cible volante. J’ai senti chez les marins de tous les grades beaucoup d’envie et d’enthousiasme. Je vois dans le groupe aéronaval unrouage que l’on peut facilement intégrer à l’horlogerie interarmées grâce à beaucoup d’interopérabilités techniques et opérationnelles.

TROIS QUESTIONS AU GÉNÉRAL DE CORPS D’ARMÉE DIDIER CASTRES, SOUS-CHEF OPÉRATIONS À L’ÉTAT-MAJOR DES ARMÉES

Quel est le contexte de votre visite ?Ma visite rattrape une occasion manquée lors de l’opération Harmattanconduite au large de la Libye. Elle me permet aujourd’hui de venir à la rencon-tre du porte-avions et de son commandant, le CV Vandier, qui a été l’un demes subordonnés à l’état-major des armées.

Quel souvenir gardez-vous de votre vol en E2C Hawkeye ?Au-delà de la sensation d’être comme une balle dans un canon au moment ducatapultage, j’ai perçu la globalité et l’efficacité du système de combat du Haw-keye qui lui permettent de réaliser une très grande variété de missions.

Quels sentiments vous ont inspiré le porte-avions et ses marins ?J’ai eu le sentiment d’une grande simultanéité dans la conduite des actionsen un même temps, de jour comme de nuit. Pendant que certains plani-fient la pontée du lendemain, d’autres procèdent en pleine nuit au tir d’un

missile Aster sur une cible volante. J’ai senti chez les marins de tous les grades beaucoup d’envie et d’enthousiasme. Je vois dans le groupeaéronaval un rouage que l’on peut facilement intégrer à l’horlogerie interarmées grâce à beaucoup d’interopérabilités techniques et opération-nelles.

manœuvres d’approche et d’appontage en suivant desparamètres de vol similaires à ceux du porte-avions. « Dans la mesure où leurs aptitudes ont été confir-mées à terre par les officiers d’appontage chargés deles entraîner et de les évaluer, ils ont été admis àpoursuivre leur phase de qualification à bord duCharles de Gaulle. Ensuite, exposés aux contraintesliées à l’environnement maritime : aléas météo,mouvements du bateau et évolution au-dessus de lamer en l’absence de repère, ils gagnent en expérienceet en aisance pour opérer depuis le porte-avions. »Les jeunes pilotes du groupe aérien effectuent lorsde ce déploiement leur tout premier appontage surle pont du Charles de Gaulle. Précédemment, ils ontachevé leur cycle de formation aux États-Unis où ilsont obtenu leur brevet de pilote de chasse au sein del’US Navy avant d’effectuer pour certains leurs pre-miers vols sur Rafale au sein de l’escadron de trans-formation Rafale (ETR) de Saint-Dizier. Pour obtenir leur qualification, les pilotes doiventréaliser six appontages et deux touch and go. Durantces phases, les officiers d’appontage vont évaluer laprécision des appontages selon différents critères :pente, incidence, vitesse, tenue d’axe. « Pour unappontage réussi, un haut niveau d’exigence dans latenue des paramètres de vol est nécessaire », précisele CV Aymard. Après six appontages et deux touch and go réussis surle pont du Charles de Gaulle, le commandant duporte-avions annonce lui-même par radio aux jeunespilotes leur qualification à l’appontage de jour oude nuit. In fine, c’est l’amiral commandant la Forcede l’aéronautique navale (Alavia) qui entérine offi-ciellement l’entrée de ces jeunes pilotes dans la com-munauté de la chasse embarquée. L’EAé permet également aux pilotes plus expéri-mentés de maintenir leur compétence opération-nelle (vols tactiques à plusieurs avions, ravitaille-ment en vol, combat aérien) depuis le porte-avionsCharles de Gaulle. ®

LV OLIVIER RIBARD ET ASP. MYLÈNE BLONDEAU

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VIE DESunités

VIE DESunités

1Héritier des entraînements navals Joint Maritimecourse (de 1970 à 2005, trois éditions par an), puisNeptune Warrior (de 2006 à 2007), Joint Warrior apour objectifs de mutualiser les moyens d’entraî-nement et de travailler l’interopérabilité entre lesnations participantes. Dans le cadre FR/UK, la coo-pération se construit aussi par ce biais dans la pers-pective de la mise sur pied de la Combined JointTask Force (CJEF).Après une première édition au printemps dernier,Joint Warrior 13.2 s’est déroulé du 7 au 17 octobreau large des côtes écossaises. La Marine nationale aengagé pour le volet maritime de Joint Warrior 13.2la frégate anti-sous-marine La Motte-Picquet et sonhélicoptère embarqué Lynx (flottille 34F), ainsiqu’un avion de patrouille maritime Atlantique 2dela flottille 23F.Pour cette édition, un scénario évolutif a permisd’entraîner toutes les unités participantes à travail-ler ensemble dans un environnement de crise defaible et moyenne intensité. La mission de la forcemultinationale était de lutter contre un parti illé-gitime s’installant en « Pastonie », pays inventé pourl’occasion. Le scénario prévoyait une dégradation dela situation avec une volonté des forces du parti illé-gitime de s’emparer des ressources énergétiques dela Pastonie. Il s’agissait donc pour la force multina-tionale de les en empêcher. « Au-delà du besoin de s’entraîner régulièrement avecles autres marines, dont la Royal Navy en particulier,pour maintenir au meilleur niveau l’interopérabilitéde nos forces, ce type d’exercice permet d’habituer lesdifférents échelons opérationnels à proportionner etgraduer le recours aux armes en fonction de la per-

MANŒUVRES AÉROMARITIMES AU LARGE DE L’ÉCOSSEJoint Warrior est un exercice interarmées et interallié, organisé par la Royal Navy et la Royal Air Force deux fois par an au Royaume-Uni.Joint Warrior représente une excellente opportunité pour les nations participantes de travailler conjointement avec les procédures del’Otan dans un contexte se rapprochant au plus près de celui que connaissent actuellement les marines en zone de crise.

JOINT WARRIOR 13.2

ception de la menace », rappelle le capitaine de vais-seau Geoffroy d’Andigné, commandant la frégate LaMotte-Picquet. La frégate a ainsi mis en œuvre sesmoyens d’autodéfense contre des embarcationsrapides et des aéronefs et, élément notable, effec-tué quatre passes de tir contre terre au 100 mmbalayant ainsi de nombreux domaines de lutte, de la

lutte contre les menaces de surface à la lutte antiaé-rienne, en passant par l’action vers la terre et laguerre électronique.La lutte anti-sous-marine a naturellement été aucœur de l’entraînement de la Fasm, avec la partici-pation du sous-marin nucléaire d’attaque britan-nique HMS Triumph et du sous-marin diesel nor-végien HDMS Utvaer. Le Lynx a également pumontrer ses capacités ASM avec plus de vingt-cinqheures de vols effectuées et la mise en œuvre de sonsonar embarqué. La combinaison des senseurs del’ATL2, du Lynx et de la Fasm, coordonnés depuis lecentral opérations du La Motte-Picquet, a démon-tré la cohérence et la complémentarité de ces moyens,indispensables pour garantir l’efficacité du disposi-tif de lutte anti-sous-marine.Durant ces quinze jours, le rapprochement de cesdernières années avec le Royaume-Uni (traité deLancaster House) s’est une nouvelle fois traduittrès concrètement à la mer. Les résultats obtenusont permis de montrer que l’interopérabilité fonc-tionne pleinement au plan tactique. La frégate La Motte-Picquet retrouvera d’ailleurs la côte bri-tannique très prochainement à l’occasion d’unnouvel entraînement opérationnel où elle pourra,une nouvelle fois, faire vivre la dynamique de coo-pération franco-britannique et démontrer le savoir-faire français dans le domaine de la lutte anti-sous-marine.®

UN HÉLICOPTÈRE LYNX IMMERGE SON SONAR DUBV-4 AFIN DE DÉTECTER LE SOUS-MARIN ADVERSE.

LA FRÉGATE LA MOTTE-PICQUET PARTICIPAIT À L’EXERCICE.

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LE VENDÉMIAIRE AUSSIE(1) !La frégate de surveillance (FS) Vendémiaire a appareillé le 23 septembre dernier de Nouvelle-Calédonie, afin de participer à Sydney aucentenaire de la Marine australienne, puis en mer de Tasman à un entraînement multinational intitulé Triton Centenary.

HISTOIRES AUSTRALIENNES

Un pavé de 500 pages, des dessins noir etblanc, un découpage cinématographique etune intrigue captivante (celle de l’histoiremoderne de l’Australie), c’est le propos deTerra Australis. Une BD d’ores et déjà lau-réate 2013 du prix Amerigo Vespuccidécerné par le réputé Festival internationalde géographie de Saint-Dié-des-Vosges. Dece « roman graphique », les spécialistesdisent également que c’est une créationsans précédent dans l’histoire de la BDfrançaise et internationale. Un bel ouvrageindispensable dans la bibliothèque de toutcarré. • Terra Australis, Philippe Nicloux (dessin)et de Laurent-Frédéric Bollée (scénario),Glénat, 512 pages, 45 €.

VOYAGES, VOYAGES

Trois semaines durant, les marins du Vendémiaire ont pu voir à l’œuvre uneartiste souvent assise, en tailleur, dans le hangar aviation, plage avant, plagearrière ou en passerelle supérieure. Durant son embarquement ponctué par« une escale inoubliable en Australie, un rêve d’enfant », Marie Détrée (�) aréalisé 29 gouaches. Des œuvres marines que l’intéressée a exposé à bordmais également à l’alliance française de Sydney. Quant aux embarquementssur les « bateaux gris », la peintre de la Marine les multiplie depuis sa nomina-tion. « Tokyo, Shanghai, Kuala Lumpur… Un mois sur le BPC Mistral, unembarquement sur la Meuse dans le golfe de Gascogne, le Dupleix pendant30 jours en Méditerranée. J’aime embarquer. C’est l’opportunité de ramenerune abondante moisson de gouaches et d’images qui alimentent par la suite mon travail. » Chez Marie Détrée, la soif d’horizons lointains sembleinextinguible.• Son site web : www.mariedetree.com

LE GOUVERNEUR DUGÉNÉRAL

D’AUSTRALIE,MME QUENTIN BRYCE,

ET SAR LE PRINCEHARRY D’ANGLETERRE

PASSANT LEVENDÉMIAIRE EN

REVUE À BORD DUHMAS LEEUWIN.

1 « Vive la France ! Bienvenue ! » C’est sous lesvivats, les encouragements et les hourras impres-sionnants des sydneysiders que l’équipage du Vendémiaire a défilé avec fierté, le 9 octobre dernierà George Street, la principale artère de la ville. Ce défilé dans Sydney était le point d’orgue d’unesemaine riche en événements pour l’équipage duVendémiaire. Après avoir été passé en revue au mouil-lage par Mme Quentin Bryce, gouverneur générald’Australie, et Son Altesse Royale le prince Harryd’Angleterre, les marins français ont pu profiter àl’envi d’un point de vue privilégié, au milieu de labaie de Sydney, afin d’admirer un feu d’artifice. Le 6 octobre au matin, le Vendémiaire s’est rendu àquai dans la base navale de Garden Island. Ce nou-veau site a lui aussi offert une vue imprenable auxmarins, cette fois sur les landmarks de Sydney :l’Opera House et le Coat Hanger Bridge.

5 000 visiteurs en deux joursIntrigué et attiré par la présence des Frenchies, lepublic australien s’est pressé sur le pont de la frégateVendémiaire. 5 000 visiteurs sont ainsi montés àbord en deux jours. Une affluence record qui a per-mis à l’équipage de faire visiter le bâtiment et deraconter la vie embarquée. Quant à l’anniversaire des 100 ans marquant l’en-trée historique dans le port de Sydney de la pre-

mière flotte de guerre de la Marine australienne, s’ila été dignement fêté par tous ses participants, il a sur-tout donné lieu à des cérémonies du souvenir, pourles marins et explorateurs disparus à Lapérouse(2),petite ville de Nouvelles-Galles-du-Sud nomméeainsi en souvenir du célèbre explorateur français. Cérémonies, revue et défilé, la frégate Vendémiairea porté haut le pavillon tricolore. Quittant Sydneyla tête pleine de souvenirs, les marins se sont cepen-dant tout de suite plongés dans les réalités opéra-tionnelles en participant à l’entraînement TritonCentenary. Objectif de cet exercice : améliorer l’in-teropérabilité et la connaissance mutuelle dans tous

les domaines des opérations maritimes en multi-national. Objectif atteint.Accompagné de bâtiments australiens, néo-zélan-dais, américains, espagnols, japonais et malaisiens,la frégate française a enchaîné des entraînementsde plus en plus complexes. Autre découverte des marins du Vendémiaire, cellede la mer de Tasman(3) et ses brusques changementsde météorologie où à un matin calme, avec une merà peine ridée, succède un après-midi avec une merdémontée, des creux de 5 mètres et des vents souf-flant jusqu’à 50 nœuds. De quoi affûter son sensmarin…®

STÉPHANE DUGAST

(1) Diminutif anglo-saxon désignant les Australiens.(2) Le comte de La Pérouse, alias Jean François de Galaup (1741-1788), parviendra le 26 janvier 1788 à Botany Bay en Australie.(3) La mer de Tasman (ou mer de Tasmanie), dans le Pacifique Sud, est situéeentre la Nouvelle-Zélande, l’Australie et la Tasmanie.

AU MOUILLAGE À JERVIS BAY, ŒUVRE DE MARIE DÉTRÉE �.

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PORTRAITde marin

1 En débutant à l’École des mousses en 1982,Thierry Masson n’imaginait pas qu’un jour il ser-virait dans la réserve comme pilote de cible. LeLV (R) Masson est au cœur d’un projet atypiqueporté par la division Entraînement de la Forced’action navale (FAN) : celui d’assembler des ciblesautonomes téléguidées pour l’entraînement desbâtiments de la Marine.Après l’École des mousses, Thierry Masson devientélectromécanicien d’armes (Elarm), « canonnier »comme il aime à le préciser. Sa spécialité l’amènesur différents bâtiments, dont le Duguay-Trouinqui lui laisse un souvenir flamboyant. Puis, il enchaîneles affectations embarquées et à terre. En 1996, ildevient officier spécialisé de la Marine par voie deconcours dans la spécialité Armes-Équipements. Il estaffecté sur le porte-avions Charles de Gaulle alorsen construction à Brest, puis participe aux premiersessais de son système de combat dont le missile Aster.On lui propose de participer à un projet inno-vant : celui de monter une ciblerie pour l’entraî-nement des navires de Brest et Toulon. Jusqu’alors,les navires brestois utilisaient le centre d’essais desLandes pour réaliser des tirs sur cibles aériennes.Cela engendrait des coûts importants et ne per-mettait pas une optimisation des jours de merconsommés. Et sur le plan technique, ces essaisne répondaient que partiellement au besoin réeld’entraînement.L’idée de la division d’entraînement d’Alfan étaitd’une part d’améliorer le réalisme des entraînementset évidemment de limiter les temps de transit.

À QUOI SERT UNE CIBLE ?

Grâce aux cibles, les équipages desnavires de la Marine s’entraînent à uneattaque avec tout type de munitions ycompris les missiles. Pour cela, Alfans’est doté d’un panel complet de cibles quipermettent de se rapprocher le plus pos-sible de la réalité en matière d’attaque,notamment en cas de menaces asymé-triques.Deux cibles sont donc utilisées pour l’entraînement : la Snipe, cible de type aéromodélisme, et la Banshee. La vitesse dela première, peu élevée et l’altitude atteinteen font une cible plus facile à détecter. Elleoffre donc un premier niveau d’entraînementsimple mais efficace. La seconde ressembleà un mini avion de chasse ou un missile. Elle possède un réacteur et tend vers des caractéristiques de missiles : vitesse élevéeet altitude basse. Cela permet clairement des’entraîner à l’autodéfense.Lors d’un exercice de tir, les bâtimentsn’ont aucune idée du type de cible tiréeafin de se rapprocher au maximum de laréalité.

Le LV(R) Masson a ainsi participé à l’élaborationd’un cahier des charges pour doter la Marine decibles performantes. Trois ans plus tard, le pari est réussi. La Marine metdésormais en œuvre des cibles autonomes téléguidéesà partir d’un navire affrété à Brest et à Toulon.Concrètement ? Deux types de cibles ont été ache-tés. La première, la Snipe, ressemble à un aviond’aéromodélisme à hélice. La seconde, la Banshee,s’apparente à un mini avion de chasse. Elles sontlancées par une catapulte installée sur l’affrété.Une fois lancées, elles sont pilotées par l’intermé-diaire d’ordinateur. À l’issue du tir, la cible estrécupérée pour un usage ultérieur. Elle est en effetreconditionnée pour resservir. Comme l’indiquele LV Masson, « rien n’a été laissé au hasard dansce projet où la maîtrise des coûts a été un véritableleitmotiv ».Le pilote prépare son vol, la trajectoire, la vitesse,l’altitude en fonction du type de bâtiment et de l’ar-mement utilisé, puis il programme la cible. Durantle vol, il surveille l’ensemble des paramètres de sécu-rité et peut interrompre la mission si nécessaire. Et du côté des navires, quel est le retour d’expé-rience ? Thierry Masson répond sans hésiter : « Leretour est excellent. Le réalisme engendré par la miseen œuvre des cibles rend l’entraînement beaucoupplus difficile. Cela répond à la demande des équi-pages. » Et de conclure par le vieil adage : « Entraî-nement difficile, guerre facile. »®

LV INGRID PARROT

LE LV MASSON ET LA CIBLE TÉLÉGUIDÉE BANSHEE (QUISIMULE UN AVION DE CHASSE OU UN MISSILE).

Du haut de son 1,98 m et avec son physique de géant suédois, le lieutenant de vaisseau (R) Thierry Masson en impose. Pas seulement physiquement, mais aussi parson parcours qui l’amène aujourd’hui à exercer le métier de pilote de cible.

DANS LA LIGNEDE MIRE

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1 La production du froid est au cœur des préoc-cupations environnementales. L’entrée en vigueurrégulière de nouvelles normes d’utilisation de fluidesfrigorigènes et de maintenance des installations de cli-matisation ou de frigo-vivre, pour protéger la couched’ozone et lutter contre l’effet de serre, impose à cedomaine d’activité et aux frigoristes une remise enquestion permanente. Or, rester aux normes ne s’improvise pas. C’est ce qu’abien compris le PM Philippe Velly. Ce marin desports s’attache depuis 2004 à identifier et suivre avecopiniâtreté les normes en vigueur et leur implicationdans le travail quotidien des frigoristes de la Marine,qui permet à tous nos bâtiments de partir loin etlongtemps en équipage. Qu’il s’agisse de tisser des liens étroits avec les entre-prises nationales spécialisées dans la production defroid, de mettre en place la formation des intervenantssur installations, d’éclairer le commandement surles choix futurs en fonction de l’évolution des normes,le travail remarquable du PM Velly lui vautaujourd’hui la reconnaissance de l’Académie deMarine. À ces éminentes qualités techniques s’ajoute

EN BREF

Le PM Philippe Velly (46 ans) a rejoint le corps des marins des ports en 1987,comme ajusteur-mécanicien. Il a notam-ment servi à Mururoa (1991-92) et aembarqué sur le Jules Verne (1996-97).Sur ses 27 ans de carrière, le PM Vellyen a passé plus de 20 dans le domaine du froid. Il est actuellement chef d’atelierdes groupes fluides, divers mécanique au SLM Toulon.

sa dimension humaine, celle d’un meneur d’hommes.Le PM Philippe Velly est intimement persuadé qu’unrésultat tangible ne peut être obtenu que par la mise

RÉGLAGE D’UN COMPRESSEUR FRIGO AIR « LOIRE » À BORD DE L’ILE D’OLÉRON EN 1995.

DES IDÉES FRAÎCHES !Le 15 octobre, le premier maître PhilippeVelly, servant aux ateliers du Servicelogistique de la Marine (SLM) à Toulon, a été distingué par l’Académie de Marinelors de sa séance solennelle de rentrée. Leprix Maurice Lebrun(1) lui a été remis àl’École militaire à Paris pour avoir suinstaurer de nouvelles procéduresd’intervention, désormais généralisées dansla Marine, en matière de traitement desfluides frigorigènes.

au service de tous des compétences individuelles,par l’esprit d’équipe et la cohésion. Surpris et heureuxpar cette récompense prestigieuse, il estime que l’épa-nouissement professionnel qu’il a trouvé au sein deson service l’a conduit à cette réussite : « Il ne fautjamais hésiter même si c’est parfois épuisant et qu’ilfaut bouger des montagnes. Il faut solliciter et pro-poser pour avancer. » Il invite ainsi tous les marins às’inscrire dans cette démarche pour persévérer dansl’amélioration des processus, dans leurs domainesd’activités respectifs. ®

LV (R) THIERRY DELORME

(1) Le prix Maurice Lebrun (ingénieur des Arts et Métiers) est attribué alter-nativement, d’une année à l’autre, à un chef d’entreprise qui aura favorisé l’es-sor de la Marine militaire ou marchande ou à une personne appartenant ouayant appartenu au personnel de maîtrise des arsenaux ou des chantiersprivés qui, par ses initiatives, aura rendu le travail à la fois plus efficace et plushumain.

TOUTE LA FAMILLE DUPM VELLY A TENU ÀL’ENTOURER LORS DE LA REMISE DE PRIX.

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CHRONIQUEdupersonnel

DEVENEZ OFFICIER !Chaque année, la Marine recrute près d’un officier de la Marine sur deux parmi les équipages de la flotte, officiers mariniers, quartiers-maîtres de la flotte (QMF). Ce recrutement garantit une précieuse diversité de compétences et d’expériences dans le corps des officiers. Il offre de largesopportunités de promotion interne ouverte au plus grand nombre. Plusieurs voies de recrutement interne sont en effet accessibles.

1 Cette année, 87 marins officiers mariniersou QMF ont franchi le cap et sont devenus offi-ciers de marine. Jusqu’à présent, quatre voies de recrutementinterne étaient ouvertes, deux sur concours :l’École navale interne (ENI) et l’École militaire dela flotte (EMF) / OSM, et une au choix : offi-ciers spécialisés de la Marine (OSM) et unrecrutement sur dossier et épreuve de sélec-tion : officier sous contrat filière « opérations ». La voie de recrutement de l’École navale interneest celle qui suscitait statistiquement le moinsde candidatures tandis que les recrutementsOSC/OSM (concours/choix) sont très prisés.En 2014, le recrutement ENI sera réduit, puissuspendu à compter de 2015. Cela permettrade préserver les autres voies de recrutementinterne tandis que le volume global du recrute-ment, en particulier celui des officiers, seraresserré dans le cadre de la manœuvre RH àvenir.

Des possibilités à chaque étape de sa carrièreLes recrutements OSC et OSM sont accessi-bles à différents moments de la carrière. Lesconditions varient en âge, expérience et ancien-neté de service.

Qu’ils soient recrutés tôt, pour occuper lesmêmes postes que les officiers issus de l’Écolenavale en première partie de carrière, ou plus

tard en tant qu’expert dans leur domaine despécialité, quelles que soient leurs motivations,précoces ou tardives, les officiers sélectionnésen interne partagent une volonté d’assumerdavantage de responsabilités, d’être impliquésdans l’encadrement et le commandement. Les plus jeunes marins passent par le recru-tement officier sous contrat (OSC). « Je suisentré dans la Marine en 2003 par l’École demaistrance, comme navigateur-timonier avecla passion de la mer et de la navigation»,explique l’EV1 Nicolas Baroche, chef de ser-vice Armes sur le BPC Tonnerre. « Pendant lecours du brevet supérieur de navigateur, j’aientendu dire que les fonctions d’officier chef duquart (OCDQ) sur les frégates de 1er rangseraient désormais réservées aux officiers. Celam’a immédiatement enthousiasmé. J’ai proposéma candidature pour le recrutement OSC OPS.Finalement, les officiers mariniers continuent detenir des postes de chef du quart sur les fré-gates… mais j’ai très bien fait. Mon désir d’ac-céder à des responsabilités de niveau supérieura pu se réaliser. Si j’avais attendu deux ans deplus, j’aurais également pu me porter candidatpour le cours d’EMF/OSM, mais je ne voulaispas attendre et rester sous contrat ne meposait pas d’état d’âme.»Après le brevet supérieur (BS), les officiersmariniers ont accès au recrutement d’officierspécialisté de la Marine (OSM), d’abord EMF(concours), puis au choix. Le lieutenant de vais-seau Olivier Lebosquain a servi dix ans commeofficier marinier timonier avant de passer leconcours OSM. « C’était pour moi une évidence.

LE LV OLIVIER LEBOSQUAIN ET LE CV XAVIER GARIEL À BORD DU RR REVI.

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À RETENIR• Retrouvez toutes les précisions pour devenirofficier dans l’espace « Accélérer votre carrière »sur Intramar / Portail RH.• Recrutement OSC/OPS ouvert au titre de l’an-née 2014 : candidatures ouvertes jusqu’au 19 janvier 2014.• Concours EMF/OSM : les candidatures son closes pour l’année 2014,épreuves écrite d’admissibilité les 11 et 12 février 2014,épreuves orales et sportives du 17 avril au6 juin 2014.

Ma plus forte motivation pour tenter le concoursOSM, c’était d’avoir plus d’opportunités de com-mander à la mer. Depuis que j’ai échangé mesgalons d’officier marinier avec ceux d’officier, j’aipu commander deux bâtiments : la goéletteBelle Poule et le RR Revi. Pour moi, comman-der c’est être responsable des hommes etfemmes qui composent l’équipage. Comman-der c’est une prise de risques permanente. »Pour le capitaine de frégate Dominique Pierquet,également OSM, sa dernière affectation d’offi-cier marinier a marqué un tournant et l’apoussé à construire son nouveau projet pro-fessionnel. « Pendant quatre ans, j’ai travailléau sein d’une équipe interarmées sur le déve-loppement et le déploiement d’un système d’in-formation et de communication (SIC). Uneaffectation intellectuellement passionnante,après laquelle je ne me voyais plus retournerdans un atelier de maintenance. »

Une autre carrière Le changement implique des responsabili-tés croissantes et un rôle différent dansl’équipage. « Ce n’était plus à quelqu’un d’au-tre de définir mes contraintes mais à moi dele faire », reprend l’EV1 Baroche. « En deve-nant officier, je me suis transformé en un despôles lors des prises de décision, je participeà la planification des activités, à la formationet à la promotion du personnel placé sousmes ordres. » Le nouvel officier puise aussidans sa première partie de carrière uneexpérience précieuse. « Ma carrière d’offi-cier marinier m’a permis d’apprendre monmétier de navigateur et d’accumuler de l’ex-périence. Aujourd’hui, je me sers de tout cela.C’est pour moi un atout majeur dans ma car-rière d’officier », précise le LV Olivier Lebos-quain. Aucun regret en tout cas pour ces ex-offi-

ciers mariniers, comme l’EV1 Baroche :« Si l’envie de quitter la maîtrise techniquepour commander est là, il ne faut pas hési-ter ! La vie embarquée est totalement diffé-rente. Il y a quelques avantages mais égale-ment beaucoup plus de contraintes. Lesheures ne sont pas comptées et la vie defamille, de fait, n’est pas plus simple. Mais lareconnaissance est au rendez-vous, mêmepour un tout jeune officier. Et puis, mêmesi ce n’est pas la motivation principale lasolde est heureusement adossée à la courbedes responsabilités, ce qui n’est pas négli-geable ! » Pour le CF Pierquet, « nous avonsla chance de travailler au sein d’une arméeoù, à chaque affectation et pour chaquegrade, il faut savoir se remettre en ques-tion. Donc rien n’est impossible pour celuiqui s’en donne réellement les moyens : Fon-cez ! », conclut-il. ®

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CHRONIQUEdupersonnel

1 Pas besoin d’être commando pour postuler.Le CC Desrivières, commandant du commandoKieffer, aime à le rappeler : « Ici ce sont les com-pétences et l’état d’esprit qui priment.» Les can-didats viennent de diverses spécialités, du détec-teur au marin-pompier, du fusilier marin aumarin spécialisé en système de télécommuni-cations. Leur dénominateur commun : l’envied’intégrer une unité prestigieuse qui offre unengagement opérationnel fort, combiné à unerecherche constante d’innovation. « Les aguerrir,nous saurons faire. Mais ils doivent avoir en euxun supplément de motivation et de curiosité quifera que leur intégration sera rapide.» Véritable« start-up » au sein de la Force des fusiliersmarins et commandos, le commando Kiefferrenouvelle chaque année une partie de son équi-page. Cinq à dix places sont donc disponibles. « Un message est envoyé à toutes les unitéschaque année au mois de juin pour notifier lebesoin en personnel et les capacités associées.»

Un incubateur de spécialistesLe juste besoin pour la juste compétence, telpourrait être la devise en ressources humainesde Kieffer. Guerre électronique, drones ou encoreanalyste renseignement, interprétateur image.Les compétences recherchées sont pointues. Cecommando est en prise directe avec les besoinsde la Marine nationale et du commandementdes opérations spéciales. Mais cette démarcheest un véritable défi. La Marine nationale faitdonc un effort important pour répondre aux exi-gences de recrutement imposées par ce typed’unités et sollicite toutes ses spécialités.

KIEFFER RECRUTEDu 7 au 13 octobre, les sélections pour intégrer le commando Kieffer se sont déroulées à Lorient.Créé en 2008, le commando Kieffer recrute, tous les ans, une dizaine de marins dans autant dedomaines de compétences.

Une question de préparationCette année, sur les vingt-et-un candidats quiont répondu à la direction du personnel mili-taire de la Marine (DPMM), douze profils ontété retenus. Au programme de leur semaine :tests physiques et nautiques, entretiens psy-chologiques et professionnels… « Cettesemaine de sélection n’est pas un stage com-mando, mais vous serez mis en situation par-ticulière, peut-être bousculé par rapport à voshabitudes. Trois critères s’imposeront dans lechoix des futurs sélectionnés : les capacitésphysiques comme preuve de préparation à cessélections et indispensable à votre futur emploi,votre état d’esprit et enfin, vos capacités tech-niques qui permettront au commando Kiefferde continuer à innover.» Composé de marins,quartiers maîtres et d’officiers mariniers, cestage s’est déroulé dans d’excellentes condi-tions.

Des marins motivés, des spécialistes confirmésLoin des mythes souvent véhiculés dans laMarine, ces quelques jours apportent auxcandidats une image différente des com-mandos marine : rigoureuse, exigeante ethumaine. Au final pour cette session, sixmarins intégreront le commando en 2014.Dans la foulée, ils se formeront dans leursnouvelles spécialités et suivront différentsstages (TAP…), le stage commando au prin-temps pour certains d’entre eux. À plus longterme, ils reviendront dans leurs spécialitésd’origine, forts d’une expérience rare et decompétences enrichies. ®

TÉMOIGNAGES

• QM1 M., spécialiste des télécommunications (Sitel)« J’ai trouvé les épreuves sportives assezdures mais avec de l’entraînement et l’excellent esprit de groupe qu’il y a pendantles sélections, c’est réalisable. »

•MT M., Sitel« Je suis rentré dans la Marine pour partir en opérations. J’ai appris que ma candidature était retenue pour les sélections il y a peu. Même si je ne fais paspartie des heureux élus cette année pour des résultats insuffisants, je compte revenir en 2014. »

• QM T., marin-pompier« Je développe mes compétences en matièrenucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques (NRBC). J’ai envie d’apprendredans ce domaine pour pouvoir aider techniquement les commandos. »

VÉRITABLE START-UP LORIENTAISE, LE COMMANDOKIEFFER MAÎTRISE LES TECHNOLOGIES DE POINTE AU SEINDE LA MARINE.

LORS DE LA SÉLECTION, CHAQUE STAGIAIRE ÉTAIT BINÔMÉ AVEC UN MARIN DE LA FORFUSCO.

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ESPACEloisirs

JEAN ROLIN, L’ÉCRIVAIN

Reporter globe-trotter trois décennies durant, Jean Rolin a d’abord écrit desreportages pour la grande presse, dont Libération, Le Figaro, L’Événementdu Jeudi ou Géo. Il est désormais reconnu pour ses talents d’écrivain. Outresa plume acérée, c’est son sens aigu de l’observation du monde qui sembleêtre sa force. Son œuvre est d’ailleurs variée. Car, l’ex-lauréat du prestigieuxprix Albert Londres (1988) peut aussi bien écrire sur le paysage urbain,comme dans Zones (1995) ou La Clôture (2002), que sur l’univers portuaire comme dans Terminal Frigo (2005). Recueil de ses reportages etarticles écrits entre 1980 et 2005, L’Homme qui a vu l’ours (2006),

et ses deux romans suivants : L’Explosion de la durite (2007) et Un chien mort après lui (2009) lui vaudront de se distinguer parmi sespairs. Son avant-dernier roman Le ravissement de Britney Spears (2011)narrant une menace de kidnapping pesant sur la pop star, lui vaudra unebelle reconnaissance auprès du grand public. Grâce à Ormuz, l’écrivain demarine est d’ores et déjà lauréat du prix 2013 de la langue française(1).

(1) Créé en 1986 par la Ville de Brive, le prix de la langue française récompense l’œuvre d’une personnalité du mondelittéraire, artistique ou scientifique qui a contribué, de façon importante, par le style de ses ouvrages ou son action,à illustrer la qualité et la beauté de la langue française.

D’ORMUZ & D’AILLEURSJean Rolin � aime la mer, Britney Spears, les bateaux, les villes, les ports, les marins et… le détroit d’Ormuz ! Reliant le golfe Arabo-persique au golfe d’Oman, ce point goulet d’étranglement du trafic mondial est « l’élément dramaturgique fort » de son dernierroman au titre sobre et élégant.

1 Le détroit d’Ormuz, Jean Rolin � l’a franchi àmaintes reprises. Les deux premières fois sur un cargo « dans un climat très tendu » dans lesannées80 (pendant la guerre Iran/Irak), la troisièmefois sur un boutre (à moteur) à l’occasion d’un repor-tage sur la contrebande de l’or et la quatrième fois àbord du pétrolier-ravitailleur Meuse. Plus récem-ment, il a également effectué un transit entre Mas-cate et Bahreïn à bord de la frégate Cassard.Ces embarquements sont à l’origine de son romanqui n’est ni un traité géopolitique, ni un guide devoyage. Reliant le golfe Arabo-persique à la mer d’Arabie, ledétroit d’Ormuz est une des artères principales du tra-fic international, emprunté par exemple par plus de30% du commerce mondial de pétrole. Outre l’Iranet les Émirats arabes unis, Ormuz commande l’ac-cès à d’autres « gros » pays producteurs d’hydrocar-bures comme l’Arabie Saoudite, le Koweït, le Qatar,le royaume de Bahreïn et l’Irak. C’est ce détroit sous forte surveillance que Wax,

héros d’un certain âge un brin mythomane, pro-jette de traverser à la nage, de la rive perse à la rivearabe. Cette entreprise à hauts risques, requérantdes repérages, des prises de contacts et de finesanalyses de la situation politico-militaire, est détaillée par le narrateur du roman, égalementchargé de la chronique de l’exploit en question.Cette étonnante odyssée, Jean Rolin la raconteavec beaucoup de saveurs, saupoudrée d’un brind’ironie. Quant à son œuvre littéraire, elle nemanque pas de sel. Depuis, il a à nouveau embarqué deux mois, surl’Albatrosà destination des Terres australes et antarc-tiques françaises(1). « J’aime les immersions», concèdesobrement l’intéressé. Autant d’arguments quidevraient inciter les marins à lire cet écrivain quiaffectionne, comme eux, la vie sur les océans.®

STÉPHANE DUGAST

(1) De cet embarquement austral, Jean Rolin a publié un court récit de 56pagesintitulé L’albatros est un chasseur solitaire, paru chez l’éditeur grenobloisCent pages.

LA FRÉGATE DE DÉFENSE AÉRIENNE CHEVALIER PAUL PASSAIT LE DÉTROIT D’ORMUZ EN FÉVRIER DERNIER, PARTICIPANT À L’ESCORTE D’UN GROUPE AÉRONAVAL AMÉRICAIN.

JEAN ROLIN �.

> À LIREORMUZ,JEAN ROLIN,ÉDITIONS P.O.L., 217 PAGES, 16€.

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32®COLS BLEUS®N°2862®15 MARS 2008

VIE DESunités

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ESPACEloisirs

L’ÂME D’UN GUERRIER

1 Rien ne prédestinait Philippe Kieffer à devenir unefigure tutélaire des commandos marine de la SecondeGuerre mondiale. Banquier influent pendant vingtans, ce natif d’Haïti rentre en France quelques moisavant le début des hostilités. Fort de ses convictions, mais sans expérience militaire,l’intéressé rejoint la France Libre. À 42 ans, il devientl’un des créateurs et le chef d’une troupe d’élite fran-çaise, arborant le béret vert. Cette unité sera la seuleà débarquer le jour J sur les plages de Normandie.Pourtant portée sur grand écran en 1962 dans lasuperproduction hollywoodienne de Darryl ZanuckLe jour le plus long, son histoire demeure méconnuede nombre de nos compatriotes. Ce bel ouvrage lève le voile sur le destin de PhilippeKieffer, au-delà des discours convenus et des légendesfabriquées.Se basant sur une étude menée pendant deux ans àl’université de Caen, l’auteur, Benjamin Massieu s’estappuyé sur une riche documentation, pour la plu-part inédite, privée voire classifiée, et sur une icono-graphie aboutie.Historien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale,mais aussi de l’histoire militaire de la France Libre etde la Libération, Benjamin Massieu s’est naturellement

1 Denise Beau-Lofi a travaillé deux ans durant à ceroman biographique. Un ouvrage racontant l’histoirede ses parents, dont celle de son père, figure oubliéede la Seconde Guerre mondiale. Le 6 juin 1944,Alexandre Lofi, à la tête de la 8e compagnie dubataillon, débarque en Normandie et attaque sonobjectif, le casino d’Ouistreham. Il se distingueraégalement en Hollande lors d’une attaque alliée, le1er novembre 1944. Il mène alors sa compagnie àl’attaque de la redoute ennemie de Walcheren, uneposition clé dont il s’empare en dépit de la supério-rité de l’adversaire, faisant une centaine de prisonniers,dont le commandant. Après-guerre, Alexandre Loficontinuera à servir dans la Marine, occupant diffé-rents postes à terre avant de terminer sa carrière avecle grade d’officier en chef des équipages. Décédé le7mars 1992 à Cuers dans le Var, Alexandre Lofi étaitjusque-là resté un héros trop discret. Sa fille, Denise,s’est attachée à retracer sa vie pour lui rendre hom-mage, accomplissant ainsi son devoir de mémoire.®

S.D.

UN HÉROS TRÈS DISCRET

> À LIREIL FALLAIT Y CROIRE - ALEXANDRE LOFI, HÉROS DUJOUR J, DENISE BEAU-LOFI, ÉDITIONS DU BOUT DE LA RUE,315 PAGES, 18 €. COMMANDE ET RENSEIGNEMENTS SURWWW.EDITIONDUBOUTDELARUE.FR

Philippe Kiefferest et restera le pèredes commandosmarine. Avec sonnom aujourd’huiporté par une unitédes commandosmarine, vit l’espritd’Achnaccarry(1), un esprit affranchi.Un esprit quitraverse le temps etles conflits.»

«

VAE CHRISTOPHE PRAZUCK

6 juin 1944 en Normandie, les soldats alliés débarquent en masse. Parmi eux, un groupe de177 Français portant un béret vert. 177 commandos menés par un homme : PhilippeKieffer. Un beau-livre rend hommage à ce marin dont on dit qu’il est le père fondateur descommandos marine et un héros du jour J.

passionné pour l’épopée des 177 bérets verts. Il s’estmême lié d’amitié avec plusieurs des vétérans encoreen vie, ainsi qu’avec les familles, grâce notammentauxquelles il a eu accès à des documents inédits, indis-pensables à l’écriture d’une biographie illustrée.En plus de revenir sur le rôle de Philippe Kieffer durantle conflit – la formation des commandos en 1942,leur entraînement en Écosse, les opérations de débar-quement en Normandie, leurs faits d’armes en Hol-lande – l’auteur consacre dans son ouvrage une largeplace aux trois vies de Philippe Kieffer. Il revient sur sesorigines alsaciennes et sa jeunesse, sa carrière civileou encore son engagement politique après-guerre.Un beau-livre au sens propre comme au sens figuré.®

STÉPHANE DUGAST

(1) Village écossais dans lequel les Britanniques créèrent en 1940 une école de com-mandos. C’est là que fut notamment constitué le 1er bataillon de fusiliers marins,mis sur pied en avril 1941, par l’enseigne de vaisseau Kieffer.

> À LIRE PHILIPPE KIEFFER, CHEF DES COMMANDOS DE LA FRANCE LIBRE, BENJAMIN MASSIEU, ÉDITIONS PIERRE DE TAILLAC,224 PAGES, 30 €.

LA PRESSE BRITANNIQUE NEMANQUE PAS DE RELATER LA

RENCONTRE ENTRE LE GÉNÉRALGIRAUD ET LE LIEUTENANT

DE VAISSEAU PHILIPPE KIEFFER.

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DANS LES SEMAINES À VENIR

Du 12 au 14 novembre, MéditerranéeEntraînement avancé Tamouré.

Du 15 au 25 novembre, AtlantiqueEntraînement de guerre des mines Cutaway 13.

Le 16 novembre, Brest (Finistère)Cérémonie de présentation aux drapeaux du CINde Brest.

Du 18 au 22 novembre, Paris Conseil de la fonction militaire marine (CFMM).

Le 20 novembre 2013, Paris Conférence « Histoire de la marine marchande de 1945 à nos jours » par M. Jean-FrançoisPahun, à l’Académie de Marine.

Du 21 au 24 novembre, Paris La Marine sera présente, aux côtés des autresarmées, au Salon de l’Éducation (Parc des Exposi-tions, Porte de Versailles).

Du 2 au 6 décembre, MéditerranéeEntraînement Gabian 13.4, préparation opération-

nelle des unités de la Force d’action navale basées àToulon.

Les 3 et 4 décembre, Montpellier et Sète (Hérault)9e édition des Assisses de l’économie maritimefrançaise et du littoral.

INFOagenda

DANS LES SEMAINES À VENIR N’hésitez pas à nous faire part des activités que vous souhaiteriez voir figurer dans cette rubrique à : [email protected]

AUTORITÉS • Le chef d’état-major de la Marine, l’amiral Bernard Rogel, participera aux cérémonies commémoratives du 11 Novembre qui setiendront à Paris. Il effectuera une visite officielle en Roumanie les 18 et 19 novembre.• Le directeur du personnel militaire de la Marine présidera, le 16 novembre, la cérémonie de présentation aux drapeaux du CINde Brest.

11 NOVEMBRE : TISSONS LE LIEN !C’est dans l’idée de renforcer le lien armée-Nation que fut créé le« bleuet de France ». Charlotte Malleterre et Suzanne Leenhardt,infirmières à l’Institution nationale des Invalides, créèrent en 1925un atelier pour les anciens combattants, blessés et mutilés de

guerre qui y tissaient des fleurs de bleuet. Le bleuet, surnom donné par leurs aînés dans les tranchées aux jeunes soldats à l’uni-forme bleu horizon, est choisi comme symbole national du souvenir. Ces bleuets sont désormais vendus aux profits des anciens combattants et portés chaqueannée à l’approche des commémorations du 11 Novembre. Ils seront vendus et portésdans différentes unités de la Marine et le CEMM qui le portera encourage chacun à cetacte de solidarité. L’œuvre nationale du bleuet de France, sous l’égide du ministre délégué aux Anciens Combattants, soutient au quotidien plusieurs milliers d’anciens combattants tout en renforçant le lien de solidarité tissé entre la Nation et le monde combattant. Pour en savoir plus : www.bleuetdefrance.fr

JUSQU’AU 29 NOVEMBRE, PARIS Festival international du cinéma éthnographique Jean Rouch, parrainé par Jean Gaumy �, peintre officiel de laMarine (POM).• Vendredi 15 novembre de 14 h à 17 h 30,Maison des cultures du monde (Paris 6e)Projection du film Sous-marin de JeanGaumy �, sur le quotidien du SNA La Perleet débat en présence du réalisateur.•Samedi 23 novembre, de 10 h à 13 h, Écoledes Hautes études en sciences sociales (Paris6e). Projection d’extraits de films, échangesd’expérience et débats menés par le cinéasteAlain Bergala et Jean Gaumy �Pour en savoir plus : www.comitedufilmethnographique.com

ADOSM : JOURNÉES D’ENTRAIDEL’Association pourle développementdes œuvressociales de laMarine (ADOSM)est une associationloi 1901, reconnue

d’utilité publique. Elle vient en aide auxveuves, orphelins (dès le primaire etjusqu’à la fin de leurs études) et auxanciens personnels de la Marine quiconnaissent de graves difficultés : envi-ron 300 000 € de bourses d’études et75 000 € d’aides sont attribués chaqueannée. L’ADOSM fêtera ses 75 ans en2014. Comme chaque année, l’ADOSM organise ses journées d’entraide àParis et dans les ports :• À Paris : les 22, 23 et 24 novembre, à l’Hôtel des Invalides • À Brest : les 29 et 30 novembre, salleSurcouf (rue Yves Collet) • À Cherbourg : les 29 et 30 novembre, au cercle Chantereyne (rue de l’Abbaye)• À Toulon : les 6 et 7 décembre au Cercle de la Marine (à Castigneau).

Venez nombreux, l’ADOSM compte sur vous !Pour en savoir plus : www.adosm.org

PERMUTATIONS

CUISIURGENT. MT Bat Gecol Cuisi, affecté Brest embarqué, cherche permutationterre préférence Bordeaux ou Corse.Contact au 06 81 62 10 44 ou 02 98 31 10 50.

VOUS VOULEZ DÉPOSER UNE PETITE ANNONCEDANS COLS BLEUS

N�HÉSITEZ PAS !

Tarifs des permutations (exclusivement réservés aux marins) :1 insertion : 7,62 �. 3 insertions : 18,29 �. 6 insertions : 25,91 �Toutes annonces confondues, SAUF permutations : 3 insertions : 57,97 � Adresse pour envoyer texte de l�annonce et paiement :ECPAD PC/DPDE 2 à 8, route du Fort 94205 IVRY-SUR-SEINE CEDEX(Chèque à l�ordre de l�agent comptable de l�ECPAD)

Du 9 au 11 décembre, MéditerranéeEntraînement avancé Tamouré.

Du 9 au 13 décembre, Paris Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM).

Jusqu’au 5 janvier 2014, Paris Exposition « Oman et la mer » au Musée nationalde la Marine.

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ESPACEloisirs

CRÉDITS PHOTOS ET ILLUSTRATIONS

COLS BLEUS N°3022 9 NOVEMBRE 2013

COUVERTUREPM LAËTITIA RAPUZZI/EMA ; MONTAGE EV2 PAUL SENARD/MN

INFO ACTUSPAGE 6 : INFOGRAPHIE EV2 PAUL SENARD/MNPAGE 7 :MN ; PATRICE DONOT/MN ; PATRICE DONOT/MN ; CAROLINE DAVIES/ROYAL NAVY/DRPAGE 8 :DR ; DRPAGE 9 : PM HERVÉ KOWALSKY/EMIA-NC ; MNPAGE 10 :MN ; ALAIN MONOT/MN ; PM PASCAL DAGOIS/MNPAGE 11 :MN ; CV(R) PRÉZELIN

PASSION MARINEPAGES 12-13 :MN ; MN ; MN ; MN ; MONTAGE EV2 PAUL SENARD/MNPAGES 14-15 :MN ; PM CHRISTIAN CAVALLO/MN ; ALAIN MONOT/MN ; PM STÉPHANE DZIOBA/MNPAGES 16-17 :ALAIN MONOT/MN ; ALAIN MONOT/MN ; INFOGRAPHIE : EV2 PAUL SENARD/MNPAGES 18-19 :MN ; ALEXANDRE PARINJAUX/DR ; MN ; CHRISTOPHE GÉRAL/DR

VIE DES UNITÉSPAGES 20-21 :DICOD/DR ; INFOGRAPHIE : EV2 PAUL SENARD/MN ; DR ; SM ROBERTE QUARANTE/MN ; INFOGRAPHIE : SERGE MILLOT/MNPAGES 22-23 : PM BRUNO GAUDRY/MN ; MP FRANÇOIS MARCEL/MN ; MP FRANÇOIS MARCEL/MNPAGE 24 :MN ; MNPAGE 25 : INFOGRAPHIE : EV2 PAUL SENARD/MN ; MN ; MARIE DÉTRÉE �PAGE 26 : PM PASCAL DAGOIS/MNPAGE 27 :DR ; PATRICE DONOT/MN

CHRONIQUE DU PERSONNELPAGES 28-29 :MN ; ASP. SOPHIE DROUARD/MN ; ASP. SOPHIE DROUARD/MN ; ASP. SOPHIE DROUARD/MN ; ASP. SOPHIE DROUARD/MNPAGE 30 :CCH JEAN-JACQUES CHATARD/MN ; MN

ESPACE LOISIRSPAGE 31 : EMA/DR ; DR ; DRPAGE 32 :DR ; DR ; DR

AGENDAPAGE 33 :CYRILLE CHARREAUX/MN ; DR

4E DE COUVERTUREMN

RÉDACTION : 2 rue Royale 75008 Paris ® Tél : 01 42 92 17 17 – Télécopie 01 42 92 17 01 Email : [email protected] – Internet : www.defense.gouv/marine ® Directeur de publication : Capitaine de vaisseau Philippe Ebanga, directeur de la communication de la Marine ® Directeur de la rédaction :CC Karine Trastour ® Rédactrice en chef : LV Caroline Ducret ® Rédactrice en chef adjointe :LV Sophie Vienot ® Secrétaire : Mot Anthony Berthet ® Rédacteurs et journalistes : EV1 Grégoire Chaumeil ; Stéphane Dugast ; LV Colomban Errard ; Laurence Ollino ; Asp. Margot Perrier ; EV2 Paul Sénard ®Collaborateurs : EV1 (R) Antoine de Surirey ; LV (R) Anet Sauty de Chalon ® Infographie : Serge Millot®Abonnements : 01 49 60 52 44 ®Publicité, petites annonces : ECPAD, pôle commercial – 2 à 8 routedu Fort 94205 Ivry-sur-Seine Cedex – Christelle Touzet – Tél. : 01 49 60 58 56 – Télécopie : 01 49 60 59 92 – Mail : [email protected]®Conception-réalisation : Idé Édition, 33 rue des Jeûneurs 75002Paris – Direction artistique : André Haillotte – Secrétaire de rédaction : Céline Le Coq – Rédacteurs graphiques : Bruno Bernardet, Nathalie Pilant®Photogravure : Média Grafik ® Imprimerie : Roto France, rue de la Maison Rouge 77185 Lognes ®Les manuscrits ne sont pas rendus, les photos sont retournées sur demande. Pour la reproduction des articles, quel que soit le support, consulter la rédaction ®Commission paritaire n° 0211 B 05692/28/02/2011 ®ISBN : 00 10 18 34 ®Dépôt légal : à parution ®

bimensuel DE LA MARINE NATIONALE

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