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Sommaire Le trimestre en chiffres 2 Pour tout l’or du monde... 3 à 5 Chesapeake et le gaz de schiste 5 à 9 La Grèce : le prix du temps 9 à 10 Et s’il suffisait d’un logiciel 11 à 12 pour faire de la performance ? Quelques dictons boursiers 12 N° 101 - Avril 2012

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SommaireLe trimestre en chiffres 2

Pour tout l’or du monde... 3 à 5

Chesapeake et le gaz de schiste 5 à 9

La Grèce : le prix du temps 9 à 10

Et s’il suffisait d’un logiciel 11 à 12pour faire de la performance ?

Quelques dictons boursiers 12

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Source : Bloomberg 2 avril 2012

Sarah [email protected]

Le Tr i m e s T r e e n Ch i f f r e s: 30.12.11 30.03.12 Variation depuis le 30.12.11

MARCHES BOURSIERS

EUROSTOXX 50 2 316,55 2 452,74 5,9% STOXX 50 2 369,52 2 439,73 2,96% NEW YORK (Dow Jones) 12 217,56 13 212,04 8,1% NEW YORK (Nasdaq) 2 605,15 3 091,57 18,7% S&P 500 1 257,60 1 408,47 12,0% TOKYO (Nikkei) 8 455,35 10 083,56 19,3% SUISSE (SMI) 5 936,23 6 235,51 5,0% LONDRES (Ftse 100) 5 572,28 5 768,45 3,5% FRANCFORT (Dax) 5 898,35 6 946,83 17,8% PARIS (CAC 40) 3 159,81 3 423,81 8,4% Or (Once en $) 1 563,70 1 668,35 6,7% Pétrole (WTI en $) 98,83 103,02 4,2%

TAUX10 ANS

France (OAT) 3,15 2,89 -0,26 Etats-Unis 1,88 2,28 0,40 2 ANS France (OAT) 0,81 0,56 -0,25 Etats-Unis 0,28 0,36 0,08 3 MOIS Zone Euro -0,06 0,07 0,13 Etats-Unis 0,02 0,11 0,09

DEVISES Euro/Dollar 1,2961 1,3343 2,9% Euro/Livre 0,8334 0,8327 -0,1% Euro/Franc Suisse 1,2168 1,2041 -1,0% Euro/Yen 99,66 110,56 10,9% Dollar/Yen 76,91 82,87 7,7%

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Imaginez un seul instant que vous pos-sédez tout l’or du monde.

Pour le stocker, il vous faudra disposer d’un local de 400 m2 au sol sur 20 m de hauteur.

Dans sa dernière lettre mensuelle Warren BUFFET a fait une comparaison entre l’or et les autres biens réels.D’un côté il présente un cube de 20 m de côté rassemblant tout l’or du monde qui pèserait 170.000 tonnes et qui aurait une valeur d’environ 10.000 milliards de dollars (1.750 $ l’once).

Dans le deuxième cube beaucoup plus vaste mais d’une valeur équivalente, il choisit d’y mettre toutes les terres culti-vables des Etats-Unis, 16 sociétés de la taille d’Exxon et il lui reste encore 1.000 milliards de dollars.Ces chiffres impressionnants nous for-cent à nous reposer la question sur le choix de nos investissements.

D’un côté du métal en quantité très limitée (2 % de l’épargne mondiale) qui

ne produit rien, ne rapporte rien et dont le prix n’est que la cristallisation de ce que l’acheteur est prêt à dépenser pour calmer son angoisse d’une autodestruc-tion du système monétaire et financier dans lequel nous évoluons depuis la révolution industrielle du début du XIXème siècle.

De l’autre des terres qui produisent des céréales, des fruits, des légumes, permettent de produire du lait, de la viande, et des entreprises comme Exxon qui dégagent bon an mal an 40 milliards de dollars de bénéfices x 16 sociétés soit 640 milliards de dollars dont on peut imaginer que 190 milliards seraient re-distribués aux actionnaires sous forme de dividendes tous les ans.

En bonne théorie financière, c’est le rendement qui sur la durée fait la perfor-mance (loi des intérêts ou rendements composés).

Sur le long terme, la valeur du deuxième cube devrait donc obligatoirement dé-passer la valeur du premier cube.

POUR TOUT L’OR DU MONDE...

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Evolution comparée de l’indice SP 500 et de l’once d’or depuis 2005

Evolution comparée de l’indice DJ et de l’once d’or depuis 1945

Bien sûr pour que cela se réalise, il faut que le système continue de fonctionner.

Imaginons un instant qu’il ne fonc-tionne plus. Que se passerait-il ? On produirait moins de céréales, moins de fruits, moins de légumes, moins de lait, moins de viande. Les échanges commer-ciaux se réduiraient et la masse moné-taire en circulation également.Dans ce cas, il y aurait moins de per-sonnes ayant les moyens, pour acheter de l’or. Le prix de l’once d’or devrait baisser.

Il devient alors important d’être attentif au dicton boursier : « Achetez la rumeur et vendez la nouvelle ».

En effet tant que l’angoisse d’une rup-ture du système existe, il y aura tou-jours des acheteurs d’or qui espèreront revendre plus cher leurs biens.Mais une fois que l’on saura si le sys-tème s’arrête ou au contraire s’il a encore toutes les ressources pour croître, alors il ne faudra pas oublier de revendre son or et acheter, selon le cas, soit des bunds allemands (emprunt d’Etat allemand),

Source Bloomberg ( DJ = indice Dow Jones composé de 30 grandes Entreprises Américaines)

Source Bloomberg (SP500 = indice Standard & Poor’s composé de 500 grandes Entreprises Américaines)

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soit des actions pour la croissance et les dividendes car depuis 5 ans l’once d’or a monté trop vite. N’oublions pas non plus que les mar-chés anticipent et qu’il faudra vendre,

juste avant de savoir si l’économie s’ar-rête ou continue de croître.

Et vous, maintenant, quel cube choisis-sez-vous ?

I) UN SECTEUR ATYPIQUEL’extraction de gaz de schiste est un pro-cédé courant aux Etats-Unis. Cela re-vient à injecter à forte pression de l’eau, du sable et quelques additifs chimiques dans la roche afin de la fragmenter. Cette technique a pour effet de faire remonter à la surface le gaz prisonnier au sein des schistes.

Opportunités…

Certains n’hésitent pas à qualifier de nouvel « eldorado » l’extraction de ces gaz dits « non conventionnels » (ou gaz

de schiste)… On estime en effet que leurs réserves correspondraient, pour les pessimistes, à 130 années de consom-mation d’énergie, tandis que ce chiffre monterait à 200 pour les optimistes ! En outre, alors que le gaz de schiste repré-sente aujourd’hui 23 % de la produc-tion de gaz américain, cette proportion devrait monter à 50 % dans 20 ans… Cette rupture a entre autres pour effet de remettre en cause la hiérarchie tradi-tionnelle des pays producteurs de gaz. A la pointe dans les gaz « non conven-tionnels », les Etats-Unis ont par exemple délogé la Russie de son rang de premier producteur mondial de gaz…

Les débouchés sont multiples : le gaz ainsi extrait permet de produire de l’électricité (en faisant tourner la turbine d’une centrale), des matières plastiques (grâce au craquage dans la pétrochimie), ou encore du GNL utile aux voitures de demain ? Outre l’abondance de cette énergie, les défenseurs de cette industrie avancent d’autres vertus. Le gaz serait une énergie moins nocive sur le plan environnemental que le pétrole ou le

CHESAPEAKE ET LE GAZ DE SCHISTEUN SECTEUR ATYPIQUE, UNE SOCIÉTÉ

ATYPIQUE, UN PATRON ATYPIQUE

Michel [email protected]

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charbon (moins d’émissions de CO2, pas de risque de marée noire…), une industrie potentiellement créatrice de nombreux emplois aux Etats-Unis, une énergie qui offrirait un meilleur rende-ment que l’éolien ou le solaire, un moyen « made in US » de s’affranchir du Moyen Orient… Enfin, l’afflux sans précédent de producteurs de gaz aux Etats-Unis a ajouté un nouvel argument : le faible coût de production au regard des autres sources d’énergie ! La conviction que ce marché est appelé à un bel avenir a attiré de nombreux producteurs qui ont multiplié les forages et les productions. Mais il y a actuellement une inadéqua-tion entre cette offre pléthorique et la

demande. D’une part, la demande n’est pas encore suffisamment développée pour absorber l’offre de gaz, d’autre part les moyens permettant d’acheminer ce gaz aux lieux de consommation ne sont pas encore bien organisés. Enfin, la chute du gaz depuis 2008 (voir gra-phiques ci-dessous) a mis un terme à la corrélation historique entre le cours du gaz (qui est passé de 14 $ à 2 $) et le cours du baril de pétrole.Le ratio « Cours du pétrole / Cours du gaz » est en effet passé de 9 à 48 !En d’autres termes, cela revient à dire que pour produire une unité d’énergie, avoir recours au gaz coûte 5 fois moins cher.

Evolution comparée des cours du pétrole et du gaz depuis janvier 2004

Evolution du prix du gaz aux Etats-Unis(Source Bloomberg / Unité : 1 MMbtu = 1 Million de « British Thermal Unit » = 28 mètres cube de gaz / Devise : Dollar)

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Risques…Les risques et les dilemmes sont tout aussi nombreux… Sur le plan politique d’abord. Démocrates et Républicains ne partagent pas la même vision.Plus enclin à développer les énergies « vertes », Obama a ajourné récemment le projet de développement d’un pipe-line devant relier le Canada au Golfe du Mexique.

Sur le plan logistique ensuite, les champs gaziers sont inégalement répartis sur le territoire américain (voir carte ci-dessous), ce qui ne facilitera pas la construction du réseau de gazoducs.Par ailleurs, comment les Etats-Unis vont-ils gérer cette manne dans le temps ?Vont-ils le garder ou bien vont-ils l’ex-porter ? Vont-ils le considérer comme un capital ou bien comme une rente ?

Enfin, il y a bien sûr les critiques d’ordre environnemental.Officiellement, ce procédé qui consiste à modifier en partie les sous-sols et envoyer des produits chimiques à proximité des nappes phréatiques ne présente pas de menace. C’est en effet la conclusion de l’EPA, l’agence gou-vernementale américaine de protection de l’environnement… Mais, des voix s’élèvent pour remettre en cause cette affirmation. Elles arguent du fait que ce rapport remonte à l’année 2004, un temps où le vice-président des Etats-Unis n’était autre que Dick Cheney, l’ancien patron du pétrolier Hallibur-ton… Il aurait permis que les sociétés de forage n’aient pas à dévoiler la com-position des additifs chimiques envoyés dans les sous-sols… Selon les supporters de la cause écologique, le quotidien des populations habitant à proximité des

forages serait infernal et marqué par la poussière, le bruit, la pollution de l’air, le trafic de camions incessant, l’eau du ro-binet contaminée (benzène, méthane…) jusqu’à devenir inflammable parfois !...

II) UNE SOCIÉTÉ ATYPIQUE : CHESAPEAKELe métier de Chesapeake consiste à ac-quérir des terres aux Etats-Unis, y réaliser des forages et extraire du gaz. Le groupe est le deuxième producteur de gaz aux Etats-Unis derrière Exxon. Chesapeake, qualifié parfois de « machine à acquérir des terres », repose sur plus de 1.000 « Landmen » (« Hommes de la terre ») qui sillonnent les Etats-Unis à la recherche de terrains à exploiter.

Créée en 1989, l’entreprise est intro-duite en bourse en 1993. En 1995, le groupe acquiert des terres en Louisiane

Zones de production de gaz de schiste aux Etats-Unis (en rouge)

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et poursuit une stratégie de croissance dite « interne ». Mais en 1997, Chesa-peake enregistre des pertes et le manage-ment modifie la stratégie de la société en multipliant les acquisitions.Depuis cette époque Chesapeake est passé du statut de « foreur » à celui d’ « acquéreur » de sous-sol riche en gaz naturel. En 1998, la société enregistre à nouveau une perte, ce qui la pousse à ralentir le rythme des acquisitions. Mais en 2000, avec le rebond du gaz naturel, la société reprend sa stratégie agressive d’acquisitions. En 22 ans d’exis-tence, Chesapeake a investi 19 milliards de dollars pour explorer le sous-sol sur une superficie grande comme 5,5 fois le Nord - Pas-de-Calais ou 3 fois la Lor-raine.

En revanche, depuis 2008 le groupe a surtout entrepris des cessions.La structure financière s’est dégradée et le modèle financier de Chesapeake s’apparente à celui d’une start-up. Par exemple, en cinq ans, Chesapeake a fait trois augmentations de capital… et le dernier « free cash flow » positif généré par le groupe remonte à 2006 ! L’endet-tement est donc conséquent et repré-sente 12 milliards de dollars soit 82 % de ses fonds propres.Plus récemment, en 2011, le groupe a dégagé un free cash flow négatif (après cessions) de 6 milliards de dollars… le contraignant à s’endetter davantage…D’ailleurs, avec une notation « BB+ », la société est considérée par les agences de notation comme étant un investisse-ment « spéculatif »…

III / UN DIRIGEANT ATYPIQUE : AUBREY MC CLENDONImpossible de parler de Chesapeake sans parler de son PDG, Monsieur Aubrey McClendon. Agé de 52 ans, il dirige

Chesapeake depuis sa création. Il a com-mencé sa carrière comme « landman » c’est-à-dire comme personne en charge de négocier l’acquisition ou la cession de droits miniers, les droits d’explora-tion et production etc.

Atypique à bien des égards, il pourrait être qualifié de « risk addict » car il pré-sente une réelle addiction au risque.Il revendique un penchant spéculateur tant dans la vie professionnelle que pri-vée et investit personnellement dans sa société au-delà de ses moyens. Au niveau de l’entreprise, il vend et achète à « tour de bras »… Sur la seule année 2011, le groupe a cédé des actifs pour un montant de 9 milliards de dollars et acheté des actifs pour un montant de 14 milliards de dollars !… A titre privé, il affirme avoir acheté 100.000 bouteilles de vin puis revendu 75.000 d’entre-elles depuis 2008 pour profiter de la hausse du prix du vin sous l’effet de la demande chinoise… Sa personnalité qui sent le souffre pour-rait freiner quelques ardeurs… Il mani-feste peu (ou pas) de doutes et dit être certain « à 100 % » du fait que l’activité d’extraction du gaz de schiste n’est pas polluante. Critiqué sur la solidité finan-cière de son entreprise, il affirme que le bilan de l’entreprise sera à terme « solide comme un roc »… Ou encore, il se dit convaincu que le cours de son action va flamber et passer de 25 $ à 75 $ d’ici 2015 !

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Enfin, fait rare de nos jours, il y a une interpénétration très forte entre ses affaires personnelles et la société qu’il dirige : il prend en effet à titre personnel une participation dans chaque projet de forage.

ConclusionInvestir sur Chesapeake revient à déte-nir un « call » (option d’achat) sur le prix du gaz, avec à la clef un effet démulti-plicateur. En tant que « landman », Mr McClendon achète des terres à vil prix, censées regorger de quantités impor-tantes de gaz ou de pétrole. Cela revient à dire que son coût de production est très bas et que sa plus-value latente est

très élevée… Il affirme par exemple que lorsqu’il revend une partie d’un terrain (25 % à 33 %), comme il vient de le faire à Total, ce qu’il conserve ne consiste qu’en de la plus-value…

La nature du métier de Chesapeake vivement critiquée par les défenseurs de l’environnement ainsi que la per-sonnalité originale (et pour certains dérangeante) du PDG font que le dos-sier Chesapeake ne peut être considéré comme une société « bon père de fa-mille »…Et vous, avez-vous envie d’accompa-gner Monsieur McClendon dans son parcours ?

La décision du 21 février prise par l’Eurogroupe(1) a permis à la Grèce et à l’Europe d’éviter le pire, la faillite désor-ganisée d’un Etat européen et le risque de contagion à d’autres pays comme le Portugal (145 milliards d’euros de dette), l’Espagne (735 milliards d’euros de dette) ou l’Italie (1.850 milliards d’euros de dette).

Quels sont les faits ?La dette grecque s’élevait fin 2011 à 360 milliards d’euros, représentant 158 % du

PIB2011 (210 milliards d’euros) ou en-core un niveau de dette par habitant de 32.407 euros.Malgré un premier plan d’aide accordé en mai 2010 de 110 milliards d’euros, la Grèce n’a pas su conduire les réformes de fond sur le code du travail, les né-cessaires privatisations (évaluées à 300 milliards d’euros d’actifs potentiels) ou encore l’assainissement de son écono-mie (l’activité souterraine grecque repré-senterait entre 20 et 30 % de son PIB). Cet échec risquait de mettre la Grèce dans une situation de défaut de paie-ments au 20 mars 2011, le pays n’étant pas en mesure de faire face au rembour-sement des 14,4 milliards d’euros d’obli-gations. Les négociations de février à mars ont permis à la Grèce de bénéficier d’un nou-veau souffle avec : d’une part la négo-ciation d’un second plan d’aide accordé

Simon DENORME [email protected]

LA GRÈCE : LE PRIX DU TEMPS

1. Eurogroupe : réunion des ministres des finances de la zone euro

Santorin

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par la Troika(2) de 130 milliards d’euros à distribuer jusqu’en 2015 (102 milliards d’euros de l’Union Européenne et 28 milliards d’euros du FMI), sous condi-tion d’un durcissement des mesures de rigueur imposées depuis 2010 (date du premier plan d’aide) ; et d’autre part l’effacement de 107 milliards d’euros de dettes détenues par les créanciers privés (au 12 mars, 95 % des créanciers privés ont accepté une perte de 74 % de la va-leur de leurs titres). Quels financements ?Contrairement au premier plan, consti-tué de prêts entre Etats, ce second plan passera par le Fonds Européen de Stabi-lité Financière (FESF), qui lève de l’ar-gent sur les marchés grâce à la garantie apportée par les Etats de la zone euro. La quote-part de la France dans ce plan d’aide est de 20 %, soit 20 milliards d’euros, mais dans un premier temps seuls 18,8 milliards d’euros seront mis en garantie. Cette somme est à ajouter aux 16,8 milliards d’euros de prêts accordés par la France pour le premier plan. Au total, la France doit immobiliser 36 mil-liards d’euros (550 euros par habitant) qui ne pourront être injectés dans notre économie sous forme d’investissements publics et ainsi relancer la croissance.

Quelles solutions ?En conduisant son défaut « organisé », la Grèce doit, sous contrôle des équipes « techniques » de la Troika, mettre en place des mesures d’économies pour un montant de 11,5 milliards d’euros jusqu’en 2014, et conduire à la réforme du code fiscal garantissant la perception des impôts (la fraude fiscale serait esti-mée à 15 milliards d’euros ; 55 % des mé-nages grecs ne paieraient pas l’impôt sur le revenu ; la fraude estimée à la sécurité

sociale en 2011 serait de 111 milliards d’euros). L’objectif à atteindre est : i/ un budget primaire(3) excédentaire dès 2013 et ii/ une dette limitée à 120 % du PIB en 2020.A l’image des entreprises placées sous LBO(4) , cette contrainte peut être une chance de mener à bien les réformes structurelles nécessaires au pays.A contrario, cette pression exercée peut conduire le pays à son effondrement. Entre 2008 et 2011, le PIB grec a reculé de 13,7 %. Pour 2012 les estimations sont à -4,5 % (-6,9 % en 2011).Le taux de chômage annuel moyen est de 19 % et dépasse les 50 % chez les moins de 25 ans.

Quels enjeux ?La réduction de la dette est-elle pos-sible dans un pays en récession ? Pour 2015, un troisième plan de 130 milliards d’euros est en discussion, conduisant à une exposition de 56 milliards d’euros pour la France (850 euros par habitant). La France immobilise chaque année 5,6 milliards d’euros pour maintenir la Grèce « sous perfusion ».Combien d’argent sera-t-il encore néces-saire, et pendant combien de temps ?Si la Grèce devait malgré tout faire faillite, les pertes de l’Etat français s’élè-veraient à 56 milliards d’euros, mais les répercussions sur l’ensemble de l’éco-nomie européenne seraient tragiques et le manque à gagner pour les Etats bien plus grand encore. Sommes-nous prépa-rés à un éventuel acte II de la « tragédie grecque » ?

2. Troika : Fonds Monétaire International, Commission Européenne et Banque Centrale Européenne3. Budget primaire : budget de l’Etat hors intérêts de la dette.4. Leverage Buy Out : rachat d’une entreprise financé essentiellement par endettement.

Tania GONÇ[email protected]

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1. Plateforme électronique : lieu d’enregistrement et d’exécution des ordres de bourse. La directive MIF du 1er novembre 2007 a permis la naissance des plateformes alternatives à NYSE Euronext, un système de négociation multilatérale centralisé.

2. Source : L’Expansion, « Ces algorithmes fous qui relancent la machine Wall Street », 23/02/2011

Le 6 mai 2010, l’indice phare de la bourse américaine, le Dow Jones, a perdu sans raison apparente 10 % de sa valeur en quelques secondes. Les autorités bour-sières ont mis plus d’un an pour com-prendre ce phénomène et ont finalement pointé du doigt le trading à haute fré-quence. Une erreur de programmation aurait déréglé le système.

En effet le trading à haute fréquence consiste à passer très rapidement (des milliers d’ordres à la nanoseconde) et de manière automatique (algorithmique) des ordres d’achat et de vente en bourse, en utilisant une des dizaines de plateformes électroniques(1) existantes. Le déclenche-ment des ordres se fait sans intervention de l’homme. Tout passe par des milliers d’ordinateurs surpuissants installés dans d’immenses cages métalliques et des kilomètres de câbles en fibre optique. L’homme doit juste choisir l’algorithme qu’il veut lancer et le marché sur lequel il veut opérer. La machine s’occupe du reste. Les logiciels très puissants repèrent les changements de tendance avant les in-vestisseurs. Des microvariations de cours

qui au final font gagner des millions à des banques comme Goldman Sachs. Selon Tabb Group, une société de recherche américaine, le trading à haute fréquence aurait rapporté plus de 21 milliards de dollars en 2009(2). Il est important de placer ses ordinateurs au plus prêt des serveurs de bourse afin de minimiser le temps de latence infor-matique. La NYSE Euronext, qui fait payer cher la colocation aux serveurs des hedges funds, a installé tous ses systèmes de back up dans la banlieue de Londres. C’est pourquoi en France nous avons peu de traders à haute fréquence. « Distance is money ». Cette technique est née il y a une di-zaine d’années aux Etats-Unis et s’est développée en Europe depuis 2007. Elle a beaucoup été critiquée car l’homme est quasi absent et a peu de contrôle sur ces machines qui calculent très vite. Les au-torités de marché peuvent difficilement suivre ce qui se passe et éventuellement prévenir un abus de marché. Les traders opèrent sur plusieurs plateformes(1) et plusieurs marchés à la fois. Un texte de loi sur les transactions financières a été voté en France en février 2012. Il fait état d’une taxe de 0,1 % sur les échanges de titres des sociétés établies en France et dont la capitalisation boursière dépasse 1 milliard d’euros. La taxe sera appli-quée dès le mois d’août 2012. Mais fon-damentalement, cette loi ne règle pas le problème du trading à haute fréquence. La taxation se fera sur l’état des lieux en fin de journée, or les traders à haute fréquence clôturent généralement leurs positions avant la fermeture des marchés. MIF prévoit également de mettre en

ET S’IL SUFFISAIT D’UN LOGICIEL POUR FAIRE DE LA PERFORMANCE ?

Figure 1: Variation du cours de Dow Jones au 6 mai 2010Source : Bloomberg

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LILLE NANCY50, boulevard de la Liberté - 59800 LILLE 62, rue Stanislas - 54000 NANCYTél. 03 28 36 14 36 - Fax 03 28 36 14 37 Tél. 03 83 17 32 32 - Fax 03 83 37 48 74E-mail : [email protected] - www.dubly.fr E-mail : [email protected] - www.douilhet.fr

S.A. au capital de 5.468.400 e - R.C.S. Lille B 352.220.313 - Entreprise d’investissement régie par la loi du 2 juillet 1996

place un système de « coupe circuit » pour éviter que les marchés s’emballent comme c’était le cas en 2010.Les dérives existent, certes, mais restent marginales et peut-être un peu trop mé-diatisées. Les risques de marché (manipu-lation des cours) et de fraude sont bien présents d’autant plus que cette pratique rend le marché plus volatil. Il faut savoir que seuls 5 % des ordres passés par ces algorithmes sont exécutés. Les 95 % res-tant essaient d’influencer le marché. Par ailleurs, cette pratique crée un monde à deux vitesses. Selon le prix Nobel de l’Economie, Paul Krugman, « Cette mé-thode constitue une sorte de taxe pour les investisseurs qui n’ont pas accès à ces ordinateurs super-rapides »(3).Néanmoins, le trading à haute fréquence a permis la disparition du monopole qu’avaient les bourses centralisées sur le

passage d’ordres avec une forte baisse des coûts de transaction et éventuellement plus de transparence. Aujourd’hui envi-ron 50-60 % des ordres aux Etats-Unis et 30-35 % des ordres en Europe passent par ces plateformes(4). De plus, la possibilité de capter des gains (ou pertes) de manière transversale sur plusieurs places de cota-tion et entre valeurs liées (corrélées) crée plus de concurrence en établissant des prix d’équilibre et en rendant le marché plus efficient. Cela ajouterait également plus de liquidé au marché.Et l’investisseur fondamental dans tout cela, direz-vous ? Il n’a ni le temps ni les moyens de suivre des transactions aussi rapides qui pour lui constituent l’écume de la vague.

Elena [email protected]

Michel [email protected]

(3) Source : L’Expansion, « Le trading à haute fréquence pour les nuls », 27/04/2011(4) Source : Etude AMF

- L’argent est pareil au fumier, il ne sert à rien s’il n’est pas répandu. Francis BACON - Philosophe - 1625

- Un trader, c’est quelqu’un qui gère l’argent d’un autre jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus. Woody ALLEN - Réalisateur - 1980

- Tout ce qui brille n’est pas or. Miguel de CERVANTES - Ecrivain - 1610

- Celui qui aime l’argent n’est pas rassa-sié par l’argent. Roi SALOMON - Ecclésiaste - 950 ans avant J.-C.

- L’argent crée l’argent. Et l’argent que crée l’argent crée encore plus d’argent. Benjamin FRANKLIN - Savant - 1750

- Les intérêts composés constituent la force la plus puissante de l’univers. Albert EINSTEIN - Savant - 1950

- Une vache pour son lait, une poule pour ses œufs et une action pour ses dividendes, bon sang. John Burr WILLIAMS - Economiste - 1938

QUELQUES DICTONS BOURSIERS…

Conformément à l’arrêté du 2 juillet 2007 relatif au cantonnement des fonds de la clientèle des Entreprises d’Investissement, nous publions la liste des fonds monétaires qualifiés utilisés chez Dubly-Douilhet : Union Monépremière (FR0010252635), CM-CIC Trésorerie (FR0000099897), Sgam Invest Liquidity Euro (FR0010315176). Les rétrocessions percues par Dubly-Douilhet sur les produits collectifs représentent entre 0 et 75% des frais de gestion.