Mythes réalités l’histoire Québec...Àla parution du deuxième tome des Mythes et réalités...

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CAHIERS DU QUÉBEC COLLECTION HISTOIRE Marcel Trudel Mythes et réalités dans l’histoire du Québec Tome Extrait de la publication

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À la parution du deuxième tome des Mythes et r éalités dansl’histoire du Québec,Louis Cornelier écrivait dans Le Devoir,en

janvier 2005 : « Si l’historien a d’autr es fonds de tir oirs de ce type etde cette qualité, qu’il les sorte au plus vite et sans g êne. » Mar celTrudel, « redresseur de l’histoire », répond à l’appel avec brio par cetroisième tome où,encore une fois,certains éléments clés de l’histoiredu Québec sont scrutés sous un œil nou veau, rehaussés de pr oposanecdotiques.

Apports historiques précieux, ces treize textes offrent aux lecteurs unvoyage à tra vers notre histoire. De nombreux aspects de la vie quo-

tidienne des Amérindiens et des Canadiensfrançais y sont obser vés, depuis l’arri véedes Français dans le golfe du Saint-Laurent,en 1534,jusqu’à la fin du XIXe siècle.Parmila grande di versité des thèmes abor désfigurent notamment les droits et les devoirsdu régime seigneurial en Nou velle-France,l’alimentation des Canadiens au X VIIIe

siècle, les frontières mouvantes du Québec,le combat de Dollar d des Ormeaux, ainsique les rencontres culturelle et linguistiqueentre Européens et Amérindiens.

« L’historien Mar cel T rudel n’a pas finid’étonner… ni de dém ystifier l’histoire duQuébec ! »

Lettres québécoises

« Marcel Trudel revisite la Nou velle-France avec des y eux neufs. Cefaisant, il éclaire notre passé comme notre présent. »

Le Soleil

MARCEL TRUDEL est l’auteur

d’une quarantaine de li vres sur

l’histoire du Canada, parmi les-

quels les deux pr emiers tomes

de Mythes et r éalités dans l’his-

toire du Québec (2001, 2004),

La N ouvelle-France par les

textes (2003) et Deux siècles

d’esclavage au Québec (2004).

Professeur émérite de l’Uni-

versité d’Otta wa et membre de

l’Académie canadienne-française,

son œu vre a été honor é de tr ès

nombreux prix.

Mythes et réalités dans l’histoire du QuébecTome �

CAHIERS DU QUÉBEC COLLECTION HISTOIRE

Marcel Trudel

Mythes et réalités dansl’histoire du Québec

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Fernand Ouellet Éléments d’histoire sociale du Bas-Canada

L’Hôtel-Dieu de Montréal (en collaboration)

Jean-Louis Roy Édouard-Raymond Fabre libraire et patriote canadien, 1779-1854. Contre l ’isolation et la sujétion

Nadia F. Eid Le Clergé et le pouvoir politique du Québec

Georges Vincenthier Une idéologie québécoise de Louis-Joseph Papineau à Pierre Vallières

Micheline D’Allaire Montée et déclin d’une famille noble : les Ruette d’Auteuil (1617-1737)

Marcel Trudel Catalogue des immigrants 1632-1662

Micheline D’Allaire Les Dots des religieuses au Canada français, 1639-1800

Michel Grenon et al. L’Image de la Révolution française au Québec

Marcel Trudel Dictionnaire des esclaves et de leurs propriétaires au Canada français

Lorraine Gadoury La Noblesse de Nouvelle-France Familles et alliances

Jean-Marc Larrue Le Monument inattendu Le Monument-National 1893-1993

Évelyne Kolish Nationalismes et conflits de droits. Le débat du droit privé au Québec, 1760-1840

Lorraine Gadoury La Famille dans son intimité. Échanges épistolaires au sein de l ’élite canadienne du XVIIIe siècle

Marcel Trudel Les Écolières des Ursulines de Québec, 1639-1686 Amérindiennes et Canadiennes

Marcel Trudel Mythes et réalités dans l ’histoire du Québec

Marcel Trudel La Nouvelle-France par les textes Les cadres de vie

Marcel Trudel Deux siècles d’esclavage au Québec

Marcel Trudel Mythes et réalités dans l ’histoire du Québec. Tome 2

Michel Bock Quand la nation débordait les frontières Les minorités françaises dans la pensée de Lionel Groulx

Collection Histoire dirigée par Jean-Pierre Wallot

Déjà parus dans la même collection :

Mythes et réalitésdans l’histoire du

QuébecTome 3

PremièrPagesMythes2/27.08.04 8/27/04 8:54 AM Page 1

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QuébecTome 3

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Cahiers du Québecfondés par Robert Lahaise

Directeurs des collections :

Beaux-Arts François-Marc GagnonCommunications Claude-Yves CharronCultures amérindiennesDroit et criminologie Jean-Paul BrodeurÉducation / PsychopédagogieEthnologie Jocelyne MathieuGéographieHistoire et Documents d’histoire Jean-Pierre WallotLittérature et Documents littéraires Jacques AllardMusique Lyse RicherPhilosophie Georges LerouxScience politiqueSociologie Guy Rocher

Mythes et réalitésdans l’histoire du

QuébecTome 3

Marcel TrudelO.C., C.Q., D. ès L.

de l’Académie des lettres du Québecprofesseur émérite de l’Université d’Ottawa

CAHIERS DU QUÉBEC COLLECTION HISTOIRE

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Mythes et réalitésdans l’histoire du

QuébecTome 3

Marcel TrudelO.C., C.Q., D. ès L.

de l’Académie des lettres du Québecprofesseur émérite de l’Université d’Ottawa

CAHIERS DU QUÉBEC COLLECTION HISTOIRE

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Catalogage avant publication de la Bibliothèque nationale du CanadaTrudel, Marcel, 1917-

Mythes et réalités dans l’histoire du Québec(Les cahiers du Québec ; CQ 126, CQ 141, CQ 147. Collection Histoire)Comprend des réf. bibliogr. et un index.isbn 2-89428-527-2 (v. 1) isbn 2-89428-758-5 (v. 2) isbn-13 : 978-2-89428-942-6 (v. 3) isbn-10 : 2-89428-942-1 (v. 3)

1. Québec (Province) — Histoire. 2. Canada — Histoire — Jusqu’à 1763 (Nouvelle-France). 3. Québec (Province) — Historiographie. I. Titre. II. Collection : Cahiers du Québec CQ126, CQ141, CQ147. III. Collection : Cahiers du Québec. Collection Histoire.FC2911.T78 2001 971.4 C2001-940359-3

Les Éditions Hurtubise HMH bénéficient du soutien financier des institutions suivantes pour leurs activités d’édition :• Conseil des Arts du Canada• Gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement

de l’industrie de l’édition (PADIÉ)• Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC)• Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres du gouvernement du QuébecIllustrations de la couverture :

L’Accommodation (de John Molson en 1809), illustration tirée de l’ouvrage Building the Canadian Nation.Le Québec de 1764 à 1774, carte géographique tirée de l’ouvrage Historical Atlas of Canada.

Maaquette de la couverture : Olivier Lasser Maquette intérieure et mise en page : Guy Verville

Copyright © 2006, Éditions Hurtubise HMH ltée

Éditions Hurtubise HMH ltée Distribution en France :1815, avenue De Lorimier Distribution du Nouveau Monde (DNM) Montréal (Québec) H2K 3W6 Librairie du QuébecTél. : (514) 523-1523 30, rue Gay-Lussac 75005 Paris France www.librairieduquebec.frisbn-13 : 978-2-89428-942-6 isbn-10 : 2-89428-942-1 Dépôt légal : 3e trimestre 20061re réimpression : janvier 2007Bibliothèque nationale et Archives du QuébecBibliothèque et Archives Canada

Imprimé au Canadawww.hurtubisehmh.com

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À mes arrière-petits-enfantsAmélie RoyBenjamin RoyEva RoyNellie-Anne Kobialko

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Avant‑propos

Un octogénaire plantait un arbre en espérant jouir un jour de son ombre, et le fabuliste se moque à bon droit d’une telle

présomption ; mais le nonagénaire qui livre son manuscrit à l’édition semble bien s’illusionner lui aussi sur le temps qui lui reste pour voir ce qu’il advient de son produit.

Pis encore, un tome III laisse entendre qu’une suite pourrait venir ! Or, l’auteur de 90 ans se souvient pourtant avec amertume que ses yeux ne lui ont pas permis de compléter sa grande œuvre sur la Nouvelle-France et qu’il doit se contenter de sujets moins ambitieux, plus exigus, comme il le fait dans ses tomes de Mythes et réalités dans l ’histoire du Québec.

Quoi qu’il en soit, le lecteur qui m’a suivi jusqu’ici remar-quera peut-être, en cette nouvelle livraison, un changement de ton et une préférence pour des sujets à intérêt particulier. Dans les deux premiers tomes, on donnait davantage dans la narration et l’on s’est arrêté à des questions de portée très générale ou de fort impact dans l’histoire du Canada et du Québec, comme l’obstacle de l’Atlantique, les découvertes de Cartier, l’épopée Madeleine de Verchères, la conquête anglaise. Dans ce nouveau tome, on s’arrête avec plus d’insis-tance à des questions d’histoire qui touchent le quotidien des Québécois : le peuplement, le régime seigneurial, les frontières du Québec, le racisme, l’outil d’écriture, la langue d’expression et même la nourriture.

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L’auteur s’en voudrait de vous laisser passer tout de suite au premier chapitre, sans dire sa gratitude à l’historienne Micheline D’Allaire, sa collaboratrice de tous les jours.

Marcel Trudelaoût 2006

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Table des matières

Avant‑propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

I Toujours les deux solitudes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

II « Nulle terre sans seigneur » Droits et devoirs du régime seigneurial en Nouvelle‑France 27

III La première expérience de bilinguisme : la rencontre de la langue française et des langues amérindiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

IV Dans l’assiette de 1749 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

V Le petit jeu des divergences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

VI Ce Québec aux frontières toujours mouvantes . . . . . . . . . . . 79

VII L’histoire falsifiée : les revendications des Mohawks . . . . . . . 99

VIII La livre française, la livre anglaise et la monnaie de carte . . . 119

IX « Un peuple sans histoire et sans littérature » Pourquoi Durham avait raison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131

X Dollard des Ormeaux et le combat du Long‑Sault : entre épopée religieuse et histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139

XI À la mode de Voltaire : notre « historien national » Garneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157

XII De quoi s’émerveiller en ce début du XIXe siècle De la voile au chemin de fer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173

XIII Une carrière d’écriture : de l’ardoise à l’ordinateur . . . . . . . . 181

Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195

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Liste des illustrations

Illustration 6 .1 : La Nouvelle‑France de 1713 à 1760 . . . . . . . . . . . 80

Illustration 6 .2 : Le Québec de 1764 à 1774 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82

Illustration 6 .3 : Le Québec de 1774 à 1783 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

Illustration 6 .4 : Le Québec de 1783 à 1791 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

Illustration 6 .5 : Le Québec (dit Bas‑Canada) de 1791 à 1809 . . . . 88

Illustration 6 .6 : Le Québec de 1809 à 1840 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

Illustration 6 .7 : Le Canada‑Uni de 1840 à 1867 . . . . . . . . . . . . . . . 90

Illustration 6 .8 : Le Québec de 1867 à 1898 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

Illustration 6 .9 : Le Québec de 1898 à 1912 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93

Illustration 6 .10 : Le Québec de 1912 à 1927 . . . . . . . . . . . . . . . . . 94

Illustration 6 .11 : Le Québec depuis 1927 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96

Illustration 7 .1 : Le lac Champlain et la rivière des Iroquois, 1762 102

Illustration 7 .2 : Les seigneuries des Mohawks, 1763 . . . . . . . . . . . 107

Illustration 8 .1 : La monnaie de carte et ses subdivisions, 1714 . . . 122

Illustration 12 .1 : L’Accommodation, 1809 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175

Illustration 12 .2 : Le premier train au Canada, 1836 . . . . . . . . . . . . 179

Illustration 13 .1 : Marcel Trudel, l’historien au travail, 1962 . . . . . 190

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I

Toujours les deux solitudes

Comme Champlain, Colbert et Talon qui prétendaient « élever » les Amérindiens en les assimilant aux Français, pour ne

plus former des uns et des autres qu’un « même peuple et un même sang », les Britanniques, à la suggestion de lord Durham, ont prétendu « élever » les Canadiens français en les assimilant. L’union des deux Canada était une application de cette politique ; la Confédération de 1867 visait aussi, selon ses adversaires, à produire dans le nord de l’Amérique, avec les éléments des deux civilisations anglaise et française, ces « même peuple et même sang ».

Mais c’était oublier la réaction de défense de ces Canadiens français solidement attachés à leur entité. Déjà, de cette expérience de l’union des deux Canada, qui avait été pour eux la menace la plus dangereuse, ils avaient fait une magnifique période de réveil intellectuel et s’étaient donné de solides institutions qui se sont maintenues et épanouies sous la Confédération.

Ratée donc, la politique d’assimilation ! À tel point qu’en ce Canada où l’on ne s’attendait qu’à des composants d’une même culture et d’une même langue, on s’est retrouvé, au siècle suivant, avec deux peuples face à face, l’un anglophone,

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l’autre francophone : exactement ce que Durham se désolait de décrire en 1839. Deux sociétés distinctes. On a même pu dire « deux solitudes ».

Vous en cherchez un témoignage ? Voyez seulement pour l’instant nos manuels d’histoire du Canada. Car le manuel, outil du primaire et du secondaire, est un témoin fidèle de l’éducation que reçoivent les jeunes du Québec. Et pas n’importe quel manuel ! Tous les manuels d’histoire que j’ai connus étaient l’œuvre de prêtres ou de membres de communautés religieuses : donc, une première garantie de moralité et d’esprit chrétien. Seconde garantie : sur une des pages préliminaires, on attestait que le livre avait été soumis à la censure d’un ecclésiastique et que l’évêque accordait la permission d’imprimer. Ce n’était pas suffisant. Jusqu’à récemment dans les écoles publiques (donc, ce qu’ont connu les adultes d’aujourd’hui), le manuel devait en outre recevoir l’approbation du Comité de l’Instruction publique. Et qui étaient les membres de ce comité suprême ? Nos évêques ! Oui, nos évêques qu’on n’attendait pas en ce lieu ! Vous ne saviez pas qu’en recevant la mitre et la crosse, ces Excellences étaient du même coup sacrés historiens ? Avec ce résultat que certains manuels d’histoire apparaissaient plutôt comme des appendices du catéchisme.

L’unité du magistère s’en trouvait assurée en même temps que le dogme nationaliste, car dans le Québec de la précédente génération, religion et patrie ne faisaient qu’une : elles s’exprimeront d’une même voix. Les deux principaux groupes ethniques (que sans trop de vérité nous appelons les peuples fondateurs) étant demeurés bien distincts l’un de l’autre, on aura donc, d’une part, outils d’éducation pour jeunes francophones et, d’autre part, outils à l’usage des jeunes anglophones.

Il ne faut pas feuilleter longtemps un manuel d’histoire du Canada pour voir à quelle enseigne il loge. Les images suffisent souvent à le classer. Dans l’Héritage du Vieux-Monde de Gérard Filteau, plus de la moitié des illustrations

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présentent un attachement manifeste à l’Église : voilà donc un manuel écrit par un membre d’une communauté religieuse et destiné aux élèves du Québec ! De même, dans un manuel des Frères des Écoles chrétiennes pour les quatrième et cinquième années du primaire, Découvreurs et pionniers, l’agenouillement dans les illustrations ne manque pas : à genoux, les fondateurs qui arrivent à Montréal ; à genoux, toute une famille pour représenter les Canadiens d’aujourd’hui à la fin du livre.

Dans le manuel des auteurs Lester B. Rogers et autres, Canada in the World Today, la couverture est illustrée d’une Pax Britannica à côté d’un amiral et d’un navire de commerce : aucun doute, s’il n’y avait pas eu ce titre anglais, on aurait tout de même compris que ce manuel s’adresse aux élèves de l’autre groupe ethnique.

Chez George W. Brown, The Story of Canada, un soldat jubile à l’arrivée d’une flotte anglaise, au printemps de 1760 ; les élèves anglophones jubileront avec lui. Dans la version française de ce manuel, on a eu soin d’évacuer cette image qui eût blessé les Canadiens français.

Il y a aussi ces titres et sous-titres qui révèlent bien qu’un manuel est la bible de tel ou tel groupe ethnique. « L’agonie du Régime français », annonce tristement Filteau dans sa Civilisation catholique et française au Canada. Louis Martel et Hermann Plante, auteurs de Mon pays, nous préviennent de leur identité : « 1759, l’année funeste ; les Anglais s’acharnent sur leur proie », alors que pour Rogers, 1763 est « The wonderful year ». Nous savons dès l’instant qui est du côté des perdants ou des vainqueurs.

Si toutefois, langue mise à part, vous n’êtes pas sûr d’avoir bien compris le sens des illustrations, des titres et des phrases clés, le ton de l’exposé devrait vous éclairer sur l’origine du manuel. Le ton anglais est réaliste, dénué d’émotions, hautain à l’égard de ce qui n’est pas british, mais sachant montrer de la complaisance envers moins bien nanti que soi. L’Anglo-Canadien se trahit sans y prendre garde :

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« New France had fallen at last ! », soupire-t-il de soula-gement. L’édition française pousse elle aussi un soupir, mais pudiquement, sans le at last qui pouvait froisser : « La Nouvelle-France était tombée. »

Plus surprenant : dans le récit de la bataille de Châteauguay (1813), l’anglophone Brown tentait bien de se montrer aussi aimable pour les Canadiens français que pour les Anglais : « [the American army] was met by a smaller British army, which included a number of French-Canadian troops under de Salaberry. After a short fight, in which the French Canadian troops shared fully in the victory with the British and Canadian comrades […] » Or, la version française fait dispa-raître Britanniques et Canadiens anglophones ; en face de l’armée américaine, il n’y a plus que des Canadiens français : « une petite armée formée de trois cents soldats canadiens-français commandés par de Salaberry […]. Après une courte bataille, où les Canadiens français se distinguèrent par leur bravoure, les Américains ordonnèrent la retraite. […] Les Canadiens français avaient vaincu une armée au moins quinze fois supérieure en nombre. » Et c’est ainsi que chaque groupe ethnique écrit une histoire qui témoigne de sa valeur.

Les résultats de notre enquête ne sont pas moins intéressants lorsqu’on en vient à l’interprétation de ce qui s’est passé, qu’il s’agisse d’événements ou des hommes.

Narrations anglaises et narrations françaises s’arrêtent aux mêmes principaux personnages, mais dès que l’un d’eux entre en rivalité ethnique, le désaccord se manifeste. Pour les anglophones, le découvreur du Canada est Juan Cabot (dit John Cabot), qui agit au nom de l’Angleterre, et l’on insiste sur la grandeur politique de son rôle. Mais non, répondent les manuels français : on n’a sur le voyage de Cabot que des indications imprécises ; le découvreur, c’est Jacques Cartier, envoyé par la France, et il vient remplir une mission évangélique.

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Toujours les deux solitudes 17

Pour les manuels anglais, Lemoyne d’Iberville est l’homme d’attaque. Pour les manuels français, c’est le héros de la défensive, car les agresseurs en cette guerre sont les Anglais, les Français étant chez eux à la baie d’Hudson.

Le Canada, dit alors Canada-Uni, se retrouve en 1841 sous un gouvernement à deux têtes, l’une anglophone, l’autre francophone, comme il arrive sous les duumvirats Baldwin-LaFontaine ou Macdonald-Cartier. Les manuels pour anglo-phones ne parlent que de la tête anglophone, sans attacher d’importance à l’autre tête. Les manuels pour francophones n’en ont que pour LaFontaine et Cartier. Chaque groupe ethnique tient à son chef selon sa langue et son cœur ; tout le monde paraît content.

Pour les auteurs français, Louis Riel est certes un suspect, mais il a bravement travaillé pour les siens, il doit profiter de circonstances atténuantes. Pour les auteurs anglais, ce n’est qu’un rebelle et un meurtrier. Les uns et les autres sont d’accord sur un point : l’affaire Riel a amené la création du Manitoba et la garantie des droits des Métis. L’historien Careless esquisse toutefois un certain regret : « Apparently the French Métis had succeeded in creating a little Quebec in the West. »

Constatation plus étonnante : un Canadien français, Wilfrid Laurier, qui a pourtant été premier ministre du Canada et que les manuels anglais traitent avec une sorte de vénération, retient très peu l’attention des auteurs franco-phones. Laurier n’est grand homme que pour les Canadiens de langue anglaise : à croire que ceux de langue française ne le considèrent pas comme l’un des leurs.

Les manuels ne s’entendent pas non plus sur les « événe-ments crises ». Les divergences, peu profondes sur les événe-ments immédiatement contemporains, sont fortes si les faits remontent à un passé vraiment révolu.

Regrettée par les uns et par les autres parce qu’elle est une solution inhumaine, la déportation des Acadiens en 1755 est pour les manuels anglais une nécessaire mesure de guerre,

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dans laquelle les Acadiens ont leur part de responsabilité. Par contre, dans les manuels français, même si l’on admet qu’il y a ici et là à blâmer la France et certaines circonstances, on soutient que les Acadiens, qui menaient, paraît-il, une vie idyllique, ne méritaient aucunement d’être ainsi châtiés ; on rejette l’odieux de cette opération sur le gouverneur Charles Lawrence et l’on décrit la déportation sur le ton le plus pathétique.

Selon ces mêmes manuels, la conquête de 1760 ruine l’économie des Canadiens français et laisse leurs droits en péril, même si ce groupe ethnique se comporte avec loyauté et si le vainqueur fait montre de beaucoup de modération. Pour les auteurs anglais, les droits des Canadiens français sont en parfaite sécurité, et c’est plutôt la trop grande générosité de l’Angleterre qui va faire naître des problèmes pour longtemps à venir.

À propos des troubles du Bas-Canada (1837-1838), les manuels anglais prennent le temps d’en expliquer longuement les causes et expédient en quelques phrases brèves le récit des combats qui surviennent alors que les manuels français, moins diserts sur les causes, s’attardent avec plaisir à raconter les événements avec force détails ; pour eux, les combats soutenus en 1837 par les « patriotes » du Québec n’ont qu’un caractère défensif, et le récit met en vedette les excès des troupes gouvernementales.

Dans le rapport que le gouverneur général Durham présente à la Grande-Bretagne en 1839 pour mettre fin à la crise du Bas-Canada, les manuels anglais voient un document qui marque une étape principale dans l’histoire canadienne. Les manuels français retiennent surtout que ce rapport exprime l’exaltation de la nationalité anglaise aux dépens des Canadiens français et ils ne manquent pas de citer la célèbre phrase « Peuple sans histoire et sans litté-rature », qu’ils stigmatisent en la reproduisant hors de son contexte, alors que le mot de Durham ne fait que dépeindre une triste réalité : avant 1839, les Canadiens français n’ont

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Page 19: Mythes réalités l’histoire Québec...Àla parution du deuxième tome des Mythes et réalités dans l’histoire du Québec ,Louis Cornelier écrivait dans Le Devoir,en janvier

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encore ni historien pour raconter leur passé, ni œuvres litté-raires dignes de ce nom, ni théâtre.

Dangereuse Confédération, affirment des manuels français ; bienheureuse Confédération, répondent les auteurs anglais, qui prennent soin d’en raconter la mise en place avec enthousiasme. Rogers écrit : « In British North America, the colonies joined together without the loss of a single life or a drop of blood. Such an achievement may almost be classed as a miracle. » Il est d’ailleurs significatif que les manuels français négligent la période du Canada confédéré : ils lui consacrent beaucoup moins de pages qu’à d’autres parties, et des pages maigres, superficielles ; un chapitre qui a plutôt l’air d’un appendice. Je me rappelle, collégien, que le professeur, prétextant un manque de temps (juin approchait), l’avait quasi escamotée. Alors que les manuels anglais se prononcent pour un engagement sans réserve en faveur du Canada, des manuels français (les plus influents) donnent priorité à un loyalisme provincial. Leur Canada est celui des Canadiens français aux xVIIe et xVIIIe siècles, le Canada des rives du Saint-Laurent, le Québec d’aujourd’hui.

Dans ce chapitre de la Confédération, deux thèmes retenaient, mais un court moment, notre attention : les écoles du Manitoba et la conscription. Les manuels des deux groupes ethniques ne s’entendent pas mieux sur la crise scolaire du Manitoba, dite des « écoles séparées », écoles que les Canadiens français voulaient distinctes des établisse-ments publics, les seuls que subventionnait le gouvernement. Les manuels français n’étudient cette crise qu’en fonction de cas particuliers, qu’en s’arrêtant à des individus, quand les auteurs anglais y voient une crise à l’échelle nationale, mettant en cause tout le système de gouvernement.

On n’est pas plus d’accord sur la conscription de 1917. Elle n’était pas nécessaire, soutiennent les manuels français. Mais si ! elle s’imposait, affirment les autres.

Au-delà de ces divergences qui ne portent que sur des points particuliers, les manuels présentent de leur groupe

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ethnique respectif une image fondamentalement différente, qui en même temps revendique une qualité supérieure de civilisation.

Ainsi, jugeant les institutions, les manuels anglais soutiennent que les leurs laissaient les habitants jouir de la liberté, quand celles de France, écrivent-ils, étouffaient ses colons. Les manuels français donnent un avis différent : au xVIIIe siècle, le pays de la liberté en Amérique n’est pas la Nouvelle-Angleterre, c’est la Nouvelle-France, mais ils ne parviennent pas à en faire une démonstration bien convaincante…

C’est, en effet, en regard du thème de la frontière que se placent les auteurs, c’est-à-dire en observant le régime de vie des colons européens qui, les premières années de l’établis-sement, forment une société pas encore organisée, dans un état quelque peu sauvage. Pour les manuels anglais, la « vie de frontière » est un phénomène très important qui produit d’heureux résultats sur l’homme : elle développe en lui une culture originale, le rend réaliste, lui apprend l’initiative, source de progrès, et en fait un être indépendant, supérieur à l’homme du Vieux Continent.

Les manuels français ne voient pas les choses de cette façon. Le pionnier, écrivent-ils, quand il s’installe en Amérique, est déjà un homme tout formé, qui affronte le nouveau milieu sans en subir de transformation, il le domine tout de suite. D’ailleurs, selon eux, l’esprit d’aventure et d’individualisme n’a eu qu’une faible part à déterminer la vie du pionnier, et ils condamnent ce qui sent l’aventure et l’indépendance. Pourtant, comme Français et Anglais ont longtemps vécu cette vie de pionnier, ce serait justement là, croyons-nous, un thème qui, proprement exploité, pourrait amener les uns et les autres à mieux se comprendre et à mieux raconter leur expérience commune du passé.

Anglais et Français ont eu aussi, séparément d’abord puis en commun, une longue histoire économique : ce thème aurait pu produire une même compréhension. Or, cet élément

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