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Dossier Pédagogiquede

L’ACTION MUSEE ECOLEPour l'Exposition temporaire du Musée Fesch

NAPOLEON, LES BONAPARTE, ET L’ITALIE

Du 10 avril au 30 septembre 2001

Partenaires : Musée Fesch - Action Culturelle Académique : commission Musée - Ecole.Dossier préparé par : J-L Arrighi (Action Culturelle Académique) et C.Brothier (service éducatif Musée Fesch).

NAPOLEON, LES BONAPARTE ET L’ITALIE

LE DOSSIER PÉDAGOGIQUE :

La découverte des œuvres réunies pour une exposition temporaire, leur présentation, leur confrontation avec les œuvres et l'espace du musée, nous invitent à la réflexion et ouvrent toujours sur un questionnement en série.

Ce dossier pédagogique n'a pas été conçu pour supprimer le questionnement en donnant des réponses toutes faites aux problèmes posés par les œuvres - cela serait d'ailleurs utopique et présomptueux - mais au contraire pour donner des clefs, des pistes de travail aux enseignants afin de leur faciliter la visite et l'exploitation de l'exposition temporaire "Napoléon, Les Bonaparte et l'Italie" avec leurs élèves.

SOMMAIRE DE CE DOSSIER :

` L'EXPOSITION : Les choix qui ont présidé à cette exposition et le plan de l'exposition.

LES ŒUVRES : Description des œuvres majeures exposées et quelques clefs pour en tenter une analyser et mieux comprendre la démarche et les influences de ces artistes.

LES ARTISTES : Qui sont-ils ?

K PISTES DIDACTIQUES : Les possibilités, offertes par l'exposition, pour aborder des notions essentielles liées aux cours d'Arts plastiques ou aux d'autres disciplines.

§PETIT GLOSSAIRE : Définitions, vocabulaire et références à l'histoire de l'art.

¨LECTURES : Références bibliographiques.

$ INDEX : Pour une recherche plus rapide par noms propres.

` L'EXPOSITION :

Cette exposition a pour fil conducteur tant le rôle de Napoléon Bonaparte dans l’organisation administrative et politique de l’Italie que le rôle que lui-même et les membres de sa famille ont eu dans le domaine des arts. L’Italie, où plusieurs membres de la famille impériale ont porté des titres importants, fut également la terre d’exil d’une majorité d’entre eux. La présence au Musée Fesch d’une collection de peintures italiennes parmi les plus importantes de France, réunie par le cardinal Fesch qui eut des fonctions éminentes et finit sa vie à Rome, est à l’origine de ce projet. L’exposition s’articule en trois parties : - Conquêtes : les deux campagnes d’Italie, et la Péninsule entre Révolution et Empire.- Règnes : l’organisation du pouvoir napoléonien en Italie et ses représentations.- Destins : la destinée romanesque des Bonaparte, du trône à l’exil en Italie. Venues de France et d’Italie, des œuvres des plus grands artistes néoclassiques seront réunies à Ajaccio pour la durée de l’exposition.

Plan de l'exposition :

L'exposition qui investit l'espace des trois salles du rez-de-chaussée du musée Fesch, se présente en trois parties. Les thèmes y sont abordés de la manière suivante : Les Conquêtes, dans la première salle, les Règnes, dans la deuxième et les Destins, dans la troisième.Enfin, la Galerie qui dessert les trois salles, présente des bustes et autres pièces représentatives de la sculpture de l'époque néoclassique ou du style empire.

LES ŒUVRES EXPOSÉES : Description des œuvres majeures, et éléments pour une analyse.

Salle 1 : conquêtes. Dès la première campagne d'Italie, Bonaparte s'engage non seulement dans sa première

conquête militaire, mais aussi dans la conquête de ses hommes et de l'opinion publique française. Il façonne lui-même son destin et son règne sur les esprits en encourageant la diffusion d'images servant sa propagande*1.

Il est lui-même à l'origine du culte qui s'est développé autour de sa personne et en restera, de l'avènement jusqu'à la fin, le grand stratège. Ses conquêtes se font plus dans les esprits que sur les champs de batailles. Dès cette première salle consacrée aux conquêtes, nous voyons comment, par les références constantes et précises à ses « illustres prédécesseurs » et par un sens inné de ce que nous appellerions aujourd'hui la communication, Bonaparte, grâce à son opportunisme, mais aussi à sa culture et aux grands artistes dont il sait s'entourer, transforme son aventure en épopée* et se métamorphose en l'un des héros mythiques de l'histoire de France et d'Europe.

L’Italie tient une place capitale dans les projets de Napoléon. Sa politique italienne aboutit à répartir tous les territoires occupés en trois entités politiques: Royaume d’Italie, Empirefrançais, Royaume de Naples. Les bouleversements causés par Napoléon, roi d’Italie, aussi bien dans la délimitation des frontières, les régimes politiques que dans la vie quotidienne des habitants, sont à l’origine de l’Italie moderne. Pendant les années de l’Empire, entre 1805 et 1814, la situation de l’Italie se caractérise surtout par l’activité de grands chantiers publics, ouverts pour répondre aux besoins de glorification et d’ordre du régime napoléonien.

∗ Bacler d'Albe : Passage du Pô sous Plaisance : (7 mai 1796) Aquarelle

∗ Bacler d'Albe : Passage du Pont de Lodi : (10 mai 1796) Aquarelle Plus tard, Napoléon dira, "Le soir de Lodi, je voyais le monde fuir devant moi. Après Lodi, je me

regardais non plus comme un simple général mais comme un homme appelé à influer sur le sort d'un peuple alors naquit la première étincelle de la haute ambition"

ÑQUELQUES CLEFS : Ces deux aquarelles, tout comme l'huile sur toile de Gros "Le général Bonaparte au pont d'Arcole", sont des épisodes de la fameuse campagne d'Italie (1796-1797) qui est une guerre menée en Italie par Bonaparte pendant la Révolution française. Nommé général en chef de l'armée d'Italie le 2 mars 1796, il trouve, en arrivant à Nice, des troupes démotivées auxquelles il promet la richesse des conquêtes italiennes.

Entre le 12 et le 21 avril l'armée sarde est vaincue 3 fois (Montenotte, Dego, Mondovi) et l'armée autrichienne, écrasée à Millesimo (13 avril), doit se replier au-delà du Pô. Après la victoire de Lodi (10 mai), les troupes de Bonaparte font leur entrée dans Milan, accueillies triomphalement par les Italiens. Pourtant Bonaparte paye ses soldats, sur les butins pris sur place. Le 9 mai, dans une lettre à Carnot il écrit, de Plaisance «Je vous fais passer 20 tableaux des premiers maîtres, du Corrège et de Michel-Ange.» Entre les victoires, les butins, et l'incessante propagande*, l'armée d'Italie est à son entière dévotion.

La 2nde phase de la campagne d'Italie débute après les revers qu'infligent les Autrichiens, en Allemagne, à Jourdan et Moreau ; Bonaparte remonte en hâte pour verrouiller à Mantoue le passage de

1 Le * signale que l'on peut se reporter au Petit glossaire ou à la partie consacrée aux Artistes.

l'Autriche par l'Italie. Les victoires de Lonato, Castiglione (août 1796), Bassano (septembre), Arcole (14-17 novembre) et Rivoli (janvier 1797) permettent à Bonaparte de s'assurer le passage vers Vienne : son avancée force les Autrichiens à signer avec lui les préliminaires de paix conclus à Leoben le 18 avril.

∗ Gros : Le général Bonaparte au pont d'Arcole : (15 novembre 1796)

«C'était un chant de l'Iliade !» s'écriait Bonaparte au seul souvenir de cette action. Voilà ce qu'écrit dans sa Vie de Napoléon Chateaubriand, ancien soldat de l'armée royaliste émigrée et père du romantisme.

Dans cette œuvre, Bonaparte montre qu'il maîtrise tous les éléments du discours qu'il veut véhiculer sur lui. Il est à la fois l'acteur et l'auteur de sa propre aventure. Par l'art de Gros ses actes sont magnifiés et justifiés grâce à une disposition habile des différentes composantes du tableau.

N DESCRIPTION : huile sur toile. 130cm x 94cm Dans cette toile aucun élément n'est laissé au hasard :La composition : Le personnage est vu en plan rapproché, c'est un cadrage que le cinéma appellera plan américain. L'action de Bonaparte a été surévaluée et le cadrage déborde dans le hors champ, des quatre côtés de l'image. Gros prend le parti de donner l'image d'un homme seul. Il y a une focalisation complète sur Bonaparte et une absence de scène de fond. On devine à peine, au loin, une bâtisse en flammes mais la bataille et les hommes ne sont pas représentés. L'ensemble de la composition est gouverné par un mouvement dynamique qui suit un axe de circulation horizontal. Le mouvement de son corps et son regard sont sur cet axe horizontal mais, vont dans des directions opposées. La touche : Par son utilisation énergique, du pinceau, le peintre transmet son dynamisme à la toile.La matière dense, riche et colorée contraste avec les œuvres lisses et léchées du néo-classicisme davidien.Le mouvement du drapeau, de l'écharpe, des cheveux et le geste large, nerveux et libre de Gros accentue l'idée de vitesse et d'instantanéité. La Couleur : Gros utilise des tons chauds et contrastés.Les attributs et symboles : drapeau tricolore, couronne de feuilles de chêne, faisceaux, habit, écharpe, sabre, sont autant d'objets qui entrent dans un code symbolique précis.

ÑQUELQUES CLEFS Cette toile est moins un tableau de bataille, qu'un portrait. Toutefois, si Gros ne nous donne pas d'image de la bataille, nous savons par le titre de l'œuvre que la scène se déroule à l'instant où Bonaparte, tel le Chevalier Bayard menant l'assaut à la tête de ses hommes, franchit le pont d'Arcole sous la mitraille. Si cet acte fut capital pour l'issue du combat, le passage du pont revêt ici une dimension symbolique. En effet au delà de Bayard, l'autre grand modèle convoqué ici est celui de Jules César franchissant le Rubicon. César en passant ce fleuve (frontière entre l'Italie et la Gaule Cisalpine) à la tête de son armée, franchit le dernier obstacle qui le sépare de Rome et du pouvoir absolu. Le cadrage particulier choisi par Gros, fait de Bonaparte le héros solitaire de cette victoire. Il est présenté comme un homme seul au milieu de la tourmente, et préfigure en cela le héros romantique. L'œuvre de Gros, qui annonce le romantisme, sera très admirée par Géricault et Delacroix qui s'en inspirera pour sa "Liberté guidant le peuple". Cette toile exceptionnelle témoigne de la libération de l’artiste de la froideur et des contraintes du néo-classicisme pour traduire avec une passion déjà romantique la fougue et l’autorité d’un général victorieux. Par ce cadrage, Gros crée une image de type métonymique. C'est-à-dire qu'un minimum d'indices ou des éléments tronqués lui suffisent à suggérer une réalité qui va au-delà du visible. L'action a des prolongements dans le hors champs physique, immédiat, et des conséquences dans le contexte historique. Le sabre coupé par le cadre laisse imaginer que sa pointe est probablement déjà dans les reins du général autrichien fuyant. Bonaparte se retourne pour lancer du regard sur le hors champs à droite de la toile, une invitation à le suivre dans le hors champs de gauche et un appel à s'engager derrière lui pour porter plus loin le drapeau des idées républicaines. En ne faisant pas figurer l'armée d'Italie derrière le général, Gros rend cette invite universelle.

Les attributs et les symboles : L'attribut majeur de Bonaparte est un drapeau aux trois couleurs, bleu, blanc, rouge, frappé d'une couronne de feuilles de chêne. Au centre de celle-ci on devine l'emblème

des faisceaux, symboles du pouvoir et de l'autorité de la république à Rome. Le général porte un habit sombre brodé de feuilles de chêne dorées avec glands. Les boutons dorés reprennent, également en leur centre la figure du faisceau. Celui-ci, placé au milieu de drapeaux, entoure une pique surmontée d'un bonnet phrygien symbole de liberté révolutionnaire en référence à celui porté par les hommes libres en Grèce antique. Bonaparte tient un sabre que l'on retrouve dans la toile de David et nouée autour de sa taille, l'écharpe, signe de reconnaissance dont sera paré l'uniforme des généraux jusqu'en 1939. Tous ces attributs : drapeau tricolore, feuilles de chêne, faisceaux, bonnet phrygien, écharpe, sont des emblèmes figurant alors sur les armes de la Ire République française. Bonaparte est lui même le porte drapeau des valeurs de la Révolution qu'il vient porter aux peuples.

Ce qui s'est réellement passé : Bonaparte, ce jour-là, ne franchit pas le pont d'Arcole. Il dirige l'assaut avec un courage héroïque, mais, accueilli par une énorme mitraille, il est précipité dans l'eau du fleuve Alpone et ne doit son salut qu'à l'abnégation de ses soldats. Dans cette œuvre la vérité historique est donc transformée et magnifiée.

Actualité et propagande : Cette toile qui se veut proche de l'instantané est un tableau d'actualité peint à Milan quelques semaines après la bataille, par Gros qui accompagnait l'armée d'Italie comme lieutenant d'état major. Pourtant cette œuvre, qui est une commande privée du général Bonaparte, ne sera exposée au salon qu'en 1801. Mais Bonaparte désire que l'image soit vite connue. Il s'assure donc que le tableau, à peine peint, soit reproduit par un graveur italien afin de servir sa propagande.

UN EMPEREUR EN PROPAGANDE.

La légende napoléonienne : La légende napoléonienne naît de son vivant. En réalité, il commence à la cultiver dès cette première campagne en Italie en rendant ses victoires systématiquement publiques. Ses journaux et bulletins (le Courrier de l'armée d'Italie, Journal de Bonaparte et des hommes vertueux) exaltent les exploits d'un général inconnu, le décrivant comme «un homme qui est partout et qui voit tout, volant comme l'éclair et frappant comme la foudre» : Bonaparte, ayant compris l'importance de la propagande*, commence de forger une légende autour de sa personne. Les premiers agents de cette propagande sont les colporteurs d'affiches grâce auxquels, la France se remplit, en quelques semaines, d'images qui resteront longtemps sur les murs et dans la mémoire populaire. Le portrait du sauveur de la République est accroché sur les murs des maisons, là où, 10 ans plus tôt, se trouvait encore celui du roi. L'imagerie d'Epinal participe à la promotion de cette vision populaire et fera sa fortune avec l'épopée du héros. En qualité de Premier consul et d'Empereur, Napoléon continua à engager les meilleurs écrivains et artistes français et européens afin qu'ils glorifient ses exploits. Il assurait qu'il avait préservé les acquis de la Révolution française et offert les avantages qui en résultaient à l'Europe. De même, il affirmait que son but était de fonder un État européen sur le modèle d'une «fédération des peuples libres». Selon Jean Tulard, le mythe d'un Napoléon prendra plusieurs formes jusqu'à Ste Hélène où, tel Prométhée enchaîné sur un îlot rocheux, il enthousiasma les romantiques qui en firent un héros de tragédie antique. Enfin, au XXe siècle, Napoléon devint un symbole de la France, une véritable image d'Épinal, dégagée des passions politiques.

«VOUS AUREZ CÉSAR !»Si cette prophétie lancée par Robespierre à la tribune de l'assemblée législative qui venait

d'engager la France dans la guerre, ne tarda pas à se réaliser, on peut se demander en quoi le parcours de Napoléon ressemble à celui de Jules César et comment le mimétisme est entretenu ?

En 15 ans, de 1789 à 1804, la France voit l'avènement de tous les modes de gouvernements qui s'étaient succédés à Rome pendant plus de 500 ans de son histoire antique. Tout se déroule dans le même ordre passant de la monarchie à la république pour finir par l'instauration de l'empire. En fait dès ses premiers instants, et dans chacun de ses actes, la Révolution française prend pour modèle la Républiqueromaine parce qu'elle était associée à la démocratie et à l'abolition de la royauté. Un petit rappel historique :

La République romaine fut la structure politique de l'État romain de 510 av. J.-C. à 27 av. J.-C. qui mit fin à la période royale (7 rois depuis Romulus). En remplacement du roi, 2 consuls étaient élus chaque année par les citoyens. Mais le Sénat, qui gouvernait était le privilège héréditaire de familles patriciennes puis plébéiennes riches. Cela conduisit à des luttes entre le parti aristocratique et le parti populaire dans les derniers temps d'une République. Fragilisée, elle était désormais à la merci du chef qui avait le plus grand appui militaire.

Ce fut César : Appartenant à la prestigieuse gens Julia, Caius Julius Caesar (100-44 av. J.-C.) fut élu au collège des pontifes. Après la démission de Sylla, il se joignit aux forces de Pompée et Crassus pour former le premier triumvirat. Consul en 59 av. J.-C., il se fit attribuer le proconsulat d'Illyrie et de Gaule cisalpine et transalpine. En 58, il entreprit la guerre des Gaules réprimant l'insurrection de Vercingétorix. Cette difficile conquête lui donna l'occasion de se forger une armée entraînée et dévouée et de s'attirer gloire et richesse. Mais, Crassus, battu et tué par les Parthes, Pompée fut nommé consul unique par le Sénat. Voulant mettre fin au pouvoir militaire de César et faire échec à sa 2ème candidature au consulat, exigea qu'il quitte son commandement. César refusa et, en 49 av. J.-C., franchit le Rubicon, qui le séparait du pouvoir absolu. Il marcha sur Rome, où il se fit nommer dictateur jusqu'à son élection au consulat en 48 av. J.-C. Entre ses campagnes, César entreprit, de profondes réformes. Il affaiblit le pouvoir du Sénat et des magistrats mais son habileté fut de s'attribuer tous les pouvoirs dans le respect de la légalité : il se fit octroyer la dictature et le consulat pour une période d'abord limitée (10 ans), puis à vie. Chef de la religion d'État en tant que pontifex maximus (grand prêtre), il était le chef suprême de l'armée et reçut le titre d'imperator en permanence. Soupçonné d'aspirer à la royauté, il se fit un grand nombre d'ennemis parmi les nobles républicains qui l'assassinèrent en 44 av. J.-C. Cicéron tenta de restaurer l'ancienne république, mais le petit-neveu de César, Octave (futur empereur Auguste) prit le contrôle de l'ensemble des territoires de Rome. Jules César, général et homme politique, avait jeté les bases du système impérial romain.

Quand Robespierre prononce ces mots, la révolution n'est pas achevée et la France est une jeune République menacée pas les armées des partisans de l'ancien régime qui ont émigré dans les royaumes voisins, leurs meilleurs alliés. Sa brillante campagne d'Italie permet à Bonaparte de s'affirmer autant comme stratège incomparable que comme grand politique. Ses triomphes lui permettent de faire de son armée, comme César pendant sa conquête des Gaules, un instrument entièrement dévoué à ses ordres, conditionné par des fêtes d'héroïsation grandioses à sa gloire et par la publication de Bulletins et harangues soigneusement rédigés. Quand il lui donnera le titre de Grande Armée juste après le sacre (remettant aux troupes les aigles impériales) Napoléon fera explicitement référence aux légions de César.

Après la campagne d'Italie, seul Hoche qui avait la même autorité sur l'armée de Sambre-et-Meuse pouvait contrebalancer ses tentations césariennes. A la mort de celui-ci en 1797, Bonaparte est le recours ultime et unique de la République, il en devient ainsi, comme l'avait prédit Robespierre, le César virtuel.

Stendhal ne s'y trompe guère quand il écrit au commencement de La Chartreuse de Parme : « Le 12 mai 1796, le général Bonaparte fit son entrée dans Milan à la tête de cette jeune armée qui venait de passer le pont de Lodi, et d'apprendre au monde qu'après tant de siècles César et Alexandre avaient un successeur. »

Comme César, il se fit d'abord attribuer le consulat pour 10 ans, puis à vie. Comme lui il entreprit de profondes réformes entre ses campagnes, et comme César il se fit donner le titre d'empereur mettant fin ainsi à la Ière République instituée en 1792. Si La Révolution et la République qui en était issue, prirent pour modèle la République romaine, sous Napoléon Ier, la référence logique sera la Rome impériale. Ce qui fait dire à J. Madaule dans Le mythe de César : "Personne ne parlera plus du Romain désormais qu'il n'ait dans la mémoire le souvenir du Corse."

∗ David : Bonaparte franchissant les Alpes au col du Mont S t Bernard : N DESCRIPTION : huile sur toile.Composition : Par le choix du point de vue en contre-plongée, l'action de Bonaparte est centrale, écrasant le reste de l'image. Comme chez Gros, l'action est surévaluée par rapport à une scène de fond dévalorisée. L'ensemble de la composition est gouverné par un mouvement dynamique, une sorte de tourbillon ascendant qui guide notre regard vers le sommet gauche de l'œuvre. Si dans la toile d'Arcole, l'axe de circulation était horizontal ici c'est la diagonale qui prédomine. Nous sommes conduits vers les points névralgiques du message par une série de lignes brisées, de courbes et d'arabesques qui se répondent et s'enchaînent sur cet axe diagonal ascendant.L'attitude et le regard : Comme dans la toile d'Arcole, le mouvement du bras tendu et le regard ne suivent pas la même direction. Ici encore, le héros se retourne pour nous lancer une invitation à le suivre.La touche : elle correspond à la facture lisse et au fini froid et "léché" du néo-classicisme.Le mouvement de la tunique, des cheveux La Couleur : utilise un équilibre mesuré entre les tons bleus, rouges et dorés. La valeur blanche qui prédomine rappelle l'aspect froid de la statuaire néoclassique.Les attributs et symboles : L'attribut majeur de Bonaparte est le cheval.

ÑQUELQUES CLEFS En 1800, soit un an après le 18 Brumaire, David, déjà fervent partisan de Bonaparte, exécuta le portrait du général. De 1800 à 1803, avec son atelier, David peignit cinq versions du Portrait équestre de Bonaparte au Mont Saint-Bernard. L’artiste doit créer une mythologie nouvelle, une image moderne. Bonaparte, sorti du néant, accomplit une destinée historique. Cet «homme nouveau», supposé consolider la Révolution, prend l’aspect d’un héros. Dans un paysage sciemment peu réaliste pour ne pas distraire le spectateur de l’essentiel, David a placé Napoléon au premier plan, Le décor et l’action qui se déroule au second plan sont secondaires. Au premier plan, l’homme et l’animal s’unissent pour former le mariage de la force et de l’intelligence en un symbole dont le sens ne saurait échapper au spectateur.

Le portrait équestre : Ce genre, considéré comme le privilège et l'attribut de la noblesse, fait partie de la catégorie des portraits d'apparat. Le premier et grand modèle de ce genre est sans aucun doute la statue équestre de Marc'Aurèle (180 ap. J.C.) actuellement placée devant le Capitole à Rome. Tous les grands artistes, peintres ou sculpteurs, Donatello, Ucello, Andréa del Castagno et bien d'autres l'ont prise comme modèle pour représenter, des princes ou des condotierri. Mais Marc'Aurèle étant empereur, sa statue devint logiquement un modèle du portrait d'apparat impérial. Le Louvre possède une statuette en bronze de Charlemagne dans la même attitude et le Prado expose une toile du Titien représentant Charles Quint galopant une lance à la main après la bataille. Quoi donc de plus normal et légitime que Napoléonpossède lui aussi son portrait équestre. Dans sa toile, David présente son héros sur un cheval cabré reprenant l'attitude inventée par Le Bernin pour sa statue équestre de Constantin (Vatican) et dans sa maquette pour un monument à Louis XIV (Villa Borghèse). Ce motif du cheval cabré sera développé par Rubens ou Van Dyck et deviendra très prisé à la cour d'Espagne où Velasquez en fit une importante série. Dans ces œuvres, le bâton de commandement est régulièrement l'attribut des grands capitaines. Ici David le remplace par l'index pointé vers le sommet de la toile. Ce doigt tendu vers l’horizon (geste fréquent dans l’iconographie davidienne) pointe l'espace situé hors du cadre. En effet, ce que le 1er Consul indique du doigt dans le hors-champs est autre chose que les cimes des Alpes ou les armées ennemies. Ce fils de la révolution, cet homme nouveau, montre aux peuples d’Europe que l’endroit où il va les conduire, n'est autre que les cimes de la liberté. Il sera leur guide vers une Europe où règne l’égalité.

A ce moment là Napoléon est encore Bonaparte et la France est toujours une république dont il est le citoyen 1er Consul. Pourtant il s’associe visiblement et lisiblement aux gloires du passé. Sur les rochers, son nom est gravé à côtés de celui des héros qui l'ont précédé dans le franchissement des Alpes : Hannibal et Charlemagne. L'identification à Charlemagne, son « illustre prédécesseur » est abordée plus loin dans la partie sur les Règnes au sujet de l'eau-forte Fasti di Napoleone : couronnement à Milan.

Si on retrouve le sabre de la toile de Gros, les armes symboliques de la Ière République ont bel et bien disparues. Seuls le Bleu, blanc, rouge dominent. On note toutefois l'importance de la pourpre de la tunique qui enveloppe le héros préfigurant sans doute déjà l'aspiration au futur pouvoir impérial. Dans cette œuvre, on retrouve la notion de passage, représentée par le pont à Arcole. Le col est en effet un autre lieu de passage. Si le passage physique du col est bien réel, il l'est aussi dans l'ordre du symbolique. Ce moment est celui ou s'opèrent un basculement, une transformation dans la carrière de Bonaparte qui franchit l'étape qui le conduira du citoyen 1erconsul à l'Empereur Napoléon Ier. Comme à Arcole, le héros force le passage, il force le destin.Ce qui s'est réellement passé : Bonaparte ce jour-là ne franchit pas le Saint Bernard de cette belle manière, mais comme nous le dit Adolphe Thiers, un historien du XIXèmesiècle qui à consulté les survivants « Il gravit le St Bernard monté sur un mulet revêtu de cette enveloppe grise qu’il a toujours porté, conduit par un guide du pays.» Le peintre Paul Delaroche partira d’ailleurs de cette description moins élogieuse pour réaliser sa version du passage du St Bernard en 1853. Comme à Arcole la vérité historique est encore une fois transformée et magnifiée pour correspondre au discours que Bonaparte veut véhiculer sur lui-même. David, qui comme tant d’autres est encore persuadé que Bonaparte demeure le champion des idées révolutionnaires, met tout son art et toute son habileté dans la maîtrise des images au service de ce mythe napoléonien en germe.

∗ Borsato : Napoléon I er préside la régate à Venise le 2/XII/1807 :

ÑQUELQUES CLEFS Pour l’anniversaire du sacre et d’Austerlitz, la ville de Venise offre à Napoléon une fête somptueuse, ainsi décrite par Le Moniteur du 11 décembre 1807 :« Le 2 décembre, l’Empereur, après avoir vu lancer une frégate à l’arsenal, présida, à deux heures, aux jeu des régates. La régate est une course de gondoles divisée en trois concours. La première a eu lieu entre les bateaux montés par un seul conducteur ; la deuxième et la troisième entre des bateaux montés par deux conducteurs. La carrière était le grand canal qui traverse la ville dans toute sa longueur. Les belles péottes qui avaient servi à l’entrée de l’Empereur fendaient la foule et préparaient le passage aux gondoles de la course. Sa Majesté s’était placée, avec toute sa cour, sur le balcon d’un palais qui domine sur le canal et au pied duquel était le but ». Giuseppe Borsato(1771–1849), dont la manière rappelle Canaletto, fut surtout renommé pour ses vues d’intérieurs d’églises.

∗Napoléon passant en revue la marine italienne à Venise (1807) : lihto en couleur

∗ Vertco : Pie VII élu pape au conclave de Venise, arrive à Ancona le 22/06/1807 : huile sur toile.

∗ Bellemo : Place du dôme à côté du palais royal de Milan : Aquarelle

∗ Bellemo :Vue de la place du Théatre Filodrammatico : Eau-forte aquarellée

Album de 24 gravues du Forum Bonaparte à Milan : gravure (vitrine)

∗ Journal historique des opérations de l'armée d'Italie : livre (vitrine)

∗ Entrée des français sur la place du peuple : gravure

∗ Proclamation de la république romaine sur la place de Campidoglio : gravure

∗ Voiture de pièce de campagne de 6. Modèle an XI : bois et fer (vitrine)

∗ Voiture de pièce de campagne de 8. Modèle 1794 : bois et fer (vitrine)

Salle 2 : RÈGNES.En sa qualité de roi, Napoléon ne séjourne que trois mois au plus en Italie. La première fois à

l’occasion de son couronnement à Milan le 26 mai 1805, la seconde fois lors d’une visite officielle à Venise de novembre à décembre 1807. Ces séjours donnèrent lieu à une succession de festivités grandioses qui marquèrent ses sujets. Il gouverne en entretenant une abondante correspondance avec son représentant et exécutant, le vice-roi et prince de Venise, Eugène de Beauharnais.

« Le 18 mars 1805, l'Empereur déclare au sénat qu'il accepte la couronne de fer que lui sont venus offrir les collèges électoraux de la république Cisalpine : il était à la fois l'inspirateur secret de ce vœux et l'objet public du vœu. » Chateaubriand in Vie de Napoléon

∗ Appiani : Napoléon I er roi d'Italie : huile sur toile 98,5cm x 74,5cm

N DESCRIPTION : Ce tableau représente Napoléon portant le petit habillement de cérémonie utilisé au sacre de Milan : habit de velours vert brodé d’or, manteau vert semé de fleurettes d’argent et doublé de satin blanc bordé d’or au col et aux revers, gants blancs également brodés d’or. Un glaive orné de l’aigle et d’une tête de Mercure est glissé dans la ceinture. La couronne, comme dans le portrait des grands monarque en tenue de sacre (cf; Louis XIV par Rigaud) est posée sur un coussin. L’expression du visage rappelle les portraits antérieurs d’Appiani, mais les traits sont légèrement plus pleins.

ÑQUELQUES CLEFS :

l'utilisation de la couleur verte comme dominante : Le fait qu'Appiani utilise le ton vert comme la dominante de sa toile n'est pas innocent. Lors du sacre de Paris, le petit habillement était de la couleur pourpre impériale. Dans le sacre de David la dominante qui doit symboliser l'empire est donc pourpre. Ici, Napoléon arbore les couleurs symboliques de son nouveau royaume. Dans l'extrait qui suit le Professeur F.FRASCA de l'Université, la Sapienza, de Rome revient sur l'origine de ces couleurs.

«Bonaparte,… battit les Autrichiens au pont de Lodi et entra dans Milan. Dès lors, il remplaça en Italie les vieilles principautés par des républiques « soeurs ». La République transpadane comprenant les territoires de la rive gauche du Pô (Lombardie, Valteline) fut réunie par Bonaparte en 1797 à la République Cispadane et prit le nom de République Cisalpine. Sa constitution reproduisait presque textuellement la constitution française et son administration réorganisée sur le modèle français. Le 8/10/1796 fut constituée la Légion lombarde…le 9/11, la première cohorte de cette troupe reçut sur la place du Dôme, à Milan, le premier drapeau tricolore. L'origine de cet emblème dont la destinée devait être si brillante est restée obscure... N'est-il pas naturel d'attribuer l'origine du tricolore à l'esprit d'imitation qui inspirait alors toutes les manifestations extérieures du mouvement révolutionnaire, et de supposer que les républicains italiens auraient copié leur drapeau sur le drapeau français, mais en changeant une couleur pour distinguer l'un de l'autre ? Resterait alors à expliquer pourquoi le vert a été choisi. Albert Pingaud, dans son ouvrage Bonaparte président de la République italienne estime que trois hypothèses peuvent être émises à cet égard :

«1° Bonaparte lui-même aurait conseillé ou imposé l'adoption du vert, parce que c'était la couleur corse, qu'il devait plus tard donner à sa maison.

2° C'était aussi la couleur qui formait avant la Révolution le fond de l'uniforme de la milice urbaine de Milan.

3° N'était-elle pas enfin considérée comme la couleur italienne? Un passage suivant d'une note officielle, datée de 1805 et insérée dans le dossier de la création de l'ordre de la Couronne de fer tendrait à le faire croire. Outre que la couleur verte a déjà été adoptée, il semble que ce soit naturellement celle de tout ce qui est italien ; ce qui, dans l'origine, vient peut-être de l'idée de désigner la plus grande force de végétation que la nature déploie en Italie comparativement aux pays septentrionaux. » in La liberté en Italie

∗ Appiani : Le prince Eugène, vice-roi d'Italie : huile sur toile 59cm x 44 cm

ÑQUELQUES CLEFS : Ce portrait officiel en buste du vice-roi d’Italie, en costume de cérémonie, daté de 1810, a été donné en 1981 à Malmaison par Charles-Otto Zieseniss.Fils de Joséphine, Eugène suit son beau-père en Italie et en Egypte. Après la proclamation de l’Empire, il est promu général de brigade, fait prince français et archi-chancelier d’Etat. Le 7 juin 1805, à Milan, la République italienne est transformée en royaume. Le roi Napoleone qui est déjà Empereur des français, proclame son beau-fils, Eugène de Beauharnais, vice-roi. Quand on voit les deux toiles d'Appiani, on s'aperçoit premièrement, que le vice-roi n'est qu'un clone du roi et deuxièmement que nous avons affaire à un portrait idéalisé, destiné à être identifié partout et imité. Ce portrait par rapport à d'autres images figurant Eugène de Beauharnais, ne brille pas par son souci de ressemblance. Le vice-roi Eugène n'est que l'incarnation, en Italie, du pouvoir de Napoléon qu'il re-présente.

De talent et d’instruction médiocres, il garde de son éducation aristocratique, le goût des armes, un courage physique certain, un sens social et une affabilité confinant à la faiblesse de caractère.

Ses pouvoirs politiques sont restés très limités en Italie. Ses qualités tactiques de général sont peu développées, mais Eugène se couvre de gloire à la Moskova et à la Bérézina, protégeant la retraite au péril de sa vie. Marié à Augusta Amelia de Bavière, il obtient de son beau-père, à la chute de l’Empire, le duché de Leuchtenberg et la principauté d’Eichstätt.

∗ Carroni : Le prince Eugène : Eau-forte

∗ Carroni : Auguste-Amélie : Eau-forte

∗ Lefevre : Portrait de Joséphine : huile sur toile 62cm x 48,5 cm

∗ Proclamation de Napoléon I er comme roi d'Italie , 19/03/1805 : Affiche imprimée

∗ Fasti di Napoleone il Grande Imperator francesi e Re d'Italia : Livre

∗ Fasti di Napoleone : entrée à Milan : Eau-forteMilan, Capitale du Royaume d’Italie : Bonaparte, général de l’armée d’Italie, entre à Milan en mai 1796 à la tête des armées révolutionnaires. La République cisalpine, formée lors de la 1ère Campagne italienne, devient en 1805 le 1er royaume français hors du territoire national et a pour capitale Milan. Napoléon en est le roi, suppléé par le vice-roi Eugène de Beauharnais (ancien vice-président de la République), chancelier et garde des Sceaux, Melzi d’Eril. Milan est le plus grand chantier italien de Bonaparte. Les réalisations y sont plus nombreuses et plus importantes qu’ailleurs, car il s’agit d'en faire une vraie capitale européenne. Les routes et l’urbanisme sont le volet prioritaire avec, la création d’une commission de l’ornement public qui rédige un plan régulateur de la ville réglementant les architectures publiques et privées. L’aménagement de la promenade du Castello Sforzesco en Foro Bonaparte est soumis à cette même réglementation. Dans le domaine plus pictural, Appiani se voit confier les frises du Palazzo Reale, résidence officielle de l’Empereur, ainsi que celle de la Villa Reale, devenue résidence d’EugèneLe 26 mai 1805, Napoléon Ier : Empereur des Français y est couronné roi d’Italie. Entre ces deux événements, Milan devient le centre de diffusion des idées de la Révolution en Italie. Liberté, Egalité et Fraternité sont les maîtres mots des patriotes italiens, sur lesquels s’appuiera le Risorgimento, Renouveau de la conscience nationale italienne qui conduira la Péninsule à son grand œuvre du XIXèmes : son unification.

L’épisode napoléonien poursuivi dans les décennies suivantes donnera à Milan son visage de Métropole moderne. L’industrie va se développer, des travaux urbanistiques de grande envergure sont entrepris. Le Forum Bonaparte est créé, des portes monumentales érigées, les anciens remparts transformés en promenades, de nouvelles voies terrestres et navigables sont aménagées. La pinacothèque de Brera est inaugurée le 15 août 1808, jour anniversaire de l’Empereur. Les Cafés, les Salons et le foyer de la Scala ne désemplissent pas. Milan est alors l’un des foyers intellectuels et politiques majeurs d’Italie.

∗ Fasti di Napoleone : couronnement à Milan : Eau-forte

ÑQUELQUES CLEFS : Victor Hugo écrira en 1842 «…Quand on traverse l'histoire européenne, d'un bout à l'autre, César, Charlemagne et Napoléon sont les trois bornes milliaires, ou plutôt millénaires, qu'on retrouve toujours sur son chemin.»

La scène se déroule le 26 mai 1805, dans la cathédrale de Milan. Cinq mois après le sacre de Paris qui avait eu lieu le 2 décembre 1804 jour où Napoléon fut sacré Empereur des Français à Notre Dame de Paris et où Pie VII lui donna la triple onction qui en fît l'oint du Seigneur, 1004 ans après Charlemagne dont l'ombre plane sur ces deux cérémonies.

"Le jour du sacre le Maréchal Kellerman se vit attribuer le rôle de porter sur un coussin la couronne dite de Charlemagne pendant la cérémonie. Cette couronne d'argent doré et de camées, que l'empereur avait fait exécuter pour la circonstance par l'orfèvre Etienne Nitot, comme une réplique de celle dite de Charlemagne, ayant appartenu au trésor de l'abbaye de St Denis jusqu'à la révolution de 1789".

En réalité, si Napoléon ne l'utilisa pas et se ceignit lui même d'une couronne de laurier à l'antique, en or, elle figura simplement parmi les insignes du sacre dits "les honneurs de Charlemagne" avec le sceptre, la main de la justice et la boule du monde.

Ici, comme à Paris, Napoléon se couronne lui-même. Cette fois-ci il pose sur sa tête la fameuse couronne de fer des rois lombards en poussant le cri traditionnel : "Dio mi la diede! guai a chi la toccherà!" ("Dieu me l'a donnée! malheur à qui la touchera!"). Cette Couronne de Fer (Corona Ferrea) est une couronne bysantine dont le nom vient du cercle de fer qui s'y trouve incrusté et qui aurait été fait avec l'un des clous utilisés pour crucifier le Christ. Elle est conservée à l'intérieur de la Cathédrale (Duomo) de Monza, ville de la province de Milan (Lombardie) Charlemagne la ceignit en 774 et à partir de 1311, elle fut utilisée pour le couronnement de rois et d'empereurs du Saint Empire Romain comme Charles Quint en 1530.

Après Austerlitz, Napoléon parle de «Charlemagne, notre illustre prédécesseur ».Comme Charlemagne (cf. ci-dessous le texte de Voltaire), en devenant empereur, Napoléon est aussi maître de la France, de l'Italie et de l'Allemagne, allié du pape et arbitre de l'Europe. Comme Charlemagne, il a franchit les Alpes, est entré en Lombardie pour prendre le titre de roi d'Italie, en coiffant, comme lui, la fameuse couronne de fer. Comme lui, enfin, il n'était pas d'ascendance impériale et la conquête de son vaste empire prend les allures d'une épopée qui le fait entrer vivant dans la légende.Depuis la chute de l'Empire Romain d'occident, le nord de l'Italie était soumis aux Lombards. Pépin le Bref les avait battu (754) donnant des territoires, dont la Corse, au Saint Siège. Mais Didier repris l’offensive contre Rome et le pape Adrien demanda alors l’aide de Charlemagne. La papauté nourrissait en fait le rêve de ressusciter l’empire. Extrait de l'Essai sur les mœurs de Voltaire : CHAP. XVI. Charlemagne, empereur d'Occident."C'est à Rome et à l'empire d'Occident que cette ambition aspirait. La puissance des rois de Lombardie était le seul obstacle; l'Église de Rome, et toutes les Églises sur lesquelles elle influait, les moines déjà puissants, les peuples déjà gouvernés par eux, tout appelait Charlemagne à l'empire de Rome. Le pape Adrien, né Romain, homme d'un génie adroit et ferme, aplanit la route… Il (Charlemagne) passe le mont Cenis, il entre dans la Lombardie. Didier, après quelques défaites, s'enferme dans Pavie, sa capitale; Charlemagne l'y assiège au milieu de l'hiver. La ville, réduite à l'extrémité, se rend après un siège de six mois (774). Ainsi finit ce royaume des Lombards, qui avaient détruit en Italie la puissance romaine, et qui avaient substitué leurs lois à celles des empereurs. …Il n'osait pas encore se faire souverain de Rome; il ne prit que le titre de roi d'Italie, tel que le portaient les Lombards. Il se fit couronner(1) comme eux dans Pavie, d'une couronne de fer qu'on garde encore dans la petite ville de Monza. ... Enfin Charlemagne, maître de l'Italie, comme de l'Allemagne et de la France, juge du pape, arbitre de l'Europe, vient à Rome à la fin de l'année 799. L'année commençait alors à Noël chez les Romains. Léon III le proclame empereur d'Occident pendant la messe, le jour de Noël, en 800. Le peuple joint ses acclamations à cette cérémonie…Voilà donc le fils d'un domestique, d'un de ces capitaines francs que Constantin avait condamnés aux bêtes, élevé à la dignité de Constantin. D'un côté un Franc, de l'autre une famille thrace, partagent l'empire romain. Tel est le jeu de la fortune…"

Note 1 : L'archevêque de Milan l'a-t-il coiffé de la "couronne de fer"? Probablement non. Car les rois lombards, lors de leur sacre, ne prennent que le sceptre, et la fameuse couronne de fer du trésor de Monza date de la 2nde moitié du IXème s. Quoi qu'il en soit, avec ou sans couronne de fer , le 5 juin, Charlemagne devient roi des Lombards et d'Italie.

∗ Fasti di Napoleone : élection au trône d'Italie : Eau-forte

∗ B. C. : Napoleone I, gallorum imperator ital rex, 1805 : Plume et encre noire.ROME, UN MODÈLE ANTIQUE POUR L’EMPIRE :

Le 26 mai 1805, à Milan, Napoléon est couronné roi d’Italie. En mai 1809, il déclare Rome seconde capitale de l’Empire. En 1811, il proclame son fils Roi de Rome, l’année même de sa naissance.

L’Empereur ne cherche pas à amonceler sans fin titres et couronnes. L’héritier de la Révolution, qui s’était couronné «Empereur de la République», tend vers 2 buts ; d’abord, il ne veut pas reprendre le titre de roi de France : Révolutionnaires et partisans des Bourbon n’auraient pas reconnu sa légitimité. Il n’a qu’à se retourner vers l’Histoire romaine pour lire qu’Auguste, ne pouvant se déclarer Rex, fut proclamé Imperator. Ensuite, sa conquête d’une grande partie de l’Europe a pour effet de mettre fin au Saint-Empire romain germanique : l’Empereur, successeur de Charles Quint, n’est plus qu’empereur d’Autriche à partir de 1806 (c’est pour cela que le beau-père de Napoléon s’appelle d’abord François II, empereur germanique, puis Franz Ier empereur d’Autriche).

On se rappelle que l’héritier du souverain du Saint-Empire portait le titre de roi des Romains, que le premier empereur romain germanique, Otton Ier, vint en 962 à Milan ceindre la couronne de fer des rois lombards, enfin que Charlemagne avait été couronné Empereur d’Occident à Rome en l’an 800.Aux monarchistes qui lui reprochaient l’exécution du duc d’Enghien, à son beau-père, Franz Ier de Habsbourg, qui avait hésité à le considérer comme un gendre possible, au Tsar (César) de Russie, qui lui avait refusé la main d’une grande-duchesse, Napoléon avait damé le pion : il était remonté à la source symbolique de ces États millénaires : la Rome antique. De là, cette profusion de couronnes de laurier et d’aigles à la romaine vont envahir le mobilier Empire ou l’art d’un Canova.L’Antiquité héroïque de la République romaine, avec ses vertus d’austérité et de stoïcisme, de dévouement à la nation, avait déjà été le modèle de la Révolution qui avait vu l’arrivée à Paris des chefs-d’œuvre de la statuaire antique saisis à Rome aux cris de «Rome n’est plus dans Rome…». Napoléon va la compléter par l’Antiquité glorieuse de l’Empire romain, avec ses conquêtes incessantes et ses territoires immenses soumis à une autorité unique : celle de l’Empereur.

∗ Petitot : Napoléon en triomphateur romain : Dessin

ÑQUELQUES CLEFS : Comme nous l'avons déjà évoqué, le modèle de l'antiquité romaine qui avait largement inspiré les

hommes politiques et les artistes de la révolution française, fut systématiquement convoqué dans tous les actes de la vie publique, lors de la période napoléonienne. S'inspirant du modèle romain, Napoléonfavorisa, dès la période du consulat le développement du culte de sa personne en organisant des cérémonies au cours desquelles étaient célébrées ses conquêtes et son règne. Des arcs de triomphes furent construits à cet effet et la grande armée paradait régulièrement devant celui du carrousel. L'Arc de triomphe de l'Étoile, érigé en haut des Champs-Élysées, fut commandé par Napoléon en février 1806, soit quelques semaines après la victoire d'Austerlitz. Il s'inspire de l'arc de Constantin à Rome avec des proportions doublées par rapport à son modèle.

Il serait toutefois faux de laisser croire que ces représentations et ces références aux triomphes antiques étaient absentes de l'iconographie de l'ancien régime où des grandes cours Européennes. Il n'est que de rappeler "Le triomphe de César" peint par Mantegna pour la cour de Mantoue, "Le triomphe d'Henri IV en César" par Rubens ou les innombrables œuvres célébrant les triomphes et victoires de Louis XIV qui fit même élever, à sa gloire, des arcs de triomphe à Paris (Porte St Denis) ou à Montpellier.

Dans la Rome antique l'arc de triomphe était à l'origine, une structure temporaire luxueusement décorée, construite pour célébrer les victoires militaires des généraux romains. Les arcs furent ensuite construits en pierre, richement décorés de sculptures en relief et parfois ornés de statues dorées. Les deux plus célèbres sont l'arc de Titus (82 apr. J.-C.) et l'arc de Constantin (315 apr. J.-C.), tous deux à Rome. Des arcs de triomphe furent construits dans tout l'Empire romain (sud de la France, Espagne et Afrique du Nord). Le concept architectural de l'arc de triomphe connut un renouveau à l'époque de la Renaissance italienne puis sous la période napoléonienne.

∗ Appiani : A Napoléon, restaurateur des Arts à Milan (Allégorie) : plume et lavis

ÑQUELQUES CLEFS : La politique des arts s'inscrivait dans le même souci de donner au régime un parfum d'éternité. Si

les arts étaient très soigneusement encadrés par les Académies reconstituées et par des distributions soigneusement dosées de titres prestigieux comme « peintre officiel de l'Empereur », la peinture impériale bénéficia de l'apport de noms réellement prestigieux dont David* et Hubert Robert, formés sous l'Ancien Régime et dont le talent fut reconnu successivement par toutes les autorités révolutionnaires. Avec David et J-B Debret triomphait l'école « néoclassique* » chargée, par la peinture historique ou par l'allégorie, de magnifier le régime. Gros, Ingres, Géricault firent ainsi leurs premières armes dans le sérail impérial. En matière architecturale, Napoléon n'eut le temps de faire achever que la colonne Vendôme (version moderne de la colonne Trajane à Rome), l'Arc de triomphe du Carrousel qui renvoie au même référent romain, une partie du Louvre (devenu musée depuis 1794), la Madeleine et le palais Brongniart. Le régime imposa à tous les niveaux de la création ses normes : le style Empire* est caractérisé par ses formes géométriques «à l'antique», ses aigles romaines et ses sphinx en dorures rappelant la campagne d'Égypte. La mode elle-même utilisa les modèles antiques, avec une taille prise sous la poitrine chez les femmes et des tissus blancs drapés (portrait de Madame Récamier par David).

Le désir de Napoléon d’encourager les arts qui doivent contribuer à la gloire de son règne est manifeste notamment à travers:- d’une part, les commandes passées aux artistes (ceux-ci idéalisent l’image de Bonaparte victorieux ; Ils se consacrent à la peinture d’histoire et trouvent dans l’histoire romaine des représentations exemplaires de vertu et d’héroïsme mieux adaptées aux besoins du temps ;- d’autre part, la restructuration, la décoration et l’ameublement des divers palais royaux qui servent de siège au pouvoir napoléonien: le Palais royal de Milan est marqué par l’intervention d’Appiani ; la restructuration et la décoration du Palais du Quirinal est l’entreprise la plus ambitieuse de tous les chantiers engagés par les cours napoléoniennes : on y emploie les talents les plus importants alors présents à Rome.

∗ Appiani : Projet pour un plafond milanais : Aquarelle

∗ Napoléon passant en revue la marine italienne à Venise : Lithographie en couleur

∗ Corbetta : Le prince Eugène passant en revue la milice italienne à Milan : Litho.

∗ B. Lasinio : F. Melzi d'Eril, duc de Lodi, vice-pdt de la République italienne : gravure

∗ Adam d'après Gérard : Le prince Camille Borghese : Eau-forteLa famille Borghèse : famille noble italienne originaire de la république de Sienne qui s'installa au XVIe siècle à Rome, ayant acquis fortune, pouvoir et influence. Elle ne cessa de s'impliquer dans la vie politique et ce jusqu'au XIXe siècle. Ainsi, Camillo devint pape sous le nom de Paul V en 1605, accordant maintes faveurs à sa famille. Par des mariages étudiés, notamment par son alliance avec les Orsini et les Aldobrandini, celle-ci parvint à amasser une grande fortune. Scipione Caffarelli (1576-1635), autre neveu de Paul V, fut fait cardinal et s'impliqua dans la politique vaticane. Consacrant la plus grande partie de son importante fortune à la restauration et à la construction d'églises et de palais à Rome, il parraina le Bernin, architecte et sculpteur, qui construisit la fameuse Villa Borghèse. Marcantio IV (1730-1800) poursuivit cette tradition de mécénat artistique en rénovant la Villa Borghèse, projet qu'il finança en épousant l'héritière de la famille Salviati.La branche siennoise de la famille continua de jouer un rôle dans la politique religieuse, trois membres devenant cardinaux : Pier Maria (1600-1642), Francesco (1697-1759) et Scipione (1734-1782). Camillo Fillipo Ludovico (1775-1832) épousa en 1803 Marie Pauline, sœur de Napoléon Ier, et vendit à ce dernier une grande partie des collections d'art de la famille qui se trouvent aujourd'hui au Louvre. (in Encyclopédie Encarta 2001)

COSTUMES ET ACCESSOIRES

Le souci du moindre détail :

Par cette exposition nous voyons que le costume et les accessoires sont des éléments qui font partie du programme napoléonien. Bonaparte lui-même donne le ton en dictant sa volonté jusque dans les moindres détails

Pourtant en avril 1794, la société républicaine des Arts avait prôné la création d'un costume national qui "anéantisse les distinctions que la société a su introduire dans les vêtements et les parures". Cette idée aboutira à la création du costume officiel d'inspiration antique dessiné par les peintres David et Moreau pour les autorités du Directoire. La suppression des privilèges obligeait à abandonner le goût pour les vêtements luxueux, entraînant une période difficile pour l'industrie et les ouvriers du textile. Dès son arrivée au pouvoir en 1799, Bonaparte, conscient de ce grave problème économique, va contribuer à la relance de cette industrie en réintroduisant le goût du costume et du luxe dans la nouvelle société.

Il faut dire que dès la première campagne d'Italie, c'est-à-dire au tout début de son aventure, Bonaparte le révolutionnaire, séjourne, entre chaque bataille, dans les plus beaux châteaux du nord de la Péninsule, où il organise, autour de lui et de Joséphine, une véritable cour.

Après la "terreur héraldique" de la Révolution (selon l'expression de Michel Pastoureau), Napoléon rétablira les armoiries en 1808, peu après avoir créé une noblesse impériale. "Pour ce faire, les héraldistes du 1er Empire imaginèrent un ingénieux système de blason qui devait dire avec précision le rang et la fonction de chaque porteur d'armoiries".

Le tableau du "sacre" de David montre à quel point le vêtement fait partie intégrante de ce soucis de hiérarchisation et de mise en ordre de la nouvelle société. Tous les costumes de cette cérémonie comme le petit costume de l'Empereur ou les vêtements pontificaux ont été dessinés par Isabey et Percier sous le contrôle de Napoléon lui-même. Les vêtements officiels de l'empire sont choisis et imposés par Napoléon par décret de 1804.Comme dans le domaine des arts, tout est fait pour que Paris devienne le nouveau grand centre de la mode.

∗ Tenue du petit habillement (vert) lors du couronement en Italie : vitrine

∗ Manteau de cour de velours bleu du prince Camille Borghese : vitrine

∗ Manteau de cour de Pauline : vitrine

∗ Gants de peau blancs ayant appartenu à Laetitia : vitrine

∗ Sabre offert par la ville de Milan au Prince Eugène : vitrine

∗ Chasuble du Cardinal Fesch : vitrine

∗ Epée de gala du prince Camille Borghese : vitrine

∗ Montre du prince Camille Borghese : vitrine

Salle 3 : Destins.

La famille Bonaparte profite de sa nouvelle position pour commander des quantités de portraits aux plus grands artistes de l'époque. Gérard, Canova, Appiani, Proudhon, Ingres, etc… Le résultat constitue une fabuleuse galerie de portraits magistralement exécutés dont nous avons quelques beaux exemples dans cette salle.

LES PORTRAITS

∗ Gerard : Marie-Louise présentant le roi de Rome : (1813) huile sur toile« Le 14 août 1809, dans le palais même de l'Empereur d'Autriche, il (Napoléon) fait la paix ; cette fois la fille des Césars est la palme remportée ;...Tout paraît achevé ; Bonaparte a obtenu la seule chose qui lui manquait : comme Philippe-Auguste s'alliant avec Isabelle de Hainaut1, il confond la dernière race avec la race des grands rois ; le passé se réunit à l'avenir. En arrière comme en avant il est désormais le maître des siècles…» Chateaubriand, Vie de Napoléon note 1: dernière descendante des Carolingiens.

N DESCRIPTION : Ce tableau est un portrait en pied d'une mère et de son enfant. Tous deux nous regardent. La scène semble se dérouler dans un palais, le couple mère/enfant est encadré à droite par un berceau, à gauche par une fenêtre, veduta s'ouvrant derrière eux sur un parc. La mère tient son fils debout sur le berceau et derrière elle, sur le fauteuil, on aperçoit un livre refermé sur un voile servant de marque page. L'enfant qui est décoré du cordon de la Légion d'honneur tient un objet sphérique entre les mains.

ÑQUELQUES CLEFS : Par cette toile, l'imagerie napoléonienne prouve une nouvelle fois qu'elle sait faire feu de tout bois en se superposant à toutes les iconographies qui l'ont précédée. Ici c'est le motif chrétien (universellement connu en 1813, dans l'inconscient collectif occidental) de la Vierge à l'Enfant qui est convoqué. Gérard quand il exécute cette commande de Napoléon, crée une sorte de raccourci entre le portait de Marie-Louise et du Roi de Rome et l'image de Marie et son fils. Ce tableau peut être rapproché d'autres toiles du musée Fesch, en particulier des Vierges à l'Enfant de Cosmè Tura, Botticelli ou Lorenzo di Credi.

L'objet sphérique que la mère semble avoir tendu à son fils n'est pas sans rappeler la grenade qui figure dans nombre de Vierges à l'enfant (cf; Lorezo di Credi au 1er étage). Ce fruit, est devenu, entre autre, symbole de fertilité, d'abondance et d'unité à cause de sa structure faite d'une multitude de grains assemblés dans une écorce unique. Cette sphère est aussi et surtout une allusion à l'orbe, attribut millénaire des souverains. En effet l'orbe est le globe terrestre que tiennent dans leur main les Césars, (Rome prétendant à l'empire du monde "Orbis terrarum") et que l'art chrétien leur emprunta surmonté d'une croix pour en doter Dieu le père ou l'enfant Jésus. Cet attribut fait partie des régalia (insignes caractéristiques de la royauté) et pour Napoléon qui prétend fonder une nouvelle dynastie, il est naturel d'unir ces insignes du passé aux siens. Son fils est roi de Rome et sera roi du monde. Il est appelé à régner "urbi et orbi".

La Vierge, lors de l'Annonciation, est souvent représentée lisant ou près d'un livre refermé sur un marque page pour signifier qu'elle a pleinement conscience de l'histoire dans laquelle s'inscrit cet événement et que l'ancienne loi est accomplie. Si Marie-Louise est la nouvelle Marie et si le roi de Rome est le futur maître du monde, on devine aisément à qui est dévolu le rôle de Dieu le Père. L'ancien régime et les royaumes abolis par Napoléon représentent l'ancienne loi qui s'efface devant l'ordre nouveau.

DU ROIS DES ROMAINS AU ROI DE ROME :

En proclamant son fils roi de Rome dès sa naissance, Napoléon montre encore une fois, par les références qu'il utilise, sa maîtrise parfaite de la communication. Son soucis là encore est de rattacher son aventure aux « illustres prédécesseurs ». En effet si le titre de roi de Rome n'est que symbolique, il n'en fait pas moins référence à celui de roi des romains porté pendant des siècles par plusieurs héritiers du Saint Empire romain germanique. Napoléon II est non seulement fils de l'empereur des français mais aussi le petit fils de François II, empereur d'Autriche descendant des Habsbourg et dernier empereur du St Empire. Napoléon par ce titre fait symboliquement de son fils l'héritier légitime du Saint-Empire qu'il a pourtant démantelé 5 ans auparavant. Dans l'inconscient collectif il devient héritier de l'Empire romain d'occident reconstruit par Charlemagne, réunifiant en sa personne l'Europe franque, germanique et italienne.

Dans ces héritiers du St. Empire Romain Germanique ayant porté le titre de rois des romains nous trouvons :≅ Henri III le Noir (1017-1056), empereur germanique (1046). Fils de Conrad II le Salique, il fut élu roi des romains du vivant de son père, en 1028. ≅ Henri IV (1050-1106), Fils d'Henri III, élu roi des romains à l'âge de 3 ans et empereur du Saint Empire en 1084. ≅ Othon IV de Brunswick (v. 1175-1218) roi des romains en 1198 et empereur germanique (1209-1215) fils d'Henri le Lion et petit-fils d'Henri II, roi d'Angleterre. ≅ Frédéric II (1194-1250). Fils d'Henri VI et de Constance de Sicile, il devint roi de Sicile à l'âge de 3 ans et roi des romains à Aix-la-Chapelle en 1215 puis empereur du Saint Empire à Rome en 1220.≅Guillaume de Hollande (1227-1256), empereur germanique (1247-1256). Comte de Hollande, élu roi des romains en 1247 par le légat du pape et les adversaires de Frédéric II, lui-même empereur et roi des Romains . ≅ Conrad IV de Hohenstaufen (1228-1254), fils de Frédéric II, et dernier empereur des Hohenstaufen. En 1237 élu roi des romains du vivant de son père. ≅ Wenceslas (1361-1419), empereur germanique (1378-1400), roi des romains (1376-1400) et roi de Bohême ≅ Sigismond de Luxembourg (1368-1437), fils de Charles IV, Élu roi des romains (1411-1433) et empereur. ≅ Frédéric III de Habsbourg (1415-1493), roi des romains et empereur en 1440 sous le nom de Frédéric IV. ≅ Maximilien I er (1459-1519), Fils de Frédéric III et grand-père de Charles Quint, il fut élu roi des romains en 1486, succéda à son père à la tête de l'Empire en 1493 et sut imposer la domination des Habsbourg en Europe.

Napoléon II est le nom donné à François Charles Joseph Napoléon Bonaparte (1811-1832), prince français, fils de Napoléon Ier et de l'impératrice Marie-Louise. À l'âge de 3 ans, il fut emmené à la cour d'Autriche par Marie-Louise où il vécut près de son grand-père, l'empereur François II, sous le nom de duc de Reichstadt. Napoléon Ier abdiqua en sa faveur après Waterloo mais les vainqueurs refuseront de reconnaître sa légitimité. Isolé des partisans du bonapartisme, il mourut de la tuberculose. Le destin de celui qu'on appelait l'«Aiglon» contribua à entretenir la légende napoléonienne. Il inspira une pièce à Edmond Rostand.

LES NAPOLEONIDES

Après Waterloo, la chute de l’Empire laisse une famille Bonaparte «apatride», puisqu’elle n’est la bienvenue ni en France, ni dans la majeure partie de l’Europe, si ce n’est peut-être en Italie ; où les «Napoléonides» occupèrent les trônes et remplirent le rôle que leur avait assigné Napoléon, soucieux d’une action artistique efficace et large.

∗ Benvenuti : Elisa et sa fille avec Florence dans le fond : huile sur toileAprès avoir mené une vie brillante sous le Consulat, entourée d’une petite cour de savants, d’écrivains et d’artistes, Elisa Bonaparte, qui a épousé à l’âge de vingt ans Pascal-Félix Bacciochi, est nommée, lors de la proclamation de l’Empire, princesse héréditaire de Piombino par le décret du 28 mars 1804. En 1805, elle reçoit, avec son mari, la principauté de Lucques mais Félix Bacciochi n’est qu’un prince consort dépourvu de tout pouvoir. En mars 1809, Napoléon lui confie la Toscane avec le titre de grande-duchesse. Elle réside alors au palais Pitti à Florence. S’investissant dans son rôle de souveraine, Elisa s’entoure de gens compétents, réglemente l’administration et la cour, fait entreprendre de grands travaux, relance la vie économique et sociale, crée des écoles et des hôpitaux. Protectrice des Arts et des Lettres, elle passe de nombreuses commandes aux peintres, à Benvenuti son préféré, mais aussi à Madame Benoist, Gérard, Franque et bien d’autres artistes encore. Mais la princesse possède un atout qu’elle va considérablement exploiter : les célèbres carrières de marbre de Carrare font partie de son domaine à Lucques. Ainsi, elle développe l’extraction de blocs et encourage la sculpture en nommant à la tête de l’Académie, fondée en 1805 par Eugène de Beauharnais, le sculpteur toscan Lorenzo Bartolini. De nombreux bustes des membres de la famille impériale sont issus de ces ateliers. Elle relance aussi la manufacture de pierres dures de Florence.Mais, en 1813, la chute de l’Empereur s’annonce. Au début de l’année 1814, Murat, roi de Naples, souhaitant conserver son trône, veut unifier toute l’Italie sous son autorité. Élisa quitte Florence lorsque les Napolitains envahissent la ville pour se réfugier à Lucques. Le débarquement des Anglais à Livourne le 9 mars l’oblige à quitter sa retraite. Elle pense un temps gagner Paris mais informée du traité de Fontainebleau, en avril 1814, elle décide de résider à Bologne. Exilée avec son mari et sa fille à Brünn en Moravie en mars 1815, elle n’est autorisée par Metternich à s’installer à Trieste qu’en mars 1816 à la condition qu’elle renonce à ses titres. Les restitutions accordées par l’Autriche en 1815 permettent aux Bacciochi de vivre confortablement. Elisa meurt subitement, d’une fièvre pernicieuse, le 7 août 1820

∗ Benoist : Portait de Pauline Bonaparte : huile sur toileVeuve dès l’âge de 22 ans, en 1802, du général Leclerc, Pauline Bonaparte épouse le prince

Camille Borghèse*, chef de l’une des plus nobles familles romaines, en 1803. Camille, bel homme à l’intelligence médiocre, possède un magnifique palais à Rome, des domaines dans le Latium et, surtout, des rentes plus que confortables. Pauline s’installe donc au palais Borghèse avec son époux. De nature capricieuse, elle se lasse vite de la société romaine et souhaite rentrer en France. Napoléon s’y oppose, arguant que sa sœur doit «s’accoutumer aux mœurs de Rome et faire de l’estime de cette grande ville une récompense qui doit être douce à un cœur aussi bien né que le sien».

La belle princesse est libre et volage: elle pose nue pour Canova, qui l’immortalise dans le marbre sous les traits d’une Vénus victorieuse, fait de nombreux séjours en France délaissant ainsi peu à peu son mari au profit d’aventures galantes dont elle ne se cache pas. Après la seconde abdication de Napoléon, en juin 1815, le pape Pie VII l’autorise à résider à Rome. Pauline désire renouer avec son mari. Mais Camille, qui vit maritalement à Florence avec la duchesse Lante della Rovere, refuse. Pauline le traîne en justice et, parce qu’il affiche une liaison extraconjugale, exige qu’il lui verse une pension et lui laisse la jouissance, entre autres biens, de la villa Borghèse. Les aventures galantes se succèdent, mais sa santé se dégradant de plus en plus, la princesse Borghèse souhaite ardemment se réconcilier avec son époux. Sous la pression du pape Léon XIII, Camille cède. Peu après, Pauline meurt à Florence en 1825.

∗ Vigée-Lebrun : Caroline Bonaparte, reine de Naples et sa fille Laetitia-Joséphine : huile sur toile

∗ Isabey : Les enfants de Caroline et Joachim Murat : huile sur toile

Dès leur arrivée à Naples en 1808, Caroline et Joachim Murat gagnent la sympathie de leurs sujets. Murat poursuit les réformes entreprises par Joseph (établissement d’un impôt obligatoire, rénovation des anciennes structures féodales, promulgation du code Napoléon) et continue sa politique artistique tandis que Caroline tient sa cour et s’occupe de leurs enfants. En 1812, tandis que Joachim rejoint la Grande Armée pour participer à la Campagne de Russie, Caroline reçoit la régence. Mais avec la retraite de Russie, en 1813, Murat comprend que l’Empire est menacé et que, s’il veut conserver son trône, il lui faut se rallier aux ennemis de l’Empereur. Pourtant, en mars 1815, il reprend les armes en faveur de son beau-frère et, dès l’annonce du débarquement en Provence, il déclare la guerre à l’Autriche. Malgré cela, Napoléon ne lui demande pas de rallier son armée. Alors qu’il tente de récupérer son trône, Ferdinand IV, Roi de Naples, le fait exécuter le 13 octobre 1815. Pendant ce temps, Caroline quitte Naples sous la protection des Anglais. Elle vit au château de Hainbourg, près de Vienne, sous le nom de comtesse de Lipona (anagramme de Napoli). Aux prises à de grandes difficultés financières, la princesse tente en vain de se faire restituer par le gouvernement de Louis XVIII les propriétés acquises en France. À la mort de l’Empereur, en 1821, elle s’installe en Italie. Louis-Philippe lui octroie une rente annuelle. Elle meurt à Florence le 18 mai 1839.

∗ Pradier d'après Gérard : Joachim Murat : burin et eau-forte

∗ Sablet : Lucien Bonaparte allongé et lisant sous un arbre : huile sur toile

Né le 21 mai 1775 à Ajaccio, Lucien Bonaparte, veuf de Christine Boyer, épouse en 1803 Alexandrine Jacob de Bleschamp en seconde noces. Cet événement accentue le conflit avec Napoléon qui souhaitait lui faire épouser la reine d’Étrurie (royaume donné à l’Espagne en échange de la cession de l’île d’Elbe à la France) et provoque, d’une part, l’exclusion de Lucien de la succession au trône et, d’autre part, son départ pour Rome en avril 1804. Mais Napoléon, qui espère toujours faire alliance avec l’Espagne, organise, en décembre 1807, une entrevue avec son frère qui se solde par un nouvel échec.En 1808, Lucien reçoit de Pie VII la châtellenie pontificale de Canino et entreprend des fouilles archéologiques dans des ruines étrusques.

Affichant son hostilité à la politique française à Rome, Lucien est interdit de séjour dans la Ville Eternelle. Face à cette situation et à d’importantes difficultés financières, il envisage, en 1810, de s’installer en Amérique. Il quitte la Péninsule en août 1810. Fait prisonnier par les Anglais, il passera trois ans en résidence surveillée en Angleterre.De retour à Rome en 1814, il devient prince héréditaire de Canino par la grâce de Pie VII qui lui reconnaît un «loyal et sincère attachement» au Saint-Siège. Les Cent-Jours sonnent l’occasion de revenir à Paris et l’heure de la réconciliation avec l’Empereur. Par le décret du 9 mai 1815, il devient «prince français». Mais, après Waterloo, les événements se précipitent. Lucien tente en vain de sauver la couronne impériale et assiste, impuissant, à la signature de l’acte d’abdication. En résidence forcée dans les États pontificaux, Lucien conserve le soutien de Pie VII. Toujours en butte à des soucis d’argent, il doit se séparer d’une partie de sa collection de tableaux, louer son palais de Canino et s’installer à Viterbe où il meurt en 1840.

∗ C. Bonaparte : Madame Mère : Aquarelle Maria-Letizia Ramolino épouse, très jeune, Charles-Marie Bonaparte. De trois ans son aîné,

Charles-Marie entame alors une carrière d’avocat. De cette union sont nés 13 enfants, dont 8 seulement ont survécu.

Après avoir vécu à Paris chez son fils, Joseph, puis chez son demi-frère, Joseph Fesch, Letizia s’installe dans l’hôtel de Brienne qu’elle a racheté à son fils Lucien. Lors de l’établissement de l’Empire, Letizia Bonaparte est à Rome. L’année de 1804 passée dans la Ville Éternelle correspond à un éloignement volontaire dû à la mésentente entre Napoléon et Lucien au sujet du remariage de ce dernier. Rentrée à Paris à la fin de l’année 1804, elle devient par décret du 23 mars 1805, «Son Altesse impériale Madame, Mère de l’Empereur» et pendant les années de l’Empire, elle partage son temps entre son hôtel parisien et son château de Pont-sur-Seine, dans l’Aube, offert par l’Empereur. Lors de la première abdication de son fils en 1814, elle regagne Rome en compagnie du cardinal Fesch et s’installe chez lui au palais Falconieri. En août de la même année elle rejoint Napoléon à l’île d’Elbe. Lors des Cent-Jours, Madame Mère se rend d’abord à Naples avant de rejoindre Paris en juin 1815. Mais après la défaite de Waterloo, l’Empereur abdique pour la seconde fois et est exilé à Sainte-Hélène. Madame Mère, toujours en compagnie de son frère Joseph Fesch, retourne alors à Rome où, sous la protection du pape, elle séjourne au palais Falconieri avant de s’installer en 1818 au palais Rinuccini où elle meurt le 2 février 1836. D’abord enterrée à Corneto, sa dépouille est transférée à Ajaccio, à la Chapelle impériale, en 1860, sur l’ordre de son petit-fils, l’empereur Napoléon III.

∗ Ruotte d'après Lefevre : Joseph Napoléon, roi de Naples et de Sicile, frère de l'Empereur, grand électeur de l'empire français : Gravure au pointillé. Frère aîné de Napoléon, Joseph Bonaparte ne porte la couronne de Naples que pendant deux ans avant d’être remplacé par sa sœur Caroline. Napoléon lui a d’abord proposé, au début de l’année 1805, celle du royaume d’Italie, mais afin de ne pas compromettre ses droits à la succession au trône impérial, il préfère la refuser. En décembre 1805, Napoléon le nomme commandant en chef de l’armée de Naples et, par le décret de mars 1806, lui octroie la couronne royale. Il introduit à Naples d’importantes réformes basées sur le modèle français, organise une garde royale et une armée formée de Napolitains, soutient les arts et le théâtre. Le 18 avril 1808, Napoléon lui offre le trône d’Espagne. À la chute de l’Empire en 1814, Joseph se retire en Suisse. Au retour de l’île d’Elbe, il regagne Paris où, en l’absence de Napoléon, il est chargé de la présidence du Conseil des ministres. Après Waterloo, il se réfugie aux Etats-Unis sous le nom de comte de Survilliers. Après de nombreuses pérégrinations, il s’installe à Florence où il meurt en 1844.

∗ Albanesi : Bonbonnière avec le portrait du pape Pie VII : Miniature sur ivoire À la mort de Pie VI, le cardinal Chiaramonti, alors âgé de 58 ans, est élu souverain pontife en

1800 sous le nom de Pie VII. Le conclave qui l’a élu, à Venise, attend de lui qu’il maintienne l’indépendance du Saint-Siège face à la Coalition et à la France révolutionnaire.Le nouveau pape fait son entrée dans Rome, occupée par les Napolitains, le 3 juillet 1800. Par le traité de Lunéville, le 9 février 1801, les troupes étrangères quittent la Ville Éternelle. Pie VII et son secrétaire d’État, le cardinal Consalvi, réorganisent alors l’administration des États de l’Église. Mais bientôt un conflit oppose Pie VII à Napoléon Ier. Ce dernier veut associer toute l’Italie au système continental contre l’Angleterre. Le pape s’y refuse, engendrant ainsi une succession de querelles qui aboutit à son enlèvement en juillet 1809 et à sa détention à Savone puis à Fontainebleau jusqu’en 1814. Les événements de 1814 permettent à Pie VII de regagner Rome le 24 mai. Par le congrès de Vienne, le pape récupère tous ses États annexés par Napoléon. Malgré tous les désagréments que lui a causés Napoléon, Pie VII accorde l’hospitalité à plusieurs membres de la famille impériale. Il intervient même, en vain, en 1817, en faveur de Napoléon, alors exilé à Ste-Hélène. Cet homme, intègre et d’une grande piété, meurt le 20 août 1823.

∗ Felix Baciocchi : huile sur toile

LES BUSTES

ÑQUELQUES CLEFS : Plusieurs bustes en marbre sont présentés dans cette salle. Quelques clefs, pour comprendre le genre du portrait en buste dans la statuaire néoclassique, ses origines et ses enjeux, sont proposées aux pages suivantes, dans la partie consacrée aux œuvres exposées dans la galerie.

∗ Bartolini : Buste d'Elisa : Marbre

∗ Bartolini : Buste de Felix Baciocchi : Marbre

∗ Bartolini : Médaillon avec tête de Pauline de profil : Marbre (vitrine)

∗ Bartolini : Buste d'Elisa Napoleone : (fille d'Elisa) Marbre

∗ Fielding : Le port de Porto Ferraio et de la maison du gouverneur : Aquatinte

∗ Vue de la villa Bonaparte près des jardins publics de Milan : Aquarelle

∗ G. Riveruzzi : La façade du casino de la villa Paolina : Aquarelle

∗ Castelli : Vue du parc de la villa Paolina : Aquarelle

∗ Castelli : Porte Pia et villa Brecciano vues de la fenêtre de la maison Ciaporci à l'interieur de la villa Paolina : Aquarelle

∗ Castelli : Façade arrière de la villa Paolina : Aquarelle

∗ N.L Bonaparte : Jardin du palais Serristori à Florence : Aquarelle

∗ Veduta della villa Augusta nel recinto del real parco de Monza : Estampe au trait

∗ Tableau/livret de miniatures : (vitrine)

∗ Dague du roi de Rome : (vitrine)

∗ attribué à Pinelli : Fouilles du temple de Jupiter tonnant, au forum romain, vers la fin de 1812 : aquarelle

OBJETS∗ Berceau offert par la ville de Milan à Joséphine, princesse de Bologne : Acajou, bronze doré

∗ Métier à tisser de l'Impératrice Marie-Louise : Ebène, bronze doré

∗ Album ayant appartenu à la princesse Elisa et à sa fille : (vitrine)

∗ Fabrique de marbres de Carrare d'Elisa : Album (vitrine)

∗ I pregi del regio palazzo de Modena : Album (vitrine)

∗ Parure de corail ayant appartenu à une dame de cour de la reine Caroline :

∗ N° 14. Théatre du second ordre. Comédies en prose : livre relié de cuir (vitrine)

Galerie :

LE PORTRAIT ANTIQUE COMME MODELE : Le portrait fut la grande réussite de la statuaire romaine. Des portraits sculptés de types très variés

sont parvenus jusqu'à nous en grande quantité : des statues en pied, assises, à cheval, des camées,…, mais aussi des bustes. A Rome le portrait s’inscrivait dans une antique tradition commémorative qui voulait que les patriciens conservent, par privilège, les masques mortuaires en cire ou moulés sur le vif de leurs ancêtres. Ils honoraient ces "imagines maiorum", en différentes occasions, les portant même en processions. Les premiers portraits en bustes datent de cette époque. Si leur profil figurait sur les monnaies, les empereurs entretenaient le culte qui leur était rendu, en faisant diffuser des portraits sculptés qui donnaient d'eux-mêmes l’image qu’ils avaient choisie. L’époque d’Auguste inaugura le règne des portraits classicisants, froids et académiques. L’empereur en cuirasse était représenté dans une attitude rappelant le Doryphore, Porteur de lance, de Polyclète, incarnation du canon grec classique. Ce type idéalisé, diffusé partout et imité par la suite, contraste avec les portraits commémoratifs, soucieux de ressemblance et d'expressivité.

Le modèle romain du portrait en buste sera repris à la Renaissance par Donatello et les sculpteurs du quattrocento. Des sculpteurs néoclassiques comme Canova, Bartolini, Trentanove ou Bosio cherchèrent à retrouver l'influence que les formes classiques avaient eu sur la sculpture de la Renaissance. Ils abandonnèrent, le goût baroque d'une gestuelle théâtrale des personnages et du marbre coloré privilégiant des attitudes immobiles, des contours précis et la froideur du marbre blanc. Le maître incontesté de la sculpture néoclassique fut Antonio Canova*. Devenu membre du cercle de Rome en 1780, il abandonna le style baroque de ses débuts pour se lancer dans la quête de l'idéal de pureté de l'art antique.

∗ Canova : Buste de Caroline : Marbre ∗ Bosio : Buste de Pauline : Marbre ∗ Canova : moulage du sein de Pauline : Plâtre

Napoléon est l'un des plus fervents admirateurs de l'art de Canova qui exécutera pour lui et sa famille plusieurs œuvres. La plus célèbre est sans aucun doute la statue de la villa Borghèse représentant Pauline allongée sur un divan dans la pose de Vénus. Ici nous n'avons que le moulage de son sein par Canova, mais cette petite pièce n'en est pas moins intéressante pour comprendre le travail de la sculpture.La pratique du moulage attestée dès la Rome antique, était couramment utilisée par les grands sculpteurs. Jean Antoine Houdon, (1741-1828), le plus célèbre sculpteur français à l'époque de Canova, fit non seulement une longue série de bustes et de portraits en pied des personnages éminents de son temps comme Diderot ou Napoléon Ier, mais il réalisa aussi des masques mortuaires dont celui de Jean-Jacques Rousseau. A une époque où la photo n'existe pas, le moulage sur le vif d'une partie du corps ou le masque mortuaire sont considérés comme des reproductions fidèles du modèle avec lequel ils ont été directement en contact physique. Au delà de toute dimension artistique ces objets prennent une valeur de relique à l'image du Suaire de Turin.

Le moulage a aussi une autre utilité chez Canova. En effet nous savons qu'il commençait par ébaucher ses œuvres à la terre glaise. Il les refaisait aux dimensions définitives, avec ses assistants, toujours à la glaise. Il fabriquait ensuite un moule en plâtre avant de tailler enfin le marbre blanc.

En 1931 René Magritte a fait une œuvre qu'il a intitulé "l'avenir des statues". Il a utilisé un moule en plâtre du vrai masque mortuaire de Napoléon sur lequel il a peint, en trompe l'œil, un ciel bleu semé de nuages blancs. (actuellement à la fondation Edward James Chichester, Sussex, Angleterre)

Plus près de nous Jasper Johns a réalisé des moulages en bronze d'objets de la vie quotidienne, et surtout l'œuvre du "sculpteur" du pop art américain George Segal (1924-2000), présente des scènes de la vie moderne faites uniquement de moulages en plâtre réalisés à partir de bandes préplâtrées appliquées directement sur des modèles vivants.

∗ Canova : Buste du Cardinal Fesch: Marbre Le cardinal Fesch : Demi-frère cadet de Letizia, la mère de Napoléon, Joseph Fesch naît à Ajaccio, le 3 janvier 1763. De retour en Corse, après l’obtention du titre de docteur en théologie au séminaire d’Aix-en-Provence, il est nommé en 1787 archiprêtre de la Cathédrale d’Ajaccio. Cependant, les querelles politiques qui déchirent la Corse au lendemain de la Révolution française précipitent le départ vers Toulon de Joseph Fesch et de la famille Bonaparte. Privé de ressources, il est contraint d’abandonner l’habit ecclésiastique et suit son neveu Napoléon au cours de la Campagne d’Italie. C’est alors le début de son aisance financière et de sa passion pour l’art. Après un ultime voyage dans son île natale, il s’installe à Paris dans l’hôtel Hocquart de Montfermeil qu’il vient d’acquérir. Il se consacre alors, sur les conseils du peintre marseillais H. Sublet et du marchand d’art Le Brun, à l’acquisition régulière de mobilier, d’objets d’art et de tableaux. Un an après la signature du Concordat, Joseph Fesch revient à l’état ecclésiastique et est nommé en 1801 archevêque de Lyon, primat des Gaules. Élevé au rang de cardinal en 1803, il est nommé cette même année ambassadeur de France auprès du Saint-Siège. La négociation de la cérémonie du Sacre avec le pape Pie VII lui vaut la charge de grand aumônier et celle d’archevêque de Lyon. À partir des années 1805, les heurts entre Napoléon Ier et Pie VII, le climat anti-français qui se développe à Rome, conduisent le cardinal Fesch à renoncer à son ambassade auprès du Saint-Siège. De retour à Paris, cumulant des charges religieuses importantes, il se partage entre celle de grand aumônier et celle d’archevêque de Lyon. Après la chute de l’Empire et un premier exil à Rome en 1814, il s’installe définitivement dans la Ville Éternelle le 15 août 1815 avec sa demi-sœur Letizia. Retiré de la vie politique, il se consacre à des activités pieuses et cultive sa passion pour l’art en enrichissant sa collection grâce à laquelle il voulait «qu’on (pût) suivre l’histoire de la peinture depuis sa renaissance jusqu’à son complet épanouissement sans sortir de sa galerie».

Le cardinal Fesch décède le 13 mai 1839 Iaissant un ensemble de près de 16 000 tableaux dont près d’un millier constituent le noyau de la collection du Musée Fesch.

Son corps est déposé à Corneto aux côtés de celui de sa demi-sœur. En 1851, conformément à ses dernières volontés, sa dépouille ainsi que celle de Madame Mère sont transportées à Ajaccio et déposées en 1860 dans la chapelle impériale.

∗ Trentanove : Buste du Madame Mère: Marbre Sculpteur néoclassique Trentanove fut l'élève de Bartolini à Carrare puis de Canova* à Rome.

Madame mère est ici représentée, dans le pur style empire*, coiffée et parée comme une impératrice romaine.

∗ Console provenant du palais Falconieri : bois et marbre

LES ARTISTES : Qui sont-ils ?

JACQUES LOUIS DAVID : (1748-1825), peintre français qui introduisit en France le style néoclassique et en fut le meilleur promoteur, de la Révolution jusqu’à la chute de Napoléon Ier. David naquit à Paris dans une famille de la bourgeoisie aisée. Il étudia à l’Académie royale sous la direction du peintre rococo J-M. Vien et remporta le prix de Rome en 1774. Il partit alors pour la Ville éternelle, comme pensionnaire à la villa Médicis, où il resta 5 ans. Lors de ce séjour, il fut très influencé par l’art classique et l’œuvre du peintre du XVIIes Nicolas Poussin.

De retour à Paris en 1780, David parvint rapidement à son propre style néoclassique, tirant les sujets de ses tableaux de l’Antiquité et s’inspirant, pour les formes et la gestuelle, de la sculpture romaine. Sa première commande, le Serment des Horaces (1784, Louvre) fut soigneusement prémédité pour être le manifeste du nouveau style néoclassique destiné à développer le sens civique du public. Porteuse d’un thème très moral, voire patriotique, cette toile devint la référence principale de la peinture historique noble et héroïque des deux décennies suivantes. À partir de 1789, afin de témoigner des épisodes de la Révolution française, David mit son art au service de la nation et adopta un style plus réaliste que néoclassique, comme l’atteste la Mort de Marat (1793). En 1794, emprisonné à deux reprises au palais du Luxembourg, il continua à peindre et conçut les Sabines (Louvre), qu’il acheva en 1799.

De 1799 à 1815, David fut le peintre officiel de Napoléon Ier dont il retraça le règne dans de très grandes toiles, comme le Sacre de Napoléon Ier le 2 décembre 1804 (1806-1807, Louvre). Suivant la disgrâce de l’Empereur, David s’exila à Bruxelles (l’Italie avait refusé de l’accueillir), où il séjourna jusqu’à sa mort. Il y ouvrit un atelier, revint aux sujets de la mythologie grecque et romaine, peints cependant dans un style plus théâtral.La carrière de David symbolise en quelque sorte le passage du style rococo du XVIIIe siècle au réalisme du XIXe

siècle. Son style au souffle puissant et sa grande maîtrise du dessin influencèrent fortement ses élèves Gros et Ingres (un des derniers néoclassiques); ses thèmes patriotiques et héroïques préparèrent la voie au romantisme.2

ANTOINE-JEAN GROS :(1771-1835), né à Paris, Gros se forma avec son père qui était miniaturiste. En 1785, il entra dans l'atelier de David, dont il fut l'un des élèves les plus doués. David le fit présenter à Bonaparte en 1793, lui permettant ainsi d'entamer sa carrière de peintre officiel de l'Empereur. La même année, Gros fut lauréat du prix de Rome et se rendit en Italie où il devint officier. Durant les campagnes d'Italie, il peignit sa première grande œuvre, Bonaparte au pont d'Arcole (1796, musée du Louvre) qui fut suivie de plusieurs grandes compositions parmi lesquelles figurent Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa (1804), la Bataille d'Aboukir (1806), le Champ de bataille d'Eylau (1808) et la Bataille des Pyramides (1810). Gros réalisa également un certain nombre de portraits de l'Empereur et de son entourage dont Bonaparte Premier consul (1801-1802). Dans toutes ses œuvres historiques, il exalta avec fougue l'aspect héroïque de l'épopée napoléonienne. Après la chute de l'Empire, Gros prit en 1816 la succession de David à l'École des beaux-arts et reçut le titre de baron. Il exécuta des peintures décoratives pour la coupole du Panthéon (1824) et pour quelques plafonds du Louvre. Ses dernières œuvres, d'inspiration mythologique et traitées dans un style néoclassique, rencontrèrent peu de succès auprès des critiques et du public. Anéanti par le mauvais accueil réservé à sa dernière toile Hercule et Diomède lors du Salon de 1835, Gros se suicida en se jetant dans la Seine. Son œuvre, qui annonce le mouvement romantique, fut très admirée de Delacroix et de Géricault.3

FRANÇOIS GÉRARD : (1770-1837), peintre et illustrateur français, Après avoir passé son enfance à Rome, il fut élève de Brenet puis de David qui se révéla tout d'abord dans une conception idyllique de l'Antiquité, avant de devenir peintre officiel de l'Empire (l'Empereur en costume de sacre, 1805,). Il aborda tous les genres et particulièrement le portrait (Madame Récamier, 1802). Bénéficiant de commandes de décorations pour la Malmaison (1800-1801) et pour les Tuileries (1810) Son travail ravit tellement l’Empereur que ce dernier fit de Gérard le portraitiste favori de sa famille. Auteur du portrait officiel de Napoléon 1er et de l’Impératrice Joséphine, il exécuta les effigies de toute la famille impériale et d’un grand nombre de personnalités du régime. Sous la Restauration, Gérard continua à être considéré comme le peintre officiel du Régime. Couvert d’honneurs, il fut un des artistes les plus adulés de son époque. Il vit sa position officielle confirmée sous Louis XVIII, dont il devint le premier peintre. Il fut anobli, recommandé auprès des cours étrangères et tint un salon où se côtoyèrent gens du monde, savants et artistes. Son style, lié à son travail d'historien (Entrée de Henri IV à Paris), est communément assimilé à ce que l'on appelle le classicisme français.

2Encyclopédie Microsoft Encarta 2001.3 Ibid.

ANDRÉA APPIANI Fresquiste de talent, surnommé le « peintre des grâces » pour ses fresques de la villa royale de Monza, Appiani connut la fortune lors de sa première rencontre avec Bonaparte, en 1796. Immédiatement, il se vit confier le commissariat aux Beaux-Arts et, désormais comblé d’honneurs, il fut chargé de rechercher des tableaux pour le nouveau musée de Brera. Dans le même temps, il exécuta de nombreuses fresques pour le palais national puis royal de Milan, et il poursuivit son inlassable activité de portraitiste, auprès de la famille Bonaparte et de toute la société artistique, politique et mondaine de l’Italie centrale. Une attaque d’apoplexie l’obligea à cesser toute activité en 1813. Dès lors, il dut vendre ses collections et mourut ruiné en 1817.

ANTONIO CANOVA (1757-1822), sculpteur italien, principal représentant de la sculpture néoclassique. Né à Possagno, Canova étudie la sculpture à Venise, chez Giuseppe Bernardi-Tonetti, et à l’école vénitienne du nu. Il est fortement marqué par l’art baroque. Très vite, il montre sa maîtrise technique et l’originalité de son style dans une série de groupes sculptés en pierre et en marbre (Orphée, 1776; Dédale et Icare,). Admis à l’Académie, il s’installe à Rome en 1780, découvre la sculpture antique, et participe activement au regain d’intérêt pour le classicisme. L’art de Canova s’illustre dans deux grands domaines : l’art funéraire et la statuaire. Il réalise ainsi le monument funéraire de Clément XIV (Rome) et celui de Clément XIII (Saint-Pierre de Rome). Mais c’est avec le tombeau de Marie-Christine d’Autriche (1805,Vienne) que Canova renouvelle totalement la syntaxe de l’art funéraire.Avec le Thésée vainqueur du Minotaure (1781), il est reconnu comme le plus grand sculpteur néoclassique, et montre son ralliement au programme du néoclassicisme finalisé par Winckelmann.Apprécié pour ses statues représentant des scènes mythologiques d’actes héroïques ou de scènes érotiques, notamment le très célèbre l’Amour et Psyché (1793), qui a fait de Canova l’égal de David, le sculpteur a également reçu des commandes de Napoléon, comme la célèbre Pauline Borghèse en Vénus victorieuse (1805-1807), un portrait gracieux et sensuel de la sœur de Napoléon.Canova a également été directeur des musées pontificaux (musée Chiaramonti, Vatican).4

PIETRO BENVENUTI (1769 – 1844) Elève de l’Académie de Florence en 1781, dont il devient professeur en 1805, et directeur en 1807. Il exécuta les fresques du salon d’Hercule au palais Pitti et la coupole de la chapelle des Médicis à San Lorenzo, œuvres dans lesquelles, comme dans ses portraits, il montre un goût marqué pour le néo-classicisme et l’influence qu’exerça la sculpture, particulièrement celle de son ami Canova, dans son œuvre.

LOUIS ALBERT BACLER D’ALBE ( 1761 – 1848) Excellent paysagiste, il s’installa en Savoie de 1786 à 1793, où il réalisa de nombreuses vues du mont-Blanc que venaient d’escalader Paccard et Valmat. Engagé dans les campagnes napoléoniennes, il fut nommé en 1804 chef du bureau topographique. Il ne quitta plus le service jusqu’en 1815 où, ruiné, il lui fallu reprendre ses pinceaux. Il publia un grand nombre de vues et de paysages, mais surtout honoré de la confiance de l’Empereur dont il était un fidèle collaborateur, il fit exécuter des cartes de toute l’Europe et entreprendre la célèbre carte de l’Empereur, commencée en 1809 et achevée en 1812.

ROBERT LEFEVRE (1856 – 1830) En 1803, Denon lui commanda pour l’hôtel de ville de Dunkerque un Portrait du Premier Consul (brûlé en 1817), dont le succès fut tel que le peintre dut, par la suite, fournir sur le même sujet une quarantaine de tableaux dans lesquels il changeait les attitudes ou le costume de Bonaparte. Protégé par Denon, portraitiste favori de la Cour, il se consacra à la famille impériale, aux grands dignitaires et à la haute société de l’Empire. Apre au gain, il exécutait lui-même les copies de ses tableaux. Il poursuivit une brillante carrière sous la Restauration mais, bouleversé par la Révolution de 1830, il se donna la mort.

MARIE-LOUISE VIGEE-LEBRUN (1755 – 1842) Elève de son père Louis Vigée, elle reçu les conseils de Joseph Vernet. En 1779, elle put faire à Versailles un portrait de Marie-Antoinette en robe de satin, œuvre qui lui avait valut les faveurs de la Cour et de nombreuses commandes. Pendant la Révolution, elle séjourna prudemment en Italie et à Vienne tout en peignant des portraits remarquables par leur élégance alliée à une grande ressemblance. Elle rentra à Paris en 1802 mais ne travailla qu’assez peu pour la cour impériale.

4Encyclopédie Encarta 2001.

K PISTES DIDACTIQUES : loin d'être exhaustive, cette présentation est conçue comme une série d'incitations au questionnement à partir de notions pouvant être abordées sous la forme d'un jeux de piste à travers l'exposition. Après une étude des thèmes, du programme poursuivit dans les trois salles du Musée et de leur développement plastique, les élèves peuvent être incités à partir à la recherche :- De correspondances thématiques et plastiques entre les autres salles du Musée Fesch .- De correspondances entre les œuvres présentées elles-mêmes.- De références à d'autres œuvres classiques, modernes ou contemporaines.

Le portrait : Une réflexion peut être conduite sur le traitement du portrait. L'exposition propose en effet un large éventail de représentations appartenant à ce genre. Portrait d'apparat, portrait équestre, portrait de groupe, portrait allégorique, portrait sculpté,…. Plusieurs questions peuvent être abordées : Quelle est la fonction du portrait ? Le portrait est-il un genre objectif ?Quel est le rôle joué par le cadrage dans un portrait ?L'utilisation de la figure allégorique dans le discours artistique. Pourquoi doter un portrait d'attributs ou d'emblèmes ? L'image d'Épinal. La collection permanente Fesch, très riche dans le domaine portrait, peut, à cette occasion, servir de support pour une comparaison

La propagande : L'utilisation des moyens plastiques à des fins de propagande.L'Art peut-il servir le pouvoir ? Qui sont les commanditaires de ces œuvres ?Art et actualité : Peut-on dire que ces œuvres sont d'actualité ? La transfiguration de la réalité n’est-elle que mensonge ? Quels sont les enjeux qui se cachent derrière ?Détournement et manipulation d'une image afin d'en changer le sens.

L'utilisation du symbolique :Quels sont les éléments symboliques et quelle est leur fonction ?

Le costume :Existe-t-il un langage vestimentaire ? Pourquoi Napoléon attachait-il une si grande importance à l’apparat et à l’apparence ?

L'utilisation de la citation :A quels grands hommes du passé se réfère Napoléon ? dans quelles œuvres et pourquoi ?A quelles formes d'art du passé font référence les sculptures, les meubles, et les habits exposés ? Le style empire est-il un style composite ?En quoi peut-on dire que Napoléon est lui-même un personnage composite ?

Le moulage : Quels sont les enjeux dans le moulage de Pauline réalisé par Canova? La trace du corps ? La relique ? Quels points sont les points communs avec les moulages en bronze de Jasper Johns ou de George Segal ?

§ PETIT GLOSSAIRE : Définitions et vocabulaire

LA PROPAGANDE : Diffusion d'idées, de doctrines ou d'opinions destinées à influencer ou conditionner le comportement humain. Souvent employé pour dénoncer une pratique trompeuse, le terme «propagande» a une connotation péjorative. Néanmoins, toute forme de communication de masse peut être appelée propagande. On parle ainsi de propagande politique ou religieuse, mais aussi de propagande au sujet de la publicité, de l'information ou de l'éducation. Le terme désigne plus souvent une pratique visant à convaincre par la manipulation qu'une action dont le but est d'influencer l'opinion.La propagande est inhérente à la vie sociale et toute personne ou tout groupe désirant rallier des partisans à une cause déterminée ou provoquer un comportement spécifique, use d'une forme de propagande. Quel que soit son objectif, la propagande a recours à différentes techniques de persuasion rendues explicites par la psychologie expérimentale et sociale. Étudiant les différentes entreprises de propagande, Tchakhotine remarqua l'importance de l'utilisation du symbole. Le symbole fonctionne non seulement comme un signe de reconnaissance entre individus se réclamant d'une même communauté de pensée, mais aussi comme signe immédiatement perceptible se substituant aisément à tout un système doctrinal, provoquant ainsi une sorte de réflexe conditionné. Les exemples de propagande ayant recours à un symbole sont extrêmement nombreux. L'Église chrétienne choisit la Croix comme emblème pour la représenter, la Révolution française le drapeau tricolore comme symbole visuel et la Marseillaise comme symbole vocal et auditif. La propagande soviétique le symbole de la faucille et du marteau, porteur de l'idéologie communiste. Les nazis choisirent la croix gammée. Le symbole frappe et suggère sans informer, il fait appel à l'émotivité.Écrits et discours ont servi également toute sorte de propagandes. Les pamphlets de Voltaire ou les discours de l'abbé Grégoire luttant pour les droits de l'Homme furent des actes de propagande. Le roman de Beecher-Stowe, la Case de l'oncle Tom (1852), sur l'esclavage des Noirs aux États-Unis, contribua à l'essor du mouvement abolitionniste. Le succès d'une entreprise de propagande cherchant à modifier le comportement humain est étroitement lié à la possibilité qu'ont ceux à qui elle s'adresse d'accéder à d'autres discours, à d'autres formes de pensée.L'usage efficace des moyens de communication constitue un élément central pour la propagande. Le développement de ces moyens facilite la généralisation des techniques de persuasion. Aussi l'impact de la publicité s'accrut-il grâce aux médias. Le développement d'Internet amplifie par son échelle, par sa puissance ainsi que par l'absence actuelle de toute législation internationale le pouvoir de diffusion de toute forme de propagande.5

LE TITRE D’EMPEREUR : Du latin imperator, Ce titre qui, dans la Rome antique, était attribué au premier magistrat de l’État désigne généralement un souverain régnant sur plusieurs pays ou territoires, par opposition au roi, souverain d’un pays et d’un peuple.

Le terme a aussi une connotation militaire car il désignait un général victorieux en campagne, jusqu’à son retour à Rome, fin de son imperium («commandement»). Dans les dernières années de la République romaine, le Sénat invitait parfois un général victorieux à assumer cette charge de façon permanente. Rome était déjà un Empire quand César pris le titre d’empereur. Pour la première fois, l'«imperator» désignait un souverain perdant son sens honorifique. Le titre est demeuré en usage à Byzance, tandis qu’en Occident, le prestige attaché à ce nom, symbolisant aux yeux des Francs, la puissance et la civilisation romaine, a amené Charlemagne à se faire couronner empereur à Rome en l’an 800. Ses successeurs portèrent le titre puis en 962, Othon Ier défenseur de l’Église, fut couronné empereur par le pape donnant ainsi naissance au Saint Empire romain germanique parfois appelé Ier Reich.

Cet Empire, d'abord union instable de l’Allemagne et de l’Italie du Nord et par la suite association d’États germaniques, survit en Occident de manière quasi permanente durant plus de 800 ans jusqu’à sa dissolution en 1806

Les Habsbourg : À partir de 1273, plusieurs princes d’Allemagne, dont Rodolphe Ier, le premier Habsbourg, ancêtre du futur roi de Rome revendiquent le titre impérial. Sous le règne de Charles Quint, l’Empire retrouve la superficie des territoires de Charlemagne mais après la Réforme protestante, l’unité de l’Empire est affaiblie. Chaque cité et État libre d’Allemagne choisit entre l’adoption du luthéranisme et celle du catholicisme. La France devient la puissance dominante en Europe et durant les 150 ans qui précèdent sa chute, le Saint Empire romain germanique ne sert plus que de véhicule aux prétentions impériales des Habsbourg. L’intervention armée contre la France révolutionnaire constitue la dernière entreprise importante du St Empire sur la scène européenne. Lors des guerres napoléoniennes, François II, le dernier empereur et futur beau-père de Napoléon Ier, prononce la dissolution formelle de l’Empire le 6 août 1806.6

ÉPOPÉE : long poème narratif, dont les thèmes et le style sont empreints de majesté.

5Encyclopédie® Microsoft® Encarta 2001. 6 Ibid.

Les épopées racontent des événements historiques ou légendaires, de portée locale ou universelle, émaillés d'actions héroïques et grandioses. Elles s'organisent le plus souvent autour des exploits d'un seul personnage ou d'un groupe bien défini. Les épopées ne visent pas à distraire le lecteur par la narration d'événements extraordinaires; elles traduisent les idéaux et les valeurs d'une nation à des moments essentiels de son histoire. C'est pourquoi le caractère du héros épique relève moins de la psychologie individuelle que de la morale patriotique. Les épopées grecques, comme l'Iliade et l'Odyssée, en sont de parfaits exemples. Toutefois, les épopées peuvent aussi avoir d'autres thèmes que la gloire nationale. Ainsi, dans la Divine Comédie, de Dante, se dit la foi de la chrétienté au Moyen Âge.

Épopées populaires : On peut distinguer les épopées populaires des épopées littéraires. À l'origine, le genre populaire s'est développé sur un fond de tradition orale transmise par les bardes celtes, les aèdes grecs. Le fonds historique exploité par ces poèmes est généralement tellement ancien que la légende y tient une part importante, comme c'est le cas pour les chansons de geste médiévales, dont la plus célèbre est la Chanson de Roland (fin du XIes).

Épopées littéraires : Elles sont écrites par des poètes reprenant le genre ou les thèmes épiques dans une perspective patriotique ou purement esthétique. À Rome, la poésie épique nationale atteint son sommet au cours du Ie siècle av. J.-C., avec l'Énéide, de Virgile, considérée comme une des plus grandes épopées littéraires qui soit. Parmi les grandes épopées littéraires de l'Europe moderne, on retiendra : le Roland furieux (1516), de l’Arioste, Rinaldo (1562) et la Jérusalem délivrée (1581), du Tasse. La forme épique, qui semble correspondre à des époques de foi profonde et d'idéalisme nationaliste, a été peu pratiquée depuis le XVIIIes. Les poèmes épiques de Victor Hugo (la Légende des siècles) et de Leconte de Lisle (Poèmes barbares) sont de lointains reflets de la tradition épique.7

NNAPOLÉOAPOLÉONN :: Né à Ajaccio, (1769-1821). Fils de Carlo Maria Bonaparte, qui lutta pour l'indépendance de la Corse avec

Paoli, puis rallié à la France en 1770, et de Letizia Ramolino. Doté d'une prodigieuse mémoire et d'une réelle culture politique (il avait lu Montesquieu, Rousseau et les grands classiques français et étrangers.), il adhère, à peine sortit sous-lieutenant des écoles militaires françaises, à la Révolution au cours de laquelle il rencontre Robespierre.

CONQUÊTES Après avoir repris Toulon aux Anglais, il est nommé général en chef de l'armée d'Italie (1796). Révélant son génie militaire, il mène une campagne éclair, écrasant 4 généraux autrichiens et contraignant l'Autriche à signer la paix de Campoformio. La France garde ses conquêtes et Bonaparte fonde la République cisalpine (futur royaume d'Italie). Victorieux et sauveur de la République, il bénéficie dès cette époque d'une popularité immense et le Directoire inquiet l'éloigne en Égypte. Pendant ce temps, la France connaît de nouvelles défaites face à la coalition de l'Autriche, la Russie et l'Angleterre. Devant un Directoire discrédité, Sieyès, qui veut sauver les acquis de la Révolution, cherche un général prêt à un coup d'État pour rassurer ceux qui redoutent un retour à la royauté.

Bonaparte regagne Paris par surprise et aidé de Sieyès, Talleyrand, Fouché, Murat et de son frère, Lucien, alors président du Conseil des Cinq-Cents, il prend le pouvoir lors du coup d'État des 18 et 19 Brumaire 1799 en instaurant un nouveau régime, le Consulat. 1er consul, il fait publier la Constitution de l'an VIII, qui concentre dans ses mains toute l'autorité, escamote le suffrage universel, émiette le pouvoir législatif en 4 assemblées et confisque l'exécutif au profit du 1er consul nommé pour 10 ans. Cette Constitution sera révisée en 1802 par un «sénatus-consulte», ratifié par plébiscite, le nommant consul à vie.Deux priorités s'imposent alors à lui : réorganiser de la France et la lutter contre la 2nde coalition. Il réforme profondément le pays, laissant une importante empreinte législative et administrative.

REGNES L'Empire : Pourquoi Napoléon perça-t-il sous Bonaparte, l'ancien jacobin ardent ? D'une part, sans doute, par ambition personnelle et désir d'être identifié à Alexandre le Grand et Auguste. Bonaparte, par ailleurs, était fasciné par le système de cour de l'Ancien Régime. Il avait choisit le palais des Tuileries comme lieu de résidence et portait à son doigt le diamant «le Régent». D'autre part, il instaura une dynastie : la Constitution prévoyait, au cas où il n'aurait pas eu d'héritiers, que l'Empire serait transmis après adoption (à la mode de l'Empire romain) à l'un de ses neveux. Bonaparte fut enfin poussé vers un régime fort, à la fois par les nécessités stratégiques et par un entourage craignant le retour à la royauté ou à une anarchie républicaine qui avait mis en péril l'ordre public. Le complot de Cadoudal en 1804, suivi par l'exécution du duc d'Enghien, justifia la modification constitutionnelle de l'an XII : il fallait élever une barrière symbolique pour protéger Napoléon de ses ennemis ; l'hérédité impériale devait ruiner leurs espoirs de tuer la Révolution en assassinant Napoléon. Le 18 mai 1804, après diverses sollicitations savamment orchestrées, le Sénat proclama presque unanimement Napoléon Bonaparte

7Ibid

Empereur des Français sous le nom de Napoléon Ier et déclara l'Empire héréditaire (décisions ratifiées par plébiscite). Le pape Pie VII vint de Rome afin de procéder au sacre qui eut lieu le 2 décembre 1804 à Notre-Dame de Paris et dans une débauche de symboles dont le tableau immédiatement commandé à David*, devenu peintre officiel du régime, fit une synthèse inlassablement copiée, gravée et diffusée dans tout l'Empire. Napoléon est revêtu de la pourpre à l'image des empereurs byzantins et couronné du laurier tel un général romain divinisé par le triomphe. Pour renforcer encore la référence romaine, le 5/12, les aigles impériales étaient distribuées à l'armée rassemblée au Champ-de-Mars ; elle fut à cette occasion rebaptisée la Grande Armée, perdant son caractère national en gagnant ce majestueux qualificatif qui traduisait son réel cosmopolitisme.Napoléon organisa une cour impériale qu'il voulut digne des fastes de l'Ancien Régime : les membres de sa famille portèrent les titres de princes et d'altesses tandis qu'était créée une noblesse d'Empire. L'année suivante, la République italienne fut transformée en royaume dont Eugène de Beauharnais, son beau-fils, fut nommé vice-roi.

DESTINS L'Europe semblait plier partout devant la puissance napoléonienne : des royaumes se créèrent sous sa protection, à la tête desquels il plaça des membres de sa famille.

La France s'étendait sur 130 départements, des Bouches de l'Elbe (préfecture : Hambourg) au Tibre (préfecture : Rome). Toute la rive gauche du Rhin, les Alpes italiennes, les Provinces Illyriennes et les États pontificaux étaient rattachées à l'Empire. Tout cet espace était soumis à la Constitution de l'Empire et à l'autorité de préfets français. Des États vassaux constituaient une zone largement soumise à l'Empire : Napoléon s'empara du royaume de Naples et plaça Joachim Murat, son beau-frère, sur le trône. Il fit de la République hollandaise le royaume de Hollande qu'il destina à son frère Louis, puis fonda la Confédération du Rhin (rassemblant la majorité des États allemands) qui marquait en 1806 la fin du Saint-Empire, et dont il s'institua le protecteur. Le régime impérial fut la 1ère tentative depuis Charlemagne d'une unification politique à l'échelle européenne. Ayant divorcé de l'impératrice Joséphine, qui ne lui avait pas donné d'enfant, il épousa, en 1810, l'archiduchesse Marie-Louise, fille de François II, empereur d'Autriche. En s'alliant aux Habsbourgs, la plus ancienne maison régnante d'Europe, il espérait que son fils, né en 1811, et immédiatement proclamé roi de Rome*, serait à l'origine d'une dynastie dont la légitimité apparaîtrait incontestable aux yeux de l'ensemble des monarques européens. Dans ces différents États, l'égalité juridique fut instaurée, les droits féodaux abolis, des codes civils furent adoptés. Leurs frontières traduisaient une certaine conception des nationalités, héritage de l'esprit révolutionnaire. Mais si les armées de Bonaparte avaient apporté aux peuples d'Italie ou d'Allemagne les idées nouvelles des droits de l'Homme, la Grande Armée trouva face à elle non seulement les armées des anciens rois, mais aussi des nations prenant conscience de leur identité dans l'opposition à l’impérialisme français.

Le premier Empire s'inscrit dans une epopée*, légende nationale que chantèrent, dès le XIXe siècle des poètes comme Victor Hugo. Cet épisode fut une expérience unique, dans l'histoire de France, de pouvoir autocratique appuyé à la fois sur des principes issus de la République, sur des victoires militaires et sur une Constitution totalitaire. Il laissait, dans les écoles de pensée politique, l'empreinte indélébile d'un moment fondateur.8

LE NEOCLACISSISME : Tendance artistique de la 2nde moitié du XVIIIes et du début du XIXes caractérisée par le retour aux formes

gréco-romaines. Plus qu'un simple regain d'intérêt pour l'Antiquité classique, le néoclassicisme est lié aux événements politiques de l'époque. Les artistes veulent substituer à la sensualité du rococo un style simple et moral dans le choix des sujets. Le néoclassicisme sera d'ailleurs l'art officiel des nouvelles républiques issues des révolutions américaine et française parce qu'il était associé à la démocratie de la Grèce antique et de la République romaine. La Rome impériale devint un modèle sous Napoléon Ier.

SA GENÈSE : Le néoclassicisme se développa à la suite des fouilles entreprises sur les sites romains d'Herculanum (1738) et de Pompéi (1748). La publication d'ouvrages tels que les Antiquités d'Athènes (1762) par les archéologues Stuart et Revett, et le transfert à Londres de la frise du Parthénon (1806) contribuèrent aussi à son émergence. Il faut souligner le rôle que tint le spécialiste allemand de l'histoire de l'art Johann Winckelmann qui exaltait la «noble simplicité et la calme grandeur» de l'art gréco-romain encourageant les artistes à étudier et «imiter» ses formes parfaites et immuables. Ses idées furent accueillies avec grand enthousiasme par le cercle d'artistes formé autour de lui vers 1760 à Rome.

ARCHITECTURE : Avant les fouilles d'Herculanum, Pompéi et Athènes, la seule architecture classique connue était celle de Rome dont Piranèse avait réalisé des gravures. Ces découvertes archéologiques élargirent le vocabulaire formel de l'architecture classique et les architectes prônèrent un style fondé sur le modèle gréco-romain. Devenu empereur, Napoléon demanda à ses architectes Percier et Fontaine de transformer Paris sur le modèle de la

8 Ibid.

Rome impériale afin d'en faire la capitale la plus prestigieuse d'Europe. Des ouvrages comme l'arc de triomphe du Carrousel ou de l'Etoile, la colonne Vendôme, le Panthéon, la Madeleine et la rue de Rivoli sont représentatifs du style Empire*.

PEINTURE : Rome, où de nombreux peintres expatriés s'étaient regroupés autour de l'historien d'art Winckelmann, fut le centre de la peinture néoclassique. Le Français David*, en fut l'un des chefs de file. Ses compositions structurées et l'agencement des personnages, rappelant celui des frises, reflètent l'attention que porte le néoclassicisme à la logique et à la clarté. Contours précis et froideur des tons donnent aux personnages l'allure de statues. Un des plus brillants élèves de David et Flaxman fut Ingres.

SCULPTURE : cf. la partie consacrée aux buste de la galerie et de la salle des destins.ARTS DÉCORATIFS : Le néoclassicisme les influença tous. Dès 1760, Robert Adam créa des meubles

aux motifs gréco-romains. Ce style importé en France devint le style étrusque, prisé sous Louis XV. Avec les découvertes archéologiques, il évolua jusqu'au style Louis XVI. Le néoclassicisme apparût en porcelaine de Sèvres et dans la faïence de Wedgwood (Angleterre) pour laquelle Flaxman fit de nombreux modèles. Napoléon fit transformer le décor des anciennes résidences royales par Percier et Fontaine.

LE STYLE EMPIRE : Il fut, en architecture et dans les arts décoratifs, le style néoclassique en vogue en France sous le Consulat

et le 1er Empire. En germe dans le style Directoire, le style Empire perdurera jusqu'en 1830. Le retour à l'antique répond au désir de Napoléon de reproduire, sous son règne, la grandeur de la Rome impériale. A l'influence gréco-romaine s'ajoutèrent des éléments égyptiens ou gothiques. Pierre Fontaine et Charles Percier furent à l'origine de ce style tant en architecture qu'en décoration. C'est à eux que l'on doit les aménagements des châteaux de la Malmaison et de Fontainebleau. Le style Empire, se caractérise par l'utilisation de la ligne droite, de la symétrie, de couleurs denses (pourpre, bleu nuit, vert bronze, jaune d'or) et par des motifs décoratifs guerriers (glaives, lauriers, casques, Victoires) ou mythologiques (sphinx, griffons). Le mobilier, en acajou ou en palissandre, décoré motifs en bronze ou en bois dorés, reprend volontiers l'abeille, emblème de l'Empereur. Le vêtement féminin s'adapte aussi au style

Empire, avec des robes «à la romaine», fluides, droites, taille haute, agrémentées de coiffures copiées sur l'Antique.9

9 Ibid.

¨LECTURES : Références bibliographiques :Catalogue de l’exposition « Napoléon , les Bonaparte et l’Italie. » Musée Fesch, Ajaccio, 2001.Dictionnaire Napoléon Jean Tulard (sous la dir. de) Fayard, 1988.Encyclopédie Microsoft Encarta , 2001. Dictionnaire des symboles J Chevalier et A. Gheerbrant, éd. R. Laffont Paris, 1982.

¨ Références disponibles au CRDP d'Ajaccio :Livres : Portraits en camées et intailles des Bonaparte par G.A Santarelli et B Pistrucci cote : 7’’18’’ DUC

Napoléon Bonaparte André Castelot, Perrin, 1996Bonaparte en Italie ; naissance d’un stratège. Beraud.S., éd. Giovanangeli, 1996 cote 944’’1796/1797’’BERNapoléon, de l’histoire à la légende : regards croisés : histoire et littérature : Maisonneuve et Larose 2000 cote 944 NAP.Napoléon et ses parents au seuil de l’Histoire D. Carrington, éd Piazzola 1995

Articles : De Bonaparte à Napoléon TDC, n° 722, Histoire et l’art de la propagande menée par BonaparteBonaparte en Egypte dans la collection TDC (Textes et Documents pour la Classe), n° 380

Dossiers thématiques : Napoléon Bonaparte Dequeker-Fergon La documentation par l’image, n° 1999/93.

Diapositives : Chute de Napoléon vue par la caricature C.N.D.P, 1976

Extraits de vidéo : Bonaparte au pont d’Arcole C.N.D.P, La Cinquième, 2000La révolution française. CNDP, 1995, La conquête d’Egypte par Napoléon Bonaparte.

Cédérom Napoléon, l’Europe et l’Empire cote 94 (4+44) NAP

Aaigles · 9, 16, 17, 33Ajaccio · 5, 22, 23, 27, 32, 35Alpes · 10, 14, 33Appiani · 12, 13, 17, 19, 29Arcole · 6, 7, 8, 10, 11, 28, 35BBacciochi · 21Bartolini · 21, 24, 25, 27Bonaparte · 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11,

12, 13, 17, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 28, 29, 32, 33, 35

Borghèse · 10, 17, 21, 25, 29Ccadrage · 7, 30Canova · 16, 19, 21, 25, 27, 29, 30cardinal Fesch · 5, 23, 27Caroline · 22, 23, 24, 25César · 7, 9, 14, 16, 31Charlemagne · 10, 14, 15, 16, 20,

31, 33Charles Quint · 10, 14, 16, 20, 31classique · 25, 28, 33Constantin · 10, 14, 16Corse · 9, 14, 27, 32couronne · 7, 12, 14, 15, 16, 22, 23couronne de fer · 14, 15DDavid · 8, 10, 11, 12, 17, 28, 29, 33,

34EElisa · 21, 24Empire · 5, 6, 13, 14, 16, 17, 20, 21,

22, 23, 27, 28, 29, 31, 32, 33, 34, 35

Empire Romain · 14, 20

Eugène de Beauharnais · 12, 13, 21, 33

Ffamille · 5, 14, 17, 19, 21, 23, 25,

27, 28, 29, 33famille Bonaparte · 19, 21, 27, 29Fesch · 5, 18, 23, 27, 30, 35Florence · 21, 22, 23, 24, 29GGérard · 17, 19, 21, 22, 28Gros · 6, 7, 8, 10, 11, 17, 28HHabsbourg · 16, 20, 31IItalie · 4, 5, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 13, 14,

15, 16, 18, 21, 22, 23, 27, 28, 29, 31, 32, 33, 35

JJoseph · 20, 22, 23, 27, 29Joséphine · 13, 22, 24, 28, 33LLetizia · 23, 27, 32Louis XIV · 10, 12, 16Lucien · 22, 23, 32MMarie-Louise · 19, 20, 24, 29, 33Milan · 6, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,

15, 16, 17, 18, 24, 29Murat · 21, 22, 32, 33Musée · 5, 27, 30, 35musée Fesch · 5, 19NNaples · 6, 21, 22, 23, 33Napoléon · 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11,

12, 13, 14, 16, 17, 19, 20, 21, 22,

23, 25, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35

néo-classicisme · 7, 10, 29néoclassicisme · 29, 33, 34Ppape · 11, 14, 17, 20, 21, 23, 27, 31,

33Pauline · 17, 18, 21, 24, 25, 29, 30Pie VII · 11, 14, 21, 22, 23, 27, 33portrait · 7, 8, 10, 12, 13, 17, 19, 23,

24, 25, 28, 29, 30propagande · 6, 8, 30, 31, 35RRépublique · 8, 9, 11, 12, 13, 16, 17,

31, 32, 33révolution · 9, 10, 14, 16, 35roi de Rome · 19, 20Roi de Rome · 16roi des romains · 20roi des Romains · 16, 20romantisme · 7, 28Rome · 5, 7, 8, 9, 10, 12, 14, 16, 17,

19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 27, 28, 29, 31, 32, 33, 34

SSaint-Empire · 16, 20, 33sculpteur · 17, 21, 25, 26, 29statuaire · 10, 16, 24, 25, 29style empire · 5, 27, 30style Empire · 34symbolique · 7, 11, 16, 20, 30, 32Ttriomphe · 16, 17, 33, 34VVenise · 11, 12, 17, 23, 29