Métabolisme et fonctions des acides gras oméga-3...
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N° d’ordre 2010ISAL0130 année 2010
THESE
Présentée devant
L’INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE LYON
Pour obtenir
LE GRADE DE DOCTEUR
Formation doctorale : Biochimie
Ecole Doctorale Interdisciplinaire Sciences-Santé
MÉTABOLISME ET FONCTIONS DES ACIDES
GRAS OMÉGA-3 À LONGUE CHAÎNE AU
NIVEAU DE L’ADIPOCYTE
par
Jennifer LEFILS-LACOURTABLAISE
Soutenance le 16 Décembre 2010
Directeurs de thèse : Pr. M. LAGARDE / Dr. N. BERNOUD-HUBAC
Jury de thèse: Mme le Dr Nathalie BERNOUD-HUBAC, Directrice de thèse
M. le Pr Jacques DELARUE, Examinateur
M. le Dr Claude FOREST, Rapporteur
M. le Pr Michel LAGARDE, Directeur de thèse
M. le Dr Mario OLLERO, Rapporteur
M. le Dr Hubert VIDAL, Président du jury
Cette thèse a été préparée au laboratoire Régulations Métaboliques, Nutrition et Diabètes,
l’INSA de Lyon (INSERM UMR 870)
1
INSA Direction de la Recherche - Ecoles Doctorales – Quadriennal 2007-2010
SIGLE ECOLE DOCTORALE NOM ET COORDONNEES DU RESPONSABLE
CHIMIE
CHIMIE DE LYON
http://sakura.cpe.fr/ED206
M. Jean Marc LANCELIN
Insa : R. GOURDON
M. Jean Marc LANCELIN Université Claude Bernard Lyon 1
Bât CPE 43 bd du 11 novembre 1918 69622 VILLEURBANNE Cedex Tél : 04.72.43 13 95 Fax :
E.E.A.
ELECTRONIQUE,
ELECTROTECHNIQUE, AUTOMATIQUE
http://www.insa-lyon.fr/eea M. Alain NICOLAS
Insa : C. PLOSSU [email protected] Secrétariat : M. LABOUNE AM. 64.43 – Fax : 64.54
M. Alain NICOLAS Ecole Centrale de Lyon Bâtiment H9
36 avenue Guy de Collongue 69134 ECULLY Tél : 04.72.18 60 97 Fax : 04 78 43 37 17 [email protected]
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E2M2
EVOLUTION, ECOSYSTEME, MICROBIOLOGIE, MODELISATION
http://biomserv.univ-lyon1.fr/E2M2 M. Jean-Pierre FLANDROIS
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M. Jean-Pierre FLANDROIS CNRS UMR 5558
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INTERDISCIPLINAIRE SCIENCES-
SANTE
Sec : Safia Boudjema M. Didier REVEL
Insa : M. LAGARDE
M. Didier REVEL
Hôpital Cardiologique de Lyon
Bâtiment Central 28 Avenue Doyen Lépine 69500 BRON
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INFORMATIQUE ET MATHEMATIQUES
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M. Alain MILLE Université Claude Bernard Lyon 1
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MATERIAUX DE LYON
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Secrétariat : C. BERNAVON 83.85
M. Jean Marc PELLETIER
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69621 VILLEURBANNE Cédex Tél : 04.72.43 83 18 Fax 04 72 43 85 28 [email protected]
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MECANIQUE, ENERGETIQUE, GENIE
CIVIL, ACOUSTIQUE
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Secrétariat : M. LABOUNE PM : 71.70 –Fax : 87.12
M. Jean Louis GUYADER INSA de Lyon Laboratoire de Vibrations et Acoustique Bâtiment Antoine de Saint Exupéry
25 bis avenue Jean Capelle 69621 VILLEURBANNE Cedex Tél :04.72.18.71.70 Fax : 04 72 43 72 37
ScSo
ScSo*
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Insa : J.Y. TOUSSAINT
M. OBADIA Lionel
Université Lyon 2 86 rue Pasteur 69365 LYON Cedex 07 Tél : 04.78.77.23.88 Fax : 04.37.28.04.48
*ScSo : Histoire, Geographie, Aménagement, Urbanisme, Archéologie, Science politique, Sociologie, Anthropologie
2
Ce travail a été réalisé au sein de l’unité :
"Régulations Métaboliques, Nutrition et Diabètes"
INSERM U870 ; UCBL ; INSA; INRA U1235 ; HCL
IMBL, 11 Av. Jean Capelle
69621 Villeurbanne, France
Il a donné lieu à la rédaction des articles suivants :
Lefils J, Géloën A, Vidal H, Lagarde M and Bernoud-Hubac N. Dietary DHA: time course of
tissue uptake and effects on cytokine secretion in mice. Br. J. Nutr. 2010, 21:1-9.
Lefils-Lacourtablaise J, Socorro M, Géloën A, Dominguez Z, Vidal H, Lagarde M and
Bernoud-Hubac N. 15-Deoxy-12,14
-prostaglandin J3 : a novel eicosapentaenoic acid-derived
prostaglandin that increases adiponectin secretion by adipocytes. Manuscrit en préparation.
Bernoud-Hubac N, Alam DA, Lefils J, Davies SS, Amarnath V, Guichardant M, Roberts LJ
2nd
and Lagarde M. Low concentrations of reactive gamma-ketoaldehydes prime
thromboxane-dependent human platelet aggregation via p38-MAPK activation. Biochim.
Biophys. Acta. 2009, 1791:307-313.
Et à la présentation des communications suivantes :
Lefils-Lacourtablaise J, Géloën A, Chen P, Guichardant M, Socorro M, Dominguez Z, Vidal
H, Lagarde M and Bernoud-Hubac N. « Effects of omega-3 PUFA and their oxygenated
derivatives on cytokines secretion ». Poster, 9th
Conference of the International Society for the
Study of Fatty Acids and Lipids (ISSFAL), Juin 2010, Maastricht, Pays-Bas.
Lefils-Lacourtablaise J, Géloën A, Chen P, Guichardant M, Socorro M, Dominguez Z, Vidal
H, Lagarde M and Bernoud-Hubac N. « Effects of omega-3 PUFA and their oxygenated
derivatives on cytokines secretion ». Poster, 10e journée de l’IMBL, Juin 2010, Lyon, France.
Lefils J, Géloën A, Lagarde M and Bernoud-Hubac N. « Alimentation enrichie en DHA:
effets sur la composition lipidique de tissus murins et sur la sécrétion de cytokines
plasmatiques ». Poster, Congrès annuel de la SFD, Mars 2010, Lille, France.
Lefils-Lacourtablaise J. « Sécrétion d’adiponectine en réponse aux acides gras oméga-3 à
longue chaîne. ». Présentation orale, 3e journée thématique de LISA (« Lipides
fonctionnels »), Mars 2010, Bordeaux, France.
3
Lefils J, Géloën A, Lagarde M and Bernoud-Hubac N. « Alimentation enrichie en DHA:
effets sur la composition lipidique de tissus murins et sur la sécrétion de cytokines
plasmatiques ». Poster, 9e journée de l’IMBL, Novembre 2009, Marseille, France.
Lefils J, Géloën A, Lagarde M and Bernoud-Hubac N. « Alimentation enrichie en DHA:
effets sur la composition lipidique de tissus murins et sur la sécrétion de cytokines
plasmatiques ». Poster, 6e Congrès annuel de la NSFA, Juin 2009, Avignon, France.
Lefils J, Géloën A, Lagarde M and Bernoud-Hubac N. « Alimentation enrichie en DHA:
effets sur la composition lipidique de tissus murins et sur la sécrétion de cytokines
plasmatiques ». Poster, 8e journée de l’IMBL, Janvier 2008, Lyon, France.
Remerciements
4
Remerciements C’est au sein de l’unité mixte de recherche 870 INSERM / INSA / INRA / UCBL /
HCL de Lyon de « Régulations Métaboliques, Nutrition et Diabètes » dirigée par le Dr.
Hubert VIDAL qu’ont été réalisés l’ensemble des travaux présentés dans ce mémoire.
Avant toute chose, je tiens à remercier le Dr. Hubert VIDAL et le Pr. Michel
LAGARDE pour m’avoir accueillie, respectivement, au sein de leur unité et équipe de
recherche, pour leurs conseils et leurs encouragements tout au long de ses années.
Je voudrais témoigner ma reconnaissance au Dr. Nathalie BERNOUD-HUBAC sans
qui cette thèse n’aurait pu être réalisée. Je la remercie particulièrement pour avoir cru en moi,
pour m’avoir soutenue durant ces années en me faisant partager son expérience et ses
connaissances scientifiques et pour avoir rédigé de nombreux projets pour financer ma thèse.
Merci également pour sa disponibilité, sa patience et sa bonne humeur constantes qui ont
rendu ce travail très agréable et enrichissant, et ainsi que pour sa rigueur scientifique.
J’exprime ensuite mon estime et mes remerciements aux membres de mon jury :
Au Pr. Jacques DELARUE, au Dr. Claude FOREST et au Dr. Mario OLLERO
qui m’ont fait l’honneur de juger ce travail de thèse et de me faire ainsi bénéficier de leurs
compétences et de leurs connaissances.
Je souhaite également remercier très chaleureusement tous les membres du laboratoire
pour leur bon accueil, leur disponibilité et plus particulièrement:
Remerciements
5
Le Dr. Alain GÉLOËN, pour m’avoir permis de faire l’étude in vivo chez la souris;
pour m’avoir guidé dans le monde des souris, pour ses connaissances colossales, pour sa
rigueur scientifique, pour nos petites discussions scientifiques très enrichissantes et
passionnantes mais surtout pour sa très grande sympathie et sa bonne humeur communicative.
Ne m’oubliez pas pour le prix Nobel !
Le Pr. Michel GUICHARDANT pour ses précieuses aides pour « dompter » l’HPLC,
la GC ou encore la GC-MS ; pour ses conseils techniques et scientifiques. Je remercie aussi
son ancienne thésarde le Dr. Ping CHEN, fournisseur officiel de PDX et d’acide punicique.
Les Dr Madeleine PICQ et Sabine MICHAUD pour leur aide, leur disponibilité et
leur gentillesse.
Les Dr. Christophe SOULAGE, Nicolas PILLON et Bader ZARROUKI de pour
m’avoir fait partager leurs expériences, avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions
plus ou moins intelligentes et pour leur très grande sympathie.
Patrick MOLIERE et Valérie PRUNETA-DELOCHE pour leurs conseils
techniques ainsi que pour leur gentillesse qui ont contribué à une bonne entente.
Magali PEREZ, Fabienne LAUGERETTE, Rami JAAFAR, Romain COLAS,
Lilas HADJI pour avoir partagé avec moi ces quelques années.
Les membres de l’équipe 1 pour m’avoir bien accueillie chez eux et pour m’avoir
formée sur leur appareillage.
Ma famille qui m’a soutenue pendant ces années.
Et enfin mon mari Marc pour m’avoir supportée et soutenue pendant cette thèse, pour
m’avoir accompagnée les week-ends pour l’entretien de mes cellules, avoir fait semblant de
comprendre mes travaux pour me soutenir et tout simplement avoir été à mes cotés ! Sans
oublier notre petit bout qui peut être un jour tombera sur ce manuscrit…
Table des matières
6
Table des matières
Remerciements ..................................................................................... 4
Table des matières ............................................................................... 6
Index des figures et des tableaux ...................................................... 11
Abréviations ....................................................................................... 15
Résumé ................................................................................................ 17
Summary ............................................................................................. 19
Introduction ........................................................................................ 21
Rappels Bibliographiques ................................................................. 24
Chapitre 1 - Les Acides gras ............................................................. 24
I.1 Généralités .................................................................................................. 24
I.2 Les Acides Gras Polyinsaturés (AGPI) ...................................................... 25
Table des matières
7
Chapitre 2 - Métabolisme oxygéné des AGPI ................................. 28
II-1 Les prostanoïdes........................................................................................ 28
II.1.1 Prostanoïdes issus de l’AA ..................................................................................... 28
II.1.1.a) Voie de synthèse ......................................................................................................... 28
II.1.1.b) Biologie fonctionnelle des prostanoïdes ..................................................................... 30
II.1.2 Prostanoïdes issus de l’EPA ................................................................................... 32
II.1.3 Prostanoïdes et adipocytes ...................................................................................... 34
II-2 Les résolvines, les protectines et les marésines ........................................ 36
II.2.1 Les résolvines ......................................................................................................... 36
II.2.2 Les protectines ........................................................................................................ 38
II.2.3 Les marésines ......................................................................................................... 40
Chapitre 3 - Le tissu adipeux ............................................................ 41
III.1 Le tissu adipeux blanc .............................................................................. 41
III.2 Le tissu adipeux brun ............................................................................... 42
Chapitre 4 - L’adipocyte blanc ......................................................... 44
IV.1 La morphologie ........................................................................................ 44
IV.2 L’adipogenèse .......................................................................................... 45
IV.3 La lipogenèse ........................................................................................... 46
IV.3.1 Les acides gras dans l’adipocyte ........................................................................... 46
IV.3.2 La synthèse des triglycérides ................................................................................ 47
IV.4 La lipolyse ............................................................................................... 49
Chapitre 5 - Les adipokines .............................................................. 51
V.1 L’adiponectine .......................................................................................... 51
V.2 La leptine ................................................................................................... 54
V.3 Le TNF-α .................................................................................................. 56
V.4 L’IL-6 ........................................................................................................ 57
Chapitre 6 - De l’obésité au diabète de type 2. ............................... 59
VI.1 Situation actuelle de la pathologie ........................................................... 59
VI.2 Lien entre l’obésité et le diabète de type 2 .............................................. 59
VI.3 Relation entre les acides gras libres et l’insuline .................................... 60
Table des matières
8
Chapitre 7 - Rôles des AGPI n-3 dans l’obésité et le diabète de
type 2 ................................................................................................... 62
VII.1 Effets des AGPI n-3 sur la croissance et la prolifération du tissu adipeux
.......................................................................................................................... 63
VII.2 Modulation du métabolisme du tissu adipeux par les AGPI-LC n-3 ..... 64
VII.3 Modulation de la sécrétion des adipokines par les AGPI-LC n-3 ......... 66
Matériels & Méthodes ....................................................................... 68
I- Protocole cellulaire ........................................................................ 68
I-1 Les adipocytes 3T3-L1 ............................................................................... 68
I-2 Culture cellulaire ........................................................................................ 68
I-3 Comptage des cellules ................................................................................ 69
I-4 Différenciation des fibroblastes 3T3-L1 en adipocytes ............................. 69
I-5 Incubation des adipocytes 3T3-L1 avec les AGPI n-3 .............................. 70
I-6 Incubation des adipocytes 3T3-L1 avec les dérivés oxygénés des AGPI n-3
.......................................................................................................................... 70
II- Dosages protéiques ....................................................................... 70
II-1 Dosage des protéines du milieu de culture par la méthode de Bradford
(1976) ............................................................................................................... 70
II-2 Dosage des protéines cellulaires par la méthode de Lowry (1951) .......... 71
III- Dosage des adipokines ................................................................ 71
IV- Mesure de l’expression génique par PCR quantitative en
temps réel ............................................................................................ 72
IV-1 Extraction des ARN ................................................................................ 72
IV-2 Transcription inverse (RT) ...................................................................... 72
IV-3 PCR quantitative en temps réel (qPCR) .................................................. 73
Table des matières
9
V- Analyse des prostaglandines ........................................................ 74
V-1 Formation de 15-désoxy-Δ12,14
-PGJ3 (15dPGJ3) ...................................... 74
V-2 Dosage des prostaglandines par HPLC et détection UV .......................... 74
V-3 Dérivation chimique de la PGD3 et de la 15dPGJ3 ................................... 75
V-4 Analyse des prostaglandines par GC-MS ................................................. 76
VI- Protocole animal ......................................................................... 77
VI-1 Animaux et régime alimentaire .............................................................. 77
VI-2 Sacrifices et prélèvement des tissus ....................................................... 79
VI-3 Analyse de la composition en acides gras des phospholipides des tissus
par chromatographie en phase gazeuse (GC) .................................................. 79
VI-4 Dosage des adipokines dans le plasma et les tissus adipeux ................. 81
VII- Analyse statistique .................................................................... 81
Résultats .............................................................................................. 82
I - Etude in vivo .................................................................................. 82
I.1 Masses corporelles des souris ..................................................................... 83
I.2 Incorporation du DHA dans le foie, le cœur et les tissus adipeux blancs .. 84
I.3 Effet d’une alimentation enrichie en DHA sur la sécrétion d’adipokines . 92
I.4 Contenu en adipokines des tissus adipeux blancs ...................................... 93
I.5 Effet d’une alimentation enrichie en EPA ou EPA/DHA sur la sécrétion
d’adipokines ..................................................................................................... 95
I.6 Discussion-Conclusion ............................................................................... 97
II - Etude in vitro : Adipocytes 3T3-L1 ......................................... 101
II.1 Effets du DHA et de l’EPA sur les adipocytes 3T3-L1 ......................... 101
II.1-1 Analyse de l’incorporation du DHA et de l’EPA dans les phospholipides
membranaires des cellules .............................................................................................. 101
II.1-2 Effet du DHA et de l’EPA sur la sécrétion d’adiponectine par les adipocytes 3T3-
L1 ................................................................................................................................... 104
II.2 Effets de divers triènes conjugués sur les adipocytes 3T3-L1 ................ 106
II.2-1 Effet de la PDX sur la sécrétion d’adiponectine par les adipocytes 3T3-L1 ....... 107
Table des matières
10
II.2-2 Effets de molécules ayant une géométrie du triène conjugué différente de celle de
la PDX sur la sécrétion d’adiponectine par les adipocytes 3T3-L1 ............................... 108
II.2-2.a) Géométrie Z,E,E : Leucotriène B4 (LTB4) ............................................................... 108
II.2-2.b) Géométrie E,E,E : 5(S),12(S)-diHETE .................................................................... 110
II.2-3 Effets de molécule ayant une géométrie du triène conjugué similaire de celle de la
PDX : le 8(S),15(S)-diHETE, sur la sécrétion d’adiponectine par les adipocytes 3T3-L1.
........................................................................................................................................ 111
II.3 Effets de métabolites oxygénés dérivés de l’EPA sur les adipocytes 3T3-
L1 ................................................................................................................... 112
II.3-1 Synthèse de 15dPGJ3 à partir de PGD3 commerciale .......................................... 113
II.3-1.a) Mise au point des conditions expérimentales à partir de la PGD2 commerciale ...... 113
II.3-1.b) Synthèse de 15dPGJ3 à partir de la PGD3 commerciale. .......................................... 117
II.3-2 Effets des prostaglandines de la série 3 sur la sécrétion d’adiponectine par les
adipocytes 3T3-L1 .......................................................................................................... 121
II.3-2.a) Comparaison des effets de la PGD3 et de la PGD2. .................................................. 121
II.3-2.b) Comparaison des effets de la 15dPGJ3 et de la 15dPGJ2 ......................................... 122
II.4 Discussion – Conclusion ......................................................................... 123
Conclusion générale & Perspectives .............................................. 126
Références Bibliographiques .......................................................... 130
Annexes ............................................................................................. 160
Index des figures et des tableaux
11
Index des figures et des tableaux
Figure 1: Structure générale d’un acide gras ____________________________________ 24
Figure 2: Biosynthèse des acides arachidonique et docosahexaénoïque à partir des acides
gras essentiels _____________________________________________________________ 26
Figure 3: Voie de synthèse des prostanoïdes à partir de l’acide arachidonique __________ 29
Figure 4: Formation spontanée de la 15-désoxy-Δ12,14
-prostaglandine J2 à partir de PGD2 31
Figure 5: Voie de synthèse des prostanoïdes issues de l’EPA ________________________ 32
Figure 6: Schéma général de synthèse d’eicosanoïdes à partir d’acide arachidonique et
d’acide eicosapentaénoïque __________________________________________________ 34
Figure 7: Biosynthèse des résolvines de la série E (RvE) ___________________________ 37
Figure 8: Biosynthèse de la protectine D1 _______________________________________ 38
Figure 9: Représentation schématique de la PD1 et de la PDX ______________________ 39
Figure 10: Schéma de biosynthèse de Marésine 1 (MaR1) __________________________ 40
Figure 11: Photo d’un adipocyte blanc _________________________________________ 44
Figure 12: Variations des concentrations d’adiponectine circulante dans différentes
situations _________________________________________________________________ 53
Figure 13: Représentation schématique des actions de la leptine _____________________ 55
Figure 14: Réactions de dérivation de la PGD3 (A) et de la 15dPGJ3 (B) ______________ 76
Figure 15: Représentation schématique de la séparation par chromatographie sur couche
mince (CCM) des différentes classes de phospholipides ____________________________ 80
Figure 16: Schéma général du plan expérimental de la partie In vivo chez la souris. _____ 82
Index des figures et des tableaux
12
Figure 17: Prise de poids (g) des souris nourries avec un régime standard (groupe contrôle
), avec un régime riche en DHA (groupe DHA ) ou des souris nourries 16 jours
avec un régime riche en DHA puis 16 jours avec un régime standard (groupe « wash-out »
(WO) ) ______________________________________________________________ 83
Figure 18: Proportions de 22:6n-3 dans les phosphatidyléthanolamines du foie (A), du cœur
(B) et des tissus adipeux sous-cutané (C), épididymal (D) et rétropéritonéal (E) des souris
nourries avec un régime standard (groupe contrôle ), avec un régime riche en DHA
(groupe DHA ) ou des souris nourries 16 jours avec un régime riche en DHA puis 16
jours avec un régime standard (groupe « wash-out » (WO) ) ___________________ 86
Figure 19: Proportions de 22:6n-3 dans les phosphatidylcholines du foie (A), du cœur (B) et
des tissus adipeux sous-cutané (C), épididymal (D) et rétropéritonéal (E) des souris nourries
avec un régime standard (groupe contrôle ), avec un régime riche en DHA (groupe
DHA ) ou des souris nourries 16 jours avec un régime riche en DHA puis 16 jours avec
un régime standard (groupe « wash-out » (WO) ) _____________________________ 87
Figure 20: Proportions de 20:4n-6 dans les phosphatidyléthanolamines du foie (A), du cœur
(B) et des tissus adipeux sous-cutané (C), épididymal (D) et rétropéritonéal (E) des souris
nourries avec un régime standard (groupe contrôle ), avec un régime riche en DHA
(groupe DHA ) ou des souris nourries 16 jours avec un régime riche en DHA puis 16
jours avec un régime standard (groupe « wash-out » (WO) ) ____________________ 88
Figure 21: Proportions de 20:4n-6 dans les phosphatidylcholines du foie (A), du cœur (B) et
des tissus adipeux sous-cutané (C), épididymal (D) et rétropéritonéal (E) des souris nourries
avec un régime standard (groupe contrôle ), avec un régime riche en DHA (groupe DHA
) ou des souris nourries 16 jours avec un régime riche en DHA puis 16 jours avec un
régime standard (groupe « wash-out » (WO) ) _______________________________ 89
Figure 22: Proportions de 20:5n-3 dans les phosphatidyléthanolamines du foie (A), du cœur
(B) et des tissus adipeux sous-cutané (C), épididymal (D) et rétropéritonéal (E) des souris
nourries avec un régime standard (groupe contrôle ), avec un régime riche en DHA
(groupe DHA ) ou des souris nourries 16 jours avec un régime riche en DHA puis 16
jours avec un régime standard (groupe « wash-out » (WO) ) ____________________ 90
Index des figures et des tableaux
13
Figure 23: Proportions de 20:5n-3 dans les phosphatidylcholines du foie (A), du cœur (B) et
des tissus adipeux sous-cutané (C), épididymal (D) et rétropéritonéal (E) des souris nourries
avec un régime standard (groupe contrôle ), avec un régime riche en DHA (groupe DHA
) ou des souris nourries 16 jours avec un régime riche en DHA puis 16 jours avec un
régime standard (groupe « wash-out » (WO) ) _______________________________ 91
Figure 24: Concentrations plasmatiques d’adiponectine (A) et de leptine (B) chez des souris
nourries avec un régime standard (groupe contrôle ), avec un régime riche en DHA
(groupe DHA ) ou des souris nourries 16 jours avec un régime riche en DHA puis 16
jours avec un régime standard (groupe « wash-out » (WO) ) ____________________ 92
Figure 25: Contenu en adiponectine (A) et en leptine (B) dans les tissus adipeux épididymal,
sous-cutané et rétropéritonéal chez des souris nourries avec un régime standard (groupe
contrôle ) ou avec un régime riche en DHA (groupe DHA ) pendant 4 jours _______ 93
Figure 26: Expression génique de l’adiponectine (A) et de la leptine (B) dans les tissus
adipeux épididymal, sous-cutané et rétropéritonéal chez des souris nourries avec un régime
standard (groupe contrôle ) ou avec un régime riche en DHA (groupe DHA ) pendant 4
jours. ____________________________________________________________________ 94
Figure 27: Concentrations plasmatiques d’adiponectine (A) et de leptine (B) chez des souris
nourries pendant 4 jours avec un régime standard (J4 Contrôle), enrichi en DHA (J4 DHA),
en EPA (J4 EPA) ou en mélange EPA/DHA (J4 EPA/DHA) _________________________ 96
Figure 28: Schéma général du plan expérimental de la partie In vitro sur des adipocytes 3T3-
L1 ______________________________________________________________________ 101
Figure 29: Cinétiques d’incorporation du DHA dans les PE et les PC des cellules 3T3-L1 102
Figure 30: Proportions en DHA (A) et en EPA (B) dans les PE et les PC des cellules 3T3-L1
incubées pendant 4h avec des concentrations variables en DHA et EPA (liés à l’albumine) 103
Figure 31: Sécrétion d’adiponectine par les cellules 3T3-L1 incubées avec du DHA ou de
l’EPA pendant 2h et 4h _____________________________________________________ 104
Figure 32: Représentation schématique de la PD1 et de la PDX ____________________ 106
Figure 33: Sécrétion d’adiponectine par les cellules 3T3-L1 incubées avec 1µM de PDX
pendant 2h, 4h et 24h ______________________________________________________ 107
Figure 34: Représentation schématique du Leucotriène B4 _________________________ 108
Figure 35: Sécrétion d’adiponectine par les cellules 3T3-L1 incubées avec 1µM de LTB4
pendant 4h _______________________________________________________________ 109
Index des figures et des tableaux
14
Figure 36: Représentation schématique du 5(S),12(S)-diHETE _____________________ 110
Figure 37: Sécrétion d’adiponectine par les cellules 3T3-L1 incubées avec 1µM de
5(S),12(S)-diHETE pendant 4h _______________________________________________ 110
Figure 38: Représentation schématique du 8(S),15(S)-diHETE _____________________ 111
Figure 39: Sécrétion d’adiponectine par les cellules 3T3-L1 incubées avec 1µM de
8(S),15(S)-diHETE pendant 4h _______________________________________________ 111
Figure 40: Hypothèse de formation de la 15-désoxy-Δ12,14
-PGJ3 à partir de la PGD3 ____ 112
Figure 41: Chromatogramme montrant la séparation par HPLC des différentes
prostaglandines commerciales avec leurs spectres UV correspondants _______________ 114
Figure 42: Chromatogramme obtenu par HPLC montrant la formation de 15dPGJ2 à partir
de PGD2 _________________________________________________________________ 115
Figure 43: Séparation par HPLC de la PGD2 et de la PGD3 commerciales avec leurs
spectres UV correspondants _________________________________________________ 117
Figure 44: Chromatogramme obtenu par HPLC montrant la formation de 15dPGJ3 à partir
de PGD3 commerciale avec les spectres UV correspondants ________________________ 118
Figure 45: Chromatogramme et spectre de masse de la PGD3 obtenus en GC-MS après
dérivation de la prostaglandine sous forme de pentafluorobenzyl ester, O-méthyloxime,
triméthylsilyl éther _________________________________________________________ 119
Figure 46: Chromatogramme et spectre de masse de la 15dPGJ3 obtenus en GC-MS après
dérivation de la prostaglandine sous forme de pentafluorobenzyl ester _______________ 120
Figure 47: Sécrétion d’adiponectine par les cellules 3T3-L1 incubées avec 1µM de PGD2 ou
PGD3 pendant 2h et 4h _____________________________________________________ 121
Figure 48: Sécrétion d’adiponectine par les cellules 3T3-L1 incubées avec 100nM de
15dPGJ2 ou de 15dPGJ3 pendant 2h __________________________________________ 122
Figure 49: Schéma de conclusion générale du travail de recherche __________________ 128
Tableau 1: Amorces pour qPCR _______________________________________________ 73
Tableau 2A: Composition en nutriments du régime standard (A03) et du régime riche en
DHA (DHA) _______________________________________________________________ 78
Tableau 2B: Composition en acides gras du régime standard (A03) et du régime riche en
DHA (DHA). ______________________________________________________________ 78
Tableau 3: Pourcentage de prostaglandines formées à partir de 1mM de PGD2. ________ 116
Abréviations
15
Abréviations
AA Acide arachidonique ou 20:4n-6
AGPI Acides gras polyinsaturés
AGPI-LC Acides gras polyinsaturés à longues chaînes
ALA Acide α-linolénique ou 18:3n-3
ARNm Acide ribonucléique messager
BF3 Trifluorure de bore
BSTFA N,O-Bis(triméthylsilyl)-trifluroroacétamide
C/EBP « CCAT/Enhancer binding protein »
CCM Chromatographie sur couche mince
COX Cyclooxygénase
DAG Diacylglycérol
DGAT Diacylglycérol transférase
DHA Acide docosahexaénoïque ou 22:6n-3
EPA Acide eicosapentaénoïque ou 20:5n-3
FABP Protéine de liaison aux acides gras, « Fatty Acid Binding Protein »
FAS Acide gras synthase, « Fatty Acid Synthase »
FAT Acide gras translocase, « Fatty Acid Translocase »
FATP Protéine de transport des acides gras, « Fatty Acid Transport Protein»
GC Chromatographie en phase gazeuse
GC-MS Chromatographie gazeuse couplée à la spectrométrie de masse
Glut1/4 Transporteur de glucose 1/4
HPLC Chromatographie liquide à haute performance
HLS Lipase hormono-sensible
Abréviations
16
IBMX 3-isobutyl,1-méthylxanthine
IL Interleukine
IMC Indice de masse corporelle
IRS-1 Substrat du récepteur de l’insuline 1, « Insulin Receptor Substrate -1 »
LPL Lipoprotéine lipase
LOX Lipoxygénase
LTB4 Leucotriène B4
MCP-1 Protéine chimiotactique-1 des monocytes, « Monocyte Chemotactic
Protein-1 »
NO Monoxyde d’azote
PC Phosphatidylcholine
PE Phosphatidyléthanolamine
PD1 Protectine D1
PDX Protectine DX
PGs Prostaglandines
PGI2 Prostacycline
PMN Leucocytes polynucléaires
PPAR « Peroxisome proliferator-activated receptor »
RvE/D Résolvine de la série E ou D
TG Triglycérides/ Triacylglycérols
TNFα Facteur de nécrose tumorale alpha, « Tumor Necrosis Factor alpha »
TxA2 Thromboxane A2
TxB2 Thromboxane B2
TZD Thiazolidinedione
SEM Erreur standard relative à la moyenne
SVF Sérum de veau fœtal
UCP-1 Protéine découplante-1
15dPGJ2 15-désoxy-delta12,14
-prostaglandine J2
15dPGJ3 15-désoxy-delta12,14
-prostaglandine J3
5(S),12(S)-diHETE Acide 5(S),12(S)- dihydroxy-eicosa-6E,8E,10E,14Z-tétraénoïque
8(S),15(S)-diHETE Acide 8(S),15(S)-dihydroxy-eicosa-5Z,9E,11Z,13E-tétraénoïque
Résumé
17
Résumé
Les acides gras polyinsaturés n-3 (AGPI n-3) d’origine marine, les acides
eicosapentaénoïque (EPA) et docosahexaénoïque (DHA), exercent des effets bénéfiques
potentiels sur la santé en particulier dans les maladies cardiovasculaires, l’obésité et le diabète
de type 2. Le DHA protégerait notamment contre l’insulino-résistance et l’obésité chez les
rongeurs et augmenterait la sensibilité à l’insuline chez l’Homme sain.
Notre étude vise à déterminer dans un premier temps, chez la souris, les cinétiques
d’incorporation du DHA dans les phospholipides de différents tissus ainsi que les effets d’une
supplémentation en DHA sur les sécrétions d’adiponectine et de leptine plasmatiques, deux
cytokines connues pour participer à la régulation de la sensibilité à l’insuline. Nous montrons
une amélioration du profil d’adipokines sécrétées chez les souris ayant eu une alimentation
enrichie en DHA. Cet effet s’accompagne d’une augmentation rapide de l’incorporation du
DHA dans les phospholipides de tous les tissus analysés. Ces effets bénéfiques sont rapides
puisqu’ils sont observés dès le 4ème
jour de régime et durables puisqu’ils sont toujours
observés 16 jours après l’arrêt de la supplémentation en DHA. Nous montrons également une
augmentation de la sécrétion d’adiponectine chez des souris ayant été nourries avec une
alimentation enrichie en EPA.
Dans un second temps, nous avons étudié les effets de l’EPA et du DHA ainsi que de
leurs dérivés oxygénés respectifs sur la sécrétion d’adiponectine par des adipocytes 3T3-L1
en culture. Nous observons une augmentation de la sécrétion d’adiponectine après
enrichissement des cellules avec ces AGPI n-3. Nos résultats suggèrent que des métabolites
oxygénés, issus de ces deux acides gras, pourraient contribuer à cet effet. Concernant le DHA,
nous montrons une augmentation significative de la sécrétion d’adiponectine après incubation
des cellules avec la protectine DX (PDX). Nous montrons également que seule la PDX, qui
possède dans sa structure un triène conjugué avec une géométrie E,Z,E, augmente la sécrétion
Résumé
18
d’adiponectine alors que des composés ayant une géométrie Z,E,E ou E,E,E sont inactifs. De
plus, la position du triène semble importante pour observer l’effet. Concernant l’EPA, nous
faisons l’hypothèse que la prostaglandine D3 (PGD3), un métabolite de l’EPA, pourrait être
métabolisée en 15-désoxy-delta12,14
-PGJ3 (15dPGJ3). Nous avons synthétisé de la 15dPGJ3 à
partir de PGD3 commerciale et avons vérifié sa structure. Nous observons une augmentation
de la sécrétion d’adiponectine en réponse à la PGD3 et à la 15dPGJ3.
Globalement, ces données montrent que la protection vasculaire attribuée aux acides
gras oméga-3 à longue chaîne (EPA et DHA) pourrait être liée, au moins en partie, à leur effet
positif sur la sécrétion d’adiponectine, adipocytokine active contre l’insulino-résistance et
l’athérothrombogenèse. Cet effet s’exercerait via certains métabolites oxygénés spécifiques de
ces deux acides gras.
Summary
19
Summary
N-3 polyunsaturated fatty acids (n-3 PUFA) of marine origin, eicosapentaenoic (EPA)
and docosahexaenoic (DHA) acids, potentially exert beneficial health effects, mainly in
cardiovascular diseases, obesity and type 2 diabetes. DHA protects against insulin resistance
and obesity in rodents and increases insulin sensitivity in healthy humans.
The first objective of our study was to determine the time course of DHA
incorporation into phospholipids of different tissues in mice and the effects of DHA
supplementation on plasma adiponectin and leptin secretions, two cytokines known to
participate in the regulation of insuline sensitivity. We showed an improvement of the
secreted adipokine profile in mice fed the DHA-rich diet. This effect was associated with a
significant increase in DHA incorporation into phospholipids of all analyzed tissues. The
beneficial effects on adipokines were fast, since they were observed as early as 4 days after
the initiation of the DHA-rich diet, and long lasting as they were still observed 16 days after
the arrest of DHA-rich diet feeding. We also showed an increased adiponectin secretion in
mice fed an EPA-rich diet.
We then studied the effects of EPA and DHA, and that of their oxygenated derivatives
on adiponectin secretion in 3T3-L1 adipocytes. We observed an increased adiponectin
secretion after cell enrichment with these n-3 PUFA. Our results suggest that oxygenated
metabolites could contribute to this effect. Regarding DHA, we showed a significant increase
in adiponectin secretion after cell incubation with protectin DX (PDX). We also showed that
only PDX, which has a E,Z,E-conjugated triene motif in his stucture, increased adiponectin
secretion, whereas Z,E,E trienes or E,E,E trienes were inactive. Moreover, the triene position
in the fatty chain seems to be important for the effect. Regarding EPA, we hypothesized that
prostaglandin D3 (PGD3), an EPA metabolite, may be metabolized to 15-deoxy-delta12,14
-PGJ3
Summary
20
(15dPGJ3). We synthesized 15dPGJ3 from a commercial PGD3 and we verified its structure.
We then studied the effects of these two prostaglandins on adiponectin secretion. We
observed an increased adiponectin secretion in response to PGD3 and to 15dPGJ3.
Overall, these data show that at least part of the vascular protection attributed to long-
chain omega-3 fatty acids (EPA and DHA) could result from a positive effect on the secretion
of adiponectin, an adipocytokine active against insulin-resistance and atherothrombogenesis.
Those effects might be due to some specific oxygenated metabolites from both fatty acids.
Introduction
21
Introduction L’absorption d’acides gras polyinsaturés oméga-3 (AGPI n-3) d’origine marine,
principalement l’acide eicosapentaénoïque (EPA, 20:5n-3) et l’acide docosahexaénoïque
(DHA, 22:6n-3), a des effets bénéfiques potentiels sur la santé, notamment dans les maladies
cardiovasculaires. L’obésité et le diabète de type 2 sont connus pour leur risque vasculaire. Si
les relations entre l’obésité, le diabète de type 2, l’inflammation et le risque vasculaire ont fait
l’objet de nombreuses études, il n’en est pas de même en ce qui concerne les liens entre les
AGPI n-3 et ces pathologies. Les AGPI n-3 peuvent protéger contre le développement de ces
maladies, améliorer la sensibilité à l’insuline avec des effets protecteurs contre l’obésité
(Delarue et al, 1996 ; Schmidt et al, 2000 ; Connor, 2000 ; Holub, 2002 ; Taouis et al, 2002 ;
Flachs et al, 2009 ; González-Périz et al, 2009). Ces pathologies constituent aujourd’hui un
enjeu de santé publique majeur.
Les mécanismes sous-jacents aux effets bénéfiques des AGPI n-3 sont nombreux,
notamment l’inhibition compétitive avec l’acide arachidonique (AA, 20:4n-6) pour sa
conversion en eicosanoïdes pro-inflammatoires. En effet, le DHA est un inhibiteur puissant de
la voie cyclooxygénase affectant la production d’eicosanoïdes (Calder, 2002) alors que l’EPA
est un substrat pour la synthèse d’eicosanoïdes (Yerram et al, 1989). Les eicosanoïdes dérivés
de l’AA ont en général des effets pro-inflammatoires alors que ceux dérivés de l’EPA ont des
effets anti-inflammatoires. Les AGPI n-3 entraînent également la modification de l’activité
d’enzymes membranaires (al-Shurbaji et al, 1991), la modulation de l’expression génique
(Flachs et al, 2005 ; Jump, 2004 ; Blouin et al, 2010 ; Duplus et al, 2002) et des modifications
des voies de sécrétion des adipokines. Le tissu adipeux est un tissu métabolique actif sécrétant
de multiples protéines nommées adipokines (Trayhurn & Wood, 2004 ; Bastard et al, 2006).
Parmi elles, l’adiponectine est sécrétée quasiment exclusivement par les adipocytes. Elle
Introduction
22
exerce des propriétés de sensibilisation à l’insuline ainsi que des propriétés anti-
inflammatoires et anti-athérogènes (Díez & Iglesias, 2003 ; Arita et al, 1999 ; Nawrocki et al,
2006 ; Shklyaev et al, 2003). Les concentrations plasmatiques d’adiponectine diminuent chez
les patients atteints de diabète de type 2, d’insulino-résistance et d’obésité (Arita et al, 1999 ;
Hotta et al, 2000 ; Ryan et al, 2003 ; Bruun et al, 2003). La réduction du rapport AGPI n-6/n-
3 dans l’alimentation a été associée à une diminution de cytokines pro-inflammatoires et à une
augmentation de l’adiponectine plasmatique chez des volontaires sains (Guebre-Egziabher et
al, 2008). L’absorption d’AGPI n-3 peut également modifier la sécrétion d’autres adipokines
comme la leptine, cette dernière étant suggérée faire aussi un lien entre l’inflammation,
l’insulino-résistance et l’obésité (Ahima & Flier, 2000 ; Sader et al, 2003). Contrairement à
l’adiponectine, la leptine a des effets pro-inflammatoires (Janik et al, 1997 ; Grunfeld et al,
1996 ; Francis et al, 1999). Il a été montré que les concentrations plasmatiques de leptine
diminuaient chez des souris ayant été nourries pendant 15 jours avec une alimentation
contenant de l’huile de poisson (Neschen et al, 2006).
Les études montrant les effets bénéfiques des AGPI n-3 à longue chaîne sur la santé
ont été pour la plupart réalisées en utilisant des huiles de poisson. Or, ces dernières
contiennent principalement de l’EPA et du DHA. Une autre préoccupation est qu’il n’était pas
connu si les effets protecteurs des AGPI n-3 étaient maintenus après l’arrêt de la
supplémentation. De plus, alors que l’apport en DHA est conseillé, les cinétiques
d’incorporation de cet acide gras restaient largement inconnues. Dans ce contexte, nos
premiers objectifs ont été de déterminer, chez la souris, les cinétiques d’incorporation
du DHA dans les phospholipides de différents tissus et les effets d’une supplémentation
en DHA sur les sécrétions d’adiponectine et de leptine plasmatiques. Les souris ont été
nourries pendant 4, 8, 16 ou 32 jours avec une alimentation standard (sous forme de
croquettes) contenant 5% de lipides (groupe contrôle) ou avec une alimentation enrichie en
DHA (10% de TG-DHA) (groupe expérimental). Certaines souris ont été nourries pendant 16
jours avec l’alimentation enrichie en DHA puis les 16 jours suivants avec l’alimentation
standard (période de « wash-out »). Nous avons également comparé l’effet du DHA et de
l’EPA sur la sécrétion de cytokines plasmatiques. Pour cela, des souris ont été nourries
pendant 4 jours avec une alimentation enrichie en EPA (10% de TG-EPA).
Introduction
23
Nous avons dans un second temps compléter l’étude in vivo précédemment décrite
par des études in vitro. Nous avons étudié plus particulièrement les effets d’un
enrichissement en AGPI n-3, DHA et EPA, sur la sécrétion d’adiponectine dans des
cultures de cellules (adipocytes 3T3-L1). Enfin, l’étude des mécanismes nous a amené à
examiner si des métabolites oxygénés issus de ces deux acides gras pouvaient contribuer
aux effets observés. Concernant le DHA, nous nous sommes intéressés à la protectine DX
(PDX), un isomère de la protectine D1, correspondant à l’acide 10(S),17(S)-dihydroxy-
docosa-4Z,7Z,11E,13Z,15E,19Z-hexaénoïque. De plus, afin de préciser si la géométrie du
triène conjugué de la PDX (E,Z,E) était importante dans l’effet observé sur la sécrétion
d’adiponectine, nous avons incubé les adipocytes 3T3-L1 avec des molécules possédant des
triènes conjugués avec des géométries différentes (Z,E,E ; E,E,E). Concernant l’EPA, nous
avons fait l’hypothèse qu’il pourrait être métabolisé en prostaglandine D3 (PGD3) puis en 15-
désoxy-delta12,14
-PGJ3 (15dPGJ3) comme cela a été montré pour la 15dPGJ2 issue de la PGD2
(Fitzpatrick & Wynalda, 1983 ; Kikawa et al, 1984 ; Shibata et al, 2002). Il est intéressant de
noter que la 15dPGJ2 a été décrite comme une molécule ayant des propriétés anti-
inflammatoires. Nous avons dans un premier temps synthétisé de la 15dPGJ3 à partir de PGD3
commerciale et testé les effets de ces deux prostaglandines sur la sécrétion d’adiponectine
comparativement à la PGD2 et à la 15dPGJ2.
La première partie de ce mémoire, consacrée aux « Rappels bibliographiques »,
comporte 7 chapitres. Dans le premier chapitre, nous rapportons les données relatives aux
acides gras et détaillons dans le chapitre 2 les métabolites oxygénés dérivés des acides gras.
Les chapitres 3, 4 et 5 seront consacrés, respectivement, au tissu adipeux, aux adipocytes
blancs et aux adipokines. Enfin, les chapitres 6 et 7 rapportent les données concernant
l’obésité et le diabète de type 2 puis le rôle des AGPI n-3 dans ces pathologies. Le reste de ce
mémoire, réservé au travail personnel, s’articule autour de trois parties : la partie « Matériels
et méthodes » ; la partie « Résultats » scindée en deux chapitres : I) « Etude in vivo » et II)
« Etude in vitro : Adipocytes 3T3-L1 », chacun étant discuté en fin de chapitre. Enfin, le
mémoire se termine par la partie « Conclusion générale et perspectives ».
Rappels Bibliographiques
24
Rappels Bibliographiques Chapitre 1 - Les Acides gras
I.1 Généralités
Les acides gras ont un caractère structural commun ; ils sont tous constitués (Fig. 1):
- d’un groupement carboxyle –COOH, responsable du caractère acide et polaire au pH de la
cellule,
- d’une chaine linéaire hydrocarbonée de 2 à 22 atomes de carbones à caractère hydrophobe.
Figure 1: Structure générale d’un acide gras
Les acides gras existent rarement à l’état libre dans la cellule. L’oxydation complète
des acides gras fournit une grande part des besoins énergétiques nécessaires. La chaîne
hydrocarbonée peut être saturée, monoinsaturée ou polyinsaturée lorsqu’elle possède au
moins une double liaison.
Dans la suite de ce mémoire ne seront décrits que les acides gras polyinsaturés.
Rappels Bibliographiques
25
I.2 Les Acides Gras Polyinsaturés (AGPI)
Tous les acides gras ont des fonctions importantes, mais le terme « essentiel » est
appliqué seulement aux acides gras polyinsaturés (AGPI) qui sont nécessaires pour une bonne
santé (Spector, 1999). Les AGPI sont une part intégrale de la membrane cellulaire ; ils
impactent significativement sur la fluidité membranaire et la fonction cellulaire. Les AGPI
servent de constituants majeurs des phospholipides, des triglycérides et des esters de
cholestérol.
Il existe deux familles d’AGPI essentiels, nommées n-6 (ou oméga-6) et n-3 (ou
oméga-3) ; ces deux familles ne sont pas interconvertibles. Elles sont appelées ainsi car la
double liaison la plus proche du groupe méthyle terminal est portée par le 6e (n-6) ou le 3
e
carbone (n-3) à partir de cette extrémité.
Deux acides gras sont à l’origine de ces familles, l’acide linoléique (18:2n-6), celui de
la famille des oméga-6, et l’acide alpha-linolénique (18:3n-3) qui est le précurseur des oméga-
3. Ces deux acides gras sont indispensables car ils ne sont pas synthétisables par l’organisme.
Ils doivent donc être consommés dans l’alimentation. Beaucoup d’huiles alimentaires
d’origine végétale sont sources de 18:2n-6 alors que les huiles de poissons sont en général
riches en 18:3n-3.
Les animaux sont capables de désaturer et d’élonger ces deux acides gras
indispensables en homologues insaturés supérieurs (Fig. 2). Parmi eux, deux AGPI sont
importants en raison de leurs rôles structural et fonctionnel, l’acide arachidonique (AA,
20:4n-6) et l’acide docosahexaénoïque (DHA, 22:6n-3). En plus d’une synthèse à partir de
leur précurseur respectif, ces deux AGPI peuvent être également apportés par l’alimentation
(viandes pour l’AA et poissons pour le DHA, en particulier dans certains poissons gras).
Rappels Bibliographiques
26
Figure 2: Biosynthèse des acides arachidonique et docosahexaénoïque à partir des acides gras essentiels.
Δ et E : étapes catalysées respectivement par une désaturase (Δ) et une élongase (E).
Sous la forme estérifiée dans les phospholipides, les AGPI sont les constituants
universels des membranes cellulaires.
L’AA représente à lui seul 25% des acides gras présents dans les membranes. La
stéréochimie des acides gras permet de modifier la structure des phospholipides et donc
l’activité des protéines membranaires (enzymes, transporteurs, récepteurs). Les AGPI sont
également impliqués dans l’activation de facteurs de transcription nucléaires, dans la
transduction de signaux et dans la production d’eicosanoïdes (Spector, 1999).
Le DHA, issu de l’acide eicosapentaénoïque (EPA, 20:5n-3), est l’acide gras le plus
insaturé avec la plus longue chaîne carbonée trouvée dans les systèmes biologiques (Salem et
al, 1986) et plus spécialement dans certains tissus comme les synaptosomes (Breckenridge et
al, 1972), le sperme (Neill & Masters, 1973) et la rétine (Wiegand & Anderson, 1983).
Le DHA s’incorpore rapidement dans diverses cellules, principalement dans les
phospholipides des membranes plasmiques (Zerouga et al, 1996) et des mitochondries
(Stillwell et al, 1997 ; Tahin et al, 1981). Il n’est pas distribué de manière égale entre toutes
les classes de phospholipides. La plupart des études montrent que cet acide gras est
principalement incorporé dans les phosphatidyléthanolamines (PE), les plasmalogènes à
éthanolamine et dans de plus faible proportion dans les phosphatidylcholines (PC) et les
autres classes de phospholipides (Robinson et al, 1993 ; Stubbs & Smith, 1984 ; Yorek et al,
1984). Ceci suggère que le DHA peut affecter le trafic ou le métabolisme de ces
Rappels Bibliographiques
27
phospholipides ou produire des changements structurels dans la bicouche lipidique
membranaire (Applegat & Glomset, 1991).
Au travers d’études diététiques, le DHA a été lié de manière positive à une multitude
de pathologies humaines telles que le cancer, les maladies cardiovasculaires, l’obésité, le
diabète de type 2 et d’autres.
Rappels Bibliographiques
28
Chapitre 2 - Métabolisme oxygéné des AGPI
Une fois libérés des phospholipides membranaires par l’action des phospholipases, les
AGPI, et plus spécifiquement l’AA, peuvent être métabolisés par la voie de la
cyclooxygénase et la voie de la lipoxygénase conduisant à divers produits bioactifs. Si les
AGPI n-6, notamment l’AA, peuvent être associés à l’athérogenèse, les AGPI n-3 sont plutôt
décrits comme protecteurs cardiovasculaires. Le DHA est notamment un inhibiteur puissant
de la voie cyclooxygénase affectant la production d’eicosanoïdes (Calder, 2002).
II-1 Les prostanoïdes
Les prostaglandines sont des prostanoïdes qui modulent de nombreux processus
physiologiques et physiopathologiques tels que l’inflammation, la réponse immunitaire,
l’arthrite, les cancers. Les prostaglandines jouent un rôle important dans le développement du
tissu adipeux blanc. Des travaux récents montrent également qu’elles jouent un rôle
déterminant dans la différenciation des cellules en adipocytes. Les prostaglandines peuvent
être issues de l’AA ou de l’EPA.
II.1.1 Prostanoïdes issus de l’AA
II.1.1.a) Voie de synthèse
L’étape initiale de la voie de synthèse des prostaglandines est la libération d’AA des
phospholipides de la membrane plasmique par l’action d’une phospholipase A2 (Fig. 3).
L’AA libéré est ensuite converti en prostaglandine G2 (PGG2) puis en PGH2 intermédiaire,
par des activités cyclooxygénase et peroxydase au sein d’enzymes appelées PGH synthase ou
cyclooxygénase (COX).
Il existe deux formes de PGH synthase, une forme constitutive (PGH synthase 1 ou
COX-1) et une forme inductible (PGH synthase 2 ou COX-2). La COX-2 est un site d’action
majeur des anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’aspirine et l’indométhacine
(Herschman, 1999). Son expression est inductible par des cytokines pro-inflammatoires.
Rappels Bibliographiques
29
L’expression des deux isoformes de COX est régulée et ces dernières jouent un rôle essentiel
dans la synthèse à long terme des prostanoïdes (Smith et al, 1996). Leurs structures
cristallines ont été établies ; COX-2 possède un site actif plus large que celui de COX-1 ce qui
est en accord avec la moindre spécificité de COX-2 pour les substrats. En effet, COX-2
métabolise des substrats tels que l’anandamide et l’acide linoléique (Picot et al, 1994 ;
Kurumbail et al, 1996).
Les prostaglandines sont produites par l’action de synthases spécifiques (PGE2, PGD2,
PGF2α synthases). PGH2 peut également être convertie en thromboxane (TxA2) ou en
prostacycline (PGI2) (Fig. 3).
Figure 3: Voie de synthèse des prostanoïdes à partir de l’acide arachidonique. Libération de l’acide
arachidonique (AA) de la membrane biologique par l’action phospholipase A2 cytosolique (cPLA2). L’AA est
ensuite converti en prostaglandine G2 (PGG2) puis en PGH2 permettant d’une part la formation de
prostaglandines par l’action de synthases spécifiques et d’autre part la formation de thromboxane (Tx) et de
prostacycline (PGI2).
Rappels Bibliographiques
30
II.1.1.b) Biologie fonctionnelle des prostanoïdes
Lorsque les cellules sont au repos, elles expriment COX-1 tandis que COX-2 est
induite en réponse à une activation cellulaire ou par des stimuli pathologiques. Dès que PGH2
est produite, elle est rapidement convertie en prostaglandines plus stables telles que PGE2,
PGD2, PGI2, PGF2α par des isomérases spécifiques des différents tissus. Ces médiateurs sont
rapidement secrétés dans le milieu extracellulaire par des transporteurs spécifiques (Schuster,
1998).
Les prostaglandines exercent des effets autocrines ou paracrines par l’intermédiaire de
leurs récepteurs. La plupart agissent sur des récepteurs membranaires couplés aux protéines
G. Ces récepteurs vont interagir à leur tour avec des systèmes de signalisations cytosoliques
pour provoquer de nombreuses réponses physiologiques rapides comme l’agrégation
plaquettaire, la relaxation/contraction des muscles lisses, la plasticité neuronale ou la
perméabilité vasculaire.
Par exemple, la PGE2 est un facteur angiogénique puissant. Dans l’arthrite rhumatoïde,
l’activation de COX-2 est corrélée avec une angiogenèse synoviale importante, un processus
pathologique très destructeur. PGE2 active ses récepteurs sur les fibroblastes synoviaux et
augmente l’expression de VEGF (« vascular endothelial cell growth factor ») qui est un
angiogène puissant. Le récepteur de sous-type EP2 des récepteurs de PGE active des protéines
Gs/AMP-cyclique et les protéines kinases A, qui vraisemblablement augmentent la
transcription de VEGF (Ben-Av et al, 1995).
A l’inverse, il existe des prostaglandines comme la 15-désoxy-delta12,14
-prostaglandine
J2 (15dPGJ2) (Fig. 4), un produit de transformation de PGD2 (Fitzpatrick & Wynalda, 1983 ;
Shibata et al, 2002), qui agissent à l’intérieur de la cellule en se fixant à des récepteurs
nucléaires comme les « peroxisome proliferator activated receptors » (PPARs).
Suite à l’activation des PPARs par des ligands endogènes telle que la 15dPGJ2, ces
derniers vont s’hétérodimériser avec les récepteurs rétinoïdes X (RXR) pour induire des
réponses transcriptionnelles spécifiques. Des études ont montré que l’activation nucléaire par
certaines prostaglandines inhibe la croissance tumorale (Negeshi et al, 1995) et la réplication
virale (Santoro et al, 1980). Plus récemment, il a également été mis en évidence le rôle des
PPARs et de la 15dPGJ2 dans la différenciation des cellules spumeuses en réponse aux LDL
Rappels Bibliographiques
31
oxydés (Tontonoz et al, 1998) et dans l’inhibition des gènes pro-inflammatoires, NFκB-
dépendants dans les monocytes (Jiang et al, 1998). Dans l’endothélium vasculaire,
l’activation de la voie des PPARs provoque l’apoptose suggérant que cette voie de
signalisation est un médiateur de la blessure vasculaire. Le fait que la 15dPGJ2 soit le ligand
endogène le plus efficace des PPARs suggère que la voie COX / PGD synthase est
responsable de l’activation des PPARs. Par ailleurs, d’autres acides gras et eicosanoïdes sont
également des ligands des PPARs.
Figure 4: Formation spontanée de la 15-désoxy-Δ12,14
-prostaglandine J2 à partir de PGD2 (d’après Shibata et
al, 2002). La PGD2 est convertie en PGJ2 puis en 15-désoxy-Δ12,14-PGJ2 par déshydratation et de manière
indépendante à l’albumine. Cette dernière n’étant impliquée que dans le processus menant à la formation de Δ12-
PGJ2 à partir de PGJ2.
Rappels Bibliographiques
32
II.1.2 Prostanoïdes issus de l’EPA
L’EPA est un substrat pour la synthèse d’eicosanoïdes (Yerram et al, 1989). C’est un
inhibiteur compétitif du métabolisme de l’AA pour les mêmes voies métaboliques (Yerram &
Spector, 1989 ; Williard et al, 1998) y compris pour l’étape de la libération d’acide gras à
partir des phospholipides membranaires des cellules impliquées.
L’EPA est transformé en eicosanoïdes analogues à ceux qui sont issus de l’AA mais
en conservant la double liaison supplémentaire en n-3. En effet, il est converti en PGG3 puis
en PGH3 via la voie de la cyclooxygénase (Fig. 5). Cet endoperoxyde de la série-3 est ensuite
converti enzymatiquement en différents composés.
Figure 5: Voie de synthèse des prostanoïdes issues de l’EPA. Libération de l’EPA de la membrane biologique
par l’action phospholipase A2 cytosolique (cPLA2). L’EPA est ensuite converti en prostaglandine G3 (PGG3) puis
en PGH3 permettant d’une part la formation de prostaglandines par l’action de synthases spécifiques et d’autre
part la formation de thromboxane (Tx) et de prostacycline (PGI3).
Rappels Bibliographiques
33
Les eicosanoïdes dérivés de l’AA ont en général des effets pro-inflammatoires alors
que ceux dérivés de l’EPA ont des effets anti-inflammatoires ; ces derniers contribuent à la
protection des artères et du cœur et ont des effets anti-allergiques reconnus (Coulhon, 2009).
Ces effets anti-inflammatoires peuvent inclure une diminution de la production de
substances inflammatoires comme le leucotriène B4 (LTB4) et les facteurs d’activation
plaquettaire (PAF) libérés par l’action de cytokines, une réduction de la synthèse de PGE2
induite par les cytokines et du TXB2 au niveau de la muqueuse du colon (Endres et al, 1989 ;
Lowry & Thompson, 1994). Alors que l’AA, la PGH2 et le TxA2 sont des puissants agrégants
plaquettaires, l’EPA, la PGH3, le TXA3 ainsi que la PGD3 ne provoquent pas l’agrégation
plaquettaire (Needleman et al, 1976 ; Raz et al, 1977 ; Whitaker et al, 1979).
Au niveau des pathologies cardiovasculaires, le risque d’arythmie ventriculaire induite
par ischémie s’est avéré être directement proportionnel à la balance entre TXA2 et PGI2
(prostacycline). Il a été montré que la PGI2 réduit la pression sanguine et inhibe l’agrégation
plaquettaire en diminuant les concentrations de calcium. La réduction du risque de fibrillation
ventriculaire est probablement due à la diminution du rapport AA/EPA et à un déplacement
de la production d’eicosanoïdes vers l’augmentation de TXA3 et de PGI3 aux dépens de TXA2
et de PGI2. De plus, dans les cellules endothéliales, la PGI3 est synthétisée à partir de l’EPA et
s’ajoute à la PGI2 (Fischer & Weber, 1984). La PGI3 est connue pour être un vasodilatateur
efficace, un anti-agrégant plaquettaire comme la PGI2 et pourrait contribuer à une réduction
des risques de maladies cardiovasculaires (Das, 2000).
Les drogues anti-inflammatoires non stéroïdiennes comme l’aspirine sont connues
pour diminuer la formation de TXA2 et TXA3 plaquettaires à partir de l’AA et de l’EPA. Ceci
aurait comme conséquence un déplacement de l'équilibre entre PGI2/PGI3 endothélial et
TXA2/TXA3 plaquettaire en faveur de PGI2/PGI3 qui est bénéfique dans la prévention de
l'athérosclérose et de la thrombose. Ceci pourrait expliquer les actions bénéfiques observées
avec l’aspirine dans les maladies cardiovasculaires (Das, 2005).
Rappels Bibliographiques
34
Figure 6: Schéma général de synthèse d’eicosanoïdes à partir d’acide arachidonique et d’acide
eicosapentaénoïque (d’après Le et al, 2009). L’acide arachidonique est le précurseur des prostanoïdes de la
série 2 et des leucotriènes de la série 4. L’acide eicosapentaénoïque est le précurseur des prostanoïdes de la série
3 et des leucotriènes de la série 5.
II.1.3 Prostanoïdes et adipocytes
Les prostaglandines ont un rôle important dans le processus de différenciation
adipocytaire. Leur rôle dépend notamment du stade de différenciation et il diffère d’une
prostaglandine à l’autre. La PGI2, par exemple, est associée positivement à la différenciation
terminale des adipocytes (Reichert & Eick, 1999). La PGI2 augmente également l’expression
de CCAT/enhancer binding proteins (C/EBP) β et δ des préadipocytes (Aubert et al, 2000).
Son analogue stable, la carbaprostacycline induit la différenciation terminale des adipocytes
en augmentant la concentration cellulaire en AMPc et la libération intracellulaire de calcium.
A l’inverse, la PGF2α inhibe fortement la différenciation adipocytaire en activant la protéine
Gq et la calcineurine, une phosphatase calcium dépendante. Elle diminue également les
facteurs de transcriptions indispensables à la différenciation adipocytaire, comme PPARγ et
C/EBP (Liu & Clipstone, 2007). De même, la PGE2 inhibe la différenciation adipocytaire par
l’intermédiaire de son récepteur EP4 (Sugimoto et al, 2004). Récemment, il a été montré que
la 15-céto-PGE2, un métabolite de la PGE2, se fixe sur PPARγ et favorise ainsi la
différenciation adipocytaire (Chou et al, 2007).
Rappels Bibliographiques
35
La 15dPGJ2 est également un ligand naturel de PPARγ (Forman et al, 1995 ; Soares et
al, 2005). Elle induit l’expression des gènes de la différenciation adipocytaire (Forman et al,
1995 ; Kliewer et al, 1995). Des études ont montré que la PGD2 synthase est exprimée en
parallèle à PPARγ durant la différenciation adipocytaire (Jowsey et al, 2003) et que son
expression augmente en fonction de la différenciation adipocytaire. La diminution de la
protéine PGD2 synthase, à l’aide de siRNA, inhibe l’accumulation de triglycérides et la
différenciation des fibroblastes 3T3-L1 (Fujimori et al, 2007). L’ensemble de ces résultats
suggère que les prostaglandines ont des effets extrêmement complexes sur la différenciation
adipocytaire.
Rappels Bibliographiques
36
II-2 Les résolvines, les protectines et les marésines
Récemment, il a été mis en évidence que les AGPI n-3, en particulier l’EPA et le
DHA, sont les précurseurs d’un nouveau genre de médiateurs lipidiques dotés de propriétés
anti-inflammatoires et protectrices « proresolving ». Parmi ces médiateurs lipidiques on
distingue trois familles : les résolvines, les protectines et les marésines.
II.2.1 Les résolvines
Le terme de résolvine (ou « resolution-phase interaction products ») se rapporte aux
médiateurs bioactifs endogènes biosynthétisés à partir des acides gras oméga-3 principaux,
l’EPA et le DHA. Par conséquent, il existe des résolvines de la série E (RvE) et de la série D
(RvD) (Serhan et al, 2002). Les résolvines sont également produites par la voie dépendante de
la cyclooxygénase (COX-2) en présence d’aspirine.
Les RvE (Fig. 7), dérivées de l’EPA, ont été initialement isolées in vivo à partir de
poches d’air dorsales murines traitées avec de l’aspirine et de l’EPA. Elles ont été également
générées in vitro à partir de co-incubation de cellules endothéliales humaines avec des
leucocytes polymorphonucléaires (PMN) (Serhan et al, 2000). La famille des RvE contient les
RvE1 et les RvE2.
La RvE1 (l’acide 5S,12R,18R-trihydroxy-eicosa-6Z,8E,10E,14Z,16E-pentaénoïque)
est le premier produit à avoir été isolé et étudié en détail. La RvE1 réduit, à des concentrations
nanomolaires, la migration trans-endothéliale des PMNs humains, l’inflammation cutanée, les
péritonites, la migration de cellules dendritiques et la production d’interleukine (IL)-12 dans
différents modèles de maladies inflammatoires (Serhan et al, 2000 ; Serhan et al, 2002 ; Arita
et al, 2005 ; Bannenberg et al, 2005). La RvE1 est spontanément produite chez les sujets sains
et sa concentration est augmentée chez les individus prenant de l’aspirine et/ou de l’EPA
(Arita et al, 2005).
La RvE2 (5S,18(R/S)-dihydroxy-eicosa-6Z,8E,10E,14Z,16E-pentaénoïque) est
synthétisée par les PMNs humains dans des proportions plus importantes que la RvE1. Elle
Rappels Bibliographiques
37
stoppe l’infiltration des PMNs induite par le zymosan et possède des propriétés anti-
inflammatoires efficaces dans les péritonites murines (Tjonahen et al, 2006).
Figure 7: Biosynthèse des résolvines de la série E (RvE) (d’après Kohli & Levy, 2009). L’EPA est converti en
18-hydroxy-EPE soit par le cytochrome P450 soit par la COX2 en présence d’aspirine. Cet intermédiaire est
alors transformé par la 5-LOX en 5S-hydropéroxy-18-hydroxy-EPE subissant ensuite soit une époxydation
enzymatique menant à RvE1 soit une réduction menant à RvE2.
Les RvD, dérivées du DHA, ont été initialement découvertes dans des exsudats de
souris prenant du DHA plus de l’aspirine. Elles présentent des actions anti-inflammatoires
efficaces (Serhan et al, 2002) et sont particulièrement intéressantes du fait que le cerveau, les
synapses et la rétine sont hautement enrichis en DHA (Bazan et al, 1984 ; Salem et al, 2001 ;
Marcheselli et al, 2003). Différentes résolvines peuvent être formées à partir du DHA, les
AT-RvD1~4 (pour « aspirin-triggered » Rv) et les RvD1~4, par des oxygénations
séquentielles, initiées, respectivement, par la COX-2 acétylée par l’aspirine ou le cytochrome
P450 ou bien par la 15-lipoxygénase (15-LOX). La RvD1 est l’acide 7S,8R,17S-trihydroxy-
docosa-4Z,9E,11E,13Z,15E,19Z-hexaénoïque et l’AT-RvD1 est l’acide 7S,8R,17SR-
trihydroxy-docosa-4Z,9E,11E,13Z,15E,19Z-hexaénoïque. Les Rv de la série D sont de
puissants régulateurs limitant l’infiltration des PMNs dans le cerveau, la peau ou le péritoine
(Serhan et al, 2002 ; Hong et al, 2003 ; Marcheselli et al, 2003).
Rappels Bibliographiques
38
II.2.2 Les protectines
Les protectines se distinguent par la présence d’un triène conjugué dans leur structure
(Serhan et al, 2002 ; Hong et al, 2003). Elles sont biosynthétisées via une enzyme
lipoxygénase-like qui converti le DHA en un intermédiaire, l’acide 17S-hydroperoxyde-
docosahexaénoïque. Celui-ci est rapidement converti en 16(17)-époxyde qui est
enzymatiquement transformé en acide 10R,17S-dihydroxy-docosa-4Z,7Z,11E,13E,15Z,19Z-
hexaénoïque (Serhan et al, 2002 ; Hong et al, 2003) (Fig. 8).
Figure 8: Biosynthèse de la protectine D1 (d’après Kohli & Levy, 2009). Le DHA est converti en 17S-
hydroxy-DHA par une 15-LOX. Le 17S-hydroxy-DHA est ensuite transformé en Protectine D1 via un époxyde
intermédiaire.
Cette molécule initialement nommée 10,17-diHDHA ou 10,17S-docosatriène (Hong et
al, 2003) est maintenant connue sous le nom de protectine D1 (PD1) à cause de son activité
protectrice efficace dans l’inflammation (Serhan et al, 2006 ; Marcheselli et al, 2003 ; Lukiw
et al, 2005 ; Mukherjee et al, 2004). On l’appelle neuroprotectine D1 lorsqu’elle est produite
par les tissus neuronaux, le préfix neuro signifiant ainsi l’origine de biosynthèse (Serhan et al,
2006 ; Mukherjee et al, 2004).
Rappels Bibliographiques
39
La PD1 est synthétisée par des cellules mononucléaires du sang périphérique humain
et dans les cellules T CD4+ Th2 de manière LOX-dépendante (Hong et al, 2003 ; Serhan et
al, 2006). Elle a été également isolée à partir d’exsudats murins, de cellules cérébrales
murines, de cellules microgliales humaines (Serhan et al, 2002) et de sang périphérique
humain (Hong et al, 2003).
Diverses études montrent que la PD1 possèdent de puissantes actions
immunorégulatrices et neuroprotectives. Comme les résolvines, les protectines inhibent
l’infiltration des PMNs (Hong et al, 2003 ; Serhan et al, 2006). Dans la maladie d'Alzheimer,
la biosynthèse de NPD1 est activée par la protéine-α, précurseur de l’amyloïde soluble
(Lukiw et al, 2005). Il est intéressant de noter que les concentrations de DHA, de NPD1 et de
15-LOX sont sélectivement diminuées dans l’hippocampe de patients souffrant de la maladie
d’Alzheimer. Ceci fournit un mécanisme plausible pour expliquer la diminution de la
neuroprotection dans la maladie d'Alzheimer avec moins d'inhibition de l’apoptose et par
conséquent une augmentation de la mort des cellules neuronales (Marcheselli et al, 2003 ;
Mukherjee et al, 2004 ; Lukiw et al, 2005). Dans des modèles de souris, il a été montré que la
NPD1 diminue les préjudices rétiniens (Mukherjee et al, 2003), les dommages cérébraux dus
à un accident vasculaire cérébral notamment en inhibant l’infiltration des leucocytes et
l’expression de gènes pro-inflammatoires (Marcheselli et al, 2003).
Un isomère de la PD1 (Fig. 9), la PDX (l’acide 10S,17R-dihydroxy-docosa-
4Z,7Z,11E,13Z,15E,19Z-hexaénoïque), a été mis en évidence au laboratoire. Sa structure
diffère de celle de la PD1 avec une géométrie E,Z,E (PDX) au lieu de E,E,Z (PD1) au niveau
du triène conjugué ainsi qu’une configuration S du carbone 10 à la place de R pour la PD1. La
PDX inhibe l’agrégation plaquettaire du sang humain et ceci à des concentrations sub-
micromolaires (Chen et al, 2009).
COOH
HO
OH
COOH
OH
HO
Figure 9: Représentation schématique de la PD1 et de la PDX. La PDX est un isomère de la PD1.
Z
E E
Z
E
E
PD1
PDX
Rappels Bibliographiques
40
II.2.3 Les marésines
Une nouvelle voie de biosynthèse de médiateurs issus du DHA a été mise en évidence
en 2009 dans les macrophages (Serhan et al, 2009) (Fig. 10). Le produit principal est la
marésine 1 (MaR1) ou l’acide 7,14-dihydroxy-docosa-4Z,8,10,12,16Z,19Z-hexaénoïque. Ce
produit est nommé marésine pour « macrophage mediator in resolving inflammation ». Il a
été mis en évidence dans des exsudats de liquides péritonéaux de souris contenant des
macrophages. MaR1 inhibe l’infiltration des PMNs et stimule la phagocytose des
macrophages. Ce nouveau médiateur lipidique possède une activité anti-inflammatoire et des
propriétés protectrices « proresolving » similaires à celle de la RvE1 et de la PD1 (Serhan et
al, 2009).
Figure 10: Schéma de biosynthèse de Marésine 1 (MaR1) (d’après Serhan et al, 2009). Le DHA est converti
par une 12/15-LOX en 14S-hydropéroxy-DHA puis en Marésine 1 via un époxyde intermédiaire.
Rappels Bibliographiques
41
Chapitre 3 - Le tissu adipeux
Le tissu adipeux est un acteur majeur de l’homéostasie énergétique de l’organisme.
Les Mammifères possèdent deux types de tissus adipeux : le tissu adipeux blanc et le tissu
adipeux brun. Le tissu adipeux blanc a un rôle de stockage d’énergie alors que le tissu
adipeux brun intervient essentiellement dans la thermogénèse.
III.1 Le tissu adipeux blanc
Le rôle principal du tissu adipeux blanc est le stockage d’énergie du surplus calorique
ingéré sous forme de triglycérides (TG) et le relargage d’acides gras lorsque la dépense
énergétique dépasse la prise d'énergie. Bien que le tissu adipeux blanc ait été longtemps
considéré comme un tissu métaboliquement inactif, nous savons maintenant qu'il participe
activement à la régulation du métabolisme énergétique. Cette régulation est réalisée par des
signaux endocrines, paracrines et autocrines.
Le tissu adipeux blanc remplit de nombreuses fonctions : 1) le métabolisme des lipides
comprenant la synthèse et le stockage des TG ; 2) la lipolyse et la mobilisation des acides gras
et du glycérol ; 3) l’extraction de la circulation des TG des lipoprotéines ; 4) la sécrétion
d’adipokines qui incluent des hormones, des cytokines et d’autres protéines ayant des
fonctions biologiques spécifiques ; 5) l’aromatisation des androgènes et des œstrogènes ; 6) la
conversion du glucose en lactate avec la libération du lactate ; 7) la régulation de la
température par l’isolation thermique.
Dans le tissu adipeux blanc, environ 70 à 80% des cellules sont des adipocytes. Le
reste est représenté par des fibroblastes, des macrophages, des cellules stromales, des
monocytes et des préadipocytes (Geloën et al, 1989). Le statut nutritionnel, l’activité
hormonale et les facteurs de transcription sont responsables de la différenciation des
préadipocytes en adipocytes (Farmer, 2006).
Le tissu adipeux est réparti de manière différente chez l’homme et la femme. En effet,
les hommes accumulent la majeure partie des graisses dans la région abdominale (au dessus
Rappels Bibliographiques
42
des vertèbres lombaires L4-L5). Une accumulation excessive décrit une obésité androïde,
aussi désignée comme obésité abdominale, plus fréquemment associée avec le diabète de type
2, l’hypertension et les maladies cardiovasculaires. Chez les femmes, le tissu adipeux blanc
est préférentiellement localisé dans la partie inférieure de l’organisme (en dessous des
vertèbres L4-L5 : hanches, bassin, cuisses). Une masse excessive de tissu adipeux chez la
femme est décrite comme une obésité gynoïde, non associée à des complications de l’obésité
(Vague, 1947).
Le tissu adipeux viscéral est associé à l’insulino-résistance périphérique et hépatique
(Cases & Barzilai, 2000). Bien qu'il ait été démontré qu’en l’enlevant mais en conservant le
tissu adipeux sous-cutané, la sensibilité à l'insuline s'améliore (Einstein et al, 2005), cela
n'implique pas que le tissu adipeux sous-cutané ne contribue pas à plusieurs anomalies
métaboliques, en particulier en cas de prise de poids (Smith et al, 2001). Ainsi, une
augmentation de la masse grasse viscérale ou sous-cutanée semble être importante pour les
pathogénies non seulement de l’insulino-résistance mais également de la dyslipidémie,
l’intolérance au glucose, l’hypertension et les risques cardio-vasculaires (Smith et al, 2001 ;
Brook et al, 2007 ; Jensen, 2006 ; Misra & Vikram, 2003).
III.2 Le tissu adipeux brun
La fonction principale du tissu adipeux brun est de brûler les graisses pour produire de
la chaleur, en particulier chez les nouveaux-nés Humains et les Mammifères de petites tailles.
Il a été récemment mis en évidence que le tissu adipeux brun est présent sous forme active
chez l’Homme adulte (Nedergaard et al, 2007). Cette observation prend toute son importance
car il a été montré chez les rongeurs qu’il est capable de brûler le surplus énergétique
consommé au cours d’un régime cafétéria et donc qu’il pourrait avoir un rôle décisif dans
l’homéostasie énergétique et la régulation de la masse corporelle.
L’oxydation des acides gras et la production de chaleur par les cellules adipeuses
brunes sont dues à l’activité métabolique intense grâce à la présence d’un grand nombre de
mitochondries et de l’expression de la protéine découplante 1 (UCP1) (Ricquier & Bouillaud,
2000). UCP1 permet la dissipation du gradient électrochimique de protons généré par la
Rappels Bibliographiques
43
chaîne respiratoire mitochondriale. Le découplage entre la consommation d’énergie et la
synthèse d’ATP favorise la dissipation de l’énergie en chaleur. Chez les Mammifères
nouveaux-nés, les hibernants et les rongeurs, la thermogénèse induite par le froid dans le tissu
adipeux brun contribue au maintien de la température corporelle. Le carburant est fourni en
tant qu’acides gras provenant de la lipolyse des tissus adipeux brun et blanc.
Rappels Bibliographiques
44
Chapitre 4 - L’adipocyte blanc
IV.1 La morphologie
L’adipocyte blanc est constitué pour l’essentiel d’une gouttelette lipidique riche en TG
tandis que le noyau est rejeté en périphérie de la cellule contre la membrane et que le
cytoplasme est limité à une mince couronne autour des lipides intracellulaires (Fig. 11). La
membrane plasmique possède de nombreux récepteurs dont les récepteurs α et β
adrénergiques, ces derniers étant lipolytiques alors que les récepteurs α2-adrénergiques sont
anti-lipolytiques.
Les adipocytes blancs constituent un réservoir énergétique car ils sont capables de synthétiser
les TG (lipogenèse), de les stocker dans une gouttelette lipidique et de les dégrader en cas de
besoin énergétique (lipolyse) en libérant du glycérol et des acides gras libres.
La taille des adipocytes est capable de varier grandement, jusqu’à 1000 fois. Les TG
représentent plus de 90% de la fraction lipidique. Le tissu adipeux contient également 5-15%
d’eau et une faible quantité de protéines cellulaires et de protéines formant la trame
conjonctive (Girard et al, 1988).
Figure 11: Photo d’un adipocyte blanc. (Photo A. Géloën). L’adipocyte blanc est composé d’une goutelette
lipidique. Le noyau est rejeté en périphérie de la cellule et le cytoplasme est limité à une mince couronne autour
des lipides intracellulaires.
Les adipocytes dérivent des cellules souches mésenchymateuses du mésoblaste intra-
embryonnaire qui donnent successivement :
- des adipoblastes, morphologiquement indistinguables des fibroblastes mais
fonctionnellement différents,
- des préadipocytes « indifférenciés »,
- des préadipocytes,
- des adipocytes.
Rappels Bibliographiques
45
IV.2 L’adipogenèse
La caractérisation des facteurs nutritionnels et hormonaux impliqués dans la
différenciation adipocytaire, l’adipogenèse, montre que les facteurs hormonaux requis sont
peu nombreux in vitro et que leurs concentrations circulantes ou locales pourraient être
associées in vivo soit à l’état nutritionnel (insuline, facteur insulino-mimétique [IGF-1]), soit à
l’activation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien et/ou à une synthèse in situ
(glucocorticoïdes).
Les AGPI exercent des effets adipogéniques qui sont actifs aussi bien sur des
préadipocytes en lignée établie que sur les préadipocytes isolés à partir de tissu adipeux de rat
et d’Homme (Ailhaud & Hauner, 2004). Ces observations établissent un lien direct entre les
lipides alimentaires, le flux d’acides gras pénétrant le tissu adipeux et la formation
d’adipocytes. Un lien moléculaire a pu être établi grâce au clonage de récepteurs nucléaires de
la famille des PPARs (Hihi et al, 2002) qui se comportent comme des détecteurs à la fois
d’acides gras naturels et de certains métabolites de l’AA (Amri et al, 2002). PPARγ est le
régulateur central de l’adipogénèse et joue un rôle dominant dans le développement du tissu
adipeux.
Tous les acides gras n’apparaissent pas équipotents pour stimuler l’adipogénèse. Ainsi l’AA,
l’AGPI le plus représenté dans l’alimentation, est trois fois plus adipogénique que le DHA
(présent naturellement à l’état de traces) et plus puissant que les acides gras saturés
(palmitate) et mono-insaturés (oléate, palmitoléate). Le DHA se révèle même être anti-
adipogénique (Massiera et al, 2003 ; Kim et al, 2006). L’effet adipogénique de l’AA passe
par sa capacité à former de la prostacycline dans les préadipocytes. Après sa sécrétion, la
liaison de la prostacycline à son récepteur de surface IP-R qui est couplé à l’adénylate
cyclase, entraîne la production d’AMP-cyclique et l’activation de la voie dépendante de la
protéine kinase A (Gaillard et al, 1989 ; Vassaux et al, 1992). Cette dernière stimule alors
l’adipogénèse via l’expression des CCAT/enhancer binding proteins (C/EBP) β et δ
(Belmonte et al, 2001). Ces deux facteurs transcriptionnels modulent à leur tour l’expression
de PPARγ qui gouverne finalement la différenciation terminale et conduit à la formation
d’adipocytes (Ailhaud & Hauner, 2004).
Rappels Bibliographiques
46
IV.3 La lipogenèse
IV.3.1 Les acides gras dans l’adipocyte
La lipogenèse de novo est la synthèse de molécules d’acides gras à partir de substrats
non lipidiques, principalement des hydrates de carbones. Le glucose en est le substrat majeur.
Les deux sites pour cette synthèse sont le foie et le tissu adipeux. Les enzymes clés sont la
fatty acid synthase (FAS) et l’acétyl coenzyme A carboxylase 1 (ACC1), lesquelles sont
présentes dans le tissu adipeux humain (Letexier et al, 2003 ; Shrago et al, 1969 ; Shrago et
al, 1971 ; Angel & Bray, 1979). La lipogenèse de novo est régulée par des hormones
(insuline, glucagon) et par les nutriments (carbohydrates et AGPI). L’insuline et le glucose
stimulent la lipogenèse alors que le glucagon et les acides gras l’inhibent.
La plupart des acides gras utilisés par les adipocytes pour la synthèse des TG
proviennent du plasma, soit comme acides gras non estérifiés liés à l’albumine circulante, soit
comme TG incorporés dans les lipoprotéines (ex. les chylomicrons). Les acides gras sont
libérés par l’hydrolyse des TG par la lipoprotéine lipase (LPL). L’expression et l’activité de la
LPL du tissu adipeux sont augmentées pendant la prise alimentaire (Mead et al, 2002).
Quelque soit leur origine, les acides gras à longues chaines ne peuvent pas traverser librement
la membrane des adipocytes et leur capture nécessite des processus spécifiques (Bernlhor et
al, 1990). Le mécanisme de flux transmembranaire des acides gras reste controversé. Il est
probable qu’une diffusion passive par l’intermédiaire d’un processus flip-flop et un transport
par des transporteurs spécifiques de protéines coexistent dans toutes les cellules. Les
adipocytes blancs humains expriment différents transporteurs d’acides gras qui facilitent et
régulent le transport des acides gras à travers la membrane plasmique : la protéine CD36
(homologue à la protéine murine « Fatty Acid Translocase » FAT) (Abumrad et al, 1993), la
« Fatty Acid Transport Protein » (FATP) (Schaffer & Lodish, 1994) et la « Fatty Acid
Binding Protein plasma membrane » (FABPpm) (Isola et al, 1995). Des études chez le rat ont
montré qu’il existe un pool intracellulaire de CD36 dont la translocation sur la membrane
plasmique régule la capture des acides gras (Bonen et al, 2000).
Rappels Bibliographiques
47
Dans la cellule, les acides gras sont transportés de membrane à membrane ou au site
de réaction de l’acyl CoA synthetase par les « Lipid Binding Protein » cytoplasmiques (LBPs)
appelée aussi « Fatty Acid Binding Protein » (FABP). Le transfert d’acides gras de et à partir
de l’Adipocyte-LBP (ALBP) se produit seulement pendant l’interaction protéine-membrane.
Ce mécanisme est identique chez l’Homme, le rat et la souris (Storch et al, 2002 ; Weisiger,
2002). Les adipocytes blancs humains expriment deux LBPs différentes : l’ « Adipocyte Lipid
Binding Protein » (ALBP ou AFABP ou Ap2) et la « Keratinocyte Lipid Binding Protein »
(KLBP). L’aP2 est exprimée uniquement dans le tissu adipeux blanc alors que KLBP est
exprimée dans d’autres types cellulaires. Dans les adipocytes humains comme chez les
rongeurs, la protéine aP2 est plus abondante que KLBP et le ratio aP2/KLBP varie en fonction
des différents tissus adipeux et peut jouer un rôle sur la capacité métabolique de ces différents
dépôts (Fisher et al, 2002).
IV.3.2 La synthèse des triglycérides
La synthèse de TG nécessite du glycérol et des acides gras qui sont transformés en
glycérol-3P, par la première étape de la glycolyse et à partir de la glycérogenèse (Reshef et al,
2003), et en fatty acyl-CoA pour être utilisés comme substrats. Le glucose entre dans
l’adipocyte par diffusion facilitée grâce à deux protéines transmembranaires qui servent de
transporteurs, Glut1 et Glut4. Glut1 est situé de façon prédominante dans la membrane
plasmique et il permet le transport basal du glucose. Glut4 est en majorité situé dans la
membrane de vésicules intracytoplasmiques. Dans l’adipocyte, la fixation de l’insuline sur
son récepteur membranaire spécifique stimule la transcription du gène codant pour Glut4 et la
traduction de ses ARN messagers, et active la translocation vers la membranaire plasmique
des vésicules dont la membrane contient Glut4. Les vésicules s’amarrent à la membrane
plasmique et fusionnent avec elle, permettant ainsi l’entrée de glucose dans la cellule.
Dans les adipocytes, la biosynthèse de TG est une estérification successive des
fonctions alcool du glycérol-3P par différentes enzymes, nommées respectivement, les
glycérol-3-phosphate acyltransférases (GPATs) (Bell & Coleman, 1980), 1-acylglycérol-3-
phosphate acyltransférases (AGPATs) (Leung DW, 2001) et diacylglycérol acyltransférases
Rappels Bibliographiques
48
(DGATs) (Cases et al, 1998 ; Cases et al, 2001). Cette biosynthèse a lieu principalement dans
les microsomes où sont localisées toutes les enzymes impliquées dans cette voie. Cependant,
il a été montré chez la souris que l’isoforme mitochondriale de GPAT est impliquée dans le
stockage des TG dans l’adipocyte (Hammond et al, 2002). Les produits intermédiaires de
cette voie, l’acide lysophosphatidique, l’acide phosphatidique et le diacylglycérol (DAG) sont
impliqués dans d’importantes fonctions biologiques (Pages et al, 2001 ; Hla et al, 2001 ; Fang
et al, 2001 ; Sprong et al, 2001). Par conséquent, les modifications d’activité de ces enzymes
ont des effets non seulement sur le stockage des TG mais également sur d’autres évènements
de signalisation cellulaire et sur la biosynthèse de glycérophospholipides.
La régulation du stockage des lipides est très importante pour l’homéostasie de
l’organisme. La quantité de TG stockée dans le tissu adipeux dépend de la mise en réserve
mais également de la mobilisation. Cette mobilisation nécessite un processus appelé
« lipolyse ».
Rappels Bibliographiques
49
IV.4 La lipolyse
Pendant la lipolyse, une molécule de glycérol et trois molécules d’acides gras sont
libérées après l’hydrolyse enzymatique d’une molécule de TG.
Les TG stockés dans les gouttelettes lipidiques sont d’abord hydrolysés par l’« adipose
triglyceride lipase» (ATGL) aussi connue sous le nom de desnutrine, libérant du DAG et des
acides gras (Villena et al, 2004). Cette enzyme est induite dans la condition de jeûne et est
réprimée après alimentation ; elle est régulée négativement chez les souris ob/ob et db/db
(Villena et al, 2004).
D’autres enzymes peuvent hydrolyser les TG, la TG hydrolase (TGH) et l’adiponutrine, mais
leur rôle dans la lipolyse adipocytaire est secondaire (Jenkins et al, 2004 ; Lake et al, 2005 ;
Soni et al, 2004). Après l’hydrolyse par l’ATGL, les DAG sont ensuite hydrolysés
séquentiellement par la lipase hormono-sensible (HSL) et la monoglycéride lipase (MGL),
produisant ainsi des acides gras libres et du glycérol (Fredrikson et al, 1986 ; Holm, 2003).
Les différentes lipases accèdent à la gouttelette lipidique lorsque les protéines enveloppant la
vésicule (périlipines) sont phosphorylées. La périlipine A empêche normalement la lipolyse
des TG en entourant la gouttelette lipidique, empêchant ainsi l’accès aux lipases (Brasaemle
et al, 2000). La stimulation β-adrénergique des adipocytes, la phosphorylation de la HSL
dépendante de la protéine kinase A (PKA) et la périlipine déclenchent la translocation de la
HSL du cytoplasme à la gouttelette lipidique induisant l’hydrolyse des lipides neutres (Egan
et al, 1992).
La régulation de la lipolyse est essentielle pour les tissus utilisant les acides gras
libres. Elle se fait via diverses hormones para-endocrines et divers facteurs extra-hormonaux.
Les catécholamines stimulent la lipolyse chez l’Homme. Elles atteignent le tissu adipeux via
la circulation générale (principalement l’adrénaline) (Lönnqvist et al, 1995) ou par
l’innervation sympathique (la noradrénaline) (Dodt et al, 2003). Leurs effets sur la lipolyse
dépendent de l’équilibre fonctionnel entre les récepteurs β-adrénergiques (β-AR) stimulants et
les récepteurs adrénergiques α-2 inhibiteurs (α2-AR). Dans la plupart des études in vivo et in
vitro, la stimulation de β-AR dans le tissu adipeux domine sur l’effet inhibiteur α2-AR de la
lipolyse.
Rappels Bibliographiques
50
L’insuline est l’hormone anti-lipolytique la plus efficace dans le tissu adipeux.
L’insuline est centrale pour la régulation des actions anaboliques en stimulant la capture de
glucose et des acides gras via l’action de la LPL sur les TG circulants, en inhibant la lipolyse
et probablement en stimulant la synthèse d’acides gras de novo (revue dans Coppack et al,
1989).
Rappels Bibliographiques
51
Chapitre 5 - Les adipokines
Le tissu adipeux est un tissu métaboliquement actif qui secrète une multitude de
molécules biologiquement importantes appelées « adipokines » ou « adipocytokines »
(Trayhurn & Wood, 2004 ; Bastard et al, 2006) dont la liste ne cesse d’augmenter. Des
complications métaboliques sont en partie dépendantes d’un excès de tissu adipeux viscéral et
d’une variation de la production d’adipokines. Nous avons choisi de présenter quelques unes
des adipokines qui interviennent dans les pathologies de l’insulino-résistance et dans les
complications cardiovasculaires associées à l’obésité : l’adiponectine, la leptine, le facteur de
nécrose tumorale α (TNF-α) et l’Interleukine-6 (IL-6).
V.1 L’adiponectine
L’adiponectine a été découverte en 1995 et identifiée dans des préadipocytes 8 jours
après leur différenciation (Scherer et al, 1995). C’est une protéine de 30kDa, de 244 acides
aminés chez l’Homme, exprimée quasi exclusivement par le tissu adipeux. Parce qu’elle a été
identifiée chez la souris et chez l’Homme par plusieurs groupes, l’adiponectine est connue
sous des noms différents en relation avec sa structure ou ses propriétés. Chez la souris, elle est
appelée adipoQ ou ACRP30 (Adipocyte Complement-Related Protein of 30 kDa), chez
l’Homme, GBP28 (Gelatin-Binding Protein 28) ou AMP1 (Adipose Most Abundant Gene
Transcript 1). Ses concentrations circulantes sont élevées (0,5-30 mg/L), représentant 0,01%
des protéines plasmatiques totales.
L’adiponectine, en dehors d’un peptide signal pouvant être clivé, contient un domaine
globulaire et un domaine de type collagène, avec une structure en triple hélice. Sa structure
générale, et plus particulièrement le domaine globulaire, ont une grande homologie avec
certaines formes de collagènes, le facteur C1q du complément et les cytokines de la famille du
TNF. La protéine native n’existe pas sous forme isolée et s’assemble par la partie globulaire
en trimères. Ces trimères peuvent ensuite s’associer de manière plus complexe par les triples
hélices du domaine collagène et on retrouve ainsi dans le plasma des oligomères formés par
associations de 2 à 6 trimères (soit 6 à 18 unités) (Kadowaki et al, 2006 ; Ouchi et al, 2003).
Rappels Bibliographiques
52
Chez l’Homme, le gène de l’adiponectine est situé sur le bras long du chromosome 3
(région 3q27). A cet endroit a été localisée une susceptibilité au syndrome métabolique
(insulino-résistance, obésité, hypertension et maladies coronariennes) (Kissebah et al, 2000)
et au diabète de type 2 (Vionnet et al, 2000). Il faut cependant souligner que cette région
couvre une centaine de gènes autres que celui de l’adiponectine, le gène responsable pourrait
donc être en théorie n’importe lequel d’entre eux.
L’adiponectine agit principalement via 2 récepteurs, AdipoR1 et AdipoR2, trouvés
dans le muscle et dans le foie. Compatible avec un rôle bénéfique de l’adiponectine dans la
sensibilité à l’insuline, la perturbation d’AdipoR1 et AdipoR2 supprime la liaison de
l’adiponectine et son activité provoquant une insulino-résistance et une intolérance marquée
au glucose (Yamauchi et al, 2007). Il a été montré que la transduction du signal de
l'adiponectine par AdipoR1 et AdipoR2 implique l'activation de l'AMP-activated protein
kinase, PPARα et PPARγ ce qui augmente l’oxydation des acides gras et réduit la synthèse du
glucose dans le foie (Berg & Scherer, 2005).
L’IL-6 et le TNF-α sont des inhibiteurs puissants de l’expression et de la sécrétion
d’adiponectine dans les biopsies de tissus adipeux blancs humains ou les cultures de cellules
adipeuses (Bruun et al, 2003). La résistance à l’insuline chez des souris diabétiques lipo-
atrophiques (dépourvues de tissu adipeux) est complètement renversée par une combinaison
de doses physiologiques d’adiponectine et de leptine, mais seulement partiellement par
l’adiponectine seule ou la leptine seule (Yamauchi et al, 2001). Ceci suggère que
l’adiponectine et la leptine ont des effets synergiques pour sensibiliser les tissus périphériques
à l’insuline. Cependant, étant donné que l’adiponectine globulaire améliore l’insulino-
résistance mais pas l’obésité chez les souris ob/ob leptine déficientes (Yamauchi et al, 2003),
l’adiponectine et la leptine semblent avoir des fonctions distinctes mais partiellement
imbriquées.
Comme décrit précédemment, l’adiponectine est produite abondamment par le tissu
adipeux. Paradoxalement, et contrairement à la leptine, toutes les études montrent que sa
concentration plasmatique est diminuée chez les obèses et qu’elle est corrélée négativement à
l’indice de masse corporelle (Berg et al, 2002 ; Tsao et al, 2002 ; Arita et al, 1999). Elle est
Rappels Bibliographiques
53
également réduite chez les diabétiques de type 2 ainsi que chez les patients atteints de
pathologies coronariennes (Hotta et al, 2000). En revanche, chez les diabétiques de type 1, la
concentration d’adiponectine plasmatique est plus élevée que chez les témoins (Imagawa et
al, 2002). Même après ajustement sur l’indice de corpulence, l’adiponectine est corrélée
négativement à l’insulinémie et la triglycéridémie (Matsubara et al, 2002). In vivo, les
concentrations élevées d’adiponectine plasmatique sont associées avec la réduction du risque
d’infarctus du myocarde chez l’Homme (Pischon et al, 2004).
Les nouveaux agents anti-diabétiques de la classe des thiazolidinediones (TZD)
augmentent la concentration de l’adiponectine circulante (Maeda et al, 2001 ; Yu et al, 2002).
Il a été suggéré que l’effet thérapeutique de TZD serait médié par leur action sur
l’adiponectine. Les TZD sont des agonistes des PPARγ, facteurs de transcription et de
différenciation adipocytaire. Il n’existe pas de site de liaison à ce facteur dans le promoteur du
gène de l’adiponectine, mais l’activation pourrait être indirecte par les sites C/EBP. Une
seconde hypothèse serait que la diminution de l’insuline par les TZD augmenterait
l’adiponectine, puisque les deux sont inversement corrélés.
Figure 12: Variations des concentrations d’adiponectine circulante dans différentes situations (D’après
Scherer, 2006). Situations dans lesquelles les concentrations d’adiponectine circulante augmentent ou diminuent.
Rappels Bibliographiques
54
V.2 La leptine
L’équipe de Friedman a été la première à caractériser la leptine, une adipokine codée
par le gène ob. C’est une protéine non glycosylée de 16kDa, constituée de 167 acides aminés,
appartenant à la super famille des cytokines de classe 1 (Zhang et al, 1994).
Trois types de récepteurs à la leptine ont été identifiés : la forme longue (ObRb) qui
est la forme clé pour la signalisation du récepteur (Lee et al, 1996), la forme courte avec 4
isoformes (ObRa, ObRc, ObRd et ObRf) et la forme soluble (ObRe) (Ghilardi et al, 1996).
Les récepteurs de la leptine sont trouvés dans divers tissus (Hoggard et al, 1997), y compris
dans le tissu adipeux, suggérant que cette hormone ait une fonction autocrine ou paracrine sur
le tissu adipeux.
Le promoteur du gène de la leptine est positivement régulé par divers facteurs de
transcription qui sont importants dans la différentiation adipocytaire (He et al, 1995 ; Miller et
al, 1996 ; Masson et al, 1998 ; Kim et al, 1998). Les TZD diminuent la production de leptine
par les adipocytes humains in vitro (Kallen & Lazar, 1996) et in vivo dans des modèles
animaux sains (De Vos et al, 1996).
La leptine est principalement secrétée par des adipocytes différenciés. La production
de leptine est plus importante dans le tissu adipeux sous-cutané (près de 80% de la
production) que dans le tissu adipeux viscéral (Montague et al, 1997 ; Lönnqvist et al, 1997 ;
Lönnqvist et al, 1995 ; Ronnemaa et al, 1997). Les concentrations plasmatiques de leptine
augmentent exponentiellement avec l’augmentation de masse grasse (Considine et al, 1996 ;
Lönnqvist et al, 1995). En effet, chez une personne en bonne santé, les concentrations
plasmatiques de leptine sont d’environ 3-5ng/mL alors qu’elles sont de 90-95ng/mL chez une
personne souffrant d’obésité morbide (Shek et al, 1998). Les concentrations de leptine
reflètent non seulement la quantité de graisse stockée mais également le déséquilibre
énergétique; le jeûne prolongé diminue sensiblement les concentrations de leptine tandis
qu’une suralimentation les augmente considérablement (Tritos & Mantzoros, 1997 ; Flier,
1997 ; Kolaczynski et al, 1996 a ; Kolaczynski et al, 1996 b). La leptine augmente également
la consommation d’énergie en agissant sur des cellules de l’hypothalamus (Fig. 13), induisant
Rappels Bibliographiques
55
des facteurs anorexigéniques (transcrits régulés par la cocaïne et l’amphétamine et par la pro-
opiomélanocortine) et inhibant les neuropeptides orexigéniques (ex : neuropeptides Y et
orexine) (Ahima et al, 1996 ; Chan et al, 2003). La leptine est considérée comme un signal
fondamental de satiété dans le cerveau (Mantzoros, 1999). Sa synthèse est principalement
régulée par la prise alimentaire. Elle dépend du statut énergétique, des hormones sexuelles et
d’un éventail de médiateurs d'inflammation (Sarraf et al, 1997 ; Gualillo et al, 2000). En
raison des effets des hormones sexuelles, les concentrations de leptine sont plus élevées chez
les femmes que chez les hommes, même lorsqu’elles sont ajustées à l'index de masse de
corporelle (Blum et al, 1997) Chez les rongeurs et l’Homme, la concentration en leptine est
étroitement corrélée avec l’index de masse corporelle et un défaut du gène de la leptine et des
récepteurs cause une obésité sévère et le diabète de type 2 (Lago et al, 2007).
Figure 13: Représentation schématique des actions de la leptine (d’après Mantzoros, 1999). La leptine en
agissant sur des cellules de l’hypothalamus induit une augmentation de la dépense énergétique, du métabolisme
lipidique et du glucose et des fonctions neuroendocrines qu’elle peut également diminuer. La leptine diminue
aussi la prise alimentaire.
Rappels Bibliographiques
56
V.3 Le TNF-α
Le TNF-α est une cytokine pro-inflammatoire à effets multiples. Il est produit
principalement par les macrophages et les lymphocytes. Les adipocytes produisent également
du TNF-α chez les rongeurs et en faible quantité chez l’Homme.
Ses effets biologiques dépendent de sa concentration. A basse concentration, il agit
localement comme régulateur de l’immuno-inflammation (effets autocrines et paracrines). A
forte concentration, il entre dans la circulation et agit comme un facteur endocrine (Arner,
2003 ; Fasshauer & Paschke, 2003 ; Kopp et al, 2003). La production de TNF-α est
augmentée dans l’obésité et est impliquée dans le développement de l’insulino-résistance dans
les adipocytes d’obèses en altérant la signalisation de l’insuline par une action autocrine ou
paracrine (Hotamisligil et al, 1993 ; Hotamisligil, 2000). L’altération de la sensibilité à
l’insuline par le TNF-α est due à une phosphorylation anormale de l’IRS-1 (« Insulin
Receptor Substrate »).
Le TNF-α augmente la production des acides gras libres ainsi que l’expression de la
leptine dans le tissu adipeux, ce qui peut également avoir un rôle indirect dans le
développement de la résistance à l’insuline des muscles et du foie (Arner, 2003). Les effets
reliant la sensibilité à l’insuline et le TNF-α ont été bien démontrés chez les rongeurs. Chez
l’Homme, l’augmentation de la masse du tissu adipeux n’entraîne pas de modifications
significatives de la concentration de TNF-α. La neutralisation de son activité biologique n’a
pas non plus d’effet majeur sur la sensibilité à l’insuline chez des sujets diabétiques.
Cependant un polymorphisme génétique de TNF-α est associé à son expression et au risque
de diabète (Rosmond, 2003 ; Kubaszek et al, 2003). Chez les obèses, le tissu adipeux se
caractérise par une infiltration de macrophages, peut-être en raison de la sécrétion par les
adipocytes de MCP-1 (« Monocyte Chemotactic Protein-1 ») en réponse au TNF-α, ce qui
augmente la réponse inflammatoire (Tataranni & Ortega, 2005).
Le TNF-α et l’IL-6 interagissent, le TNF-α régulant l’expression d’IL-6 et IL-6
exerçant une régulation négative sur l’expression de TNF-α.
Rappels Bibliographiques
57
V.4 L’IL-6
Le tissu adipeux, et essentiellement le tissu adipeux viscéral (Fried et al, 1998 ; Fain et
al, 2004), secrète 30% d’IL-6 en absence de processus inflammatoire aigu (Mohamed-Ali et
al, 1997). La sécrétion d’IL-6 par certaines cellules comme les macrophages est induite par
d’autres cytokines comme l’IL-1 et le TNF-α. Elle est en revanche inhibée par l’IL-4 et l’IL-
10. Les concentrations plasmatiques d’IL-6 sont plus élevées chez les obèses et les insulino-
résistants (Vozarova et al, 2001 ; Bastard et al, 2000 ; Bastard et al, 2006). Une concentration
plasmatique élevée d’IL-6 est prédictive du risque de survenue d’un diabète de type 2 (Pickup
et al, 1997 ; Pradhan et al, 2001).
Il a été montré récemment que l’IL-6 diminue l’expression des récepteurs à l’insuline
dans les tissus périphériques. Il agit comme un inhibiteur de l’adipogénèse et inhibe la
sécrétion d’adiponectine (Gnacinska et al, 2009).
Les catécholamines stimulent la sécrétion d’IL-6, in vivo et in vitro, par des adipocytes
humains (Mohamed-Ali et al, 2001 ; Path et al, 2001 ; Vicennati et al, 2002). Il apparaît ainsi
que l’insulino-résistance induite par les agonistes β3 adrénergiques et le TNF-α serait due, en
partie, à une augmentation de l’expression d’IL-6 par les adipocytes. L’IL-6 agirait
essentiellement via une diminution de l’insulino-sensibilité avec pour principales cibles l’IRS-
1 et la PI3-Kinase, deux protéines intervenant dans la signalisation de l’insuline dans les
adipocytes. Ce mécanisme a été montré sur des cellules 3T3-L1 et des cultures primaires
d’hépatocytes murins.
Une des actions majeures de l’IL-6 est le contrôle de la production hépatique de
protéines inflammatoires comme la protéine C-réactive (CRP). Il y a une relation positive
entre les concentrations d’IL-6 dans le tissu adipeux et les concentrations circulantes de CRP
(Maachi et al, 2004) qui est un important facteur de risque cardiovasculaire (Ridker, 2003).
Le tissu adipeux viscéral produit trois fois plus d’IL-6 que le tissu adipeux sous-cutané (Fried
et al, 1998). Ceci peut expliquer, en partie, le rôle délétère de l’obésité centrale dans les
maladies cardiovasculaires. En effet, la production d’IL-6 du tissu adipeux viscéral pourrait
avoir un effet direct sur le métabolisme hépatique car son drainage veineux passe directement
Rappels Bibliographiques
58
dans le foie par la veine porte. Ainsi, l’IL-6 produit par le tissu adipeux intra-abdominal
pourrait directement contribuer à l’hypertriglycéridémie liée à l’obésité viscérale en stimulant
la sécrétion hépatique de TG (lipoprotéine à très basse densité [VLDL]) (Nonogaki et al,
1995). L’injection d’IL-6 recombinante chez des souris et chez l’Homme entraîne une
augmentation de la néoglucogenèse hépatique, favorisant ainsi l’hyperglycémie (Stith & Luo,
1994 ; Tsigos et al, 1997).
Rappels Bibliographiques
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Chapitre 6 - De l’obésité au diabète de type 2.
VI.1 Situation actuelle de la pathologie
En 1995, le nombre de diabétiques dans le monde était estimé à 135 millions. En 2010,
il est estimé à plus de 220 millions selon l’OMS. L’évolution prévue est de 324 millions en
2025, ce qui représente environ 6,3% de la population mondiale (Simon et al, 2005). Le
diabète de type 2 – soit plus de 90% des diabétiques - représente un problème de santé
publique. L’augmentation du nombre de diabétiques est due essentiellement aux changements
de mode de vie : sédentarisation et surabondance de l’offre alimentaire favorisant ainsi le
surpoids et l’obésité.
Depuis 1980, on observe une augmentation de la prévalence du diabète de 3 à 5% par
an en France. Ce doublement de la fréquence du diabète accompagne également une
augmentation du nombre de personnes atteintes d’obésité. L’obésité étant évaluée par un
indice de masse corporelle supérieur ou égal à 30 chez des sujets de 18 ans ou plus. La
fréquence du surpoids (IMC à 25 ou plus) a elle aussi largement progressé. L’augmentation
du poids moyen étant de 1,7kg en 6 ans (entre 1997 et 2003) (Simon et al, 2005 ; Eschwège,
2005).
Le vieillissement de la population dans les pays occidentaux s’accompagne d’une
augmentation du nombre de diabétiques de type 2, mais l’épidémie d’obésité chez les jeunes
s’accompagne également d’une élévation ou plutôt de l’apparition de cas de diabète de type 2.
Jusqu’à récemment, le diabète des sujets jeunes était exclusivement le diabète de type 1,
insulino-dépendant.
VI.2 Lien entre l’obésité et le diabète de type 2
Le diabète de type 2 résulte d’une résistance à l’insuline et d’une diminution de la
capacité de sécrétion de l’insuline par les cellules β des îlots de Langerhans. En effet, avec la
résistance à l’insuline des tissus, l’homéostasie glucidique se maintient aux dépens d’une
sécrétion accrue d’insuline. Quand les cellules β ne peuvent plus augmenter leur production
Rappels Bibliographiques
60
d’insuline, la glycémie accroît. A terme, la capacité de sécrétion s’altère puis s’épuise,
nécessitant parfois la mise sous insuline des patients.
80% des diabétiques de type 2 sont obèses ou en surpoids. La perte ou le gain de poids
est étroitement corrélé à des variations de sensibilité à l’insuline, constituant ainsi un
argument fort en faveur d’une relation de cause à effet entre l’obésité et l’insulino-résistance
(Arner, 2003 ; Grundy, 2004). Celle-ci est particulièrement corrélée à l’obésité abdominale
(Carey et al, 1996). Le tissu adipeux est reconnu comme un acteur majeur dans la résistance à
l’insuline et le syndrome qui lui est associé, le syndrome métabolique, souvent précurseur
du diabète de type 2. Comme nous l’avons vu précédemment, le tissu adipeux est maintenant
considéré comme un organe endocrine métaboliquement actif capable de produire des
substances modifiant la sensibilité à l’insuline et impliquées dans le syndrome métabolique :
les acides gras libres, les cytokines pro- ou anti-inflammatoires (Arner, 2003 ; Grundy, 2004 ;
Ferré, 2005).
Le facteur de transcription PPARγ est indispensable au développement du tissu
adipeux et son activité peut être modulée par les acides gras. Un de ses polymorphismes
modifiant la protéine (Pro12Ala) est protecteur vis-à-vis du diabète de type 2. Des molécules
stimulant l’activité PPARγ, les thiazolidinediones (ou glitazones), forment une nouvelle
classe d’antidiabétiques. Ainsi, la stimulation de PPARγ est liée à une amélioration de la
résistance à l’insuline, avec entre autre, une augmentation de l’adiponectine circulante et une
diminution de TNF-α. Paradoxalement, un effet secondaire des glitazones est d’augmenter la
masse grasse. Ce paradoxe n’est qu’apparent. En effet l’activité PPAR stimule la prolifération
de petits adipocytes au niveau sous cutané, aux dépens des adipocytes de grande taille du tissu
viscéral, à l’activité lipolytique intense, ce qui montre l’importance de la localisation de la
graisse dans le risque diabétique.
VI.3 Relation entre les acides gras libres et l’insuline
Chez les sujets obèses, on observe une augmentation de la concentration circulante
d’acides gras libres provenant de la lipolyse des TG du tissu adipeux (Heptulla et al, 2001).
La lipolyse est augmentée malgré l’action anti-lipolytique de l’insuline qui est elle-même plus
élevée chez ces patients. Physiologiquement, ces acides gras libres sont la principale source
Rappels Bibliographiques
61
d’énergie chez les sujets à jeun. Avec l’obésité, le flux circulant excède les besoins des
différents tissus, mettant en jeu des mécanismes de défense contribuant aux troubles
métaboliques. L’importance du rôle des acides gras dans la résistance à l’insuline explique en
grande partie la relation entre l’obésité abdominale et le risque de diabète (Goldstein, 2002).
La graisse viscérale est elle-même plus résistante à l’action de l’insuline que la graisse sous-
cutanée. Elle est ainsi moins sensible à l’action anti-lipolytique de l’insuline et la production
d’acides gras à partir du tissu est plus prononcée qu’à partir des autres dépôts (Zierath et al,
1998). De plus, le tissu adipeux viscéral a un accès direct à la circulation portale ;
l’augmentation des acides gras dans la circulation portale est responsable de leurs effets.
Les acides gras qui jouent un rôle majeur dans la résistance à l’insuline pourraient
également jouer un rôle aussi important dans la perte de fonction des cellules β des îlots de
Langerhans (Girard, 2004), car ce sont des substrats énergétiques majeurs de la cellule β. A
court terme, les acides gras potentialisent la sécrétion d’insuline en réponse au glucose. A
long terme, ils inhibent la sécrétion d’insuline et provoquent une lipotoxicité. Plusieurs
hypothèses peuvent expliquer cet effet. Les acyl-coA qui s’accumulent dans la cellule β en
réponse à une exposition chronique à des concentrations élevées d’acides gras se lient au
canal K+ dépendant de l’ATP et empêchent sa fermeture, contribuant ainsi à la perte de
sensibilité de la cellule β au glucose. La 2e explication est la modification de l’expression des
gènes contrôlant le métabolisme du glucose et des acides gras (Glut 2, glucokinase, acétyl-
coA carboxylase,…) aboutissant à une diminution du métabolisme du glucose dans les îlots.
Les acides gras ont également un effet découplant sur les mitochondries (diminution de la
synthèse d’ATP) partiellement responsable de l’inhibition de l’insulino-sécrétion en réponse
au glucose, avec augmentation de la production de radicaux libres jouant certainement un rôle
dans les phénomènes d’apoptose. L’augmentation du contenu en lipides des îlots entraîne une
augmentation de la synthèse de céramides qui stimulerait la formation de monoxyde d’azote
(NO) et le déclenchement de l’apoptose.
La perte des cellules β observée dans le diabète de type 2 expliquant le passage d’une
insulino-résistance compensée à une insulino-requérance (Girard, 2004) serait donc une
conséquence de la lipotoxicité ajoutée à la glucotoxicité liée à l’exposition chronique à
l’hyperglycémie (Poitout & Robertson, 2002).
Rappels Bibliographiques
62
Chapitre 7 - Rôles des AGPI n-3 dans l’obésité et le diabète
de type 2
La qualité des lipides alimentaires est importante pour la prévention et le traitement du
syndrome métabolique. Les AGPI n-3, le DHA et l’EPA, qui sont abondants dans les poissons
de mer jouent un rôle particulièrement important. Ils diminuent les TG alors qu’ils
augmentent les concentrations de HDL-cholestérol dans le plasma de personnes diabétiques.
Ils préviennent également le développement des maladies cardiovasculaires et exercent des
propriétés anti-inflammatoires chez l’Homme (Ruxton et al, 2004 ; Calder, 2006 ; Singer et
al, 2008).
Des études chez des rats et des souris nourris avec un régime hyper-lipidique ou une
alimentation lipogénique riche en sucrose ont montré que les AGPI n-3 contrecarrent le
développement de l’obésité et de l’insulino-résistance (Ikemoto et al, 1996 ; Storlien et al,
1987 ; Libby & Plutzky, 2007 ; Ruzickova et al, 2004 ; Flachs et al, 2005 ; Kuda et al, 2009).
Chez l’Homme, les AGPI n-3 peuvent réduire l’accumulation de graisse chez les sujets obèses
et améliorer le métabolisme glucidique chez les individus minces en bonne santé (Mori et al,
1999 ; Couet et al, 1997 ; Kunesova et al, 2006). Bien que les AGPI n-3 semblent avoir peu
d’effets sur le contrôle de la glycémie chez des patients diabétiques de type 2, ces acides gras
sont considérés comme étant des constituants diététiques sains pour ces patients en raison de
leurs effets bénéfiques sur le profil lipidique plasmatique (Maclean et al, 2004 ; Nettleton &
Katz, 2005).
Les effets des AGPI n-3 dépendent du ratio diététique d’AGPI n-6/n-3 qui était bas
dans les régimes d’autrefois comparativement aux régimes modernes. Ce ratio ne cesse
d’augmenter dans les pays développés (Eaton et al, 1996 ; Massiera et al, 2003). Il est
également important de distinguer entre les AGPI n-3, le DHA et l’EPA, et leur précurseur
l’acide α-linolénique (ALA, 18:3n-3), ce dernier exerçant habituellement des effets moins
importants.
Le tissu adipeux blanc est le principal site de stockage des AGPI, dont les AGPI n-3,
représentant environ 15-25% du poids corporel chez un individu normal (ce pourcentage peut
augmenter à plus de 50% dans le cas de patients atteint d’obésité morbide). Environ 70% de
Rappels Bibliographiques
63
la masse du tissu adipeux est constitué de lipides (Covaci et al, 2002). Les AGPI n-3 affectent
le développement du tissu adipeux, aussi bien au niveau de son métabolisme que de sa
fonction sécrétrice.
VII.1 Effets des AGPI n-3 sur la croissance et la prolifération du
tissu adipeux
La masse du tissu adipeux peut augmenter soit par hypertrophie soit par hyperplasie
des adipocytes. Des études récentes ont montré chez des souris alimentées avec un régime
hyper-lipidique que la substitution de seulement 9% des lipides alimentaires par un mélange
d’EPA/DHA prévenait l’accumulation des graisses avec une réduction préférentielle du tissu
adipeux abdominal (Flachs et al, 2005 ; Ruzickova et al, 2004). Avec des concentrations
différentes d’EPA et de DHA dans le mélange apporté, il a été montré que les effets
protecteurs des AGPI n-3 étaient plus importants avec le DHA qu’avec l’EPA, ce qui résultait
en partie de l’inhibition de la prolifération des adipocytes (Ruzickova et al, 2004). Dans des
expériences utilisant des cultures de cellules, le DHA inhibe la différenciation des adipocytes
et induit l’apoptose de préadipocytes post-confluents (Kim et al, 2006). Le DHA induit
également l’apoptose dans plusieurs modèles de cancer, notamment le cancer du sein
(Stillwell et al, 2005).
Les effets des AGPI n-3 sur la prolifération et la maturation des adipocytes peuvent
être provoqués par l’altération de la composition des phospholipides membranaires avec par
conséquent des changements dans la biosynthèse d’eicosanoïdes issus de l’AA. Un régime
riche en AGPI n-3 provoque la diminution du contenu en AA dans les phospholipides
membranaires du tissu adipeux (Okuno et al, 1997 ; Lefils et al, 2010), tout en ralentissant la
synthèse d’eicosanoïdes.
Les effets anti-prolifératifs des AGPI n-3 peuvent être impliqués dans la diminution de
l’adiposité chez les souriceaux et les ratons nourris avec un régime supplémenté en AGPI n-3
(Korotkova et al, 2002) ou en ALA (Massiera et al, 2003) pendant la gestation et
l’allaitement. Il a été suggéré que les AGPI n-3 étaient impliqués dans les effets anti-obésité
(Arenz et al, 2004) et anti-diabétiques (Knip & Akerblom, 2005) de l’allaitement. Une prise
Rappels Bibliographiques
64
relativement élevée d’AGPI n-6 comparativement aux n-3 pendant la grossesse, l’allaitement
et la petite enfance pourraient mener à une obésité juvénile. Cela peut avoir une importance
particulière pour les sociétés modernes qui font face à une augmentation du ratio alimentaire
des AGPI n-6 / n-3 (Eaton et al, 1996 ; Massiera et al, 2003 ; Korotkova et al, 2002).
VII.2 Modulation du métabolisme du tissu adipeux par les AGPI-
LC n-3
L’EPA et le DHA modulent l’expression génique à travers divers facteurs de
transcription et leurs effets sont tissus-spécifiques. Une des cibles importantes, PPARγ, lie
non seulement les molécules lipidiques mais également les TZDs (Kintscher & Law, 2005 ;
Tontonoz et al, 1994 ; Forman et al, 1997). Après la liaison au ligand, PPARγ stimule
l’expression de gènes impliqués dans la différenciation des adipocytes, à savoir des gènes
codant pour des transporteurs d’acides gras et des gènes lipogéniques. De plus, d’autres
membres de la famille des PPARs, PPARα et δ, peuvent être activés dans les adipocytes,
stimulant alors l’oxydation des acides gras dans les mitochondries et les peroxysomes
(Madsen et al, 2005 ; Luquet et al, 2005).
L’équipe de Kopecky (Flachs et al, 2005) a trouvé un effet plus prononcé des AGPI n-
3 à longues chaînes (AGPI-LC n-3) dans la prévention de l’obésité induite par un régime
hyper-lipidique chez la souris, par rapport à leur précurseur, l’ALA, qui pourrait être dû à
l’induction des mitochondries dans le tissu adipeux blanc. Le remplacement de 15% du
régime lipidique dans l’alimentation hyper-lipidique par un concentré d’EPA/DHA (6% EPA
et 51% DHA) a pour conséquence une régulation positive des gènes codant pour les protéines
mitochondriales, principalement dans le tissu adipeux épididymal (Flachs et al, 2005). L’effet
de l’EPA/DHA dans le tissu adipeux abdominal a été associé à une augmentation de trois fois
de l’expression génique des facteurs régulateurs de la biogenèse mitochondriale et du
métabolisme oxydatif, à savoir PPARγ coactivator-1α (PGC-1α) et nuclear respiratory factor
1 (NRF-1), respectivement. A la différence du tissu adipeux blanc, aucun changement
d’expression des gènes mitochondriaux n’est observé dans le foie ou le muscle squelettique.
L’expression génique de PGC-1α et NRF-1 est également stimulée par les AGPI-LC n-3 dans
Rappels Bibliographiques
65
les adipocytes 3T3-L1 différenciés dans des cultures cellulaires (Flachs et al, 2005).
Étonnamment, un régime enrichi en AGPI-LC n-3 n’induit pas UCP-1 dans le tissu adipeux
brun ou dans le tissu adipeux blanc, ni augmente l’expression de UCP-2 dans le tissu adipeux
blanc (Flachs et al, 2005). Ainsi, l’effet anti-obésité des AGPI-LC n-3 pourrait résulter, au
moins en partie, de l’augmentation du catabolisme lipidique et de la diminution de la
lipogenèse dans les adipocytes, indépendamment du découplage respiratoire.
En accord avec l’augmentation du catabolisme des acides gras dans l’adipocyte, la
lipolyse basale, qui est significativement augmentée chez les rats obèses et insulino-résistants
nourris avec un régime riche en sucrose, a également été normalisée par les AGPI-LC n-3
mélangés au régime (Lombardo et al, 2007). Cet effet dépend probablement de l’amélioration
de la sensibilité à l’insuline du tissu adipeux et de la restauration de l’effet anti-lipolytique de
l’insuline. Contrairement à l’effet observé chez les animaux obèses, le DHA favorise la
lipolyse des adipocytes différenciés en culture (Kim et al, 2006). Cet effet paradoxal in vitro
pourrait être expliqué par la suppression de la formation de PGE2 en présence de DHA
(Okuno et al, 1997), PGE2 modulant négativement la lipolyse via son récepteur spécifique
EP4 (Smith, 2005). Par ailleurs, l’augmentation de l'oxydation des acides gras dans les
adipocytes due aux AGPI-LC n-3 contribue probablement à leur effet anti-obésité et à
l’hypotrophie des adipocytes, mais elle n'est pas associée à la prise accrue d'acides gras dans
le tissu adipeux.
Dans les adipocytes, les AGPI-LC n-3 affectent également l’expression génique du
transporteur Glut4 (Ruzickova et al, 2004) et, par conséquent, pourraient affecter la capture
du glucose dans la cellule (Lombardo et al, 2007). Chez les rongeurs, l’expression du Glut4 et
la capture de glucose dans les adipocytes sont inhibées par un régime hyper-lipidique en
parallèle avec l’induction de l’insulino-résistance. Le mélange d’EPA/DHA au régime hyper-
lipidique protège les animaux contre la régulation négative de Glut4 (Lombardo & Chicco,
2006).
Rappels Bibliographiques
66
VII.3 Modulation de la sécrétion des adipokines par les AGPI-LC
n-3
Plusieurs études montrent une induction de l’adiponectine en réponse aux AGPI-LC n-
3 dans le tissu adipeux épididymal, mais pas dans le tissu adipeux sous-cutané (Flachs et al,
2006 ; Neschen et al, 2006). Ainsi, le tissu adipeux abdominal est un producteur plus
important d’adiponectine que le tissu adipeux sous-cutané (Flachs et al, 2006 ; Einstein et al,
2005).
L’induction de la biogenèse mitochondriale dans les adipocytes par les AGPI-LC n-3
peut être directement impliquée dans la stimulation de la sécrétion d’adiponectine (Koh et al,
2007). A son tour, l’adiponectine pourrait induire la formation de monoxyde d’azote (NO)
dans l’endothélium des vaisseaux sanguins du tissu adipeux (Chen et al, 2003) et, par
conséquent, activer la voie de régulation de biogenèse mitochondriale (Nisoli et al, 2005)
aussi bien que la vasodilatation locale (Chen et al, 2003). Le NO est également impliqué dans
la boucle de régulation positive de la sécrétion d’adiponectine (Hattori et al, 2005). Ces
mécanismes peuvent être étroitement liés à la biodisponibilité défectueuse du NO chez les
patients atteints de syndrome métabolique (Piatti et al, 2000). Contrairement à l’adiponectine,
le TNF-α régule négativement l’activité de la voie de signalisation de NO, tout en diminuant
la biogenèse mitochondriale dans le tissu adipeux et le muscle de rongeurs obèses (Valerio et
al, 2006).
La sécrétion d’autres adipokines pourrait être affectée par l’administration d’AGPI-LC
n-3, ces acides gras étant capables de réduire l’état inflammatoire du tissu adipeux associé à
l’obésité. Ceci a été démontré chez des souris obèses diabétiques db/db (Todoric et al, 2006)
comme chez des souris C57BL/6 nourries avec un régime hyper-lipidique (Jilkova & Flachs,
travaux non publiés). Dans ces deux études, le remplacement partiel des lipides du régime par
des AGPI-LC n-3 empêche l’infiltration des macrophages dans le tissu adipeux et régule
négativement l’expression des gènes inflammatoires. Chez les souris db/db, l’effet anti-
inflammatoire des AGPI-LC n-3 n’est pas associé à une diminution de l’adiposité, ce qui
amène à distinguer leurs effets anti-obésité de leur action anti-inflammatoire (Todoric et al,
Rappels Bibliographiques
67
2006). Dans ces études, les AGPI-LC n-3 induisent l’adiponectine de manière similaire aux
TZDs, qui sont également capables de diminuer la sécrétion de résistine et de leptine des
adipocytes tout en contrecarrant l’inflammation du tissu adipeux (Tilg & Moschen, 2006 ;
Wang et al, 2007 ; Steppan & Lazar, 2002 ; Hallakou et al, 1997 ; Toruner et al, 2004 ; Kim
et al, 2004). Cependant, il n’a pas été observé d’effets des AGPI-LC n-3 sur les
concentrations plasmatiques de résistine (Neschen et al, 2006), d’IL-6 ou de MCP-1 chez les
souris obèses diabétiques db/db (Todoric et al, 2006). Quelques études chez l’humain ont
montré des réductions des cytokines pro-inflammatoires après un régime supplémenté en
huile de poisson (Krebs et al, 2006 ; James et al, 2000).
Matériels & Méthodes
68
Matériels & Méthodes I- Protocole cellulaire
I-1 Les adipocytes 3T3-L1
Les cellules utilisées sont des fibroblastes issus d’embryons murins. Elles proviennent
d’une lignée cellulaire 3T3-L1 obtenue chez American Type Culture Collection (ATCC #CL-
173). Ces fibroblastes sont capables de se différencier spontanément en adipocytes, c’est
pourquoi ils sont aussi appelés pré-adipocytes. Cette différenciation spontanée concerne 5%
des cellules au bout de 6 jours et plus de 60% à 28 jours. Les fibroblastes sont des cellules
polygonales qui adhèrent au fond des boîtes de culture et forment un tapis cellulaire
monocouche et jointif à confluence. Lorsque la confluence est atteinte, la différenciation en
adipocytes peut être stimulée. Les adipocytes sont caractérisés par la formation de gouttelettes
lipidiques dans le cytoplasme et la forme arrondie des cellules. Deux jours après la fin de la
stimulation de la différenciation, 50% des cellules présentent une à deux gouttelettes
lipidiques et, huit jours plus tard, 80% des cellules présentent cinq à dix gouttelettes
lipidiques.
I-2 Culture cellulaire
Les fibroblastes 3T3-L1 sont mis en culture dans un milieu constitué de DMEM
(Dulbecco’s Modified Eagle’s Medium, Sigma #D6546), 10% de sérum de veau fœtal
(Invitrogen #10270106), 4mM de L-Glutamine (Sigma #G7513) et d’une solution
antibiotique et antimycotique (Sigma #A5955). Les cellules se divisent dans des flasques de
75cm² (Corning #3276) dans un incubateur (Bioblock Scientific) à 37°C sous une atmosphère
Matériels & Méthodes
69
à 5% de CO2. Lorsque les cellules sont à confluence (arrêt de la division cellulaire dû à
l’inhibition de contact), elles sont rincées par 5mL de D-PBS (Dulbecco’s Phosphate-
Buffered Saline, Gibco #14190169) et trypsinées avec 5mL de trypsine (Trypsine-EDTA
25%, Gibco #25200) pour une flasque. La réaction a lieu pendant 5min sous agitation douce
et en vérifiant sous microscope le décollement des cellules. La réaction est arrêtée par l’ajout
de 5mL de milieu complet. Le milieu est récupéré et centrifugé à 1000t/min pendant 5min. Le
surnageant est enlevé et le culot est resuspendu dans du milieu de culture. Les cellules sont
comptées et sont réensemencées à raison de 50 000 cellules par puits de plaque de 6 puits
(Becton Dickinson #353046), dans 3mL de milieu par puits.
I-3 Comptage des cellules
Les cellules sont comptées à l’aide de la grille de Thoma. A partir de la suspension
cellulaire, suite à la trypsinisation et à la centrifugation des cellules, 20µL de cette suspension
est ajouté au même volume de Bleu de Trypan (Sigma #T8154) puis 10µL est utilisé dans la
grille de Thoma pour effectuer le comptage.
I-4 Différenciation des fibroblastes 3T3-L1 en adipocytes
Lorsque les fibroblastes sont à confluence, on induit leur différenciation en adipocytes
en les incubant pendant 48h dans du milieu de culture supplémenté en insuline (5µg/µL,
Novo-Nordisk Actrapid 100UI/mL), en IBMX (3-isobutyl,1-méthylxanthine, Sigma #I7018) à
0,5mM, en dexaméthasone (Sigma #D2915) à 25nM et en rosiglitazone (Molekula
#M34833109) à 10µM ; au terme de ces 48h, les cellules seront à J0. Les cellules sont ensuite
incubées dans un milieu contenant 10µM de rosiglitazone et 5µg/mL d’insuline pendant 48h
supplémentaires. L’état de différenciation des adipocytes est contrôlé au microscope optique
en vérifiant l’apparition de gouttelettes lipidiques très réfringentes dans le cytoplasme des
cellules en culture. Les cellules seront utilisées pour les traitements à J10. Toutes ces
manipulations doivent être réalisées stérilement sous une hotte à flux laminaire et les plaques
doivent être conservées dans un incubateur à 37°C sous une atmosphère à 5% CO2.
Matériels & Méthodes
70
I-5 Incubation des adipocytes 3T3-L1 avec les AGPI n-3
Les adipocytes 3T3-L1 sont incubés pendant 2h, 4h ou 24h avec différentes
concentrations de DHA (Sigma #D2534) ou d’EPA (Sigma #E2011) (1, 10 et 100µM) amené
par 50µM d’albumine sérique bovine (Sigma #A7030). Les complexes albumine-DHA et
albumine-EPA sont préalablement préparés à 37°C pendant 4h.
4h avant l’incubation des acides gras, le milieu de culture a été enlevé et remplacé par un
milieu sans sérum. Les cellules sont ensuite rincées avec du D-PBS puis incubées avec les
solutions d’albumine-DHA ou d’albumine-EPA. A la fin des incubations, les milieux sont
prélevés et conservés à -80°C en attendant d’effectuer les différents dosages. Les cellules,
après rinçage avec du D-PBS, sont récupérées par grattage.
I-6 Incubation des adipocytes 3T3-L1 avec les dérivés oxygénés
des AGPI n-3
Les adipocytes 3T3-L1 sont préalablement incubés dans un milieu sans sérum pendant
4h puis sont incubés avec différents dérivés oxygénés des AGPI n-3 apportés dans 0,4%
d’éthanol dans du milieu sans sérum pendant 2h et 4h.
A la fin des incubations, les milieux sont prélevés et les cellules, après rinçage, sont
récupérées par grattage.
II- Dosages protéiques
II-1 Dosage des protéines du milieu de culture par la méthode de
Bradford (1976)
Le kit « BioRad’s protein assay » est utilisé pour réaliser ce dosage. Ce dernier est
basé sur le changement de coloration du bleu de Coomassie après liaison avec les acides
aminés aromatiques (tryptophane, tyrosine et phénylalanine) et les résidus hydrophobes des
acides aminés présents dans les protéines.
Le volume de milieu à doser est prélevé et ajusté à 10µL avec de l’eau ultrapure. On ajoute
200µL de solution « BioRad’s protein assay » (BioRad #500-0006) diluée 4 fois. Après
Matériels & Méthodes
71
agitation, la densité optique est lue à 595nm en microplaque 96 puits à l'aide d'un lecteur
spectrophotométrique de plaques multipuits (PowerWave X, BIOTEK INTRUMENTS). La
concentration est déterminée grâce à une gamme étalon d’albumine sérique bovine (Sigma
#A6003) (0-10 µg de protéines) réalisée dans les mêmes conditions.
II-2 Dosage des protéines cellulaires par la méthode de Lowry
(1951)
Cette méthode combine une réaction au biuret (formation d'un complexe pourpre entre
le biuret (NH2-CO-NH-CO-NH2) et deux liens peptidiques consécutifs en présence de cuivre
en milieu alcalin) et une réaction au réactif de Folin-Ciocalteu. Ce dernier, à base de
phosphomolybdate et de phosphotungstate, réagit avec les tyrosines et les tryptophanes pour
donner une coloration bleue.
L’échantillon est hydrolysé au préalable pendant 15min dans une solution de NaOH 1N.
10µL d’échantillon sont prélevés et ajoutés à 1mL de mélange réactionnel contenant du
Na2CO3, du NaOH 5N, du tartrate de Na 2% et du sulfate du cuivre 1%. Après 10min, le
réactif de Folin (Merck #3934529) dilué au ½ est ajouté.
Après 30min, la densité optique est lue à 700nm à l'aide d'un lecteur spectrophotométrique de
plaques multipuits. La concentration est déterminée par comparaison à une gamme étalon
d’albumine sérique bovine réalisée dans les mêmes conditions.
III- Dosage des adipokines
Le surnageant dans lequel les adipocytes ont été incubés est utilisé pour doser
l’adiponectine sécrétée et libérée pendant les différentes périodes d’incubation.
L’adiponectine est dosée à l’aide d’un kit EIA (SPIBIO #A05187) selon les recommandations
du fabricant. Il en est de même pour le dosage de la leptine (SPIBIO #A05176).
Matériels & Méthodes
72
IV- Mesure de l’expression génique par PCR quantitative
en temps réel
IV-1 Extraction des ARN
Les ARN totaux des cellules sont extraits à l’aide du kit QIAGEN RNeasy mini kit
(QIAGEN #74106) selon le protocole fourni par le fabriquant.
Les cellules sont au préalable rincées avec du D-PBS puis grattées dans du tampon de lyse
(Tampon RLT, fournis dans le kit) et 1% de β-mercaptoéthanol (Sigma #M7154). Suite à une
homogénéisation à la pipette, les échantillons sont laissés 10min à 30°C puis centrifugés 3min
à 10 000t/min à température ambiante. La phase intermédiaire est récupérée et mise dans un
tube propre puis un passage sur seringue est effectué afin de casser les ADN. De l’éthanol
70% « Rnase free » est ajouté à la phase intermédiaire. Le mélange est ensuite déposé au
milieu d’une colonne d’affinité (gel de silice) sous laquelle est placé un tube de collection.
Suite à une centrifugation d’1min à 10 000t/min pendant laquelle l’ARN se fixe à la colonne,
deux lavages avec différents tampons fournis dans le kit sont effectués. L’élution des ARN se
fait avec de l’eau « Rnase free » que l’on dépose sur la colonne suivie de plusieurs
centrifugations. Les ARN récoltés sont utilisés immédiatement pour leur quantification ou
placés au congélateur à -80°C.
IV-2 Transcription inverse (RT)
Avant d’effectuer la transcription inverse des ARN obtenus, il est nécessaire de
mesurer, à l’aide d’un Nanodrop NANO 001, leur densité optique et d’évaluer d’éventuelles
contaminations. La mesure se fait avec 2µL d’échantillon et elle permet ainsi d’utiliser la
même quantité d’ARN à transcrire en ADNc.
La RT se fait avec 250ng d’ARN dilués dans de l’eau qui sont préalablement dénaturés à
65°C pendant 5min. 8,5µL de mélange réactionnel de RT sont ajoutés à la solution d’ARN.
Le mélange réactionnel contient : 4µL de tampon (First Strand Buffer, 5X, Invitrogen
#18064-022) ; 2µL de DTT (0,1M, Invitrogen #18064-022) ; 1µL de dNTP (10mM,
Invitrogen ; mélange de dATP 10mM #18252-015, dCTP 10mM #18253-013, dGTP 10mM
#18254-011 et dTTP 10mM #18255-018) ; 0,5µL d’Oligo dT (0,5µg/µL, Promega #C1101) ;
Matériels & Méthodes
73
0,5µL de Random hexamers (0,5µg/µL, Promega #C1181) et 0,5µL d’enzyme Superscript II
(Reverse Transcriptase, 200U/µL, Invitrogen #18064-022).
Le programme de RT est le suivant : 10min à 25°C, 60min à 42°C et 15min à 70°C. Les
produits de RT sont ensuite dilués au 1/10e avec de l’eau « RNase free » puis traités à la
Rnase H (5U, NEB #M0297S), à raison de 1µL dans 20µL de produit RT 1/10e pendant
20min à 37°C, ceci afin de supprimer les ARN résiduels.
IV-3 PCR quantitative en temps réel (qPCR)
Les ADNc des gènes codants pour l’adiponectine, la leptine et TBP (TATA-Binding
Protein ; gène de ménage) ont ensuite été quantifiés par PCR quantitative en temps réel
(qPCR). Dans un rotorgene 6000 (Corbett Research), la réaction de qPCR a été réalisée à
partir de 5µL de produit de RT dilué au 1/60e, 4µl d’eau, 0,5µL d’amorce sens (15µM), 0,5µL
d’amorce anti-sens (15µM) et 10µL d’Absolute qPCR Mix (Abgene #AB-1162/B) contenant
entre autres, les dNTP, la Taq polymérase et le SYBR Green. A l’issue des 40 cycles de
qPCR, une courbe de fusion, permettant de vérifier la pureté de l’amplification, est générée.
Pour chaque gène amplifié, une gamme étalon est également réalisée. Grâce à cette dernière,
la concentration d’ADNc peut être déterminée très précisément pour chaque gène.
L’expression des gènes est ensuite normalisée par rapport à l’expression du gène de ménage,
TBP.
Les amorces utilisées pour l’amplification de l’adiponectine, de la leptine et de TBP
sont les suivantes:
Gène Brin Amorces Taille
Adiponectine Sens
Anti-sens
5’-AGG-CCG-TGA-TGG-CAG-AGA-TG-3’
5’-CTT-CTC-CAG-GTT-CTC-CTT-TCC-TGC-3’ 161 pb
Leptine Sens
Anti-sens
5’-CAC-CAG-GAT-CAA-TGA-CAT-TTC-3’
5’-TGC-CAG-TGT-CTG-GTC-CAT-CTT-G-3’ 124 pb
TBP Sens
Anti-sens
5’-TGG-TGT-GCA-CAG-GAG-CCA-AG-3’
5’-TTC-ACA-TCA-CAG-CTC-CCC-AC-3’ 139 pb
Tableau 1: Amorces pour qPCR
Matériels & Méthodes
74
V- Analyse des prostaglandines
V-1 Formation de 15-désoxy-Δ12,14
-PGJ3 (15dPGJ3)
La formation de 15dPGJ3 se fait à partir de PGD3 (Cayman #12990) qui est incubée
dans du D-PBS à pH7,4 pendant 72h à 37°C sous agitation douce. Après l’incubation, la
solution est acidifiée à pH3 avec de l’HCl 1N puis de l’acétate d’éthyle est ajouté. Le tube est
homogénéisé puis centrifugé 10min à 1700t/min (GR 4.11, Jouan). Deux extractions
supplémentaires sont réalisées. Les phases organiques sont réunies puis évaporées avant
d’être reprises avec de l’éthanol pour être injectées en chromatographie liquide à haute
performance (HPLC).
V-2 Dosage des prostaglandines par HPLC et détection UV
Les prostaglandines sont séparées par HPLC (Agilent Series 1100). La séparation est
réalisée sur une colonne de silice greffée C18 (Waters Xbridge, 4,6×250mm, 3,5µm) chauffée
à 50°C dans un four thermostaté. L’élution utilise un gradient constitué de deux solvants A et
B avec un débit de 1mL/min. L’éluant A est un mélange acétonitrile/eau (2:8 ; v/v) acidifié à
pH3 par de l’acide phosphorique. L’éluant B est de l’acétonitrile. L’éluant A est pompé seul
pendant 5min, puis il est remplacé progressivement par l’éluant B pour atteindre 100% à
30min jusqu’à 40min. L’élution se poursuit avec l’éluant A seul pendant 5min puis la colonne
est rééquilibrée avec le solvant A. Les prostaglandines sont détectées avec un détecteur à
barrette de diodes à λ = 195nm pour la PGD2 (Cayman #12010), la PGD3, la PGJ2 (Cayman
#18500) et la PGJ3 ; λ = 300nm pour la 15dPGD2 (Cayman #12700) et la 15dPGD3, et λ =
305nm pour la 15dPGJ2 (Cayman #18570) et la 15dPGJ3 (longueurs d’onde correspondantes
au λmax des molécules). La quantification des molécules est effectuée grâce à une gamme
étalon.
Matériels & Méthodes
75
V-3 Dérivation chimique de la PGD3 et de la 15dPGJ3
La PGD3 va subir trois dérivations successives : 1) une dérivation de son groupement
carbonyle (C=O) ; 2) une dérivation de sa fonction carboxylique (COOH) ; et 3) une silylation
de son groupement hydroxyle (OH) (Fig. 14 (A)).
La 15dPGJ3 ne sera dérivée qu’au niveau de sa fonction carboxylique (Fig. 14 (B)).
Pour la dérivation du groupement C=O, l’échantillon sec est incubé 45min à
température ambiante avec 75µL d’acétonitrile et 300µL de méthoxylamine hydrochloride
(MOX) à 3% dans l’eau. Après avoir vérifié que le pH soit bien à 3, 1mL d’acétate d’éthyle
est ajouté. L’échantillon est ensuite agité vigoureusement puis centrifugé 10min à 1700t/min.
La phase aqueuse est éliminée et la phase organique restante est ensuite évaporée à sec.
Pour la dérivation de la fonction COOH, l’échantillon sec est incubé 20min à 37°C avec 40µL
de bromure de pentafluorobenzyle (PFBB) à 10% dans l’acétonitrile et 20µL de N-éthyl
diisopropylamine (DIPE) à 10% dans l’acétonitrile, ce qui permet de capter les protons
formés par la réaction.
Pour la silylation des groupements OH, l’échantillon sec est incubé avec 8µL de N,N-
diméthylformamide (DMF) et 20µL de N,O-bis(triméthyl)trifluoroacétamide (BSTFA)
pendant 20min à 37°C. Les échantillons sont ensuite évaporés à sec puis repris dans 20µL
d’hexane/BSTFA (9:1) et vigoureusement agités avant d’être transvasés dans des tubes
spécifiques pour l’injection en chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie
de masse (GC-MS) (Agilent Technologies).
Matériels & Méthodes
76
Figure 14 : Réactions de dérivation de la PGD3 (A) et de la 15dPGJ3 (B). MOX : méthoxylamine
hydrochloride, dérivation du groupement C=O. PFBB : bromure de pentafluorobenzyle ; DIPE : N-éthyl
diisopropylamine, dérivation de la fonction COOH. DMF : N,N-diméthylformamide ; BSTFA : N,O-
bis(triméthyl)trifluoroacétamide, silylation du groupement OH.
A
B
Matériels & Méthodes
77
V-4 Analyse des prostaglandines par GC-MS
Les échantillons ont été analysés par GC-MS en mode d’ionisation chimique négative
(NICI) afin d’obtenir une grande sensibilité de détection (de l’ordre du pg injecté). La colonne
capillaire DB17-MS utilisée à une longueur de 30m et un diamètre de 0,25µm. Elle est
recouverte intérieurement d’un film de phase stationnaire apolaire (phényl méthyl siloxane)
de 0,25µm d’épaisseur. Le gaz vecteur utilisé est l’hélium avec un débit de 1,2mL/min. Le
méthane est utilisé comme gaz réactant.
Les injections sont réalisées en mode split/splitless à 260°C. La température du four
est maintenue à 57°C pendant 2min puis elle augmente jusqu’à 180°C à raison de 20°C/min et
jusqu’à 280°C à raison de 4°C/min. Cette température est maintenue constante pendant
15min.
La température de la ligne de transfert entre la GC et la MS, la température à la source
de la MS, et celle du quadripôle sont respectivement fixées à 280°C, 150°C et 106°C. En
NICI, la fragmentation des prostaglandines dérivées sous forme d’esters
pentafluorobenzyliques conduit à la formation d’un seul ion à m/z : [M-181]- correspondant à
la perte du groupement PFB. Les ions m/z 522 et m/z 313 sont utilisés pour quantifier
respectivement la PGD3 et la 15dPGJ3 en mode de sélection d’ion (SIM).
VI- Protocole animal
VI-1 Animaux et régime alimentaire
Les expérimentations ont été réalisées sur des souris mâles CD1 « Swiss » (ICR,
Harlan France), âgées de 3 semaines et pesant 20g en moyenne. Les animaux avaient libre
accès à la nourriture (Aliment A03, SAFE, France) et à la boisson. Les animaux ont été
maintenus dans une animalerie en température et humidité contrôlées (25±1°C, 60-70%) avec
des cycles d’éclairage de 12 heures (lumière de 7h00 à 19h00). Préalablement aux
expérimentations, les animaux ont été habitués aux conditions de l’animalerie pendant au
minimum une semaine. Tous les protocoles expérimentaux ont été conduits en accord avec la
directive européenne du 24 novembre 1986 (86/609/EEC) et le décret du 19 avril 1988.
Matériels & Méthodes
78
Les souris ont été réparties en deux groupes. Le premier groupe a reçu une
alimentation standard sous forme de croquettes contenant 5% de lipides ; ces animaux
constituent le groupe contrôle. Le groupe expérimental a reçu une alimentation sous forme de
poudre enrichie en DHA sous forme de triglycéride 0,5% (W/W), la quantité de lipides totaux
étant ajustée à 5% avec de l’huile de tournesol. La préparation et le changement de nourriture
sont effectués quotidiennement afin d’éviter l’oxydation des AGPI contenus dans la
préparation.
Nutriments standard (A03) DHA
masse %
Carbohydrates 51,7 52,2
Protéines 21,4 19,0
Lipides 5,0 5,0
Minéraux 5,7 6,6
Fibres 3,9 5,0
Humidité 12,2 12,0
Tableau 2A: Composition en nutriments du régime standard (A03) et du régime riche en DHA (DHA)
Tableau 2B: Composition en acides gras du régime standard (A03) et du régime riche en DHA (DHA).
tr: trace. nd: non detecté.
Acides gras standard (A03) DHA
mole %
16:0 22 5
16:1 2 tr
18:0 11 3
18:1 26 39
18:2 38 41
18:3 tr tr
22:6 nd 10
Matériels & Méthodes
79
VI-2 Sacrifices et prélèvement des tissus
Les souris sont sacrifiées à J0 (premier jour de régime) puis à J4, J8, J16 et J32.
Certaines souris ont été nourries pendant 16 jours avec l’alimentation enrichie en DHA puis
les 16 jours suivants avec l’alimentation standard (période de « wash-out »). Le jour du
sacrifice, les souris contrôles et les souris DHA sont choisies aléatoirement. Elles sont
anesthésiées par une injection intrapéritonéale de pentobarbital (30mg/kg) puis elles sont
pesées. Le sang est prélevé par ponction intracardiaque avant d’être centrifugé 5min à
10 000t/min à 4°C. Le plasma est récupéré puis aliquoté avant d’être mis dans de l’azote
liquide puis stocké à -80°C. Les différents organes et tissus sont prélevés puis pesés avant
d’être mis dans de l’azote liquide puis à -80°C jusqu’à l’analyse.
VI-3 Analyse de la composition en acides gras des phospholipides
des tissus par chromatographie en phase gazeuse (GC)
Pour l’analyse de la composition en acides gras, une étape d’extraction puis de
séparation des différentes classes de phospholipides tissulaires par chromatographie sur
couche mince (CCM) sont nécessaires.
Dans l’échantillon, ont été rajoutés au préalable des standards internes, le
diheptadécanoyl-glycérophosphoéthanolamine et le diheptadécanoyl-glycérophosphocholine.
L’extraction des lipides totaux est réalisée par un mélange chloroforme/éthanol (2:1 ; v/v).
Deux centrifugations successives (2000t/min, 10min) permettent de récupérer les lipides
totaux dans la phase organique inférieure. Les phases organiques sont évaporées puis reprises
avec un mélange chloroforme/éthanol (2:1; v/v) avant d’être déposées sur la plaque de gel de
silice (silica gel G60 ; 200×200×0,25 mm ; Merck #1.05721.0001).
La plaque est tout d’abord placée dans une cuve saturée en isopropyléther permettant la
migration des lipides neutres.
Les différentes classes de phospholipides sont séparées avec le système
chloroforme/méthanol/méthylamine à 40% dans l’eau (61:19:5 ; v/v/v) (Fig. 15). La plaque
est révélée par une solution de dichlorofluorescéine et la détection est réalisée sous UV.
Matériels & Méthodes
80
Figure 15 : Représentation schématique de la séparation par chromatographie sur couche mince (CCM)
des différentes classes de phospholipides. Séparation avec un système chloroforme/méthanol/méthylamine à
40% dans l’eau (61:19:5 ; v/v/v). Révélation des phospholipides par une solution de dichlorofluorescéine. PE :
Phosphatidyléthanolamine ; PC : Phosphatidylcholine ; PS : Phosphatidylsérine ; PI : Phosphatidylinositol ;
SPM : Sphingomyéline.
Après l’identification des différentes classes de phospholipides par comparaison à
des standards de migration, les bandes de gel de silice correspondant aux
phosphatidylcholines (PC) et aux phosphatidyléthanolamines (PE), sont grattées. La
transestérification des phospholipides est réalisée directement sur la silice. Les phospholipides
sont transméthylés selon la technique décrite par Morrison & Smith (1964) en présence de
500µL de toluène/méthanol (2:3 ; v/v) et de 500µL de trifluorure de bore (BF3) (10% dans le
méthanol). Après 1h30 à 100°C, les tubes sont mis dans de la glace pour arrêter la réaction.
L’échantillon est alors neutralisé par 1,5mL d’une solution de carbonate de potassium
(K2CO3) préparée à 10% dans de l’eau. Les esters méthyliques sont extraits par 2mL
d’isooctane. Une centrifugation (1700t/min, 10min) est effectuée puis la phase supérieure
organique est évaporée et reprise par de l’isooctane. L’échantillon est analysé en GC.
Les molécules dérivées sont analysées avec un chromatographe HP 6890 équipé d’un
injecteur Split/Splitless. L’injecteur, chauffé à 230°C, permet la volatilisation des acides gras
qui sont entraînés par l’hélium utilisé comme gaz vecteur. Les acides gras sont séparés en
fonction de leur point d’ébullition et de leur polarité respective sur une colonne capillaire
SGE BPX70 de 60 m de long avec un diamètre interne de 0,25 mm. La température initiale du
four est maintenue à 80°C pendant 1,5min puis augmente jusqu’à 245°C par paliers
Matériels & Méthodes
81
successifs. Les différents composés élués sont détectés en sortie de colonne grâce à un
détecteur à ionisation de flamme (FID) dont la température est fixée à 250°C. Les esters
méthyliques d’acides gras et les DMA (diméthylacétals) sont identifiés en comparant leur
temps de rétention avec celui de leurs standards correspondants connus et injectés dans les
mêmes conditions. Les fractions sont quantifiées grâce aux standards internes ajoutés en
quantité connue lors de l’extraction des lipides totaux.
Le même protocole a été utilisé pour l’analyse de l’incorporation des AGPI n-3 dans les
phospholipides des adipocytes 3T3-L1.
VI-4 Dosage des adipokines dans le plasma et les tissus adipeux
Les concentrations d’adiponectine et de leptine ont été mesurées dans le plasma des
souris en utilisant un kit Luminex (Millipore #MADPCYT-72K) selon les recommandations
du fabriquant.
Pour le dosage des adipokines tissulaires (adiponectine et leptine), 30mg de tissu
adipeux ont été broyés dans du tampon à pH7,4 (Tris-HCl 10mM, sucrose 250mM et
inhibiteurs de protéases) puis le mélange a été centrifugé 5min à 10 000t/min. La phase
intermédiaire est récupérée puis utilisée pour le dosage des adipokines avec les kits
précédemment décrits (cf. 3- Dosage des adipokines).
VII- Analyse statistique
Les résultats sont exprimés sous forme de moyenne ± SEM. La significativité a été
calculée au seuil de P<0,05 par une analyse de variance ANOVA suivie d’un test post-hoc
Fischer Protected Least Significant Difference (PLSD), à l’aide du logiciel Statview.
Résultats
82
Résultats I - Etude in vivo
Le premier objectif de ce travail a consisté à déterminer chez la souris, à travers une
alimentation enrichie en DHA, l’effet de cette alimentation sur la sécrétion de cytokines
plasmatiques, l’adiponectine (connue pour ses effets bénéfiques dans l’insulino-résistance) et
la leptine (décrite comme une hormone diminuant la prise alimentaire) ainsi que leur contenu
dans les différents tissus adipeux blancs. Nous avons également étudié les cinétiques
d’incorporation du DHA dans différents tissus. La composition en acides gras des
phospholipides membranaires majoritaires a été étudiée dans le foie, le cœur et les tissus
adipeux (Fig. 16).
Figure 16 : Schéma général du plan expérimental de la partie In vivo chez la souris.
Résultats
83
I.1 Masses corporelles des souris
Les souris ont été divisées en deux groupes. Elles ont reçu soit une alimentation
standard (groupe contrôle) soit une alimentation supplémentée en DHA (groupe DHA). La
prise de poids chez les souris nourries avec un régime enrichi en DHA est significativement
plus faible que chez les souris nourries avec le régime standard (Fig. 17).
Cette différence de prise de poids devient significative dès le 4ème
jour d’alimentation
riche en DHA. Après 16 jours de période de « wash-out » (WO) (c'est-à-dire lorsque les
souris ont été nourries 16 jours avec l’alimentation enrichie en DHA puis les 16 jours suivants
avec l’alimentation standard), les masses corporelles des souris ne sont plus significativement
différentes comparativement à celles du groupe contrôle.
Figure 17: Prise de poids (g) des souris nourries avec un régime standard (groupe contrôle ), avec
un régime riche en DHA (groupe DHA ) ou des souris nourries 16 jours avec un régime riche en
DHA puis 16 jours avec un régime standard (groupe « wash-out » (WO) ). Les résultats sont
exprimés sous forme de moyennes ± SEM (n= 60, 28, 20, 20 et 8 pour les jours 0, 4, 8, 16 et 32 pour le groupe
contrôle ; n= 28, 24, 20 et 8 pour les jours 4, 8, 16 et 32 pour le groupe DHA et n= 4 pour le groupe WO). Les
moyennes dont les lettres diffèrent indiquent des différences significatives au seuil de P<0,05.
Résultats
84
I.2 Incorporation du DHA dans le foie, le cœur et les tissus
adipeux blancs
Les figures 18 et 19 montrent l’incorporation du DHA dans les
phosphatidyléthanolamines (PE) et les phosphatidylcholines (PC) du foie, du cœur et des
tissus adipeux blancs sous-cutané, épididymal et rétropéritonéal. Les proportions de DHA
sont significativement augmentées dans les PE et les PC dans tous les tissus après seulement 4
jours de régime enrichi en DHA.
Dans le foie (Fig. 18(A) et 19(A)), les proportions de DHA dans les PE ne sont pas
devenues significativement plus élevées au-delà de 4 jours de régime, alors que dans les PC,
elles continuent d’augmenter au-delà de 8 jours de régime riche en DHA. Dans les deux cas, il
n’y a pas de différence dans les proportions observées à 8 et 16 jours. L’augmentation de la
proportion de DHA atteint +116% dans les PE (27,6±0,5 vs. 12,8±0,3 % molaire) et +118%
dans les PC (14,8±0,4 vs. 6,8±0,2 % molaire) après 4 et 8 jours de régime enrichi en DHA.
Après la période de 16 jours de WO, les proportions de DHA dans les PE et les PC ne
diffèrent pas des valeurs trouvées chez les souris du groupe contrôle.
Dans le cœur (Fig. 18(B) et 19(B)), les proportions de DHA dans les PE et les PC
augmentent en fonction du temps pendant les 32 jours d’alimentation riche en DHA,
atteignant, respectivement, +96% et +188% dans les PE et PC. Contrairement au foie, les
proportions de DHA restent significativement plus élevées dans les PE et PC après la période
de 16 jours de WO comparativement aux valeurs observées dans les PE et les PC du coeur
dans le groupe contrôle.
Dans les trois tissus adipeux blancs, sous-cutané (Fig. 18(C) et 19(C)), épididymal
(Fig. 18(D) et 19(D)) et rétropéritonéal (Fig. 18(E) et 19(E)), les proportions de DHA
atteignent leur maximum à 4 jours chez les souris du groupe DHA. Les figures 19(C-E)
montrent que les proportions de DHA ne diffèrent pas significativement entre les jours 4 et 16
dans les PC des tissus adipeux, et ils diminuent par la suite. La même observation peut être
faite pour l’incorporation du DHA dans les PE du tissu adipeux rétropéritonéal (Fig. 18(E)).
Dans les tissus adipeux sous-cutané et épididymal, les proportions de DHA ne différent pas
significativement au-delà de 4 jours (Fig. 18(C) et (D)). Comme il a été observé dans le foie,
Résultats
85
les proportions de DHA dans les PE et les PC ne différent pas de celles observées dans le
groupe contrôle après la période de 16 jours de WO.
Les figures 18 et 19 montrent également que les proportions de DHA dans les deux
classes de phospholipides des souris contrôles sont plus faibles dans les tissus adipeux blancs
que celles observées dans le foie et dans le cœur. Les différences les plus importantes sont
observées pour le cœur et le tissu adipeux sous-cutané, avec, respectivement, 6 et 7 fois plus
de DHA dans les PE et les PC du cœur, comparativement au tissu adipeux sous-cutané. Chez
les souris du groupe DHA, les proportions de DHA sont augmentées de 1,5 à 2,5 fois dans les
PE du foie et du cœur et de 2,5 à 5 fois dans les PE des tissus adipeux comparativement au
groupe contrôle. De plus, les proportions de DHA dans les PC des tissus adipeux chez les
souris du groupe DHA sont 5 fois plus élevées que celles observées chez les souris du groupe
contrôle, alors que les contenus en DHA dans les PC du foie et du cœur sont, respectivement,
2 et 3 fois plus élevés que ceux trouvés chez les souris du groupe contrôle.
Nos résultats montrent aussi que l'augmentation des proportions de DHA dans tous les
phospholipides des tissus chez les souris du groupe DHA est accompagnée d’une diminution
des proportions d'acide arachidonique (AA) (Fig. 20 et 21). Les proportions d'AA restent
significativement plus faibles dans les PE et les PC du tissu adipeux rétropéritonéal que celles
observées chez les souris du groupe contrôle après la période de 16 jours de WO, bien que le
DHA n'ait pas augmenté davantage.
Enfin, nous observons que l’EPA n'est pas détecté dans les tissus des souris du groupe
contrôle alors qu’il l’est dans les phospholipides des tissus des souris alimentées avec un
régime enrichi en DHA (Fig. 22 et 23).
Résultats
86
Figure 18: Proportions de 22:6n-3 dans les phosphatidyléthanolamines du foie (A), du cœur (B) et des
tissus adipeux sous-cutané (C), épididymal (D) et rétropéritonéal (E) des souris nourries avec un régime
standard (groupe contrôle ), avec un régime riche en DHA (groupe DHA ) ou des souris
nourries 16 jours avec un régime riche en DHA puis 16 jours avec un régime standard (groupe « wash-
out » (WO) ). Les résultats sont exprimés sous forme de moyennes ± SEM (n=4). Les moyennes dont les
lettres diffèrent indiquent des différences significatives au seuil de P<0,05.
D
Résultats
87
Figure 19: Proportions de 22:6n-3 dans les phosphatidylcholines du foie (A), du cœur (B) et des tissus
adipeux sous-cutané (C), épididymal (D) et rétropéritonéal (E) des souris nourries avec un régime
standard (groupe contrôle ), avec un régime riche en DHA (groupe DHA ) ou des souris nourries
16 jours avec un régime riche en DHA puis 16 jours avec un régime standard (groupe « wash-out » (WO)
). Les résultats sont exprimés sous forme de moyennes ± SEM (n=4). Les moyennes dont les lettres
diffèrent indiquent des différences significatives au seuil de P<0,05.
Résultats
88
Figure 20: Proportions de 20:4n-6 dans les phosphatidyléthanolamines du foie (A), du cœur (B) et des
tissus adipeux sous-cutané (C), épididymal (D) et rétropéritonéal (E) des souris nourries avec un régime
standard (groupe contrôle ), avec un régime riche en DHA (groupe DHA ) ou des souris nourries
16 jours avec un régime riche en DHA puis 16 jours avec un régime standard (groupe « wash-out » (WO)
). Les résultats sont exprimés sous forme de moyennes ± SEM (n=4). Les moyennes dont les lettres
diffèrent indiquent des différences significatives au seuil de P<0,05.
Résultats
89
Figure 21: Proportions de 20:4n-6 dans les phosphatidylcholines du foie (A), du cœur (B) et des tissus
adipeux sous-cutané (C), épididymal (D) et rétropéritonéal (E) des souris nourries avec un régime
standard (groupe contrôle ), avec un régime riche en DHA (groupe DHA ) ou des souris nourries
16 jours avec un régime riche en DHA puis 16 jours avec un régime standard (groupe « wash-out » (WO)
). Les résultats sont exprimés sous forme de moyennes ± SEM (n=4). Les moyennes dont les lettres
diffèrent indiquent des différences significatives au seuil de P<0,05.
Résultats
90
Figure 22: Proportions de 20:5n-3 dans les phosphatidyléthanolamines du foie (A), du cœur (B) et des
tissus adipeux sous-cutané (C), épididymal (D) et rétropéritonéal (E) des souris nourries avec un régime
standard (groupe contrôle ), avec un régime riche en DHA (groupe DHA ) ou des souris nourries
16 jours avec un régime riche en DHA puis 16 jours avec un régime standard (groupe « wash-out » (WO)
). Les résultats sont exprimés sous forme de moyennes ± SEM (n=4). Les moyennes dont les lettres
diffèrent indiquent des différences significatives au seuil de P<0,05.
Résultats
91
Figure 23: Proportions de 20:5n-3 dans les phosphatidylcholines du foie (A), du cœur (B) et des tissus
adipeux sous-cutané (C), épididymal (D) et rétropéritonéal (E) des souris nourries avec un régime
standard (groupe contrôle ), avec un régime riche en DHA (groupe DHA ) ou des souris nourries
16 jours avec un régime riche en DHA puis 16 jours avec un régime standard (groupe « wash-out » (WO)
). Les résultats sont exprimés sous forme de moyennes ± SEM (n=4). Les moyennes dont les lettres
diffèrent indiquent des différences significatives au seuil de P<0,05.
Résultats
92
I.3 Effet d’une alimentation enrichie en DHA sur la sécrétion
d’adipokines
Nous avons ensuite analysé les effets du régime riche en DHA sur la sécrétion
d’adiponectine et de leptine plasmatiques.
Comme le montre la figure 24(A), les concentrations plasmatiques d'adiponectine sont
significativement augmentées (par 2,4 fois) dès le 4ème
jour après le début du régime riche en
DHA. Ces effets sont durables puisque la sécrétion d'adiponectine est toujours plus élevée que
celle observée chez les souris du groupe contrôle après la période de 16 jours de WO.
Au contraire, la sécrétion de leptine plasmatique est diminuée de 1,6 fois après 4 jours de
régime riche en DHA (Fig. 24(B)). Dans le groupe de souris WO, la diminution de la
sécrétion de leptine est toujours observée comparativement aux souris du groupe contrôle.
Figure 24: Concentrations plasmatiques d’adiponectine (A) et de leptine (B) chez des souris nourries avec
un régime standard (groupe contrôle ), avec un régime riche en DHA (groupe DHA ) ou des
souris nourries 16 jours avec un régime riche en DHA puis 16 jours avec un régime standard (groupe
« wash-out » (WO) ). Les concentrations plasmatiques sont exprimées en ng/mL pour l’adiponectine et en
pg/mL pour la leptine. Les résultats sont exprimés sous forme de moyennes ± SEM (n=4). Les valeurs sont
significativement différentes du groupe contrôle pour : **P<0,01 et ***P<0,001.
Résultats
93
I.4 Contenu en adipokines des tissus adipeux blancs
Nous avons également mesuré le contenu en adipokines dans les trois tissus adipeux
(sous-cutané, épididymal et rétropéritonéal) au 4ème
jour de régime. Dans chacun des trois
tissus, le contenu en adipokines n’est pas significativement différent entre les souris du
groupe contrôle et celles du groupe DHA (Fig. 25). Cependant, le contenu en adiponectine est
dépendant du type de tissu adipeux ; en effet sa concentration est plus élevée dans le tissu
adipeux épididymal et ceci aussi bien chez les souris du groupe contrôle que chez celles du
groupe DHA.
Figure 25: Contenu en adiponectine (A) et en leptine (B) dans les tissus adipeux épididymal, sous-cutané et
rétropéritonéal chez des souris nourries avec un régime standard (groupe contrôle ) ou avec un régime
riche en DHA (groupe DHA ) pendant 4 jours. Les contenus en adiponectine et en leptine dans les tissus
adipeux sont exprimés, respectivement, en ng/mg de tissu adipeux et en pg/mg de tissu adipeux. Les résultats
sont exprimés sous forme de moyennes ± SEM (n=8). Les valeurs sont significativement différentes pour :
*P<0,05. TA : Tissu Adipeux.
Résultats
94
L’expression génique de l’adiponectine (Fig. 26(A)) est significativement augmentée
dans les tissus adipeux épididymal et sous-cutané des souris ayant reçu une alimentation riche
en DHA comparativement au groupe contrôle. L'augmentation de l’expression de
l'adiponectine est davantage prononcée dans le tissu adipeux épididymal que dans le tissu
adipeux sous-cutané (augmentation respective de 2,2 et 1,5 fois).
Dans le cas de la leptine (Fig. 26(B)), l’expression génique n’est pas significativement
différente dans chacun des trois tissus, chez les souris alimentées avec le régime riche DHA
comparativement aux souris alimentées avec le régime standard. Nous observons cependant,
chez les souris du groupe contrôle, une expression significativement différente en fonction du
type de tissu adipeux.
Figure 26: Expression génique de l’adiponectine (A) et de la leptine (B) dans les tissus adipeux épididymal,
sous-cutané et rétropéritonéal chez des souris nourries avec un régime standard (groupe contrôle ) ou
avec un régime riche en DHA (groupe DHA ) pendant 4 jours. L’expression de l’adiponectine et de la
leptine est normalisée par l’expression de TBP. Les résultats sont exprimés sous forme de moyennes ± SEM
(n=4). Les valeurs sont significativement différentes pour : *P<0,05 ; **P<0,01 ; ***P<0,001. TA: Tissu
Adipeux, TBP: TATA Binding Protein.
Résultats
95
I.5 Effet d’une alimentation enrichie en EPA ou EPA/DHA sur la
sécrétion d’adipokines
Nous avons vu précédemment que la sécrétion plasmatique d’adipokines est
significativement modifiée dès le 4ème
jours de régime.
Nous avons par la suite étudié si un régime enrichi en EPA avait des effets comparables sur la
sécrétion d’adipokines après 4 jours de régime. Pour cela, nous avons soumis les souris à
différents régimes, un régime enrichi en EPA 0,5% (W/W), un régime enrichi en DHA 0,5%
(W/W), un régime contenant un mélange EPA/DHA 0,5% (W/W) et un régime standard
identitique à celui précédemment utilisé.
Les résultats montrent que les concentrations plasmatiques d’adiponectine (Fig. 27(A))
sont significativement augmentées chez les souris ayant été nourries pendant 4 jours avec une
alimentation enrichie en EPA (+17%) comparativement aux souris ayant eu une alimentation
standard, comme cela est observé avec le DHA (+22%). Aucune différence significative n’est
observée chez les souris nourries avec le régime enrichi avec le mélange EPA/DHA
comparativement aux souris du groupe contrôle.
Pour la leptine (Fig. 27(B)), les concentrations plasmatiques sont significativement diminuées
avec les trois types de régimes : -38%, -37% et -60% pour les régimes riches, respectivement,
en DHA, EPA et EPA/DHA.
Résultats
96
Figure 27: Concentrations plasmatiques d’adiponectine (A) et de leptine (B) chez des souris nourries
pendant 4 jours avec un régime standard (J4 Contrôle), enrichi en DHA (J4 DHA), en EPA (J4 EPA) ou
en mélange EPA/DHA (J4 EPA/DHA). Les concentrations plasmatiques sont exprimées en µg/mL pour
l’adiponectine et en ng/mL pour la leptine. Les résultats sont exprimés sous forme de moyennes ± SEM (n=8).
Les valeurs sont significativement différentes du groupe contrôle pour : *P<0,05 ; **P<0,01 et ***P<0,001.
A
B
Résultats
97
I.6 Discussion-Conclusion
Dans cette étude, nous avons démontré que le DHA augmente la sécrétion
d’adiponectine chez les souris ayant reçu un régime enrichi en DHA comparativement aux
souris nourries avec une alimentation standard. La seule étude qui avait étudié l’effet du DHA
sur la sécrétion d’adiponectine avait été conduite pendant 8 semaines d’alimentation (Vemuri
et al, 2007). Nos résultats montrent que l’augmentation de la sécrétion est significative dès le
4ème
jour de régime. De plus, le régime riche en DHA diminue la sécrétion de leptine
plasmatique. De manière interessante, nous montrons pour la première fois que les effets
protecteurs du DHA sont maintenus même après l’arrêt du régime riche en DHA. En effet, les
concentrations d’adiponectine et de leptine restent augmentées et diminuées, respectivement,
comparativement aux sourris nourries avec l’alimentation standard.
Lorsque les souris reçoivent pendant 4 jours un régime enrichi en EPA ou en EPA/DHA, nous
observons une augmentation significative de la sécrétion d’adiponectine plasmatique en
réponse à l’EPA mais pas en réponse au mélange. Ceci est en accord avec une étude réalisée
sur des adipocytes humains en culture (Tishinsky et al, 2010) où il a été montré qu’il y a une
augmentation de la sécrétion d’adiponectine en réponse à 100µM d’EPA mais pas avec un
mélange d’EPA/DHA. Par ailleurs, nous constatons une diminution de la sécrétion
plasmatique de leptine en réponse à l’EPA, diminution d’autant plus marquée avec le mélange
EPA/DHA.
L’adiponectine est une des adipokines les plus abondantes du plasma qui est esssentiellement
exprimée dans le tissu adipeux et qui est capable de protéger contre le développement de
l’athérosclérose et de l’insulino résistance. En effet, la concentration plasmatique
d’adiponectine est diminuée chez les patients ayant des risques de maladies artérielles
coronariennes dont le diabète de type 2 et l’obésité (Hotta et al, 2000 ; Ryan et al, 2003 ;
Ouchi et al, 1999).
Nous montrons que ces effets bénéfiques sont associés à une augmentation de
l’incorporation du DHA dans les PE et PC de tous les tissus analysés, bien que les tissus
adipeux aient montré une incorporation plus importante. Cette augmentation des proportions
de DHA dans les tissus est observée seulement 4 jours après le début du régime enrichi en
DHA. Contrairement aux tissus adipeux et au foie, dans le cœur, les proportions de DHA
restent significativement plus élevées dans les deux classes de phospholipides
Résultats
98
comparativement aux souris du groupe contrôle même après la période de 16 jours de WO,
suggérant un « turn-over » du DHA plus important dans les tissus adipeux.
L’augmentation du DHA est également accompagnée d’une augmentation de l’EPA.
Le régime donné aux souris étant exempt d’EPA, cela suggère qu’il y ait une rétroconversion
du DHA en EPA, comme il a déjà été montré auparavant dans d’autres études (Von Schacky
& Weber, 1985 ; Brossard et al, 1996 ; Stark & Holub, 2004). Ces modifications sont
également acccompagnées d’une diminution des proportions d’AA dans les phospholipides
des différents tissus analysés, ce qui est compatible avec des études précédentes indiquant que
l’incorporation du DHA dans les phospholipides membranaires des cellules se fait en partie
au dépend de l’AA (Lands et al, 1992 ; Sperling et al, 1993 ; Mebarek et al, 2009). Les
modifications du profil d’acides gras dans les phospholipides membranaires peuvent modifier
la fluidité membranaire des cellules ce qui peut affecter la structure tridimensionnelle des
protéines membranaires et de ce fait affecter leurs fonctions (Holte et al, 1996 ; Stubbs &
Smith, 1984 ; Hashimoto et al, 2006 ; Siener et al, 2010 ; Yehuda et al, 1999). Une altération
du profil d’eicosanoïdes produits à partir de l’AA pourrait également expliquer la
modification du profil de cytokines sécrétées. En effet, l’augmentation des quantités de DHA
dans les phospholipides diminue la synthèse des eicosanoïdes formés à partir de l’AA. En
général, les eicosanoïdes dérivés des AGPI-LC n-3 ont des propriétés anti-inflammatoires
alors que ceux produits à partir des AGPI n-6 ont des effets pro-inflammatoires (James et al,
2000). De plus, il a été montré que des nouveaux médiateurs lipidiques bioactifs issus des
AGPI-LC n-3, appelés les résolvines et les protectines, possèdent des effets anti-
inflammatoires et pouvaient être responsables des actions bénéfiques des AGPI-LC n-3
(González-Périz et al, 2009 ; Serhan et al, 2004). D’autre part, il a été montré que l’effet des
AGPI-LC n-3 sur la sécrétion d’adiponectine se fait via leur action comme ligands de PPARγ
(Neschen et al, 2006).
Nos résultats confirment aussi ceux obtenus par d’autres études montrant des
différences importantes des concentrations relatives de DHA dans les différents tissus
(Charnock et al, 1992) et montrent clairement que les tissus répondent différemment après la
prise de DHA. Les phospholipides du coeur ont des proportions basales en DHA plus élévées
que ceux des autres organes, tandis que les phospholipides des tissus adipeux ont les
proportions les plus faibles. Ceci pourrait expliquer pourquoi les tissus adipeux sont ceux qui
ont l’augmentation la plus importante de la proportion de DHA après un régime riche en
DHA. Ceci est en accord avec des études antérieures montrant, chez des rongeurs et des sujets
Résultats
99
humains, que malgré la quantité relativement faible de DHA dans les tissus adipeux
(Andersen et al, 1999 ; Geerling et al, 1999 ; Kopecky et al, 2009), ces derniers possèdent
une grande capacité de stockage des AGPI-LC n-3 (Kopecky et al, 2009). On peut noter que
le tissu adipeux contenant la plus grande proportion de DHA, le tissu adipeux épididymal, est
celui qui possède le contenu le plus important d’adiponectine, et ceci aussi bien chez les
souris du groupe contrôle que chez celles ayant reçu le régime enrichi en DHA. Notre étude
montre également que l’ingestion de DHA n’a pas d’effet sur le contenu en adiponectine ou
en leptine. Nous avons aussi clairement trouvé une expression génique de l’adiponectine
différente en réponse au DHA dans les trois tissus adipeux, avec une expression de
l’adiponectine plus importante dans le tissu adipeux épididymal que dans les tissus
rétropéritonéal ou sous-cutané en accord avec des études précédentes (Flachs et al, 2006 ;
Neschen et al, 2006 ; Einstein et al, 2005) (Fig. 26). Ceci suggère que la stimulation de
l’expression génique de l’adiponectine, spécialement dans le tissu adipeux épididymal, est
associée à l’augmentation de la sécrétion d’adiponectine. Des données contradictoires sur les
effets des AGPI-LC n-3 sur l’expression génique de l’adiponectine sont trouvées dans la
littérature. Ceci pourrait être expliqué par la composition du régime, la durée du traitement et
la quantité d’AGPI-LC n-3 dans le régime (Bueno et al, 2008).
Nous avons montré dans notre étude que les souris alimentées avec un régime riche en
DHA perdaient du poids comparativement aux souris du groupe contrôle. Ceci est en accord
avec des études précédentes qui montrent que l’ingestion d’huile de poisson ou qu’une
alimentation enrichie en EPA/DHA conduit à une perte de poids corporel significative des
souris (Mori et al, 2007 ; Ruzickova et al, 2004). De plus, chez l’Homme, Kunesová et al.
(2006) ont montré une perte de poids plus importante en réponse aux AGPI-LC n-3 chez des
femmes obèses suivant un régime faiblement énergétique. Une précédente étude a également
mis en évidence une réduction de la masse grasse corporelle après la consommation d’huile
de poisson chez des adultes sains (Couet et al, 1997). L’effet du DHA sur la perte de poids
corporel peut être provoqué par une augmentation de l’oxydation des acides gras et par la
suppression de la lipogenèse dans plusieurs tissus. En effet, des études montrent que les
AGPI-LC n-3 réduisent l’expression de gènes codant pour des enzymes lipogéniques dans les
cellules hépatiques ou dans le foie (Xu et al, 1999 ; Yahagi et al, 1999). Le DHA régule
négativement les gènes lipogéniques dans le tissu adipeux (Raclot et al, 1997 ; Azain, 2004 ;
Lapillonne et al, 2004 ; Takahashi & Ide, 1999). De plus, les AGPI-LC n-3 jouent un rôle
Résultats
100
important dans la régulation des gènes impliqués dans l’oxydation des acides gras dans le
muscle et le foie (Raclot et al, 1997 ; Lapillonne et al, 2004 ; Reddy & Mannaerts, 1994 ;
Nakatani et al, 2002). Il est intéressant de noter que la perte de poids donne lieu à des
augmentations de concentration plasmatique d’adiponectine (Hotta et al, 2000 ; Yang et al,
2001 ; Bruun et al, 2003)
L’étude confirme donc que l’ingestion d’AGPI n-3 peut être bénéfique pour la
prévention ou le traitement de maladies cardiovasculaires et de maladies associées à l’obésité.
Résultats
101
II - Etude in vitro : Adipocytes 3T3-L1
Le second objectif de ce travail a été de compléter l’étude in vivo précédemment
décrite par une étude in vitro sur des adipocytes en culture afin d’étudier les mécanismes par
lesquels les acides gras polyinsaturés n-3 (AGPI n-3), l’EPA et le DHA, peuvent modifier le
profil de cytokines sécrétées.
Figure 28 : Schéma général du plan expérimental de la partie In vitro sur des adipocytes 3T3-L1
II.1 Effets du DHA et de l’EPA sur les adipocytes 3T3-L1
II.1-1 Analyse de l’incorporation du DHA et de l’EPA dans les
phospholipides membranaires des cellules
Nous avons avant tout vérifié que les AGPI n-3, l’EPA et le DHA, s’incorporent
correctement dans les deux classes de phospholipides majoritaires des cellules 3T3-L1, les
phosphatidyléthanolamines (PE) et les phosphatidylcholines (PC).
Une cinétique de temps a été réalisée (Fig. 29). Les adipocytes 3T3-L1 ont été incubés en
présence de 10µM de DHA, lié à l’albumine sérique bovine (rapport DHA/albumine = 0,2),
pendant 15min, 30min, 45min, 1h, 2h, 4h, 8h et 24h.
Résultats
102
Figure 29: Cinétiques d’incorporation du DHA dans les PE et les PC des cellules 3T3-L1. Les adipocytes
3T3-L1 sont incubés avec 10µM de DHA (lié à l’albumine) pendant différents temps. Les milieux sont
prélevés, les cellules sont récupérées par grattage. Après extraction des lipides totaux, les différentes classes de
phospholipides sont séparées par CCM et la composition en acides gras est déterminée par GC.
Nous observons une accumulation, dépendante du temps, du DHA dans les PE (+77%
à 24h). Dans les PC, l’incorporation du DHA atteint un plateau à 2h (+95%).
Les adipocytes 3T3-L1 ont été également incubés avec différentes concentrations de
DHA ou d’EPA (1µM, 10µM et 100µM) pendant 4h. Nous montrons une accumulation,
dépendante de la concentration, du DHA (Fig. 30(A)) dans les PE (+10% pour 1µM, +52%
pour 10µM, +170% pour 100µM) et dans les PC (+4% pour 1µM, +75 % pour 10µM, +576%
pour 100µM). Une accumulation dépendante de la concentration en EPA est également
observée après incubation des adipocytes 3T3-L1 pendant 4h (Fig. 30(B)) avec différentes
concentrations d’EPA (dans les PE: +27% pour 1µM, +71% pour 10µM, +140% pour
100µM; dans les PC: +10% pour 1µM, +99% pour 10µM, +298% pour 100µM).
+20%
+50%
+95%
+77%
+93% +80%
Résultats
103
Figure 30: Proportions en DHA (A) et en EPA (B) dans les PE et les PC des cellules 3T3-L1 incubées
pendant 4h avec des concentrations variables en DHA et EPA (liés à l’albumine). Les adipocytes 3T3-L1
sont incubés avec 1µM, 10µM ou 100µM de DHA ou d’EPA pendant 4h. Les milieux sont prélevés, les cellules
sont récupérées par grattage. Après extraction des lipides totaux, les différentes classes de phospholipides sont
séparées par CCM et la composition en acides gras est déterminée par GC.
A
B
+140%
+298%
+27%
+10% +99%
+71%
+170%
+576%
+10%
+4% +75%
+52%
Résultats
104
II.1-2 Effet du DHA et de l’EPA sur la sécrétion d’adiponectine par
les adipocytes 3T3-L1
Les adipocytes 3T3-L1 ont ensuite été incubés en présence de différentes
concentrations de DHA et d’EPA (1µM, 10µM et 100µM) pendant 2h et 4h. La sécrétion
d’adiponectine a été mesurée par EIA (Fig. 31).
Figure 31: Sécrétion d’adiponectine par les cellules 3T3-L1 incubées avec du DHA ou de l’EPA pendant
2h et 4h. Les adipocytes 3T3-L1 sont incubés avec 1µM, 10µM ou 100µM de DHA ou d’EPA (liés à
l’albumine). L’adiponectine est dosée dans le milieu de culture à l’aide d’un kit EIA. Les résultats sont exprimés
en % du contrôle ± sem (n=4). Les valeurs sont significativement différentes du groupe contrôle pour *P<0,05 ;
***P<0,001.
Nous montrons, après seulement 2h d’incubation des cellules avec différentes
concentrations de DHA ou d’EPA, une modification du profil d’adiponectine sécrétée. La
sécrétion est augmentée significativement de +45% et +34%, respectivement, après
incubation des cellules avec 10µM et 100µM de DHA. Avec l’EPA, l’augmentation de la
sécrétion d’adiponectine est significative dès 1µM (+23%).
Résultats
105
L’augmentation de la sécrétion d’adiponectine est également observée après 4h
d’incubation avec le DHA et l’EPA. Cependant, l’augmentation est plus importante en
réponse à l’EPA comparativement au DHA, en effet, elle est de +115%, +108% et +119%
pour 1µM, 10µM et 100µM d’EPA et de +40% et +20% après incubation, respectivement
avec 10µM et 100µM de DHA.
L’analyse de l’expression génique a été faite en qPCR et nous n’observons pas de
modification d’expression de l’adiponectine en réponse aux incubations aux différents temps
et aux différentes concentrations.
Résultats
106
II.2 Effets de divers triènes conjugués sur les adipocytes 3T3-L1
Il a été récemment montré que le DHA peut être oxygéné spécifiquement par la voie
de la 15-lipoxygénase en protectine D1 (encore nommée neuroprotectine D1 dans les tissus
neuronaux). Sa structure a été caractérisée comme étant l’acide 10(R),17(S)-dihydroxy-
docosa-4Z,7Z,11E,13E,15Z,19Z-hexaénoïque (Serhan et al, 2006 ; Ariel et al, 2005 ; Bazan
et al, 2005). La protectine D1 est un médiateur anti-inflammatoire puissant (Serhan & Chiang,
2008). Ce médiateur possède une structure triène conjuguée qui serait une caractéristique clé
de cette nouvelle famille de composés dérivés du DHA. Des études du laboratoire ont
identifié un isomère de la PD1 appelé PDX, correspondant à l’acide 10(S),17(S)-dihydroxy-
docosa-4Z,7Z,11E,13Z,15E,19Z-hexaénoïque (Chen et al, 2009) (Fig. 32). Sa structure
diffère donc de celle de la PD1 avec une géométrie E,Z,E (PDX) au lieu de E,E,Z (PD1) au
niveau du triène conjugué. La PDX est obtenue par incubation de DHA avec une
lipoxygénase de soja suivie d’une extraction solide-liquide puis purification par HPLC.
COOH
HO
OH
COOH
OH
HO
Figure 32: Représentation schématique de la PD1 et de la PDX.
Z
E E
Z
E
E
PD1
PDX
Résultats
107
II.2-1 Effet de la PDX sur la sécrétion d’adiponectine par les
adipocytes 3T3-L1
Afin de rechercher si un métabolite oxygéné du DHA pouvait être responsable de
l’effet observé du DHA sur la sécrétion d’adiponectine, nous avons incubé les cellules avec
1µM de PDX pendant différents temps : 2h, 4h et 24h. La sécrétion d’adiponectine a été
ensuite mesurée dans le milieu de culture des cellules (Fig. 33).
Figure 33: Sécrétion d’adiponectine par les cellules 3T3-L1 incubées avec 1µM de PDX pendant 2h, 4h et
24h. L’adiponectine est mesurée dans le milieu de culture à l’aide d’un kit EIA. Les résultats sont exprimés en %
du contrôle ± sem (n=4). Les valeurs sont significativement différentes du groupe contrôle pour *P<0,05.
Nous montrons une augmentation significative de la sécrétion d’adiponectine de +60%
et +75%, respectivement, après 4h et 24h d’incubation des cellules avec la PDX. Nous
n’avons pas observé de modification de l’expression génique de l’adiponectine.
Résultats
108
II.2-2 Effets de molécules ayant une géométrie du triène conjugué
différente de celle de la PDX sur la sécrétion d’adiponectine par les
adipocytes 3T3-L1
Dans une molécule, la géométrie d’un triène conjugué est importante pour son activité
biologique. En effet, il a été montré au laboratoire que seules les molécules avec une
géométrie E,Z,E au niveau du triène conjugué inhibent l’agrégation plaquettaire (Chen et al,
2010 ; Croset & Lagarde, 1983).
La PDX possède une géométrie E,Z,E et nous avons analysé si la géométrie de ce
triène conjugué était importante dans l’effet observé sur la sécrétion d’adiponectine. Pour
cela, nous avons incubé les adipocytes 3T3-L1 avec différentes molécules possédant des
géométries différentes (Z,E,E ; E,E,E), puis avec une molécule ayant la même géométrie que
la PDX.
II.2-2.a) Géométrie Z,E,E : Leucotriène B4 (LTB4)
Le leucotriène B4 (LTB4) (Fig. 34) ou l’acide 5(S),12(R)-dihydroxy-eicosa-
6Z,8E,10E,14Z-tétraénoïque, dérivé de l’acide arachidonique par la voie de la 5-lipoxygénase,
présente des homologies de structure avec la PDX mais il possède une géométrie Z,E,E au
niveau de son triène conjugué.
OH
COOH
OH
Figure 34: Représentation schématique du Leucotriène B4.
Z E E
Résultats
109
Etant donné que les effets sur la sécrétion d’adiponectine ont été observés notamment
après l’incubation des cellules avec 1µM de PDX pendant 4h, nous avons decidé d’incuber les
cellules pendant le même temps d’incubation et la même concentration de LTB4 (Fig. 35).
Figure 35: Sécrétion d’adiponectine par les cellules 3T3-L1 incubées avec 1µM de LTB4 pendant 4h.
L’adiponectine est mesurée dans le milieu de culture à l’aide d’un kit EIA. Les résultats sont exprimés en % du
contrôle ± sem (n=3).
Après 4h d’incubation des cellules 3T3-L1 avec 1µM de LTB4, nous n’observons pas
d’effet sur la sécrétion d’adiponectine.
Résultats
110
II.2-2.b) Géométrie E,E,E : 5(S),12(S)-diHETE
Le 5(S),12(S)-diHETE (Fig. 36) ou l’acide 5(S),12(S)-dihydroxyeicosa-
6E,8E,10E,14Z-tétraénoïque, possède une géométrie tout trans au niveau de son triène
conjugué.
OH
OH
E E E
Figure 36: Représentation schématique du 5(S),12(S)-diHETE
La sécrétion d’adiponectine a été mesurée après avoir incubé les cellules 4h avec 1µM
de 5(S),12(S)-diHETE (Fig. 37). Les résultats montrent que le 5(S),12(S)-diHETE n’a pas
d’effet sur la sécrétion d’adiponectine par les adipocytes 3T3-L1.
Figure 37: Sécrétion d’adiponectine par les cellules 3T3-L1 incubées avec 1µM de 5(S),12(S)-diHETE
pendant 4h. L’adiponectine est mesurée dans le milieu de culture à l’aide d’un kit EIA. Les résultats sont
exprimés en % du contrôle ± sem (n=3).
Résultats
111
II.2-3 Effets de molécule ayant une géométrie du triène conjugué
similaire de celle de la PDX : le 8(S),15(S)-diHETE, sur la sécrétion
d’adiponectine par les adipocytes 3T3-L1.
La géométrie des doubles liaisons du triène conjugué du 8(S),15(S)-diHETE (Fig. 38)
ou l’acide 8S,15S-dihydroxyeicosa-5Z,9E,11Z,13E-tétraénoïque est similaire à celle de la
PDX, c’est-à-dire qu’elle est E,Z,E. Par contre, le motif triène est positionné différemment sur
la chaîne comparativement à la PDX et ce composé ne possède pas de double liaison en
dehors de celles du triène conjugué à la différence de la PDX.
COOH
OH
OH
E
Z
E
Figure 38: Représentation schématique du 8(S),15(S)-diHETE
Les cellules ont été incubées 4h avec 1µM de 8(S),15(S)-diHETE (Fig. 39).
Figure 39: Sécrétion d’adiponectine par les cellules 3T3-L1 incubées avec 1µM de 8(S),15(S)-diHETE
pendant 4h. L’adiponectine est mesurée dans le milieu de culture à l’aide d’un kit EIA. Les résultats sont
exprimés en % du contrôle ± sem (n=3).
Les résultats obtenus après le dosage par EIA ne montrent pas de modification de la
sécrétion d’adiponectine en réponse au 8(S),15(S)-diHETE.
Résultats
112
II.3 Effets de métabolites oxygénés dérivés de l’EPA sur les
adipocytes 3T3-L1
Concernant l’EPA, nous faisons l’hypothèse qu’il pourrait être métabolisé en
prostaglandine D3 (PGD3), qui est un produit du métabolisme de l’EPA par la voie des COX,
puis en 15-désoxy-delta12,14
-PGJ3 (15dPGJ3) (Fig. 40).
Figure 40: Hypothèse de formation de la 15-désoxy-Δ12,14
-PGJ3 à partir de la PGD3. (Adapté des travaux de
Shibata et al, 2002, sur la formation de la 15dPGJ2 à partir de PGD2)
Pour rappel, la PGD2 issue de l’acide arachidonique est le précurseur de la 15dPGJ2,
molécule ayant des proprités anti-inflammatoires et décrite comme un ligand endogène de
PPARγ (Forman et al, 1995). PPARγ régule l’expression des gènes impliqués dans la
sensibilisation à l’insuline et l’adipogenèse. Des études récentes proposent aussi un rôle de
PPARγ en tant que médiateur anti-inflammatoire. Des résultats d’une autre équipe de notre
unité montrent que l’EPA est le seul AGPI n-3 capable d’activer l’expression de PPARγ1
dans le tissu adipeux humain (Chambrier et al, 2002).
Résultats
113
II.3-1 Synthèse de 15dPGJ3 à partir de PGD3 commerciale
II.3-1.a) Mise au point des conditions expérimentales à partir de la PGD2
commerciale
L’équipe de Shibata (Shibata et al, 2002) a mis en évidence la formation in vitro de
15dPGJ2 après incubation de PGD2 commerciale dans du tampon phosphate pendant 24h à
37°C. Dans un premier temps, nous avons reproduit cette expérience afin de tester nos
conditions expérimentales (notamment pour le dosage des prostaglandines par HPLC) dans le
but de transposer par la suite le protocole à la PGD3.
Nous avons tout d’abord injecté en HPLC un mélange de différents standards
commerciaux : PGD2, PGJ2, 15dPGD2 et 15dPGJ2. Nous obtenons le chromatogramme
suivant (Fig. 41) qui nous montre que le système HPLC utilisé permet de séparer
correctement les différentes molécules. Pour chacunes d’elles, nous obtenons un temps de
rétention et un spectre UV caractéristique de chacune des prostaglandines.
Résultats
114
min16 18 20 22 24 26
mAU
10
20
30
40
50
60
DAD1 A, Sig=205,4 Ref =360,100 (JL040610\09101501.D)
16
.78
4
17
.93
5
20
.18
2
21
.91
8
24
.53
1
min16 18 20 22 24 26
mAU
10
20
30
40
50
60
DAD1 A, Sig=205,4 Ref =360,100 (JL040610\09101501.D)
16
.78
4
17
.93
5
20
.18
2
21
.91
8
24
.53
1
Figure 41: Chromatogramme montrant la séparation par HPLC des différentes prostaglandines
commerciales avec leurs spectres UV correspondants. L’éluant A est un mélange acétonitrile/eau (2:8 ; v/v)
acidifié à pH3 et l’éluant B de l’acétonitrile. Les prostaglandines sont séparées sur une colonne de silice greffée
C18 (Water Xbridge). L’HPLC est couplée à un détecteur à barrette de diodes.
nm200 225 250 275 300 325 350 375
mAU
0
200
400
600
800
1000
*DAD1, 17.806 (1068 mAU,Apx) Ref =17.653 & 18.073 of MELANGE.D
nm200 225 250 275 300 325 350 375
mAU
0
200
400
600
800
*DAD1, 19.947 (973 mAU, - ) Ref =19.747 & 20.320 of MELANGE.D
nm200 225 250 275 300 325 350 375
mAU
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
*DAD1, 21.667 (1775 mAU, - ) Ref =21.534 & 22.027 of PGD2H1.D
nm200 225 250 275 300 325 350 375
mAU
0
500
1000
1500
2000
*DAD1, 24.133 (2366 mAU, - ) Ref =23.953 & 24.460 of MELANGE.D
15dPGJ2
15dPGD2
PGJ2
PGD2
18 20 22 24 26 min
PGD2 PGJ2 15dPGD2 15dPGJ2
200 225 250 275 300 325 200 225 250 275 300 200 225 250 275 300 325 350 200 225 250 275 300 325 350 375
Résultats
115
Après avoir vérifié que notre système HPLC permettait une séparation correcte des
différentes prostaglandines, nous avons incubé 1mM de PGD2 dans du tampon phosphate
pendant 24h à 37°C ; la solution a été acidifiée à pH3, extraite puis injectée en HPLC (Fig.
42).
min16 17 18 19 20 21 22 23 24 25
mAU
0
200
400
600
800
1000
1200
DAD1 A, Sig=205,4 Ref =360,100 (JENNIFER\JL070410\PGD2H1.D)
17
.83
1
19
.99
7
21
.67
0
24
.18
5
min16 17 18 19 20 21 22 23 24 25
mAU
0
200
400
600
800
1000
1200
DAD1 A, Sig=205,4 Ref =360,100 (JENNIFER\JL070410\PGD2H1.D)
17
.83
1
19
.99
7
21
.67
0
24
.18
5
Figure 42: Chromatogramme obtenu par HPLC montrant la formation de 15dPGJ2 à partir de PGD2.
1mM de PGD2 a été incubé à 37°C pendant 24h dans 200µL de tampon phosphate pH7,4. Après acidification à
pH3, la solution a été extraite puis injectée en HPLC. L’éluant A est un mélange acétonitrile/eau (2:8 ; v/v)
acidifié à pH3 et l’éluant B de l’acétonitrile. Les prostaglandines sont séparées sur une colonne de silice greffée
C18 (Water Xbridge). L’HPLC est couplée à un détecteur à barrette de diodes.
Par comparaison avec les temps de rétention et les caractéristiques spectrales (UV) des
prostaglandines commerciales, nos résultats confirment la formation de PGJ2, 15dPGD2 et
15dPGJ2 à partir de PGD2.
min
PGD2
15dPGJ2 15dPGD2
PGJ2
17 18 19 20 21 22 23 24
Résultats
116
Nous avons ensuite optimisé les conditions expérimentales dans le but d’augmenter la
quantité de 15dPGJ2 formée à partir de PGD2. Pour cela, nous avons incubé la PGD2 dans du
tampon phosphate pendant différents temps : 3h, 6h, 18h, 24h, 48h et 72h (Tableau 3).
PGJ2 15dPGD2 15dPGJ2
3h 17 8 0,6
6h 26 15 1
18h 36 27 10
24h 32 30 22
48h 27 34 34
72h 19 32 48
Tableau 3: Pourcentage de prostaglandines formées à partir de 1mM de PGD2. 1mM de PGD2 a été incubé
à 37°C dans 200µL de tampon phosphate pendant différents temps. Après acidification à pH3, la solution a été
extraite puis injectée en HPLC. La quantification est réalisée grâce à une gamme étalon de chacune des
prostaglandines.
La PGD2 a été presque complètement métabolisée à 72h. Nous avons donc utilisé par
la suite un temps d’incubation de 72h pour la synthèse de 15dPGJ3 à partir de PGD3.
Cependant, il est intéressant d’observer que la quantité maximale de PGJ2 est obtenue après
18h d’incubation.
Résultats
117
II.3-1.b) Synthèse de 15dPGJ3 à partir de la PGD3 commerciale.
Les prostaglandines PGJ3, 15dPGD3 et 15dPGJ3 n’existent pas dans le commerce.
Nous ne savons donc pas quels sont les temps de rétention de chacune des molécules. Les
prostaglandines de la série 3 ont des structures similaires à celles de la série 2 ; pour cela nous
supposons que leurs spectres UV seront similaires avec des temps de rétention légèrement
différents.
Nous avons injecté simultanément de la PGD3 et de la PGD2 afin d’apprécier la différence des
temps de rétention des deux prostaglandines (Fig. 43).
min16 18 20 22 24 26
mAU
10
20
30
40
50
60
DAD1 A, Sig=205,4 Ref =360,100 (JL040610\09101501.D)
16
.78
4
17
.93
5
20
.18
2
21
.91
8
24
.53
1
nm200 225 250 275 300 325 350 375
mAU
0
10
20
30
40
50
60
70
80
*DAD1, 16.783 (89.7 mAU,Apx) Ref =16.543 & 17.017 of 09101501.D
nm200 225 250 275 300 325 350 375
mAU
0
20
40
60
80
100
120
140
*DAD1, 17.937 (163 mAU,Apx) Ref =17.743 & 18.310 of 09101501.D
Figure 43: Séparation par HPLC de la PGD2 et de la PGD3 commerciales avec leurs spectres UV
correspondants. L’éluant A est un mélange acétonitrile/eau (2:8 ; v/v) acidifié à pH3 et l’éluant B de
l’acétonitrile. Les prostaglandines sont séparées sur une colonne de silice greffée C18 (Water Xbridge). L’HPLC
est couplée à un détecteur à barrette de diodes.
Les deux prostaglandines se séparent correctement avec moins de 2min d’élution de
différence entre elles deux. Leurs spectres UV sont identiques.
PGD3
PGD2
min
PGD3
16 18
200 225 250 275 300 325 350 375 nm
PGD2
200 225 250 275 300 325 350 375 nm
Résultats
118
Nous avons ensuite suivi le même protocole qu’avec la PGD2 en incubant 1mM de
PGD3 pendant 72h à 37°C. Après acidification, extraction puis injection en HPLC, nous
obtenons le chromatogramme suivant (Fig. 44) avec les spectres UV correspondants :
min17 18 19 20 21 22 23
mAU
0
100
200
300
400
500
600
700
DAD1 A, Sig=205,4 Ref =360,100 (JL070610\PGD372H.D)
16
.73
8
18
.99
4
20
.34
2
22
.89
7
min17 18 19 20 21 22 23
mAU
0
100
200
300
400
500
600
700
DAD1 A, Sig=205,4 Ref =360,100 (JL070610\PGD372H.D)
16
.73
8
18
.99
4
20
.34
2
22
.89
7
Figure 44: Chromatogramme obtenu par HPLC montrant la formation de 15dPGJ3 à partir de PGD3
commerciale avec les spectres UV correspondants. 1mM de PGD3 a été incubé à 37°C pendant 24h dans
200µL de tampon phosphate pH7,4. Après acidification à pH3, la solution a été extraite puis injectée en HPLC.
L’éluant A est un mélange acétonitrile/eau (2:8 ; v/v) acidifié à pH3 et l’éluant B de l’acétonitrile. Les
prostaglandines sont séparées sur une colonne de silice greffée C18 (Water Xbridge). L’HPLC est couplée à un
détecteur à barrette de diodes.
Par analogies avec les prostaglandines de la série 2 (temps d’élution et spectres UV),
nos résultats suggèrent la formation de PGJ3, 15dPGD3 et 15dPGJ3 à partir de la PGD3
commerciale.
PGD3 15dPGD3
15dPGJ3
nm200 225 250 275 300 325 350 375
mAU
0
25
50
75
100
125
150
175
200
*DAD1, 16.737 (211 mAU, - ) Ref =16.543 & 16.943 of PGD372H.D
nm200 225 250 275 300 325 350 375
mAU
0
200
400
600
800
1000
1200
*DAD1, 18.997 (1338 mAU,Apx) Ref =18.657 & 23.323 of PGD372H.D
nm200 225 250 275 300 325 350 375
mAU
0
100
200
300
400
500
*DAD1, 22.897 (548 mAU,Apx) Ref =18.657 & 23.323 of PGD372H.D
nm200 225 250 275 300 325 350 375
mAU
0
50
100
150
200
250
300
*DAD1, 20.343 (332 mAU,Apx) Ref =18.657 & 23.323 of PGD372H.D
PGJ3
17 18 19 20 21 22 23 min
PGD3 PGJ3 15dPGD3 15dPGJ3
200 225 250 275 300 200 225 250 275 300 325 200 225 250 275 300 325 350 375 200 225 250 275 300 325 350 375
Résultats
119
La formation de la 15dPGJ3 a été confirmée par analyse de la molécule en
chromatographie gazeuse couplée à la spectrométrie de masse (GC-MS).
La PGD3 a été dérivée sous forme de pentafluorobenzyl ester, O-méthyloxime, triméthylsilyl
éther. L’ion moléculaire de la PGD3 ainsi dérivée est m/z 522. Les deux pics observés
représentent les isomères O-méthyloxime syn et anti (Fig. 45) de la PGD3.
1 9 . 9 0 2 0 . 0 0 2 0 . 1 0 2 0 . 2 0 2 0 . 3 0 2 0 . 4 0 2 0 . 5 0 2 0 . 6 0 2 0 . 7 0 2 0 . 8 0 2 0 . 9 0 2 1 . 0 0
1 0 0
2 0 0
3 0 0
4 0 0
5 0 0
6 0 0
7 0 0
8 0 0
9 0 0
1 0 0 0
1 1 0 0
T im e - - >
A b u n d a n c e
I o n 5 2 2 . 0 0 ( 5 2 1 . 7 0 t o 5 2 2 . 7 0 ) : P G D 3 . D \ d a t a . m s
2 0 . 2 4 8
2 0 . 7 7 0
m/z
PGD3
5 1 2 5 1 4 5 1 6 5 1 8 5 2 0 5 2 2 5 2 4 5 2 6 5 2 8 5 3 0 5 3 2 5 3 4 5 3 6 5 3 8 5 4 00
1 0
2 0
3 0
4 0
5 0
6 0
7 0
8 0
9 0
1 0 0
1 1 0
1 2 0
1 3 0
1 4 0
1 5 0
m / z - - >
A b u n d a n c e
S c a n 1 3 8 2 ( 2 0 . 2 2 8 m in ) : P G D 3 . D \ d a t a . m s ( - 1 3 7 3 ) ( - 1 4 0 1 ) ( - )
5 2 2 . 0
Abundance
Time
522
(CH3)3SiO
CH3ON
COO
OSi(CH3)3
CH2
F F
F
FF
522
Figure 45: Chromatogramme et spectre de masse de la PGD3 obtenus en GC-MS après dérivation de la
prostaglandine sous forme de pentafluorobenzyl ester, O-méthyloxime, triméthylsilyl éther. L’analyse est
effectuée en mode d’ionisation chimique négative.
Résultats
120
La 15dPGJ3 a été dérivée sous forme de pentafluorobenzyl ester. Son
chromatogramme révèle un pic correspondant à l’ion moléculaire m/z 313 (Fig. 46).
2 0 . 0 0 2 2 . 0 0 2 4 . 0 0 2 6 . 0 0 2 8 . 0 0 3 0 . 0 0 3 2 . 0 0 3 4 . 0 0 3 6 . 0 00
1 0 0 0
2 0 0 0
3 0 0 0
4 0 0 0
5 0 0 0
6 0 0 0
7 0 0 0
8 0 0 0
9 0 0 0
1 0 0 0 0
1 1 0 0 0
1 2 0 0 0
1 3 0 0 0
1 4 0 0 0
1 5 0 0 0
T im e -->
A b u n d a n c e
I o n 3 1 3 . 0 0 (3 1 2 . 7 0 t o 3 1 3 . 7 0 ) : 1 5 d P G J 3 S . D \ d a t a . m s
15dPGJ3
1 5 0 2 0 0 2 5 0 3 0 0 3 5 0 4 0 0 4 5 0 5 0 0 5 5 0 6 0 0 6 5 0 7 0 00
1 0 0 0
2 0 0 0
3 0 0 0
4 0 0 0
5 0 0 0
6 0 0 0
7 0 0 0
8 0 0 0
9 0 0 0
m / z -->
A b u n d a n c e
S c a n 1 4 4 9 (2 6 .4 6 1 m in ): 1 5 d P G J3 S .D \ d a ta .m s (-1 3 7 8 ) (-1 5 0 3 ) (-)3 1 3 .1
1 8 0 .74 2 5 .2 5 7 2 .22 6 5 .8 5 0 3 .31 2 5 .8 7 1 8 .73 7 9 .0 6 2 3 .1
313
m/z
Time
Abundance
O
COO CH2
F F
F
FF
313
Figure 46: Chromatogramme et spectre de masse de la 15dPGJ3 obtenus en GC-MS après dérivation de la
prostaglandine sous forme de pentafluorobenzyl ester. L’analyse est effectuée en mode d’ionisation chimique
négative.
Résultats
121
II.3-2 Effets des prostaglandines de la série 3 sur la sécrétion
d’adiponectine par les adipocytes 3T3-L1
Comme nous l’avons fait pour le DHA, nous avons étudié si un métabolite oxygéné
dérivé de l’EPA pouvait être responsable de l’effet observé de cet AGPI sur la sécrétion
d’adiponectine. Nous avons donc incubé les cellules avec de la PGD3 commerciale et de la
15dPGJ3 synthétisée par comparaison à la PGD2 et à la 15dPGJ2.
II.3-2.a) Comparaison des effets de la PGD3 et de la PGD2.
Nous avons incubé les cellules 3T3-L1 avec 1µM de PGD2 ou de PGD3 commerciale
pendant 2h et 4h. La sécrétion d’adiponectine a été mesurée par EIA (Fig. 47).
Figure 47: Sécrétion d’adiponectine par les cellules 3T3-L1 incubées avec 1µM de PGD2 ou PGD3 pendant
2h et 4h. L’adiponectine est mesurée dans le milieu de culture à l’aide d’un kit EIA. Les résultats sont exprimés
en % du contrôle ± sem (n=4). Les valeurs sont significativement différentes du groupe contrôle pour *P<0,05 ;
**P<0,01.
Nous observons une augmentation significative de la sécrétion d’adiponectine en
réponse aux deux prostaglandines après 2h d’incubation (+60% et +55% pour la PGD2 et la
PGD3, respectivement). Après 4h d’incubation, nous avons également observé que seule la
PGD3 augmente significativement la sécrétion d’adiponectine (+12%).
Résultats
122
II.3-2.b) Comparaison des effets de la 15dPGJ3 et de la 15dPGJ2
Comme nous l’avons fait pour la PGD2 et la PGD3, nous avons incubé les cellules
avec 100nM de 15dPGJ2 commerciale ou 100nM de 15dPGJ3 synthétisée à partir de PGD3
commerciale. L’adiponectine a été mesurée dans le milieu par kit EIA (Fig. 48).
Figure 48: Sécrétion d’adiponectine par les cellules 3T3-L1 incubées avec 100nM de 15dPGJ2 ou de
15dPGJ3 pendant 2h. L’adiponectine est mesurée dans le milieu de culture à l’aide d’un kit EIA. Les résultats
sont exprimés en % du contrôle ± sem (n=4). Les valeurs sont significativement différentes du groupe contrôle
pour *P<0,05.
La 15dPGJ2 n’a pas d’effet significatif sur la sécrétion d’adiponectine après 2h
d’incubation, alors que la 15dPGJ3 augmente significativement la sécrétion de +26%.
Résultats
123
II.4 Discussion – Conclusion
Nous montrons une augmentation de la sécrétion d’adiponectine après un
enrichissement des cellules 3T3-L1 par du DHA ou de l’EPA. Cependant, l’augmentation est
plus importante après incubation des cellules avec l’EPA comparativement au DHA (ex :
+115%, +108% et +119% après 4h d’incubation des cellules avec, respectivement, 1µM,
10µM et 100µM d’EPA ; +40% et +20% après 4h d’incubation des cellules avec 10µM et
100µM de DHA). En parallèle, nous observons une accumulation du DHA et de l’EPA dans
les phospholipides cellulaires, accumulation qui est dépendante du temps et de la
concentration en acide gras. L’effet des AGPI n-3 sur la sécrétion d’adiponectine par les
adipocytes 3T3-L1 en culture est donc compatible avec celui que nous avons observé in vivo
chez les souris nourries avec une alimentation enrichie en DHA ou en EPA. Le fait que l’EPA
soit un inducteur plus puissant de l’adiponectine que le DHA dans les adipocytes 3T3-L1 est
en accord avec l’étude de Tishinsky et al (2010) réalisée sur des adipocytes humains en
culture. L’étude de Itoh et al (2007) montre que l’incubation de cellules 3T3-L1 avec de
fortes concentrations d’EPA (200µM) n’a pas d’effet sur la sécrétion d’adiponectine. Il est
possible que les doses utilisées soient trop importantes et qu’elles aient un effet toxique sur la
sécrétion d’adiponectine. En effet, il a été démontré que des concentrations trop élevées
d’acides gras polyinsaturés peuvent entraîner un stress oxydant dans les adipocytes en culture
(Furukawa et al, 2004) qui est associé à un déréglement de la sécrétion d’adiponectine
(Soares et al, 2005). Des études réalisées au laboratoire montrent également que les AGPI n-3
ont un effet anti-oxydant ou pro-oxydant en fonction des concentrations (Croset et al 1990,
Véricel et al 1999, Guillot et al 2009). Par conséquent, l’exposition des cellules à de fortes
concentrations d’acides gras pourrait perturber le fonctionnement normal des adipocytes
entraînant ainsi l’incapacité des AGPI n-3 à stimuler la sécrétion d’adiponectine.
Comme nous l’avons vu précédemment dans la première discussion, différents
mécanismes cellulaires et moléculaires ont été proposés pour expliquer les effets bénéfiques
des AGPI n-3 sur la santé dont la modification de la structure des membranes, de la
transduction de signaux, la régulation de l’expression génique et la conversion en
eicosanoïdes anti-inflammatoires. Nous nous somme plus particulièrement intéressés à ce
dernier point. Nous montrons que de nouveaux métabolites oxygénés issus du DHA et de
l’EPA induisent une modification du profil de cytokines sécrétées.
Résultats
124
Concernant le DHA, nos résultats suggèrent que la PDX pourrait être en partie
responsable de l’effet observé avec le DHA sur la sécrétion d’adiponectine. La PDX, isomère
de la protectine D1, a été découverte très récemment au laboratoire (Chen et al, 2009 ; 2010) ;
elle possède un triène conjugué E,Z,E. Une étude récente de l’équipe montre que la géométrie
d’un triène conjugué est importante pour une activité biologique. En effet, seules les
molécules avec une géométrie E,Z,E au niveau du triène conjugué, comme la PDX, inhibent
l’agrégation plaquettaire alors que toutes les molécules testées avec un triène ayant une
géométrie E,E,Z ou tout trans (E,E,E) sont inactives (Chen et al, 2010). Nous montrons que le
LTB4 (Z,E,E) et le 5(S),12(S)-diHETE (E,E,E) qui possèdent un triène conjugué ayant une
géométrie différente de celle de la PDX, n’ont pas d’effet sur la sécrétion d’adiponectine.
Cependant, le 8(S),15(S)-diHETE (E,Z,E), dont la géométrie de triène est identique à celle de
la PDX mais dont la position du triène est différente, est inactif.
Concernant l’EPA, nous avons fait l’hypothèse que la PGD3, issue de l’EPA, pourrait
être métabolisée en 15dPGJ3, comme cela avait été montré pour la 15dPGJ2 issue de la PGD2
(Fitzpatrick & Wynalda, 1983 ; Kikawa et al, 1984 ; Shibata et al, 2002). Nous avons
identifié et caractérisé, par chromatographie liquide à haute performance et par
chromatographie gazeuse associée à la spectrométrie de masse, la 15dPGJ3 après incubation
de PGD3. La 15dPGJ3 est donc produite par conversion non enzymatique de la PGD3. Nous
détectons trois produits formés à partir de PGD3 correspondant à la PGJ3, à la 15dPGD3 et à la
15dPGJ3, comme cela avait été décrit pour les métabolites formés à partir de la PGD2 (Shibata
et al, 2002). La fonction cétone de la PGD3, présent sur le carbone 11, faciliterait la -
élimination du groupe hydroxyle du carbone 9 formant ainsi la PGJ3. Un proton présent au
niveau du carbone 12, qui est simultanément allylique et en du carbonyle 11, faciliterait
l’isomérisation de l’énone -insaturée en énone -insaturée plus stable, suivie d’une
déshydratation formant ainsi la 15dPGD3. Par analogie à ce qui a été montré à partir de la
PGD2, la 15dPGJ3 serait directement formée à partir de la PGJ3, la formation d’une cétone
-insaturée dans le cycle cyclopenténone facilitant la 12
-isomérisation suivie d’une
déshydratation de l’hydroxyle présent sur le carbone 15. Nos résultats sont également en
faveur de cette voie de synthèse étant donné que la quantité de 15dPGD2 formée ne varie plus
à partir de 48h d’incubation alors que celle de 15dPGJ2 augmente au cours du temps en
parallèle à la diminution de PGJ2.
Nous montrons une augmentation de la sécrétion d’adiponectine après incubation des
cellules avec de la 15dPGJ3. A la différence de la 15dPGJ3, la 15dPJ2, décrite comme une
Résultats
125
molécule possédant des propriétés anti-inflammatoires (Strauss & Glass, 2001 ; Mendez &
LaPointe, 2003 ; Garg & Chan, 2004), n’a pas d’effet significatif sur la sécrétion
d’adiponectine. Nous observons également une augmentation de la sécrétion d’adiponectine
après incubation des cellules avec de la PGD3. Une partie de cet effet pourrait être dû à la
formation de 15dPGJ3 dans le milieu d’incubation des cellules.
Nos résultats suggèrent donc que les prostaglandines issues de l’EPA pourraient être
responsables, en partie, de l’effet observé de l’EPA sur la sécrétion d’adiponectine.
Conclusion générales & Perspectives
126
Conclusion générale & Perspectives
L’ensemble de nos travaux supporte un rôle bénéfique des AGPI n-3, l’EPA et le
DHA, in vivo chez la souris à travers une alimentation enrichie en AGPI n-3, notamment sur
la sécrétion de cytokines, mais également in vitro dans des adipocytes 3T3-L1.
Dans notre étude in vivo chez la souris, les objectifs principaux étaient de déterminer
les cinétiques d’incorporation du DHA dans les phospholipides des différents tissus et les
effets d’une supplémentation en DHA sur les sécrétions d’adiponectine et de leptine
plasmatiques, deux adipokines plasmatiques connues pour participer à la régulation de la
sensibilité à l’insuline. Nous montrons un rôle du DHA dans la diminution de la masse
corporelle associée à une amélioration du profil d’adipokines secrétées. Nos résultats
montrent que le DHA exerce des effets bénéfiques sur la production d’adipokines dès le 4ème
jour de régime enrichi en DHA. Cette étude confirme qu’une alimentation enrichie en DHA
peut avoir des effets bénéfiques dans la prévention ou le traitement de maladies
cardiovasculaires et des maladies associées à l’obésité en apportant des données nouvelles
importantes sur les cinétiques d’enrichissement du DHA. Nous montrons en effet que
l’incorporation du DHA dans les phospholipides membranaires des différents tissus analysés
se fait très rapidement, seulement 4 jours après le début du régime. Nos résultats montrent
donc que l’enrichissement du DHA et ses effets bénéfiques sont rapides, puisqu’ils sont
observés dès le 4ème
jour de régime, et de longue durée puisqu’ils sont toujours observés 16
jours après l’arrêt de la supplémentation en DHA. Nous montrons également une
augmentation de la sécrétion d’adiponectine chez des souris ayant été nourries pendant 4 jours
Conclusion générales & Perspectives
127
avec une alimentation enrichie en EPA. Ces résultats expliqueraient, en partie, les effets anti-
diabétiques décrits pour les AGPI n-3.
Les résultats de nos études sur les adipocytes 3T3-L1 en culture sont en accord avec
ceux trouvés in vivo chez la souris. Nous montrons en effet une augmentation de la sécrétion
d’adiponectine après enrichissement des cellules en DHA ou en EPA. Il est à noter que, dans
les conditions d’incubation réalisées, l’effet observé est plus marqué avec l’EPA. En parallèle,
nous observons une accumulation, dépendante du temps, du DHA et de l’EPA dans les
phospholipides cellulaires. Nos résultats révèlent que des métabolites oxygénés dérivés du
DHA et de l’EPA pourraient être responsables, en partie, des effets observés des deux acides
gras sur la sécrétion d’adiponectine. D’une part, nous montrons que la PDX, un métabolite
oxygéné du DHA et isomère de la protectine D1, augmente significativement la sécrétion
d’adiponectine. La géométrie E/Z/E des doubles liaisons du triène conjugué est requise pour
observer cet effet et la position de ce triène dans la chaîne carbonée serait importante. D’autre
part, nous avons identifié la 15dPGJ3 synthétisée à partir de PGD3, et toutes deux pourraient
être aussi, en partie, responsables de l’effet observé avec l’EPA.
Conclusion générales & Perspectives
128
Figure 49 : Schéma de conclusion générale du travail de recherche.
Conclusion générales & Perspectives
129
Nos études apportent donc des données nouvelles dans le domaine de la nutrition et du
métabolisme des AGPI n-3 et permettent de préciser le mécanisme d’action de ces lipides
d’intérêt nutritionnel. De nombreuses perspectives de recherche peuvent être envisagées suite
à ce travail. Notamment, in vivo, la formation putative de métabolites oxygénés dérivés de
l’EPA ou du DHA pourrait être recherchée dans les différents tissus analysés ainsi que le
plasma suite à un régime alimentaire enrichi en AGPI n-3 comparativement à des groupes
contrôles. La recherche de la présence de ces métabolites est également en cours dans les
adipocytes 3T3-L1 et des résultats préliminaires suggèrent une production de PGD3 et de
15dPGJ3 après incubation des adipocytes 3T3-L1 avec l’EPA. Concernant la PDX, il est
intéressant de noter que des résultats non publiés de l’unité montrent que les adipocytes 3T3-
L1 possèdent l’activité 15-lipoxygénase. De plus, les relations moléculaires entre les
métabolites oxygénés et l’adiponectine pourraient être approfondies, notamment via
l’intervention de PPARγ. La 15dPGJ2, molécule ayant des propriétés anti-inflammatoires, a
été décrite comme un ligand endogène de PPARγ (Forman et al, 1995 ; Soares et al, 2005).
PPARγ régule l’expression de gènes impliqués dans la sensibilité à l’insuline et
l’adipogénèse. Des études récentes proposent aussi un rôle de PPARγ en tant que médiateur
anti-inflammatoire (Neschen et al, 2006). Des résultats d’une autre équipe de notre unité
montrent que l’EPA est le seul AGPI n-3 capable d’activer l’expression de PPARγ1 dans le
tissu adipeux humain (Chambrier et al, 2002). De plus, PPARγ est exprimé abondamment
dans le tissu adipeux et son activation est associée à la stimulation de l’expression et de la
sécrétion de l’adiponectine (Maeda et al, 2001). Plusieurs perspectives s’ouvrent dans cette
direction. Dans un premier temps, les effets notamment de la 15dPGJ3 sur l’expression de
PPARγ pourraient être analysés dans les cellules en comparaison avec ceux de la 15dPGJ2.
Des résultats préliminaires suggèrent une augmentation de l’expression de PPARγ après
incubation des cellules avec de la 15dPGJ3. De plus, l’utilisation d’un antagoniste irréversible
de PPARγ, en combinaison avec les différents métabolites oxygénés, puis l’analyse de la
sécrétion d’adiponectine, nous permettraient de préciser davantage le mécanisme d’action.
D’autre part, il avait été montré que la 15dPGJ2 induit l’expression des gènes de la
différenciation adipocytaire (Forman et al, 1995 ; Kliewer et al, 1995). Il serait donc
intéressant d’étudier la capacité de la 15dPGJ3 à induire la différenciation des cellules.
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